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02/02/2011 - Allocution d’ouverture de l’Année des Outre-mer français « Illumination des colonnes de l’Assemblée nationale »

Madame et Monsieur les ministres,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Monsieur le Commissaire de l’Année des Outre-Mer

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes ici pour rappeler à tous que la France transcende la géographie. Universelle par les valeurs dont elle se réclame, la République française l’est aussi, concrètement, par sa présence au-delà des mers, sur les douze îles, archipels ou territoires qui ont choisi de rester en son sein. Et au moment où la nuit tombe sur Paris, il est réconfortant de songer que le soleil brille sur nos départements et territoires d’Amérique, et qu’il se lève pour nos compatriotes du Pacifique.

Cette France planétaire transcende aussi l’Histoire. Héritage d’un passé douloureux, qu’il nous faut savoir assumer dans sa complexité, cette présence ultramarine n’aurait jamais existé sans la colonisation, la traite, l’esclavage et la somme de violence qui accompagne nécessairement de tels mouvements de domination. Pourtant, ce que nous voulons retenir et souligner aujourd’hui, c’est que les Français de métropole et d’outre-mer surent s’élever au-dessus des conflits historiques, pour concevoir ensemble un avenir plus prometteur, pour se forger une destinée commune.

À cet égard, vous permettrez au Président de l’Assemblée nationale de rappeler comment, dès l’origine, l’Outre-mer prit sa part à l’édification de notre démocratie.

Dès 1789 en effet, quand se réunissent les États généraux, les terres françaises d’Amérique et de l’océan Indien envoient leurs députés à Versailles, au même titre que les vieilles provinces d’Europe. Dès 1793, un homme de couleur, le citoyen BELLEY, siège parmi les représentants du peuple chargés de voter la loi. Et quand, en 1848, le suffrage universel est proclamé, cette grande conquête démocratique s’applique aussi aux vieilles colonies sucrières, sans distinction de race : bientôt un ancien esclave, Louisy MATHIEU, siège aux côtés de Victor SCHOELCHER et de Victor HUGO, les deux grandes figures de l’humanisme politique.

Quand enfin, en 1875, le rétablissement de la République est voté à une voix de majorité, ce résultat est obtenu grâce aux députés d’outre-mer, presque tous républicains.

Ainsi, la métropole et l’outre-mer, ce ne sont pas treize entités séparées qui se rattacheraient à un même drapeau : c’est une seule et même France dont les habitants, les territoires, s’enrichissent mutuellement de leurs différences.

Telle est l’idée directrice de l’Année des Outre-mer voulue par le Président de la République. C’est également le sens de l’illumination que nous découvrons ce soir : sur la colonnade du Palais-Bourbon, construction emblématique de la cohésion nationale, le foisonnement de couleurs salue l’extraordinaire diversité de cet ensemble français. Chacune des douze colonnes qui soutiennent l’édifice arbore sa propre couleur, symbolisant la singularité de chaque territoire et de son apport à la collectivité nationale.

L’Assemblée nationale est fière de manifester ainsi, de manière visible et pédagogique, notre attachement à cette conception pour ainsi dire « polychrome » de la République.

Les deux millions sept cent mille Français qui vivent outre-mer, les nombreux Ultramarins qui résident en métropole, les Métropolitains innombrables qui rêvent de l’outre-mer, doivent savoir qu’ils ont en commun les mêmes droits, les mêmes devoirs et, par-dessus tout, les mêmes espérances.

Trop souvent, les départements et territoires d’outre-mer n’occupent le devant de la scène qu’à l’occasion de conflits sociaux, de crises, ou de catastrophes naturelles.

Pour 2011, faisons le pari d’un retournement : à travers les cent dix événements de toutes sortes qui vont jalonner l’Année des Outre-mer, il sera possible à tous de découvrir ou de redécouvrir la richesse culturelle, les atouts économiques et la beauté inépuisable de notre France multicolore.

Au Palais-Bourbon, où Aimé Césaire siégea pendant quarante-huit ans, les députés de tous les groupes tomberont d’accord, je le crois profondément, sur ce constat qui constitue aussi un engagement : l’Outre-mer est une chance et nous saurons la saisir.