ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION des LOIS CONSTITUTIONNELLES, de la LÉGISLATION et de lADMINISTRATION GÉNÉRALE de la RÉPUBLIQUE
COMPTE RENDU N° 52
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 26 mai 1999
(Séance de 9 heures 30)
Présidence de Mme Catherine Tasca, présidente,
puis de Mme Christine Lazerges, vice-présidente.
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Projet de loi relatif à laccueil des gens du voyage (n° 1598) (rapport)
Informations relatives à la Commission
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La Commission a examiné, sur le rapport de Mme Raymonde Le Texier, le projet de loi relatif à laccueil des gens du voyage (n° 1598).
Mme Raymonde Le Texier, rapporteur, a tenu à préciser, à titre préliminaire, que le projet de loi navait pas pour objectif de régler lensemble des difficultés que soulève la situation du gens du voyage, mais sattachait uniquement aux problèmes de laccueil et du stationnement, estimant que la résolution de ces problèmes constituait un préalable indispensable à toute réflexion sur les autres sujets, tels que la scolarisation ou la santé. Après avoir fait valoir que la plupart des communes avaient connu un jour ou lautre des tensions nées du stationnement inorganisé des gens du voyage, elle a souligné que la loi « Besson » du 31 mai 1990, qui oblige les communes de plus de 5 000 habitants à réaliser une aire daccueil, avait été très inégalement appliquée, puisque seulement un quart des villes concernées avaient satisfait à cette obligation. Elle a alors expliqué cet échec relatif par labsence dincitation financière et par limpuissance des maires, dont la commune a réalisé une aire de stationnement, à faire cesser loccupation illégale de terrains publics et privés du reste de la commune.
Après avoir observé que lobjectif du projet de loi était de permettre la réalisation dun maximum daires daccueil dans un minimum de temps, elle a annoncé que le chiffre à atteindre était de 30 000 aires, rappelant quil nen existe actuellement que 10 000, dont 5 000 nécessitent dimportants travaux de réaménagement. Elle a indiqué que le schéma départemental, qui reste le pivot du dispositif, obligerait non seulement les villes de plus de 5 000 habitants à réaliser ou à participer financièrement à la réalisation dune aire daccueil, mais permettrait également dy associer les villes de moins de 5 000 habitants. Elle a précisé que ce schéma serait élaboré par le préfet et le président du conseil général, après consultation des communes concernées, et devrait déterminer les secteurs géographiques dimplantation des aires en fonction des nécessités propres de chaque département. Observant que le projet prévoyait un délai de dix-huit mois pour lélaboration du schéma ainsi quun délai de deux ans, une fois le schéma adopté, pour la réalisation des aires daccueil, elle a ajouté que lEtat pourrait se substituer aux autorités compétentes en cas de dépassement de ces délais et réaliser les aires à leurs frais.
Evoquant les incitations financières destinées à faire respecter ces délais, elle a noté que le projet de loi permettait une prise en charge des investissements par lEtat à hauteur de 70 %, au lieu de 35 % actuellement, les dépenses de fonctionnement étant quant à elles financées à 50 % par lEtat et les organismes de sécurité sociale, le reste étant en partie financé par le département et par les gens du voyage. Elle a, par ailleurs, précisé que les bases de calcul de la dotation globale de fonctionnement seraient augmentées dun habitant par place de caravane créée au sein dune aire daccueil.
Sagissant des moyens juridiques pour lutter contre les occupations illégales, elle a indiqué que les dispositions, permettant au maire, dont la commune a réalisé une aire daccueil, dinterdire, par arrêté, le stationnement des caravanes sur le reste du territoire communal, seraient étendues à tous les maires participant à la réalisation dune aire au niveau intercommunal. Elle a ajouté quil serait désormais possible pour un maire de demander lévacuation des caravanes stationnant sur un terrain privé, lorsque ce stationnement risque de porter atteinte à la salubrité, à la sécurité ou à la tranquillité publiques, par la voie dune assignation délivrée aux occupants et au propriétaire du terrain. Elle a également précisé que le juge pourrait ordonner aux occupants illégaux de rejoindre laire daccueil aménagée, à défaut de quitter le territoire communal, lexécution de cette décision pouvant intervenir en cas de nécessité au seul vu de la minute. Elle a enfin évoqué les diverses dispositions modifiant le code de lurbanisme afin dintégrer laccueil des gens du voyage.
Après lexposé de la rapporteur, plusieurs commissaires sont intervenus.
Mme Martine David sest félicitée de linscription à lordre du jour de ce texte, qui correspond véritablement à une attente des élus locaux. Rendant hommage aux parlementaires et aux élus locaux qui avaient essayé, conscients de linadaptation des textes en vigueur, de faire avancer la législation en la matière, Mme Martine David a regretté que le texte nait pu aboutir plus tôt, évitant ainsi des affrontements et des incompréhensions réciproques. Reconnaissant que ce texte présentait certaines imperfections, elle a jugé néanmoins quil présentait un bon équilibre entre les exigences des élus locaux et celles des gens du voyage. Elle a estimé, par ailleurs, quil définissait une politique plus claire que la législation actuelle et devrait ainsi être mieux compris des habitants des communes. Elle a considéré que le projet de loi présentait trois avancées significatives : lobligation faite aux collectivités locales de sengager dans un véritable maillage national de construction des aires daccueil, correspondant au sillonnement des gens du voyage ; leffort financier accompagnant non seulement linvestissement de la construction des aires mais également leur fonctionnement ; enfin, le renforcement des moyens juridiques mis à la disposition des élus locaux pour sanctionner d'éventuels manquements de la part des gens du voyage. En conclusion, Mme Martine David a rappelé quelle percevait ce texte comme une étape décisive dans la législation applicable aux gens du voyage, apportant des solutions à des problèmes dune réelle gravité.
Soulignant que le projet de loi était très attendu par les maires, Mme Nicole Feidt a considéré quil apportait les moyens financiers et juridiques nécessaires pour régler le problème de laccueil des gens du voyage dans des conditions qui soient satisfaisantes pour eux et qui permettent également de faire accepter leur présence par les habitants des communes daccueil. Observant que les conventions prévues par le projet de loi sinspiraient du mécanisme de laide au logement temporaire qui a fait ses preuves, elle a, par ailleurs, insisté sur les pouvoirs de référé accordés au juge, jugeant quil sagissait dun des aspects essentiels du texte.
Prenant la parole en application de larticle 38, alinéa premier du Règlement, M. Jean-Jacques Weber a dabord rappelé quil était le président du groupe de travail sur les gens du voyage. Il a regretté que le projet de loi se borne à prévoir la création daires de stationnement sans aborder les aspects éducatifs et socio-économiques de la situation des gens du voyage. Jugeant positif que le projet énonce clairement les devoirs mis à la charge des communes et des départements, il sest, en revanche, interrogé sur la pertinence du taux retenu pour la participation de lEtat à la construction des aires de stationnement, fixée à 70 % du coût des investissements réalisés. Après avoir observé que le projet de loi établissait un parallèle intéressant entre le droit à laccueil et le droit au logement, il sest inquiété de la faiblesse des pouvoirs donnés au maire pour faire face à larrivée, sur une aire de stationnement, de gens du voyage en nombre supérieur à celui pris en compte par le schéma départemental. Il a souligné que le recours à la procédure du référé était non seulement coûteuse pour la commune évoquant le chiffre de 6 000 F par référé mais encore lourde et complexe à mettre en uvre. Il a, en outre, observé, que les préfets faisaient rarement usage de la force publique pour faire exécuter les décisions du juge. Il a indiqué que, pour remédier à ces difficultés, il présenterait des amendements destinés à renforcer les pouvoirs de sanction du maire, jugeant que de telles dispositions étaient indispensables, pour que les élus locaux ne soient pas déçus par ce projet de loi très attendu.
Intervenant en application de larticle 38, alinéa premier du Règlement, M. Daniel Vachez a également souligné que le projet de loi était très attendu par les maires, tout en insistant sur le souhait unanime de lensemble des parties prenantes que celui-ci soit adopté rapidement, cet objectif commandant de limiter le champ dapplication de la loi aux communes de plus de 5 000 habitants. Il a approuvé les mesures prévoyant le versement de subventions pour les investissements réalisés par les communes ainsi que la mise en place dune allocation de logement temporaire, déplorant linsuffisance des aides de fonctionnement existant actuellement et plaidant pour une solidarité financière au niveau national. Après avoir estimé que laugmentation du nombre des aires de stationnement permettrait de limiter le stationnement illicite, il a émis des réserves sur une extension trop importante des pouvoirs conférés aux maires, rappelant notamment que les règles constitutionnelles confiaient aux seuls juges le droit de décider de mesures dexpulsion applicables sur des terrains privés. Il a enfin fait part de lintérêt des dispositions relatives à lapplicabilité des référés sur lensemble du territoire communal, souhaitant toutefois que le champ dapplication temporel des ordonnances soit délimité par le juge.
En réponse aux intervenants, la rapporteur a apporté les précisions suivantes :
Sil est exact que la plupart des personnes auditionnées ont regretté certaines lacunes du texte, toutes ont, en revanche, insisté sur la nécessité de légiférer au plus vite compte tenu des insuffisances de la législation actuelle.
Les règles constitutionnelles et la jurisprudence limitent les pouvoirs des maires dans ces matières et imposent un recours au juge dès quil sagit de prendre certaines mesures contraignantes à lencontre des gens du voyage en stationnement illégal ; en tout état de cause, la multiplication des aires de stationnement résultant de la présente loi devrait mécaniquement faire diminuer les cas dinfractions.
Le plafond de la participation de lEtat au titre de laide aux dépenses déquipement sera fixé par voie réglementaire.
La Commission est ensuite passée à lexamen des articles.
Avant larticle premier :
La Commission a été saisie de lamendement n° 33 présenté par M. Jean-Jacques Weber prévoyant lélaboration dun schéma national daccueil des gens du voyage, son auteur insistant sur le fait que lEtat devait simpliquer davantage dans la mesure où les migrations ne concernaient pas une collectivité unique et rappelant que la Commission nationale consultative, qui ne sétait jamais réunie, navait pas de pouvoir de coordination. Après que la rapporteur eut souligné que le projet de loi retenait léchelon départemental afin de refléter au plus près les réalités locales et eut mis en exergue le souhait du Gouvernement de réactiver la commission nationale consultative, la Commission a rejeté cet amendement.
Article premier : Schéma départemental daccueil des gens du voyage :
La Commission a adopté un amendement de précision de la rapporteur, puis elle a rejeté lamendement n° 20 de M. Jean-Jacques Weber indiquant que le projet de loi concerne les gens du voyage quelle que soit leur nationalité.
Elle a ensuite été saisie de lamendement n° 21 du même auteur précisant que les gens du voyage accueillis sur les aires de stationnement doivent être titulaires dun titre de circulation. Evoquant la diversité des populations se déplaçant sur le territoire, M. Jean-Jacques Weber a insisté sur la nécessité de réserver lapplication de la loi aux seuls gens du voyage. Après que M. Daniel Vachez eut rappelé quil appartenait aux gardiens des aires de stationnement de veiller à ce que celles-ci soient utilisées conformément à la loi mais eut écarté une extension des pouvoirs de police du maire en la matière, la Commission a rejeté cet amendement. Elle a également rejeté lamendement n° 42 présenté par M. Jean-Jacques Weber précisant la notion de résidence mobile, la rapporteur jugeant inopportun de faire référence à un texte de nature réglementaire.
Un débat sest ensuite engagé sur lamendement n° 22 de M. Jean-Jacques Weber définissant les populations concernées par le projet de loi. Précisant que la définition proposée dans son amendement reprenait celle figurant dans la proposition de loi de M. Jean-Pierre Delevoye adoptée par le Sénat, M. Jean-Jacques Weber a estimé nécessaire de dissuader les touristes ou les travailleurs itinérants dutiliser des aires de stationnement bien équipées au lieu de payer un emplacement plus onéreux dans un camping. Mme Christine Lazerges a fait observer que les travailleurs itinérants stationnaient généralement pour des périodes plus longues que les gens du voyage. Après que M. Lionnel Luca se soit interrogé sur les intentions du législateur en ce qui concerne les durées de stationnement et que la rapporteur eut indiqué que cette question relevait des schémas départementaux, la Commission a rejeté cet amendement.
Puis elle a examiné lamendement n° 2 présenté par M. Bernard Schreiner incluant les groupements de communes de plus de 5 000 habitants dans le champ du schéma départemental. Défendant cet amendement, M. Emile Blessig a souhaité poser le principe selon lequel les groupements de communes peuvent participer à laccueil des gens du voyage, sans que cela constitue nécessairement une obligation. Il a insisté sur le problème de la répartition géographique des communes daccueil au sein dun territoire auquel les schémas départementaux devaient répondre de manière cohérente, ajoutant quil appartiendrait, en tout état de cause, aux commissions départementales darbitrer la question de la création des aires. Il a enfin noté que larticle 2, dans sa rédaction actuelle, reposait exclusivement sur une logique de délégation des communes vers les établissements publics de coopération intercommunale à ce que propose lamendement de M. Bernard Schreiner. Pour sa part, M. Daniel Vachez a considéré que le dispositif de lamendement risquait dêtre contre-productif au regard de lobjectif de renforcement des structures intercommunales souhaité par tous. Après que la rapporteur eut convenu que la rédaction de larticle 2 mériterait sans doute dêtre clarifiée, ce quelle sest proposé de faire avant lexamen en séance publique, la Commission a rejeté cet amendement ainsi que lamendement n° 3 de M. Bernard Schreiner prévoyant que les dates des rassemblements traditionnels seraient fixées par arrêté du maire, la rapporteur ayant estimé quil était difficile de déterminer par arrêté de telles dates et que, en cas dexcès, il était toujours loisible aux autorités de saisir le juge. Elle a également rejeté lamendement n° 4 de M. Bernard Schreiner aux termes duquel le schéma départemental fixe le montant du droit de stationnement dont les gens du voyage doivent sacquitter, M. Emile Blessig ayant considéré quil était important de poser la question de la contrepartie due par celui qui bénéficie de laccueil et quil fallait en poser le principe dans la loi, tandis que la Rapporteur répondait que ce souci était déjà satisfait par larticle 5 du projet de loi qui renvoie au droit dusage.
La Commission a, en revanche, adopté un amendement de la rapporteur visant à imposer la définition des obligations daccueil pour toutes les communes de plus de 5 000 habitants du département, la mention des autres communes dans le schéma départemental restant facultative, avant de rejeter lamendement n° 5 de M. Bernard Schreiner disposant que le schéma départemental est élaboré, non seulement par le représentant de lEtat et le président du conseil général, mais aussi par les maires et les présidents de groupements de communes de plus de 5 000 habitants. Considérant que, compte tenu des pouvoirs exorbitants reconnus au préfet, les communes devaient être associées à lélaboration du schéma départemental, M. Emile Blessig sest demandé si la seule présence du président du conseil général garantissait une bonne concertation, alors que la rapporteur a noté que larticle premier prévoyait déjà la présence des représentants des communes dans la commission consultative.
Puis la Commission a adopté un amendement de la rapporteur visant à organiser la consultation des commissions départementales lors de lélaboration des schémas alors que le projet ne prévoit que leur simple association. Elle a, ensuite, rejeté lamendement de coordination n° 6 de M. Bernard Schreiner, ainsi que lamendement n° 23 présenté par M. Jean-Jacques Weber prévoyant que le conseil général est informé des conséquences financières du schéma départemental, après que son auteur eut insisté sur le fait que le conseil général, associé au dispositif, devait être informé de toutes les conséquences, en particulier financières, de celui-ci mais que la rapporteur eut rappelé que le président du conseil général était partie prenante au processus délaboration du schéma et quen conséquence, cest à lui quil appartenait dinformer son assemblée en la matière.
La Commission a ensuite adopté un amendement de la rapporteur faisant courir les délais délaboration des schémas à compter de leur publication. Elle a, en revanche, rejeté lamendement n° 24 de M. Jean-Jacques Weber précisant que le schéma départemental était opposable aux communes, la rapporteur faisant observer que larticle 2 du projet de loi satisfaisait cet amendement. Un débat sest ensuite engagé sur lamendement n° 25 du même auteur prévoyant que la commission consultative comprenait des personnes qualifiées, notamment des assistantes sociales et des représentants de lEducation nationale. M. Jean-Jacques Weber a estimé que, jouant un rôle très important aux côtés du préfet, la commission consultative devait donc comprendre non seulement des représentants des communes concernées mais aussi un certain nombre de personnes connaissant particulièrement bien les problèmes des gens du voyage, soulignant, en outre, que dans certains départements, il existait des assistantes sociales spécialisées en la matière dont la participation aux travaux de la commission serait opportune. Mme Christine Lazerges, présidente, a remarqué que ce type de précision était plutôt dordre réglementaire. M. Daniel Vachez a abondé en ce sens en rappelant que la composition de la Commission nationale consultative actuelle était fixée par décret, jugeant, par ailleurs, quil était souhaitable de bénéficier dune certaine marge dappréciation dans la composition des commissions. Mme Martine David a également considéré quil ne fallait pas mettre en place une machine trop lourde, le décret étant la voie habituelle pour fixer la composition dune telle commission. Après que la rapporteur se fût déclarée défavorable à linscription dans la loi de la composition de la commission et eut souhaité que chaque département puisse se déterminer en fonction de ses partenaires habituels, notamment associatifs, la Commission a rejeté cet amendement. M. Emile Blessig ayant souhaité que lon ajoute après le mot « communes » ladjectif « concernées » afin de mieux garantir aux communes en cause leur présence au sein de la commission, la Commission a adopté un amendement de la rapporteur allant dans ce sens.
Après avoir rejeté lamendement n° 14 de M. Bernard Schreiner selon lequel les maires et les présidents des groupements de communes peuvent assister à toutes les réunions et délibérations de la commission consultative, la Commission a adopté lamendement n° 26 de M. Jean-Jacques Weber prévoyant que la commission départementale se réunit chaque année afin de prendre connaissance du bilan de laction menée, puis elle a adopté un amendement présenté par Mme Martine David visant à étendre à lensemble des régions françaises le dispositif de coordination prévu pour la seule région Ile-de-France.
La Commission a ensuite adopté larticle premier ainsi modifié.
Article 2 : Obligation des communes :
La Commission a adopté trois amendements présentés par la rapporteur, le premier, en coordination avec lamendement adopté sur larticle premier, prévoyant que le schéma départemental est opposable à toutes les communes qui y figurent, y compris à celles de moins de 5 000 habitants, le deuxième définissant les délais de participation à la mise en uvre du schéma départemental à partir de la publication de ce schéma et non de son approbation, le troisième concernant les modalités dexécution du schéma départemental, après que M. Daniel Vachez eut précisé quil sagissait déviter une interprétation qui permettrait dexonérer la commune de réaliser sur son territoire une aire daccueil en application du schéma. La Commission a ensuite rejeté lamendement n° 41 présenté par M. Michel Meylan ainsi que lamendement n° 27 de M. Jean-Jacques Weber, décrivant les caractéristiques imposées aux aires de stationnement, Mme Christine Lazerges, la rapporteur et M. Lionnel Luca sétant opposés à ce que figurent dans la loi des considérations dordre trop technique, relevant du décret, voire de la circulaire.
M. Jean-Jacques Weber a ensuite présenté son amendement n° 28 imposant aux communes de prévoir les aires de stationnement dans les plans doccupation des sols. La Rapporteur sest déclarée perplexe sur cette disposition qui, compte tenu de la lourdeur des procédures de révision des POS, nallait pas dans le sens de la simplification des tâches pour les maires. Craignant que de nombreux maires ne prétextent de cette rigidité pour ne pas procéder à la construction des aires daccueil, elle a ajouté que cette inscription dans le POS risquait de rendre plus difficile le pouvoir de substitution du préfet. M. Jean-Jacques Weber a fait valoir que se poserait forcément, à un moment ou à un autre, un problème durbanisme, que laire de stationnement soit prévue en zone urbaine ou en zone naturelle, nécessitant dès lors lobtention dun permis de construire, puis a souligné que linscription dans le POS permettrait aux maires de faire accepter plus facilement par les populations la construction daires daccueil. Mme Nicole Feidt sest interrogée sur cette disposition qui présenterait, à son sens, linconvénient de manquer de souplesse en fixant définitivement les choses. Reconnaissant que linscription des aires daccueil dans le POS était une proposition intéressante dans le cadre de la législation actuelle, dans la mesure où il nexiste pas actuellement de possibilité dobliger les maires en la matière, M. Daniel Vachez a exprimé sa crainte quune telle disposition, compte tenu de linstauration dun pouvoir de substitution accordé au préfet, ne présente une certaine lourdeur. Il a de plus rappelé que figer les aires daccueil dans le POS empêcherait de saisir des opportunités intéressantes, comme des ventes de terrain, et obligerait à recourir à lexpropriation. Mme Martine David, exprimant son opposition à lamendement dans la rédaction présentée par M. Jean-Jacques Weber, a préconisé que le débat puisse être repris en séance, en tenant compte de la position du Gouvernement sur le sujet. Après que la rapporteur eut également avancé lidée que soit connu lavis du Gouvernement avant de se prononcer définitivement, M. Jean-Jacques Weber, compte tenu de ces propos, a retiré lamendement n° 28.
La Commission a ensuite adopté larticle 2 ainsi modifié.
Article 3 : Pouvoir de substitution du représentant de lEtat :
La Commission a adopté deux amendements rédactionnels de la rapporteur. Elle a ensuite adopté cet article ainsi modifié.
Article 4 : Participation financière de lEtat à laménagement des aires daccueil :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Article 5 : Aide des organismes de sécurité sociale aux personnes gestionnaires daires daccueil :
La Commission a adopté un amendement de précision rédactionnelle, puis cet article ainsi modifié.
Articles 6 : Organisation des interventions sociales relatives aux gens du voyage et 7 : Majoration de la population prise en compte au titre du calcul de la D.G.F. :
La Commission a adopté ces articles sans modification.
Article 8 : Dispositions modifiant le code de lurbanisme :
La Commission a adopté deux amendements de la rapporteur, le premier inscrivant dans le code de lurbanisme la notion dhabitat des gens du voyage, le second dordre rédactionnel, puis elle a adopté larticle 8 ainsi modifié.
Article 9 : Pouvoirs de police du maire procédure dexpulsion :
La Commission a rejeté lamendement n° 19 de M. Bernard Schreiner permettant aux maires la saisine directe de lautorité administrative sans passer par le juge en vue dobtenir lexpulsion des gens du voyage. Après avoir adopté deux amendements de la rapporteur visant à unifier le contentieux de lexpulsion des gens du voyage au profit du juge judiciaire, elle a rejeté les amendements rédactionnels n° 37 de M. Charles Cova et n° 18 de M. Bernard Schreiner. Mme Nicole Feidt a présenté un amendement supprimant la possibilité dexécuter les décisions de justice relatives à lexpulsion des gens du voyage au seul vu de la minute, soulignant que cette disposition était de nature à porter atteinte au principe constitutionnel dégalité dans la mesure où elle instituait des procédures dexception à lencontre dune catégorie spécifique de la population. Mme Martine David a souligné lintérêt de ce dispositif pour les maires tout en estimant souhaitable dobtenir des précisions du Gouvernement quant à sa constitutionnalité. M. Emile Blessig a considéré que cette procédure était tout à fait complémentaire du référé dans la mesure où elle permettait de mettre rapidement un terme à un trouble de lordre public. M. Daniel Vachez a, pour sa part, indiqué que cette procédure répondait à une demande des élus en faveur du raccourcissement des délais dexécution des décisions de justice. Après avoir fait part à la Commission dune jurisprudence civile permettant lexécution dun jugement en référé au seul vu de la minute, la rapporteur a considéré que cette disposition nétait pas contraire au principe dégalité et à la pratique des juridictions. La Commission a rejeté cet amendement, ainsi que les amendements n° 17 de M. Bernard Schreiner et n° 38 de M. Charles Cova tendant respectivement à garantir une exécution immédiate des jugements dexpulsion et à obtenir des jugements en référé dans un délai de quarante-huit heures. Par coordination avec lamendement confiant aux juges civils lensemble du contentieux de lexpulsion des gens du voyage, la Commission a adopté un amendement de la rapporteur excluant la compétence du juge administratif en cas de contentieux relatif à loccupation du domaine public par les gens du voyage. En conséquence, les amendements n° 40 de M. Charles Cova donnant compétence au préfet pour ordonner lexpulsion des gens du voyage, n° 16 de M. Bernard Schreiner prévoyant le prononcé systématique dastreintes par le juge administratif et n° 39 de M. Charles Cova imposant au juge des référés de se prononcer dans un délai de quarante-huit heures sont devenus sans objet.
Article additionnel après larticle 9 : Hébergement des gens du voyage dans le cadre demplois saisonniers :
Mme Martine David a présenté un amendement relatif à lhébergement des gens du voyage effectuant des travaux agricoles saisonniers. Intervenant en application de larticle 38, alinéa premier du Règlement, M. Gilbert Mitterrand a indiqué quil était à lorigine de cet amendement afin de résoudre le problème que pose lhébergement des gens du voyage dans les régions agricoles recourant à cette main duvre à certaines périodes de lannée. Il a souhaité que les schémas départementaux intègrent cette catégorie de gens du voyage dans leurs dispositions afin que leurs employeurs puissent procéder à leur hébergement sur leur propriété ou sur les aires daccueil avoisinantes. Il a, par ailleurs, indiqué quil fallait éviter que les maires nutilisent les pouvoirs qui leur sont donnés par larticle 9 du projet de loi pour obtenir lexpulsion de gens du voyage employés à des travaux saisonniers sur le territoire de leur commune. La Commission a adopté cet article additionnel.
Article 10 : Dispositions transitoires :
La Commission a adopté larticle 10 sans modification.
Article additionnel après larticle 10 :
La Commission a été saisie de lamendement n° 34 de M. Jean-Jacques Weber organisant un recensement des gens du voyage dans un délai dun an à compter de la promulgation de la loi. M. Jean-Jacques Weber a indiqué quun tel recensement était de nature à permettre une meilleure connaissance sociologique des populations concernées afin de prendre en compte leurs besoins en matière daccueil. La rapporteur a considéré quun recensement densemble avait eu lieu en 1961 et quil avait été actualisé par des recensements successifs ainsi que par une étude statistique récente portant sur les titres de circulation délivrés par les préfectures. Elle a par ailleurs jugé quil était préférable davoir une vision des besoins de stationnement au niveau départemental, dans la mesure où des données nationales agrégées ne permettent pas dorganiser laccueil des gens du voyage de manière pertinente. Prolongeant ce propos, M. Daniel Vachez a indiqué que les recensements généraux prenaient en compte les populations non sédentarisées à une date fixe et quil était préférable danalyser les besoins à léchelon départemental. La Commission a rejeté cet amendement.
Article 11 : Décret dapplication :
La Commission a adopté larticle 11 sans modification.
Titre :
La Commission a adopté un amendement de la rapporteur substituant à la notion daccueil des gens du voyage, celle dhabitat.
La Commission a adopté le projet de loi ainsi modifié.
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Informations relatives à la Commission
La Commission a procédé à la nomination de rapporteurs. Ont été désignés :
û Mme Catherine Tasca, pour le projet de loi constitutionnelle relatif à la Nouvelle-Calédonie et à la Polynésie française ;
û M. Jérôme Lambert, pour le projet de loi portant habilitation du Gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures législatives nécessaires à lactualisation et à ladaptation du droit applicable outre-mer ;
û Mme Nicole Feidt, pour sa proposition de loi organique relative au statut de la magistrature (n° 1494) ;
û M. Raymond Forni, pour la proposition de résolution de M. Laurent Fabius tendant à modifier les articles 50, 91 et 108 du Règlement de lAssemblée nationale (n° 1584).
La Commission a décidé la création dune mission dinformation de dix membres relative aux moyens dinformation et de contrôle des parlementaires.
fpfp
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