Séance commune
de l’Assemblée nationale
et du Bundestag allemand
tenue le 22 janvier 2003 au château
de Versailles
à l’occasion du 40ème anniversaire
du traité d’amitié franco-allemand
Compte rendu
intégral
Texte en français et traductions en allemand
Allocution de M.
Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale
Allocution de
M. Wolfgang Thierse, Président du Bundestag
Déclaration
commune
Discours de M.
Gehrard Schröder, Chancelier de la République fédérale d'Allemagne
Discours de M.
Jacques Chirac, Président de la République française
________________
(Le mercredi 22 janvier 2003, à quinze
heures, M. Jean-Louis Debré, président de l’Assemblée nationale,
et M. Wolfgang Thierse, président du Bundestag, accompagnés de M. Jacques
Chirac, Président de la République, et de M. Gerhard Schröder,
Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, font leur entrée
dans la salle des séances.)
(Mesdames et Messieurs
les députés se lèvent et applaudissent longuement.)
ALLOCUTION DE M.
JEAN-LOUIS DEBRÉ,
président de l’Assemblée nationale
M.
Jean-Louis Debré, président de l’Assemblée nationale.
Le Président du Bundestag et moi-même déclarons ouverte la séance
solennelle commune que l’Assemblée nationale française et le Bundestag
allemand ont décidé de tenir pour célébrer le quarantième
anniversaire de la signature du traité d’amitié franco-allemand.
Le Chancelier de la République
fédérale d’Allemagne et le Président de la République française ont
souhaité honorer cette séance de leur présence en s’adressant aux députés
des deux nations et, au-delà, à l’ensemble des citoyens allemands et
français que nous représentons. Nous leur souhaitons, en votre nom, la
bienvenue et nous les remercions de cette marque d’attachement aux
institutions parlementaires et à la démocratie représentative qui
constitue notre héritage commun.
Monsieur le Président du
Bundestag, cher Wolfgang Thierse, Monsieur le Chancelier fédéral,
Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre,
mes chers collègues, nous voici donc enfin rassemblés.
Que de chemin parcouru
pour en arriver là. Il a fallu d’abord que deux personnalités
exceptionnelles, le général de Gaulle et Konrad Adenauer fassent le
choix historique de la réconciliation. Sans leur volonté de surmonter
nos passés respectifs, rien n’aurait été possible.
Sur cette base pouvait
alors s’élaborer l’acte fondateur de la relation franco-allemande
contemporaine, le traité de l’Elysée dont nous fêtons aujourd’hui
la quarantième année.
Il y eut ensuite la prise
de conscience progressive mais jamais interrompue d’un destin commun
dans une Europe en gestation. Ce furent Georges Pompidou et Willy Brandt
fortifiant la Communauté économique européenne, sans oublier de nouer
le dialogue avec l’est du continent. Ce furent Valéry Giscard d’Estaing
et Helmut Schmidt posant les bases de l’Union monétaire.
Le temps était désormais
mûr pour approfondir encore nos liens et pour le manifester par la force
du geste. Ce furent François Mitterrand et Helmut Kohl, main dans la main
sur les tombes de Verdun.
En vous rendant
aujourd’hui à Versailles, Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Chancelier, quelques jours seulement après avoir manifesté
votre volonté commune de faire avancer l’Europe, c’est ce patrimoine
politique que vous reprenez à votre compte, et que vous faites, une fois
encore, fructifier.
C’est aussi dans cette
lignée et cette perspective que nous entendons collectivement nous
placer. Nous sommes convaincus que nos générations ont, elles aussi, la
responsabilité d’imprimer leur marque à cette relation singulière
entre la France et l’Allemagne. Celle-ci ne peut ni se désincarner, ni
se banaliser, sans risquer de se perdre.
C’est pourquoi nous
avons voulu, nous, députés français et membres du Bundestag nous réunir
aujourd’hui dans cet hémicycle, à Versailles où nos histoires se sont
rencontrées et se sont mêlées. Nous sommes aujourd’hui plus de 900 parlementaires
de France et d’Allemagne qui représentons ici leurs nations
souveraines, dans leur unité politique comme dans la diversité de leurs
identités locales. Nous avons voulu siéger côte à côte sur les mêmes
bancs, transcender nos clivages partisans, à l’occasion de cette séance
commune, avec la ferme espérance que cette représentation fasse date
dans la mémoire collective.
C’est animés du même
esprit de fraternité que nous avons voulu ce matin, lors d’une réunion
exceptionnelle de nos deux bureaux, élargie pour la circonstance à
l’ensemble des groupes politiques du Bundestag et de l’Assemblée
nationale, créer les conditions d’une nouvelle étape de nos relations
bilatérales. La déclaration commune qui sera lue dans un instant par mon
homologue, le Président Thierse, marque le point de départ d’échanges
interparlementaires renforcés. Je forme le vœu qu’ils se révèlent
fructueux pour les deux démocraties que nous servons.
Car il s’agit
d’affirmer qu’à l’amitié des hommes a succédé l’entente des
peuples.
Il s’agit de préciser
qu’à la coopération des gouvernements s’est ajouté le rapprochement
des Parlements.
Il s’agit de montrer
qu’à la relation entre les Etats s’est superposée une multitude de
liens entre les territoires, entre les élus, entre les citoyens, qui font
la vigueur du couple franco-allemand. Echanges, jumelages, écoles
bilingues, la liste est longue de ces initiatives communes auxquelles les
parlementaires sont souvent associés et qui cimentent une amitié
durable.
Si la relation entre la
nation française et la nation allemande se nourrit ainsi de puissants
symboles et de coopérations variées, elle ne saurait pour autant s’en
contenter.
C’est d’une vision
commune de l’avenir de l’Europe dans le monde et d’une conception
partagée des actions à conduire pour la faire prévaloir dont le couple
franco-allemand peut et doit être porteur. A l’heure où nous vivons
une situation internationale plus incertaine que jamais, est-il besoin de
dire combien les représentants des peuples en ressentent l’ardente nécessité ?
Et alors que l’Europe
fait face à l’immense défi de son élargissement avec toutes les conséquences
qu’il emporte, comment ne pas voir dans la force d’entraînement de la
relation franco-allemande le meilleur rempart au risque de la dilution ou
de l’impuissance ?
L’esprit du traité de
l’Elysée est donc bien vivant car il est au cœur même de notre
actualité. Et si cette célébration est plus qu’un anniversaire,
c’est qu’elle est surtout une invitation à écrire, ensemble, une
nouvelle page de notre histoire, de notre histoire commune, de
l’histoire de l’Europe.
Vous allez nous dire,
Monsieur le Chancelier, Monsieur le Président de la République, de
quelle encre l’Allemagne que vous gouvernez, la France que vous dirigez,
veulent rédiger ensemble ces prochaines pages des relations
franco-allemandes et, donc, de l’Histoire de l’Europe.
Sachez, d’ores et déjà,
que pour donner une nouvelle impulsion à l’amitié entre la France et
l’Allemagne, les députés du Bundestag et de l’Assemblée nationale
sont prêts à vous accompagner et à vous suivre. (Applaudissements.)
TRADUCTION DE
L’ALLOCUTION DE M. WOLFGANG THIERSE,
président du Bundestag
M.
Wolfgang Thierse, président du Bundestag. Monsieur le Président
de la République, Monsieur le Chancelier fédéral, Monsieur le Premier
ministre, mes chers collègues de l’Assemblée nationale et du
Bundestag, Mesdames, Messieurs, nous, les parlementaires du Bundestag
allemand et de l’Assemblée nationale, voulions faire quelque chose de
tout à fait particulier pour fêter le 40e anniversaire
du traité d’amitié franco-allemand, quelque chose qui aille nettement
au-delà de ce qui fait l’ordinaire de nos relations, de nos amitiés
politiques.
Monsieur le Président
Debré, et vous, chers collègues de l’Assemblée nationale, avez
finalement pris l’initiative, et avez invité le Bundestag allemand à
cette première réunion. Nous tous ici, qui composons le Bundestag
allemand, vous remercions de ce geste fort. (Applaudissements.) Il
est à la hauteur des relations exceptionnelles entre nos deux pays et
entre nos deux peuples. Car cette amitié - même si elle nous apparaît
aujourd’hui comme une banalité, une évidence - dès lors qu’on
la replace dans sa perspective historique, n’a absolument rien d’évident,
mais est au contraire une chose vraiment extraordinaire, au vu d’une
histoire séculaire de préjugés, de méfiance, de haine, de conflits
guerriers entre nos deux peuples et nos deux Etats.
En 1871, lorsque Bismarck
proclama ici même, à Versailles, le Reich allemand, ou en 1919, lorsque
fut signé, à Versailles, le traité de paix après la Première Guerre
mondiale, ou même en 1940 et 1945, si quelqu’un avait prédit que l’Allemagne
et la France pourraient un jour contempler quarante ans de solide
amitié et de travail commun, on n’aurait pu que secouer la tête, incrédule.
Dans un tel contexte, après toutes ces guerres et cette succession
d’humiliations réciproques, nous ne pouvions au fond rien imaginer de
mieux que la rencontre d’aujourd’hui dans ce lieu chargé
d’histoire. (Applaudissements.) En regardant derrière nous, nous
pouvons nous réjouir de ces quarante années de paix et d’amitié, et
en nous tournant vers l’avenir, nous contemplons la construction de l’Union
européenne, qui vient de décider ce que j’appelle la réunification de
l’Europe, et a commencé à la mettre en œuvre.
Depuis la création de la
Communauté du charbon et de l’acier, la France et l’Allemagne ont
toujours montré qu’elles étaient le moteur de l’Europe unie :
une Europe qui, après la catastrophe de la Seconde Guerre mondiale, a
trouvé une nouvelle manière de prendre conscience de tout ce qui nous réunit
aux plans historique, moral et intellectuel, de son identité, qui se
fonde autant sur ses racines chrétiennes que sur les traditions du siècle
des Lumières, et dont nous, les Européens, avons fait un modèle de société
dont l’attrait rayonne partout dans le monde. Comme les valeurs
fondamentales de cette Europe sont celles qui ont guidé la Révolution
française : « Liberté, Egalité, Fraternité », il est
aussi juste et logique que nous célébrions à Paris un anniversaire
tellement européen.
Charles de Gaulle et
Konrad Adenauer avaient compris que l’entente et l’amitié ne
pouvaient pas réussir si elles se limitaient aux Conseils des ministres
et aux gouvernements. C’est la raison pour laquelle, outre de nombreux
projets communs dans les domaines de l’économie et des transports, on a
surtout suscité des rencontres entre les gens ; elles ont conduit à
la mise en place d’un nombre presque inconcevable de jumelages
soigneusement entretenus entre les villes, au travail essentiel de l’Office
franco-allemand pour la jeunesse, à la création d’écoles bilingues délivrant
un baccalauréat reconnu dans les deux pays. Nous devons remercier ces
acteurs. Nous avons besoin de cette activité de la société civile.
C’est elle qui porte l’amitié entre nos Etats et nos peuples. (Applaudissements.)
Enfin, que serait
l’amitié des gouvernements sans l’étroite coopération entre les
Parlements ? Les bureaux du Bundestag allemand et de l’Assemblée
nationale se rencontrent tous les ans. La coopération entre les
parlementaires est institutionnalisée jusqu’en 1998, à travers les
Colloques Charlemagne, et aujourd’hui dans les Colloques Paris-Berlin.
Les commissions parlementaires se rencontrent souvent, ou organisent même
des séances de travail communes, comme dernièrement la commission des
Affaires de l’Union européenne et la Délégation de l’Assemblée
nationale pour l’Union européenne. Nous échangeons des personnels. Même
si l’opinion publique n’en a pas autant conscience que des rencontres
régulières entre nos gouvernements, nous avons ainsi, sans nous soucier
des appartenances partisanes, créé au fil des ans entre les représentations
nationales un climat de confiance et d’intimité qui s’avère un
fondement solide de notre amitié, sur lequel nous pouvons bâtir notre
politique. C’est ainsi que nous l’avons à nouveau exprimé dans notre
déclaration commune.
Comme dans la vie privée,
l’amitié ne signifie pas toujours l’idylle. Souvent, nos intérêts
sont nettement différents, et il nous faut en discuter, nous disputer même,
comme il se doit entre démocrates. Mais notre spécificité, c’est
qu’à chaque fois nous trouvons une solution, un équilibre. C’est précisément
à cela que l’on reconnaît une véritable amitié.
Nous sommes confrontés
aujourd’hui dans nos deux pays à des problèmes et des défis très
similaires, et pour tout dire, presque identiques : le terrorisme
international, la faiblesse de la croissance, le nombre élevé de
demandeurs d’emploi, l’ampleur des déficits publics et les difficultés
de nos systèmes de protection sociale. Si une nouvelle guerre devait
encore éclater à nos portes, au Proche-Orient, ces problèmes en
seraient à nouveau aggravés, et la coexistence, si nécessaire et
pourtant si fragile, entre des cultures différentes dans nos pays en pâtirait
et en deviendrait encore plus complexe. Nos chances de relever ces défis
augmentent sans aucun doute si nous rapprochons et échangeons nos expériences -
également par rapport aux Etats-Unis d’Amérique.
Saisissons donc
l’occasion de cette réunion exceptionnelle de nos deux Parlements comme
un signe et un encouragement, non seulement pour l’approfondissement de
notre amitié, mais aussi pour une contribution de l’Europe à un monde
de paix et d’équilibre entre les intérêts de tous, pour les droits de
l’homme, la démocratie et la résolution non violente des conflits.
C’est dans cet esprit que je tiens, Monsieur le Président Debré, à
vous remercier une nouvelle fois de cette invitation, et à souhaiter à
toutes et à tous la bienvenue à cette rencontre parlementaire de
l’amitié franco-allemande. (Applaudissements.)
(Texte en langue
allemande)
Herr Staatspräsident,
Herr Bundeskanzler,
Liebe Kolleginnen und
Kollegen der Assemblée nationale und des deutschen Bundestags,
Meine Damen und Herren,
Wir, die
Parlamentarierinnen und Parlamentarier des Deutschen Bundestages und der
Assemblée nationale wollten zum 40. Jahrestag der Unterzeichnung des
deutsch-französischen Freundschaftsvertrages etwas ganz Besonderes tun,
etwas, das deutlich über den Alltag unserer Beziehungen, unserer
politischen Freundschaft hinausgeht.
Sie, Herr Präsident Debré,
verehrte Kolleginnen und Kollegen der Assemblée nationale, haben
schliesslich die Initiative ergriffen und den Deutschen Bundestag zu
dieser erstmaligen Zusammenkunft eingeladen. Wir, der ganze Deutsche
Bundestag, danken für diese besondere Geste. Sie wird den
ausserordentlichen Beziehungen unserer Länder und Völker gerecht. Denn
diese Freundschaft selbst ist – so sehr sie uns inzwischen als Alltägliches,
ja Selbstverständliches erscheint - in historischer Perspektive
etwas ganz und gar nicht Selbstverständliches, sondern wirklich Aussergewöhnliches :
angesichts einer jahrhundertelangen Geschichte von Vorurteilen, von
Misstrauen, von Hass, von kriegerischen Konflikten zwischen unseren beiden
Völkern und Staaten.
Hätte jemand damals,
1871, als Bismarck ausgerechnet in Versailles das Deutsche Kaiserreich
ausrief, oder 1919, als hier der Versailler Friedensvertrag nach dem 1.
Weltkrieg unterzeichnet wurde, oder gar 1940 und 1945 prophezeit,
Deutschland und Frankreich würden einmal auf 40 Jahre fester Freundschaft
und gemeinsamer Arbeit zurückblicken können – dann hätte man nur ungläubig
den Kopf geschüttelt.
Vor diesem Hintergrund,
vor dem Hintergrund von Kriegen und wechselseitigen Demütigungen kann es
eigentlich nichts Besseres geben, als das heutige Treffen an diesem
historischen Ort. Heute blicken wir dankbar auf vier Jahrzehnte Frieden
und Freundschaft zurück, und wir blicken nach vorn auf die Gestaltung der
Europäischen Union, die gerade erst – ich nenne es : die
Wiedervereinigung Europas beschlossen und zu vollziehen begonnen hat. Seit
der Gründung der Montanunion haben sich Deutschland und Frankreich immer
wieder als Motor des vereinten Europas erwiesen : eines Europas, das
sich nach der Katastrophe des 2. Weltkrieges auf neue Weise seiner
geschichtlichen, moralischen und geistigen Gemeinsamkeit bewusst wurde,
seiner Identität, die in seinen christlichen Wurzeln ebenso gründet wie
in den Traditionen der Aufklärung und die wir Europäer zu einem
Gesellschaftsmodell geformt haben, das von durchaus globaler Attraktivität
ist. Weil dessen Grundwerte die Leitbegriffe der Französischen Revolution
sind, « Freiheit, Gleichheit, Geschwisterlichkeit », auch
deshalb ist es angemessen und richtig, dass wir unser so sehr europäisches
Jubiläum hier in Paris begehen.
Charles de Gaulle und
Konrad Adenauer hatten begriffen, dass Verständigung und Freundschaft
nicht gelingen können, wenn sie sich auf die Kabinette und Regierungen
beschränkten. Deshalb wurden neben vielen gemeinsamen Wirtschafts- und
Verkehrsprojekten vor allem Begegnungen der Menschen angeregt, die zu
einer fast unübersehbaren Zahl sorgfältig gepflegter Städtepartnerschaften,
zur wichtigen Arbeit des deutsch-französischen Jugendwerkes, zur Gründung
bilingualer Schulen mit in beiden Ländern anerkanntem Abitur geführt
haben.
Was wäre schliesslich -
aber nicht zuletzt - die Freundschaft der Regierungen ohne enge
Zusammenarbeit der Parlamente. Die Präsidien des Deutschen Bundestages
und der Assemblée nationale treffen sich jährlich. Die Zusammenarbeit
der Parlamentarier ist institutionalisiert - bis 1998 in den
Kolloquien Charlemagne und heute in den Paris-Berlin Parlamentsausschüsse
treffen sich häufig oder tagen sogar gemeinsam wie zuletzt die
Europaausschüsse beider Häuser ; wir tauschen Mitarbeiter aus. Auch
wenn die Öffentlichkeit davon nicht in dem Masse Kenntnis nimmt wie von
den regelmässigen Regierungstreffen, haben wir damit ohne Ansehen der
Parteizugehörigkeiten über die Jahre ein Klima des Vertrauens und der
Vertrautheit zwischen den Volksvertretungen geschaffen, das sich als ein
politisch trag- und ausbaufähiges Fundament unserer Freundschaft erweist.
So haben wir es in unserer gemeinsamen Erklärung noch einmal zum Ausdruck
gebracht.
Wie im privaten Leben
bedeutet Freundschaft nicht immer Idylle. Oft haben wir
Interessenunterschiede auszutragen, auch Streit, wie sich das für
Demokraten gehört. Das Besondere aber ist, dass wir noch in jedem Fall
eine Lösung, einen Ausgleich gefunden haben. Darin, genau darin bewährt
sich wahre Freundschaft.
Wir stehen heute in
unseren beiden Ländern vor sehr ähnlichen, ja identischen Problemen und
Herausforderungen : internationaler Terrorismus, geringes Wachstum,
hohe Arbeitslosigkeit, hohe Staatsdefizite und Schwierigkeiten unserer
sozialen Sicherungssysteme. Wenn es in unserer Nachbarschaft, dem Nahen
Osten, zu einem neuen, weiteren Krieg käme, würden sich diese Probleme
noch einmal verschärfen und das notwendige und zugleich fragile
Zusammenleben verschiedener Kulturen in unseren Ländern würde zusätzlich
erschwert und belastet werden.
Unsere Chancen, diese
Herausforderungen zu bestehen, wachsen sicher, wenn wir unsere Erfahrungen
zusammenfügen und gegenseitig nutzen – übrigens auch in Bezug auf die
Vereinigten Staaten von Amerika.
Lassen Sie uns deshalb
diese ausserordentliche Zusammenkunft unserer beiden Parlamente als
Zeichen und Ermunterung verstehen, nicht nur für die Weiterentwicklung
unserer Freundschaft, sondern auch für den Beitrag Europas zu einer
friedlichen Welt des Interessenausgleichs und der Menschenrechte, für
Demokratie und gewaltfreie Konfliktlösungen. In diesem Sinne danke ich
Ihnen, Herr Präsident Debré, noch einmal für die Einladung und begrüsse
Sie alle zu dieser parlamentarischen Zusammenkunft der deutsch-französischen
Freundschaft.
Déclaration
commune
M. Jean-Louis
Debré, président de l’Assemblée nationale. Avant que
nous ne passions la parole à M. le Chancelier de la République fédérale
d’Allemagne et à M. le Président de la République française, je
vous rappelle que, lors de la réunion commune tenue ce matin, le Präsidium
du Bundestag et le Bureau de l’Assemblée nationale, auxquels s’étaient
joints les présidents des groupes politiques, ont examiné une déclaration
commune relative à la coopération entre nos deux assemblées.
M. le Président
Thierse a bien voulu accepter d’en donner lecture, en notre nom commun.
Texte de la déclaration
M. Wolfgang
Thierse, président du Bundestag. Les députés
allemands et français, réunis à Versailles pour célébrer le 40e anniversaire
de la signature du Traité d’amitié franco-allemand du 22 janvier
1963 :
- honorent la mémoire
du général de Gaulle et du Chancelier Konrad Adenauer, qui ont su
prendre l’initiative historique d’une réconciliation
franco-allemande, étape indispensable sur la voie d’une Europe unie,
- saluent les
efforts accomplis par leurs dirigeants successifs pour faire de
l’entente franco-allemande un élément permanent de la politique de
leurs deux pays,
- se félicitent
des succès que la coopération franco-allemande, poursuivie depuis
quarante ans, a permis de remporter dans le processus d’intégration
européenne,
- réaffirment
leur responsabilité commune concernant l’approfondissement de l’Union
européenne et l’intégration des futurs pays membres,
- entendent
prendre leur part, dans le domaine relevant de leur compétence
respective, au renforcement de la coopération, qui a été décidée,
selon les modalités suivantes :
1. La
concertation entre l’Assemblée nationale française et le Bundestag
allemand, par la voie de la réunion annuelle de leur Bureau et de leur Präsidium,
sera poursuivie et étendue aux organes des deux assemblées, notamment à
leurs commissions spécialisées dans les questions européennes, qui sont
invitées à échanger des informations et à tenir des réunions
communes. Les deux parties entendent établir pour les questions d’intérêt
commun une coopération flexible dans des domaines spécifiques.
2. Dans tous
les domaines, la coopération des gouvernements sera suivie par les
Parlements. Les questions concernant la politique étrangère et de sécurité
commune ou la politique européenne de sécurité et de défense feront
l’objet de délibérations communes des commissions spécialisées compétentes.
Alors que se poursuivent les travaux de la Convention européenne chargée
d’élaborer une Constitution européenne et à la veille de la conférence
intergouvernementale qui y fera suite, les deux parties ne manqueront pas
de développer les échanges d’informations entre les deux Parlements.
3. Les échanges
d’informations entre députés allemands et français et entre les
administrations parlementaires de l’Assemblée nationale française et
du Bundestag allemand seront poursuivis et intensifiés dans le but de
parvenir à une meilleure connaissance mutuelle des personnes et des procédures
et de retenir ce qu’il y a de meilleur dans l’expérience des deux
assemblées.
4. Les délégations
de l’Assemblée nationale française et du Bundestag allemand aux
assemblées parlementaires internationales auxquelles elles participent établiront
les contacts nécessaires pour coordonner leurs positions et leurs
interventions dans les différentes instances de ces assemblées.
Texte de la déclaration
en langue allemande
Die
deutschen und die französischen Abgeordneten, die sich aus Anlass des 40.
Jahrestages der Unterzeichnung des deutsch-französischen
Freundschaftsvertrages vom 22, Januar 1963 in Versailles
versammelt haben,
- ehren das
Andenken von General Charles de Gaulle und Bundeskanzler Konrad Adenauer,
die seinerzeit die historische Initiative zu einer deutsch-französischen
Versöhnung als unerlässlichen Schritt auf dem Weg zu einem geeinten
Europa ergriffen ;
- begrüßen
die Bemühungen ihrer Nachfolger, der Staats- und Regierungschefs, die
deutsch-französische Verständigung zu einem integralen Bestandteil der
Politik ihrer beiden Länder zu machen ;
- begrüßen
die Erfolge, die durch die 40 jährige deutsch-französische
Zusammenarbeit für den Prozess der europäschen Integration erzielt
wurden ;
- bekräftigen
ihre gemeinsame Verantwortung für die Vertiefung der Europäischen Union
und die Integration der zukünftigen Mitgliedsländer ;
- beabsichtigen,
sich an dem Ausbau der beschlossenen Kooperation in dem in ihre jeweilige
Zuständigkeit fallenden Bereich in folgender Form zu beteiligen :
1. Die
Konzertierung zwischen der Nationalversammlung und dem Bundestag durch
eine jährliche Tagung ihrer Leitungsgremien, des Bureau und des Präsidiums,
wird fortgeführt und auf die Organe der beiden Versammlungen ausgeweitet,
insbesondere auf ihre Fachausschüsse für Europafragen und Auswärtiges,
die aufgefordert werden, Informationen auszutauschen und gemeinsame
Sitzungen abzuhalten. Dabei streben beide Seiten eine flexible
themenbezogene Zusammenarbeit zu Fragen von gemeinsamen Interesse an.
2. Die
Zusammenarbeit der Regierungen in allen Bereichen muss durch die
Parlamente begleitet werden, Fragen der gemeinsamen Außen- und
Sicherheitspolitik und der Europäischen Sicherheits- und
Verteidigungspolitik sollen Gegenstand gemeinsamer Beratungen der zuständigen
Fachausschüsse sein. In der Phase der Arbeit des Europäischen
Verfassungskonvents und der sich anschließenden Regierungskonferenz
werden beide Seiten den Austausch zwischen den Parlamenten
weiterentwickeln.
3. Der
Austausch zwischen deutschen und französischen Abgeordneten sowie
zwischen den Parlamentsverwaltungen der Nationalversammlung und des
Bundestages wird fortgeführt und intensiviert, um auf beiden Seiten eine
größere Vertrautheit mit den betreffenden Personen und Arbeitsverfahren
zu gewährleisten und den Erfahrungsschatz der beiden Versammlungen
optimal zu nutzen.
4. Die
Delegationen der Nationalversammlung und des Bundestages in den
internationalen parlamentarischen Versammlungen stellen die zur Abstimmung
ihrer Positionen und ihres Auftretens in den verschiedenen Gremien dieser
Versammlungen nötigen Kontakte her.
M. Jean-Louis Debré,
président de l’Assemblée nationale. Chers collègues,
nous vous proposons de prendre acte de la déclaration commune de l’Assemblée
nationale française et du Bundestag allemand sur leur coopération
interparlementaire.
Acte est pris de la déclaration
commune, qui est ainsi approuvée.
Nous allons maintenant
entendre les interventions de M. le Chancelier fédéral, puis de M. le
Président de la République, que nous invitons à s’exprimer depuis la
tribune de l’orateur.
La parole est à M. Gerhard
Schröder, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne.
TRADUCTION DU
DISCOURS DE M. GERHARD SCHRÖDER,
chancelier de la République fédérale d’Allemagne
M. Gerhard
Schröder, Chancelier de la République fédérale
d’Allemagne. Monsieur le Président de la République, Messieurs les
présidents de l’Assemblée nationale et du Bundestag, Mesdames,
Messieurs les députés.
Je vous remercie, Monsieur
le Président de l’Assemblée nationale, et vous, Monsieur le Président
du Bundestag, de m’avoir invité à prendre la parole devant les
parlementaires français et allemands réunis aujourd’hui dans cette
enceinte. C’est la première fois, dans l’histoire de nos deux pays,
que l’Assemblée nationale et le Bundestag sont réunis ensemble en séance
plénière. Cela ne donne pas seulement un cadre particulièrement
solennel aux célébrations du 40e anniversaire du traité de
l’Elysée, cela reflète également et de manière impressionnante la
qualité de nos relations, cette amitié qui est plus qu’un pacte entre
des gouvernements, un lien unissant nos sociétés et nos peuples, et, de
ce fait, ceux qui les représentent des deux côtés du Rhin.
Mesdames, Messieurs les députés,
Ces jours-ci, on parle
beaucoup de l’« histoire à succès » du traité de l’Elysée
et des relations franco-allemandes. Cette expression fait l’unanimité
de tous, et pourtant elle me semble avoir un sens trop restreint pour décrire
la grande œuvre que nous avons réussie ensemble au cours de ces dernières
quarante années. En effet, deux peuples et deux pays se sont vraiment
rapprochés après des siècles d’histoire commune mais trop souvent
marquée par des conflits terribles. Là où une richesse commune aurait
pu - je dirais même aurait dû - naître de nos cultures aux
facettes multiples et qui se complètent l’une l’autre, on a vu se
creuser des fossés infranchissables. Au lieu d’encourager les forces
d’attraction, on a laissé se développer les forces de répulsion, au
lieu de cultiver le patrimoine commun, on a nourri les « inimitiés
héréditaires ». Chaque fois que nos deux pays, qui constituaient déjà
aux yeux de Victor Hugo l’« essence de l’Europe », se sont
affrontés, ils ont entraîné le continent tout entier dans le malheur.
Certes, nos élites ont
toujours voulu, même dans les périodes sombres de notre histoire, jeter
des ponts au-dessus des abîmes de la rivalité et de la haine, comme
Voltaire ou Kant, Heine, que les Français appellent toujours « Henri »,
et Germaine de Staël, connue en Allemagne uniquement comme « Madame
de Staël ». Il faudrait citer aussi Stefan Zweig et Romain Rolland,
ou encore Heinrich Mann. Aristide Briand et Gustav Stresemann avaient reçu
le prix Nobel de la paix pour leur politique d’entente, une récompense
décernée un peu trop hâtivement comme devait le montrer l’avenir. En
effet, notre histoire commune n’avait pas encore traversé ses années
les plus douloureuses.
En réalité, ce sont
surtout les princes et les souverains allemands qui ont constamment propagé
cette pensée hérétique consistant à dire que l’avenir et le bonheur
de la nation allemande ne pouvaient être acquis que par l’hostilité et
l’agression contre nos voisins français. C’est pourquoi je suis
particulièrement reconnaissant à nos hôtes français d’avoir proposé
Versailles pour organiser cette rencontre historique entre les Parlements
de nos deux pays. (Applaudissements.) Versailles est le lieu en
Europe qui nous montre le mieux comment nous avons progressé ensemble sur
notre chemin, comment nous nous sommes éloignés des malheurs du passé
et comment nous sommes parvenus, grâce aux promesses et aux espoirs scellés
par le traité de l’Elysée, à la réalité extraordinaire de l’amitié
franco-allemande. Versailles : ce nom symbolise trois siècles de
notre histoire, qui fut des plus mouvementée. Il ne s’agit pas
seulement du lieu où vivaient Louis XIV, le Roi-Soleil, et sa cour
et qui a été si souvent copié par les princes allemands. Beaucoup plus
tard, c’est Louis II qui essaya d’en faire la copie la plus fidèle
en Bavière. Si la construction resta inachevée, c’est le même Louis II
qui porta la tragédie à son comble : il ne vint qu’une seule fois
à Versailles, et cela à dessein, pour infliger un camouflet à la
France. C’est ici précisément, dans la galerie des Glaces, qu’il
couronna Guillaume Ier empereur d’Allemagne ; à la
paix imposée par diktat en 1871 succéda presque logiquement celle de 1919
qui servit de prétexte à la droite allemande et ensuite aux
nationaux-socialistes pour déclencher leur campagne de destruction contre
l’Europe tout entière. Mais Versailles, c’est aussi l’endroit qui
restera toujours lié dans notre mémoire à la proclamation de la Déclaration
universelle des droits de l’homme en 1789. Aujourd’hui, notre présence
ici se situe dans le droit fil de ce grand événement historique. (Applaudissements.)
Les valeurs de la Révolution
française - la liberté, l’égalité, la fraternité - sont
toujours vivantes (Applaudissements), ces valeurs mêmes qui étaient
pour Kant la preuve que l’homme est bon et qui, pour Hitler, Goebbels et
consorts, devaient « disparaître à jamais ». Elles
constituent le fondement et le modèle de ce que nous avons réussi à
construire ensemble au cours de ces dernières quarante années, et de ce
que nous pouvons, devons et voulons mettre en œuvre ensemble à
l’avenir sur notre continent.
Mesdames, Messieurs,
L’œuvre que Charles de
Gaulle et Konrad Adenauer ont construite ensemble, sur la voie préparée
par Jean Monnet et Robert Schuman, celle qui a été poursuivie et développée
par Georges Pompidou et Willy Brandt, Giscard d’Estaing et Helmut
Schmidt, François Mitterrand et Helmut Kohl, ne s’est point limitée à
cette « réconciliation » unique entre la France et
l’Allemagne. Ces grands Européens avaient compris que l’Europe ne
peut se faire sans l’amitié franco-allemande, mais aussi que l’amitié
franco-allemande ne peut prospérer sans l’Europe. Mais permettez-moi
d’ouvrir une brève parenthèse personnelle et de revenir sur la réconciliation
qui a suivi les horreurs et les crimes de la Seconde Guerre mondiale. La
coopération, voire l’amitié, entre la France et l’Allemagne, les générations
de nos parents et de nos grands-parents osaient à peine y rêver. Et pour
nous qui avons grandi après la guerre, la réconciliation était un
espoir, un espoir que le souvenir encore trop vivant de la peur et de la
souffrance empêchait de se réaliser. Cet espoir n’a pu devenir réalité
qu’au prix d’une volonté politique déterminée.
Mais la volonté politique
ne suffit pas pour émouvoir les cœurs. Pour cela, il a fallu le courage,
peut-être naïf, d’hommes comme Gunther Klein, qui dirigeait à l’époque
le Jeune Théâtre de Göttingen. Et la générosité d’une grande dame
comme Barbara. Klein arriva à convaincre la célèbre chanteuse de venir
se produire dans son petit théâtre. A contre-cœur - les blessures
de la guerre et de l’époque nazie n’étaient guère refermées -
Barbara accepta. Le jour de son arrivée, elle voulut repartir mais elle
finit par rester une semaine entière et donna des concerts devant un
jeune public enthousiaste. Gagnée par cette euphorie, mais peut-être
aussi émue, elle commença à composer sa chanson si connue Göttingen.
Deux ans plus tard, en 1967, elle revint dans cette ville interpréter
sa chanson en hommage. C’est à ma connaissance la seule chanson que
Barbara, cette grande artiste, ait chantée en allemand. Permettez-moi
d’en citer quelques extraits :
« Et tant pis pour ceux qui
s’étonnent,
« Et que les autres me pardonnent,
« Les enfants ce sont les mêmes
« A Paris ou à Göttingen.
« Ô faites que jamais ne revienne,
« Le temps du sang et de la haine,
« Car il y a des gens que j’aime,
« A Göttingen, à Göttingen. »
(Applaudissements.)
A l’époque,
j’habitais moi-même Göttingen, où je suis resté pendant plus de dix
ans et où j’ai fait mes études. Malheureusement, je n’ai pas eu la
possibilité d’assister au concert de Barbara, mais cette chanson résonnait
dans toute la ville. Ce que Barbara a chanté à Göttingen, et qui nous
est allé droit au cœur, c’était pour moi, jeune homme, le début
d’une merveilleuse amitié, de l’amitié qui devait unir les Français
et les Allemands.
Mesdames, Messieurs,
On dit souvent, et
probablement à juste titre, que l’amitié ne peut pas exister entre les
nations, seulement entre les hommes. Voilà précisément ce qui fait le
caractère novateur du traité de l’Elysée. Non seulement il scelle la
nécessité imposée par la réalité politique et la volonté de coopération
amicale entre nos deux pays voisins, mais son objectif premier était
d’unir les sociétés, les peuples et les hommes, et il y est parvenu.
Les jumelages de villes et les programmes d’échanges existaient déjà
avant le traité de l’Elysée, mais ils se sont multipliés, et
aujourd’hui ils se comptent par centaines. L’Office franco-allemand
pour la jeunesse, grâce auquel plus de sept millions de jeunes ont pu se
rendre dans le pays voisin, est lui-même né du traité de l’Elysée.
Mesdames, Messieurs,
Après l’expérience de
plusieurs siècles d’idéologie, nous sommes désormais liés par une
« culture du doute », peut-être le meilleur rapprochement
entre l’ « Aufklärung » en Allemagne et les « Lumières »
en France. Cette culture du doute, qui cherche depuis toujours à
surmonter les dogmes définitifs et les limites physiques, ne reconnaît
qu’un principe immuable : celui de la démocratie, du pluralisme et
de la tolérance dans la diversité. C’est une évidence pour la grande
majorité des jeunes dans nos pays respectifs ; une évidence au même
titre que la réconciliation franco-allemande et que le fait de vivre dans
une Europe presque sans frontières. Mais cette évidence comporte un
danger, le danger de l’habitude. Aujourd’hui, l’amitié
franco-allemande n’est plus une fin en soi. Elle doit se redéfinir en
permanence et faire ses preuves, d’autant plus que nous sommes placés,
au sein de nos sociétés, en Europe et dans le monde, devant des défis
tout à fait nouveaux.
Mesdames, Messieurs,
Les révolutions
pacifiques de 1989 nous ont donné la possibilité, et dicté le devoir,
de construire une Europe unie. Le succès historique qui a marqué le
sommet de Copenhague sur l’élargissement, et qui a été pour une
grande part le fruit de l’action commune de la France et de l’Allemagne,
a fixé le cap. Cela aurait été impossible sans le travail décisif du
Président français, que je souhaite remercier. (Applaudissements.) Désormais,
il nous revient, en premier lieu à l’Allemagne et à la France, de réaliser
cet élargissement de telle sorte que l’Union soit plus démocratique,
plus transparente et plus efficace. Aujourd’hui plus que jamais, notre
destin est défini par les développements mondiaux. Gérer la
mondialisation de l’économie, exploiter ses potentiels et s’opposer
aux forces centrifuges de ces processus mondiaux : telle sera la tâche
principale de l’Europe au cours de ce siècle nouveau. L’Allemagne et
la France, sociétés qui ont le devoir vis-à-vis d’elles-mêmes et du
monde entier de préserver l’héritage des Lumières et de
l’identifier par rapport aux nouveaux défis, sont appelées
aujourd’hui, face aux turbulences qui secouent l’économie mondiale et
au danger que représente la force « asymétrique », à
garantir le primat de la politique et à redéfinir la cohésion sociale. (Applaudissements.)
Mesdames, Messieurs,
Les gouvernements et les députés
de nos deux pays sont conscients de la responsabilité que nous imposent
les nouveaux défis. Nous savons que les citoyens qui nous ont élus
placent de grands espoirs dans notre coopération. Aujourd’hui, jour de
fête mais aussi journée de travail pour nos gouvernements, nous avons déjà
beaucoup avancé, aussi bien dans le dialogue sur l’avenir de l’Europe
que dans les projets concrets. Certains diront que la construction
politique est encore en chantier : fédération d’Etats, Etat fédéré,
confédération, autant de notions sur lesquelles nous devons discuter
mais qui ne sauraient nous diviser. L’essentiel, ce sont les valeurs sur
lesquelles est fondée notre communauté et qui se sont vu confirmées,
sur le plan politique notamment, avec l’adoption de la Charte européenne
des droits fondamentaux. Celle-ci doit être un élément clé de la
Constitution européenne, notre objectif commun. L’Europe, il n’a
jamais été possible, du moins jamais sans la force ou l’arbitraire, de
la définir d’un point de vue purement géographique. L’Europe a
toujours été une réflexion sur les similitudes culturelles et
politiques. Je voudrais souligner à titre d’exemple l’éthique
participative.
Ce débat se poursuivra, même
vis-à-vis des voisins de l’Union actuelle qui souhaitent y adhérer un
jour. Nous voulons une Europe consciente de sa propre valeur, une Europe
unie qui considère comme une richesse les spécificités culturelles de
ses régions et de ses pays. Nous voulons des institutions fortes qui reflètent
la diversité des stratégies et des traditions politiques de nos Etats
membres.
Mesdames, Messieurs,
Que peuvent faire et que
doivent faire l’Allemagne et la France pour l’avenir de l’Europe ?
L’histoire de l’intégration européenne montre que les grandes tâches
en Europe ont pu être résolues précisément lorsque l’Allemagne et la
France étaient d’accord. Ces derniers mois, la dynamique de notre coopération
s’est encore renforcée. Nous pouvons constater, non sans une certaine
fierté, que ce sont l’Allemagne et la France qui, dans la phase
cruciale de l’élargissement de l’Union européenne, ont donné les
impulsions décisives. C’est notre action commune qui a permis la décision
historique de Copenhague et qui, du reste, l’a rendue financièrement gérable.
La Convention européenne, au sein de laquelle des représentants de nos
deux Hautes Assemblées coopèrent à part égale avec des délégués des
gouvernements et des représentants du Parlement européen, a fait des
progrès considérables dans son travail. La semaine dernière, le Président
Chirac et moi-même avons remis au président de la Convention, M. Valéry
Giscard d’Estaing, notre proposition commune sur l’architecture
institutionnelle de l’Union européenne. L’Allemagne et la France ont
ainsi présenté à la Convention des contributions concertées pour
toutes les grandes questions du débat sur la Constitution européenne.
Il faut que chaque citoyen
européen sache qui est responsable de quoi en Europe.
Seul celui qui est légitimé
est capable de diriger. Seul celui qui est en mesure de diriger peut être
légitimé par les citoyens et les Parlements.
C’est dans ce contexte
très complexe que se situent les propositions présentées par l’Allemagne
et la France jusqu’à présent. L’objectif consiste à renforcer de
manière équilibrée le triangle institutionnel de l’Union. Il faut que
l’Union européenne soit représentée à l’extérieur plus
efficacement. Aussi proposons-nous que le Conseil européen élise son président
et qu’il soit mis fin à l’alternance semestrielle. En effet, cette
solution serait impraticable dans une Europe à 25. Le Conseil européen
doit bénéficier d’une plus grande continuité sur le plan des
personnes qui le dirigent.
Nous souhaitons en même
temps que le Parlement européen élise le président de la Commission
afin que celui-ci jouisse d’une légitimité démocratique et voie son rôle
politique renforcé. Le Parlement européen doit exercer une fonction législative
à part égale avec le Conseil. C’est pourquoi notre proposition visant
la création d’un poste de ministre européen des Affaires étrangères
revêt une importance particulière. Cela permettra pour la première fois
à l’Europe de parler d’une seule voix sur la scène internationale. (Applaudissements.)
Mesdames, Messieurs,
Nous avons proposé, en
outre, à la Convention la création d’une Union européenne de sécurité
et de défense devant également contribuer à renforcer le pilier européen
de l’Alliance. Un grand nombre de suggestions présentées par l’Allemagne
et la France sur les moyens de réagir face aux nouvelles menaces engendrées
par les risques transfrontières, la criminalité organisée ou le
terrorisme international ont rencontré un écho positif. Entre-temps, le
monde entier reconnaît que ce que nos pays sont convenus d’appeler la
« notion élargie de sécurité », qui englobe une politique
de protection juridique et de sécurité sociale, matérielle et
culturelle mais aussi écologique, est une stratégie efficace pour lutter
contre les risques.
Nos propositions, qui sont
le fruit d’une concertation étroite et des expériences réalisées par
l’Europe en matière de solution des conflits, recueillent de plus en
plus l’adhésion d’autres partenaires dans le monde.
Il s’agit de garantir la
sécurité et la coopération grâce au désarmement et à la prévention
des conflits, de conclure des alliances régionales pour défendre la sécurité,
les droits de l’homme et les droits des minorités, et, enfin, de
pratiquer une politique de mise en œuvre des « dividendes de la
paix » sous forme de coopération économique.
Encouragés par les échanges
que nous avons menés au sein du Conseil franco-allemand de sécurité et
de défense, dont la création remonte à quinze ans, nous avons conçu la
politique européenne de sécurité et de défense, et cela à un moment où
nombre de partenaires européens n’envisageaient pas encore que l’Union
européenne puisse se doter d’une dimension de sécurité. La brigade
franco-allemande est devenue ensuite le noyau de l’Eurocorps.
Aujourd’hui, nous avons
fait un grand pas en avant avec la création de la Force d’intervention
européenne. Le renforcement de l’identité européenne de sécurité
n’est dirigé contre personne. C’est ainsi que nous assumons la
responsabilité qui nous incombe en œuvrant pour la stabilité de notre
continent, mais aussi en proposant à d’autres peuples de partager les
expériences réalisées par l’Europe en matière de paix et de développement.
En s’épaulant mutuellement, comme le font les Allemands et les Français
en Afghanistan et ailleurs. Et aussi comme nous coopérons étroitement
pour résoudre les crises internationales, par exemple dans le cas de la
Corée du Nord et de l’Irak.
Nous sommes convenus de
concerter étroitement nos positions au Conseil de sécurité des Nations
Unies, cet organe où, à l’heure actuelle, quatre pays européens sont
responsables, à l’échelle mondiale, de la paix et de la sécurité
internationales. Nous nous investissons de concert pour que le Conseil de
sécurité des Nations Unies puisse accomplir avec succès sa tâche
primordiale qui consiste à sauvegarder la paix internationale. (Applaudissements.)
Mesdames, Messieurs,
L’Allemagne et la France
sont confrontées à des problèmes largement semblables en ce qui
concerne l’avenir de nos systèmes sociaux. Encore une fois, il revient
à nos deux pays notamment de redéfinir le rôle du marché, de l’Etat
et de la société civile dans notre monde actuel, de créer de nouveaux
espaces et, sur le plan politique, d’organiser une nouvelle justice.
Pour ce faire, nous ne nous contenterons pas d’échanger nos expériences,
nous développerons ensemble des propositions novatrices qui devront
alimenter un débat à l’échelle de toute l’Europe.
Toutefois, nous sommes
obligés de constater que, pendant ce temps, nous sommes placés devant un
autre problème.
En effet, on note qu’après
le succès de la réconciliation entre nos deux pays, la « compréhension »
sur le plan de la langue reste beaucoup trop souvent en deçà de nos
attentes. En dépit des multiples efforts déployés dans ce domaine, nous
sommes aujourd’hui plus éloignés que jamais du jour où la langue du
pays partenaire sera pratiquée sur l’ensemble de notre territoire et
inversement. C’est pourquoi un effort supplémentaire doit être fait
par tous, les gouvernements, les députés, les régions et les écoles,
afin d’entretenir et de développer l’intérêt pour la langue du
voisin. (Applaudissements.) Encourageons les parents à inciter
leurs enfants à faire à l’école un choix allant dans ce sens. Peut-être
serions-nous également bien inspirés d’innover : nous avons
« Arte », la chaîne de télévision franco-allemande, qui est
une grande réalisation. « Arte » pratique ce qui doit devenir
un élément central de la démocratie européenne, à savoir l’opinion
publique européenne impliquée dans des débats et reportages transfrontières.
Nous devrions également
nous investir pour que nos jeunes générations notamment jouissent d’un
cadre unique pour leur formation, leurs études et leur travail. C’est
également dans cette perspective que nous avons défini aujourd’hui des
objectifs communs pour que les étudiants, les chercheurs et les personnes
qui exercent une activité professionnelle voient s’améliorer leurs
chances réelles de grandir, d’apprendre et de travailler dans les deux
pays.
Nous souhaitons que le
projet commun que nous formons pour l’Allemagne, pour la France et pour
l’Europe, englobe et facilite la participation des citoyens. C’est
pourquoi le Président Chirac et moi-même avons décidé de permettre à
terme aux Allemands et aux Français vivant dans le pays voisin de bénéficier
de la nationalité des deux pays. (Applaudissements.) Nous avons déjà
fait des progrès dans la réalisation de cet objectif.
Cela signifie en premier
lieu qu’Allemands et Français pourront voter et participer aux décisions
dans le pays où ils vivent. Cela entraînera un rapprochement encore plus
étroit de nos pays et de nos sociétés.
Mesdames, Messieurs,
Dans la déclaration
commune que nous avons adoptée à l’occasion de cet anniversaire, nous
avons déclaré le 22 janvier « journée franco-allemande ».
(Applaudissements.) Nous souhaitons que cette journée soit consacrée,
dans toutes les institutions de nos systèmes éducatifs, à la promotion
du pays partenaire et à une action d’information sur les multiples
possibilités d’études et de rencontres.
Notre séance plénière
d’aujourd’hui est plus qu’un acte symbolique de commémoration du
traité de l’Elysée qui a joué un rôle si important pour l’amitié
entre nos deux pays. Pour nos deux Parlements, cette journée marque également
le point de départ de nouveaux efforts en vue de resserrer encore notre
coopération.
Mesdames, Messieurs,
Nous savons bien qu’en
Europe les progrès sont difficiles lorsque l’Allemagne et la France ne
sont pas d’accord. Beaucoup d’éléments sur lesquels nous avons réussi
à nous mettre d’accord au plan bilatéral peuvent également contribuer
à aplanir les contradictions et les divergences de vue qui naissent entre
d’autres peuples européens.
Mais nous serons également
obligés de redéfinir notre rôle qui ne saurait être moins énergique
ou moins dynamique. Nous continuerons d’être au moins autant des
inspirateurs que des moteurs. On peut voir là une interprétation moderne
du traité de l’Elysée, unique dans l’histoire et dont le contenu
nous engage à œuvrer en faveur de la réconciliation, de la liberté et
de la justice et à assumer nos responsabilités pour l’Europe commune. (Mesdames
et Messieurs les députés se lèvent et applaudissent longuement.)
M. Jean-Louis Debré,
président de l’Assemblée nationale. Je vous remercie,
monsieur le Chancelier fédéral.
(Texte en langue
allemande)
Verehrter
Herr Staatspräsident,
Meine sehr geehrten Herren
Parlamentspräsidenten,
Sehr geehrte Damen und
Herren Abgeordnete !
Ich danke Ihnen, Herr Präsident
der Nationalversammlung, und Ihnen, Herr Bundestagspräsident, für die
Einladung, vor den hier versammelten Volksvertretungen Frankreichs und
Deutschlands zu sprechen.
Zum ersten Mal in der
Geschichte unserer beiden Länder treten heute Nationalversammlung und
Bundestag in gemeinsamer Plenarsitzung zusammen. Das setzt nicht nur einen
besonders würdigen Rahmen für die Feierlichkeiten zum 40. Jahrestag
des Elysée-Vertrages. Es ist auch ein beeindrückendes Zeichen für die
Substanz unserer Beziehungen. Einer Freundschaft, die eben weit mehr ist
als ein Pakt zwischen Regierungen. Sondern ein einigendes Band zwischen
unseren Gesellschaften und Völkern - und mithin denen, die sie auf
beiden Seiten des Rheins repräsentieren.
Meine Damen und Herren
Abgeordneten !
Wir hören und lesen in
diesen Tagen häufig von der « Erfolgsgeschichte » des Elysée-Vertrages
und der deutsch-französischen Beziehungen. Das ist unbestreitbar richtig
und doch scheint mir der Begriff zu eng für das grosse Werk, das uns in
den zurückliegenden 40 Jahren miteinander gelungen ist. Denn hier
haben zwei Völker und Staaten wirklich zueinander gefunden, die in ihrer
Geschichte seit Jahrhunderten miteinander verwoben - aber auch oft
genug in schlimme Gegensätze verstrickt waren. Wo, in der Vielfalt und
gegenseitigen Ergänzung unserer Kulturen, gemeinsamer Reichtum hätte blühen
können, ja, müssen, wurden unüberwindbare Gräben ausgehoben. Statt der
Kräfte der Anziehung wurden die Kräfte der Abstossung gefördert. Statt
des gemeinsamen Erbes « Erbfeindschaften » gepflegt. Und immer,
wenn unsere beiden Länder, die schon für Victor Hugo « das Wesen
Europas » ausmachten, gegeneinander zogen, war es der gesamte
Kontinent, der ins Unglück gestürzt wurde.
Gewiss : Die Besten
von uns hatten auch in dunklen Zeiten immer wieder Brücken über die Abgründe
der Rivalität und des Hasses gebaut - Voltaire oder Kant ;
Heine, den die Franzosen noch immer « Henri » nennen, und
Germaine de Staël, die auch in Deutschland nur als « Madame de Staël »
bekannt ist. Stephan Zweig und Romain Rolland wären zu nennen ; oder
auch Heinrich Mann. Aristide Briand und Gustav Stresemann wurden für ihre
Politik der Verständigung mit dem Friedensnobelpreis ausgezeichnet -
der sich allerdings als vorschnell ausgestellter Scheck auf die Zukunft
erwies. Denn die bittersten Jahre unserer gemeinsamen Geschichte sollten
noch folgen.
Denn es ist wahr :
Immer wieder waren es vor allem Fürsten und Herrscher aus Deutschland,
die den schrecklichen Irrglauben propagierten, das Werden und Glück
unserer Nation könne nur durch Feindschaft und Agression gegen unsere
französischen Nachbarn erreicht werden. Ich bin deshalb unseren französischen
Gastgebern ausserordentlich dankbar, als Ort für dieses historische
Zusammentreffen der beiden Parlamente gerade Versailles vorgeschlagen zu
haben. Wie nur wenige Orte in Europa macht Versailles uns bewusst, wie
weit wir auf unserem Weg vorangekommen sind : von den Verhängnissen
der Vergangenheit, über die Versprechen und die Hoffnung des Elysée-Vertrages
zur grossartigen Wirklichkeit der deutsch-französischen Freundschaft.
Versailles - der Name steht für drei Jahrhunderte unserer höchst
wechselvollen Geschichte. Dies war nicht nur der Hof des « Sonnenkönigs »
Ludwig XIV. Von deutschen Fürsten vielfach nachgebaut. Die genaueste
Kopie versuchte erst sehr viel später Ludwig II., in Bayern. Der Bau
blieb unvollendet, doch jener Ludwig vollendete die Tragödie : Sein
einziger Auftritt im wirklichen Versailles war als bewusste Demütigung
Frankreichs inszeniert. Ausgerechnet hier im Spiegelsaal trug er Wilhelm I.,
die deutsche Kaiserkrone an ; dem entsprechenden Diktatfrieden von 1871
folgte beinahe zwangsläufig jener von 1919 - den die deutsche
Rechte und dann die Nationalsozialisten so trefflich zum Vorwand nahmen,
ihren Vernichtungszug gegen ganz Europa anzutreten. Aber Versailles -
das ist eben auch der Ort, der auf immer mit der Verkündung der
allgemeinen Menschenrechte im Jahre 1789 verbunden bleiden wird. An
jenen grossen Augenblick der Geschichte knüpfen wir heute an. Die Werte
der Französischen Revolution - die für Kant der Beweis für
« das Gute im Menschen » waren, und die Hitler, Goebbels und
andere Verbrecher noch aus der Geschichte « auszulöschen »
getrachtet hatten - sie leben weiter. Sie sind Grundlage und Leitbild
dessen, was wir in der Zukunft auf unserem gemeinsamen Kontinent
miteinander ins Werk setzen können, müssen und wollen.
Meine Damen und Herren,
Was Charles de Gaulle und
Konrad Adenauer, nach den Vorarbeiten von Jean Monnet und Robert Schuman,
begründet haben - und was von Georges Pompidou und Willy Brandt,
Giscard d’Estaing und Helmut Schmidt, François Mitterrand und Helmut
Kohl fortgesetzt und weiterentwickelt wurde - war stets mehr als die,
zweifellos wesentliche « Aussöhnung » zwischen Deutschland
und Frankreich. Diese grossen Europäer hatten immer auch im Blick, dass
Europa ohne die deutsch-französische Freundschaft nicht werden kann. Aber
dass auch die deutsch-französische Freundschaft ohne Europa nicht werden
und gedeihen kann. Aber gestatten Sie mir noch einen kurzen, persönlichen
Rückblick auf die Versöhnung nach den Greueln und Morden des Zweiten
Weltkriegs. Zusammenarbeit, gar Freundschaft zwischen Deutschland und
Frankreich - das konnte für die Generationen unserer Väter und Vorväter
nur ein kühner Traum sein. Und für uns, die wir nach dem Krieg
aufwuchsen, war die Versöhnung eine Hoffnung. Eine Hoffnung allerdings,
der die allzu frische Erinnerung an Schrecken und Leid gleichsam unüberwindlich
im Weg standen. Diese Hoffnung wirklich werden zu lassen, konnte nur durch
entschiedenen politischen Willen gelingen.
Aber der politische Wille
bewegt noch keine Herzen. Deshalb bedurfte es auch des vielleicht naiven
Mutes von Männern wie Gunther Klein, damals Intendant des Jungen Theaters
in Göttingen. Und der Herzensgrösse einer Dame wie « Barbara ».
Klein überredete die verehrte Chansonnière zu einem Auftritt in seinem
kleinen Theater. Widerstrebend - die Narben des Krieges und der
Nazi-Zeit waren noch frisch - willigte Barbara ein. Noch am Tag ihrer
Ankunft wollte sie wieder abreisen, schliesslich gab sie eine ganze Woche
lang Konzerte vor einem begeisterten, jungen Publikum. Angesteckt von
dieser Euphorie, aber ganz sicher auch angerührt, begann sie noch während
ihres Aufenthalts, ihr berühmtes Chanson « Göttingen » zu
schreiben. Zwei Jahre später, 1967, kam sie wieder in die Stadt und trug
ihre kleine Hommage vor. Es ist meines Wissens das einzige Lied, das die
grosse Barbara je auf deutsch gesungen hat. Lassen Sie mich aus dem Text
zitieren :
« Was ich nun sage,
das klingt freilich
für manche Leute
unverzeihlich :
Die Kinder sind genau die
gleichen
in Paris, wie in Göttingen.
Lasst diese Zeit nie
wiederkehren
und nie mehr Hass die Welt
zerstören :
Es wohnen Menschen, die
ich liebe,
in Göttingen, in Göttingen. »
Ich selbst habe, zu jener
Zeit und insgesamt mehr als zehn Jahre in Göttingen gelebt und studiert.
Leider hatte ich keine Gelegenheit, Barbara im Konzert zu erleben. Doch
das Chanson hallte überall in der Stadt wieder. Was Barbara dort -
direkt in unsere Herzen hinein - gesungen hat, das war für mich
jungen Mann der Beginn einer wunderbaren Freundschaft : der zwischen
Deutschen und Franzosen.
Meine Damen und Herren,
Es heißt, wahrscheinlich
nicht einmal zu Unrecht, Nationen könnten nicht miteinander « befreundet »
sein - das könnten nur Menschen. Genau das ist die bahnbrechende
Bedeutung des Elysée-Vertrages : Dass er nicht nur die
realpolitische Notwendigkeit und den Willen zur freundschaftlichen
Zusammenarbeit unserer beiden Nachbarstaaten festschreibt. Sondern dass er
von Beginn an auch ein Bündnis der Gesellschaften, der Völker, der
Menschen gewollt - und auch erreicht hat. Schon vor dem Vertrag gab
es Städtepartnerschaften und Austauschprogramme - heute sind es
viele Hunderte. Das Deustsch-französische Jugendwerk, das inzwischen mehr
als sieben Millionen jungen Menschen den Besuch im jeweiligen Partnerland
ermöglicht hat, ist selbst ein Kind des Elysée-Vertrages.
Meine sehr geehrten Damen
und Herren,
Uns verbindet, nach den
Erfahrungen der ideologischen Jahrhunderte, eine « Kultur des
Zweifels » - vielleicht die beste Annäherung zwischen der
deutschen « Aufklärung » und den französischen « Lumières ».
Diese Kultur des Zweifels, immer schon darauf angelegt, endgültige Dogmen
und physische Grenzen zu überwinden, kennt nur eine Gewissheit : Die
der Demokratie, des Pluralismus und der Toleranz in Vielfalt. Für die überwaltigende
Mehrheit gerade der jungen Menschen in unseren Ländern ist dies heute
selbstverständlich. So selbstverständlich wie die deutsch-französische
Aussöhnung und das Leben in einem Europa, beinahe ohne Grenzen. Doch
gerade in dieser Selbstverständlichkeit lauert auch die Gefahr der Gewöhnung.
Die deutsch-französische Freundschaft ist heute kein Selbstzweck mehr.
Sie muss sich ständig neu definieren - und auch neu beweisen. Dies
um so mehr, als wir, in unseren Gesellschaften, in Europa und in der Welt
vor gänzlich neuen Herausforderungen stehen.
Meine Damen und Herren,
Die friedlichen
Revolutionen von 1989 haben uns die Möglichkeit gegeben - und
die Pflicht auferlegt - ein einiges Europa zu gestalten. Der
historische Erfolg des Erweiterungsgipfels in Kopenhagen, der ganz
wesentlich auf dem gemeinsamen Vorgehen von Deutschland und Frankreich
beruhte, hat dafür die Weichen gestellt. Nun ist es an uns - und das
heisst wiederum in erster Linie an Deutschland und Frankreich -,
diesen Erweiterungsprozess so zu gestalten, dass die Union demokratischer,
transparenter und effizienter wird. Unser Schicksal wird heute stärker
denn je von den globalen Entwicklungen bestimmt. Die ökonomische
Globalisierung politisch zu gestalten, ihre Potenziale auszuschöpfen und
den Fliehkräften dieser weltweiten Prozesse entgegenzuwirken - das
wird die zentrale Aufgabe Europas im neuen Jahrundert sein. Gerade
Deutschland und Frankreich - als den Gesellschaften, die es sich und
der Welt schuldig sind, das Erbe der Aufklärung zu wahren und an den
neuen Herausforderungen zu definieren - sind heute aufgerufen, in den
weltökonomischen Turbulenzen und gegenüber der Gefahren einer « asymmetrischen »
Gewalt das Primat der Politik zu erhalten und soziale Kohäsion neu zu
definieren.
Mein Damen und Herren,
Regierungen und
Abgeordnete beider Länder sind sich der Verantwortung bewusst, die uns
die neuen Herausforderungen auferlegen. Wir wissen, dass die Menschen, die
uns gewählt haben, hohe Erwartungen in unsere Zusammenarbeit setzen.
Heute, an diesem Festtag, der gleichzeitig ein Arbeitstag für unsere
Regierungen war, sind wir bereits ein gutes Stück vorangekommen -
sowohl beim Dialog über die Zukunft Europas als auch bei der Arbeit an
konkreten Projekten. Mag sein, dass das politische Gebilde noch unfertig
ist : Staatenbund, Bundestaat, Staatverbund, das sind Begriffe, die
wir diskutieren müssen - die uns aber nicht auseinander dividieren können.
Entscheidend bleibt das Wertefundament unserer Gemeinschaft, das einen
wichtigen politischen Niederschlag in der Annahme der europäischen
Verfassung sein, die wir gemeinsam anstreben. Europa, das hat sich nie -
jedenfalls nie ohne Gewalt und Willkür - rein geographisch
definieren lassen. Europa war immer eine Reflexion über kulturelle und
politische Gemeinsamkeiten. Ich möchte als wesentliche die
Partizipationsethik nennen.
Diese Debatte wird
weitergehen : auch gegenüber den Nachbarn der heutigen Union, die
eines Tages dieser Union beitreten wollen. Wir wollen ein selbstbewusstes,
geeintes Europa, dass die kulturellen Eigenheiten seiner Regionen und Länder
als Reichtum empfindet. Wir wollen starke Institutionen, die
unterschiedliche politische Ansätze und Traditionen unserer
Mitgliedstaaten nicht verleugnen.
Meine Damen und Herren,
Was können und was müssen
Deutschland und Frankreich für die Zukunft Europas leisten ?
Die Geschichte der europäischen
Einigung zeigt : Alle großen europäischen Aufgaben konnten vor
allem dann gelöst werden, wenn Deutschland und Frankreich sich einig
waren. Gerade in den letzten Monaten hat sich die Dynamik unserer
Zusammenarbeit noch einmal verstärkt. Nicht ohne Stolz können wir sagen,
dass Deutschland und Frankreich in der entscheidenden Phase der
Erweiterung der Europäischen Union die ausschlaggebenden Impulse gegeben
haben. Unser gemeinsames Vorgehen hat die historische Entscheidung von
Kopenhagen ermöglicht - und übrigens auch finanzierbar gehalten. Der
Europäische Konvent, in dem Vertreter Ihrer beiden Hohen Häuser
gleichberechtigt mit Abgesandten der Regierungen und Vertretern des Europäischen
Parlaments arbeiten, hat in seiner Arbeit erhebliche Forstchritte gemacht.
Präsident Chirac und ich haben in der vergangenen Woche dem Präsidenten
des Konvents, Valéry Giscard d’Estaing, unseren gemeinsamen Vorschlag
zur institutionellen Architektur der Europäischen Union übermittelt.
Damit haben Deutschland und Frankreich dem Konvent zu allen zentralen
Fragen der europäischen Verfassungsdiskussion abgestimmte Beiträge
vorgelegt.
Jeder Bürger in Europa
muss wissen, wer in Europa für was verantwortlich ist.
Nur wer legitimiert ist,
kann auch führen. Nur wer in die Lage versetzt wird zu führen, kann dafür
auch vom Bürger und den Parlamenten legitimiert werden.
In diesem Spannungsfeld
bewegen sich alle Vorschläge, die Deutschland und Frankreich im Konvent
bisher gemacht haben. Ziel muss eine gleichgewichtige Stärkung des
institutionellen Dreiecks der Union sein. Hier geht es darum, dass sich
die Europäische Union nach außen wirkungsvoller darstellt. Wir schlagen
deshalb vor, dass sich der Europäische Rat einen Vorsitzenden wählt, der
nicht mehr, wie bisher, alle 6 Monate wechselt. Das wäre in einer
Union mit 25 Mitgliedern keine praktikable Lösung mehr. Der Europäische
Rat braucht in seiner Führung personnelle Beständigkeit.
Wir wollen gleichzeitig
einen vom Europäischen Parlement gewählten Präsidenten der Kommission,
der damit demokratisch legitimiert und politisch gestärkt wird.
Das Europäische Parlament
soll zum gleichberechtigten Gesetzgeber mit dem Rat werden.
Von besonderer Bedeutung
ist deshalb auch unser Vorschlag, einen Europäischen Außenminister zu
schaffen. Damit kann Europa zum ersten Mal in den internationalen
Beziehungen wirklich mit einer Stimme sprechen.
Meine Damen und Herren,
Wir haben dem Konvent darüber
hinaus die Schaffung einer Europäischen Sicherheits-und
Verteidigungsunion vorgeschlagen, die auch zur Stärkung des europäischen
Pfeilers der Allianz beitragen soll.
Viele Anregungen
Deutschlands und Frankreichs zur Reaktion auf neue Formen der Bedrohung - durch
grenzüberschreitende Risiken, organisierte Kriminalität oder
internationalen Terrorismus - sind auf ein positives Echo gestoßen. Das,
was wir gemeinsam den « erweiterten Sicherheitsbegriff »
nennen - der nämlich eine Politik des Rechtsschutzes und der
sozialen, materiellen, kulturellen, aber auch ökologischen Sicherheit
einschließt - wird inzwischen weltweit als probate Strategie gegen
die Risiken anerkannt.
Was wir, in enger
Abstimmung und auf dem Hintergrund europäischer Erfahrung bei der Bewältigung
von Konflikten, vorschlagen, wird mehr und mehr auch anderen Partnern in
der Welt einsichtig :
Sicherheit und
Zusammenarbeit durch Abrüstung und Konfliktprävention ; regionale Bündnisse
für Sicherheit, Menschen- und Minderheitenrechte ; schließlich eine
Politik der « Friedensdividende » durch ökonomische
Kooperation.
Angestoßen durch Dialoge,
die wir im vor 15 Jahren gegründeten Deutsch-Französischen
Sicherheits- und Verteigigungsrat führen, haben wir die Europaïsche
Sicherheits- und Verteidigungspolitik konzipiert ; zu einem Zeitpunkt,
als viele europäische Partner noch nicht an eine Sicherheitsdimension der
Europäischen Union dachten. Die deutsch-französische Brigade wurde zum
Kern des Eurokorps.
Heute sind wir, mit der
Schaffung der Europäischen Eingreiftruppe, viel weiter. Die Stärkung der
europäischen Sicherheits-Identität richtet sich gegen niemanden. Wir
nehmen damit unsere Verantwortung wahr : für die Stabilität unseres
Kontinents, aber auch für die Fähigkeit, europäische Erfahrungen des
Friedens und der Entwicklung anderen Völkern anbieten zu können. So, wie
es Deutsche und Franzosen, in Afghanistan und anderswo, Seite an Seite tun.
Und so, wie wir auch bei der Lösung internationaler Krisen, wie der um
Nordkorea und den Irak, Seite an Seite zusammenarbeiten.
Im Sicherheitsrat der
Vereinten Nationen, in dem derzeit vier europäische Staaten globale
Verantwortung für Frieden und die internationale Sicherheit tragen, haben
wir besonders enge Abstimmung vereinbart. Wir setzen uns gemeinsam dafür
ein, dass der Sicherheitsrat der Vereinten Nationen seine zentrale Aufgabe,
den internationalen Frieden zu erhalten, erfolgreich erfüllen kann.
Meine Damen und Herren,
Deutschland und Frankreich
stehen vor sehr ähnlichen Problemen, was die Zukunft unsere Sozialsysteme
angeht. Wiederum kommt es gerade unseren Ländern zu, in der Welt von
heute das Verhältnis von Markt, Staat und Zivilgesellschaft neu
auszuloten, neue Freiräume zu schaffen, und politisch neue Gerechtigkeit
zu organisieren. Wir werden dabei nicht nur unsere Erfahrungen austauschen,
sondern gemeinsam vorwärts weisende Vorschläge entwickeln, die in einen
gesamt-europäischen Diskurs einmünden müssen.
Aber inzwischen, und das
muss hier kritisch angemerkt werden, stehen wir auch vor einem anderen
Problem :
Dass nämlich, nach der
erfolgreichen Versöhnung, heute viel zu oft die sprachliche « Verständigung »
nicht so ist, wie wir alle uns das wünschen. Trotz vielfältiger Bemühungen
sind wir heute weiter denn je entfernt von einer flächendeckenden
Verbreitung der jeweiligen anderen Sprache. Deshalb sollten wie alle -
Regierungen und Parlamentarier, die Bundesländer und unsere Schulen -
mehr dafür tun, das Interesse an der Sprache des Partners zu erhalten und
zu verstärken. Ermutigen wir die Eltern von Schulkindern, ihren Kindern
zu einer entsprechenden Sprachenwahl im Schulunterricht zu raten.
Und vielleicht sollten wir
auch neue Wege beschreiten : Wir haben, als große Errungenschaft,
den deutsch-französischen Fernsehkanal Arte... Arte zeigt, was ein
wesentliches Element europäischer Demokratie werden muss : Eine
europäische Öffentlichkeit mit grenzüberschreitenden Debatten und
Berichten.
Wir sollten auch darauf
hinwirken, dass gerade für unsere junge Generation ein einheitlicher Raum
für Ausbildung, Studium und Beruf entsteht. Auch in dieser Hinsicht haben
wir uns heute gemeinsame Ziele gesetzt, die für Studenten, Forscher und
Berufstätige die Chancen, tatsächlich in beiden Ländern aufwachsen,
lernen und arbeiten zu können, erhöhen werden.
Wir wollen, dass unser
gemeinsames Projekt, für Deutschland, Frankreich und Europa, mehr und
mehr die Teilhabe der Menschen einschließt und ermöglicht. Deshalb haben
Präsident Chirac und ich vereinbart, dass wir langfristig Deutschen und
Franzosen, die im jeweiligen Nachbarland leben, beide Staatsbürgerschaften
anbieten wollen. Auf dem Weg zu diesem Ziel haben wir erste Fortschritte
erreicht. Das heißt vor allem, dass Deutsche und Franzosen dort wählen
und mitbestimmen können, wo sie tatsächlich leben. Auch dadurch werden
unsere Länder und Gesellschaften enger zusammenwachsen.
Meine Damen und Herren,
In unserer gemeinsamen
Erklärung zum Jahrestag haben wir dazu aufgerufen, den 22 Januar künftig
als deutsch-französischen Tag zu begehen. Wir wünschen uns, dass er in
allen Bildungseinrichtungen dazu genutz wird, für das Partnerland zu
werben und die vielfältigen Möglichkeiten zum Lernen und zur Begegnung
ins Bewusstsein zu rufen.
Auch die heutige
Plenarsitzung ist weit mehr als der symbolische Akt des Erinnerns an den für
die Freundschaft zwichen unseren beiden Ländern so zentralen Elysée-Vertrag.
Für die beiden Parlamente ist der heutige Tag auch der Ausgangspunkt
eines neuen Anlaufs zu einer noch intensiveren Zusammenarbeit.
Meine Damen und Herren,
Wir wissen, dass in Europa
wenig vorangeht, wenn Deutschland und Frankreich sich nicht einig sind.
Vieles, was wir bilateral als Einigung erzielen, ist auch geeignet.
Widersprüche und Meinungsunterschiede einzuebnen, die sich zwischen
anderen europäischen Völkern ergeben.
Aber wir werden auch
unsere eigene Rolle neu definieren müssen. Keinesfalls weniger energisch
und dynamisch. Wir werden weiterhin mindestens genauso « Motivatoren »
wie « Motoren » sein. Das wäre womöglich eine moderne
Auslegung des historisch so einmaligen Elysée-Vertrages - dessen Inhalt
uns Verpflichtung bleibt : zur Versöhnung, zur Freiheit und zur
Gerechtigkeit ; zur Verantwortung für das gemeinsame Europa.
DISCOURS DE M.
JACQUES CHIRAC,
Président de la République française
M. Wolfgang
Thierse, président du Bundestag. La parole est à M. Jacques
Chirac, Président de la République française.
M. Jacques Chirac,
Président de la République. Monsieur le Chancelier,
Monsieur le Premier ministre, Messieurs les Présidents du Bundestag et de
l’Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et
Messieurs les Parlementaires, Mesdames, Messieurs, voici l’Allemagne et
la France réunies aujourd’hui pour commémorer l’Histoire et préparer
l’avenir. Ensemble, nous célébrons l’acte par lequel, le 22 janvier 1963,
deux hommes d’Etat, deux visionnaires, le Chancelier Konrad Adenauer et
le général de Gaulle, ont scellé la réconciliation de nos peuples et
les ont engagés dans une communauté de destin au service de la paix.
Aujourd’hui, nous leur
rendons hommage. Nous mesurons le chemin parcouru. Et nous voulons, sur
leur exemple, aller plus loin dans l’entente de nos deux pays, au
service de l’Europe.
Dans cette histoire de
l’Europe, où l’aventure guerrière occupa tant de place, deux grands
peuples se sont regardés avec fascination et passion. Ils se sont affrontés
jusqu’à l’épuisement. En même temps, leurs cultures se sont
nourries l’une de l’autre, dans un étroit et constant rapport de séduction.
Le général de Gaulle a
évoqué les lointaines origines de la relation singulière entre l’Allemagne
et la France, ce « sentiment, écrit-il, de ce que Gaulois et
Germains ont entre eux de complémentaire et qui, jadis, féconda la présence
de l’Empire romain sur le Rhin, fit la fortune des Francs, glorifia
Charlemagne, justifia les relations du roi de France et des
princes-Electeurs, fit s’enflammer l’Allemagne au brasier de la Révolution,
inspira Goethe, Heine, Madame de Staël, Victor Hugo et, en dépit des
luttes furieuses qui opposèrent les deux peuples, ne cessa pas de
chercher un chemin, à tâtons, dans les ténèbres ».
La gravité le cède à
l’émotion de voir aujourd’hui leurs représentants se réunir à
Versailles. Versailles qui marqua par deux fois l’épilogue autant que
le prélude de nos luttes fratricides. Dans la galerie des Glaces, à
quelques pas de nous, la proclamation de l’Empire allemand et ses conséquences
devaient hanter la société française pendant un demi-siècle.
Versailles, et la galerie des Glaces encore, où les conditions imposées
à l’Allemagne après 1918 suscitèrent outre-Rhin humiliation et rancœur.
On connaît la suite :
la liberté anéantie, le déchaînement de la violence, son cortège de
destructions et de souffrances, ses millions de morts, cette apothéose de
l’horreur et puis ces familles séparées, ces destins brisés. Dans
cette nuit terrible, de part et d’autre, des voix courageuses s’élevaient
pour résister à l’innommable, pour refuser ces engrenages fatals.
Des hommes de vision ont
montré le chemin. C’était celui de l’Europe. Ce chemin passait par
la réconciliation franco-allemande. Ces deux aventures devenaient
indissociables. L’Europe allait sceller la paix là où il n’y eut si
souvent que la guerre et la force brutale. Elle allait soutenir le rêve
de liberté des peuples opprimés.
Désormais Versailles, qui
a tant marqué notre mémoire collective, symbolisera la fraternité entre
l’Allemagne et la France et, au-delà, celle de notre continent tout
entier. Voilà, Mesdames et Messieurs, le sens de votre présence, en cet
instant solennel où Allemands et Français veulent rappeler la vocation
de leur réconciliation et de leur amitié, les enjeux de leur union,
leurs ambitions pour l’avenir. (Applaudissements.)
Ce 22 janvier 1963,
l’Allemagne et la France ont tourné définitivement la page des heures
terribles. Elles l’ont fait, emmenées par la volonté et la conviction
de deux hommes pétris du caractère de nos peuples et déterminés à
donner un nouveau sens à l’Histoire. Le général de Gaulle et le
Chancelier Adenauer sont allés au devant l’un de l’autre et ont
partagé l’émotion des foules qui les ont accueillis. Ils ont communié
au même silence dans le souvenir et le recueillement.
L’un et l’autre se
sont reconnus et respectés : Konrad Adenauer, l’opposant au
nazisme qui, jamais, n’a renoncé à son rêve démocratique et dont
toute l’ambition a été consacrée à redonner à sa patrie sa dignité
et son rayonnement, et le général de Gaulle, qui connaissait l’Allemagne,
dont il admirait l’âme et l’intelligence, et qui, comme le
Chancelier, a combattu ceux qui les ont trahies.
Ecoutons le chef de la
France libre livrer sa vision du monde à la veille de signer le Traité
de l’Elysée : « Parmi les éléments qui façonnent le présent,
devait-il déclarer, il n’y en a pas qui soient plus frappants que le
fait franco-allemand. » Ecoutons son hommage au Chancelier Adenauer :
« Ce grand homme d’Etat qui n’a jamais cessé de penser et de
proclamer que la coopération de l’Allemagne et de la France est une nécessité
absolue, qu’elle est la condition et le fondement même de la
construction de l’Europe. »
L’Europe, il appartenait
au premier chef à l’Allemagne et à la France de lui montrer le chemin
sur la base de l’union de nos deux peuples. Seuls le Chancelier fédéral
et le général de Gaulle pouvaient forcer le cours des choses.
L’extraordinaire conjonction de ces deux destins singuliers devait décider
du nôtre.
En quarante années, la réconciliation
franco-allemande a été une histoire exemplaire. Surmontant les obstacles
et les hésitations, la coopération entre nos deux pays est devenue une réalité
chaque jour plus dense. Et en quarante années, chaque étape décisive en
Europe a été franchie grâce à cette force motrice que constituent l’Allemagne
et la France.
Les liens se sont multipliés,
sous l’autorité et l’impulsion des hommes qui, en Allemagne et en
France, ont pris le relais : Georges Pompidou et Willy Brandt, Helmut
Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Helmut
Kohl, et vous-même, Monsieur le Chancelier, avec lequel, depuis près de
cinq ans, j’ai le privilège de partager cette responsabilité qui est
aussi une ardente obligation.
Doit-on rappeler les avancées
formidables réalisées par l’Europe grâce aux impulsions données par
le moteur franco-allemand ? La liberté de circulation des Européens
dans un espace commun créé par les accords de Schengen. La liberté des
échanges dans un grand marché unique. La naissance de l’Europe de la défense,
avec la brigade franco-allemande puis le Corps européen. Et enfin notre
monnaie, l’euro, projet inouï par son audace, qui donne à l’Europe
une dimension dont elle n’a en réalité pas encore pris pleinement
conscience.
Ces progrès de l’Europe
se sont nourris d’une confiance franco-allemande qui a permis une
meilleure connaissance de l’autre. Sept millions de jeunes ont déjà
pris part à des échanges dans le cadre de l’Office franco-allemand
pour la jeunesse. L’Université franco-allemande a créé un même
espace pour les étudiants. La chaîne de télévision Arte, c’est vrai,
Monsieur le Chancelier, appartient désormais à l’environnement
familier de nos compatriotes. Des liens humains d’une extraordinaire
densité se sont noués à travers tous les jumelages entre nos villes,
nos départements, nos régions mais aussi entre nos écoles et nos
associations.
Notre lien s’appuie sur
une relation économique inégalée, dans les échanges comme dans les
investissements. Nous sommes l’un pour l’autre le premier partenaire.
Ensemble, nos entreprises ont mis en place des pôles industriels et des
coopérations d’envergure mondiale qui hissent l’Europe au premier
rang. Je pense par exemple aux secteurs aéronautique et spatial.
C’est donc tout un
faisceau de références communes qu’Allemands et Français ont
construit au cours des quarante dernières années. La relation
franco-allemande ne ressemble à nulle autre. En même temps, elle nous
oblige pour l’avenir.
Monsieur le Chancelier,
Mesdames et Messieurs, le moment est venu de donner un nouveau souffle au
pacte fondateur entre nos deux pays. Un pacte renouvelé, pour engager
plus avant nos deux peuples et raviver la foi franco-allemande ! Un
pacte pour répondre aux défis que nous lance la recomposition du paysage
et des équilibres européens !
Le mois dernier, à
Copenhague, nous avons ouvert une nouvelle page d’Histoire, celle des
retrouvailles de la famille européenne, que le xxe siècle
avait déchirée. L’an prochain, nous accueillerons ces peuples qui sont
une partie de nous-mêmes. Ils nous apporteront leur goût de la liberté
et l’ardeur de leurs espérances.
A Copenhague, nous
revenions au rêve des pères fondateurs et puisions aux sources mêmes de
notre projet européen, un projet destiné à enraciner la paix, la démocratie
et la stabilité sur l’ensemble de notre continent.
Cette Europe retrouvée,
plus riche de sa diversité mais aussi plus hétérogène, aura besoin
plus que jamais du moteur franco-allemand. Ce vaste ensemble de 450 millions
d’habitants sera confronté à des risques et à des défis pour sa cohésion
et pour son équilibre. Il devra se trouver un centre de gravité. Plus
que jamais, nos deux pays doivent être, dans l’Union, bien davantage
que deux simples partenaires. La voix du couple franco-allemand doit s’élever
pour proposer et innover, pour ouvrir un chemin à cette nouvelle Europe.
Notre vision européenne
nous a permis de transcender nos différences. Nous avons su reconnaître,
respecter, surmonter les dissemblances dues à nos traditions, à nos héritages
culturels et historiques, à nos intérêts concurrents. Notre souci
d’harmoniser sans cesse nos approches a constitué une force d’entraînement
sans pareille pour l’Europe tout entière. L’expérience prouve que,
lorsque Berlin et Paris se mettent d’accord, l’Europe peut avancer ;
s’il y a divergence, l’Europe marque le pas. (Applaudissements.)
N’y a-t-il pas meilleur
exemple que l’accord franco-allemand obtenu à Bruxelles qui a permis de
conclure les négociations d’adhésion dans le calendrier prévu ?
Une dynamique s’est créée et un accord a été dégagé, au bénéfice
des candidats comme de l’Union.
Demain encore, nous
saurons trouver les solutions équilibrées que, dans beaucoup de
domaines, nos deux pays ont vocation à définir et à proposer à leurs
partenaires. Ce rôle moteur, nous entendons naturellement l’exercer au
service du projet européen.
Dès l’été 2000,
Allemands et Français ont pressenti que le temps était venu d’une
Constitution pour l’Europe. C’est de l’Allemagne et de la France que
sont issues les premières idées, les premières propositions. Le mot même
de Constitution faisait alors frémir ou soulevait l’enthousiasme.
Aujourd’hui, toute l’Europe travaille à l’élaboration d’un traité
constitutionnel.
Un texte auquel chaque
citoyen de l’Union pourra se référer. Un texte qui exalte les
principes et les valeurs qui nous unissent et qui fixe son cap au grand
vaisseau de l’Europe. C’est la mission dont s’acquittent avec
passion, mais aussi sagesse et expérience, les membres de la Convention
sur l’avenir de l’Europe que préside M. Valéry Giscard
d’Estaing.
Les questions essentielles
y sont posées. Celle de l’architecture institutionnelle qui doit conférer
davantage de stabilité, de visibilité et d’influence à l’Union.
Celle de l’adhésion et de la mobilisation des citoyens de l’Europe
dans la construction de l’Union. La question des responsabilités
respectives exercées par les nations et les institutions européennes.
Celle de l’extension de l’Union et de ses limites. Celle enfin du rôle
que doit jouer l’Europe sur la scène internationale.
Notre travail commun au
sein de la Convention illustre cette détermination à construire l’Europe
de demain.
Le Chancelier et moi-même
avons ainsi transmis la semaine dernière une proposition sur
l’architecture institutionnelle de l’Union. Là encore la
confrontation des idées a permis de faire émerger une proposition
susceptible, nous l’espérons, de rallier un large consensus. Chacun a
fait un pas important en direction de l’autre, avec le souci partagé de
préserver l’équilibre originel des institutions européennes tout en
renforçant la légitimité politique de chacune d’entre elles.
Cette contribution commune
confère davantage de visibilité au Conseil européen grâce à la
continuité et la stabilité de sa présidence ; elle conforte parallèlement
l’autorité de la Commission, qui doit incarner l’intérêt général
européen, grâce à l’élection de son président par le Parlement
européen.
L’Europe doit continuer
à se construire selon un modèle institutionnel singulier, celui d’une
union des peuples et d’une union des Etats, équilibre parfaitement
illustré par le concept de fédération d’Etats-nations. La question
aujourd’hui n’est plus de choisir entre une approche communautaire et
une démarche intergouvernementale, entre plus ou moins de fédéralisme,
entre plus ou moins de souveraineté. La vraie question est de savoir
comment donner concrètement à l’Europe la capacité et les moyens
d’agir et d’être davantage au service des citoyens à travers des
institutions plus légitimes, plus efficaces et plus incarnées. (Applaudissements.)
Dans cet hémicycle, je
veux souligner le rôle qui revient à la représentation nationale. Elle
doit, plus que jamais, être partie prenante de la construction européenne
et toujours plus étroitement associée au processus d’élaboration et
de contrôle des décisions européennes. Il est indispensable que les
grands acteurs de la vie politique nationale s’impliquent régulièrement
dans le débat sur l’Europe et qu’ils se rencontrent, avec les députés
européens, au sein d’un Congrès afin, par exemple, de débattre une
fois par an de l’état et de l’avenir de l’Union. C’est le
meilleur moyen de le faire comprendre à l’ensemble de nos citoyens et
d’être ainsi un relais essentiel entre la vie de chaque jour et les
ambitions pour l’avenir. (Applaudissements.)
Il est urgent que l’Europe
s’impose comme un acteur international. Elle est aujourd’hui un
exemple pour tous ceux qui refusent la fatalité de la guerre. Son rêve
n’est pas une vaine gloire, dont elle a épuisé les illusions, mais de
mettre sa puissance au service de la paix. (Applaudissements.) Elle
incarne une ambition pour l’humanité. Une Europe capable d’agir, y
compris dans le domaine militaire, est nécessaire à l’équilibre du
monde.
Fortes de cette
conviction, l’Allemagne et la France ont proposé à la Convention la création
d’une Union européenne de sécurité et de défense qui, face aux
risques et aux menaces de toute nature, inscrirait la sécurité commune
et la solidarité dans le traité constitutionnel. Cette Union
contribuerait également au renforcement du pilier européen de l’Alliance,
illustrant ainsi la complémentarité et la compatibilité de nos
engagements dans l’Union européenne et dans l’Alliance atlantique.
Nos pays ont également
proposé d’étendre au domaine militaire la possibilité de nouer des
coopérations renforcées, de rapprocher encore leur vision de la sécurité
en procédant à une analyse commune de la menace, de mettre en œuvre
enfin une véritable politique d’armement. Ensemble, nous pouvons coopérer
encore davantage avec nos partenaires européens, prêts à aller de
l’avant, pour mettre à disposition de l’Union européenne les moyens
dont elle a besoin.
Le monde est confronté à
des situations de crise, hélas ! sur l’ensemble des continents. Je
pense bien sûr à l’Irak. C’est là un défi majeur. La guerre
n’est pas inévitable. (Applaudissements.) Le seul cadre d’une
solution légitime est celui des Nations unies. (Applaudissements.) La
France et l’Allemagne, en présidence successive du Conseil de sécurité,
mènent une concertation étroite et exemplaire pour donner toutes ses
chances à la paix. (Applaudissements.)
Je pense aussi à l’Afghanistan
où nos forces sont engagées côte à côte pour contribuer à la
stabilité et à la sécurité de ce pays et permettre ainsi sa
reconstruction.
Notre expérience dans les
Balkans occidentaux a montré qu’il est possible de définir une
politique européenne crédible. L’Union est aujourd’hui en mesure de
reprendre la mission de l’Alliance en Macédoine. Elle se prépare également
à assurer la direction de la force internationale déployée en Bosnie.
Allemands et Français, avec bien sûr d’autres partenaires - je
pense naturellement aux Britanniques - doivent ensemble apporter de
manière efficace leur contribution à la stabilité dans cette région du
monde. Plus généralement, nos deux pays devront veiller à ce que le
sommet de Thessalonique marque une nouvelle étape dans le rapprochement
de ces pays avec l’Union européenne.
Enfin, cette nouvelle
Europe doit établir avec ses nouveaux voisins de l’Est comme avec ceux
du pourtour méditerranéen, et notamment du Maghreb, des relations de
partenariat privilégié, prévoyant leur participation accrue à nos
politiques et un véritable partage de nos coopérations. (Applaudissements.)
L’Europe doit représenter
pour ses citoyens une force de progrès. Dans le grand mouvement de la
mondialisation qu’évoquait tout à l’heure le Chancelier, elle les
protège et pèse de toute son influence pour que des règles encadrent la
libéralisation des échanges. C’est au nom d’une responsabilité éthique
que l’Allemagne et la France font campagne pour l’interdiction
universelle du clonage humain. (Applaudissements.) C’est pour les
générations futures que nous militons en faveur d’une organisation
mondiale de l’environnement.
Nous devons promouvoir
ensemble un modèle économique et social proprement européen, fondé sur
l’équilibre entre, d’un côté, l’initiative et la responsabilité
individuelles, de l’autre, la protection sociale et la nécessaire
solidarité nationale.
Enfin, l’Europe doit être
un véritable espace de liberté, de sécurité et de justice pour tous
les citoyens. Face au terrorisme, à la criminalité organisée et à tous
les trafics, renforçons notre coopération policière et judiciaire et
dotons l’Europe des moyens d’action nécessaires pour relever ces défis.
Un champ immense et neuf
s’ouvre à l’Union européenne. L’Allemagne et la France doivent le
défricher ensemble. Elles devront, chaque fois que possible, mobiliser
tous leurs partenaires de l’Union et, s’il le faut, entraîner ceux
qui ont la volonté d’agir dans des coopérations permettant d’aller
plus vite et plus loin. Nos deux pays qui, par principe, participent déjà
à toutes ces avant-gardes, constitueront naturellement le cœur du
« groupe pionnier » que j’appelais déjà de mes vœux,
voici trois ans devant le Bundestag.
Aujourd’hui, le
Chancelier et moi-même invitons nos deux peuples à proclamer leur volonté
de poursuivre la main dans la main l’aventure européenne. La déclaration
commune, que nous avons adoptée ce matin, et que nous vous présentons à
l’occasion de ce 40e anniversaire, témoigne de notre vision
partagée de l’avenir de l’Europe et de nos convictions pour une Union
plus forte, plus démocratique et plus solidaire.
Et naturellement cette déclaration
exprime notre détermination à retrouver l’ardeur qui a présidé à la
réconciliation et à notre rapprochement. Désormais perçue comme allant
de soi, notre relation est pourtant un défi de chaque jour.
Relançons le dialogue de
notre jeunesse, encourageons les échanges entre nos universités,
l’accueil des jeunes dans nos entreprises et dans nos centres de
recherche. Aiguisons l’intérêt de nos familles, de nos enfants pour la
société, la langue et la culture de l’autre. Favorisons la mobilité
professionnelle de nos compatriotes.
Symboliquement pour donner
toute sa force et son éclat à cette journée, nous avons déclaré pour
l’avenir ce 22 janvier « Journée franco-allemande ». (Applaudissements.)
Il faut en effet savoir se souvenir pour savoir construire. Cette
journée doit être consacrée, dans toutes les institutions de nos systèmes
éducatifs, à la promotion de la civilisation, de la société et de la
langue du pays partenaire. Notre relation est d’abord une relation entre
les hommes. Laissons jouer la part du cœur !
Sachons accomplir les
gestes politiques à la mesure de ce que nous sommes l’un pour
l’autre.
Ce matin, nous avons tenu
un Conseil des ministres commun. Ministres allemands et français ont présenté
ensemble l’état de la coopération dans leurs domaines respectifs et
leurs projets pour l’avenir. Nous leur avons donné une « feuille
de route » fixant les objectifs à atteindre. Nous avons également
prévu que, dans chaque pays, un secrétaire général pour la coopération
franco-allemande puisse, à l’avenir, donner les impulsions nécessaires
à l’épanouissement de nos relations.
Notre rassemblement revêt
une importance toute particulière. Par votre présence, vous marquez la
participation indispensable du législateur dans notre relation car
c’est sa responsabilité que de forger un véritable espace de
citoyenneté franco-allemand. Grâce à vous, et par l’action étroitement
coordonnée que vous avez décidé de poursuivre, nos deux pays vont se
sentir encore plus proches, dans leur vie quotidienne, dans la profondeur
de nos sociétés que les lois façonnent et accompagnent. A travers
nos lois, faisons de l’Allemagne et de la France une vraie communauté
de droit, protectrice et fraternelle ! (Applaudissements.)
Monsieur le Chancelier,
Monsieur le Premier ministre, Messieurs les présidents, Mesdames,
Messieurs, les destins de l’Allemagne, de la France et de l’Europe se
mêlent et s’entrecroisent. Ensemble, Allemands et Français doivent
poursuivre leur aventure commune. J’ai confiance dans l’avenir de l’Europe
parce que j’ai confiance dans la solidité de la relation
franco-allemande.
Signé il y a tout juste
quarante ans, le Traité de l’Elysée garde toute sa portée et sa
vigueur. Il nous inspire dans notre vision au service de l’Europe.
Je vous remercie. (Mesdames
et Messieurs les députés se lèvent et applaudissent longuement.)
M. Jean-Louis Debré,
président de l’Assemblée nationale. Mes chers collègues,
je vous invite à vous lever pour que nous écoutions les hymnes
nationaux.
(Les hymnes nationaux
allemand et français sont interprétés par une chorale d’enfants.)
M. Jean-Louis
Debré, président de l’Assemblée nationale. Danke schön, Monsieur
le Chancelier. Merci, Monsieur le Président de la République.
La séance est levée.
© Assemblée nationale
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