ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES
COMPTE RENDU N° 22
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 16 décembre 1998
(Séance de 16 heures 30)
Présidence de M. André Lajoinie, Président
SOMMAIRE
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Suite de lexamen du projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire et portant modification de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 dorientation pour laménagement et le développement du territoire (n° 1071)
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(M. Philippe DURON, rapporteur).
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La commission a poursuivi lexamen, sur le rapport de M. Philippe Duron, du projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire et portant modification de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 dorientation pour laménagement et le développement du territoire (n° 1071).
· Article 11 (article 12 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Articulation de la carte des formations supérieures et de la recherche et du schéma de services collectifs de lenseignement supérieur et de la recherche
La commission a rejeté deux amendements de M. Patrick Ollier, lun visant à supprimer larticle 11, et lautre proposant une nouvelle rédaction de larticle prévoyant des incitations en faveur des laboratoires privés choisissant une localisation conforme au schéma national daménagement et de développement du territoire.
Elle a ensuite adopté larticle 11 sans modification.
· Article 12 (article 16 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Schéma de services collectifs culturels
Après avoir rejeté un amendement de suppression de cet article présenté par M. Patrick Ollier, la commission a examiné un amendement du même auteur visant à maintenir en vigueur larticle 16 de la loi du 4 février 1995. M. Patrick Ollier a souligné la nécessité de réaffirmer lobjectif de rééquilibrage des équipements culturels entre la région dIle-de-France et les autres régions. Le rapporteur a déclaré partager ce point de vue et fait observer que le projet de loi ne modifiait pas larticle 16 de la loi « Pasqua » sur ce point, maintenant ainsi lobjectif de rééquilibrage fixé en 1995. Il a également indiqué que le schéma de services collectifs culturels serait, tout comme les autres schémas, pris en compte dans les contrats de plan Etat-régions, la principale modification proposée étant détendre la portée du schéma prévu par la loi « Pasqua » limité aux seuls équipements culturels. M. Patrick Ollier a alors retiré son amendement.
Puis, la commission a adopté un amendement rédactionnel du rapporteur ainsi quun amendement de M. Félix Leyzour visant à inclure le développement de la création parmi les objectifs de lEtat dans le domaine culturel, après que le rapporteur eut proposé un sous-amendement rédactionnel. Elle a ensuite examiné un amendement du rapporteur visant à clarifier la rédaction de lobjectif daccès aux biens, services et pratiques culturels, son auteur faisant observer quil convenait de lever lambiguïté liée à lutilisation de ladjectif « artistiques », applicable aux pratiques mais inadaptée pour les biens et services. M. Philippe Duron, rapporteur, a estimé que la suppression de cette référence nétait pas gênante dans la mesure où lon peut considérer que les pratiques culturelles incluent les pratiques artistiques, ainsi que lattestent plusieurs publications récentes du ministère compétent, comme latlas des activités culturelles et lenquête sur les pratiques culturelles des Français. M. François Brottes a souligné que cette suppression était dautant plus justifiée que la commission venait dadopter lamendement de M. Félix Leyzour introduisant le développement de la création dans le même alinéa de larticle. La commission a alors adopté lamendement du rapporteur.
Elle a ensuite examiné un amendement de M. Jean Proriol visant à mentionner les établissements scolaires comme vecteur dun accès plus démocratique aux oeuvres et pratiques culturelles. Le rapporteur a indiqué que cette insertion pouvait être interprétée comme étant restrictive, dautres établissements contribuant tout autant à la réalisation de cet objectif, par exemple les conservatoires municipaux pour laccès aux pratiques musicales. M. Félix Leyzour a déclaré partager lavis du rapporteur, tout en soulignant que le rôle de lécole était essentiel et quil fallait intervenir sur les programmes denseignement. Après que M. Jean Proriol eut précisé que son amendement ne visait pas les programmes mais les activités artistiques ou culturelles proposées en milieu scolaire, la commission a rejeté cet amendement. M. Jean Proriol a retiré un amendement relatif au développement de la production culturelle, partiellement satisfait par lamendement de M. Félix Leyzour précédemment adopté.
Puis, la commission a adopté quatre amendements présentés par le rapporteur :
le premier visant à supprimer une redondance au quatrième alinéa du II de larticle 12 entre les efforts et les moyens publics ;
le deuxième ayant pour objet de faciliter les transferts de fonds patrimoniaux prévus au cinquième alinéa du II en précisant que ces transferts se réaliseront sans aliénation des collections dorigine ;
le troisième au sixième alinéa du II, étant de nature purement rédactionnelle ;
le quatrième élargissant le champ de la politique dintégration à la reconnaissance des pratiques culturelles alors que le septième alinéa du II ne visait que la reconnaissance des formes dexpression et des pratiques artistiques.
La commission a ensuite examiné un amendement présenté par le rapporteur proposant une nouvelle rédaction du huitième alinéa du II de larticle 12 relatif à la valorisation des cultures et langues régionales en vue délargir sa portée. Le rapporteur a souligné quil lui paraissait opportun de prendre en compte non seulement les langues régionales mais aussi, sagissant des objectifs stratégiques de lEtat, la promotion de la langue française et lapprentissage des langues parlées par les populations vivant sur le territoire national, quelles soient françaises ou dorigine étrangère, lapproche multiculturelle des langues constituant elle aussi un facteur dintégration. M. Jean-Claude Lenoir, appréciant cette initiative, a suggéré dinclure dans le dispositif la diffusion de la langue française. M. Pierre Ducout a fait observer que la rédaction proposée ne mentionnait plus les cultures régionales car elle était axée sur les langues. M. Eric Doligé, tout en approuvant linitiative du rapporteur, a émis des réserves sur la mention de lapprentissage des langues parlées par les Français dorigine étrangère en mettant laccent sur les difficultés de mise en oeuvre dun dispositif aussi général dont les conséquences pour les « petites » communes seraient très lourdes. M. Patrick Ollier, après avoir jugé que la nouvelle rédaction proposée par le rapporteur améliorait sensiblement le texte du projet de loi, a cependant estimé que lintégration passait avant tout par lapprentissage de la langue du pays daccueil, ce qui nempêchait nullement de préserver les cultures des Français dorigine étrangère. Le rapporteur a rappelé quil sagissait de définir les objectifs à long terme du schéma de services collectifs qui na pas pour fonction de prévoir de mesures dapplication concrète, compte tenu de sa valeur indicative. Il a souligné que la politique dintégration passait à la fois par lacceptation de la culture du pays daccueil et par la préservation de lidentité culturelle du pays dorigine. Il a précisé que son amendement visait en particulier les enfants de la deuxième ou troisième génération, qui bien souvent nont pas les moyens dapprendre la langue maternelle ou paternelle.
Soulignant lintérêt de lamendement du rapporteur pour renforcer la politique dintégration, M. Félix Leyzour a fait observer quun débat important avait lieu actuellement sur la signature par la France de la charte européenne des langues régionales et minoritaires qui pourrait poser un problème de constitutionnalité, le français étant la langue officielle de lHexagone. M. Paul Patriarche a indiqué que cette charte pourrait poser problème car certains de ses articles confèrent un caractère obligatoire à lutilisation des langues régionales, par exemple dans lenseignement scolaire, et sest prononcé contre une telle contrainte. M. Félix Leyzour a souligné à son tour quil était opposé à ce que la charte rende lenseignement des langues régionales obligatoire tout en mettant laccent sur la nécessité de les valoriser. Prenant lexemple de la musique celtique, il a fait observer que son développement reposait sur la sauvegarde du breton. M. Patrick Ollier, rappelant que la transmission des langues seffectuait surtout dans le cadre familial, sest interrogé sur le rôle de lEtat en ce domaine. Il sest déclaré favorable à la valorisation des cultures régionales ainsi quà la préservation de lidentité culturelle des Français dorigine étrangère, tout en considérant que celle-ci ne relevait pas de la politique dintégration. Le président André Lajoinie a fait observer que lamendement du rapporteur faisait la synthèse entre les différents intervenants et souligné quil sagissait dobjectifs à long terme, comme il est dusage dans une loi dorientation. Après que le rapporteur eut proposé de rectifier son amendement pour tenir compte des observations des commissaires, la commission a adopté lamendement ainsi rectifié.
Puis, elle a examiné un amendement de M. Patrick Ollier tendant à insérer dans larticle 12 un nouvel alinéa afin de mettre laccent sur le développement des pratiques culturelles des jeunes. Le rapporteur ayant fait observer que les jeunes étaient à lévidence concernés par laccès de tous aux pratiques et services culturels, dont ils sont souvent les principaux usagers, et que lamendement posait des problèmes rédactionnels, M. Patrick Ollier la retiré. Un amendement du même auteur tendant à insérer dans le texte le développement des productions culturelles a été rejeté au motif quil était partiellement satisfait par les décisions précédentes de la commission.
La commission a successivement rejeté un amendement de M. Yves Coussain supprimant le dernier alinéa de larticle 12 et un amendement de M. Patrick Ollier ayant pour objet de maintenir la référence expresse aux contrats de plan Etat-régions dans cet article.
Elle a adopté un amendement du rapporteur visant, dans un souci de lisibilité, à replacer dans larticle 12 les modalités de mise en oeuvre du schéma de services collectifs culturels inscrites à larticle 13 du projet de loi, sous réserve de deux modifications rédactionnelles.
Puis, la commission a adopté larticle 12 ainsi modifié.
· Article 13 (article 16-1 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Modalités de mise en uvre du schéma de services collectifs
Suivant la proposition du rapporteur, la commission a adopté un amendement de suppression de cet article afin que lensemble des dispositions du projet de loi relatives au schéma de services collectifs culturels figure dans le même article de la loi du 4 février 1995. Elle a par conséquent adopté lamendement n° 105 de M. Yves Nicolin et un amendement de M. Patrick Ollier ayant le même objet mais fondés sur des motifs différents. Deux amendements, lun de M. Jean Proriol rappelant le respect du principe de la libre administration des collectivités territoriales, lautre de M. Eric Doligé faisant référence aux schémas départementaux culturels, ont donc été considérés comme sans objet.
· Article 14 (article 17 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Schéma de services collectifs sanitaires
La commission a examiné en discussion commune un amendement de M. Patrick Rimbert prévoyant que dans le cadre du schéma de services collectifs sanitaires, ayant pour but dassurer un égal accès en tout point du territoire à des soins de qualité il faudra « veiller notamment au maintien des établissements de proximité » et un amendement de M. Patrick Ollier mentionnant « le maintien des établissements de proximité dans les régions confrontées à des problèmes daccès difficile ».
Le rapporteur a fait valoir que le maintien des établissements de proximité, qui était mentionné dans la loi du 4 février 1995, correspond effectivement à un souhait fort de la société et estimé que la rédaction de lamendement de M. Patrick Rimbert, plus large, était préférable. M. Patrick Ollier a estimé que ce problème se posait fréquemment dans les zones de montagne et souligné la souplesse de la solution quil préconisait. La commission a ensuite adopté lamendement de M. Patrick Rimbert, celui de M. Patrick Ollier devenant en conséquence sans objet.
La commission a ensuite adopté un amendement rédactionnel du rapporteur puis examiné trois amendements identiques de MM. Yves Coussain, Félix Leyzour et Patrick Ollier, visant à supprimer lalinéa de larticle 14 qui prévoit que le schéma de services collectifs sanitaires « est établi dans le respect du principe déquilibre financier de la sécurité sociale ». MM. Patrick Ollier, Félix Leyzour et Léonce Deprez ont fait valoir que cette disposition ne devait pas figurer logiquement dans un projet de loi consacré à laménagement du territoire.
Le rapporteur a exprimé sa compréhension à légard des arguments développés puis souligné que, conscient de la nécessité de maîtriser lévolution des dépenses de santé, il avait présenté un amendement prévoyant que le schéma de services collectifs sanitaires « vise au respect du principe déquilibre financier de la sécurité sociale ». Après de nouvelles interventions de MM. Patrick Ollier et Léonce Deprez, le rapporteur sest rallié aux amendements de suppression et a retiré son amendement. Les amendements de MM. Yves Coussain, Félix Leyzour et Patrick Ollier, ont été adoptés.
Le rapporteur a ensuite présenté un amendement prévoyant que le schéma de services collectifs sanitaires « prend en compte » les dispositions des schémas régionaux dorganisation sanitaire (SROS), alors que le projet de loi dispose quil « est construit sur la base » de ces SROS. Le rapporteur a indiqué, en effet, que le schéma de services collectifs sanitaires ne doit pas sinscrire dans un cadre fermé ni constituer une simple addition des SROS.
M. Jean-Claude Lenoir a estimé quune planification de loffre sanitaire ne peut ignorer le contenu des schémas régionaux, cependant que MM. Jean-Claude Daniel et Félix Leyzour ont jugé que lEtat doit pouvoir prévoir et programmer les réponses aux besoins existants sans être excessivement lié par ces schémas. M. Patrick Ollier a rappelé que la « Loi Pasqua » avait prévu la mise en place dun schéma national dorganisation sanitaire, pour tenir compte en particulier de certains établissements non traités par la loi hospitalière, notamment les établissements climatiques. Il a fait remarquer également que le schéma national ne devait pas sanalyser comme une simple addition des schémas régionaux dorganisation sanitaire. MM. François Dosé et Jean Proriol ont insisté sur le fait que leffort de planification sanitaire ne doit pas être enfermé dans le carcan des schémas régionaux dorganisation sanitaire et de laction des agences régionales de lhospitalisation.
La commission a ensuite adopté lamendement du rapporteur, puis larticle 14 ainsi modifié.
· Article 15 (article 18 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Schéma de services collectifs de linformation et de la communication
La commission a tout dabord rejeté deux amendements de M. Patrick Ollier proposant, lun, de supprimer larticle, lautre de le réécrire afin de maintenir le schéma des télécommunications prévu par la loi du 4 février 1995. Elle a également rejeté lamendement de M. Yves Coussain intitulant le schéma « schéma de développement des technologies de linformation et de la communication ».
M. Félix Leyzour a ensuite retiré son amendement prévoyant que le schéma fixe des objectifs de développement des services, le deuxième alinéa de larticle 18 se référant déjà à des objectifs. Il a également retiré son amendement demandant légalité daccès de tous les citoyens à ces services, cette expression étant trop restrictive par rapport à la notion traditionnelle dusagers. M. Jean Proriol a retiré son amendement ayant le même objet.
Après que M. Jean-Claude Lenoir eut fait valoir que lobjectif du schéma devrait être une couverture de 100 % du territoire par les services de radiocommunication, la commission a rejeté un amendement de M. Yves Coussain proposant que 85 % du territoire national soit desservi par des grands opérateurs de radiocommunications. Elle a également rejeté, au bénéfice des dispositions proposées par M. François Brottes, un amendement de M. Yves Coussain disposant que le schéma définit les conditions de promotion, par lÉtat, de services utilisant des réseaux interactifs.
M. François Brottes a présenté un amendement visant à ce que le schéma garantisse notamment :
une distribution quotidienne, au moins six jours sur sept, du courrier de moins de 350 grammes dans des conditions tarifaires abordables et identiques sur lensemble du territoire ;
une capacité à émettre ou à percevoir des mandats postaux, sans avoir à effectuer un déplacement de plus dune heure, par le moyen de transport le plus accessible ;
un accès de proximité aux cabines téléphoniques en fonction de critères dimplantation portant sur la densité de population et la notion de voisinage par rapport à toute zone habitée ;
une couverture optimale du territoire pour lutilisation du téléphone mobile cellulaire ;
une réception correcte des chaînes de radio et de télévision publiques en tout point habité du territoire ;
des possibilités de connexion à un réseau de télécommunications interactif à haut débit accessibles aux lieux de formation et déducation, aux entreprises, aux établissements publics et aux collectivités locales.
Il a fait valoir que les dispositions concernant le service postal et le service des mandats postaux avaient un caractère normatif car il convenait, dune part, que la loi soit adaptée pour éviter un vide juridique né de labsence de transposition de la directive européenne du 15 décembre 1997 dans la mesure où celle-ci est en retrait par rapport au contenu du service postal français puisquelle prévoit une distribution minimale seulement cinq jours sur sept et, dautre part, daffirmer limportance sociale du service des mandats postaux. Par ailleurs, il a fait observer que le cahier des charges de France Télécom nétait pas suffisamment précis ou contraignant en matière de cabines publiques et de téléphonie mobile.
Le rapporteur a exprimé son accord avec lamendement sous réserve de ladoption de deux sous-amendements. Il a cependant fait observer que dès à présent les mandats postaux pouvaient être perçus en tout point du territoire grâce aux facteurs qui peuvent les délivrer et ils peuvent être émis de la même manière en confiant la somme dargent au facteur qui, le lendemain, vient faire signer le mandat à la personne qui en a demandé lémission.
La commission a adopté le premier sous-amendement du rapporteur qui prévoit que le schéma définisse les conditions pour assurer les services décrits et non les garantisse.
Le second sous-amendement du rapporteur propose de supprimer lobjectif de réception correcte des chaînes de radio et de télévision. Le rapporteur a fait valoir quil était matériellement impossible de définir les conditions dune réception correcte rapide de ces chaînes en raison de la multitude des zones dombre existant sur le territoire français, y compris dans les zones habitées. De ce fait, le seul moyen de parvenir à une réception correcte rapide est dinviter les Français mal desservis à séquiper en paraboles pour recevoir les émissions satellitaires. En outre, la disposition établit une discrimination entre les chaînes publiques et les chaînes privées, ce qui apparaît peu conforme aux principes constitutionnels et rend la tâche de Télédiffusion de France impossible.
M. François Brottes a estimé que sa proposition nétait pas discriminatoire car il est justifié de garantir une réception correcte des chaînes accomplissant une mission de service public.
M. Eric Doligé a attiré lattention sur la lourdeur des engagements représentés par cette disposition. Notamment, il sest demandé si en cas de grève, la proposition de M. François Brottes nimpliquait pas la mise en place dun service minimum. M. Patrick Ollier a proposé que la loi prévoit simplement la réception des chaînes sans exiger un caractère correct quil est difficile dapprécier. En outre, il a fait observer que lorsquon le veut, TDF et les pouvoirs publics dégagent les moyens pour installer des émetteurs. M. Léonce Deprez sest inquiété de la confusion faite entre ce qui doit relever de la loi et ce quil convient de laisser à la charge du Gouvernement. Lamendement de M. François Brottes permettrait dintenter des recours des usagers contre toute mauvaise réception, ce qui conduira à des contentieux inextricables. M. Christian Estrosi, usant de la faculté offerte par le premier alinéa de larticle 38 du Règlement, a invité les commissaires à rejeter le sous-amendement afin que le Parlement fasse progresser la politique daménagement du territoire dans la mesure où les gouvernements nassument pas leurs responsabilités. Il convient davoir les mêmes conditions de confort et de sécurité dans les zones dhabitation reculées que dans les villes. M. Patrick Rimbert sest déclaré favorable à ladoption du sous-amendement. M. Jean Proriol sy est, en revanche, opposé. M. Paul Patriarche a attiré lattention sur limportance sociale de la télévision et du nombre de personnes qui vivent sans recevoir de manière correcte certaines chaînes de télévision. M. Patrick Ollier a fait observer que laccès le plus important aux services publics était, pour de nombreuses personnes, laccès à la télévision.
Après avoir fait remarquer que son amendement ne limitait en rien le droit de grève, M. François Brottes a accepté la suppression de la disposition dans lattente dune nouvelle proposition de sa part. Puis, la commission a adopté le sous-amendement du rapporteur et lamendement de M. François Brottes ainsi modifié.
La commission a ensuite adopté deux amendements de M. François Brottes tendant à englober le secteur postal dans le troisième alinéa du II de larticle, dans la mesure où La Poste participe à loffre de base en matière dinformation et de communication. Puis, elle a adopté un amendement de conséquence de M. François Brottes supprimant le quatrième alinéa du II, rendant ainsi sans objet un amendement rédactionnel du rapporteur.
Enfin, la commission a rejeté un amendement de M. Patrick Ollier relatif à la couverture du territoire par des réseaux interactifs à haut débit, et adopté larticle 15 ainsi modifié.
· Article 16 (article 19 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Schémas de services collectifs de transport
La commission a tout dabord rejeté un amendement de M. Patrick Ollier de suppression de cet article. Elle a également rejeté, sur proposition du rapporteur, un amendement de M. Jean Proriol tendant à renvoyer à lensemble de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 dorientation des transports intérieurs les modalités détablissement des schémas de transport.
Elle a ensuite examiné deux amendements identiques, lun de M. Yves Coussain, lautre de M. Jean Proriol tendant au maintien du premier alinéa de larticle 17 de la loi du 4 février 1995. Un débat sest engagé sur ces amendements. M. Jean Proriol a considéré quil était indispensable de fixer de façon précise les perspectives à long terme dune desserte équilibrée et équitable du territoire, faute de quoi le schéma resterait trop flou. M. Patrick Ollier a déclaré quil fallait conserver des objectifs ambitieux en matière de désenclavement du territoire, notamment des zones de montagne.
M. Christian Estrosi a mis en parallèle le renoncement à lobjectif fixé par la LOADT de lexistence de liaisons de transport rapides accessibles de toutes les parties du territoire avec les annulations par le Gouvernement de plusieurs importants projets dinfrastructures, telle la construction du canal Rhin-Rhône, de lautoroute A51 ou de nouvelles liaisons transalpines.
M. Eric Doligé a relevé quil était contradictoire daccepter de préciser les objectifs des schémas de services collectifs dans certains cas et de les refuser dans dautres. Il sest prononcé en faveur dune politique plus ambitieuse pour la France. Le rapporteur a indiqué en réponse quil était évidemment impossible de réaliser en vingt ans, échéance des schémas, lensemble des infrastructures qui seraient nécessaires pour remplir les conditions définies par la LOADT en matière de transports rapides.
M. Jean-Jacques Filleul a soutenu la position du rapporteur. Il a estimé quune référence aux objectifs de désenclavement trouverait plus sa place à larticle 32 du projet de loi.
M. Félix Leyzour a rappelé quen matière de transport le projet de loi tendait à développer lintermodalité et à rééquilibrer les parts respectives du ferroviaire et de la route. Il a par ailleurs indiqué quil restait beaucoup à faire dans ce domaine, ce qui nécessitait à la fois doptimiser le réseau existant et de prévoir des infrastructures nouvelles.
M. Patrick Rimbert a contesté le sérieux du discours de lopposition, qui veut à la fois remplir des objectifs de construction dinfrastructures de transport particulièrement difficiles à réaliser en seulement vingt ans, et revendique une utilisation des fruits de la croissance pour réduire le désendettement de lEtat. Il a rappelé à ce propos que le niveau actuel de lencours de la dette, tant de Réseau ferré de France que des sociétés concessionnaires dautoroutes, sétablissait à environ 200 milliards de francs.
M. Jean-Michel Marchand a fait observer que des évolutions étaient intervenues dans la définition des priorités daménagement. Toutefois, la construction dinfrastructures nouvelles nest pas exclue. En outre le projet de loi devrait permettre aux acteurs locaux de mieux contribuer au développement des politiques de transport.
En réponse aux intervenants, le rapporteur a indiqué que loriginalité de ce projet de loi était de prendre en compte la dimension durable du développement, ce qui expliquait la remise en cause de certains projets. Il a par ailleurs fait observer que la notion, contenue dans les amendements, dun temps de trajet en voiture nétait guère précise et ne tenait pas compte des conditions de circulation. De même, depuis plusieurs années, la tendance est à préférer le développement des trains pendulaires à la construction de lignes nouvelles à grande vitesse, autrement plus coûteuses. Il convient donc de trouver un équilibre entre le développement des infrastructures et les capacités financières et budgétaires de la collectivité. La commission a ensuite rejeté ces deux amendements.
Puis la commission a rejeté, suivant lavis du rapporteur :
un amendement de M. Patrick Ollier réintroduisant un schéma des ports maritimes ;
un amendement de M. Yves Coussain prévoyant à lhorizon 2015 lobligation dune desserte de proximité de toutes les aires urbaines par une grande liaison daménagement du territoire ;
trois amendements de M. Patrick Ollier, réintroduisant, le premier, un schéma du réseau ferroviaire, le deuxième, un schéma directeur des voies navigables, et le troisième un schéma directeur routier national ;
un amendement de M. Claude Hoarau visant à atteindre un même niveau de dotation, par habitant, du fonds dinvestissement routier et de transport, en métropole et dans les départements doutre-mer, le rapporteur ayant fait observer que cet amendement posait des problèmes de recevabilité financière.
La commission a ensuite adopté larticle 16 sans modification.
· Article 17 (article 20 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Schéma de services collectifs de lénergie
Après avoir rejeté un amendement de suppression de cet article présenté par M. Patrick Ollier, la commission a adopté un amendement du rapporteur corrigeant une erreur matérielle du texte. Elle a ensuite examiné en discussion commune un amendement de M. Félix Leyzour précisant que les objectifs dexploitation des ressources locales concourent à lindépendance énergétique nationale, à la sécurité dapprovisionnement et à la lutte contre leffet de serre et un amendement du rapporteur. Le rapporteur a dans un premier temps fait remarquer que sa rédaction était plus globale et se rapprochait plus de la définition de la politique énergétique donnée à larticle premier du projet de loi relatif à la modernisation et au développement du secteur public de lélectricité. MM. Jean-Claude Daniel et Jean-Michel Marchand ont indiqué que leffet de serre nétait pas le seul risque environnemental lié à lénergie et quen conséquence la rédaction proposée par le rapporteur leur paraissait meilleure. MM. Christian Bataille, Patrick Ollier et Léonce Deprez sont intervenus pour marquer leur accord avec lamendement proposé par M. Félix Leyzour, M. Patrick Ollier retirant en conséquence un amendement voisin quil avait déposé. Le rapporteur ayant décidé à son tour de retirer son amendement, la commission a adopté lamendement de M. Félix Leyzour.
Puis la commission a adopté trois amendements du rapporteur :
le premier visant à préciser que le schéma de services collectifs de lénergie définit les objectifs dexploitation des ressources locales dénergie renouvelable et dutilisation rationnelle de lénergie ;
le deuxième supprimant la référence à la programmation énergétique territoriale, la politique nationale de lénergie ne pouvant être une superposition de politiques régionales ;
le dernier précisant que les besoins en stockage visés dans les schémas de services collectifs de lénergie ne portent que sur le gaz naturel.
Après avoir rejeté un amendement de M. Jean Proriol, la commission a adopté un amendement du rapporteur indiquant les conditions dans lesquelles lEtat et les collectivités territoriales peuvent mener des actions de maîtrise de lénergie. Elle a ensuite adopté un amendement de conséquence du rapporteur.
Puis elle a rejeté un amendement de M. Patrick Ollier et deux amendements de M. Jean Proriol apportant des précisions jugées non nécessaires sur les conditions de fonctionnement de la conférence régionale de laménagement et du développement du territoire.
Après que M. Félix Leyzour eut retiré un amendement, elle a adopté un amendement du rapporteur rectifié par son auteur supprimant la référence à la notion de politiques énergétiques.
La commission a adopté larticle17 ainsi modifié.
· Article 18 (article 21 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux
La commission a examiné un amendement de suppression de cet article présenté par M. Patrick Ollier. Soulignant que cette fois il ne proposait pas de retour à la loi « Pasqua », M. Patrick Ollier sest interrogé sur la pertinence dun schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux qui, contrairement aux transports ou à la santé, ne rendent pas, en tant que tels, de services au public. Le rapporteur a estimé au contraire que ces espaces, par leurs fonctions économique, environnementale et sociale, rendaient de multiples services à la collectivité en tant que support foncier des activités agricoles, comme espaces de loisirs et de tourisme, en termes de préservation des ressources ou encore comme facteur de prévention des risques naturels. Insistant sur la nécessité de préserver les espaces naturels afin de les soustraire à un urbanisme sauvage, notamment dans les zones littorales, M. Félix Leyzour a souligné lintérêt des conventions conclues entre les collectivités locales et les propriétaires privés afin douvrir ces espaces au public. M. Jean-Michel Marchand a mis laccent sur lutilité sociale de ces espaces pour les habitants des zones urbaines. M. Patrick Ollier a indiqué quil souhaitait la préservation et la mise en valeur des espaces naturels, quil était même favorable à la création dun réseau national des espaces protégés, mais contestait leur caractère de « services collectifs ». Après les interventions de MM. Pierre Ducout et Jean-Claude Daniel relevant limportance des services rendus sur les territoires naturels et ruraux, la commission a rejeté lamendement de suppression. Elle a également rejeté lamendement n° 25 de M. Michel Bouvard, un amendement de M. François Sauvadet et un amendement de M. Jean Proriol ayant pour objet de restreindre le schéma aux seuls espaces naturels protégés.
Après avoir adopté un amendement du rapporteur rectifiant une erreur matérielle dans le I de larticle 18, la commission a adopté un amendement également proposé par le rapporteur en vue de préciser dès le début du nouvel article 21 de la loi du 4 février 1995 les principes de multifonctionnalité des espaces naturels et ruraux et de mise en valeur durable de ces espaces qui nétaient mentionnés quau quatrième alinéa du II de larticle. En conséquence, elle a rejeté un amendement de M. Pierre Micaux relatif à la concertation avec les instances élues locales.
Puis, la commission a adopté un amendement du rapporteur insérant dans le même alinéa le principe dune gestion équilibrée de ces espaces et assurant larticulation entre le schéma de services collectifs et les contrats territoriaux dexploitation prévus par la loi dorientation agricole. Elle a rejeté un amendement de M. Patrick Ollier au motif quil était satisfait par ladoption des amendements présentés par le rapporteur. La commission a ensuite adopté un amendement supprimant, dans la deuxième phrase du deuxième alinéa du II de larticle 18, la prévention de certains risques naturels, après que le rapporteur eut expliqué quil proposait une rédaction plus complète sur la mise en oeuvre de cette politique et souhaitait, en outre, létendre à lensemble des risques naturels. En conséquence, les amendements de M. Patrick Ollier et de M. Félix Leyzour procédant à la même extension sont devenus sans objet. La commission a alors adopté lamendement du rapporteur visant à préciser que le schéma de services collectifs détermine les conditions de mise en oeuvre des actions de prévention des risques naturels afin dassurer leur application homogène et adaptée sur lensemble du territoire national. MM. Jean-Claude Daniel et Eric Doligé sétant interrogés sur la contribution des espaces naturels à la prévention des changements climatiques, le rapporteur a indiqué que le texte visait notamment la politique de boisement mise en oeuvre dans le cadre du plan national de lutte contre leffet de serre.
La commission a ensuite examiné un amendement de M. Patrick Rimbert visant à supprimer dans le troisième alinéa du II de larticle 18 lidentification des territoires selon les fonctions auxquelles ils devraient être principalement affectés. M. Patrick Rimbert a indiqué que la rédaction du projet de loi risquait de figer la situation et dempêcher toute évolution future des territoires. Le rapporteur a mis laccent sur lutilité dune typologie, partant de lexistant et intégrant la multifonctionnalité des espaces naturels et ruraux. Il a proposé de modifier la rédaction en faisant référence à la vocation principale des territoires. M. Patrick Ollier a estimé que la rédaction suggérée par le rapporteur serait en tout cas préférable à celle du projet de loi qui tend à figer lusage des territoires pour vingt ans et reflète une volonté sous-jacente de zonage. M. Jean-Claude Daniel a jugé plus opportun de se référer à la destination principale des territoires. Après les interventions de MM. François Brottes, Serge Poignant, Félix Leyzour, Léonce Deprez, Patrick Ollier et celle du rapporteur se ralliant à la position exprimée par M. Patrick Rimbert, la commission a adopté cet amendement.
Puis, elle a examiné un amendement visant à substituer à lidentification des degrés de protection des territoires la définition de mesures de gestion, le rapporteur précisant quil fallait concilier les activités humaines et la protection de lenvironnement. M. Jean-Michel Marchand a estimé préférable de mentionner à la fois les deux éléments, certains espaces naturels devant bénéficier de dispositifs de protection contraignants. Le rapporteur a indiqué que son amendement ne lexcluait aucunement, tout espace bénéficiant de mesures de protection faisant simultanément lobjet dune gestion. Après lintervention de M. Félix Leyzour approuvant la position du rapporteur, la commission a adopté lamendement.
Elle a ensuite adopté lamendement n° 70 cor. de M. Léonce Deprez et un amendement identique du rapporteur supprimant le quatrième alinéa du II de larticle 18, dont les dispositions ont été replacées en début darticle, M. Léonce Deprez ayant indiqué que les principes définis à cet alinéa devaient plutôt relever du schéma régional daménagement et de développement du territoire. En conséquence, la commission a considéré comme sans objet un amendement de M. Patrick Ollier visant à mentionner dans cet alinéa le développement des territoires.
Puis, elle a rejeté lamendement n° 71 cor. de M. Léonce Deprez supprimant le cinquième alinéa du II de larticle 18, son auteur soulignant que les opérations de reconquête des territoires dégradés devaient relever des schémas régionaux daménagement et de développement du territoire. Après les explications du rapporteur, indiquant que le schéma de services collectifs devait en fixer les objectifs à long terme et que ces opérations pourront bénéficier dun financement de lEtat, M. Léonce Deprez a indiqué quil allait retirer cet amendement. Après lintervention de M. Patrick Ollier proposant un sous-amendement rédactionnel, la commission a adopté un amendement du rapporteur afin de rendre plus dynamiques les orientations du schéma en précisant quil ne suffit pas didentifier les territoires les plus dégradés mais quil fallait aussi définir des actions en vue de leur reconquête, à linstar du rétablissement du caractère maritime de la baie du Mont-Saint-Michel ou de la reconquête écologique de létang de Berre. Elle a en conséquence rejeté un amendement de M. Jean Proriol tendant à substituer le terme de restauration à celui de reconquête.
Après avoir rejeté lamendement n° 72 cor. de M. Léonce Deprez supprimant lavant-dernier alinéa du II de larticle 18 relatif à la mise en place dindicateurs du développement durable, la commission a adopté un amendement rédactionnel du rapporteur.
Puis, elle a examiné un amendement de M. Serge Poignant précisant que le schéma de services collectifs devait être élaboré en concertation avec tous les acteurs locaux des territoires concernés. M. Serge Poignant a souligné la nécessité dune large concertation sur ce schéma dont la mise en place du réseau Natura 2000 sera une composante essentielle. M. Jean-Claude Daniel a déclaré comprendre largumentation de M. Serge Poignant mais jugé que cet amendement navait pas sa place dans larticle définissant les objectifs stratégiques de lEtat à long terme. Le rapporteur a indiqué que les procédures de concertation liées à la mise en place du réseau Natura 2000 restaient valables et rappelé la création de comités départementaux de suivi en vue dassocier lensemble des partenaires intéressés à lélaboration des documents dobjectifs, puis à la définition de mesures de gestion, assorties déventuelles compensations financières. La commission a rejeté lamendement de M. Serge Poignant.
Après avoir rejeté lamendement n° 73 cor. de M. Léonce Deprez visant à supprimer le dernier alinéa de larticle 18, puis adopté un amendement rédactionnel du rapporteur à cet alinéa, elle a examiné un amendement de M. Patrick Ollier visant à préciser que lévaluation des perspectives de conservation et de mise en valeur du patrimoine naturel devait saccompagner dune évaluation de leur coût et de leurs effets économiques. Le rapporteur ayant émis des réserves sur la possibilité dévaluer les effets économiques à long terme et souligné quil fallait aussi intégrer les avantages induits des mesures de gestion, M. Patrick Ollier a retiré son amendement.
Puis la commission a adopté larticle 18 ainsi modifié.
· Article 19 (article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995) : Reconnaissance des pays et chartes de pays
La commission a tout dabord examiné deux amendements de suppression de cet article de MM. Patrick Ollier et Yves Coussain ; à cette occasion, un débat général sur larticle sest engagé.
M. Patrick Ollier a estimé que le projet de loi abandonnait une notion fondamentale, celle de constatation du pays, notion pourtant synonyme de liberté pour les communes participant au pays et dengagement volontaire de celles-ci. Il sest élevé contre la disparition de cette notion qui fondait les articles sur les pays de la loi du 4 février 1995 et qui avait pour effet de ne donner au préfet que le seul pouvoir de publier la liste des communes faisant partie du pays. Il a regretté que, désormais, ladministration, en la personne du préfet de région, soit appelée à délimiter le périmètre pertinent du pays. Il a souhaité quune rédaction plus souple et consensuelle de cet article puisse être trouvée en ce qui concerne la reconnaissance des pays.
M. Philippe Duron, rapporteur, a estimé que cet article était un des articles essentiels du projet de loi puisque ce sont les pays et les agglomérations qui vont structurer notre territoire. Il a indiqué quil ne sagissait pas de revenir sur la notion de pays dont la création a été définie par la loi du 4 février 1995, mais quil sagit de tirer les leçons de lexpérience fournie par la constatation de 81 pays ainsi que par l « opération de préfiguration » instituée par la DATAR sur 41 pays-tests.
Reconnaissant que certaines craintes ne sont pas totalement infondées, il a observé quil proposerait un amendement visant à garantir la liberté des élus tout en évitant la constitution, regrettable, de pays de circonstance. Il a précisé que la liberté du préfet de région pour déterminer le périmètre du pays nétait pas totale puisquil devait sentourer de lavis de la conférence régionale de laménagement et du développement du territoire, qui comprend des représentants de toutes les collectivités territoriales, mais il a souhaité quune consultation de la commission interdépartementale de la coopération intercommunale soit également instituée.
Il a estimé opportun que le périmètre du pays ainsi délimité par le préfet de région ne soit pas définitif car celui-ci ne doit pas être conçu a priori mais il doit être la conséquence de la volonté des acteurs exprimée dans une charte approuvée par lensemble des conseils municipaux. Il a relevé quune fois la charte adoptée, le périmètre détude préalablement constitué pouvait alors être validé en périmètre définitif. Il a souligné que les deux étapes de cette procédure permettraient de mettre en valeur limportance de la notion de projet qui doit être à la base de la constitution du pays.
Évoquant le problème de la superposition des territoires, parcs naturels et pays, pays et agglomérations, il a observé quune grande souplesse pouvait être admise à condition quelle se fasse dans le respect de certaines structures et il a évoqué la possibilité de conventionnement entre ces différents territoires.
M. Léonce Deprez a relevé que la notion de pays était une notion fondamentale de la loi du 4 février 1995 comme du projet de loi actuel mais quil convenait daller encore plus loin car le pays constitue vraiment la structure davenir de laménagement du territoire. Il a observé quil fallait approfondir les notions de projet de territoire et de maîtres douvrage responsable du projet.
M. Serge Poignant a pris acte des observations du rapporteur et a déclaré en partager les objectifs.
M. Félix Leyzour a considéré que les pays allaient jouer un rôle important dans laménagement du territoire car ce sont des territoires pertinents mais quil ne fallait pas surestimer leur rôle. Évoquant son appartenance à un pays interdépartemental, il a souligné la réalité que constitue les pays mais aussi la manière fort nuancée dont ils sont vécus suivant leur implantation géographique sur le territoire. Faisant remarquer quils pouvaient correspondre soit à des bassins de vie, soit à des bassins demploi et quils étaient donc une réalité aux contours imprécis mais qui avait lavantage de mettre en relation les acteurs dun territoire, il a souhaité que lon fasse preuve de pragmatisme pour lélaboration du projet et de la charte et il a craint que lobligation de constituer un syndicat mixte pour pouvoir contractualiser avec lÉtat et la région ne soit une source de conflit avec les collectivités appartenant à des groupements et avec les départements.
M. Patrick Ollier a observé que ce serait une erreur de senfermer dans un texte trop rigoureux et précis et il a trouvé intéressante lidée dune consultation de la commission interdépartementale de la coopération intercommunale car cet organisme est plus proche de la réalité de terrain que la conférence régionale de laménagement et du développement du territoire. Il a souhaité que le préfet de région nait pas le pouvoir darrêter, donc de décider la délimitation du périmètre, mais quil ait seulement pour fonction de publier la liste des communes membres du pays, comme cest le cas à lheure actuelle.
Il a estimé intéressante lidée selon laquelle lélaboration de la charte ne serait pas liée à la délimitation définitive du périmètre et il a souhaité que soit bien précisé le fait que le pays ne constitue en aucun cas une nouvelle structure territoriale. Il a approuvé lidée dobliger à la constitution dun syndicat mixte pour permettre la contractualisation mais il a évoqué les craintes de ceux qui estiment que cest donner trop de pouvoirs à une nouvelle structure.
M. Jean-Michel Marchand a considéré que la notion de pays constituait la pierre angulaire du projet et quil sagissait dun territoire en évolution.
Il a souligné la responsabilité qui sera celle des acteurs de terrain puisque le préfet de région nen détermine le périmètre quaprès avis conforme de la conférence régionale de laménagement et du développement du territoire.
Il a estimé intéressante lidée selon laquelle le périmètre ne serait pas définitif avant lélaboration dun véritable projet de pays. Il a indiqué quil y aurait un équilibrage à trouver pour déterminer la place de lagglomération au sein des pays et quil faudrait réfléchir aux structures nécessaires à la contractualisation.
Il a estimé indispensable quil ny ait pas de « trous blancs », cest à dire de territoires nappartenant ni à un pays, ni à une agglomération, et il a évoqué, à cet égard, la nécessité pour lautorité administrative de veiller à ce problème par une concertation accrue. Il a conclu sur la nécessité dune certaine souplesse.
M. Léonce Deprez a insisté sur le fait quil fallait sappuyer sur les groupements intercommunaux à vocation multiple déjà existants tels que les communautés de communes, les SIVOM ou les districts et quil fallait donc en faire les maîtres douvrage des projets de développement du pays. Citant lexemple de la région Nord Pas-de-Calais et de ses groupements intercommunaux il a fait valoir que le pays ne devrait pas constituer une nouvelle structure mais quil devait fédérer lensemble des groupements intercommunaux qui décident de sassocier pour former un pays. Il a observé que le périmètre du pays devait donc relever dun choix de ces structures intercommunales, que celles-ci devaient être les maîtres douvrage des projets sauf si elles nen ont pas la capacité, auquel cas elles pourraient passer entre elles des conventions.
M. Pierre Cohen a relevé quil était important de bien spécifier que le pays nétait pas une structure supplémentaire mais quil fallait prendre garde à ne pas remettre en cause la dynamique dintercommunalité lancée à partir de 1992.
Il a considéré que le pays devait être une association de structures intercommunales dans le cadre dun projet de développement mais ne devrait être en aucun cas le refuge de communes qui sassocient pour éviter lintercommunalité. Il a estimé quil serait souhaitable de savoir quelle serait la position adoptée à larticle 20 relatif aux agglomérations avant de se prononcer sur cet article. Il a observé quà son avis le territoire devait être structuré en pays et en aires urbaines organisées, mais quil ne devrait y avoir ni vide entre ces structures, ni superposition de celles-ci.
M. Serge Poignant a observé quil ne fallait pas confondre intercommunalité et pays, car il existe encore des communes qui ne sont pas des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).
Il a souligné quil fallait prendre en compte la diversité de notre territoire national et quil fallait avoir une attitude souple si lon voulait couvrir lensemble du territoire par des pays, et donc quil ne fallait pas que le pays soit une fédération dEPCI.
M. Joseph Parrenin a exprimé son accord avec ce dernier point de vue et il a estimé quil fallait trouver pour le pays un cadre applicable à lensemble de la France. Citant lexemple des SIVOM, il a noté cependant quen labsence de fiscalité propre, les projets intercommunaux ne peuvent se mettre en place. Il a souhaité que le texte soit élaboré dans un esprit de souplesse.
M. Félix Leyzour a rappelé les propos de Madame Dominique Voynet, ministre de lenvironnement et de laménagement du territoire, selon lesquels le pays ne deviendrait pas un maître douvrage et il a considéré que si un accord se réalisait sur ce point, il serait possible de trouver une solution au problème posé.
M. Jean-Claude Daniel a souligné que les craintes exprimées sont légitimes mais quelles ne sauraient éviter les dangers. Il a souhaité que lon réfléchisse à lorganisation du territoire à partir des données existantes, lEtat, les régions, les départements, les communes et les diverses structures intercommunales auxquelles le projet de loi de M. Jean-Pierre Chevènement doit ajouter les communautés dagglomérations. Il a observé quà partir de ces données, il sagissait de mettre en place des structures de projet. Il a donc considéré que si le territoire local comportait plusieurs EPCI, il ne fallait pas constituer un EPCI dEPCI, mais faire un seul EPCI ou à défaut constituer une structure très souple basée sur une charte ou éventuellement sur une structure un peu plus structurée comme un syndicat mixte, si les acteurs du pays en décidaient ainsi. Prenant lexemple du pays de Quimper qui comprend un territoire rural et une grosse agglomération, il a estimé que celle-ci devait pouvoir contractualiser au titre de lagglomération mais que le pays de Quimper pouvait également être une réalité au sein dune organisation plus souple.
M. Philippe Duron, rapporteur, a identifié quatre thèmes nouveaux et importants concernant les pays : celui de leur périmètre, celui de la superposition de plusieurs structures, celui de leur gestion et celui de la contractualisation.
Sagissant du périmètre des pays, il a observé quil était nécessaire de faire une synthèse de deux éléments, dune part, la nécessité dorganiser le territoire à partir de la région, ce qui conduit à privilégier lavis de la conférence régionale de laménagement et du développement du territoire (CRADT), car elle peut avoir une vision densemble du territoire, et la nécessité dune vision plus proche du terrain, ce qui le conduit à proposer la consultation de la commission départementale de la coopération intercommunale (CDCI), car elle peut disposer de meilleurs éléments dappréciation.
Il a considéré quil fallait lier les deux éléments que sont la distance et la proximité pour avoir une vue densemble pertinente pour la création dun pays. Citant lexemple du pays dAuge qui sest constitué à lintérieur de frontières départementales alors quil aurait dû naturellement les transgresser, il a estimé que la CRADT constituait léchelon pertinent dappréciation pour la création de pays.
Il a donc souhaité que la décision du préfet de région soit prise après avis conforme de la CRADT et avis simple de la CDCI. Il a observé que cette décision des préfets de délimiter le périmètre ne faisait pas deux les décideurs, que cette décision revenait aux communes et aux groupements de communes mais que lintervention des préfets avait pour objet de sassurer que la décision prise était raisonnable et cohérente et éventuellement douvrir une discussion pour parvenir à une meilleure solution.
Sagissant du problème de la superposition des périmètres, qui est assurément le plus difficile, il a observé quil ne fallait pas démembrer les parcs naturels régionaux (PNR) mais quen même temps, il y avait une aspiration légitime des PNR à être associés à un projet de pays. Il a estimé quil serait bon de procéder par voie de convention, de manière à ne pas remettre en cause les PNR qui fonctionnent, pour certains, depuis plus de trente ans, et quune modification éventuelle de périmètre ne devait intervenir quau moment de la renégociation de la charte (cest-à-dire tous les dix ans).
En ce qui concerne la superposition des pays et des agglomérations, il sest déclaré en faveur de celle-ci car il existe autour des agglomérations des territoires dont la vocation est incertaine. Il sest donc montré partisan douvrir à ceux-ci la possibilité dune contractualisation avec lagglomération sur certains sujets bien identifiés (transports en commun, assainissement, ordures ménagères...).
Sagissant de la gestion du pays, il a fait part de son souci déviter la création dune strate territoriale supplémentaire et souligné la nécessité de garder une certaine souplesse au système. Il a relevé que la structure de syndicat mixte fermé nétait pas pertinente car elle induisait un transfert de compétences et il a considéré que la formule du syndicat mixte ouvert était intéressante, car elle est très souple, tout en préservant la sécurité de lEtat et des élus dans la contractualisation, à la différence de la simple association. Il sest déclaré ouvert également à la possibilité dune constitution dun groupement dintérêt public (GIP).
Il a observé que dans les pays qui sont entièrement couverts par des EPCI à fiscalité propre, il ne devrait pas y avoir de problème, chacun dentre eux pouvant être cosignataire du contrat, mais que dans les territoires où coexiste encore un grand nombre de communes, la solution du syndicat mixte ouvert paraît pertinente, car il faut que les élus puissent se retrouver dans une structure qui leur soit propre et pas seulement au sein du conseil de développement qui sera créé.
A lissue de ce débat, la commission a rejeté les deux amendements de suppression de larticle de MM. Patrick Ollier et Yves Coussain.
fpfp
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