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05/04/2011 – Allocution pour la présentation des Comités secrets de 1870-1871

Mesdames,

Messieurs,

Mes chers collègues,

L’Assemblée nationale vient de voter l’autorisation de publier les comptes rendus des comités secrets de 1870 et 1871, et ce à l’unanimité.

Notre Règlement, en effet, est formel : quelle que soit l’ancienneté de ces documents, le secret ne pouvait être levé que par un vote des députés. Le Règlement a donc été scrupuleusement respecté. Je n’aurais pas voulu qu’en cherchant une autre voie, on puisse créer un précédent défavorable aux droits du Parlement. C’est par un vote que les comptes rendus des comités secrets de la Première Guerre mondiale ont pu être publiés après 1919, c’est encore par un vote qu’a été autorisée la divulgation des séances secrètes qui s’étaient tenues au début de la Seconde Guerre mondiale.

Depuis 1940, il n’y a plus eu de comités secrets au Parlement français : toutes les séances de la Quatrième République et toutes celles de la Cinquième ont été publiques et ont fait l’objet d’un compte rendu imprimé.

Mais le patrimoine de l’Assemblée nationale est riche, pour ne pas dire inépuisable. Il restait, dans le coffre-fort des archives, dans les sous-sols du Palais-Bourbon, quatre enveloppes mystérieuses, dont trois cachetées de cire rouge.

Ces enveloppes n’avaient jamais été perdues. Elles figuraient sur les inventaires, elles dormaient dans ce coffre-fort depuis le retour des chambres à Paris, en 1879, mais plus personne n’y songeait. Et voici que, cent quarante ans plus tard, nous redécouvrons leur existence.

À l’intérieur, des documents manuscrits du plus grand intérêt historique : les comptes rendus des quatre séances dramatiques qui se sont déroulées à huis clos pendant la guerre de 1870 et à la veille de la Commune.

Trois de ces comités secrets ont eu lieu dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, où était installé le Corps législatif impérial : ils nous révèlent les difficultés militaires dans lesquelles se débat le Second Empire agonisant, mais aussi toute la vigueur et toute la résolution de l’opposition républicaine, qui prépare l’éclosion d’un nouveau régime.

Le quatrième comité secret, en date du 22 mars 1871, se tient à Versailles : l’Assemblée nationale d’où va sortir la Troisième République évite Paris qui gronde et qui s’arme.

Dans ces quatre comptes rendus, nous trouvons en particulier des discours inédits de plusieurs grandes figures de notre histoire : Gambetta, Jules Ferry, Jules Grévy, Adolphe Thiers… Et à la dernière page du dernier compte rendu, on lit la brève et cinglante interruption d’un jeune député élu un mois plus tôt, d’un débutant promis à un bel avenir : Georges Clemenceau.

Tels sont les documents exceptionnels que vous allez pouvoir découvrir, sous ces vitrines d’abord, et bientôt in extenso. J’ai voulu, en effet, que leur publication s’accompagne d’un travail de recherche approfondi. Le professeur Éric Bonhomme, spécialiste reconnu de la guerre de 1870, va transcrire, présenter, annoter, contextualiser ces comptes rendus. Ils seront intégralement publiés en novembre prochain, sous la forme d’un livre que l’Assemblée nationale va préparer en partenariat avec les éditions Perrin.

C’est avec plaisir, mais aussi avec émotion, que je vous laisse découvrir ces splendides témoignages de notre histoire parlementaire.