30ème
anniversaire de la mort
d' André Malraux
novembre 2006
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 © Assemblée nationale
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Édition
d'un abécédaire « André Malraux à l'Assemblée nationale »
A cette occasion a été
édité un ouvrage regroupant, sous forme d’abécédaire, des extraits de discours
d’André Malraux (1901-1976), prononcés à l’Assemblée nationale.
Consulter le texte du livret (au
format PDF)
En vente à La Boutique de l'Assemblée. Prix : 3,50 €
Préface de M. Jean-Louis Debré,
Président de l'Assemblée nationale
« Ainsi vous voilà ministre ! » sourit Nehru quand Malraux vient à Delhi en
visite officielle. Pour le chef du gouvernement indien, cette promotion n’est qu’un avatar, car il sait que son interlocuteur a déjà connu plusieurs vies,
plusieurs incarnations. C’est d’abord le jeune poète né avec le siècle, en 1901,
qui s’illustre par ses Lunes de papier. C’est ensuite le militant de
l’anticolonialisme poursuivi en Indochine, c’est l’aventurier qui tente
d’emporter des sculptures d’Angkor et qui prend des photographies aériennes d’un
problématique « palais de la reine de Saba » au Yémen. C’est l’écrivain puissant
de La Voie royale et de La Condition humaine, flirtant avec le communisme.
C’est aussi l’observateur attentif qui découvre l’hémicycle depuis les tribunes
de la presse, le 9 juin 1936, lorsque Léon Blum présente les projets de loi du Front populaire : « Les députés commencent à s’amener. Ça fait très arrivée de
musiciens : ils entrent par groupes politiques, demeurent agglomérés puisqu’ils
vont siéger ensemble, violons d’un côté et flûtes de l’autre », note le
romancier dans ses carnets. Intellectuel engagé, antifasciste déclaré, André
Malraux ira ensuite se battre aux côtés des républicains espagnols, puis dans
les rangs de la Résistance. Ministre, il l’est dès la Libération, quand le général de Gaulle nomme l’ancien
« colonel Berger » de la brigade Alsace-Lorraine au portefeuille stratégique de l’Information. « La liberté existe pour et par ceux qui l’ont conquise »,
déclare Malraux dans l’hémicycle le 29 décembre 1945. Il s’agit de répartir les
rares stocks de papier entre les journaux, dans un moment critique qui demeure
une période de combat. Mais c’est le même homme qui, vingt et un ans plus tard,
défendra Les Paravents de Jean Genet contre toute velléité de censure : « La
liberté n’a pas toujours les mains propres, mais il faut choisir la liberté. »
Surtout, le Malraux de 1945 a déjà une claire conscience de sa mission : « Si
nous parlons de démocratie pour dire quelque chose, nous savons très bien qu’en
cette matière, démocratie ne veut pas dire autre chose que la volonté d’un
nombre toujours plus grand d’hommes d’accéder à la culture. « Il ne dépend de
personne de faire de tous des hommes cultivés ; mais il dépend de chacun de nous
de donner à chaque Français une sorte de droit privilégié d’atteindre à la
culture s’il le désire. »
Rendu à la vie privée par le départ du Général en janvier 1946, Malraux milite
au RPF et connaît tous les épisodes de la traversée du désert, jusqu’au tournant de juin 1958.
Il devient alors ministre délégué à la Présidence du Conseil, puis ministre des
Affaires culturelles dans le gouvernement de mon père et il conservera ses responsabilités jusqu’en 1969. Une administration taillée sur mesure, un budget
autonome, la durée, le titre de « ministre d’État » : André Malraux peut enfin
passer de la vision à l’action. « Cela veut dire qu’il faut que, par ces maisons
de la culture qui, dans chaque département français, diffuseront ce que nous
essayons de faire à Paris, n’importe quel enfant de seize ans, si pauvre
soit-il, puisse avoir un véritable contact avec son patrimoine national et avec
la gloire de l’esprit de l’humanité », explique-t-il aux députés le 17 novembre
1959, en défendant son premier budget des Affaires culturelles. Ce que Jules
Ferry a fait pour l’enseignement, André Malraux veut le faire pour la culture.
Et en même temps qu’il travaille à répandre à travers tout le pays la
connaissance des oeuvres et des arts, il s’efforce de sauvegarder
l’extraordinaire patrimoine de la France, endommagé par la guerre et menacé par
l’expansion urbaine et industrielle. « Châteaux, cathédrales, musées, sont les
jalons successifs et fraternels de l’immense rêve éveillé que poursuit la France
depuis près de mille ans », lance Malraux le 14 décembre 1961, lorsqu’il
présente son projet de loi de programme relatif à la restauration des grands
monuments historiques. Quand un député déclare que son budget est trop faible,
le ministre répond sans langue de bois : « Bien entendu, à qui le dites-vous !
Mais c’est une raison de plus pour faire des lois qui compensent son
insuffisance. » Malraux est lui aussi une rêveur éveillé : parce qu’il les place
haut, ses objectifs paraissent lointains, mais le ministre qui les poursuit
reste ancré dans la réalité. « On peut toujours dire qu’il existe une terre de
la félicité, réplique-t-il à ses opposants le 8 décembre 1966. Cela n’a d’intérêt que si on peut prendre un bateau pour y aller. Pour l’instant, de même
qu’un gouvernement est d’abord fait pour gouverner, une loi est d’abord faite
pour aider quelqu’un à faire quelque chose. » Une sage parole, au service d’un
grand dessein : « Puissions-nous faire que tous les enfants de France
comprennent un jour que ces pierres toujours vivantes leur appartiennent à la
condition de les aimer ! Puissions-nous ensevelir un jour, à côté de la statue
de Mansart ou de celle de Louis XIV, l’un des maçons inconnus qui construisirent
Versailles et graver sur sa tombe : Versailles, bâti pour le roi, conquis par le
peuple, sauvé par la nation. »
En rendant les locaux et appartements détenus à Versailles par le Parlement, je
crois avoir, modestement, suivi le chemin tracé par Malraux. En publiant ces extraits de ses discours parlementaires, je veux remplir à mon tour ce devoir de
transmission qui incombe à chaque génération. Le ministre Malraux venait à l’Assemblée armé de fiches techniques qu’il se hâtait de délaisser, pour révéler
aux députés la véritable portée de son action. Ses messages, ici rassemblés sous
la forme d’un abécédaire, n’ont rien perdu de leur force, de leur pertinence ni
d’ailleurs de leur verve.
« Il y a un héritage de la noblesse du monde et il y a notamment un héritage de
la nôtre », disait Malraux. Soyons à notre tour de dignes héritiers de son œuvre et
de son exemple.
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Allocution de M. Jean-Louis Debré
à l'occasion du « Mardi de Lassay » consacré à André Malraux (14
novembre 2006)
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Édition d'un enregistrement inédit de Malraux retrouvé
à l'Assemblée nationale
Communiqué de presse du 15 novembre 2006
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Dossier thématique en ligne « André Malraux »
Ce dossier permet de
consulter les principales interventions d'André Malraux au Parlement sous la
Ve République, et notamment toutes celles qui ont eu trait à la
fonction de
ministre d'État chargé des affaires culturelles, qu'il a exercée, sous l'autorité du
général de Gaulle, sans interruption de 1959 à 1969.
© Assemblée nationale
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Voir aussi :
Journée Malraux (23 novembre 2006), site du Ministère de la culture
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Communiqué de presse du 15 novembre 2006 : Édition d'un enregistrement inédit de Malraux retrouvé à l'Assemblée
nationale
André Malraux, disparu il y aura bientôt trente ans le
23 novembre 1976, avait été auditionné six mois avant sa mort par les députés
membres de la « commission des libertés », une commission spéciale chargée
d'élaborer une charte moderne des droits et libertés.
Un enregistrement inédit de cette audition a été retrouvé :
ce document exceptionnel, conservé depuis trente ans dans les archives sonores
de l'Assemblée nationale, constitue en quelque sorte le testament politique et
moral d'André Malraux.
A l'initiative de l'Assemblée nationale, cet enregistrement
est édité en CD par les Editions Frémeaux et Associés, avec un livret explicatif
préfacé par Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale.
Par ailleurs, un dossier thématique sur « André Malraux et le
Parlement » a été mis en ligne sur le site Internet de l'Assemblée nationale.
http://www.assemblee-nationale.fr/12/evenements/malraux_commemoration/malraux-evenement.asp
Contacts presse :
Assemblée nationale : 01 40 63 85 38
Frémeaux et Associés : 01 43 74 90 24
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