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N
° 2857

______

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

TREIZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 14 octobre 2010

RAPPORT

FAIT

AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L’ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU CONTRÔLE BUDGÉTAIRE SUR LE PROJET DE loi de finances pour 2011 (n° 2824),

PAR M. GILLES CARREZ,

Rapporteur Général,

Député.

——

ANNEXE N° 5

AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

ENGAGEMENT EN FAVEUR DE LA FORÊT DANS LE CADRE
DE LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

PRÊTS À DES ÉTATS ÉTRANGERS

Rapporteur spécial : M. Henri EMMANUELLI

Député

____

INTRODUCTION 9

PREMIÈRE PARTIE : L’EFFORT GLOBAL D’APD 11

I.– LE DÉCLIN DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT DE LA FRANCE 11

A.– LA PROGRAMMATION PLURIANNUELLE REND INACCESSIBLE L’OBJECTIF DE 0,7 % DE DÉPENSES D’APD EN 2015 11

1.– L’exécution 2010 : un taux d’effort soutenu par les prêts de l’AFD 11

2.- Une baisse de l’effort d’APD programmée jusqu’en 2013 12

B.– LA CONSTRUCTION ARTIFICIELLE DES DÉPENSES D’APD 13

1.– La prise en compte des dépenses du budget de l’État 14

a) Malgré un progrès dans la prise en compte des dépenses d’écolage, celles-ci ne traduisent toujours pas des dépenses réelles d’APD 16

b) Les dépenses d’accueil des réfugiés 17

c) La prise en compte des financements pour la lutte contre le changement climatique est contestable 18

2.– Les prêts représentent une part croissante de l’APD 18

3.– Les annulations de dette permettent de gonfler les dépenses annoncées jusqu’en 2012 19

C.– LA RECHERCHE DE FINANCEMENTS INNOVANTS POUR COMPENSER LE DÉSENGAGEMENT 21

1.- L’intégration de la contribution de solidarité sur les billets d’avion dans les dépenses déclarées au CAD 21

2.- La perspective d’une taxe sur les transactions internationales semble encore lointaine 22

II.– UN RECENTRAGE DE L’AIDE SUR LES PAYS LES PLUS PAUVRES, EN PARTICULIER EN AFRIQUE, EST SOUHAITABLE 23

A.– UNE RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE PRÉOCCUPANTE 23

B.– UNE RÉPARTITION SECTORIELLE PEU TRANSPARENTE 25

III.- L’ORGANISATION DE L’ACTION PUBLIQUE NE PERMET PAS DE METTRE EN œUVRE UNE POLITIQUE D’AIDE AU DÉVELOPPEMENT AMBITIEUSE 27

A.– L’ABSENCE DE MINISTRE DE LA COOPÉRATION ET DE DIRECTION DE LA COOPÉRATION 27

B.– LA COMPLEXITÉ DE L’ORGANISATION DE L’APD NUIT À LA CLARTÉ DE SA STRATÉGIE 28

DEUXIÈME PARTIE : LES CRÉDITS DE LA MISSION AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT 33

I.– LE PROGRAMME 110 AIDE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE AU DÉVELOPPEMENT 34

A.– L’AIDE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE MULTILATÉRALE 34

1.– Les contributions de la France à la Banque mondiale et au FMI 34

a) La constitution à l’AID 34

b) Les contributions aux facilités du FMI 35

2.– Les contributions aux banques régionales 36

3.– Les contributions aux fonds sectoriels 36

B.– L’AIDE BILATÉRALE : LES PRÊTS BONIFIÉS ET L’AIDE GLOBALE 38

1.– Les interventions relevant de l’AFD 38

a) Le maintien de crédits en faveur de l’Outre mer vient gonfler le montant de l’APD 38

b) Les prêts bonifiés vers le reste du monde 39

c) Le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) 40

d) L’aide budgétaire globale (ABG) 40

2.– Les contributions à la coopération technique et l’ingénierie 42

3.– La gestion des opérations de prêts de la RPE 42

C.– LE TRAITEMENT DE LA DETTE DES PAYS PAUVRES 43

1.– La compensation des annulations de dettes bilatérales 43

2.– La compensation des annulations de dettes multilatérales 43

II.– LE PROGRAMME 209 SOLIDARITÉ À L’ÉGARD DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT 44

A.– L’AIDE BILATÉRALE 45

1.– Les dépenses de fonctionnement 45

2.– Un effort en faveur de l’aide-projet, insuffisant pour combler les retards accumulés 46

a) le Fonds de solidarité prioritaire (FSP) 46

b) L’aide-projet de l’AFD 47

c) L’aide-projet déléguée aux organisations non gouvernementales 49

d) L’enveloppe « AFPAK » 50

3.– L’aide alimentaire et humanitaire 50

a) L’aide alimentaire 50

b) Le fonds d’urgence humanitaire 51

c) L’enveloppe consacrée à Haïti 51

4.– Les bourses et échanges d’expertise 52

5.– Les contrats de désendettement et de développement (C2D) 52

B.– LES CONTRIBUTIONS MULTILATÉRALES 53

1.– L’érosion des contributions volontaires aux organisations internationales 53

2.– L’effort annoncé en faveur du fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme n’est pas budgété 54

3.– La francophonie 54

4.– L’initiative « Fast Track » ou « éducation pour tous » 54

5.– Le soutien à l’expertise française auprès des organisations internationales 54

C.– LA CONTRIBUTION AU FONDS EUROPÉEN DE DÉVELOPPEMENT 55

III.– LE PROGRAMME 301 DÉVELOPPEMENT SOLIDAIRE ET MIGRATIONS 56

1.– Les aides multilatérales de développement solidaire 56

2.– Les aides à la réinstallation des migrants dans leur pays d’origine 57

3.– Les accords de gestion concertée des flux migratoires et autres actions bilatérales 58

COMPTE RENDU DE LA COMMISSION ÉLARGIE DU 26 OCTOBRE À 17 HEURES 59

EXAMEN EN COMMISSION 71

ANNEXE 1 : LISTE DES AUDITIONS RÉALISÉES PAR LE RAPPORTEUR SPÉCIAL 73

ANNEXE 2 : RAPPORT D’ENQUÊTE DE LA COUR DES COMPTES : LA PLACE ET LE RÔLE DE L’AFD DANS L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT 75

L’article 49 de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF) fixe au 10 octobre la date limite pour le retour des réponses aux questionnaires budgétaires.

À cette date, 71 % des réponses étaient parvenues au Rapporteur spécial ; certaines questions cruciales sont restées sans réponse. La faiblesse de cette proportion, conjuguée à la mise en distribution anormalement tardive du document de politique transversale relatif à la politique française en faveur du développement, a compliqué la tâche du Rapporteur spécial.

Celui-ci s’étonne, de plus, que le Gouvernement ait été représenté en commission élargie par la secrétaire d’État chargée du commerce extérieur, sans qu’aucun des trois ministres compétents ne vienne s’expliquer devant la représentation nationale.

SYNTHÈSE

– Effort total d’aide publique au développement (APD)

Grâce aux annulations de dette et à la politique de développement effréné des prêts de l’Agence française de développement (AFD), et moyennant les artifices comptables régulièrement dénoncés par le Rapporteur spécial, la France devrait atteindre un montant d’APD équivalent à 0,50 % de son revenu national brut en 2010.

Toutefois, le taux d’effort devrait retomber à 0,47 % en 2011. Les perspectives budgétaires pluriannuelles ainsi que l’arrivée à son terme du cycle d’annulations de dettes des pays pauvres très endettés (PPTE) rendent l’atteinte de l’objectif de 0,7 % en 2015 quasiment impossible.

– Orientation de l’aide

La complexité de l’organisation de la politique de coopération au développement nuit à la clarté de sa stratégie.

La tendance consistant à augmenter le volume des prêts à un moindre coût budgétaire, tout en négligeant les dons, conduit à orienter l’APD vers les pays les plus solvables, pays à revenus intermédiaires et pays émergents, au détriment des pays les plus pauvres. Elle oriente également de fait l’aide vers les secteurs rentables, au détriment des autres (santé, éducation, agriculture vivrière).

– Mission Aide publique au développement

Sur la période 2011-2013, les crédits de paiement de la mission devraient rester stables. La forte augmentation des autorisations d’engagement prévue pour 2011 est non renouvelable et se justifie par le début d’un nouveau cycle triennal de reconstitution des fonds concessionnels de la Banque mondiale et des banques régionales de développement.

INTRODUCTION

Le budget de l’aide publique au développement (APD) est examiné cette année par l’Assemblée nationale dans de très mauvaises conditions. Le document de politique transversale (DPT) n’était pas encore disponible lors de la commission élargie du 2 novembre. La date de cette réunion a pourtant été prévue courant septembre en plein accord avec le Gouvernement. En outre, la qualité des documents budgétaires – projet annuel et performances et DPT – s’est dégradée, certaines informations qui y figuraient les années précédentes n’étant pas fournies cette année, notamment concernant les subventions à l’aide-projet. Le Rapporteur spécial regrette profondément cette mauvaise information du Parlement, aggravée cette année encore par la date tardive de présentation du projet de loi de finances.

Grâce aux annulations de dette et à la politique de développement effréné des prêts de l’AFD, et moyennant les artifices comptables régulièrement dénoncés par le Rapporteur spécial, la France devrait atteindre un montant d’APD équivalent à 0,50 % de son revenu national brut en 2010. Toutefois, les perspectives budgétaires pluriannuelles ainsi que l’arrivée à son terme du cycle d’annulations de dettes des pays pauvres très endettés (PPTE) rendent l’atteinte de l’objectif de 0,7 % en 2015 quasiment impossible.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 925 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. La crise alimentaire qui a durement touché le Sahel en 2010 illustre la fragilité des acquis et l’ampleur des besoins financiers nécessaires pour respecter l’engagement pris par la communauté internationale en 2000 de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d’ici à 2015.

La stratégie consistant à augmenter le volume des prêts aux pays en développement à un moindre coût budgétaire pour la France, tout en négligeant les dons, conduit à orienter l’APD vers les pays les plus solvables, pays à revenus intermédiaires et pays émergents, au détriment des pays les plus pauvres.

Ainsi, la volonté affichée d’affecter en priorité l’aide aux pays les plus pauvres, en particulier à l’Afrique sub-saharienne, est en réalité illusoire. Les montants annoncés sont alimentés par les prêts qui bénéficient aux pays les plus solvables et aux secteurs rentables. Les pays les moins avancés et les secteurs non rentables (santé, éducation, agriculture vivrière) sont laissés de côté.

Le présent rapport spécial présente en annexe un rapport de la Cour des comptes sur « La place et le rôle de l’AFD dans l’APD » que la commission des Finances a reçu le 2 novembre 2010, en réponse à la demande d’enquête qu’elle lui avait faite en application de l’article 58-2° de la LOLF.

PREMIÈRE PARTIE : L’EFFORT GLOBAL D’APD

Adopté par les Nations Unies pour la première fois en 1970, l’objectif de consacrer 0,7 % du revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD) a été rappelé à maintes reprises. À la fin de l’année 2008, le Président de la République l’a confirmé à Doha lors de la conférence des Nations Unies sur le financement du développement, soulignant que « l’Europe serait au rendez-vous des 0,7% en 2015, choix politique majeur et unanime ». Lors du Conseil des ministres du développement et du Conseil européen des 14 et 17 juin 2010, une position européenne commune a réaffirmé la résolution de l’Union européenne à atteindre ce ratio de 0,7 % en 2015.

Pourtant, les faits montrent que cet objectif est désormais hors d’atteinte, le Gouvernement n’ayant pas placé le budget sur une trajectoire conduisant à ce niveau de dépenses en 2015.

I.– LE DÉCLIN DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT DE LA FRANCE

A.– LA PROGRAMMATION PLURIANNUELLE REND INACCESSIBLE L’OBJECTIF DE 0,7 % DE DÉPENSES D’APD EN 2015

1.– L’exécution 2010 : un taux d’effort soutenu par les prêts de l’AFD

En 2010, les dépenses d’APD affichées sont plus élevées que prévu. Le taux d’effort de 0,50 % du RNB dépasse largement le haut de la fourchette annoncée (0,44 % - 0,47 %) (1), bien que le montant des annulations de dettes corresponde à l’hypothèse basse (2).

Cet écart par rapport aux prévisions est entièrement lié au montant des prêts de l’AFD. Le Rapporteur spécial constate que celui-ci dépasse largement la programmation : 1 833 millions d’euros devraient avoir été prêtés en 2010, contre 1 048 millions prévus initialement. Le même scénario s’était déjà produit en 2009 : 1,3 milliard d’euros de prêts avaient été comptabilisés, au lieu de 0,9 milliard d’euros annoncés.

RÉVISION DE L’ESTIMATION DES DÉPENSES D’APD DE L’ÉTAT EN 2010

(en millions d’euros)

 

Estimation 2010 dans le PLF pour 2010

Estimation 2010 révisée dans
le PLF pour 2011

Dépenses du budget général

6 206

7 124

  – dont mission APD (hors prêts AFD)

3 190

3 209

  – dont prêts AFD (hors impact des refinancements) (1)

1 048

1 833

Opérations de prêts (hors prêts AFD) (2)

- 126

- 136

Prélèvements sur recettes (quote-part de l’APD financée sur le budget communautaire)

1 062

1 090

Annulations de dettes et refinancements nets (3)

1 290 / 1 990

1 267

Autres (agences eau, ressources propres AFD)

186

Taxe de solidarité sur les billets d’avion

159

160

Total (4)

8 590 / 9 290

9 691

APD en % du RNB

0,44 %– 0,47 %

0,50 %

(1) y compris prêts d’ajustement structurel.

(2) y compris remboursements prêts bancaires monoblocs.

(3) effets nets des refinancements sur le programme 852 et sur les autres programmes (851 et 853).

(4) hors dépenses des collectivités territoriales.

Source : MINEFE – DGTPE

2.- Une baisse de l’effort d’APD programmée jusqu’en 2013

L’objectif de 0,7 % de dépenses d’APD en 2015 est désormais inatteignable. Le tableau ci-après montre que l’effort en pourcentage du RNB risque de diminuer jusqu’en 2012. En 2013, le taux d’effort dépendra du montant des annulations de dettes. Que le montant atteint en 2013 corresponde finalement à l’hypothèse haute ou à l’hypothèse basse, il sera de toute façon extrêmement difficile, voire impossible d’atteindre les 0,7 % du RNB dans les deux ans qui suivront, l’écart à combler étant d’autant plus grand que le cycle d’annulations de dettes touchera à sa fin.

Le Rapporteur spécial a retranché les dépenses des collectivités territoriales, comptabilisées à tort par le Gouvernement dans l’effort d’APD de l’État.

ESTIMATION DES DÉPENSES D’APD DE L’ÉTAT DE 2010 À 2013

(en millions d’euros)

 

Estimation 2010

Estimation 2011

Estimation 2012

Estimation 2013

Dépenses du budget général

7 124

7 114

7 404

7 505

    – dont mission APD (hors prêts AFD)

3 209

3 035

3 004

3 015

    – dont prêts AFD (hors impact des refinancements) (1)

1 833

2 047

2 374

2 543

Opérations de prêts (hors prêts AFD) (2)

-136

-57

-30

12

Prélèvements sur recettes au profit du budget communautaire

1 090

1 070

1 070

1 070

Annulations de dettes et refinancements nets (3)

1 267

1 001

1 172

113 – 1 913

Autres (agences eau, ressources propres AFD)

186

189

190

190

Taxe de solidarité sur les billets d’avion

160

163

163

163

Total (4)

9 691

9 480

9 969

9 053 – 10 853

APD en % du RNB

0,50 %

0,47 %

   

(1) y compris prêts d’ajustement structurel et prêts au FMI.

(2) y compris remboursements de prêts bancaires monoblocs.

(3) effets nets des refinancements sur programme 852 et sur les autres programmes (851 et 853).

(4) hors dépenses des collectivités territoriales.

NB : Les montants prévisionnels des annulations de dettes et des refinancements pour 2010 et 2011 présentent une forte incertitude, car ils sont soumis au calendrier multilatéral des traitements de dette en Club de Paris et conditionnés par la conclusion d’accords entre les pays concernés et le FMI.

Source : DGTPE.

B.– LA CONSTRUCTION ARTIFICIELLE DES DÉPENSES D’APD

Les règles de calcul de l’APD déclarée à l’OCDE sont élaborées par son Comité d’aide au développement (CAD). L’APD inclut tous les apports de ressources à destination des pays de la partie I de la liste du CAD, ou à des institutions multilatérales qui les acheminent vers des pays de la partie I. Sont concernés les 77 pays les plus pauvres de la planète (dont les 55 pays de la Zone de solidarité prioritaire – ZSP), mais aussi les principaux pays émergents d’Asie et d’Amérique latine. Au total, 152 pays figurent dans la partie I de la liste du CAD. L’aide doit émaner d’organismes publics ou d’organismes agissant pour le compte d’organismes publics. Chaque opération doit avoir pour but essentiel de favoriser le développement économique et l’amélioration du niveau de vie des pays bénéficiaires de l’aide. Pour être comptabilisés dans l’APD, les prêts doivent être concessionnels et avoir été accordés dans le but de promouvoir le développement.

Les dépenses d’aide publique au développement déclarées au CAD de l’OCDE couvrent un champ beaucoup plus large que la seule mission Aide publique au développement. À cette mission s’ajoutent les engagements de l’AFD, les prêts de la réserve pays émergents (RPE), les prêts de refinancement des contrats de désendettement et de développement, certaines annulations de dettes, mais également la comptabilisation a posteriori de dépenses d’autres missions du budget général, comme les dépenses d’accueil des réfugiés, les dépenses d’accueil des étudiants étrangers ou encore le budget de certains organismes de recherche.

La construction des dépenses d’APD tient partiellement compte des recommandations du comité d’aide au développement (CAD). Dans le dernier examen de l’aide française par les pairs du CAD, effectué au printemps 2008, on peut lire la critique suivante : « La France inscrit dans son APD un certain nombre de dépenses qui ne se traduisent pas par des flux d’aide vers les pays en développement et qui, représentant des montants importants, peuvent pour une part être questionnées au regard de leur éligibilité à l’APD » (3).

À la suite de ce rapport, le Gouvernement a changé la méthode de calcul de certaines dépenses, mais de façon à ce que cela ne change pas le montant déclaré in fine. Ainsi, la prise en compte des dépenses d’écolage et d’accueil des réfugiés est plus restrictive, mais l’intégration de la contribution de solidarité sur les billets d’avion dans le montant déclaré permet de compenser intégralement cette perte.

1.– La prise en compte des dépenses du budget de l’État

Le tableau suivant détaille le montant des dépenses du budget général, de l’AFD et des comptes d’affectation spéciale comptabilisées en APD par missions et programmes.

On notera que les dépenses relatives à l’outre-mer diminuent considérablement en 2011 : cela est dû au fait que Mayotte deviendra un département en 2011. En effet, seuls les dépenses relatives aux autres collectivités d’outre-mer sont prises en compte.

DÉPENSES DU BUDGET DE L’ETAT ET DE L’AFD COMPTABILISABLES EN APD

(en millions d’euros)

Intitulé de la mission ou du programme

2010

2011

CP LFI

Estimation

APD (1)

APD / LFI
(en %)

PLF

Estimation APD (2)

APD / PLF
(en %)

Aide publique au développement

           

110 – aide économique et financière
au développement

1 187

2 691

227

1 171

2 921

249

209 – Solidarité à l’égard des pays
en développement (2)

2 120

2 318

109

2 135

2 133

100

301 – Développement solidaire et migrations

35

33

94

30

28

93

Action extérieure de l’État

           

105 – Action de la France en Europe
et dans le monde

1 702

137

8

1 814

146

8

185 – Rayonnement culturel et scientifique (2)

770

105

14

758

279

37

Immigration, asile et intégration

           

303 – Immigration et asile

478

272

57

489

238

49

Défense et sécurité

           

152 – gendarmerie nationale

7 634

46

6

7 731

47

6

144 – environnement et prospective de la politique de défense
et 178 – Préparation des forces armées

23 321

27

0,1

23 713

30

0,1

Outre-mer

           

Divers

/

417

/

/

85

/

Recherche et enseignement supérieur

           

150 – Formations supérieures et
recherche universitaire

12 145

625

5

12 270

625

5

231 – Vie étudiante

2 014

40

2

2 084

40

2

172 – Recherche scientifique et technologiques pluridisciplinaires

5 169

9

0,2

5 132

9

0,2

187 – Recherche dans le domaine de la gestion des milieux et des ressources

1 239

332

27

1 245

331

27

Autres dépenses du budget général dont :

           

117 – charge de la dette et trésorerie de l’État

42 450

63

0,1

45 382

62

0,1

Divers-autres, agriculture, santé, travail, sport, vie associative

/

9

/

/

9

/

Total budget général

 

7 124

   

6 983

 

Autres dépenses du budget (3)

           

Participation financière de l’État

           

731 – opérations en capital intéressant les participations de l’Etat

1 000

0

0

1 000

56

5,6

Engagements en faveur de la forêt dans le cadre de la lutte contre le changement climatique

           

781-Projets de lutte contre la déforestation

dans le cadre du financement précoce

/

   

30

30

100

782-Actions des fonds environnementaux

contre la déforestation dans le cadre du

financement précoce (4)

/

 

/

75

45

/

Total autres dépenses

/

/

 

/

131

 

Total des dépenses budgétaires comptabilisées en APD

 

7 124

   

7 114

 

(1) Cette colonne est construite pour la mission Aide publique au développement à partir des prévisions de consommation 2010 (LFI + reports de crédits 2009 - annulations de crédits) auxquelles s’ajoutent les financements directs de l’AFD dans les secteurs de développement qui relèvent de sa responsabilité. Pour les autres missions sont repris les crédits votés en LFI et comptabilisables en APD.

(2) En 2011, les crédits relatifs à la politique de coopération culturelle du programme 209 sont en majeure partie transférés au programme 185. Le montant LFI a été retraité au format de la maquette budgétaire 2011.

(3) Par simplification, la contribution à l’effort d’APD du CS 853 (prêts à l’AFD à conditions spéciales) est agrégée à l’effort d’APD porté par le programme 110. S’agissant des CS 852 et 853, leur contribution à l’effort d’APD ne figure pas dans ce tableau.

(4) Le rythme de décaissements du programme 782 laisse augurer d’une contribution à l’effort d’APD inférieure à la dotation budgétaire.

Source : document de politique transversale, projet de loi de finances pour 2011.

a) Malgré un progrès dans la prise en compte des dépenses d’écolage, celles-ci ne traduisent toujours pas des dépenses réelles d’APD

Les dépenses d’écolage représentent la comptabilisation ex post du coût de l’enseignement offert aux étudiants provenant des pays en développement dans l’enseignement supérieur français.

Les directives du CAD précisent que seul peut être comptabilisé le coût imputé aux étudiants issus de pays en développement venus poursuivre leurs études en France dans des domaines liés au développement puis retournant dans leur pays, à la condition que « la présence des étudiants reflète la mise en œuvre par le pays d’accueil d’une politique délibérée de coopération pour le développement ».

En 2008, le CAD de l’OCDE recommandait à la France d’identifier précisément les bénéficiaires de bourses d’enseignement pour ne retenir dans la comptabilisation en APD que ceux qui répondent effectivement aux critères d’éligibilité. Il s’agissait en particulier de définir les disciplines et les niveaux d’enseignement qui sont en adéquation avec les besoins de leur pays d’origine et de s’assurer que les étudiants étrangers retournent dans leur pays d’origine pour faire bénéficier celui-ci de l’acquis de son enseignement.

Ces critères ne sont toujours pas respectés par la France, qui a néanmoins fait un effort de sincérité en réduisant le nombre d’étudiants pris en compte : il a été ainsi convenu, à partir des statistiques d’effectifs d’étudiants étrangers, de ne retenir que les étudiants ayant obtenu un diplôme équivalent au baccalauréat dans un pays étranger (en effet, auparavant, l’ensemble des étudiants étrangers des pays en développement était pris en compte, même ceux qui étaient auparavant déjà en France dans l’enseignement secondaire…). Cette méthode a été appliquée dès la déclaration d’APD 2008.

Le coût moyen par étudiant est déterminé à partir de certaines actions budgétaires des programmes 150 et 231 du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, sélectionnées en fonction des règles fixées par les Directives du CAD. Ce coût par étudiant retenu pour l’APD est un « coût budgétaire » et non le « coût réel » de l’étudiant qui a un périmètre plus large. Ce coût moyen pour 2009 a été estimé à 5 753 euros.

Pour 2009, le nombre d’étudiants étrangers originaires de pays éligibles à l’APD s’élevait à 154 306, dont 115 579 ayant une équivalence bac (soit 75 %) ; ce dernier chiffre est celui retenu pour le calcul de l’APD dite d’écolage. Le coût imputé des étudiants (y compris les subventions spécifiques en faveur de certains PED) s’est établi à 666 millions d’euros en 2009.

DÉPENSES D’ÉCOLAGE IMPUTABLES COMME AIDE AU DÉVELOPPEMENT

 

TOTAL APD
(en millions d’euros)

Évolution
(en %)

Nombre d’étudiants étrangers retenus dans le calcul APD

Évolution
(en %)

2000

365

 

83 480

 

2001

451

23,6

96 527

15,6

2002

547

21,3

110 092

14,0

2003

639

16,7

128 060

16,3

2004

731

14,4

143 544

21,3

2005

762

4,4

154 370

7,5

2006

894

17,4

170 318

10,3

2007

878

-1,7

157 280

-7,7

2008

637

-27,5

114 888

-26,9

2009

666

+4,5

115 579

+0,6

Source : réponse au questionnaire budgétaire.

En 2010 et 2011, le montant des dépenses d’écolage pris en compte devrait être de l’ordre de 650 millions d’euros.

Le Rapporteur spécial prend acte de ce progrès, mais estime qu’on est encore loin d’une présentation objective de l’apport réel de la France aux pays en développement au titre de l’enseignement supérieur.

b) Les dépenses d’accueil des réfugiés

Les dépenses notifiées en aide publique au développement (APD) dans le domaine de l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés sont les dépenses relatives à l’accueil des demandeurs d’asile (hébergement en centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), accompagnement et versement de l’allocation temporaire d’attente), imputées sur l’action 2 du programme 301 Migrations et développement solidaire.

À ce titre, 271 millions d’euros devraient être comptabilisés en 2010 et 238 millions d’euros en 2011.

Certains pays comme le Royaume-Uni ne déclarent pas les dépenses relatives à l’accueil des demandeurs d’asile dans l’APD. Le ministère de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire assure ne pas disposer d’éléments sur la politique des autres pays membres de l’OCDE quant à la prise en compte des dépenses liées à l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés au titre de l’APD.

Le Rapporteur spécial estime que les aides apportées aux demandeurs d’asile sur le sol français ne constituent pas une aide au développement de leur pays d’origine.

c) La prise en compte des financements pour la lutte contre le changement climatique est contestable

Pour mettre en œuvre l’engagement de la France en matière de lutte contre le changement climatique dans le cadre des « financements précoces » de l’Accord de Copenhague, un compte d’affectation spéciale Actions des fonds environnementaux contre la déforestation dans le cadre du financement précoce est créé par le présent projet de loi de finances, comportant les programmes 781 et 782.

À l’occasion de la conférence sur le climat tenue à Copenhague en décembre 2009, la France a en effet pris l’engagement d’aider les pays en voie de développement à réduire leurs émissions de CO2 pour un montant atteignant 1,2 milliard d’euros sur la période 2010-2012, soit 420 millions d’euros par an, qui doivent être additionnels.

Le compte d’affectation spéciale est alimenté par la cession d’une partie des quotas carbone (dans un plafond de 150 millions d’euros) correspondant aux unités de quantité attribuée (UQA) à la France dans le cadre du protocole de Kyoto. Ces quotas ont été attribués à certains États parties au protocole de Kyoto pour la période 2008-2012 en fonction des objectifs de réduction des émissions de CO2 à atteindre. Grâce aux efforts déjà réalisés et à ses bonnes performances en matière de lutte contre le changement climatique, la France dispose d’un volume excédentaire de quotas.

Les actions de lutte contre la déforestation visent en priorité les grands massifs forestiers mondiaux, à savoir le Bassin du Congo, le massif amazonien et l’Indonésie.

Ces financements étant censés être additionnels, ils ne devraient pas être inclus dans les dépenses d’APD annoncées et contribuer à l’objectif de 0,7 % d’APD.

2.– Les prêts représentent une part croissante de l’APD

Comme le montre le tableau ci-après, les prêts comptabilisés augmentent à un rythme très soutenu. Ils devraient avoir plus que triplé en 2013 par rapport à 2008. Cela est dû à la politique conduite par l’AFD, qui permet au Gouvernement d’afficher un effort d’APD croissant alors qu’en réalité ces prêts bénéficient principalement aux pays émergents et à revenus intermédiaires, et non aux pays sensés êtres prioritaires dans l’APD.

ÉVOLUTION DES PRÊTS PRIS EN COMPTE DANS LES DÉPENSES D’APD

(en millions d’euros)

 

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Prêts de l’AFD (1)

779

1 306

1 833

2 047

2 374

2 543

Autres opérations de prêts (2)

– 316

– 280

-136

-57

-30

12

Total

463

1 026

1 697

1 990

2 344

2 555

(1) hors impact des refinancements, y compris prêts d’ajustement structurel.

(2) y compris remboursements de prêts bancaires monoblocs.

Source : commission des Finances, chiffres DGTPE.

Dans sa revue de l’aide française en 2008, le CAD s’est montré particulièrement critique quant au recours accru aux prêts peu concessionnels. Il fait remarquer que cette tendance va à l’opposé de celle d’autres pays membres du CAD. Il constate que les prêts aux pays émergents constituent un moyen pour l’AFD « d’augmenter son volume d’activité et, dans une logique financière propre à tout établissement bancaire, de dégager des marges ».

En outre, il rappelle la France à l’ordre concernant la notification de ses prêts en APD. Il lui demande de « veiller à ce que la lettre comme l’esprit des critères de concessionnalité du CAD soient respectés ».

3.– Les annulations de dette permettent de gonfler les dépenses annoncées jusqu’en 2012

Les annulations de dette peuvent résulter de décisions bilatérales ou multilatérales. Lancée en 1996 par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), l’initiative pays pauvres très endettés (PPTE) a pour objectif de rendre soutenable la dette de ces pays et de reconstituer la capacité productive des pays traités, dans une logique de développement durable. Pour bénéficier de l’initiative, la dette des pays doit être déclarée insoutenable (après application des mesures traditionnelles de traitement de la dette) au regard de certains critères. La mise en œuvre de l’initiative relève d’un processus complexe et progressif, dont les effets ne peuvent être mesurés de manière instantanée.

L’une des conséquences de l’initiative PPTE a été le gel des procédures d’annulations de dette, en attendant que les pays concernés franchissent toutes les étapes prévues par le FMI. À partir de 2002, de plus en plus de pays ont commencé à franchir ces étapes, en atteignant le point de décision puis le point d’achèvement (4), à partir desquels ils peuvent bénéficier des annulations.

L’évolution de l’APD française depuis 2002 s’explique essentiellement par la comptabilisation des annulations de dettes. Ainsi, après avoir largement contribué à la hausse de l’APD française jusqu’en 2006, la chute de l’APD en 2007 s’expliquait essentiellement par la baisse des allègements de dettes. La hausse de l’APD en 2009 s’explique à nouveau par la comptabilisation d’importants allègements de dettes. Ils s’élèvent en effet à 1,123 milliard d’euros en 2009, en hausse de 59 % par rapport à 2008. À partir de 2010, les annulations de dettes accordées par la France devraient se stabiliser autour d’un milliard d’euros par an, avant de chuter brutalement à l’horizon de 2013.

Le poids des allègements de dettes dans l’effort d’APD ne reflète pas l’impact qu’ils peuvent avoir en terme de développement. En effet, dans la mesure où ces dettes correspondent à des créances en grande partie impayables, qui s’étalent sur de nombreuses années, leur annulation ne dégage qu’une très faible marge de manœuvre dans le budget des pays bénéficiaires.

SYNTHÈSE DE L’IMPACT APD ET BUDGÉTAIRE DES ANNULATIONS DE DETTES

(en millions d’euros)

Annulations
de créances

2010

2011

Montant LFI

Impact APD

Montant PLF

Impact APD (1)

Coface

-

519

-

416

AFD

119

15

70

7

Indemnisation de Natixis

 

-

 

-

Réserve pays émergents (RPE)

 

3

 

2

Programme. 852 Prêts à des États étrangers en vue de la consolidation de dettes

 

726

 

555

Total

119

1 264

70

980

(1) En fonction de l’hypothèse retenue sur le calendrier d’atteinte des points d’achèvement par les pays éligibles à l’initiative PPTE.

Source : DGTPE.

Le République démocratique du Congo a atteint son point d’achèvement en janvier 2010, et la RDC en juillet 2010. Pour cette dernière, l’annulation de dettes n’a pas encore eu lieu. Les pays n’ayant pas encore atteint leur point d’achèvement sont les suivants : Guinée, Guinée-Bissau, Tchad, Togo, Côte d’Ivoire et Comores.

Le Rapporteur spécial s’interroge sur l’avenir des dépenses d’APD. En effet, jusqu’à l’horizon 2012, le montant des dépenses d’APD sera soutenu par les annulations de dette. Cependant, l’initiative PPTE arrivant à son terme, les annulations de dettes vont rapidement diminuer. Par ailleurs, le développement effréné des prêts par l’AFD induira des remboursements, qui pèseront négativement dans la comptabilisation des dépenses d’APD.

Le Gouvernement mise sur les financements innovants pour prendre le relais de ces dépenses, mais le Rapporteur spécial doute que ces derniers ne soient à la hauteur à si brève échéance.

C.– LA RECHERCHE DE FINANCEMENTS INNOVANTS POUR COMPENSER LE DÉSENGAGEMENT

1.- L’intégration de la contribution de solidarité sur les billets d’avion dans les dépenses déclarées au CAD

Introduite en France par l’article 22 de la loi de finances rectificative du 30 décembre 2005, la contribution de solidarité sur les billets d’avion (CSV) est effective depuis le 1er juillet 2006. En classe économique, elle s’élève à un euro pour les vols décollant d’un aéroport français, quelle que soit la compagnie, à destination de la France ou de l’Espace économique européen (EEE) et à quatre euros pour les vols internationaux. En classe affaires ou en première classe, elle s’élève à dix euros pour les vols intérieurs ou de l’EEE, et à quarante euros pour les vols internationaux.

Conformément au décret n° 2006-1139 du 12 septembre 2006, au moins 90 % de ces revenus sont alloués à la facilité internationale d’achat de médicaments UNITAID. Le solde est affecté au remboursement de la première tranche des emprunts émis par la facilité financière internationale en faveur de la vaccination (IFFIm), dans la limite de 10 % des recettes de la taxe.

LES VERSEMENTS À L’AFD AU TITRE DE
LA CONTRIBUTION DE SOLIDARITÉ SUR LES BILLETS D’AVION

(en millions d’euros)

 

2006

2007

2008

2009

2010
(au 14 juin 2010)

PRODUITS

45,1

174,7

174,0

162,3

56,0

– Produit de la contribution de solidarité sur les billets d’avion

45,0

164,3

172,9

162,0

56,0

– Versement État (remboursement avance AFD)

 

10,0

     

– Produit financier sur le compte du FSD

0,1

0,4

1,2

0,3

0,1

CHARGES

34,9

179,2

179,7

130,7

21,2

– Décaissements en faveur d’UNITAID

34,7

159,8

159,8

110,0

31,6 (5)

 Décaissements en faveur de la Facilité de financement international en faveur de la vaccination (IFFIm)

 

19,2

19,8

20,7

21,2

– Rémunération de l’AFD

0,2

0,1

0,1

0,1

 

– Intérêts au titre de l'avance AFD - IFFIm

 

0,2

     

– Frais de virement

0,0

       

SOLDE CUMULE

 

5,6

0,0

31,5

34,8

Source : réponse au questionnaire budgétaire.

La baisse des revenus d’environ 12 millions d’euros entre 2008 et 2009 est imputable à la crise financière et économique qui a significativement affecté le secteur aérien (baisse du trafic et report des passagers des classes avant vers les classes arrière).

Pour 2010, malgré une prévision initiale de revenus de la direction générale de l’aviation civile estimée à 163 millions d’euros, les incertitudes économiques ainsi que les pertes liées à l’interruption du trafic aérien à la suite de l’éruption du volcan islandais devraient conduire à un nouveau tassement des produits de la taxe. Compte tenu des incertitudes pesant sur l’évolution du trafic aérien dans le contexte de la crise financière, il n’existe pas encore d’estimations pour la fin de cette année, ou pour les années 2011 et 2012.

Alors que cette taxe avait été présentée comme une contribution additionnelle à l’APD de la France, la Gouvernement a finalement notifié ses produits au CAD de l’OCDE dès 2008.

2.- La perspective d’une taxe sur les transactions internationales semble encore lointaine

La mise en place d’une taxe sur les transactions internationales semble encore lointaine, malgré les bonnes intentions affichées par le G 20 de façon générale. Très souvent débattue, son adoption se heurte à de nombreuses difficultés – notamment celle de son acceptation par les principales puissances économiques.

C’est pourquoi le Rapporteur spécial considère que la posture du Gouvernement consistant à affirmer qu’au-delà de 2013, les financements innovants prendront le relais des annulations de dettes n’est pas raisonnable.

II.– UN RECENTRAGE DE L’AIDE SUR LES PAYS LES PLUS PAUVRES, EN PARTICULIER EN AFRIQUE, EST SOUHAITABLE

A.– UNE RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE PRÉOCCUPANTE

La priorité affichée d’affecter l’aide aux pays les plus pauvres, en particulier à l’Afrique sub-saharienne, est en réalité un leurre.

L’augmentation de l’APD française depuis 2001 s’est faite exclusivement au profit des pays à revenu intermédiaire. Le document de politique transversale indique l’évolution de la répartition de l’aide bilatérale par groupe de revenus des pays bénéficiaires : en 2001, les pays les moins avancés et les pays à faible revenu recevaient plus du tiers de l’APD bilatérale française. En 2009, ils en représentent moins d’un cinquième.


Source : CAD-OCDE, MEIE-DG Trésor (septembre 2010)

Le tableau ci-après, présenté dans le document de politique transversale, agrège, au sein de l’aide-projet, les dons, destinés aux pays les plus pauvres, et les prêts de la RPE, qui financent des projets d’aide liée (c’est-à-dire via des entreprises françaises) qui sont en général réalisés dans des pays à revenu intermédiaire, et qui participent au soutien du commerce extérieur et des investissements français à l’étranger. En 2011, les dons-projets représenteront 389 millions d’euros sur 1 813 millions d’euros d’aide-projet.

Cette tendance à la diminution de la part de l’aide consacrée aux pays les plus pauvres s’explique par le développement des prêts, notamment par l’AFD. Ces prêts s’orientent vers les pays émergents et les pays à revenu intermédiaire.

Or, le développement des pays les plus pauvres nécessite des prêts très bonifiés à destination du secteur marchand ; quant aux secteurs non rentables comme la santé et l’éducation, leur développement nécessite des dons.

EFFORT D’APD VENTILÉ PAR TYPE D’ACTIVITÉ

(en millions d’euros)

 

2008

2009
(a)

2010
(b)

2011
(c)

2012
(c)

2013
(c)

Aide bilatérale

4 475

5 041

5 961

5 891

6 477

5 556 – 7 356

Coopération technique (d)

1 759

1 885

1 862

1 637

1 630

1 625

Aide-projet (AFD + FSP +RPE)

820

1 003

1 815

2 293

2 637

2 909

Aide-programme

522

452

334

308

390

259

Annulations de dettes et refinancements (e)

666

1 000

1 267

1 001

1 172

113 – 1 913

Divers

709

701

683

652

648

650

Aide multilatérale

3 087

4 007

3 804

3 664

3 567

3 572

Aide européenne

1 753

2 082

1 999

1 874

1 893

1 911

dont FED

777

837

909

804

823

841

dont budget communautaire

975

1 245

1 090

1 070

1 070

1 070

Aide multilatérale (hors UE)

1 335

1 925

1 805

1 790

1 674

1 661

Total

7 563

9 048

9 765

9 555

10 044

9 128 – 10 928

(a) Exécution 2009 : les chiffres officiels d’APD de la France ont été transmis au CAD mi-août 2010.

(b) Prévisions d’exécution 2010.

(c) Prévisions associées au PLF 2011.

(d) La baisse de ces activités en 2011 résulte principalement de l’hypothèse de la sortie de Mayotte du périmètre de l’APD, Mayotte devenant un département français.

(e) En 2013, les montants dépendent de l’hypothèse retenue sur le calendrier d’atteinte des points d’achèvement par les pays éligibles à l’initiative PPTE.

Source : document de politique transversale.

Le comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) a pris, le 5 juin 2009, la décision de concentrer l’APD sur les pays qui en ont le plus besoin. Des partenariats différenciés sont mis en oeuvre suivant une nouvelle typologie de quatre catégories de pays auxquelles sont associés des instruments d’intervention adaptés : les pays pauvres prioritaires, essentiellement des pays pauvres d’Afrique subsaharienne ; les pays à revenu intermédiaire entretenant des relations privilégiées avec la France ; les pays émergents à enjeux globaux ou régionaux ; les pays en crise ou en sortie de crise. L’Afrique subsaharienne doit se voir allouer 60 % des ressources budgétaires de l’aide et 50 % des subventions consacrées aux objectifs du millénaire pour le développement.

Le Rapporteur spécial estime que si l’intervention de l’AFD dans les pays émergents peut avoir du sens, elle ne doit pas mobiliser de ressources du budget de l’État. Les prêts à taux bonifiés ne doivent pas être pratiqués dans les pays émergents.

B.– UNE RÉPARTITION SECTORIELLE PEU TRANSPARENTE

Les documents budgétaires comme les réponses au questionnaire du Rapporteur spécial ne reprennent pas les mêmes tableaux comparatifs que les années précédentes, si bien qu’il est difficile d’analyser les évolutions de la répartition de l’aide à moyen terme, d’autant qu’il n’est pas certain que les périmètres statistiques soient constants.

Par ailleurs, le Rapporteur spécial n’a pas obtenu de réponse à sa question concernant la répartition sectorielle de l’APD française. Le document de politique transversale présente uniquement la répartition sectorielle des engagements de l’AFD dans les États étrangers.

RÉPARTITION SECTORIELLE DES ENGAGEMENTS DE L’AFD POUR COMPTE PROPRE DANS LES ÉTATS ÉTRANGERS EN 2008 ET 2009

(en millions d’euros)

 

Dons projets

C2D

Prêts occasionnels

TOTAL

Part dans le total

Réalisations 2008

Agriculture et sécurité alimentaire

30

0

83

113

6 %

Éducation

17

50

55

122

6 %

Santé et lutte contre le SIDA

19

35

15

69

4 %

Eau et assainissement

70

0

244

314

16 %

Infrastructures

34

0

535

569

29 %

Secteur productif

14

0

206

220

11 %

Environnement et ressources naturelles

10

0

559

569

29 %

TOTAL

195

85

1 696

1 976

100 %

Hors secteurs CICID

27

48

125

198

 

Réalisations 2009

Agriculture et sécurité alimentaire

45

0

142

187

7 %

Éducation

30

0

45

75

3 %

Santé et lutte contre le SIDA

52

0

77

129

5 %

Eau et assainissement

15

0

389

404

15 %

Infrastructures

28

0

716

744

28 %

Secteur productif

32

0

40

72

3 %

Environnement et ressources naturelles

15

0

1 074

1 089

40 %

TOTAL

216

0

2 483

2 699

100 %

Hors secteurs CICID

12

0

0

12

 

Source : document de politique transversale (DPT).

L’année 2009 a été marquée par une stabilisation de la part des infrastructures (28 % des engagements en prêts concessionnels, dons-projets et C2D, contre 29 % en 2008 et 21 % en 2007) et des secteurs de la santé, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de l’eau. La part du secteur de l’environnement a fortement augmenté (40 % contre 29 % en 2008), tandis que le secteur productif a vu son poids décroître (de 11 % à 3 %). Le Rapporteur spécial s’inquiète du recul des aides sur le secteur de l’éducation, qui passent de 6 % à 3 % des engagements, et de 122 millions d’euros à 75 millions d’euros.

Le Rapporteur spécial aurait souhaité obtenir davantage d’informations sur l’aide française dans le secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. La crise alimentaire de 2008 a remis la question de l’agriculture et de la sécurité alimentaire en haut de l’agenda international. En deux ans, trois sommets internationaux ont été consacrés à la sécurité alimentaire mondiale et les deux derniers Sommets du G 8 ont également abouti à des déclarations conjointes sur le sujet. À l’Aquila en 2009, plus de 20 milliards de dollars ont été annoncés par les membres du G 8 pour lutter contre la faim.

D’après les informations recueillies par le Rapporteur spécial, il semble que le Gouvernement se serve d’artifices de calcul pour répondre aux engagements présidentiels sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. Ainsi, il procéderait à une addition de financements qui ne relèvent pas de l’agriculture mais des secteurs de l’eau et de l’environnement.

Par ailleurs, l’augmentation des prêts ne profite pas à l’agriculture vivrière dans les pays les moins avancés (PMA), incapables de répondre aux critères d’éligibilité des prêts de l’Agence française de développement (AFD).

De même, dans le secteur de l’eau, la chute des dons (qui passent de 70 millions d’euros à 15 millions d’euros) et l’usage massif des prêts bancaires flèche l’aide vers des projets nécessitant de gros investissements (réseaux d’eau potable et stations d’épuration dans de gros centres urbains) et vers des États solvables (majoritairement les pays à revenu intermédiaire), laissant ainsi à la marge les pays les plus pauvres, ayant le plus fort défi à relever en termes de desserte en eau potable et assainissement, et les populations du milieu rural.

Or, pour répondre à l’objectif du millénaire pour le développement (OMD) visant à « réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas d’accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base », les membres du G 8 ont adopté en 2003 à Évian, un plan d’action pour l’eau. Dans ce cadre, la France s’est spécifiquement engagée à doubler son aide bilatérale et multilatérale dans le secteur de l’eau à l’échéance de 2009, afin de contribuer à l’atteinte de cet OMD. Si l’accroissement des prêts lui permet de s’approcher de son engagement en terme de volume financier, il n’est pas certain qu’il contribue à l’atteinte de l’OMD.

III.- L’ORGANISATION DE L’ACTION PUBLIQUE NE PERMET PAS DE METTRE EN œUVRE UNE POLITIQUE D’AIDE AU DÉVELOPPEMENT AMBITIEUSE

A.– L’ABSENCE DE MINISTRE DE LA COOPÉRATION ET DE DIRECTION DE LA COOPÉRATION

Le Rapporteur spécial déplore que depuis la démission du secrétaire d’État à la Coopération en juillet dernier, ce poste reste vacant.

Par ailleurs, il n’y a plus de direction générale de la Coopération au MAEE. La direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats (DGM) a été créée par un décret du 16 mars 2009. Cette nouvelle direction générale est issue du rapprochement de la direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) et de la direction des affaires économiques et financières du MAEE. Elle a déménagé sur le site de la rue de la Convention (ancien site de l’Imprimerie nationale).

La DGM regroupe l’ensemble des questions économiques et financières, d’aide au développement, d’action culturelle, de coopération scientifique et de recherche, de manière à constituer une structure d’un poids équivalent à celui de la direction des affaires politiques et stratégiques. Elle doit traiter les questions relatives à la mondialisation et aux enjeux globaux que sont la santé, la démographie, l’énergie, les ressources naturelles, l’économie, les technologies, mais aussi la culture.

Par ailleurs, la loi du 27 juillet 2010 relative à l’action extérieure de l’État a créé trois nouveaux établissements publics industriels et commerciaux (EPIC) : l’Institut français, CampusFrance et France Expertise internationale. Ils pourront recevoir des cofinancements et générer des ressources propres.

L’Institut français se substitue à l’association CulturesFrance et devient l’instrument privilégié de l’action culturelle extérieure (promotion à l’étranger de la culture française, promotion et diffusion des œuvres audiovisuelles, diffusion de la langue française, etc.).

L’EPIC CampusFrance reprend les missions de l’association EGIDE et du GIP CampusFrance, ainsi que les activités internationales du CNOUS. Il sera chargé de la politique d’attractivité de la France (promotion des études en France, accueil des étudiants étrangers, bourses, etc.).

France expertise internationale se substituera au GIP France coopération internationale pour les contrats et conventions négociés par cet organisme à l’étranger.

B.– LA COMPLEXITÉ DE L’ORGANISATION DE L’APD NUIT À LA CLARTÉ DE SA STRATÉGIE

Le comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) est l’instance de définition des orientations de la politique française d’aide publique au développement : contours de la zone de solidarité prioritaire (ZSP), objectifs et modalités de l’APD, cohérence des priorités géographiques et sectorielles, suivi et évaluation des politiques et instruments d’APD.

L’Agence française de développement (AFD), placée sous la cotutelle des ministres de l’Économie, de l’industrie et de l’emploi, des Affaires étrangères et européennes et de l’Outre-mer, est considérée comme « l’opérateur pivot » de l’APD. Si la tutelle est très présente dans les décisions prises à l’AFD, et en particulier à son conseil d’administration, elle a tendance à intervenir sur chaque dossier en particulier sans orientation stratégique globale. Le comité d’orientation stratégique (COS), instance ministérielle créée en 2009 pour encadrer plus spécialement l’activité de l’AFD, n’a pas encore pleinement trouvé sa place.

LES PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORT SUR L’AFD
DEMANDÉ PAR LA COMMISSION DES FINANCES À LA COUR DES COMPTES

En application de l’article 58-2° de la LOLF, la commission des Finances a demandé le 2 décembre 2009 à la Cour des comptes de procéder à une enquête sur la place et le rôle de l’AFD dans l’aide publique au développement. Ce rapport lui a été adressé le 29 octobre 2010 (6). En voici les principales observations.

• La gouvernance de l’AFD

L’orientation stratégique de l’AFD qui doit être fixée par l’État résulte d’une coordination interministérielle complexe qui comporte plusieurs strates (CICID, COS, COSP). En réalité, la tutelle du ministère chargé de l’Économie domine, à travers sa direction générale du Trésor. Depuis fin 2008, les relations entre l’État et l’AFD ne sont encadrées par aucun document contractuel – les derniers contrats d’objectifs et de moyens signés avec les deux ministères de tutelle étant arrivés à échéance. Le conseil d’administration ne se concentre pas suffisamment sur la stratégie de l’agence.

Dans ce contexte, l’AFD a progressivement accru son autonomie et développé une activité moins dépendante des ressources de l’État.

• La stratégie et les activités de l’AFD

La diversification géographique et sectorielle des activités de l’AFD résulte à l’origine d’une opportunité et non d’une stratégie, ses fonds propres lui permettant de développer son activité de prêts.

De ce fait, l’activité de l’AFD s’est principalement développée en direction des pays à revenu intermédiaire et des pays émergents. En termes sectoriels, malgré les transferts de compétences opérés par l’État entre 2004 et 2006, l’AFD se tourne davantage vers les « biens publics mondiaux » que vers les secteurs sociaux.

Cette mutation s’est faite avec l’assentiment des autorités de tutelle qui sont restées relativement passives, mais qui y ont vu leur intérêt : l’accroissement des engagements de l’AFD a permis de soutenir le montant de l’APD française à un moindre coût budgétaire, et l’AFD est devenue un outil d’influence de la France dans les pays émergents.

• Recommandations

La Cour des comptes prévient que si la croissance des engagements se maintient à un rythme élevé, il faudra d’ici quelques années augmenter les fonds propres de l’agence.

La logique purement financière conduit à accroître préférentiellement les prêts aux pays émergents. La Cour des comptes conteste la légitimité des bonifications de prêts financées par l’État au profit des pays émergents.

La faiblesse des activités de l’AFD en faveur des objectifs du millénaire pour le développement et des pays les plus pauvres relève avant tout de la responsabilité de l’État qui a réduit les moyens budgétaires consacrés aux dons et subventions bilatéraux.

La Cour des comptes recommande que les activités liées à l’APD avec le concours financier de l’État soient mieux identifiées par rapport aux activités sans coût budgétaire.

Enfin, les activités de l’AFD ne sauraient être définies que par rapport à une stratégie d’aide publique au développement déterminée par l’État.

Le secrétaire d’État à la Coopération et à la francophonie – quand son poste est pourvu – est le chef de file de la politique d’aide au développement au sein du Gouvernement, sous l’autorité du ministre des Affaires étrangères et européennes. À ce titre, il est censé coordonner les différents acteurs de la coopération française, veiller à la bonne réalisation des prévisions et présider la Conférence d’orientation stratégique et de programmation (COSP).

La COSP est tombée en désuétude. Elle coordonnait l’action de l’ensemble des ministères en matière d’aide publique au développement, validait les stratégies sectorielles et les documents-cadres de partenariat, établissait une programmation indicative des ressources allouées par pays et par secteur, et veillait à la cohérence entre les aides bilatérales et multilatérales, en particulier européennes, sur la base d’une évaluation de la qualité des opérations réalisées.

Quels que soient les gouvernements et les personnes en charge, le secrétaire d’État n’est pas en mesure d’imposer ses arbitrages au ministère de l’Économie et, en particulier, à la direction générale du Trésor.

C’est ainsi que le rapport du CAD de 2008 sur l’aide française remarque que « chaque institution développe sa stratégie avec les instruments dont elle dispose ».

Au niveau local, l’État définit la politique de coopération et de développement et les ambassadeurs signent avec chaque pays partenaire un document-cadre de partenariat (DCP). Les stratégies pays de l’AFD doivent être conformes à ces DCP.

Faisant suite aux recommandations du CAD qui déplorait l’absence de document formalisant la stratégie d’APD de la France, un document cadre français de coopération au développement a été élaboré au cours d’un processus de concertation de plusieurs mois, impliquant les acteurs de la coopération en France (services du ministère, AFD, ONG, etc.). Malheureusement, ce n’est pas lors d’une réunion du CICID, comme prévu, que ce document a été adopté mais lors d’une réunion interministérielle tenue à Matignon le 15 octobre dernier, sous l’autorité des conseillers diplomatique et budgétaire du Premier ministre, ce qui dévalorise le processus de concertation qui a précédé son élaboration et sa capacité à fonder la stratégie d’APD de la France.


DEUXIÈME PARTIE : LES CRÉDITS
DE LA MISSION AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

La mission comporte les trois programmes suivants :

– le programme 110 Aide économique et financière au développement est mis en œuvre par le ministère de l’Économie, de l’industrie et de l’emploi. Instrument de la politique française de lutte contre la pauvreté dans le monde, il concentre une part prépondérante des contributions aux institutions multilatérales de développement. Il comprend également des aides à caractère macro-économique et une partie du traitement de la dette des pays pauvres ;

– le programme 209 Solidarité à l’égard des pays en développement est mis en œuvre par le ministère des Affaires étrangères et européennes. Il regroupe les crédits de coopération bilatérale et multilatérale (Fonds européen de développement – FED, Fonds mondial Sida, contributions volontaires aux organismes de l’ONU) ;

– le programme 301 Développement solidaire et migrations est mis en œuvre par le ministère de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire. Sa finalité est de favoriser le développement des pays en s’appuyant sur les migrations, notamment les flux en provenance des pays les moins avancés économiquement (Afrique subsaharienne).

Sur la période 2011-2013, les crédits de paiement de la mission devraient rester stables. La forte augmentation des autorisations d’engagement prévue pour 2011 se justifie par le début d’un nouveau cycle triennal de reconstitution des fonds concessionnels de la Banque mondiale et des banques régionales de développement. Toutefois, en 2012 et 2013 elles repasseront en dessous de leur niveau de 2010.

PROGRAMMATION PLURIANNUELLE 2011-2013
DE LA MISSION AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT (PLF 2011)

(en millions d’euros)

 

2011

2012

2013

AE

CP

AE

CP

AE

CP

Aide économique et financière au développement

2 494

1 171

628

1 192

581

1 192

Solidarité à l’égard des pays en développement

2 054

2 135

2 096

2 116

2 071

2 116

Développement solidaire et migrations

30

30

28

28

28

28

Total

4 578

3 336

2 752

3 336

2 680

3 336

Source : projet annuel de performances.

Pour 2011, la mission Aide publique au développement voit ses crédits de paiement demeurer quasi stables, à 3,3 milliards d’euros.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS PAR PROGRAMME EN 2011

(en millions d’euros)

 

2010

2011

Variation (en %)

AE

CP

AE

CP

AE

CP

Programme 110

680

1 187

2 494

1 171

+ 266,8

– 1,3

Programme 209

2 176

2 120

2 054

2 135

– 5,6

+ 0,7

Programme 301

26

35

30

30

+ 15,4

– 14,3

Total

2 882

3 341

4 578

3 336

+ 58,8

– 0,1

Source : projet annuel de performances.

I.– LE PROGRAMME 110
AIDE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE AU DÉVELOPPEMENT

Les montants demandés en 2011 sont de 2,5 milliards d’euros en autorisations d’engagement et de 1,2 milliard d’euros en crédits de paiement. La forte augmentation des autorisations d’engagement, multipliés par plus de 3,5, vient couvrir essentiellement la reconstitution triennale des deux principaux fonds concessionnels des banques multilatérales de développement que sont la Banque mondiale (Association internationale de développement – AID) et la Banque africaine de développement (Fonds africain de développement). Elle traduit l’engagement pluriannuel de la France auprès des institutions financières de développement.

A.– L’AIDE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE MULTILATÉRALE

Les deux bénéficiaires principaux de l’action 1 Aide économique et financière multilatérale du programme 110 sont l’Association internationale de développement (AID) et le Fonds africain de développement (FAD). Cette action ne recouvre pas les augmentations des participations au capital des acteurs multilatéraux du développement, portées par le compte d’affectation spéciale Participations financières de l’État et retracées dans son programme 731 Opérations en capital intéressant les participations financières de l’État.

1.– Les contributions de la France à la Banque mondiale et au FMI

a) La constitution à l’AID

L’AID constitue le guichet concessionnel de la Banque mondiale, qui octroie des dons et des prêts à très faible taux aux pays en développement les plus pauvres. Elle concentre 35 % des crédits d’aide du programme 110 et plus de 60 % des crédits multilatéraux du programme. Elle est reconstituée tous les trois ans.

Les pays éligibles à ces financements doivent réunir trois critères : un PIB par habitant inférieur à 1 165 dollars par an, un niveau de solvabilité qui ne permet pas de contracter des prêts au taux de marché et une « bonne performance » en matière de politiques publiques. 79 pays sont actuellement éligibles à l’AID (dont la moitié, soit 39, en Afrique) mais certains d’entre eux sont dits « à financement mixte », c’est-à-dire que leur niveau de pauvreté ne dépasse pas le plafond de PIB par habitant mais leur solvabilité leur permet de contracter des prêts auprès de la BIRD. L’Inde, le Pakistan ou la Bolivie sont dans ce cas et bénéficient donc de financements mixtes de l’AID et de la BIRD.

Suite à l’accord d’avril 2010, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni passeront à rang égal derrière la Chine, désormais 3ème actionnaire de l’AID, après les États-Unis et le Japon.

L’AID octroie des crédits à longue échéance (35-40 ans) ne portant pas intérêt. Les bénéficiaires disposent d’une période de grâce de dix ans pendant laquelle ils ne font aucun versement. Si le pays bénéficiaire est trop endetté, l’association accorde également des dons (mais l’éligibilité aux dons entraîne une réduction forfaitaire du volume des financements afin d’éviter un aléa moral favorable aux pays dont l’endettement n’est pas soutenable). Du 1er juillet 2008 au 30 juin 2009, les engagements de l’AID ont atteint 14 milliards de dollars (contre 11,2 milliards l’année précédente). La distribution géographique était la suivante : 56 % à l’Afrique sub-saharienne, 30 % en Asie du Sud et 9 % en Asie de l’Est et Pacifique.

Afin de couvrir le coût de ces ressources très avantageuses, les bailleurs de fonds de l’AID se réunissent tous les trois ans pour décider du montant des ressources additionnelles qui seront nécessaires pour financer le futur programme de prêts (reconstitution du fonds). La France s’est engagée en décembre 2007 à verser à l’AID un montant global de 1,27 milliard d’euros sur la période 2009-2011 au titre de la 15ème reconstitution assortie d’un instrument fiduciaire bilatéral accompagnant les activités de l’AID, maintenant ainsi son rang de cinquième contributeur. La France, avec d’autres actionnaires, a obtenu que l’affectation à l’Afrique d’au moins 52 % des ressources figure parmi les objectifs de l’AID 15, contre 49% sous l’AID 14.

Les CP demandés en 2011, 423,6 millions d’euros, correspondent à la troisième et dernière échéance de l’engagement triennal pris en 2008 pour la reconstitution de l’AID 15. En décembre 2010 sera négociée la contribution à l’AID 16, qui couvrira la période 2012-2014. La contribution française sera en diminution par rapport à la période précédente, soit 1,20 milliard d’euros, contre 1,27 milliard pour 2008-2011.

b) Les contributions aux facilités du FMI

La Facilité élargie de crédit (FEC) qui remplace la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC), la Facilité de crédit de confirmation (FCC) et la nouvelle Facilité de crédit rapide (FCR) sont les trois guichets par lequel le FMI accorde des prêts aux pays à faible revenu, assortis d’un taux d’intérêt allant de 0,25 % à 0,5 %.

Pour la France, l’AFD accorde des prêts concessionnels au FMI. Ainsi, l’accord de 2009 prévoit l’octroi par l’AFD d’un prêt d’un milliard de dollars au FMI. À ce titre, l’État verse à son opérateur des bonifications pour couvrir le coût monétaire de l’opération. Il correspond à la différence entre le coût de la ressource levée par l’AFD sur les marchés financiers et le coût de la ressource prêtée au FMI. Il est délicat d’anticiper avec précision le montant de ces bonifications, car elles dépendent de l’évolution des taux d’intérêt et de change.

Pour 2011 l’évaluation du coût pour l’État est de 20 millions d’euros, stable par rapport à l’année précédente.

2.– Les contributions aux banques régionales

La France contribue aux guichets concessionnels des banques régionales de développement. Les ressources de ces fonds proviennent des contributions et des reconstitutions périodiques effectuées par les États participants. Le présent projet demande les crédits suivants pour 2011 :

– en faveur du Fonds africain de développement (FAD), les autorisations d’engagement pour la douzième reconstitution du fonds (2011-2013) doivent être finalisées en décembre 2010, puis engagées en 2011. Le montant en autorisations d’engagement devrait s’élever à 396 millions d’euros, dont 132 millions d’euros en crédits de paiement au titre de la première échéance. Cette hausse de la contribution par rapport à la précédente reconstitution (362 millions d’euros en autorisations d’engagement en 2008) est destinée à couvrir l’évolution du taux de change ;

– pour le Fonds asiatique de développement, les autorisations d’engagement ont été engagées en 2009 pour quatre ans, et 24 millions d’euros de crédits de paiement sont demandés pour 2011 au titre de la troisième annuité ;

– pour le fonds multilatéral d’investissement de la banque interaméricaine de développement, 1,74 million d’euros de crédits de paiement est demandé, au titre de la cinquième tranche de l’engagement de la France ;

– pour le fonds des opérations spéciales de la Banque interaméricaine de développement, les autorisations d’engagement sont de 9,48 millions d’euros, dont 1,9 million en crédits de paiement pour 2011. Ces montants résultent de la décision prise à Cancun en mars 2010 d’annuler la dette d’Haïti envers le fonds des opérations spéciales. Ils correspondent ainsi à la part de la France dans la compensation de l’annulation de la dette.

3.– Les contributions aux fonds sectoriels

Pour 2011, 12 millions d’euros en autorisations d’engagement et 97,3 millions en crédits de paiement sont demandés au titre des contributions aux fonds sectoriels.

La prévision porte sur 35 millions d’euros d’autorisations d’engagement pour la reconstitution quadriennale 2010-2012 du Fonds international de développement agricole (FIDA) et 11,7 millions d’euros de crédits de paiement.

Au titre de la coopération technique, la France s’engage dans une nouvelle contribution quinquennale (2011-2015) au Centre d’assistance technique du Moyen-Orient (METAC), pour 1,8 million d’euros en autorisations d’engagement et 360 000 euros en crédits de paiement sont demandés en 2011.

Pour les centres d’assistance technique AFRITAC, les crédits de paiement de 1,04 million demandé en 2011 correspondent à la deuxième annuité de la contribution totale de 5,2 millions d’euros (2010-2014).

Pour la santé, la contribution française à la Facilité financière internationale pour la vaccination (IFFIm) est financée pour partie par la contribution de solidarité sur les billets d’avion, et par 867,16 millions d’euros engagés en 2007 en autorisations d’engagement, soit 25,5 millions d’euros en crédits de paiement pour 2011.

Pour l’eau et l’assainissement, 39 millions d’euros d’autorisations d’engagement pour la reconstitution de l’Initiative de la Banque africaine de développement, et 4 millions d’euros en crédits de paiement.

Pour la sécurité nucléaire, la reconstitution du Fonds du sarcophage de Tchernobyl géré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) doit avoir lieu courant 2011. 10 millions d’euros sont donc demandés (AE=CP) pour financer le lancement des travaux de construction du nouveau sarcophage.

La BERD gère également le compte pour la Sûreté nucléaire (NSA). Cette année, aucun crédit n’est demandé car la reconstitution du fonds ne devrait pas intervenir en 2011, en raison de retards et de difficultés dans la conduite des projets.

Pour l’environnement, 35 millions d’euros de crédits ont été demandés en 2011 correspondant à la première échéance de la cinquième contribution au fonds pour l’environnement mondial (FEM) ; 6,7 millions d’euros ont été demandés au titre de la troisième et dernière annuité de la contribution au fonds multilatéral pour le protocole de Montréal.

Pour l’aide au commerce, 1 million d’euros est destiné au paiement de la dernière tranche de la participation au FIAS, le programme d’appui à l’amélioration du secteur privé en Afrique. Le fonds « Doha » sera doté de 2 millions d’euros en crédits de paiement pour 2011.

B.– L’AIDE BILATÉRALE : LES PRÊTS BONIFIÉS ET L’AIDE GLOBALE

En 2011, les dépenses d’intervention de l’action n° 2 Aide économique et financière bilatérale représenteront 353 millions d’euros en crédits de paiement. L’essentiel des crédits rémunère les interventions d’aide bilatérale relevant de l’AFD (302 millions d’euros).

Les prêts accordés par l’AFD peuvent être concessionnels ou non, et bénéficier à la fois à des contreparties souveraines (État), sous-souveraines (collectivités locales) ou encore non souveraines (secteur privé).

S’agissant de la rémunération de l’AFD, depuis 2010, le programme 110 ne couvre plus que la rémunération associée aux aides budgétaires globales (ABG) mises en œuvre par l’AFD (7) et la rémunération des opérations de conversion de dette (8). Pour 2011, 3,4 millions d’euros sont demandés à ce titre.

Ces dernières années, l’évaluation des opérations relevant de l’aide au développement s’est accrue. Pour financer une nouvelle série d’évaluations des actions bilatérales et multilatérales, il est demandé 0,49 million d’euros en 2011.

1.– Les interventions relevant de l’AFD

a) Le maintien de crédits en faveur de l’Outre mer vient gonfler le montant de l’APD

L’AFD propose de financer des infrastructures, des projets environnementaux ou encore des équipements solaires par le biais de prêts bonifiés par l’État. Ils peuvent bénéficier aux collectivités publiques ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises. L’intervention de l’AFD outre-mer se fait essentiellement par le biais de prêts bonifiés par l’État en faveur des collectivités publiques et des PME. La justification au premier euro ne précise pas la part de ces dépenses qui relève de l’APD. Normalement, s’agissant de l’outre-mer, seules les interventions à destination de Mayotte et Wallis-et-Futuna sont éligibles.

Certes, les nouveaux prêts sont désormais transférés à la mission budgétaire Outre-mer, toutefois la comptabilisation des crédits correspondant au financement des engagements antérieurs revient à gonfler le volume des crédits d’environ 25 millions d’euros.

b) Les prêts bonifiés vers le reste du monde

L’AFD octroie des prêts bonifiés par l’État dans les États étrangers. Cette forme d’aide permet d’abaisser le taux d’intérêt de la ressource financière. Aux côtés du programme 110, qui prévoit 167 millions d’euros en crédits de paiement pour l’AFD en 2011, le programme 853 du compte de concours financiers « prêts à des États étrangers » retrace les prêts très concessionnels accordés par la France.

Trois objectifs sont assignés à ces prêts : la lutte contre la pauvreté, l’appui à la croissance et la protection des biens publics mondiaux. Conformément aux engagements du CICID, 60 % de l’engagement budgétaire de l’État en faveur de l’AFD se concentre sur l’Afrique subsaharienne.

Toutefois, le rapport d’enquête de la Cour des comptes transmis à la Commission des finances le 29 octobre 2010(9), souligne que l’AFD a tendance à privilégier l’octroi des prêts aux pays les plus avancés. En effet, dès 2002, la zone d’intervention géographique a été élargie à la Méditerranée, puis progressivement aux pays émergents et en 2009 à une dizaine de pays asiatiques et latino américains.

Cette évolution s’explique, selon la Cour des comptes, par des « motifs d’ordre stratégique » :

– le risque plus élevé de défaillance des pays les plus pauvres ;

– incitation à accorder des prêts au-delà de 10 millions d’euros, en raison de convention cadre qui lui laisse une marge opérationnelle importante pour les prêts d’un montant élevé souscrits par des pays plus solvables ;

– recherche de partenaires non souverains, essentiellement situés dans les pays à revenus intermédiaires ;

– un effet de levier plus important dans les pays émergents.

De fait, en sectionnant les pays bénéficiaires sur des critères essentiellement financiers, l’AFD se comporte véritablement comme une banque.

L’AFD intervient également dans le cadre de la politique de lutte contre le changement climatique. La France s’est engagée suite au G 8 de juillet 2008 à hauteur de 500 millions de dollars pour le fonds « technologies propres », cette contribution prenant pour partie la forme d’un prêt très concessionnel mis en place par l’AFD et pour partie la forme d’apports de projets. Le prêt de l’AFD, d’un montant de 203 millions d’euros (équivalent de 300 millions de dollars à la date de l’engagement) et d’une durée de vingt ans dont dix ans de différé du remboursement du principal, devrait être décaissé en trois tranches, dont la première doit être mise en place prochainement. Le taux d’intérêt du prêt sera de 0,75 %, ce qui traduit le haut niveau de concessionnalité consenti à la Banque mondiale.

Le coût budgétaire total a été évalué à 135 millions d’euros, engagés en 2009. Pour l’année 2011, les crédits de paiement débloqués sont de 8 millions d’euros.

c) Le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM)

En vue de reconstituer le fonds pour la période 2011-2014, il est demandé 50 millions d’euros en autorisations d’engagement et 16,6 millions d’euros en crédits de paiement.

Le FFEM a pour mission de subventionner des projets innovants ayant une finalité de développement économique et social, tout en ayant un impact positif sur l’environnement mondial, tel que la protection de la biodiversité, la lutte contre la dégradation des terres.

d) L’aide budgétaire globale (ABG)

L’aide budgétaire globale (ABG), qui se distingue de l’aide budgétaire sectorielle apportée aux pays étrangers sous forme de dons ou de prêts, est un outil privilégié de l’aide publique au développement française, même si elle garde une part relativement réduite dans l’effort total d’APD de la France.

L’ABG se définit comme une aide engagée et décaissée sur une base pluriannuelle, permettant à l’État partenaire de retrouver son pouvoir d’arbitrage. Ce type d’aide repose sur une logique de partenariat, fondé sur un accord global sur les politiques publiques du pays bénéficiaire.

Elle comporte, par rapport aux autres instruments disponibles (subventions projets notamment), plusieurs avantages importants. En particulier, elle contribue à la stabilité du cadre macroéconomique et financier des pays bénéficiaires et favorise l’appropriation des réformes en confiant plus de responsabilités aux pays bénéficiaires.

Elle ne renonce pas à la conditionnalité, mais s’efforce d’en limiter les effets pervers. Toutes les ABG partagent un seul et même prérequis : une politique macroéconomique saine et soutenable, attestée par un programme financé par le FMI (hors ABG « régionales »). La qualité et la fiabilité du système de gestion des finances publiques sont également prises en compte à travers un indicateur de risque fiduciaire, qui détermine les modalités de décaissement de l’ABG.

Les ABG pluriannuelles sont en général des programmes de trois à cinq ans, composés d’une tranche de base fondée sur une appréciation globale, complétée par une tranche additionnelle fondée sur l’appréciation de performances spécifiques (mise en œuvre de mesures, mobilisation de moyens budgétaires, réalisations).

Les ABG bénéficient en majorité aux pays d’Afrique subsaharienne, notamment à la zone Franc ainsi qu’à Haïti. 162 millions d’euros sont demandés en autorisations d’engagement et 85,53 millions en crédits de paiement pour 2011. Par rapport à l’année précédente, cela représente une nette augmentation (66 millions d’euros AE=CP en 2010), du fait du financement intégral des ABG par les crédits du programme 110 et de l’aide de 20 millions d’euros pour Haïti, conformément aux engagements du Présidents de la République.

Au 31 septembre 2010, 63 millions d’euros d’ABG ont été octroyés en faveur d’États d’Afrique subsaharienne et de l’Océan indien. En Haïti, 20 millions d’euros d’ABG ont été engagés en 2010, conformément aux engagements pris par la France à la suite du tremblement de terre qui a frappé l’île le 12 janvier 2010 (40 millions d’euros d’appuis sous la forme d’aides budgétaires pour la période 2010-2011, soit 20 millions d’euros par an).

Le tableau ci-après présente les engagements des aides budgétaires globales sur la période 2008-2010.

PRÉVISIONS ET ENGAGEMENT DES AIDES BUDGÉTAIRES GLOBALES

(en crédits de paiement et en millions d’euros)

 

2008

2009

2010

prévision

exécution

prévision

exécution

prévision

Engagements au 30/09/2010

UEMOA (a)

       

20

20

CEMAC (b)

       

20

30

Bénin

2

1

5

 

2

 

Burkina Faso

2,5

4

 

19,5 (c)

   

Burundi

2

2

2

     

Comores

     

2

   

Guinée

   

3

     

Guinée Bissau

1

2

3

3

3

 

Haiti

2

4

 

2

5

20

Mali

4

 

10

5

15

10 (d)

Mauritanie

       

3

3

Niger

8,5

 

8

5

   

RDC (e)

       

7

 

République Centrafricaine

3

 

3

2

   

Togo

2,5

5

5

4

3

 

Non géographié

10

5,5

       

TOTAL

37,5

23,5

39

40,5

78

83

(a) UEMOA : Union économique et monétaire Ouest-africaine. Une ABG triannuelle de 20 millions d’euros par an engagée en 2007 couvrait la période 2007-2009

(b) CEMAC : Commission de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale.

(c) engagement 2009-2011

(d) engagement 2010-2011

(e) RDC : République démocratique du Congo

Source : réponse au questionnaire budgétaire.

2.– Les contributions à la coopération technique et l’ingénierie

Le fonds d’études et d’aide au secteur privé (FASEP) finance des études de faisabilité en amont de projets d’investissement, des prestations d’assistance technique, ou encore des missions de formation et de coopération institutionnelle, et le soutien au secteur privé. L’eau, l’environnement, l’énergie, les services et les transports sont les secteurs concernés par l’action du FASEP.

Pour l’année 2011, 35 millions d’euros seront consentis, dont 15 millions pour les études au projet de LGV au Maroc.

Le groupement d’intérêt public « Assistance au développement des échanges en technologies économiques et financières » (ADETEF) est chargé de la coopération technique économique et financière du ministère de l’Économie. Il intervient dans les pays émergents, en transition ou en développement sous de multiples formes : conseil, assistance, méthodologie et ingénierie pédagogique et audit dans les domaines budgétaires, fiscaux, de la prévision économique et de l’information statistique.

La subvention pour charges de service public demandée pour l’ADETEF s’élève à 4,3 millions d’euros (contre 4,4 millions d’euros en 2010).

3.– La gestion des opérations de prêts de la RPE

La Réserve pays émergents (RPE) est un instrument politique et financier d’aide liée, accordant des prêts concessionnels avantageux à des pays émergents, pour la réalisation de projets d’infrastructures participant à leur développement économique, et dont la réalisation fait appel à des biens et services français. La RPE est la seule action du programme 851 Prêts à des États étrangers, de la réserve pays émergents, en vue de faciliter la réalisation de projets d’infrastructure, dont les crédits sont retracés dans le compte de concours financiers Prêts à des États étrangers. Pour 2011, 400 millions d’euros en autorisations d’engagement et 350 millions d’euros en crédits de paiement ont été demandés.

La RPE permet ainsi la réalisation de projets de grande ampleur, essentiellement dans le secteur ferroviaire (80 % des engagements sur la période 2005-2009). Plus récemment dans le segment du développement durable, des projets ont été développés dans le secteur de l’eau, ou encore pour la promotion du savoir faire des entreprises françaises dans les énergies renouvelables. Les trois premiers pays bénéficiaires sont le Maroc, l’Égypte et le Vietnam.

Le programme 110 retrace les rémunérations pour la gestion de la RPE et des dons aux États étrangers (FASEP). À ce titre, la direction des Activités institutionnelles de Natixis percevra une rémunération à hauteur de 5,54 millions d’euros en 2011. Cette rémunération est composée d’un montant fixe de 2,6 millions d’euros et d’une part variable représentant 1,05 % du montant des tirages des prêts et dons de l’année considérée.

Les experts indépendants qui réalisent des missions d’expertise afin d’évaluer les projets faisant appel à un financement RPE, seront également rémunérés à hauteur de 0,32 million d’euros en 2011.

C.– LE TRAITEMENT DE LA DETTE DES PAYS PAUVRES

1.– La compensation des annulations de dettes bilatérales

Les annulations de dettes se traduisent au niveau budgétaire par le versement d’une compensation à l’AFD au titre des prêts qu’elle gère.

Jusqu’en 2008, le montant demandé en autorisations d’engagement correspondait strictement aux besoins identifiés en crédits de paiement pour l’année en cours. La Cour des comptes a recommandé qu’en 2009 soit provisionnée l’intégralité des indemnisations dont le montant est d’ores et déjà connu, à savoir les annulations « Dakar » et les annulations du Club de Paris concernant le Mali et la Mauritanie.

À ce titre, 637,3 millions d’euros ont été inscrits en autorisations d’engagement en 2009.

Pour l’année 2011, 69,6 millions d’euros en crédits de paiement permettront de couvrir les échéances annulées au titre de Dakar (68,7 millions d’euros) et les annulations du Club de Paris (0,9 million d’euros). Aucun nouvel accord de traitement de dettes bilatérales n’est prévu pour cette année (0 en AE).

2.– La compensation des annulations de dettes multilatérales

Lors du sommet du G8 de Gleneagles, en juillet 2005, il a été décidé d’annuler la dette des PPTE envers l’AID et le FAD. 44 millions d’euros de crédits de paiement et 382 millions d’euros d’autorisations d’engagement sont demandés à ce titre :

– 31,1 millions d’euros sont demandés pour compenser la dette des PPTE envers l’AID ; 348 millions d’euros ont été engagés pour la période 2006-2015. Pour la prochaine période de 2017-2021, la France doit d’ores et déjà s’engager à hauteur de 265,8 millions d’euros en autorisations d’engagement, payables en 2017 ;

– 12,7 millions d’euros sont demandés pour compenser la dette des PPTE envers le FAD ; 132 millions d’euros ont été engagés en 2006 pour dix ans.

Pour 2011, le FAD a demandé un engagement des États contributeurs au titre de la prochaine période. Sont ainsi demandés 111,46 millions d’euros en autorisations d’engagement dans le présent projet de loi de finances.

II.– LE PROGRAMME 209
SOLIDARITÉ À L’ÉGARD DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

Les crédits demandés pour ce programme s’élèvent à 2,05 milliards d’euros en autorisations d’engagement (contre 2,18 milliards d’euros en 2010) et 2,13 milliards d’euros en crédits de paiement (contre 2,12 milliards d’euros en 2010).

Une partie de l’évolution des crédits s’explique par une mesure de périmètre. Le programme 209 Solidarité à l’égard des pays en développement serait recentré en 2011, pour ne plus regrouper que les grands instruments de l’aide au développement et les moyens relatifs à la gouvernance de la mission.

La maquette précédente définissait une frontière géographique entre les pays éligibles à l’aide publique au développement (au sens du Comité d’aide au développement) et relevant du programme 209 et les autres États, qui dépendaient du programme 185 (lequel appartient à la mission Action extérieure de l’État).

La nouvelle architecture budgétaire redéfinit les deux programmes selon les lignes suivantes :

– le programme 185 Diplomatie culturelle et d'influence se décline désormais par secteur d’activités : Coopération culturelle et promotion du français, Attractivité et recherche, Enjeux globaux, Subvention à l’AEFE ;

– le programme 209 Solidarité à l’égard des pays en développement est quant à lui décliné par instrument. Il distingue la coopération bilatérale de la coopération multilatérale, miroir de l’actuel programme 110 géré par la direction générale du Trésor. Les ETP et la masse salariale demeurent inchangés, mais sont regroupés au sein de chaque programme sur une action spécifique.

Cette redéfinition correspond aux recommandations formulées par le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID), car elle présente une ventilation analytique plus claire entre les crédits bilatéraux, les crédits multilatéraux et les crédits communautaires. Elle répond également aux observations de la Cour des comptes dans ses notes d'exécution budgétaire (NEB) et d'analyse du programme (NAP) pour 2009, ainsi qu’aux demandes du Rapporteur spécial.

Ce programme porte la mise en œuvre de la politique d’aide publique au développement de la France, selon les orientations fixées par le CICID : lutte contre la pauvreté et réalisation des OMD, appui à la croissance équitable et durable, bonne gestion des biens publics mondiaux, promotion de la gouvernance démocratique.

Au total, 162 millions d’euros nets (en AE comme en CP) ont été transférés du programme n° 209 au programme n° 185 Diplomatie culturelle et d’influence de la mission Action extérieure de l’État. L’essentiel de ces crédits sont exécutés dans le domaine de la culture et du français, de l’enseignement supérieur, de la recherche et des enjeux globaux destinés aux pays bénéficiaires de l’aide publique au développement, soit environ 159 millions d’euros. De plus, 7,6 millions d'euros sont des crédits de fonctionnement pour « l’animation et l’appui général au réseau ».

À l’inverse, ont été transférés, en 2011, du programme 185 vers le programme 209, les crédits dans le domaine de la gouvernance qui sont destinés aux pays ne bénéficiant pas de l’APD, à hauteur de 2,7 millions d'euros et les crédits de la coopération décentralisée (environ 1,5 million d'euros) et du volontariat (environ 1 million d'euros) qui sont destinés aux pays ne bénéficiant pas de l’APD.

Le Rapporteur spécial n’est pas hostile à l’idée de séparer la coopération culturelle de l’aide au développement, dans la mesure où elle correspond davantage à une stratégie d’influence qu’à une politique de développement, mais estime qu’il convient dans ce cas d’en tirer les conséquences en soustrayant les crédits dédiés à la coopération culturelle des dépenses d’APD déclarées au Comité d’aide au développement (CAD), ce qui ne semble pas être l’intention du Gouvernement.

A.– L’AIDE BILATÉRALE

1.– Les dépenses de fonctionnement

Les dépenses de fonctionnement autres que celles de personnel s’élèvent à 23 millions d’euros et les subventions pour charges de service public représentent 10 millions d’euros.

Au titre de la coopération en matière de gouvernance, les crédits demandés pour des actions telles que l’achat d’ouvrages juridiques pour un public non identifié ou l’organisation d’une manifestation publique de sensibilisation aux droits de l’Homme, seront de 261 000 euros. Pour ce qui est de la rémunération de l’AFD, telle que déterminée dans la convention cadre du 4 janvier 2007, il est prévu 22,8 millions d’euros en 2011.

Les subventions pour charges de service public sont couvertes par une dotation de 3,9 millions d’euros pour le GIP ESTHER et de 6,7 millions d’euros (10 millions d’euros en AE) pour le GIP ENA. Le premier groupement d’intérêt public « Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau » a été créé en 2002 pour favoriser l’accès au traitement des patients atteints du SIDA et de ses co-infections dans dix-huit pays. Le second GIP met en œuvre les actions en faveur de l’éducation numérique en Afrique.

2.– Un effort en faveur de l’aide-projet, insuffisant pour combler les retards accumulés

L’aide-projet (dons) intervient dans la zone de solidarité prioritaire (ZSP) à travers trois canaux :

– le fonds de solidarité prioritaire (FSP) dans les domaines de la gouvernance (justice, sécurité, droits de l’Homme), de la coopération universitaire, de la culture et de l’audiovisuel ; au sein du FSP, on distingue une enveloppe pour les projets « CD/FSD » (crédits déconcentrés / fonds social de développement) : ils se rattachent à la catégorie des projets pays et correspondent à des enveloppes budgétaires d’utilisation rapide, dont la mise en œuvre est confiée aux ambassades et qui ont pour objet de permettre le financement de micro-projets locaux pour lutter contre la pauvreté et renforcer la société civile ;

– les subventions de l’AFD pour les autres secteurs (éducation, santé, eau, environnement, développement rural) ;

– les subventions déléguées par l’AFD aux ONG.

La dotation relative aux dons-projets serait portée à 312 millions d’euros en autorisations d’engagement (+ 18 %) et 389 millions d’euros en crédits de paiement (+ 20 %) en 2011. Le Rapporteur spécial se réjouit de cette augmentation mais déplore que le projet annuel de performances ne livre aucune information sur la répartition des crédits entre le FSP, l’AFD et les ONG.

a) le Fonds de solidarité prioritaire (FSP)

Au premier semestre 2010, le fonds de solidarité prioritaire (FSP) a financé des projets à hauteur de 11,8 millions d’euros, répartis de la façon suivante.

Un report de charges substantiel s’est accumulé sur le FSP ces dernières années, du fait de l’accumulation de gels ou de budgétisations insuffisantes. Le tableau suivant présente l’échéancier des crédits de paiement nécessaires pour couvrir le cumul des autorisations d’engagement ouvertes jusqu’en 2010 et n’intègre pas les besoins futurs liés aux autorisations d’engagement ouvertes à partir de 2011.

CRÉDITS DE PAIEMENT NÉCESSAIRES POUR COUVRIR
LES AUTORISATIONS D’ENGAGEMENT PASSÉES DU FSP

(en millions d’euros)

Année d'origine des AE

AE

2010

2011

2012

2013

2005 (a)

1 052,1

19,1

 

 

 

2006

136,8

14,8

6,8

 

 

2007

118,7

23,7

11,9

5,9

 

2008

89,4

26,8

17,9

8,9

4,5

2009

41

9,02

11,89

8,2

6,15

2010

25

2,5

5,5

7,25

5

 

Total annuel

96

54

30

16

Source : Réponses au questionnaire budgétaire.

(a) Il s’agit de la somme des engagements antérieurs à 2006. Ces engagements correspondent aux engagements juridiques pluriannuels pris ces années-là (pouvant avoir été couverts par des AE de régularisation en 2006).

Ainsi, en 2011, 54 millions d’euros de CP seraient nécessaires rien que pour couvrir les engagements passés du FSP.

b) L’aide-projet de l’AFD

Les engagements se sont élevés à 222 millions d'euros en 2008 et 228 millions d'euros en 2009. Il est prévu que les engagements 2010 représentent seulement 178 millions d'euros. Le total des engagements déjà octroyés entre janvier et juillet 2010 est de 65 millions d'euros.

En 2008 et 2009, 60 % des engagements portent sur des projets en Afrique subsaharienne et 25 % dans les États fragiles (10). L’indicateur de concentration, qui rend compte de la part des subventions consacrée aux 14 pays prioritaires désignés par le CICID de 2009 (11), atteint 76 % en 2009.

Le tableau qui suit présente les engagements en subventions par groupe de pays (PMA/non PMA) et grandes régions.

LES ENGAGEMENTS DE L’AFD EN SUBVENTIONS PAR GROUPE DE PAYS

(en millions d’euros)

 

2008

2009

Prévisions 2010

engagés au 1er semestre 2010

Afrique Sub-Saharienne

130

145

102

36

dont 14 PMA prioritaires CICID

71

112

74

26

dont Projets régionaux Afrique

39

15

24

8

         

Pays fragiles

60

56

40

14

         

Autres pays

13

20

28

7

dont Méditerranée

6

7

13

3

dont Asie

6

10

7

2

dont projets régionaux

 

3

8

2

         

Projets transversaux

18

7

9

8

         

Total subventions

222

228

178

65

dont PMA

122

158

105

37

         

Afrique Sub-Saharienne

59 %

63 %

57 %

55 %

Pays fragiles

27 %

25 %

22 %

21 %

Autres pays

6 %

9 %

15 %

11 %

Projets transversaux

8 %

3 %

5 %

12 %

Total subventions

100 %

100 %

100 %

100 %

         

Indicateur de concentration 14 PMA prioritaires CICID (*)

69 %

76 %

61 %

64 %

(*) 14 PMA prioritaires CICID / total des subventions hors projets régionaux, hors projets transversaux et hors pays fragiles.

Source : ministère des Affaires étrangères et européennes.

RÉPARTITION SECTORIELLE DES PROJETS ENGAGÉS

(en millions d’euros)

 

2008

2009

réalisations
1er semestre 2010

Agriculture et sécurité alimentaire

30

45

6

Eau et assainissement

70

15

11

Éducation

17

30

15

Environnement et ressources naturelles

10

15

6

Infrastructures et développement urbain

34

28

6

Santé et lutte contre le sida

19

52

15

Secteur productif

14

32

1

Autres et multi secteurs

27

12

4

Total

222

228

65

Source : ministère des Affaires étrangères et européennes.

En 2010, l’AFD a manqué de crédits de paiement pour honorer les engagements des années précédentes. D’année en année, le report de charge, défini comme la masse des engagements qui attendent un règlement, s’accroît de manière préoccupante. Il menace d’entraver la capacité d’action de l’agence.

Les prévisions ci-dessous correspondent aux crédits de paiement nécessaires pour couvrir le cumul des autorisations d’engagement jusqu’en 2010 et n’intègrent pas les besoins futurs liés aux autorisations d’engagement à partir de 2011.

CRÉDITS DE PAIEMENT NÉCESSAIRES POUR COUVRIR
LES AE OUVERTES AVANT 2011

(en millions d’euros)

Année d'origine des AE

AE

2010

2011

2012

2013

2001

166

2

 

 

 

2002

160

2

2

 

 

2003

176

11

2

2

 

2004

174

19

10

2

2

2005

228

34

25

14

2

2006

279

45

42

31

17

2007

260

42

42

39

29

2008

167

20

27

27

25

2009

189

23

23

30

30

2010

135

4

16

16

22

 

Total annuel

200

188

160

126

Source : Réponse au questionnaire budgétaire.

c) L’aide-projet déléguée aux organisations non gouvernementales

Depuis 2009, le financement des projets des ONG a été transféré à l’AFD, le ministère des Affaires étrangères et européennes restant en charge du dispositif d’appui au volontariat, de l’action humanitaire et, à travers le réseau culturel, du soutien aux sociétés civiles locales à l’étranger via les projets CD/FSD (crédits déconcentrés/fonds social de développement). Les projets participant au renforcement de l’État de droit, au respect des droits humains, à la lutte contre la corruption et à une gouvernance efficace sont éligibles bien que ces secteurs ne soient pas transférés à l’Agence.

D’après les informations qu’elle a fournies au Rapporteur spécial, l’AFD a octroyé 108 projets aux ONG en 2009, dont 48 % en Afrique, pour un montant de 37 M€ pour le programme 2009 (et 924 000 euros sur le programme 185).

En 2010, 42 millions d’euros d’autorisations d’engagement et 26 millions d’euros de crédits de paiement devraient être mis à disposition pour 70 à 90 projets mis en œuvre par des ONG. 25 % concerneraient des interventions d’intérêt général (éducation au développement et structuration du milieu associatif) et 75 % des interventions de terrain.

Les représentants des ONG que le Rapporteur spécial a auditionnés estiment qu’en 2011, si les autorisations d’engagement sont maintenues à 45 millions d’euros, 42 millions d’euros de crédits de paiement seraient nécessaires pour couvrir les projets déjà engagés et les premières échéances des nouveaux projets.

d) L’enveloppe « AFPAK »

La zone Afghanistan/Pakistan a fait l’objet d’un financement en 2010 de 20 millions d’euros. Cette année, 15 millions d’euros sont demandés en crédits de paiement (20 millions en autorisations d’engagement), afin de prolonger les axes de coopération et de développement déjà engagés. Les crédits de l’AFPAK financent notamment des programmes agricoles et de développement rural, ou encore des programmes pour l’électrification rurale.

Le Rapporteur spécial s’étonne qu’une enveloppe particulière soit réservée à la « cellule AFPAK ». Il y a là un risque de mélange des genres entre intervention militaire, intervention civile dans le cadre d’une opération militaire, et aide au développement.

Les ONG que le Rapporteur spécial a auditionnées s’inquiètent du risque d’instrumentalisation de l’aide en Afghanistan. À leurs yeux, l’implication des militaires dans la distribution de l’aide humanitaire ne se fait pas dans un objectif d’humanité, d’indépendance et de neutralité. En effet les actions civilo-militaires ont un objectif politique et stratégique de contre-terrorisme et s’affichent clairement comme des actions pour « gagner les cœurs et les esprits ».

3.– L’aide alimentaire et humanitaire

Alors que les crises humanitaires se sont multipliées et que l’on peut craindre que la tendance ne s’inverse pas à moyen terme (changement climatique, conflits, etc.), les moyens de la France pour y répondre sont insuffisants. Ce manque de financement s’accompagne d’un manque de stratégie. Ainsi, si le centre de crise se concentre strictement sur l’urgence immédiate, les crédits de l’aide-projet, et notamment ceux délégués par l’AFD aux ONG, se concentrent sur les projets de développement. Il n’y a ainsi aucun outil adapté pour les phases intermédiaires, pourtant cruciales, de reconstruction ou « post-crises », entre l’urgence et le développement. Le cas d’Haïti, où la situation humanitaire reste préoccupante, illustre particulièrement ce manque.

a) L’aide alimentaire

37 millions d’euros devraient être consacrés à l’aide alimentaire, comme en 2010.

La stratégie de la France en matière d’assistance alimentaire s’inscrit dans le cadre des conclusions du Conseil européen du 10 mai 2010 sur l’assistance alimentaire humanitaire.

L’assistance alimentaire française s’inscrit également dans le cadre d’engagements pris par la France au titre de la convention internationale sur l’aide alimentaire, dite convention de Londres. Dans le cadre de cette convention, la France s’est engagée à mobiliser, sur une base prévisible et quelles que soient les fluctuations de prix, l’équivalent de 200 000 tonnes équivalent céréales par an sous forme de denrées alimentaires et de semences. L’aide alimentaire, gérée par le ministère des Affaires étrangères et européennes, a été de 31,79 millions d’euros en 2006, 30,4 millions d’euros en 2007, 52 millions d’euros en 2008 (en réponse à la crise des prix agricoles) et 35 millions d’euros en 2009.

En 2010, l’enveloppe disponible a permis des opérations dans 23 pays dont 16 d’Afrique subsaharienne. Cette aide a également permis de contribuer à la réponse internationale face aux crises humanitaires majeures (Haïti, TAP, Afghanistan, Niger, RDC, Somalie, Soudan, Tchad, etc.).

L’augmentation des catastrophes naturelles, la persistance de certains conflits, de nouvelles crises politiques, le maintien des prix à des niveaux élevés et la récession mondiale, ont maintenu les besoins d’assistance alimentaire à des niveaux élevés.

b) Le fonds d’urgence humanitaire

Le fonds d’urgence humanitaire (FUH) devrait être doté de 8,9 millions d’euros en 2011, contre 8,45 millions d’euros en 2010.

Principal instrument financier du Centre de crise, le FUH permet au ministère des Affaires étrangères et européennes de mobiliser les acteurs français dans le cas de crises humanitaires. Il peut recevoir des dons des collectivités territoriales, de particuliers et d’entreprises, via le fonds de concours géré par le centre de crise (CDC) qui résulte de la fusion de la délégation à l’action humanitaire et de la sous-direction de la sécurité des personnes.

Il est compétent à la fois pour les crises mettant en danger la sécurité des Français à l’étranger et pour les crises humanitaires.

c) L’enveloppe consacrée à Haïti

À la suite du séisme du 12 janvier 2010, la France a débloqué des crédits en urgence pour la reconstruction du pays. En 2011, ces crédits de 20 millions d’euros (30 millions d’euros en autorisations d’engagement) permettront de poursuivre les engagements de reconstruction et d’aides aux actions prioritaires (reconstruction de l’hôpital de Port-au-Prince, ou encore l’aide à la re-scolarisation).

4.– Les bourses et échanges d’expertise

Au titre de la coopération bilatérale, les bourses s’élèveraient en 2011 à 7,4 millions d’euros. Ce montant correspond à environ 2 000 bénéficiaires. À titre d’exemple, une partie de ces bourses bénéficie à des ressortissants étrangers acceptés dans les cycles courts ou longs de l’ENA (une trentaine en 2010) ainsi que dans d’autres écoles de fonctionnaires (Écoles nationales du Trésor, des impôts, du cadastre…). Elles peuvent aussi être allouées à des personnes suivant des stages dans des institutions françaises (Conseil d’État, Assemblée nationale, Sénat…).

Les échanges d’expertise seraient quant à eux financés à hauteur de 3,3 millions d’euros. Cette subvention correspond à environ 1 350 bénéficiaires : personnalités étrangères invitées en France ou experts français en mission dans un État étranger, comme des avocats du Barreau de Paris venus soutenir la création du Barreau afghan, par exemple.

5.– Les contrats de désendettement et de développement (C2D)

Les C2D sont l’outil juridique traduisant la décision de la France prise à Cologne en 1999, d’annuler la totalité de sa dette bilatérale d’APD. Ces contrats reposent sur un mécanisme de refinancement par dons des échéances dues. Le pays débiteur honore sa dette, et la France reverse aussitôt à ce même pays la somme correspondante pour l’affecter à des programmes de lutte contre la pauvreté.

Pour l’année 2011, les prévisions de décaissement des C2D ont été calculées sur la base des contrats signés et en cours d’exécution à la date d’établissement du PLF et des besoins anticipés sur les contrats qui sont signés d’ici la fin de l’année 2010. Plus de 78,3 millions d’euros de crédits ont été demandés. À ce titre, les C2D qui seront signés avec le Congo et le Cameroun représenteront 54,5 millions d’euros en sus des 23,8 millions d’euros prévus pour les C2D déjà signés avec le Cameroun, le Ghana, Madagascar et la Mauritanie.

*

* *

Le tableau suivant récapitule l’ensemble des dépenses d’intervention bilatérales.

DÉPENSES D’INTERVENTION BILATÉRALES

(en euros)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Bourses

7 426 926

7 426 926

Échanges d’expertise

3 289 985

3 289 985

Dotations pour opérations aux EAF

760 144

760 144

Autres moyens bilatéraux d’influence

7 244 008

7 244 008

Total sous-action

18 721 063

18 721 063

Dont projets AFD, FSP, ONG

311 834 450

389 334 450

AFPAK

20 000 000

15 000 000

Haïti

30 000 000

20 000 000

Contrats de désendettement

78 320 000

78 320 000

Fonds de coopération pacifique (FCP)

2 000 000

2 000 000

Aide budgétaire post-conflit et transferts sorties de crises

25 000 000

25 000 000

Coopération décentralisée

9 835 586

9 835 586

Volontariat

21 589 191

21 589 191

Canal France international (CFI)

15 390 000

15 390 000

Aide alimentaire

37 122 950

37 122 950

Fonds d’urgence humanitaire (FUH)

8 900 000

8 900 000

Total sous-action

559 992 177

622 492 177

Source : PAP.

B.– LES CONTRIBUTIONS MULTILATÉRALES

Les contributions aux fonds multilatéraux de développement permettent d’exposer et de promouvoir les positions françaises dans les enceintes internationales traitant des problématiques de développement.

1.– L’érosion des contributions volontaires aux organisations internationales

Les contributions volontaires de la France aux agences de l’ONU continuent à diminuer (– 13 %) à 49 millions d’euros, contrairement à l’engagement du président Chirac en 2005 de les augmenter de 60 millions d’euros en trois ans. L’essentiel des crédits (85 %) bénéficie à quatre d’entre elles : le PNUD, le HCR, l’UNICEF et l’UNRWA.

Ces institutions sont chargées de la mise en œuvre d’opérations de développement, d’actions humanitaires et d’urgence. Elles ne bénéficient pas de contributions obligatoires.

ÉVOLUTION DES CONTRIBUTIONS VOLONTAIRES FRANÇAISES AUX AGENCES DE L’ONU

(en millions d’euros)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

68

85

85,5

90

73

53

49

2.– L’effort annoncé en faveur du fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme n’est pas budgété

Malgré l’annonce du Président de la République aux Nations Unies en septembre 2010 d’augmenter de 20 % en 3 ans (soit 60 millions d’euros) la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la dotation de 300 millions d’euros est reconduite en 2011.

Où seront donc pris les 20 millions d’euros nécessaires ? Le Rapporteur spécial craint des redéploiements de crédits en cours d’exercice, au détriment d’autres actions. Une autre hypothèse est évoquée : celle d’une utilisation de la contribution de solidarité sur les billets d’avion. Dans ce cas, une augmentation des taux de cette taxe serait nécessaire.

3.– La francophonie

Le loyer de la maison de la francophonie, située avenue Bosquet à Paris, mise à disposition de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) par la France, devrait coûter 5,2 millions d’euros en 2011.

Les 56 millions d’euros de dépenses d’intervention pour 2011 en faveur de la francophonie sont versés à l’OIF au titre de contribution obligatoire et à d’autres opérateurs agissant en faveur de la défense de la francophonie.

4.– L’initiative « Fast Track » ou « éducation pour tous »

L’Initiative éducation pour tous ou Fast Track, permettant la mise en œuvre accélérée de l’éducation pour tous, entend réaliser les objectifs du Millénaire de scolarisation universelle d’ici 2015. Cette politique est financée par la France à hauteur de 16,6 millions d’euros en 2011 (50 millions d’euros ouverts en autorisations d’engagement en 2010).

5.– Le soutien à l’expertise française auprès des organisations internationales

7,8 millions d’euros seront alloués au financement de l’expertise française auprès des organisations des Nations Unies (programme Jeunes Experts Associés – JEA) et hors système de l’ONU (les fonds fiduciaires).

Le programme JEA compte 24 experts répartis dans 14 agences différentes des Nations Unies, et 7 volontaires. Ces crédits financent également 9 JEA à la Banque Mondiale et la création de 4 postes auprès de la Commission européenne. Il existe enfin des experts nationaux détachés, notamment auprès de la Banque Mondiale.

Le financement des fonds fiduciaires de développement permet à la France de mieux négocier les projets ou travaux qui l’intéressent. Il s’agit notamment du fonds fiduciaire de la Banque mondiale pour l’intégration méditerranéenne, ou encore les fonds fiduciaires basés à l’OCDE.

C.– LA CONTRIBUTION AU FONDS EUROPÉEN DE DÉVELOPPEMENT

Le fonds européen de développement (FED) est le principal instrument financier de la politique européenne de développement à destination des pays de la zone Afrique, Caraïbes, Pacifique et des pays et territoires d’outre-mer (ACP).

En 2010, le montant inscrit en loi de finances initiale était, comme les années précédentes, insuffisant, si bien qu’il faudra probablement ouvrir des crédits en loi de finances rectificative pour 2010, à hauteur de 37 millions d’euros.

La contribution au FED passe en 2011 de 908 millions d’euros à 804 millions d’euros. Cette forte diminution est liée à la réduction de la clé de contribution de la France au FED (qui passe de 24,3 % à 19,5 %). Le Gouvernement fait valoir que le montant demandé cette année est sincère et qu’il correspond exactement à la part du budget du FED pour 2011 qui revient à la France.

ÉCHÉANCIER DES CONTRIBUTIONS AU FED

(en millions d’euros)

 

2009

2010

2011

2012

2013

Contribution totale

3 565

3 740

3 900

4 210

4 300

Contribution française

852

909

804

823

841



Clé de contribution du 9ème FED (24.3 %) Clé du 10ème FED (19,55 %)

III.– LE PROGRAMME 301 DÉVELOPPEMENT SOLIDAIRE ET MIGRATIONS

Ce programme, qui représente une très faible part de la mission Aide publique au développement, relève du ministère de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire. La finalité de ce programme est de favoriser le développement des pays à l’origine de flux migratoires importants vers la France. Cette politique est fondée sur l’idée que les migrations peuvent être un facteur clé de développement dès lors qu’elles sont gérées avec le pays d’origine. Le codéveloppement se définit comme une aide au développement à laquelle participent des migrants vivant en France.

Si la solution aux problèmes posés par l’immigration réside bien dans le développement des pays d’origine des migrants, ni le programme 301 ni la politique du ministère de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire n’apportent une réponse adaptée. Le conditionnement des aides accordées à la signature d’accords de réadmission risque de s’étendre à l’ensemble de l’APD bilatérale. Ainsi, dans les conclusions du comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) de juin 2009, on peut lire que « les pays ayant conclu un accord de gestion concertée des flux migratoires pourront bénéficier d’un traitement préférentiel en matière d’APD ».

En 2011, les autorisations d’engagement demandées passent de 26 à 30 millions d’euros, tandis que les crédits de paiement diminuent de 34 à 30 millions d’euros, essentiellement en raison d’une réduction des crédits finançant l’action 3 Autres actions bilatérales de développement solidaire.

1.– Les aides multilatérales de développement solidaire

Le 23 octobre 2009, un accord a été signé pour la création par la Banque africaine de développement et le FAD d’un fonds multi-donateurs pour l’initiative « Migration et Développement », dont la France est contributeur à hauteur de 2 millions d’euros en 2011 – soldant ainsi les 6 millions d’euros d’autorisations d’engagement ouvertes en 2008.

Ce fonds a pour mission d’améliorer les transferts de fonds des pays migrants vers l’Afrique, de favoriser les réformes des cadres réglementaires, le développement de produits financiers et participer à l’investissement productif et au développement local dans les pays d’origine. Sa première réunion a eu lieu en septembre 2010. Pour l’instant, il n’y a que deux donateurs : la France et le fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA).

2.– Les aides à la réinstallation des migrants dans leur pays d’origine

Cette action est complémentaire des aides au retour (dites « volontaire » et « humanitaire »), financées par la mission Immigration, asile et intégration. Ses crédits financent un accompagnement des migrants retournant dans leur pays d’origine par un appui à la création d’activités économiques génératrices de revenus. Les crédits sont gérés par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), qui supervise les opérations de réinstallation dans leur pays d’origine des migrants ayant séjourné en France.

Depuis septembre 2009, de nouvelles dispositions rendent plus attractives les aides au retour et à la réinsertion.

Il existe trois catégories d’aides au retour et trois catégories d’aide à la réinsertion, toutes financées dans le cadre de l’action n° 2 (12) :

– l’aide au retour volontaire (ARV) est l’aide au retour de droit commun des étrangers en situation irrégulière. Elle inclut des aides financières différenciées selon la composition des familles ;

– l’aide au retour humanitaire (ARH) est une aide versée à certaines catégories d’étrangers présents sur le territoire français depuis plus de trois mois, en situation de dénuement ou de grande précarité ;

– l’aide au retour sans aide financière (AR) est une aide exceptionnelle, attribuée sous conditions, permettant d’organiser le retour des étrangers présents sur le territoire métropolitain, depuis moins de trois mois, sans versement d’aide financière ;

– l’aide à la préparation du projet économique consiste en la prise en charge par l’OFII d’un accompagnement technique assuré par des opérateurs conventionnés ;

–l’aide financière au démarrage économique permet de faire financer par l’OFII le financement de l’investissement mobilier ou immobilier nécessaire à la mise en œuvre dudit projet ;

– l’accompagnement à la mise en œuvre et au suivi du projet pendant un an est pris en charge par une structure locale d’appui conventionnée avec l’OFII.

En 2010, compte tenu des mouvements intervenus en cours de gestion budgétaire, 2 millions d’euros d’autorisations d’engagement et 3 millions d’euros de crédits de paiement devraient être consommés. Pour 2011, 2,5 millions d’euros en autorisations d’engagement comme en crédits de paiement sont prévus.

3.– Les accords de gestion concertée des flux migratoires et autres actions bilatérales

Depuis 2007, treize accords de gestion concertée des flux migratoires et de développement solidaire ont été signés avec le Sénégal, la République du Congo, le Bénin, le Gabon, la Tunisie, le Cap Vert, Maurice, le Burkina Faso, le Cameroun, la Serbie, le Monténégro, la République de Macédoine et le Liban, dont six ont été ratifiés par le Parlement en avril 2010. L’objectif est d’atteindre une vingtaine de pays en 2012. Des négociations sont en cours avec le Mali, le Maroc, l’Égypte et l’Algérie.

Le volet développement solidaire de ces accords comporte des dispositions prévoyant l’appui par la France à des initiatives de développement local ou de retour de compétences au profit du pays d’origine portées par les associations de migrants, ainsi que des projets de développement au titre de la coopération avec le Gouvernement du pays signataire. Ces projets sont censés s’inscrire dans la stratégie globale d’APD définie par le CICID, ainsi que dans le document cadre de partenariat du pays concerné.

À ce titre, 22,3 millions d’euros de crédits de paiement et 24 millions d’autorisations d’engagement sont demandés pour 2011.

3,5 millions d’euros d’autorisations d’engagement et 3,2 millions d’euros de crédits de paiement sont demandés pour financer des projets de coopération décentralisée, des ONG et organisations issues des migrations dans des pays signataires ou non d’un accord de développement solidaire.

*

* *

COMPTE RENDU
DE LA COMMISSION ÉLARGIE DU 26 OCTOBRE À 17 HEURES

(application de l’article 117, alinéa 2, du Règlement)

M. le président Jérôme Cahuzac. La Commission des finances et la Commission des affaires étrangères sont réunies en commission élargie, madame la ministre, afin de vous entendre sur les crédits consacrés, dans le projet de loi de finances pour 2011, à la mission « Aide publique au développement ».

Nous entendrons d’abord les rapporteurs de nos deux commissions : M. Emmanuelli, rapporteur spécial, et Mme Martinez, rapporteure pour avis. Puis, après que vous leur aurez apporté les précisions demandées, les députés qui le souhaitent pourront vous interroger à leur tour.

M. le président Axel Poniatowski. Je vous remercie, madame la secrétaire d'État chargée du commerce extérieur, de votre présence parmi nous pour l'examen des crédits de la mission « Aide publique au développement ».

Un problème inédit, assez sérieux, se pose cette année : nous n'avons toujours pas reçu l’ensemble des documents budgétaires permettant à la représentation nationale d'examiner comme elle le devrait la politique du Gouvernement. Cela me semble d’autant plus regrettable que cette politique est de celles qui sont observées avec grande attention depuis l'étranger, par les pays bénéficiaires comme par les autres pays donateurs. Compte tenu de nos engagements internationaux, la question de savoir si nous sommes ou non résolument engagés dans la voie d'une aide au développement représentant 0,7 % de notre revenu national brut est importante. Où en sommes-nous à ce jour au regard des prévisions de l'année dernière, qui tablaient sur un taux d’aide publique au développement compris entre 0,44 % et 0,48 % de notre revenu national brut ?

La question est importante parce que le Président de la République a fait des annonces remarquées cette année. Lors du sommet du G8 à Muskoka en juin, il a indiqué que la France ferait un effort supplémentaire de 500 millions d’euros en faveur de la santé maternelle et infantile entre 2011 et 2015.

M. Jean Glavany. Où les prend-on ?

M. le président Axel Poniatowski. Puis, en septembre, lors du sommet sur les objectifs du millénaire pour le développement, il a annoncé une augmentation de 20 % de notre contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida au cours des trois prochaines années, ce qui portera notre effort à 1,4 milliard de dollars.

Le sujet est important, aussi, car d’autres pays – le Royaume-Uni particulièrement – font en sorte, malgré un contexte économique difficile, de maintenir et même augmenter leur effort budgétaire en faveur de l’aide publique au développement.

Pour ces raisons, j’aimerais savoir, madame la ministre, comment la France aborde cette question et comment elle prévoit de traduire son engagement international dans ses prévisions budgétaires. Je ne doute pas que vous nous donnerez en outre des précisions sur l'architecture et les dispositions globales du budget de cette mission pour l'an prochain.

M. Henri Emmanuelli, rapporteur spécial pour la mission « Aide publique au développement ». Votre présence nous est d’autant plus précieuse, madame la ministre, que ni M. Kouchner ni M. Besson ne sont là. Quant au secrétariat d'État à la coopération et à francophonie, il s’est perdu corps et bien, M. Joyandet n’ayant pas été remplacé. Dans ce contexte, vous avez beaucoup de mérite, Madame, à laisser un instant de côté le commerce extérieur pour vous pencher sur les heurs et malheurs de l’aide publique au développement. Je déplore l’absence des deux ministres – dont j’ai du mal à croire que, écrasante soit leur charge de travail, ils n’aient pu, en six mois, trouver les deux heures nécessaires pour répondre à nos questions. Je la regrette d’autant plus que nous sommes confrontés cette année à un phénomène inédit : pour la première fois, nous n’avons pas reçu les documents nécessaires à l’examen de ce programme. Le Parlement n’est donc pas complètement informé. En particulier, nous ne disposons toujours pas du document de politique transversale, annexe principale en ce qui concerne l’aide publique au développement, puisque c’est là que figurent les pourcentages et montants en valeur absolue. Seule cette annexe nous permettrait d’apprécier où l’on en est par rapport à l’objectif de consacrer 0,7% du revenu national brut à l’aide publique au développement.

À titre personnel, je pense que, même si cela n’est pas dit, cet objectif n’en est plus un pour le Gouvernement . Comment interpréter autrement le document de programmation annuelle ? Sa lecture montre que le montant de l’aide publique au développement est constant jusqu’à la fin 2013. Il aurait fallu l’augmenter notablement pour arriver à 0,5% du revenu national brut, et je suppose que ce ne sera pas le cas. Je sais que le contexte budgétaire est défavorable, mais je constate, comme le président de la Commission des affaires étrangères, que d’autres pays, tel le Royaume-Uni, maintiennent leur effort.

Par ailleurs, nous n’avons aucune information sur la répartition des crédits alloués à l’Agence française de développement pour l’aide aux projets. Cette information, qui figure habituellement dans le bleu budgétaire, ne nous est jamais parvenue en dépit de mes demandes réitérées et de promesses non moins répétées. Nous avons seulement connaissance d’une dotation globale, qui concerne en bloc le Fonds de solidarité prioritaire, l’aide-projet de l’Agence française de développement et l’aide déléguée aux ONG. Ce montant global est en augmentation, et je m’en félicite car j’ai déploré sa faiblesse les années passées. Mais j’observe qu’un important retard doit être rattrapé : la crise des crédits de paiement de 2009 n’a pas été compensée, et pour le faire, il faudrait renoncer à tout nouveau projet pendant un an. Selon le directeur général de l’Agence française de développement, les arbitrages ne sont toujours pas faits. Or, la ventilation de ces crédits est d’autant moins anodine que le Fonds de solidarité prioritaire et l’Agence française de développement soutiennent des secteurs distincts : le premier s’attache à la gouvernance, la seconde aux questions d’agriculture, d’éducation, de santé et d’eau. Telles sont les informations qui ne nous ont pas été fournies.

Notre commission n’a pas davantage reçu copie de la version définitive du document cadre de coopération au développement adopté le 15 octobre dernier. La version provisoire de ce document définissait une politique de développement visant quatre objectifs complémentaires : dans l’ordre, la préservation de la stabilité et de la sécurité ; la croissance partagée durable ; la lutte contre la pauvreté et les inégalités ; et enfin la préservation des biens publics mondiaux. Dans la version finale, la préservation de la stabilité et de la sécurité figure-t-elle toujours comme objectif premier de l’aide publique au développement? Cela me paraîtrait assez préoccupant : la priorité absolue de l’aide publique au développement n’est-elle pas la lutte contre la pauvreté ?

J’en viens aux annulations de dette, comptabilisées dans l’aide publique au développement pour lui donner un niveau plus convenable - de la sorte, de 1 à 2 milliards par an viennent gonfler le volume de l’aide publique au développement depuis une dizaine d’années. Mais l’initiative « Pays pauvres très endettés » va venir à son terme. Pendant combien d’années encore le volume de l’aide publique au développement sera-t-il maintenu par les annulations de dette ? Comment seront-elles compensées par la suite ? Le Gouvernement y songe-t-il ? Je dois dire le scepticisme que m’inspirent à ce sujet les financements dits innovants, et particulièrement l’hypothèse d’une taxe sur les transactions financière à l’échelon international. À titre personnel, j’appellerais une telle taxe de mes vœux mais, considérant que les Européens ne parviennent pas à s’entendre à ce sujet, je doute que cette solution voie le jour.

Ma dernière question porte sur l’orientation de l’aide qui, ces dernières années, est allée aux pays émergents. Elle serait mieux utilisée dans les pays les plus pauvres. Je ne mésestime pas l’intérêt qu’il y a pour la France à manifester sa présence en finançant des projets dans les pays émergents, mais il faut réserver les crédits permettant des bonifications de prêts aux pays qui en ont le plus besoin. L’aide publique au développement de la France n’est pas à la hauteur de ce qui serait nécessaire. L’Afrique, connaissant une explosion démographique, comptera sous peu 1,3 milliard d’habitants – un chiffre bien peu apparent dans les documents budgétaires relatifs à l’aide publique au développement – au moment même où l’on constate le reflux de notre présence. Pour moi, c’est un choix malencontreux.

Mme Henriette Martinez, rapporteure pour avis de la Commission des affaires étrangères pour la mission « Aide publique au développement » Je suis heureuse de saluer Mme Anne-Marie Idrac, toujours fidèle à nos travaux, mais je déplore qu'elle soit la seule représentante du Gouvernement. Que deux ministres sur les trois qui participent à la politique transversale en faveur du développement soient absents cet après-midi est très regrettable même si nous savons que M. Kouchner est retenu au sommet franco-britannique. Outre cela, le non-remplacement de M. Joyandet au secrétariat d'Etat à la coopération, vacant depuis quatre mois, a été préjudiciable à la préparation de nos avis et de ce budget, car nous n’avons pas eu d’interlocuteur. Vous comprendrez que ce cadre provoque quelque inquiétude quant au véritable intérêt politique que suscite l'aide publique au développement. À cela s’ajoute le fait que le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement ne s'est pas réuni depuis bientôt un an et demi, alors qu'il aurait dû être convoqué depuis plusieurs mois pour adopter certains documents stratégiques relatifs au pilotage de notre politique de coopération, et notamment le document-cadre, finalement soumis à une réunion interministérielle.

Enfin, les conditions dans lesquelles j'ai été amenée, comme Henri Emmanuelli, à étudier ce projet de budget, sont difficilement acceptables. D'une part, nous n’avons pas reçu toutes les réponses au questionnaire que nous avons adressé en commun aux administrations concernées, D'autre part, le document de politique transversale n'est toujours pas publié. En d'autres termes, nous allons voter un budget sans disposer de tous les éléments d'analyse, alors que les crédits de la mission « Aide publique au développement », ne représentent qu'une partie de l'effort de notre pays pour le développement. S'il est un budget pour lequel il est indispensable d'avoir une vision globale, c'est bien celui de l'aide au développement, dont je dénonce chaque année l’éparpillement.

M. Jean-Paul Bacquet. Très juste !

Mme Henriette Martinez, rapporteure pour avis. Ainsi, l'an dernier, l’aide publique au développement concernait 22 programmes, 12 missions et 14 administrations différentes. Je ne saurais dire ce qu’il en est cette année, mais je ne pense pas que cela se soit amélioré. Notre analyse est donc incomplète et la représentation nationale n'est pas en mesure d'effectuer le contrôle qui lui incombe.

Cela dit, dans une conjoncture budgétaire difficile, les crédits du triennat traduisent une stabilité. Il faut la saluer, même si cela ne nous permettra pas de progresser beaucoup vers l’objectif d’une aide publique au développement de 0,7 % de notre revenu national brut, à la différence, notamment, de nos voisins britanniques. Comme le souligne le projet annuel de performance, cela devrait en revanche nous permettre de respecter les engagements financiers pris auprès de plusieurs institutions et fonds multilatéraux, de financer les engagements pris par la France dans plusieurs domaines d'action prioritaires, tels que la santé, la lutte contre le changement climatique et les questions alimentaires.

Toutefois, les chiffres dont nous avons connaissance appellent quelques critiques. J'avais moi-même souhaité un resserrement de nos contributions, trop éparpillées, au bénéfice des organisations internationales et notamment des agences de l'ONU ; je ne critiquerai donc pas celui qui a eu lieu. Néanmoins, j’aurais souhaité qu'il bénéficie aux principales agences dont l'action correspond à nos priorités. Or, nous constatons une diminution draconienne du budget que nous leur allouons, ce qui est préjudiciable à la France : si nous entendons peser sur la stratégie des agences onusiennes, si nous voulons être visibles et influents, nos financements doivent être à la hauteur qui convient. Or, ils ne cessent de se réduire : nos contributions volontaires aux fonds et programmes des Nations Unies ont diminué de 38 % depuis 2008 et la glissade se poursuit cette année, puisque d’une enveloppe de 56,1 millions d’euros en autorisations d’engagement et crédits de paiement en 2010, on passe à un peu moins de 48,9 millions. C’est une nouvelle baisse de 12,9 % - alors même que, l'an dernier, nous figurions déjà, selon les différentes agences, au mieux au douzième rang et au pire au dix-septième rang des contributeurs.

Je souhaiterais, comme nombre de mes collègues membres de la mission d'information consacrée à l’équilibre entre multilatéralisme et bilatéralisme dans l’aide au développement, que nos politiques d'aide soient cohérentes ; il y va de l’efficacité de notre effort, essentielle en cette période budgétaire difficile. Je regrette donc que les choix annoncés ne paraissent pas toujours cohérents entre eux, ni avec les orientations stratégiques officielles.

Cela m'amène à souhaiter que la représentation nationale ait davantage l'occasion de donner son avis sur notre politique d'aide au développement. La Commission des affaires étrangères a certes été consultée sur l'élaboration du document cadre de coopération au développement. Mais est-il admissible que le document stratégique sur la politique européenne de développement, qui vient d'être adopté en réunion interministérielle, ait seulement été examiné à ce niveau technique, sans que nous y soyons associés ? Pourtant, nul n’ignore l'importance des crédits consacrés à ce volet, et chacun sait que l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne va introduire des changements majeurs dans la conduite de cette politique par l'Union européenne et, par répercussion, dans nos propres politiques d'aide au développement ?

Le document cadre de coopération au développement, le document stratégique sur la politique européenne de développement, la reconstitution du Fonds mondial sida, et celle du Fonds de la Banque mondiale auraient donné matière à un beau débat au Parlement sur la politique de coopération de notre pays – ce débat que nous appelons régulièrement de nos vœux.

M. Jean-Paul Bacquet. Très bien !

Mme Henriette Martinez, rapporteure pour avis. À cette politique, sur laquelle nous n'avons jamais la possibilité de nous exprimer hors du cadre budgétaire, qui ne se prête pas à un débat de fond sur les orientations stratégiques, nous sommes pourtant un certain nombre à nous intéresser, par-delà nos orientations partisanes. Je suis désolée que nous ne soyons pas entendus.

Je voudrais enfin poser quelques questions à Mme Idrac.

Ainsi que l'a annoncé le Président de la République, nous augmenterons cette année de 60 millions d’euros notre contribution annuelle de 300 millions au Fonds mondial sida pour porter notre effort à 1,4 milliard de dollars sur les trois prochaines années. Les documents budgétaires indiquent que cette augmentation pourrait être assumée par la taxe sur les billets d'avion, actuellement réservée à hauteur de 90%, selon le décret de 1998, au financement d'UNITAID. Qu'en est-il exactement ? Les arbitrages sont-ils intervenus ? Je ne peux imaginer que l’on enlève à UNITAID pour donner au Fonds mondial ! En d'autres termes, UNITAID sera-t-il sacrifié ou sanctuarisé ? La première hypothèse me paraîtrait inconcevable compte tenu des remarquables résultats obtenus par cet organisme et de notre attachement à ce financement innovant, décidé à l’initiative de la France.

Parmi les assurances qui m'ont été données, j'ai noté avec plaisir qu'aurait été retenu l'esprit de l'amendement que j'avais proposé l'an dernier, et qui consistait à réserver 5 % de notre cotisation au Fonds mondial à des ONG et à des organisations gouvernementales pour faciliter l'instruction des dossiers. Est-il envisagé d'étendre l'application de cette décision à d'autres organisations internationales que nous finançons ? Pour le Fonds mondial, j’en serais ravie, car sa mise en place est compliquée. Permettre à des ONG de participer à son financement en soutenant des ONG locales et en apportant l’expertise française en matière sanitaire serait souhaitable.

Cela étant, a-t-on prévu de poser des conditions à l'augmentation de notre contribution au Fonds mondial sida et si oui, lesquelles ? Ne serait-il pas opportun d’exiger que la France, un des principaux contributeurs, dispose au minimum d’un siège plein au conseil d’administration du Fonds, au lieu de devoir, comme c’est le cas maintenant, le partager avec l’Espagne ? A-t-on exigé que le Fonds respecte mieux la francophonie dans ses procédures et ses appels d'offres, l’anglophonie dominante gênant les pays d'Afrique francophone ? Enfin, la reconstitution du Fonds a-t-elle été l’occasion de négocier l’indispensable développement de son pilier « renforcement des systèmes de santé », aujourd’hui considéré comme accessoire ? Si l’on veut asseoir des politiques de santé pérennes dans les pays partenaires, il faut renforcer les systèmes nationaux.

J’aimerais aussi savoir si l’idée de la budgétisation du Fonds européen de développement progresse. Elle aurait, entre autres avantages, celui de réduire notre clef de répartition et de nous permettre de récupérer une marge de manœuvre pour notre aide bilatérale, réduite aujourd’hui à un niveau ridicule ? Mais, dans ce cas, le ministère a-t-il réfléchi aux mécanismes permettant de sanctuariser les pays ACP, notamment africains, comme bénéficiaires prioritaires des politiques d'aide publique au développement de l'Union européenne ?

Une question encore sur les documents cadre de partenariat dont certains arrivent à échéance fin 2010 et 2011 : est-il envisagé de les prolonger pour finir les programmes en cours, et si oui, avec quels financements? Est-il question d'en élaborer et d’en signer de nouveaux, ou de les supprimer? Je n’ai pas eu de réponses à ce sujet.

Enfin, comme le rapporteur spécial l’a souligné, les documents budgétaires qui nous sont présentés sont de moins en moins détaillés. Ainsi, rien n’est dit cette année de la répartition des subventions entre le Fonds de solidarité prioritaire, l’aide-projet de l’Agence française de développement et l’aide déléguée aux ONG. Qu'en est-il exactement ? Les arbitrages sont-ils intervenus ? Sinon, pour quelles raisons ? Si oui, quels sont-ils ? Quelle sera la part réservée aux ONG ? Respecterons-nous l’engagement pris par le Président de la République d'augmenter la part qui leur est attribuée, pour nous mettre à l'unisson de nos voisins, comme la France s'y est engagée ?

Merci d’avance pour vos réponses à ces questions et observations, madame la ministre.

M. Alain Néri. Après un tel réquisitoire, qui peut encore imaginer voter ces crédits ?

Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du commerce extérieur. Je vous prie tout d’abord d’excuser l’absence de MM. Kouchner et Besson, qui accompagnent tous deux le Président de la République au sommet franco-britannique de Londres. Éric Besson doit notamment y discuter un nouvel accord entre la France et la Grande-Bretagne sur l’asile politique et l’immigration illégale. Ils m’ont priée de vous redire leur engagement en faveur de l’aide publique au développement.

Monsieur le président Poniatowski, j’espère vous le démontrer, le Gouvernement est résolument engagé pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés et qui ont été confirmés par le Président de la République.

Il est vrai, hélas, mesdames et messieurs les députés, que vous n’avez pas pu disposer de tous les documents nécessaires à l’étude des crédits de cette mission. Le projet annuel de performances, le PAP, vous a été transmis en temps et en heure. Une première version du document cadre de coopération au développement vous a été adressée, mais le document définitif n’a été approuvé au niveau interministériel que tout récemment, en raison notamment d’arbitrages qui devaient être rendus concernant le fonds mondial de lutte contre le sida et d’autres engagements dans le domaine de la santé. Les différents ministères vous ont fait parvenir les réponses aux questionnaires que vous leur avez adressés (dénégations sur plusieurs bancs.).

Mme Henriette Martinez, rapporteure pour avis. Pas tous !

Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du commerce extérieur. Il manque en revanche, je le reconnais, le document de politique transversale qui fait l’objet d’ultimes arbitrages mais sur lequel je m’efforcerai néanmoins de vous donner le plus d’informations possible.

Je comprends votre regret, madame Martinez, de n’avoir pu disposer de tous les documents en temps et en heure. Mais c’est aussi une preuve de leur complexité et de l’importance que nous leur accordons, notre souci étant de prendre les meilleures décisions, à la hauteur de nos ambitions.

Comme vous l’avez rappelé, monsieur Emmanuelli, l’aide au développement ne se résume pas aux crédits de la mission. Même conjugués aux sommes consacrées à des actions conjointes comme les annulations de dettes, ils n’en représentent que les trois quarts, un quart provenant d’autres canaux de coopération.

Quelques chiffres tout d’abord. Le montant de l’APD, qui a atteint 9 milliards d’euros en 2009, a continué de progresser en 2010 et devrait atteindre, pour la première fois de l’histoire, 10 milliards en 2012. Cela représente un effort d’un euro par jour et par ménage. Je ne peux pas vous laisser dire, monsieur Emmanuelli, que nous aurions abandonné l’objectif de 0,7 % du RNB en 2015. En 2010, nous nous situerons, avec 0,44 %, au bas de la fourchette annoncée. En 2011, nous devrions être aux alentours de 0,5%.

M. Henri Emmanuelli, rapporteur spécial. Comment fera-t-on pour arriver à 0,7 % en 2013 puisque dans le document pluriannuel adressé à Bruxelles aucune augmentation n’est prévue d’ici là ?

Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du commerce extérieur. L’objectif de 0,7 % du RNB a été fixé à l’horizon 2015. Nous aurons à y travailler, notamment par le biais de financements innovants. Nous parlons pour l’heure de la période triennale qui s’achève en 2013. Avec les montants actuellement qu’elle consacre à l’APD, la France est le deuxième bailleur au monde en montant et le deuxième bailleur du G 7 en part de RNB.

S’agissant de la nature de nos aides, le souhait exprimé par de nombreux députés et sénateurs qu’on privilégie le bilatéralisme est exaucé : l’aide multilatérale devrait tomber de 44% en 2009 à 36% en 2012.

Les annulations de dettes, monsieur Emmanuelli, contribuent à soutenir les pays qui en bénéficient. On l’a vu dans la crise : ces annulations leur ont permis d’augmenter leurs dépenses sociales tout en reconstituant leurs marges de manœuvre.

Comment réussissons-nous à renforcer notre effort d’APD ? Tout d’abord, par la sanctuarisation de ce budget. Les crédits de la mission sont stabilisés à 3,34 milliards d’euros par an, soit dix milliards sur la période 2011-2013. C’est l’un des trois seuls budgets qui ont pu être préservés. Nous mobilisons en outre des ressources complémentaires, parmi lesquelles 150 millions d’euros dégagés grâce à notre surplus de quotas carbone et à des cessions d’actifs qui nous permettront d’accompagner les augmentations de capital des banques multilatérales, auxquelles nous avons volontiers souscrit comme il en avait été décidé au G 20.

Quelles sont nos priorités, monsieur Emmanuelli ? Sur le plan politique – je les cite ici sans ordre hiérarchique – , il s’agit de favoriser une croissance durable et partagée, de lutter contre la pauvreté et réduire les inégalités, de préserver les biens publics mondiaux, de promouvoir la stabilité et l’État de droit comme facteurs de développement. Sur le plan géographique, nous donnons clairement la priorité à l’Afrique subsaharienne à laquelle reviennent 60% de nos aides pour soutenir sa croissance et permettre d’y atteindre les objectifs du Millénaire ; 20 % vont à la Méditerranée pour y assurer un développement durable, dans la perspective des convergences souhaitées dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée ; 10 % seulement vont aux pays émergents – nous limitons donc la part d’aide à leur profit, de même que le caractère concessionnel des prêts qui peuvent leur être consentis, et nous y donnons la priorité à la préservation des biens publics mondiaux, notamment l’environnement, avec un souci de retour pour les entreprises françaises. Enfin, nous réservons 10% de notre aide aux pays en crise, que nous souhaitons aider à assurer leur stabilité.

Vous semblez sceptique, monsieur Emmanuelli, sur les financements innovants. Il est vrai que l’on en parle depuis longtemps mais ils commencent à prendre corps. C’est sous l’impulsion de la France qu’a été expressément reconnu, pour la première fois, dans l’accord de Copenhague de décembre 2009 qu’ils étaient appelés à jouer un rôle dans le financement de la lutte contre le changement climatique. Le groupe d’experts mandaté par le groupe-pilote qui travaille sur le sujet a jugé réaliste l’instauration d’une taxe internationale sur les transactions financières. La France, qui défend depuis longtemps cette idée, est heureuse de constater que la Belgique, le Brésil, l’Espagne, le Japon et la Norvège l’ont rejointe, comme ces pays l’ont fait savoir dans une déclaration en marge du Sommet des Objectifs du millénaire pour le développement. Enfin, le groupe d’experts de haut niveau sur le financement de la lutte contre le changement climatique, au sein duquel notre pays est représenté par Christine Lagarde, qui y siège aux côtés de Nicholas Stern, George Soros ou Larry Summers, a reconnu le potentiel de ces financements. La taxation des émissions de CO2 du transport aérien, du transport maritime, ou bien encore celle des transactions de change, trois hypothèses à l’étude, pourrait rapporter chacune une dizaine de milliards de dollars par an. Enfin, le Président de la République a souhaité que cette question des financements innovants de l’aide publique au développement, dont il fait une priorité, comme il l’a confirmé lors du récent sommet de la Francophonie à Montreux, soit abordée dans le cadre du G 20, au même titre que celle de la volatilité des prix des matières premières agricoles ou celle du financement du développement des infrastructures.

Monsieur Emmanuelli, vous vous interrogez sur la dotation relative aux dons-projets. Nous avons cherché, comme le souhaitait le Parlement, à valoriser les aides-projets. La répartition des crédits entre le Fonds de solidarité prioritaire et l’Agence française de développement s’effectue toujours en fin d’année, en fonction des projets effectivement prévus. Le travail est en cours. Aucune modification particulière n’est prévue cette année. La répartition des crédits au sein de cette ligne unique vous sera communiquée dès qu’elle aura été opérée.

Madame Martinez, nos contributions volontaires aux fonds et programmes des Nations-unies ne s’élèvent plus qu’à 56 millions d’euros, comme cela est logique après la priorité que nous souhaitons donner sur la période 2011-2013 aux instruments bilatéraux, et elles ont été recentrées. En 2010, 85% des crédits iront à quatre bénéficiaires : l’UNICEF, le HCR, le PNUD et l’UNRWA. Notre contribution obligatoire au budget général ainsi qu’au financement des opérations de maintien de la paix et du fonctionnement des tribunaux internationaux n’en demeure pas moins importante.

La stratégie européenne, dont vous souhaitez très légitimement avoir connaissance, figurera en détail dans le document cadre de coopération au développement. Nous souhaitons mieux articuler notre stratégie nationale avec celles de chacun de nos voisins européens et de l’Union européenne dans son ensemble. Nous sommes satisfaits du rééquilibrage de la politique européenne de développement vers la lutte contre la pauvreté, le soutien à la croissance économique et la préservation des biens publics mondiaux, dont le climat. Nous souhaitons, dans un souci de plus grande efficacité encore, qu’il soit possible de mixer les dons de la Commission et les prêts de la Banque européenne d’investissement et que l’action conduite au niveau européen soit mieux coordonnée avec celle des agences de développement nationales, l’AFD en France, la KfW en Allemagne… Comme vous le savez, la France milite depuis longtemps, avec votre soutien, en faveur de la budgétisation du FED. La diminution de la part multilatérale de notre aide s’explique notamment par l’évolution de notre contribution au FED.

Notre contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida augmentera de 20 % sur trois ans, comme l’a annoncé le Président de la République. Cet engagement sera tenu. Les arbitrages sur la façon dont cela s’articulera avec les recettes issues de la contribution de solidarité sur les billets d’avion ne sont pas encore définitivement rendus. Nous avons suivi, madame Martinez, votre excellente proposition d’affecter 5 % de ces crédits aux ONG spécialisées dans la lutte contre la maladie. La France doit-elle avoir un siège au conseil d’administration du Fonds mondial ? Les discussions sont encore en cours avec l’Espagne qui peut y prétendre également. Nous pensons pouvoir parvenir à nos fins, comme à la Banque africaine de développement.

Sur les 39 documents-cadres partenariat (DCP) signés depuis la création du dispositif 2005, deux tiers arrivent à échéance fin 2010. De nouveaux seront négociés ou sont en train de l’être. Nous avons l’intention d’en ramener la durée de cinq à trois ans, de façon qu’elle soit alignée à compter de 2014 sur le prochain FED, dans un souci de cohérence avec la politique européenne. Ils reflèteront nos nouveaux partenariats, différenciés comme je l’indiquais tout à l’heure entre l’Afrique subsaharienne, la Méditerranée, les pays émergents et les pays en crise. Ces documents qui fournissent un diagnostic et formulent des orientations à moyen terme sont très utiles pour déterminer avec les pays bénéficiaires la meilleure stratégie. Ils permettent aussi de coordonner notre approche avec celle des autres bailleurs. Nous souhaitons qu’ils soient encore plus précis, sélectifs et rigoureux. La réduction de leur durée devrait y aider.

M. le président Axel Poniatowski. Nous en venons aux questions de nos collègues. Les porte-parole des groupes s’exprimeront en dernier, leur intervention valant explication de vote.

M. Michel Terrot. Je souhaite revenir, bien que vous ayez partiellement répondu sur le sujet, madame la ministre, sur la question de l’équilibre entre bilatéralisme et multilatéralisme. Les crédits de l’APD se montent à quelque neuf milliards d’euros, bientôt dix, avez-vous dit, mais une fois retranchés de ce montant quantité d’artifices, ne restent que 4 à 4,5 milliards pour l’aide directe et une fois retranchés encore les prêts de l’AFD et ce qui relève de l’aide multilatérale, la part réelle de l’aide bilatérale ne dépasse pas 200 à 300 millions d’euros. C’est un montant très modeste, d’autant qu’il se répartit entre plusieurs pays, même si un effort de recentrage a été fait. La France n’a pas encore de vision géopolitique de son aide publique au développement, contrairement à d’autres pays, comme la Grande-Bretagne qui alloue plus d’un milliard là où nous nous contentons de ces 200 à 300 millions. Il est illusoire de penser qu’un siège au conseil d’administration d’une institution multilatérale nous permettra de peser davantage. L’aide bilatérale, au contraire, joue un rôle de levier : il n’est pas rare qu’une aide de quelques dizaines de millions d’euros génère des investissements beaucoup plus importants d’autres bailleurs, notamment de la Banque mondiale. Notre pays, qui a perdu tout contrôle sur les milliards d’euros qu’il verse aux institutions multilatérales, doit se ressaisir. Il serait bon qu’il parvienne à consacrer rapidement à l’aide bilatérale 600 à 700 millions d’euros puis un milliard à moyen terme. On ne peut bien sûr y parvenir que par des redéploiements. Il n’y a pas si longtemps, la France contribuait à plus de 60 fonds des Nations-Unies. On peut certainement encore tailler dans certains de ces fonds !

J’ai été frappé que des personnalités comme Hubert Védrine et Alain Juppé, auditionnées par la mission d’information présidée par notre collègue Jean-Paul Bacquet, reconnaissent tous deux que le déséquilibre est vraiment trop grand entre aide bilatérale et aide multilatérale. Un effort a certes été fait par rapport à l’an passé, mais c’est moins évident si on se réfère aux années antérieures. Le projet de budget n’amorce, hélas, aucun rééquilibrage sérieux, et il reste à s’attaquer sérieusement au problème. Je voterai ces crédits par esprit de discipline, pour ne pas dire par réflexe de Pavlov, mais je ne n’en suis pas satisfait.

M. Jean-Paul Bacquet. Je partage entièrement l’analyse de nos deux rapporteurs sur la complexité et l’illisibilité de ce budget, encore accrues cette année par le fait que nous n’avons pas disposé des documents nécessaires. Comment voter ces crédits dans de telles conditions ?

La France est certes le deuxième bailleur mondial en montant mais le douzième seulement pour le montant d’aide rapporté à son revenu national brut. Le montant de l’APD en représente 0,44 %, mais une fois retranchés les frais d’écolage, les dépenses d’accueil des réfugiés, le remboursement de la dette, voire les crédits destinés à Mayotte ou Wallis-et-Futuna, on tombe à 0,34 % – puissiez-vous me démentir ! De plus, les institutions internationales ont proliféré – d’une quinzaine dans les années 1940, on est passé à 47 en 1960 et 263 aujourd’hui ! –, ce qui rend encore plus difficile toute appréciation.

Quel équilibre entre bilatéralisme et multilatéralisme ? Certes, l’aide bilatérale est plus lisible – j’ai coutume de dire que dans le bilatéral, on sait ce qu’on fait, dans le multilatéral, on sait ce qu’on paie ! Il n’en faudrait pas moins définir des priorités. Or, quand le Parlement est exclu de tout choix politique sur les orientations de l’aide publique au développement, faute notamment des informations nécessaires, nous ne pouvons qu’être dans le flou, d’autant qu’il y a clairement un problème de gouvernance. M. Dov Zerah, directeur général de l’AFD, nous a expliqué que lorsque l’Agence prêtait 600 millions d’euros, 200 millions revenaient, qui étaient reversés à Bercy sans être ensuite réinjectés dans l’aide au développement.

Quel est donc le montant réel de l’aide publique au développement, une fois retranchés tous les éléments que j’ai indiqués plus haut ? Quelle est la véritable clé de répartition entre l’aide bilatérale et l’aide multilatérale ? Enfin, qui pilote réellement cette politique ? Je préférerais personnellement que ce soit le Quai d’Orsay plutôt que Bercy.

M. François Rochebloine. Depuis 2010, le financement des projets d’ONG a été transféré à l’AFD. La dotation allouée aux ONG s’élevait à 42,5 millions d’euros en 2009. Quel a été son montant en 2010 et quel est celui prévu en 2011 ? Quelle aide apporte-t-on aux ONG qui luttent contre les mines anti-personnel à l’instar de Handicap international qui réalise un travail remarquable ? Figure-t-elle sur cette ligne ?

Trente millions d’euros d’autorisations d’engagement et vingt millions d’euros de crédits de paiement avaient été inscrits en 2010 au bénéfice d’Haïti. Combien a-t-on dépensé exactement, puisque les crédits 2011 devraient être sensiblement identiques au réalisé 2010 ?

Pour le reste, il est vrai qu’on peut toujours souhaiter davantage en matière d’aide au développement, mais il faut aussi tenir compte de la situation budgétaire très difficile dans laquelle nous nous trouvons. La participation de notre pays à l’aide au développement n’est tout de même pas négligeable.

M. Jean Glavany. On pourra toujours dire que les critiques sévères formulées par M. Emmanuelli à l’endroit de ce budget et de votre méthode relèvent de son devoir d’opposant. Mais la sévérité encore plus grande de Mme Martinez révèle un problème politique grave. Je suggère donc que son intervention figure en annexe de l’explication de vote du groupe socialiste. La révision constitutionnelle adoptée l’année dernière visait à renforcer les droits du Parlement : on voit ce qu’il en advient au quotidien.

M. Douste-Blazy, que nous avons reçu voici quelques mois, nous a porté avec son enthousiasme juvénile du succès de sa mission à la tête d’UNITAID. Je dispose pour ma part d’informations très différentes à ce propos, et plusieurs articles de presse ont fait état d’une situation proche du dépôt de bilan, en tout cas d’une grande difficulté à connaître clairement l’état financier d’UNITAID. Qu’en est-il réellement ?

Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du commerce extérieur. Pour ce qui est, monsieur Terrot, de la répartition entre l’aide bilatérale et multilatérale, comment pourrait-on qualifier d’« artifices » les prêts bilatéraux de l’AFD ? L’aide multilatérale a augmenté l’an dernier du fait de la crise et des décisions prises sous l’impulsion du G20 en vue notamment de contribuer au renforcement des banques multilatérales. Le budget qui vous est soumis prévoit, je le rappelle, que le montant de l’aide multilatérale redescende à 36 %. Quant à l’« effet de levier » que vous évoquez, il joue dans les deux sens, car nous nous efforçons de mixer de plus en plus des financements divers.

Monsieur Bacquet, le mode de calcul de l’aide publique au développement est absolument conforme aux pratiques du CAD de l’OCDE. Quant aux écolages, ils ne représentent que 600 millions d’euros.

Pour ce qui concerne Mayotte, du fait de changement de statut de cette collectivité, nous avons réajusté l’effort précédemment comptabilisé au titre de l’aide publique au développement.

Monsieur Rochebloine, le soutien aux ONG reste au niveau de l’an dernier, soit 45 millions d’euros. Sur ce montant, 2 millions seront consacrés à la lutte contre les mines antipersonnel.

S’agissant de Haïti, plus de 50 % des 326 millions d’euros annoncés par le Président de la République en février dernier ont été consommés ou sont engagés. La loi de finances rectificative pour 2010 prévoit un réajustement d’un montant de 45 millions, dont 30 millions au titre de l’aide projet, qui devront être utilisés avant la fin de 2010. Ces crédits seront principalement affectés à l’aide budgétaire, qui permet toute la souplesse nécessaire, à l’hôpital universitaire et à divers projets d’aménagement urbain, notamment en matière d’assainissement en milieu urbain pour lesquels j’apporterai une aide complémentaire au titre du FASEP lors d’un déplacement que j’effectuerai prochainement en Haïti.

Monsieur Glavany, nous considérons qu’UNITAID fonctionne bien, avec pour critère que cet organisme contribue à sauver des vies. Peut-être s’agit-il d’un malentendu et les problèmes que vous évoquez concernent-ils un autre projet : la Fondation du Millénaire, qui a bénéficié d’un appui d’UNITAID au titre de contributions volontaires allouées à des réservations de billets d’avion, lesquelles ne sont peut-être pas pleinement satisfaisantes et ont pris du retard.

M. le président Axel Poniatowski. Voici d’autres questions.

M. Philippe Tourtelier. Mes questions étant assez précises, je comprendrai que vous ne puissiez y répondre précisément aujourd’hui, madame la ministre, et le fassiez dans les jours prochains.

La première concerne la contribution française au Fonds mondial. Si celui-ci a permis de fournir des traitements à un plus grand nombre de personnes, on n’observe cependant, alors que le SIDA s’est féminisé, aucun progrès de la prévention chez les femmes et les jeunes filles, notamment dans des pays d’Afrique subsaharienne, où les nouveaux cas d’infection touchent trois à huit fois plus les jeunes filles que les garçons du même âge. La France a-t-elle une politique spécifique pour la prévention du SIDA chez les jeunes filles ? Combien dépense-t-elle à cette fin ? Le Fonds mondial est-il le meilleur instrument pour protéger les jeunes filles vulnérables des abus qui les exposent au VIH ? Peut-être le développement d’une politique de santé plus générale aurait-il des résultats plus probants. De fait, les objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à la santé maternelle et infantile sont relativement peu financés.

En deuxième lieu, les 25 millions de femmes qui, dans le monde, n’ont pas accès aux services du planning familial ne peuvent pas choisir leur nombre d’enfants et sont exposées à des grossesses à risque à la fois pour la mère et pour l’enfant. Cela est particulièrement vrai dans les pays du Sahel. Quel est l’apport de la France aux programmes nationaux de population de chacun de nos partenaires sahéliens, en particulier pour ce qui relève du planning familial ?

S’agissant enfin des 500 millions d’euros annoncés par le Président de la République sur les cinq prochaines années, nous avons pris note de l’augmentation de 20 % de la contribution française au Fonds mondial, mais d’où proviendront les fonds nécessaires pour assumer le reste de cette promesse ? S’ils doivent provenir de financements innovants, la promesse n’est que virtuelle. Si les sources de financement sont trouvées, le Gouvernement envisage-t-il une augmentation de la contribution française au Fonds des Nations Unies pour la population, gardien de la santé des femmes dans le système onusien, et à l’ONG GAVI, compétente en matière de santé des enfants et des nouveau-nés ?

M. Gérard Charasse. Je fais miennes les critiques portant sur la manière dont est traité ce domaine important qu’est l’aide publique au développement. L’APD est un engagement ancien de la France en faveur des pays en développement, dont les objectifs se sont diversifiés en raison principalement de l’apparition des trois défis déjà évoqués.

Nous avions évoqué l’an dernier la nécessité d’une redéfinition de cette politique et de ses objectifs, que je crois lire dans les priorités sectorielles et géographiques du budget – je pense en particulier aux cinq choix de la France.

En 2011, l’APD représenterait 0,47 % du RNB, c’est-à-dire qu’on est encore loin des 0,70 % prévus à l’horizon 2015, et même des 0,51 % promis à nos partenaires européens. Du reste, ce taux de 0,47  % doit être examiné de plus près. Certaines missions renferment des dépenses étonnantes, comme les 38,5 millions affectés aux équipes de reconstruction provinciale en Afghanistan ou les 400 millions destinés à Mayotte, qui sera en 2011 un département d’outre-mer – comme l’est déjà Wallis-et-Futuna.

Par ailleurs, le Parlement pourrait-il disposer d’un zonage plus précis des crédits, afin de s’assurer que, sur les crédits de la mission dévolue aux pays pauvres prioritaires, l’Afrique subsaharienne continue d’être une priorité pour la France dans un cadre plus bilatéral ?

M. Philippe Cochet. Ce budget me semble, quant à moi, tout à fait honorable dans la période de crise que nous connaissons. Ce qui affirme une politique n’est pas le fait de dépenser plus, mais de dépenser mieux.

Avec des montants relativement faibles, le programme 301, consacré à l’aide à la réinstallation des migrants dans leur pays d’origine, a une incidence sur notre politique migratoire. Quels sont les pays concernés par cette aide, qui a pour effet que ses bénéficiaires ne reviennent plus dans notre pays et qui représente donc un investissement très important pour l’avenir ?

Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du commerce extérieur. En tant que médecin, Bernard Kouchner, sera certainement heureux de vous répondre, monsieur Tourtelier, sur les politiques de santé, notamment en matière de lutte contre le SIDA pour les femmes et les jeunes filles. L’initiative prise par le G8 à Muskoka, rappelée par le président Poniatowski, vise bien en particulier la santé des jeunes filles. Avec une augmentation de 20 %, le Fonds mondial contribuera fortement à cette priorité, à laquelle nous travaillons en outre avec le GAVI et toutes les associations spécialement mobilisées en faveur de ce combat très important.

Monsieur Charasse, nous prévoyons bien que l’APD atteigne en 2011 le taux de 0,5 %, voire 0,51 % du RNB – étant entendu qu’il est impossible d’avancer un chiffre plus précis car, par définition, celui du RNB est lui-même encore inconnu. Cet objectif est en ligne avec celui de 0,7 % en 2015. Nous sommes parvenus à concilier, pour le triennium concerné, l’objectif de consolidation budgétaire et le respect de nos engagements.

Sans doute me suis-je mal exprimée à propos de Mayotte : il est clair que son nouveau statut de département d’outre-mer a conduit à réajuster le budget consacré à cette collectivité. Dans la situation précédente, nous étions en totale conformité, sur ce point comme sur les autres, avec les méthodes de calcul du CAD.

Enfin, je répète une fois encore que l’Afrique subsaharienne est notre priorité géographique. Cette région recevra au moins 60 % de l’effort financier de l’État. Il s’agit là de montants inédits, après un triplement des financements sur les années 2005-2009.

Monsieur Cochet, je vous remercie de votre appréciation et de vos encouragements à propos du contrôle et de l’évaluation de la dépense. Je tiens à souligner à ce propos que j’ai été favorablement impressionnée par l’évaluation récemment effectuée par l’OCDE sur la politique d’aide de la France, en termes tant de stratégie que de mise en œuvre.

L’aide à la réinstallation concerne en particulier le Mali et le Sénégal, dans le cadre d’un programme de codéveloppement. Cette aide peut atteindre 7 000 euros pour des projets ordinaires et 20 000 euros lorsque ces projets s’inscrivent dans le cadre d’un accord bilatéral de gestion concertée et créent des emplois. Le montant total de ces aides est de 2,5 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 3,5 millions en crédits de paiement. J’ajoute enfin que la Roumanie est un autre pays de destination important.

M. le président Jérôme Cahuzac. L’AFD, opérateur de l’État, est aussi un opérateur financier, lié jusqu’en 2008 par deux contrats désormais obsolètes. En 2009, le Premier ministre avait souhaité qu’un contrat unique lie l’AFD à l’État. À ma connaissance, ce contrat n’est pas encore conclu. Pouvez-vous nous indiquer pour quelles raisons, et dans quel délai cette demande sera satisfaite ?

Par ailleurs, si une partie des ressources de l’AFD est fournie par l’État, une autre partie, majoritaire, provient d’emprunts obligataires émis par cette agence sur les marchés. Quel en est le montant cumulé ?

Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du commerce extérieur. La convention unique qui doit régir les relations entre l’Agence française de développement et l’État est en cours de discussion et d’élaboration. Le retard de ce processus s’explique en particulier par la nomination récente d’un nouveau directeur général – M. Dov Zerah. Celui-ci a reçu à la fin de l’été une lettre de mission du Premier ministre, qui a été diffusée au sein de l’Agence et rappelle les priorités auxquelles celle-ci doit se conformer. Ces priorités sont celles, tant géographiques que thématiques, de l’action de notre pays pour le développement.

Deux mots forts sont à souligner en la matière : l’Afrique et l’alimentation. Cette dernière occupe une place croissante dans nos interventions et, conformément au souhait du Président de la République, dans celles des institutions financières internationales. Elle est indissociable des enjeux de santé.

Le nouveau contrat sera conclu d’ici la fin de 2010 ou au début de 2011. Le montant des obligations émises par l’AFD s’élevait en 2009 à 2,2 milliards d’euros et sera du même ordre en 2010 – soit un peu plus de 2 milliards d’euros.

M. le président Axel Poniatowski. Nous en arrivons aux explications de vote.

M. François Rochebloine. Ce ministère, s’il n’est pas clinquant, n’en réalise pas moins, en profondeur, un travail très technique. Je tiens à en féliciter la ministre et l’ensemble de ses collaborateurs.

Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du commerce extérieur. Il s’agit d’un travail interministériel. Je représente ici l’ensemble du Gouvernement, et suis d’ailleurs accompagnée des meilleurs collaborateurs de M. Kouchner et de M. Besson.

M. François Asensi. Notre groupe remercie les deux rapporteurs pour l’éclairage qu’ils ont donné à ces débats. Nous sommes très réservés sur ces crédits : sans remettre en question la volonté humaniste des membres du Gouvernement d’avoir une politique progressiste d’aide au développement, nous n’en voyons guère la traduction budgétaire.

L’objectif du Millénaire consistant à consacrer 0,7 % du RNB à l’aide au développement ne sera probablement pas atteint, alors qu’il pouvait l’être en 2014 ou 2015. On en est à 0,51 % pour 2010, et il semble que la France ait demandé aux autres pays européens de renoncer à cet engagement. Nous ne voterons donc pas pour ces crédits.

Nous sommes en revanche très attachés à une mesure qui peut paraître utopique : la taxation des transactions financières. À défaut de faire trembler le capitalisme sur ses bases, une taxation de 0,5 % – et non pas de 0,05 % comme l’avait proposé M. Kouchner – pourrait apporter beaucoup à l’aide internationale. Les 400 milliards de dollars qu’elle produirait annuellement permettraient d’agir pour éradiquer la faim dans le monde et lutter contre les maladies. Il ne s’agit pas d’une utopie, mais certains pays adoptent en la matière une position idéologique, au nom de la sacro-sainte liberté des changes. Nous espérons que, lors du G20, le Président de la République, comme il l’a annoncé, s’engagera fermement pour cet objectif.

L’aide internationale de la France n’est pas de nature éthique, ni même une question de repentance. La France a été longtemps une puissance coloniale et, même après la décolonisation, elle a bénéficié d’échanges peu égalitaires avec certains pays, lui permettant de disposer de matières premières dans des conditions intéressantes et d’écouler ses produits manufacturés, tandis que ces pays s’appauvrissaient.

Il s’agit aujourd’hui de solidarité, car la crise financière a pénalisé plus encore les pays pauvres. Les pays émergents, quant à eux – comme la Chine, l’Inde, le Brésil ou le Vietnam –, n’ont pas forcément besoin d’une aide internationale. Cela est particulièrement vrai de la Chine, qui est aujourd’hui le principal banquier et le principal atelier du monde.

Notre groupe ne votera pas ces crédits.

M. François Loncle. Trois observations. Sait-on que les sommes envoyées dans leurs pays d’origine par les travailleurs immigrés présents sur notre territoire sont trois fois plus importantes que l’APD ? Cela se passe de commentaire.

Ensuite, maintenir l’outre-mer dans le cadre de l’aide publique au développement devient incohérent et insupportable.

Enfin, le débat entre multilatéral et bilatéral n’est pas clos – nous y travaillons d’ailleurs dans le cadre de la mission que préside M. Bacquet. Nous avons constaté encore récemment à New York l’effondrement des contributions volontaires de la France aux organisations internationales, qui place notre pays à des rangs inavouables. La comparaison avec la Grande-Bretagne ou l’Espagne – pourtant en difficulté –, mais aussi avec la Belgique ou les Pays-Bas n’est guère à notre honneur.

Pour les raisons déjà exprimées par les deux rapporteurs et par mes collègues du groupe SRC, nous ne voterons pas ces crédits.

Mme Chantal Bourragué. Vous venez, madame la secrétaire d’État, de confirmer les orientations de la politique d’aide publique au développement et l’engagement de la France en faveur des pays les plus pauvres : bien que la crise financière n’ait pas épargné notre pays et que le projet de budget pour 2011 nous appelle tous à des efforts, nous maintenons nos objectifs de coopération et de développement pour relever le défi de la pauvreté, pour soutenir la croissance et pour préserver les biens publics mondiaux.

La France, vous l’avez dit, reste le deuxième contributeur mondial, et vous nous avez annoncé une nouvelle impulsion de notre politique d’aide au développement fondée sur des priorités géographiques et sectorielles et sur un meilleur pilotage. Le Parlement partage ces préoccupations.

S’agissant des politiques de santé, notamment à destination des femmes et des enfants, nous sommes heureux que l’amendement de Mme Martinez relatif au Fonds mondial de lutte contre le SIDA ait été approuvé. Il faut néanmoins poursuivre les efforts en ce domaine.

Vous avez par ailleurs confirmé l’engagement de notre pays en Afrique subsaharienne, ce dont il convient de se féliciter.

Enfin, l’évaluation de nos politiques par l’OCDE est désormais très positive, ce qui n’était pas le cas auparavant. L’AFD s’est beaucoup transformée ces dernières années, et nous sommes convaincus que la convention avec l’État sera signée rapidement. Le fait que l’aide publique au développement représente un euro par jour et par ménage est mal connu de nos concitoyens : nous aurions intérêt à leur rappeler notre engagement en faveur des politiques de développement.

Compte tenu de ces efforts, j’invite bien entendu mes collègues de l’UMP à voter ces crédits.

M. le président Jérôme Cahuzac. Madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je vous remercie.

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EXAMEN EN COMMISSION

Après l’audition de Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État chargée du Commerce extérieur, lors de la commission élargie, sur la mission Aide publique au développement et les comptes spéciaux Engagement en faveur de la forêt dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et Prêts à des États étrangers, la commission des Finances examine les crédits de cette mission et de ces comptes spéciaux, lors de sa séance du mardi 2 novembre 2010 à 18 heures 30.

Contre l’avis défavorable de M. Henri Emmanuelli, Rapporteur spécial, la Commission adopte sans modification successivement les crédits de la mission Aide publique au développement et des comptes spéciaux Engagement en faveur de la forêt dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et Prêts à des États étrangers.

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ANNEXE 1 : LISTE DES AUDITIONS RÉALISÉES
PAR LE RAPPORTEUR SPÉCIAL

– M. Christian Masset, directeur général de la mondialisation, du développement et des partenariats au ministère des Affaires étrangères et européennes, accompagné de Mmes Nathalie Broadhurst et Claire Bodonyi et de M. Bertrand Fort

– M. Jean-Louis Vielajus, président de Coordination Sud, Mme Flore Tixier, chargée de mission, Mme Sandrine Chopin, déléguée de la direction générale de Handicap International à Paris et M. Frédéric Roussel, directeur du développement d’Acted

– M. Dov Zerah, directeur général de l’agence française de développement (AFD), MM. Gilles Bergin, directeur des financements et Hervé Gallèpe, responsable des relations parlementaires

ANNEXE 2 : RAPPORT D’ENQUÊTE DE LA COUR DES COMPTES :
LA PLACE ET LE RÔLE DE L’AFD DANS L’AIDE PUBLIQUE
AU DÉVELOPPEMENT

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© Assemblée nationale

1 () Le Rapporteur spécial a retranché les dépenses des collectivités territoriales, qui portaient le haut de la fourchette à 0,48 %.

2 () L’hypothèse haute devait être réalisée si les deux Congo atteignaient leur « point d’achèvement ». L’hypothèse basse retenait l’annulation de la dette d’un seul des deux Congo.

3 () CAD / OCDE, Examen du CAD par les pairs : France, 2008, p. 48.

4 () Tous les pays doivent remplir une série de conditions pour atteindre le point d’achèvement. Ces conditions types n’ont pas à être réalisées sur une période précise. Bien que les conditionnalités varient d’un pays à un autre, elles suivent quelques grandes tendances :

– produire un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté final et le mettre en oeuvre de manière satisfaisante pendant un an ;

– avoir un environnement macro-économique stable dans le cadre d’une facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance négociée et financée avec le FMI ;

– démontrer une bonne utilisation des ressources dégagées par l’allègement de dette intérimaire, c’est à dire accordé au point de décision ;

– remplir des conditions sur la bonne gestion des finances publiques ;

– atteindre les objectifs dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la lutte contre le sida.

5 () Correspond au versement des reliquats des années 2008 et 2009.

6 () Voir annexe 2.

7 () Cette rémunération est fixée à 1 % de la demi-somme des engagements bruts annuels et des décaissements annuels, sauf pour l’aide budgétaire régionale allouée à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), pour laquelle elle correspond à 1,5 % des décaissements annuels.

8 () Cette rémunération est fixée à 2 % de la demi-somme des engagements bruts annuels et des décaissements annuels.

9 () Voir annexe 2 ci-après : rapport de la Cour des comptes, réalisé à la demande de la Commission, en application de l’article 58-2° de la LOLF, sur La place et le rôle de l’AFD dans l’aide publique au développement – Octobre 2010 –  page 68.

10 () Afghanistan, Haïti, Territoires Autonomes Palestiniens.

11 () Bénin, Burkina Faso, Centrafrique, Comores, Ghana, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, RDC, Sénégal, Tchad, Togo.

12 () Instruction n° 2010/03 du 15 mars 2010.