Accueil > Présidence > Les discours du Président de l'Assemblée nationale

Afficher en plus grand
Afficher en plus petit

06/10/2010 –Journée de l’unité allemande à l’Ambassade d’’Allemagne

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Permettez-moi de vous remercier, Monsieur l’Ambassadeur, ainsi que votre épouse, de votre invitation à célébrer ensemble la Journée de l’Unité allemande.

C’était il y a vingt ans et c’est déjà de l’Histoire ! Pourtant, la réunification de l’Allemagne, dont nous célébrons aujourd’hui le vingtième anniversaire, s’inscrit dans une Histoire vivante, la nôtre. Plus qu’un symbole, ma présence parmi vous est le témoignage des liens tissés entre nos deux pays, unis par l’Histoire.

C’est avec le regard et le cœur d’un simple citoyen, exerçant alors mon métier de médecin, que j’ai vécu les événements qui se sont déroulés il y a vingt ans.

Vingt ans, c’est peu sans doute à l’échelle des peuples, mais c’est beaucoup pour les femmes et les hommes qui comme nous ont vécu, avec la conscience d’assister à une mutation capitale, la folle année qui alla du 9 novembre 1989 au 3 octobre 1990.

De la chute du Mur de Berlin à la pleine intégration de l’ex-RDA, nous pouvons dire que nous avons traversé une année exceptionnelle, qui montra que la politique n’est pas un vain mot quand il s’agit de prendre en mains les destinées des hommes et de refuser la fatalité.

Il y a vingt ans, c’est en réalité une révolution qui s’est accomplie en Allemagne, une révolution d’un type nouveau, pacifique et responsable : l’Europe en est sortie durablement transformée. Les qualités exceptionnelles d’homme d’État du Chancelier Helmut KOHL, la vision de l’Histoire qui l’a animé, comme elle a guidé Lech WALESA ou Mikhaïl GORBATCHEV restent gravés dans nos mémoires.

En 1990, en effet, ce n’est pas seulement l’Allemagne, c’est l’Europe qui se réunifie ! Cette année-là, nous sortons de Yalta pour aller vers une nouvelle organisation de notre continent. Telle fut la chance historique de notre génération politique : débarrassés du passé hérité de la 2nde Guerre mondiale, nous avons eu à cœur de bâtir un monde dans lequel une Allemagne réunifiée, dont le symbole est aujourd’hui la Chancelière Angela MERKEL, une France républicaine et 25 autres États s’entendraient pour concourir à la prospérité commune. L’engagement de l’Allemagne dans la réunification allait de pair avec la construction européenne, comme « les deux facettes d’une même médaille ».

Notre vingt-et-unième siècle reste encore à construire, mais il a débuté sur de bonnes bases et c’est pourquoi, en novembre 2009, saluant les vingt ans de la chute du Mur de Berlin, j’avais écrit à mon homologue et ami Norbert LAMMERT, président du Bundestag : « Continuons ensemble, nous sommes sur la bonne voie. »

Je pense que depuis cette année 1989-1990, nous nous sommes efforcés de faire vivre cette démocratie qui a triomphé il y a vingt ans, à laquelle nous adhérons tous, et qui parait aujourd’hui presque banale à nos plus jeunes concitoyens.

Cette démocratie, nous l’avons sans cesse consolidée, renforcée, stimulée, au sein de nos parlements nationaux, bien sûr, mais également au sein de l’Europe toute entière.

Entre l’Assemblée nationale française et le Bundestag, il s’est tissé une relation d’une qualité exceptionnelle : outre l’intense activité d’un groupe d’amitié qui organise chaque année un colloque Paris-Berlin et des missions d’information, je suis fier de rappeler qu’il existe un Prix parlementaire franco-allemand, que nous procédons à des échanges de fonctionnaires, des échanges entre commissions, qui permettent aux législateurs des deux pays de travailler de manière concertée.

Nous, Européens du vingt-et-unième siècle, avons accompli un parcours hors du commun, qui restera dans la mémoire des Hommes. Pour autant, nous ne sommes encore qu’au début du chemin et de grands défis restent à relever.

Qu’il s’agisse de la politique agricole commune, de la stabilisation des finances publiques ou des grands enjeux de la recherche, le partenariat franco-allemand demeure un moteur pour l’Europe. Chaque année, vous l’aurez constaté comme moi, il se trouve un commentateur pour nous dire que ce partenariat s’essouffle et qu’il n’a plus d’avenir. Et chaque année, Français et Allemands le renouvellent, dans l’intérêt du continent tout entier. Ce partenariat est une relation de confiance, construite par des femmes et des hommes de bonne volonté qui, au-delà des crises conjoncturelles, ont voulu réunir les Européens par des solidarités de fait.

Ensemble, travaillons à réunifier l’Europe : ce qui était encore une vision au temps de Konrad ADENAUER et du Général de GAULLE devient peu à peu une réalité – celle que nous laisserons à nos enfants et à nos petits-enfants, pour l’avenir de l’Allemagne, de la France et de l’Europe.