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06/11/2009 - Lettre de Bernard Accoyer à Bernard Lammert, Président du Bundestag (20e anniversaire de la chute du mur de Berlin)

Monsieur le Président, cher collègue et cher ami,

Il y a vingt ans, nos deux peuples vivaient un moment historique. « Un bouleversement », disait-on à l’époque, « une rupture », retiendront les historiens. Mais la chute du mur de Berlin, nous le constatons aujourd’hui, s’analyse surtout comme le plein rétablissement du sens de l’Histoire.

Il y a vingt ans, nous sommes sortis d’un monde absurde dans lequel il y avait deux Berlin, deux Allemagne, deux Europe, deux blocs construits pour s’affronter un jour, dans une conflagration sans précédent. L’absurdité a été vaincue par l’humanité, par ce qui est au cœur même de l’humanité : le goût de la liberté.

Il y a vingt ans, en effet, des femmes et des hommes ont décidé qu’on ne pouvait plus les enfermer derrière les cloisons grises du totalitarisme, qu’on ne pouvait plus contrôler leurs déplacements du haut des miradors. Ils ont abattu un mur, et avec lui le rideau de fer qui mutilait notre continent. Ils ont donné une nouvelle chance à l’Europe, qui l’a saisie en s’élargissant jusqu’à la mer Noire, et ils ont réunifié le monde, traversé depuis par des flux incessants de voyageurs et de marchandises.

Dans vingt ans, que dira-t-on des élus qui, comme vous, comme moi, auront vécu ce moment historique et auront assumé ses conséquences ? Le 9 novembre 1989 a marqué le début d’une renaissance, mais nous savons que le monde issu de cette grande date a lui aussi ses tensions et ses lignes de front qui ne doivent pas devenir de nouveaux murs.

Dans vingt ans, je souhaite qu’on puisse saluer l’esprit de responsabilité des dirigeants allemands et français. Je veux qu’on retienne l’exemple donné par les députés, des deux côtés du Rhin, pour affronter ensemble les grands défis du xxie siècle, comme le démontrent chaque jour les liens toujours plus étroits tissés entre l’Assemblée nationale et le Bundestag. L’amitié franco-allemande n’est pas une fiction diplomatique, encore moins un arrangement de circonstance : elle conditionne la solidité de l’Union européenne et la stabilité du monde. Les élus de nos deux nations amies en font l’expérience chaque jour : quand ils légifèrent, quand ils contrôlent leur gouvernement, nous savons vous et moi qu’ils agissent en Européens conscients et déterminés.

Dans vingt ans, le mur de Berlin semblera tout simplement incompréhensible aux jeunes générations. Parce que nous aimons tous deux la raison, la démocratie et la paix, je vous écris cette lettre pour vous dire : continuons ensemble, nous sommes sur la bonne route.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de ma haute considération.

Bernard ACCOYER