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16/06/2009 - Projection du film « Home » à l'Hôtel de Lassay

Monsieur le Ministre d'Etat,

Madame le Ministre,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil économique, social et environnemental,

Mesdames et Messieurs,

Cher Yann Arthus-Bertrand,

Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à l'Hôtel de Lassay et de vous dire tout le plaisir qui est le mien de vous accueillir pour cette projection.

Une projection qui s'inscrit dans la continuité des actions que l'Assemblée nationale conduit pour renforcer notre prise de conscience des grands défis environnementaux.

En janvier 2008, nous avions, ici-même, en partenariat avec l'ADEME et la Fondation Nicolas Hulot, organisé la projection du documentaire de Léonardo DiCaprio, « La 11ème Heure, le dernier virage », sur l'état de la planète. Un documentaire qui faisait suite, lui-même, au film d'Al Gore, « Une Vérité qui dérange », projeté par l'Assemblée nationale, avec votre aide déjà, Cher Yann Arthus-Bertrand, en octobre 2006.

Aujourd'hui, l'écologie est installée dans nos consciences, dans notre discours et dans nos actes. Mais si nos concitoyens y sont de plus en plus sensibilisés, le chemin est encore long, et nous nous devons de continuer à avancer ensemble sur cette route.

***

Mesdames et Messieurs, notre Terre est belle, mais elle est fragile. Elle est surexploitée. Elle est menacée.

Menacée par le réchauffement climatique, la surpopulation, la pollution. Menacée par les excès de notre mode de vie, de production et de consommation.

En quelques décennies - depuis la Révolution industrielle - nous avons brûlé ce que la terre a mis des millions d'années à produire. Nous avons vécu dans l'illusion d'un monde aux ressources inépuisables. Nous avons cru pouvoir nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

Nous prenons aujourd'hui brutalement conscience des conséquences dramatiques de nos choix. La Terre s'épuise. Le monde a chaud. Le monde est à l'étroit. Notre survie même est en jeu.

Si nous continuons ainsi, nous nous dirigeons inexorablement vers des tensions géopolitiques majeures, liées à la pénurie des ressources naturelles et à des migrations climatiques inévitables.

Si nous ne changeons rien, nous atteindrons un point de rupture irréversible : celui de l'équilibre si précieux, si fragile, et si vital entre l'homme et son milieu naturel.

Ce constat, nous le partageons tous aujourd'hui, et vous êtes, cher Yann Arthus-Bertrand, l'un des grands acteurs de cette prise de conscience. A travers votre œuvre photographique, à travers vos ouvrages célèbres dans le monde entier, vous avez été cet « éveilleur de nos consciences » face à l'urgence écologique. Vous êtes de ceux qui s'engagent, qui se battent, parfois en solitaires, pour nous bousculer et nous faire abandonner nos habitudes, paresseuses, égoïstes, et dangereuses.

Mais solitaire, si j'en juge par le succès de votre film, vous ne l'êtes plus aujourd'hui, en tout cas pas ce soir. Et je me réjouis que nous soyons si nombreux dans cette salle pour partager le voyage aérien auquel vous nous conviez.

A travers la caméra, votre œil a su, comme toujours, capter les merveilles de notre Planète Bleue, mais aussi ses souffrances et ses cicatrices. Il a su nous les restituer, pour nous faire comprendre que nous sommes, tous, citoyens d'un monde que nous devons préserver, que nous sommes, tous, dépositaires de cet équilibre fragile, clé de notre survie.

*****

Vous dites, fort justement, dans votre film : « Il est trop tard pour être pessimiste ». Permettez-moi de reprendre cette phrase à mon compte, tant il est vrai que nous devons être résolument engagés dans l'action. Rappelons-nous, comme le disait le GIEC (le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'évolution du Climat) en 2007, qu'il ne nous reste que quelques années pour inverser la courbe d'évolution des températures.

La France n'est pas en retard dans ce combat. Le Grenelle de l'Environnement, dont nous venons d'achever la seconde lecture hier soir, ici, à l'Assemblée nationale, engage notre pays dans un processus majeur de transition énergétique, de mutation profonde, de rupture avec un modèle de croissance qui n'assurerait pas un développement durable pour nos enfants et nos petits-enfants.

Vous savez à quel point le Parlement soutient cette évolution, depuis plusieurs années déjà. Le prisme de l'environnement imprègne désormais la façon dont nous légiférons : la mise en place, dans les prochaines semaines, d'une commission dédiée à l'environnement et au développement durable en est le meilleur exemple.

Dès mon arrivée, j'ai également souhaité que notre Institution soit une partie prenante active de ce grand défi, en faisant effectuer son bilan carbone.

Mais ce combat nous dépasse. Il est celui de l'Europe entière, dont nos concitoyens souhaitent qu'elle continue à jouer ce rôle moteur pour la préservation de l'environnement, comme pour l'avancée des négociations climatiques internationales.

Il est celui de toutes les nations qui ont un rendez-vous crucial, pour notre avenir commun, pour l'avenir de notre planète, à la fin de l'année, à la Conférence de Copenhague, où nous déciderons des suites à donner au Protocole de Kyoto.

En présentant votre film dans plus de 120 pays, le 5 juin dernier, à l'occasion de la Journée Mondiale de l'Environnement, vous avez voulu, cher Yann Arthus-Bertrand, marquer la communauté de destin qui lie tous les habitants de la Terre face au défi écologique. Je vous invite, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, qui nous faîtes l'honneur d'être présents ce soir, à poursuivre l'action diplomatique en ce sens, car il n'y a, tout simplement, pas d'alternative.

*****

Mesdames et Messieurs, nous sommes à la croisée des chemins. Nous sommes à l'aube d'un changement d'ère. Nous sommes à l'une de ces bifurcations de l'histoire où les conséquences de nos choix seront déterminantes.

Nous traversons une crise économique et financière profonde, d'une ampleur inégalée, en même temps qu'une crise écologique. Nous devons nous interroger sur les interactions entre l'une et l'autre : l'environnement n'a-t-il pas été, trop souvent, trop longtemps, la variable d'ajustement de notre croissance économique ?

Nous ne savons pas comment, en 2050, la Terre résistera à 9 milliards d'individus, ni comment elle satisfera leurs besoins en eau, leurs besoins alimentaires et énergétiques, leur aspiration légitime au développement.

La question qui se pose à nous, aujourd'hui, est celle de notre destin sur la Terre, celle de l'avenir de l'espèce humaine. Jamais peut-être l'Homme n'a eu de plus grand défi à relever.

Un défi immense, mais un défi qui est à la hauteur de l'Homme, de sa formidable capacité d'adaptation, celle-là qui nous a permis, au fil des siècles, de construire, d'apprendre et toujours de progresser.

Gageons que nous saurons, comme vous nous y invitez, Cher Yann Arthus-Bertrand, permettre aux générations futures de vivre convenablement sur notre terre, non pas dans un état de nature utopique, mais dans une relation raisonnable, respectueuse, et je dirais presque amicale, avec notre monde. Sachons simplement nous souvenir qu'il n'en est pas d'autre possible.

Je vous remercie.