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Un Président américain à Paris

90ème anniversaire de la venue en France du Président Woodrow Wilson

Le Président Wilson à la tribune de la Chambre des députés, le 3 février 1919.

Le Président Wilson à la tribune de la Chambre des députés,
le 3 février 1919.
L'Illustration n° 3962 du 8 février 1919

« Comme toute l'assistance, le président du Conseil, M. Clemenceau, le président de la République, M. Poincaré, et le président du Sénat, M. Antonin Dubost, sont debout devant leurs fauteuils, disposés face à la tribune.

Seul est assis au premier plan l'interprète, M. Mantoux, prenant les notes sténographiques qui lui permettront de traduire instantanément le discours de M. Wilson. »

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   La plaquette du discours en PDF

 

 « La Fayette, nous voici » : la phrase généralement attribuée au général Pershing, et prononcée le 4 juillet 1917 par le colonel Stanton sur la tombe parisienne du « Héros des Deux-Mondes », résume superbement l’idée d’une solidarité franco-américaine dans la défense de la liberté.

C’est pour avoir contribué à l’indépendance des États-Unis que La Fayette, devenu très populaire, joue un rôle si important au début de la Révolution française.

Quand la France à son tour devient une République, l’amitié américaine est recherchée. Sait-on que le drapeau américain flotte dans la salle de séance de la Convention, à côté de celui de Genève et du pavillon tricolore ? Sait-on que les conventionnels ont voté symboliquement l’octroi de la citoyenneté française à George Washington et aux pères fondateurs de l’indépendance ? Sait-on que l’un d’eux, Thomas Paine, rédacteur de la constitution de Pennsylvanie, sera élu député français dans cinq départements ?

Née dans la tourmente révolutionnaire, cette amitié ne se démentira plus, d’autant que de nombreux Français, fuyant les excès de la Terreur, trouvent refuge en Amérique. Certains vont s’y établir durablement : la ville de Gallipolis, dans l’Ohio, cette « cité des Gaulois » fondée par deux anciens députés français, revendique aujourd’hui sa French touch avec une certaine fierté. D’autres émigrés politiques reviendront en France, comme Talleyrand, qui s’est embarqué pour Philadelphie en 1794. Son séjour aux États-Unis l’impressionne vivement et c’est fort de cette expérience qu’il consignera, dans ses Mémoires, ce jugement visionnaire : « Du côté de l’Amérique, l’Europe doit toujours avoir les yeux ouverts, et ne fournir aucun prétexte de récrimination ou de représailles. L’Amérique s’accroît chaque jour. Elle deviendra un pouvoir colossal, et un moment doit arriver où, placée vis-à-vis de l’Europe en communication plus facile par le moyen de nouvelles découvertes, elle désirera dire son mot dans nos affaires et y mettre la main. »

Au XIXe siècle, la doctrine Monroe tend à définir des sphères d’influence distinctes : « l’Amérique aux Américains » d’un côté, l’Europe et ses colonies de l’autre. Mais la Grande Guerre change la donne, en portant atteinte au principe de la liberté des mers. En mai 1915, le torpillage du Lusitania choque profondément l’opinion américaine ; le 2 avril 1917, les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne et au mois de juin, le général Pershing arrive en France avec ses troupes.

Cet engagement dans le camp des Alliés ne va pas de soi à l’époque : outre la force du courant pacifiste, il a fallu surmonter l’opposition des nombreux Américains d’origine allemande. Quant aux descendants d’Irlandais, rien ne les prédispose à combattre aux côtés des soldats britanniques. La grandeur de Wilson est d’avoir dépassé ces considérations particulières pour ancrer clairement son pays dans la défense du droit. Héraut d’une paix durable, garantie par des traités justes et la création d’une Société des nations, il est reçu triomphalement sur le sol français. Le 3 février 1919, il souligne lui-même « l’insigne et extraordinaire honneur » qui lui est fait : reçu dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, il monte à la tribune pour développer sa vision de l’avenir. Quelques mois plus tard, il reçoit le prix Nobel de la Paix.

L’isolationnisme, à partir de 1920, a eu provisoirement raison de cet « idéalisme wilsonien » sur lequel on a trop ironisé : mais la montée de nouveaux périls entraînera sous Roosevelt une nouvelle et décisive intervention américaine, puis la création de l’ONU. La Guerre froide a renforcé le lien transatlantique, donnant définitivement raison à Wilson. Rétrospectivement, il nous paraît même étonnant que le premier voyage en Europe d’un président américain ne date que de 1919.

Comme toutes les amitiés, celle qui unit la France et les États-Unis a connu ses périodes de tension et ses brouilles passagères. Car l’amitié n’admet pas la tutelle et notre nation a eu raison de veiller à préserver son indépendance. Le général de Gaulle, en particulier, a su faire respecter « une certaine idée de la France », ne confondant pas alliance et allégeance. La construction européenne, en outre, a fait apparaître sur la scène mondiale un nouveau géant, avec lequel la superpuissance américaine doit apprendre à négocier.

C’est en agissant dans le respect mutuel que la France et les États-Unis peuvent affirmer leurs valeurs communes avec le plus de force.  Sur l’essentiel en effet, les deux pays ont toujours su se retrouver : l’essentiel, c’est-à-dire la défense de la démocratie, contre l’arbitraire, l’injustice, le totalitarisme sous toutes ses formes et, aujourd’hui, le terrorisme.

La visite du Président Wilson au Palais-Bourbon n’est donc pas seulement un épisode pittoresque et anecdotique : elle a constitué un moment privilégié de ce dialogue franco-américain qui, commencé entre Beaumarchais et Benjamin Franklin, ne s’est jamais interrompu depuis. À l’heure où la démocratie américaine entre dans une phase nouvelle de son histoire, je forme le vœu que ce dialogue se poursuive et s’intensifie.

Bernard Accoyer,
Président de l’Assemblée nationale

 

Médaille commémorant la venue du Président Wilson le 3 février 1919
Médaille commémorant la venue du Président Wilson le 3 février 1919

Carton d'invitation
Carton d'invitation pour l'accès à la Salle des séances

Carton d'invitation

Carton d'invitation
Carton d'invitation pour la réception
à l'Hôtel de la Présidence

 


Le discours du Président Wilson à la Chambre des députés

Devis des travaux à executer pour la réception

Devis des travaux à exécuter pour la réception

Devis des travaux à exécuter pour la réception

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© Assemblée nationale

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Chronologie de la Grande Guerre

Les députés de la XIe législature
de la Troisième République

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Voir aussi :

Benjamin Franklin

Mission d'information sur les relations entre l'Europe et les États-Unis (XIIe législature)

Mission d'information sur les évolutions des relations transatlantiques en matière de défense (XIIe législature)

Groupe d'amitié France - États-Unis

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