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11/05/2010 –Allocution d’ouverture de la soirée de soutien au peuple d’Haïti

Madame la Présidente du groupe d’amitié France-République d’Haïti,

Madame la Présidente de la section française de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie,

Monsieur le Président de la Fondation de France,

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,

Mesdames, Messieurs,

Mes chers collègues,

Le 12 janvier dernier, une terrible secousse détruisait des quartiers entiers de Port-au-Prince et précipitait la République d’Haïti dans le chaos. D’abord, l’annonce du séisme occupa tous les médias de la planète. Pendant plusieurs jours, le monde fut abondamment informé des conséquences de la catastrophe, du drame sanitaire qu’elle risquait de susciter, des efforts accomplis par la Nation haïtienne pour remettre le pays en état. Et puis, l’information s’est étiolée, le silence s’est fait.

Tous ceux qui ont travaillé dans l’humanitaire le savent, le temps de l’émotion n’est pas celui de l’action. Bientôt chassée des écrans de télévision, la dramatique situation d’Haïti n’en perdure pas moins. Des familles déchirées par le deuil, un pays à reconstruire, des infrastructures détruites : on ne remédie pas en quelques jours à pareille détresse, il faut s’investir durablement et en osmose avec le peuple haïtien.

C’est pourquoi, en tant que Président de l’Assemblée nationale, en parfait accord avec la présidente du groupe d’amitié France-République d’Haïti, Mme George Pau-Langevin, et tous les députés de l’Assemblée nationale, j’ai voulu organiser cette soirée de soutien. Je remercie Yves Sabouret, président de la Fondation de France, de s’être associé à cette initiative, ainsi que l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, représentée par Mme Henriette Martinez, et l’Organisation internationale de la Francophonie.

Je tiens également à saluer la présence parmi nous de Madame Nicole GUEDJ, ancien ministre et présidente de la Fondation des Casques Rouges, qui, avec le Président PREVAL, a plaidé lors de la conférence de reconstruction d’Haïti pour le projet qu’elle défend depuis longtemps : la création d’une brigade de secours des Nations Unies répondant à la nécessité de coordonner les secours dans l’urgence.]

Quatre mois après le séisme, il fallait rappeler la nécessité d’une action continue et raisonnée en faveur des Haïtiens. L’Assemblée nationale, d’ailleurs, est engagée depuis 2006 dans une action de coopération avec le Parlement haïtien, et cette action prend un sens tout particulier au moment où nos collègues, dont les bâtiments mêmes sont à terre, siègent à l’Académie de police, en attendant de bâtir un nouveau siège. M. Levaillant Louis-Jeune, dont les pouvoirs en tant que président de la Chambre des députés d’Haïti ont expiré cette nuit, aurait voulu être présent parmi nous. La réunion d’une Constituante, si elle nous prive du plaisir de le recevoir ici, témoigne, s’il le fallait, de l’esprit de renouveau qui continue d’animer la Nation haïtienne.

Cette soirée de soutien, il fallait l’organiser aussi pour rappeler l’ancienneté des liens qui unissent Haïti et la France. C’est pourquoi la lecture à laquelle vous allez assister sera placée sous le signe de la culture, des grands textes, de la beauté de cette langue française que nous avons en partage. Nous ne sommes pas réunis pour une veillée funèbre, mais pour proclamer haut et fort qu’il faut continuer de croire en l’avenir et que, dans l’épreuve, c’est justement la culture qui donne cette force vitale d’espérer.

Haïti a besoin d’aide, certes, mais nos amis Haïtiens ne veulent ni commisération, ni pitié. Je sais à quel point certains commentaires sur le « malheur haïtien », sur une prétendue « malédiction », les ont irrités et blessés. Non, il n’y a pas de malédiction haïtienne : il y a un peuple qui a connu des drames aussi terribles que l’esclavage, la guerre civile et les coups d’État ; il y a un peuple qui a subi des ouragans, des tremblements de terre et, en janvier dernier, un séisme d’une magnitude exceptionnelle ; mais toutes ces épreuves, nous constatons que les Haïtiens les ont affrontées avec courage. Eux qui ont surmonté les drames de l’Histoire ne se laisseront pas abattre par les tragédies du présent. La dignité, la vitalité, la force de caractère avec lesquelles ils ont su faire face à la catastrophe ont fait l’admiration du monde entier.

C’est l’histoire et l’âme de ce peuple que je vous invite donc à redécouvrir, à travers les textes de ses écrivains, dont le grand poète Jean Métellus qui nous fait l’honneur d’être présent ce soir et que je salue. L’Association des artistes haïtiens, représentée par son président M. Bertrand Hyppolite-Jules, ne me démentira pas : foisonnante, inventive, onirique, la littérature haïtienne n’est pas assez connue en France. Je laisse Mariann Mathéus, Freydelyne Charles et Patrick Karl vous en faire entendre quelques témoignages, mis en musique par Amos Coulanges.