1. Monsieur le Président, Il s'agit de votre première visite au Liban mais le pays du Cèdre n'est pas inconnu pour vous puisque vous avez déjà rencontré le Président de la République, le Général Michel Sleiman et le Président du Conseil, M. Saad Hariri. Quel est l'objet de cette visite et quels en seront selon vous les temps forts?
Vous l’avez souligné, il s’agit de ma première visite au Liban. Et pourtant, ce pays m’est familier. Comme beaucoup de Français, je me sens intimement concerné par son devenir, sa stabilité, sa prospérité. Cette familiarité s’explique bien sûr par la langue que nous avons en partage, par une histoire commune qui a vu chacun de nos deux pays demeurer fidèlement au côté de l’autre dans les heures les plus sombres, mais aussi par le souci partagé de faire cohabiter au sein d’une identité toutes les appartenances qui la constitue.
L’objet de ma visite à la tête d’une délégation pluraliste, au-delà de la signature d’un protocole de coopération interparlementaire avec le Président Nabih Berri, est bien cela : affirmer l’amitié et l’attachement profond de la France au Liban. Je me réjouis également par avance de rencontrer les Présidents, MM. Michel Sleiman et Saad Hariri que j’avais reçus à Paris, mais aussi sa Béatitude le Patriarche Nasrallah Sfeir et les leaders politiques libanais. J’ai également souhaité, en tant que médecin, rencontrer les responsables hospitaliers et les étudiants en médecine à l’Hôtel Dieu. Ma visite auprès des troupes du contingent français de la FINUL, dans le sud, sera également pour moi l’occasion de leur rendre l’hommage mérité qu’inspire leur mission au service de la paix.
2. Le Liban reprend sa place dans la région et dans le monde puisqu'il doit présider à partir du mois prochain le conseil de sécurité de l'ONU. Comment l'Assemblée Nationale peut-elle concrètement aider notre pays dans cette période difficile?
L’histoire récente du Liban est très symbolique de la supériorité du dialogue sur le fracas des armes, de la force des institutions sur les conflits ethniques et religieux. La participation du Liban au Conseil de sécurité de l’ONU donne au gouvernement d’union nationale de M. Saad Hariri une obligation supplémentaire de réussir : ce succès aura valeur d’exemple pour le monde entier.
L’Assemblée nationale française va, je vous l’ai dit, intensifier sa relation de partenariat avec l’Assemblée nationale libanaise, que ce soit en matière de formation, d’expertise technique et de capacités administratives et institutionnelles. L’œuvre de reconstruction et de développement en cours va de pair avec le maintien et le renforcement des libertés publiques et des valeurs démocratiques auxquelles le Liban, comme la France, sont indéfectiblement attachées.
3. L'Assemblée que vous présidez dispose-t-elle de programmes de coopération avec des organes législatifs étrangers et seriez-vous disposé à aider notre pays dans ce domaine si le Président Nabih Berri (Président de l'Assemblée Nationale libanaise) venait à vous le demander?
L’Assemblée nationale française mène une politique de coopération interparlementaire soutenue avec de nombreuses institutions législatives. Le modèle parlementaire français intéresse beaucoup de parlements et cet intérêt s’est encore accru depuis la révision constitutionnelle de juillet 2008 qui a sensiblement renforcé les pouvoirs des assemblées parlementaires françaises.
Comme je vous l’ai indiqué, le Président Nabih Berri et moi-même allons signer un protocole de coopération entre nos deux assemblées. Ce protocole organise un programme de coopération dès cette année, comprenant, notamment, des voyages d’études de députés libanais afin de se familiariser avec le fonctionnement des commissions parlementaires françaises, et l’organisation d’un stage pratique d’un mois au sein d’une commission parlementaire pour un fonctionnaire de l’Assemblée nationale libanaise.
4. Etes-vous satisfait du travail effectué par le groupe d'amitié France-Liban au Palais Bourbon et pensez-vous pouvoir le charger de missions nouvelles dans le cadre du suivi de votre visite ?
Le groupe d’amitié France-Liban est l’un des plus nombreux de l’Assemblée nationale, avec 84 membres. Il est aussi l’un des plus actifs, sous la présidence de mon ami Etienne Pinte, qui malheureusement n’a pu participer à cette visite au Liban.
Le protocole qui va être signé prévoit « le développement des échanges entre les deux assemblées dans le cadre notamment des groupes d’amitié ». Un déplacement du groupe d’amitié au Liban a été programmé pour cette année dans notre budget.
5. A un moment où le Liban fait face à des menaces israéliennes répétées, quelle est votre position à ce sujet dans le cadre du soutien exprimé maintes fois par la France à notre pays à divers niveaux (Présidence de la République, Matignon, Quai d'Orsay) ?
La position de l’Assemblée nationale, comme celle de l’ensemble des autorités françaises, est claire : notre attachement à la souveraineté et à l’indépendance du Liban demeure et demeurera intangible. C’est bien le message que nous faisons passer aux autorités israéliennes. Nous condamnons toutes les violations de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, y compris les survols israéliens.
J’ajoute que le déclenchement d’un nouveau conflit n’aurait pas de raisons objectives. Ni Israël, ni le Hezbollah, n’y a intérêt. J’observe, d’ailleurs, que les prises de position récentes marquent plutôt un certain apaisement.
6. Quel message souhaitez-vous adresser à tous les Libanais en arrivant à Beyrouth ?
Encore une fois, le message que nous souhaitons porter à tous les Libanais, mes collègues députés et moi-même, est un message d’amitié, de fraternité, de soutien aux efforts et aux dialogues en cours. C’est ce qui fait la force de notre visite : l’envie de partager avec nos frères libanais une confiance retrouvée en l’avenir.