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Bernard
Accoyer a remis les insignes d’Officier de la Légion d’honneur à Danièle
BREEM, ancienne journaliste de l'ORTF, d'Antenne 2 puis de France 2
Discours de Bernard ACCOYER
Président de l’Assemblée nationale
à l’occasion de la remise des
insignes
d’Officier de la Légion d’honneur à
Danièle BREEM
Mardi 29 mai 2012
Hôtel de Lassay
Seul le prononcé fait foi
Messieurs les députés,
Monsieur le Premier président de la Cour des comptes,
Monsieur le Président de La Chaîne Parlementaire,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Mesdames et Messieurs,
Chère Danièle BREEM,
C’est une grande figure de la presse qui se trouve
aujourd’hui honorée. Une pionnière, une légende de la presse parlementaire
et du journalisme politique, mais également une digne ambassadrice des
valeurs de la France, au premier rang desquelles, la modernité, une
qualité que vous incarnez avec panache.
La presse parlementaire est riche de ce destin
d’exception qu’est le vôtre, Madame. Aujourd’hui plus que jamais, nous
avons besoin de figures emblématiques. Elles nous rappellent que les
valeurs de la France sont une exigence. Par votre intelligence, vos
convictions, par vos réussites, vous êtes, à n’en pas douter, bien plus
qu’un symbole.
C’est à une femme de convictions que la République
rend hommage aujourd’hui. Une femme de convictions et d’action. Une femme
de passions et d’engagement, ne dissociant jamais l’humanité de
l’efficacité. Une Française exemplaire, qui a donné à la République son
temps et son énergie.
C’est pour moi un honneur, c’est aussi un réel
plaisir, une émotion d’être celui par qui la République vous distingue
aujourd’hui.
Ces insignes d’Officier de la Légion d’honneur que je
vais vous remettre dans quelques instants honorent votre parcours
exemplaire. Votre intelligence fine et pertinente, votre sagacité et votre
regard vous ont dicté ce parcours que plus d’un homme aurait aimé
entreprendre. Sans doute incarnez-vous, aussi, la réussite des femmes
rendue enfin possible au XXe siècle.
Nous nous connaissons depuis de nombreuses années,
réunis par une même passion – l’Assemblée, la politique et le débat. Et
innombrables sont les parlementaires qui ont apprécié la finesse de vos
analyses…
Cette passion de la vie publique, cette passion de la
vie professionnelle et du Parlement, c’est la vôtre, chère Danièle BREEM.
C’est celle qui vous a conduite ici à l’Assemblée. C’était il y a plus de
cinquante ans…
Derrière les murs anciens de l’Hôtel de Lassay ou du
Palais Bourbon – ces « maisons des siècles » comme Malraux appelaient ces
édifices qui, dans la mémoire du passé, abritent le présent et préparent
l’avenir – il y a des commissions permanentes, des groupes d’amitié, des
groupes politiques. Il y a les Quatre Colonne et des journalistes. Il y a
des règles, des procédures, des styles. Il y a surtout des hommes et des
femmes qui les incarnent. Et vous, vous en êtes la mémoire vive, je dirais
même, la conscience.
C’est d’abord au service des plus jeunes que vous
vous êtes engagée, alors que la France était touchée en plein cœur.
L’institutrice de la Sarthe que vous étiez en pleine guerre, de 1940 à
1944, a fait montre d’un dévouement et d’un courage exemplaires.
De ces années d’ombre et de lumière, vous avez appris
combien l’existence pouvait être faite de combats sans cesse renouvelés.
Sans doute est-ce la source de cette volonté ardente que nous vous
connaissons.
Entrée en journalisme, un destin vous attend. C’est
une longue et belle aventure qui commence.
D’abord attachée de presse, vous le serez notamment
de mes prédécesseurs. Vous travaillez également pour des cabinets
ministériels, mais aussi pour la « PQR », puis pour le service public
télévisuel en tant que rédactrice en chef, journaliste parlementaire à
l’ORTF, à Antenne 2.
Votre vie se confond avec celle de la Ve République.
Vous en vivez les grands moments. Vous suivrez notamment le général de
Gaulle devant l’Assemblée à son retour au pouvoir en 1958, sur fond de
guerre d’Algérie. De 1959 à 1967, vous couvrez les débats parlementaires…
Vous connaîtrez ainsi tous les présidents de la République… avant leur
arrivée à l’Élysée.
Vous rendre hommage, chère Danièle BREEM, c’est
saluer en vous l’intelligence, l’indépendance et la persévérance. C’est
évoquer votre clarté d’esprit et votre audace qui ont fait votre
signature. L’audace, c’était de faire entrer les caméras de télévision à
l’Assemblée nationale, de tenir tête et de défendre à chaque instant vos
convictions. Vous êtes ce que l’on nomme une femme de tempérament.
Figure emblématique du Palais Bourbon et du petit
écran, vous êtes la première journaliste intervenue en direct et en duplex
depuis l’Assemblée au journal télévisé.
D’esprit vif et ardent, admirablement douée, pétrie
d’idées, vous avez inventé, façonné le journalisme dans ce secteur –
noble, prestigieux, sensible – de la politique… dont vous êtes la
référence incontestée.
Rigoureuse, impartiale, exigeante, vous incarnez avec
panache une presse au ton juste, sans arrogance ni snobisme.
Vous avez tracé une voie.
Proche du cœur politique de notre pays, observatrice
lucide, vous avez su être le témoin attentif et passionné d'un instant – à
l’échelle de l’Histoire – de la vie d'un peuple et de ses représentants.
Les événements de ces derniers mois auront sans doute stimulé votre
réflexion, vous qui de la Ve République avez connu ses sept présidents,
ses douze présidents de l’Assemblée nationale…
Ce qui fait votre talent n’est pas seulement votre
rigueur, c’est aussi la justesse et la précision de votre analyse. Ce
talent, vous l’avez placé au service d’un combat, le plus beau des combats
: la défense de la liberté d’expression et donc de l’intérêt général.
Mais par-delà votre travail et votre talent, ce sont
aussi vos qualités d’âme et cœur qui sont unanimement saluées. J’ai eu
l’occasion de le souligner lors de la célébration de vos cinquante
premières années consacrées à la presse parlementaire. Mais je tenais à
vous dire combien elles font le bonheur et l’estime de ceux qui vous
entourent. Vous n'avez eu de cesse de mettre la noblesse de vos valeurs au
service des autres. Et c’est ce qui donne à la France son plus beau
visage.
Alors oui, c'est pour moi un grand honneur, Madame,
que de vous exprimer aujourd'hui, au nom de la France, respect et
reconnaissance.
Chère Danièle BREEM, au nom du Président de la
République, et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, nous vous
faisons Officier de la Légion d’honneur.