N° 1866 ______ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
AU NOM DE LA COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES (1) SUR LE PROJET DE loi de finances pour 2000 (n° 1805), TOME XVI OUTREMER PAR M. CLAUDE HOARAU, Député. (1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page. Voir le numéro : 1861 (annexes 36 et 37) Lois de finances. La commission de la production et des échanges est composée de : M. André Lajoinie, président ; MM. Jean-Paul Charié, Jean-Pierre Defontaine, Pierre Ducout, Jean Proriol, vice-présidents ; MM. Léonce Deprez, Christian Jacob, Daniel Paul, Patrick Rimbert, secrétaires ; MM. Jean-Pierre Abelin, Yvon Abiven, Jean-Claude Abrioux, Stéphane Alaize, Damien Alary, André Angot, François Asensi, Jean-Marie Aubron, Pierre Aubry, Jean Auclair, Jean-Pierre Balduyck, Jacques Bascou, Mme Sylvia Bassot, MM. Christian Bataille, Jean Besson, Gilbert Biessy, Claude Billard, Claude Birraux, Jean-Pierre Blazy, Jean-Claude Bois, Daniel Boisserie, Maxime Bono, Franck Borotra, Christian Bourquin, Mme Danièle Bousquet, MM. François Brottes, Vincent Burroni, Marcel Cabiddu, Alain Cacheux, Dominique Caillaud, André Capet, Jean-Paul Chanteguet, Jean Charroppin, Philippe Chaulet, Jean-Claude Chazal, Daniel Chevallier, Pierre Cohen, Alain Cousin, Yves Coussain, Jean-Michel Couve, Jean-Claude Daniel, Marc-Philippe Daubresse, Philippe Decaudin, Mme Monique Denise, MM. Jacques Desallangre, Eric Doligé, François Dosé, Jean-Pierre Dufau, Marc Dumoulin, Dominique Dupilet, Philippe Duron, Jean-Claude Etienne, Alain Fabre-Pujol, Albert Facon, Alain Ferry, Jean-Jacques Filleul, Jacques Fleury, Nicolas Forissier, Roland Francisci, Claude Gaillard, Robert Galley, Claude Gatignol, André Godin, Alain Gouriou, Joël Goyheneix, Michel Grégoire, Gérard Grignon, Hubert Grimault, Lucien Guichon, Gérard Hamel, Patrick Herr, Claude Hoarau, Robert Honde, Claude Jacquot, Mme Janine Jambu, MM. Aimé Kergueris, Jean Launay, Thierry Lazaro, Jean-Yves Le Déaut, Patrick Lemasle, Jean-Claude Lemoine, Jacques Le Nay, Jean-Claude Lenoir, Arnaud Lepercq, René Leroux, Roger Lestas, Alain Le Vern, Félix Leyzour, Michel Liebgott, Lionnel Luca, Jean-Michel Marchand, Daniel Marcovitch, Alfred Marie-Jeanne, Alain Marleix, Daniel Marsin, Philippe Martin, Jacques Masdeu-Arus, Marius Masse, Roger Meï, Roland Metzinger, Pierre Micaux, Yvon Montané, Gabriel Montcharmont, Jean-Marie Morisset, Bernard Nayral, Jean-Marc Nudant, Jean-Paul Nunzi, Patrick Ollier, Joseph Parrenin, Paul Patriarche, François Patriat, Germinal Peiro, Jacques Pélissard, Mmes Marie-Françoise Pérol-Dumont, Annette Peulvast-Bergeal, MM. Serge Poignant, Bernard Pons, Jacques Rebillard, Jean-Luc Reitzer, Gérard Revol, Mme Marie-Line Reynaud, M. Jean Rigaud, Mme Michèle Rivasi, MM. Jean Roatta, André Santini, Joël Sarlot, François Sauvadet, Michel Tamaya, Jean-Claude Thomas, Léon Vachet, Daniel Vachez, François Vannson, Michel Vaxès, Michel Vergnier, Gérard Voisin, Roland Vuillaume.
I. LES PRIORITÉS DU GOUVERNEMENT 7 A. LEMPLOI 7 B. LA CULTURE ET LACTION SOCIALE 8 C. LE LOGEMENT 9
EXAMEN EN COMMISSION 66 MESDAMES, MESSIEURS, Lexamen du budget de lOutre-mer pour 2000 sinscrit dans un contexte particulier marqué par lélaboration et ladoption de plusieurs textes qui doivent engager lavenir de lOutre-mer pendant la prochaine décennie. Le vote de la loi dorientation pour les départements doutre-mer, la signature des Contrats de plan pour la période 2000-2006, celle des documents de programmation en matière de fonds structurels européens (DOCUP), la définition du contenu de larticle 299-2 du traité dAmsterdam, constituent les principales échéances qui vont rythmer la prochain année. Le projet de loi dorientation devrait être examiné au cours du premier semestre, la première version du texte étant transmise aux collectivités et aux responsables locaux le 15 novembre. A lissue de cette consultation, un avant-projet sera élaboré. Votre rapporteur ne dispose donc daucune indication sur le contenu de ce texte. Il peut simplement noter que ce projet de loi, annoncé par le ministre le 23 octobre 1998, a suscité demblée une forte attente au sein des populations des régions concernées. Cette attente a été renforcée par les propositions contenues dans les rapports préparatoires, notamment celles qui sont destinées à favoriser le développement économique. Cette forte attente ne surprend pourtant pas, étant donné la situation des départements doutre-mer. Partout les mêmes difficultés, partout le même malaise. Si lexpression en est différente (conflits sociaux longs et fréquents aux Antilles, augmentation de la délinquance à la Réunion), ce malaise doit être avant tout analysé au regard dune situation socio-économique marquée par un chômage chronique élevé et des inégalités persistantes voire croissantes. Pour la deuxième année consécutive, le budget de lOutre-mer, qui sélève à 6,3 milliards de francs dans le projet de loi de finances, est en augmentation (+ 13,6 %), ce qui, sur lensemble des deux années, représente une hausse de plus de 20 %. Comme lannée dernière, cette hausse est supérieure à celle des dépenses du budget général (0,9 %). Il faut toutefois considérer, dans ces augmentations successives, la part non négligeable des transferts opérés des autres ministères vers celui de lOutre-mer. Lemploi demeure la priorité, et représente 40 % du budget global. 58 000 nouvelles solutions dinsertion pourront être financées. Il est vrai que lOutre-mer, malgré des taux de création demplois dynamiques, ne connaît guère daméliorations dans ce domaine. Contrairement à la France métropolitaine, et du fait dune évolution démographique totalement opposée, le taux de chômage ne diminue pas. Avec le transfert du financement des contrats emplois consolidés, jusquici inscrits au ministère de lemploi et de la solidarité, tous les contrats aidés se trouvent désormais dans le budget de lOutre-mer qui, en 2000, financera 79 000 emplois. Jamais atteint, un tel chiffre mérite dêtre souligné. Quant au logement, secteur où les besoins sont importants dans lensemble des départements doutre-mer, sa progression est moins forte quen 1999 ; elle sexplique surtout par la hausse de la créance de proratisation. Le budget de lOutre-mer représente 10 % des interventions de lEtat dans les départements, collectivités et territoires ultra-marins. Il ne sagit là que dune partie des crédits transférés, lesquels viennent surtout de différents ministères, et dabord de léducation nationale et de lintérieur. Lensemble des interventions qui, en 1999, sélevait à 50,172 milliards de francs se situera, en 2000, à 51,481 milliards de francs, soit une progression de 2,6 %. Là encore, laugmentation est supérieure à celle du budget général. Ce budget traduit par ailleurs, pour la première fois, les réformes instituées par la loi organique du 19 mars 1999 pour la Nouvelle-Calédonie. Un nouveau chapitre budgétaire a été créé pour accompagner le transfert des compétences de lEtat à la Nouvelle-Calédonie. Il comprend une dotation globale de compensation et une dotation globale de fonctionnement. Pour tenir compte des délais délaboration, de discussion et dapplication de la loi dorientation, il avait été annoncé que le projet de loi de finances pour 2000 comporterait un certain nombre danticipations devant refléter, sous langle budgétaire, les projets du Gouvernement. Tel ne semble pas être le cas. Lattente vis-à-vis de la loi dorientation ne peut se trouver que renforcée. I. LES PRIORITÉS DU GOUVERNEMENT Le projet de loi de finances pour 2000 fixe le budget du secrétariat dÉtat à loutre-mer à 6,36 milliards de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement. Ce budget augmente les moyens dintervention du secrétariat dÉtat dans les domaines prioritaires que sont lemploi, la solidarité et la culture. Il soutiendra lactivité par des investissements renforcés pour la solidarité et le développement économique et accompagnera les évolutions institutionnelles engagées. A. LEMPLOI Le projet de budget pour 2000 fixe la dotation du fonds pour lemploi dans les départements doutre-mer et à Saint-Pierre-et-Miquelon à 2 101,7 millions de francs, soit une augmentation de 16,24 % par rapport à 1999 provenant essentiellement du transfert depuis le ministère de lemploi et de la solidarité. Par ailleurs, les dispositifs spécifiques en faveur des TOM et de Mayotte sont reconduits. 1. Le FEDOM permettra le financement de solutions dinsertion Dans le secteur de lunité collective, les solutions dinsertion sont portées à 50 000 dont 35 000 nouveaux contrats emploi-solidarité (pour un coût de 631,5 millions de francs) et 15 000 contrats dinsertion par lactivité, destinés à des bénéficiaires du RMI (186 millions de francs). Dans le secteur marchand, leffort budgétaire représente 7 500 contrats daccès à lemploi et 500 primes à la création demplois versées aux employeurs (354 millions de francs). Afin daffirmer la responsabilité du secrétariat dÉtat à loutre-mer dans la politique de lemploi outre-mer, les 7 000 contrats emplois-consolidés, prolongement des C.E.S. jusque là financés sur le budget du ministère de lemploi, sont inscrits au sein du budget de loutre-mer. Ils représentent une dotation de 291,7 millions de francs imputés sur le FEDOM et une dotation de 44,75 millions de francs sur un crédit nouveau consacré à lemploi et la formation professionnelle à Mayotte. 2. Le FEDOM financera également la poursuite de la mise en uvre des emplois-jeunes La loi relative à lemploi des jeunes, entrée en application dès 1998, sera financée à hauteur de 615,5 millions de francs. Ces crédits, inscrits aussi dans le FEDOM, permettront le financement des emplois-jeunes lancés dès 1997 et créés en 1998 et 1999, ainsi que les nouveaux emplois créés en 2000, soit un total denviron 11 000 sur trois ans (hors aides éducateurs et adjoints de sécurité, financés respectivement sur les budgets des ministères de léducation nationale et de lintérieur). Au 31 août, les conventions signées portaient sur plus de 9 525 emplois, dont 2 591 au titre de léducation nationale et 134 au titre de lintérieur. En 1999, hors aides éducateurs et adjoints de sécurité, la prévision pour lannée oscille entre 3 500 et 4 000 créations demplois. B. LA CULTURE ET LACTION SOCIALE Le projet de loi de finances pour 2000 marquera une volonté forte du secrétariat dÉtat à loutre-mer : la mise en valeur de la richesse culturelle de loutre-mer, en tant que composante à part entière de la culture nationale. Il en résulte une augmentation sensible des crédits consacrés à laction culturelle et à la formation. Les crédits du chapitre daction sociale et culturelle passent de 145 millions de francs à 185,6 millions de francs, soit près de 30 % daugmentation. Concernant laction culturelle proprement dite, lobjectif est de favoriser les échanges entre loutre-mer et la métropole et dans lenvironnement régional des collectivités, départements et territoires doutre-mer. Cest dans ce sens que le fonds daide aux échanges artistiques et culturels pour loutre-mer a été créé. Il sera financé à parité avec le ministère de la culture. Le secrétariat dÉtat à loutre-mer a plus que doublé les crédits consacrés à ce domaine, puisquils passent de 4 millions de francs en 1999 à 9 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 2000. C. LE LOGEMENT Le logement constitue, avec lemploi, lune des priorités de développement de loutre-mer français dès lors que les problèmes liés à lhabitat sy déclinent encore en termes de pénurie, de précarité et dinsalubrité. Cette situation sexplique par une conjonction de facteurs bien connus : croissance démographique vigoureuse (quatre fois supérieure à celle observée en métropole), taux de chômage élevé (30 % en moyenne), forte proportion de salariés à revenus modestes, insuffisance et surpeuplement relatif du parc de logement, défaillance des infrastructures urbaines, niveau du coût de la vie, etc LE LOGEMENT DANS LES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER - ELÉMENTS STATISTIQUES
Source : secrétariat dEtat à loutre-mer Ces régions monodépartementales se caractérisent par la nécessité de trouver un équilibre sur des territoires réduits, où la rareté du foncier et les difficultés dapprovisionnement renchérissent les coûts de construction alors que lendettement des collectivités locales limite leur capacité dendettement dans le domaine des équipements et des infrastructures urbaines. Si la vigueur des réseaux de solidarité traditionnelle a permis déviter lapparition du phénomène des personnes sans domicile, elle a inversement accentué un surpeuplement relatif et contribué à lextension de la précarité et de linsalubrité dans les logements. 1. Les instruments de la politique du logement dans les DOM a) Les principaux dispositifs de financement La réforme du financement du logement dans les départements d'outre-mer intervenue en 1986 repose sur des mécanismes daide à la pierre, permettant concomitamment daccroître la production de logements neufs et de mieux les adapter aux spécificités de loutre-mer. Accession à la propriété. Il existe aujourdhui deux principaux dispositifs. Le Logement évolutif social (LES) bénéficie aux ménages dont les revenus ne dépassent pas des plafonds de ressources annuelles, qui varient en fonction de la composition du ménage. Laide est constituée par une subvention de 50 % de linvestissement. Le prêt à 0 %-ministère du logement finance laccession sociale à hauteur de 40 % du coût du logement. Les plafonds de ressources sont fixés à 70 % du plafond de ressources du prêt à 0 % soit, par exemple, 91 000 francs pour un ménage de deux personnes. Il finance également laccession intermédiaire à la propriété : sa quotité est alors ramenée à 25 % du coût du logement, sur la base de plafonds de ressources fixés par arrêté interministériel. Construction locative. Les principaux dispositifs sont ceux du Logement locatif social (LLS), du Logement locatif très social (LL-TS) et du prêt locatif intermédiaire (PLI). Le prêt locatif aidé (PLA) utilisé en métropole prêt aidé par lÉtat, servi par la Caisse des dépôts et consignations et dune durée de 32 ans avec un préfinancement possible prend la forme du LLS dans les départements doutre-mer. Il est actuellement rémunéré à 2,25 % par an (2 % en Guyane) et peut être complété par des subventions de couverture des surcharges foncières. Le LL-TS est léquivalent du PLA-TS. Il vise à rendre possible des opérations de construction locative sociale, au bénéfice de locataires aux ressources modestes (loyers inférieurs à 80 % des loyers plafonds LLS). Le prêt locatif intermédiaire est destiné à financer les logements dont le loyer se situe entre celui pratiqué dans le secteur locatif social et celui observé sur le marché libre. Amélioration et réhabilitation. Sagissant de la réhabilitation du parc locatif social, les procédures et les financements sont alignés sur ceux de la PALULOS en métropole, réserve faite dun pouvoir dérogatoire plus étendu reconnu au représentant de lÉtat. Lapplication tardive de la taxe pour lamélioration du patrimoine bâti dans les DOM (TAPB) na permis quune intervention récente de lAgence nationale pour l'amélioration de l'habitat. Les règles qui lui sont applicables sont proches de celles de la métropole, mais labsence de conventionnement modifie marginalement certains dispositifs (subventions à taux majoré). b) Les perspectives budgétaires Les crédits daides à la pierre, totalement fongibles, sont regroupés sur une ligne budgétaire unique. Ce mécanisme, qui laisse des marges dadaptation très substantielles au niveau local, ne peut que susciter une appréciation nuancée sur le plan strictement budgétaire dans la mesure où il introduit une opacité préjudiciable au contrôle de la dépense publique
En 1999, la ligne budgétaire unique a été arrêté à 1 096 millions de francs en loi de finances initiale, dont 96 millions de francs au titre de la résorption de lhabitat insalubre, que sont venus abonder 541 millions de francs en provenance de la créance de proratisation du RMI. Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit une ligne budgétaire de 1 100 millions de francs (dont 96 millions de francs réservés à lhabitat insalubre) et un abondement de 650 millions de francs au titre de la créance de proratisation, 2. Les opérations de résorption de lhabitat insalubre Les besoins en matière de résorption de lhabitat insalubre (RHI) sont encore importants, puisquon estime que 26 % des logements revêtent un caractère précaire ou sont dépourvus déléments de confort et que 13 % peuvent être qualifiés dinsalubres, Comme en matière de logement, les crédits spécifiques sont abondés par des crédits en provenance de la créance de proratisation du RMI, Les crédits consacrés à la résorption de lhabitat insalubre ont été transférés depuis le 1er janvier 1998 du secrétariat dÉtat au logement au secrétariat dÉtat à loutre-mer, En 1998, 96 millions de francs ont été consacrés aux opérations de RHI, auxquels il faut ajouter 66 millions de francs au titre de la créance de proratisation, Le Gouvernement estime que ces moyens se monteront respectivement en 1999 à 96 millions de francs et 81 millions de francs, Votre rapporteur insiste tout particulièrement sur limportance économique et sociale de ce secteur, essentiel en termes de qualité de vie et de création demplois. II. LES DÉPARTEMENTS DOUTRE-MER Lannée économique 1998 sest achevée plutôt favorablement pour la Martinique, la Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon et dans une moindre mesure pour la Guyane. Seule la Guadeloupe affectée par une succession de conflits sociaux prolongés a vu son économie fortement perturbée. Dans ce contexte, les données officielles relatives à lemploi et au RMI ont cependant affiché, dans lensemble, une nouvelle dégradation de la situation sociale, alors que la consommation continue de croître. Le tourisme demeure partout une activité porteuse despérances alors que les activités agricoles traditionnelles ont connu des fortunes diverses. Enfin, le niveau soutenu de la commande publique en matière de BTP a largement contribué à la bonne tenue densemble des économies domiennes. A. LA GUADELOUPE Après une année 1997 marquée par lamorce dun retournement conjoncturel de léconomie de lîle, liée au dynamisme de la consommation des ménages, lannée 1998 a enregistré un retournement de tendance au deuxième trimestre. Cette inflexion est notamment imputable à une multiplication des conflits sociaux qui ont touché directement ou indirectement lensemble des secteurs de léconomie guadeloupéenne, entraînant une certaine morosité des investisseurs. 1. Lagriculture Bien que disposant de conditions naturelles propices à lagriculture (sols volcaniques sur la Basse-Terre, climat tropical humide), la Guadeloupe, à cause dun équilibre écologique fragile, daléas climatiques fréquents et dun relief accidenté entraînant des coûts de production élevés, voit le développement de ses cultures fortement entravé. En 1998, les conditions climatiques et sociales ont perturbé les productions du département. Il convient de déplorer une diminution continue de la surface agricole utilisée (elle ne représentait plus, en 1997, que 29,24% de la superficie totale de lîle), une population agricole de moins en moins nombreuse (36 657 personnes en 1997 contre 86 174 en 1981), un âge moyen des chefs dexploitation en constante augmentation (54,5 ans lors de lenquête réalisée par la direction de lagriculture et de la forêt en 1995) et une diminution importante du nombre dexploitations (chute de plus de 37% depuis 1981). a) La banane La banane, premier produit dexportation en volume depuis de nombreuses années, demeure un des piliers de léconomie agricole locale, malgré quelques années difficiles depuis une décennie. Après les années 1995 et 1996 où le département a été fortement touché par louragan « Luis » et le cyclone « Marylin », lexercice 1997 sest déroulé dans des conditions relativement satisfaisantes. La bananeraie guadeloupéenne a été entièrement replantée et les professionnels sattendaient à une production de plus de 140 000 tonnes, mais après la sécheresse du premier semestre et les multiples conflits sociaux pénalisant lexpédition des bananes, les efforts de la profession ont été anéantis par le cyclone « Georges » en septembre 1998 qui a détruit 85% de la bananeraie. Les exportations de bananes se sont ainsi établies à 78 658 tonnes pour lannée 1998 et les pertes de production sont estimées à environ 45 000 tonnes pour 1999. En Guadeloupe, lenjeu est actuellement de conserver avec une production de qualité, une place significative sur un marché international de plus en plus concurrentiel en raison de la pression exercée par les Etats-Unis pour démanteler lOrganisation commune des marchés de la banane et imposer les règles de lOrganisation mondiale du commerce. EXPORTATIONS (tonnes nettes)
Source : SICA. Jusquen 1993, chaque État pouvait imposer des mesures discriminatoires à lentrée des bananes sur son territoire afin daccorder un accès préférentiel à certaines zones productrices. Il était urgent de mettre un terme à la coexistence de divers systèmes juridiques relatifs au marché de la banane. Cest pourquoi la communauté sest dotée, depuis le 1er juillet 1993, dune organisation commune des marchés (OCM) spécifique aux bananes. Elle offre aux planteurs guadeloupéens une garantie de commercialisation et de revenus. LOCM banane () a engendré une forte contestation qui a suscité une des plus importantes batailles juridique, économique et politique de lhistoire des Communautés dans ses relations avec les États tiers. Les dispositions de lOCM banane sont, en effet, régulièrement contestées et font lobjet de plaintes de la part de sociétés de commercialisation américaines pour qui l'OCM est contraire au principe de libre-échange. Cette contestation est en outre relayée au sein même de lUnion européenne par certains membres non producteurs, notamment lAllemagne, qui privilégient laspect prix à la consommation et souhaiteraient donc une ouverture aussi large que possible du marché. LOCM ainsi mise en place sarticulait autour des principales dispositions suivantes : un contingentement assorti dun droit de douane pour les bananes en provenance dAmérique latine (bananes « dollar ») et des pays ACP non-fournisseurs traditionnels. Ce contingent tarifaire a pour but de limiter le volume des bananes des pays tiers autorisés à entrer dans lUnion européenne. Établi à 2 millions de tonnes en 1993, ce contingent a été porté à 2,1 millions en 1994 et 2,2 millions en 1995. Un contingent annuel complémentaire de 353 000 tonnes a été ouvert par la Commission européenne depuis 1996, dans le cadre de ses pouvoirs de gestion et dans lattente dun accord du Conseil, afin de prendre en compte la consommation des nouveaux États membres de lUnion européenne (Autriche, Finlande et Suède). La fixation de ce contingent a une influence déterminante sur les cours par la pression quexerce la banane « dollar » sur le marché ; des licences dimportation délivrées au titre du contingent tarifaire sur la base des quantités de bananes commercialisées durant trois années de référence. Elles se répartissaient à hauteur de 30 % pour les opérateurs traditionnels communautaires et ACP (), 66,5 % pour les opérateurs ayant déjà commercialisé des bananes « dollar » ou ACP non traditionnels et 3,5 % destinés aux nouveaux opérateurs afin de maintenir un minimum de souplesse au système ; un régime daide compensatoire accordée aux producteurs communautaires qui commercialisent des bananes fraîches répondant aux normes de qualité européennes, selon lequel la Communauté sengage à compenser la perte de revenu subie par les producteurs communautaires. La quantité maximale annuelle de bananes commercialisées pouvant donner droit à loctroi de laide compensatoire a été fixée pour la Guadeloupe à 150 000 tonnes par an. Un nouveau régime communautaire pour le secteur de la banane a été approuvé formellement par le Conseil le 20 juillet 1998 : un contingent tarifaire de 2,2 millions de tonnes est ouvert chaque année pour les importations venant des États tiers (droit de douane de 75 écus par tonne) et des États traditionnels ACP (droit de douane nul) ; un contingent tarifaire additionnel de 353 000 tonnes est ouvert chaque année pour les importations de bananes venant des États tiers (droit de douane de 75 écus par tonne) et des États traditionnels ACP (droit de douane nul). Ce contingent tarifaire additionnel peut-être augmenté lorsque la demande de la Communauté saccroît, sur la base dun bilan de la production, de la consommation, des importations et des exportations ; les importations des bananes traditionnelles ACP (quantité globale de 857 700 tonnes) sont soumises à droit nul. Dautre part, lallocation de licences dimportation aux opérateurs de la catégorie B a été supprimée de façon à être en conformité avec certaines règles du commerce international. Les certificats dimportation sont répartis entre opérateurs traditionnels pour 92% (opérateurs ayant effectivement importé au moins 100 tonnes au cours de la période 1994-1996) et « nouveaux arrivés » pour 8%. Selon la nouvelle version de lOCM, tous les pays fournisseurs « ayant un intérêt substantiel sur le marché communautaire » se sont vu attribuer par la commission des quotas dexportation : 26,17% pour lÉquateur, 25,61% pour le Costa-Rica, 22,03% pour la Colombie et 15,76% pour le Panama, les pays tiers utilisant les 10,43% restants. Ce nouveau régime est applicable depuis le 1er janvier 1999. Il est contesté par les États-Unis et par certains pays latino-américains qui ont demandé la réactivation immédiate du panel de lOMC qui avait déjà examiné et partiellement condamné le régime précédent. LUnion européenne estime en revanche que le nouveau régime est conforme aux règles de lOMC et aux conclusions du panel. Les États-Unis ont réactivé le dossier devant lOMC, estimant que lEurope navait pas mis en conformité son régime dimportation de bananes. LOMC a, en avril 1999, condamné le système dattribution des licences et autorisé les États-Unis à appliquer des droits de douane de 100% sur des importations européennes dune valeur de 191 millions de dollars, afin de compenser le manque à gagner des sociétés bananières américaines. Les Quinze ont décidé de ne pas faire appel et ont entamé des discussions afin dadopter un système conforme aux règles de lOMC qui, tout en ne portant pas atteinte aux importations de bananes dAmérique Centrale et Latine, prenne en compte les intérêts des importateurs communautaires, ceux des pays producteurs communautaires, ainsi que ceux des pays producteurs de lACP. Il convient de souligner que les revenus tirés de lexportation des bananes forment souvent une part considérable des recettes globales à lexportation des États producteurs (60 % pour la Guadeloupe). Cette dépendance économique est dautant plus accentuée quelle concerne une main-doeuvre importante dont lemploi est constamment menacé tant par les aléas du marché que par les caprices climatiques. La banane antillaise a un coût de production représentant pratiquement deux fois celui de la banane « dollar ». La pérennité de la banane antillaise dépendra vraisemblablement de la restructuration de lOCM banane, en vue den faire une aide à la production et non plus à la commercialisation. b) Le sucre La filière canne-sucre, deuxième activité agricole du département, est en déclin depuis 1970, pour de multiples raisons : forte diminution des surfaces cultivées, urbanisation des terres agricoles, atomisation des exploitations, mauvaises conditions climatiques, irrigation insuffisante et sous-utilisée, vieillissement des planteurs, manque dencadrement et daméliorations techniques, et enfin, conflits sociaux. Toutefois, la campagne cannière 1998-1999 a permis dobtenir un résultat satisfaisant avec 717 460 tonnes de cannes broyées et une production sucrière progressant de 71 %, soit 65 000 tonnes contre 38 000 en 1997 (chiffres inférieurs au quota annuel dexportation de 116 000 tonnes attribué par lUnion européenne aux producteurs guadeloupéens dans le cadre de lOCM sucre. ()). Ce bon résultat est notamment dû aux conditions climatiques favorables en 1999. Il ne saurait cependant occulter les facteurs conjoncturels et structurels qui ont marqué la filière au cours de la dernière décennie. - facteurs conjoncturels : il sagit des événements climatiques désastreux (cyclones Hugo, puis Georges suivis de périodes de sécheresses) qui ont provoqué des chutes de la production de cannes et des rendements ; - facteurs structurels : en dépit des importants efforts engagés depuis la mise en place dun plan de relance en 1983 et de la réalisation de la réforme foncière, le tissu agricole reste émietté et fragile. Les rendements restent faibles et le recours aux techniques modernes de production est insuffisant. c) Le rhum Le rhum est le troisième spiritueux consommé dans le monde (11 % du marché) et le cinquième en europe (7 % du marché). La filière canne-sucre-rhum constitue un pôle dactivités traditionnelles dans les DOM. Elle repose sur un produit de base clé, la canne à sucre, indispensable pour la production, dune part du sucre de canne, et dautre part du rhum qui se répartit en rhums agricoles et en rhums industriels. Le rhum fournit lélément de valorisation à lensemble de lactivité cannière et lui permet datteindre la rentabilité, mais dans un contexte de soutiens publics, soit dordre financier (subventions et exonérations), soit dordre législatif ou réglementaire. Après deux années consécutives de forte hausse (21,2 % en 1995 et 33,5 % en 1996) et une baisse de 13 % en 1997, la production globale de rhum (rhum agricole, rhum industriel et rhum léger) a affiché une nouvelle hausse de 8,4% en 1998. Le nombre dhectolitres dalcool pur est passé de 57 827 en 1997 à 62 679 en 1998. Le principal débouché de la production locale reste la métropole. Afin dêtre compétitif face au rhum importé des pays tiers, le rhum traditionnel vendu dans lhexagone sous contingent (31 000 hectolitres dalcool pur pour la Guadeloupe) bénéficie dune protection fiscale. Les rhums des DOM ne paient le droit daccise quà un taux minoré dans la limite dun contingent. Le système de contingentement permet la régulation du marché grâce à des déblocages par tranches successives sur lannée, en fonction des besoins du marché. Pour les producteurs de rhum, ce système constitue un véritable outil de régulation du marché. d) Les autres productions végétales Dominée par la banane et la canne à sucre, lagriculture guadeloupéenne connaît cependant, depuis quelques années, des tentatives de diversification (cultures maraîchères, fruitières et florales). Toutefois, cette évolution se heurte à de nombreuses difficultés et la pérennité des nouvelles productions est loin dêtre assurée. Les principaux handicaps résident dans le faible degré dorganisation des filières, létroitesse des exploitations, labsence de système de conservation des semences et des rythmes de production irréguliers et peu maîtrisés. De plus, les performances demeurent trop soumises à des aléas extérieurs (sécheresse, infestations parasitaires). e) Lélevage Deux formes délevage sont pratiquées dans lîle : un élevage traditionnel de type familial (bovins, cabris, porcs, volailles) et une production semi-industrielle (porcs, volailles et poules pondeuses). Lencadrement technique insuffisant, le coût élevé des structures dabattage déficientes expliquent la faiblesse de la production locale et les performances médiocres du cheptel. Malgré les différentes aides à ce secteur (), les premiers résultats tangibles ne sont attendus quà long terme. 2. La pêche La profession de marin-pêcheur reste, malgré des efforts de structuration, encore peu formalisée et dispose souvent de moyens archaïques. La flottille est majoritairement composée de petites unités et les techniques de pêche ont peu évolué depuis leur introduction en Guadeloupe. Situation qui peut paraître paradoxale pour une île ou la consommation moyenne par habitant (environ 33 kg) se situe parmi les plus fortes du monde, juste après le Japon, mais les différentes tentatives de structuration de la filière se heurtent aux habitudes des pêcheurs et à une commercialisation inadaptée aux circuits modernes de distribution. La structuration de la filière savère difficile en raison notamment du poids important des pêcheurs clandestins. La pêche compte 1 392 marins enrôlés et environ autant de marins non déclarés. Cette concurrence déloyale est source de conflits à lintérieur de la profession et nuit à lorganisation et au professionnalisme du secteur. La production locale reste relativement stable. Elle est estimée à 9 084 tonnes en 1998 (environ 470 millions de francs), dont plus de 92 % de poissons, et ne couvre que les deux tiers de la consommation locale. Elle a, par ailleurs, baissé de 15% par rapport à 1997, perturbée par les conditions climatiques et des conflits avec les îles voisines. Loffre locale est partiellement concurrencée par les importations de produits congelés. La Guadeloupe importe une grande quantité de poissons dEurope, du Venezuela, de Guyane ainsi que des îles voisines de la Caraïbe. Dans un contexte où les zones de pêche sont limitées et où la ressource en poissons de fond se raréfie, les perspectives pour lan 2000 sont liées aux possibilités daccès à la ressource des États voisins. Des négociations doivent avoir lieu afin de délimiter des frontières maritimes et de conclure des accords de pêche. 3. Le tourisme Le tourisme est un secteur dactivité jeune dont le développement a commencé il y a une vingtaine dannées. Depuis 1986, il a connu un net regain dactivité lié à la baisse des tarifs aériens mais aussi à lexpansion du parc dhébergement, grâce à la défiscalisation. Appréciés sur les dix dernières années, les indicateurs de résultats de lactivité touristique en Guadeloupe, en termes daccroissement du nombre de touristes et de croisiéristes accueillis, daugmentation et de diversification des capacités dhébergement et de produits, de créations dactivités et demplois supplémentaires, sont à la fois incontestables et positifs. En 1998, le nombre de visiteurs sest élevé à 693 000 personnes, contre 660 000 en 1997 et 625 000 en 1996. La fréquentation a progressé de 140% en 12 ans. Le secteur est devenu essentiel à léquilibre de léconomie locale en termes de valeur ajoutée et de création demplois. Le chiffre daffaires serait denviron 3 milliards de F en 1998. La capacité hôtelière a fortement progressé depuis 11 ans (+80%), toutefois, en 1998, malgré deux ouvertures, la capacité daccueil des hôtels a légèrement diminué alors quen revanche les gîtes et chambres dhôtes connaissent un développement rapide et continu (la demande est forte du côté de la clientèle familiale et des amateurs du tourisme vert). A ces touristes de séjour, il convient dajouter les croisiéristes qui ont choisi la Guadeloupe pour la qualité de ses infrastructures portuaires et aéroportuaires, pour la diversité de ses escales, pour ses équipements sanitaires et hospitaliers ou pour son réseau routier. Conscients de ce potentiel, les différents intervenants financiers ont multiplié les projets dinvestissement ces dernières années. Mais, alors que le marché de la croisière en transit est en augmentation dans le bassin Caraïbe pour lannée 1998, le trafic à la Guadeloupe connaît un recul par rapport à 1997 (-16% pour les mouvements de passagers et -7% pour le nombre descales). Cette évolution défavorable serait liée à la dégradation de limage de la Guadeloupe en raison de la multiplication des conflits et à labsence de maîtrise de la langue anglaise. 4. Le B.T.P. Le secteur du bâtiment et des travaux publics, troisième secteur dactivité en termes deffectifs (après les services marchands et le commerce), essentiellement composé dune multitude de petites entreprises et de quelques sociétés de taille importante, affronte depuis sept ans une conjoncture difficile imputable à la baisse des commandes publiques et à des retards de paiement des collectivités locales qui entraînent des besoins énormes de trésorerie. Lannée 1998 a enregistré un fléchissement dactivité dû à des conflits sociaux, à de mauvaises conditions climatiques et au faible nombre douvertures de chantiers significatifs. Le logement reste avec lemploi une priorité pour la Guadeloupe où les problèmes de lhabitat se posent encore en termes de pénurie, de précarité et dinsalubrité. En effet, la croissance démographique est trois fois supérieure à celle de lhexagone, le taux de chômage avoisine 30 %, le parc de logement locatif social reste insuffisant, les coûts de construction sont majorés du fait de conditions techniques extrêmement exigeantes (humidité, cyclones, séismes, sols instables), et certaines collectivités locales ont une situation budgétaire difficile qui limite considérablement leur capacité dinvestissement. Dans le département, les besoins en matière de logement restent importants. Pour régler la crise du logement dans des délais raisonnables, il serait nécessaire de construire environ 7 000 logements neufs par an dont 2 800 logements sociaux. Les efforts déployés en faveur de la construction de logements sociaux ne doivent pas occulter les besoins considérables en réparation, réhabilitation et résorption de lhabitat insalubre. Chaque année ce sont 1 800 logements qui doivent être achevés pour remplacer dici dix ans les logements précaires, 2 800 logements pour faire face à la croissance démographique, 1 700 logements pour répondre aux désirs des jeunes et enfin 2 000 logements existants qui devraient être réhabilités. DOTATIONS DE LA LBU (millions de francs)
Source : DDE. Laide de lÉtat est globalisée dans une ligne budgétaire unique (LBU) destinée à financer les primes aux particuliers, les logements HLM, les logements évolutifs sociaux, les logements locatifs sociaux et les prêts à taux zéro. * * * Si on avait pu noter une amélioration de la conjoncture économique guadeloupéenne durant lannée 1997 et au début de lannée 1998, les conflits sociaux du second trimestre ont touché un grand nombre dactivités et la dynamique de la consommation semble avoir été enrayée. La dureté de certaines grèves a contribué a créer un environnement guère favorable à la modernisation de léconomie, qui, ajouté à linsécurité, a dégradé limage de lîle, notamment auprès des croisiéristes. Il est à craindre que la baisse dactivité de cette branche du tourisme ne constitue un indicateur avancé de lévolution de tout le secteur touristique. Les premiers mois de 1999 se sont inscrits dans le prolongement de cette tendance. B. LA GUYANE La situation économique de la Guyane a été mitigée en 1998. Le département nest pas encore sorti de la phase de stagnation économique quil traverse depuis quelques années et la reprise attendue ne sest pas encore manifestée. Le nombre de demandeurs demploi a continué sa progression (+ 4,1% en 1998) et les perspectives dévolution de la population active sont inquiétantes. 1. Lactivité spatiale Principal secteur économique du département, lactivité spatiale a connu, en 1998, une année exceptionnelle malgré un contexte difficile lié aux retards de livraison des satellites. Le Centre spatial guyanais, implanté à Kourou sur décision du gouvernement français en 1964, bénéficie dune situation géographique idéale (position proche de léquateur optimale pour les lancements, zone à labri des cyclones et des tremblements de terre, faible densité de la population permettant dattribuer au centre les facilités foncières nécessaires à son développement). Arianespace, société anonyme de droit français, assure le financement et la direction de la production dAriane, elle commercialise le lanceur et effectue les lancements. La France est maître doeuvre du programme Ariane, elle est à lorigine du projet, finance 53 % du budget dAriane 4 et 47 % du budget dAriane 5. En 1998, malgré 4 mois sans tir en raison de retards dans les livraisons de satellites, 10 lancements ont été effectués, mettant sur orbites 14 satellites. De plus, le programme de qualification dAriane 5 sest poursuivi par le succès du troisième tir réalisé le 21 octobre 1998. Arianespace dispose à présent dune gamme de lanceur lui permettant dêtre présente sur tous les marchés. Arianespace a confirmé sa place de leader sur le marché commercial des lancements, plaçant sur orbite 14 des 26 satellites commerciaux lancés dans le monde en 1998, soit 54 % de part de marché. Sa réussite sexplique par la précision de ses mises en orbite géostationnaire, par des délais « commande-lancement » réduits, mais surtout par un taux de réussite élevé (en 117 lancements, Ariane na échoué quà 7 reprises, soit un taux global de réussite de 94,02 %). Sagissant dAriane 4, le taux de réussite atteint 96,55 % (3 échecs sur 87 tirs effectués au 30 avril 1999). La fiabilité attendue dAriane 5 est de 98,5 %, elle a conduit Arianespace à garantir à ses clients un nouveau lancement gratuit en cas de perte dun satellite dans sa phase de lancement. Toutefois, il est à craindre une diminution des retombées économiques du secteur à lhorizon 2000-2002, avec la baisse des besoins de lancements de satellites venant sajouter à la concurrence internationale qui se fait de plus en plus rude. 2. Le B.T.P. Le début de reprise des chantiers enregistré à la fin de lannée 1997 sest confirmé en 1998 grâce aux commandes publiques et à laugmentation des autorisations de logements collectifs et individuels. Il convient de préciser quune proportion importante de ces autorisations concerne le logement social. Pour 1998, le montant de la dotation globale sur la LBU (ligne budgétaire unique) sélève à 169,3 millions de francs. La LBU a concerné 997 logements. LÉtat poursuit son effort pour la résorption de lhabitat insalubre (RHI) en prenant en charge le financement (à hauteur de 80% pour les zones insalubres et en totalité pour les bidonvilles) du déficit du bilan dopérations. En 1999, les engagements de la commande publique sont également en progression ; ils sont estimés à 1 510 millions de francs (1 070 millions de francs concernant le bâtiment et 440 millions de francs de travaux publics). 3. La pêche La pêche constitue lune des principales activités de la Guyane. Le département dispose, en effet, dune façade maritime de 350 km et dune zone économique exclusive denviron 130 000 km². Le secteur constitue, après les activités spatiales et aurifères, la troisième activité exportatrice de la Guyane. Deux types de ressources exploitables sont présentes dans ses eaux : les crevettes, qui concentrent lessentiel de leffort de pêche du département, et les poissons. CREVETTES (tonnes)
Source : Direction départementale des affaires maritimes. La production mondiale de crevettes sauvages était évaluée à 2,5 millions de tonnes en 1996. La production de crevettes daquaculture est estimée, en 1998, à 737 000 tonnes. Le marché mondial de la crevette se caractérise par une croissance de la demande mais aussi par un développement rapide de la production de crevettes daquaculture. Essentiellement situées en Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud, les fermes aquacoles profitent de coûts de production relativement faibles. Dans ces conditions, les prix de vente sur le marché mondial ont tendance à diminuer, obligeant les armements de Guyane à réduire leurs marges pour continuer à écouler leur production. La France a obtenu de lUnion européenne que soit reconduit, de 1998 à 2001, le régime daide à la production (1 102 euros pour une quantité maximale de 4 200 tonnes). La production primable de lannée 1998 a été de 4 178 tonnes, représentant une aide dun montant de 30,8 millions de francs. La France (57% du volume exporté en 1998), lEspagne (25,4%) et les Antilles (12,4%) sont les principaux débouchés de la crevette guyanaise. La pêche de poissons fait, elle, lobjet de deux types de régime : une pêche sous licence de lUnion européenne (dont lessentiel est exporté vers les Antilles car les différentes espèces guyanaises sont peu connues en Europe et le coût du transport élevé) et une exploitation artisanale sous licence professionnelle dans les eaux territoriales, qui alimente le marché local. 4. Les activités forestières La forêt couvre 92 % du territoire guyanais mais ses caractéristiques () ne facilitent pas son exploitation. De ce fait, la qualité des bois locaux permet une production qui, à 60 % est destinée au marché local. Le développement de ce marché local apparaît comme la condition sine qua non du développement des exportations. Lexploitation forestière a produit 71 857 m3 de grumes en 1998, soit une augmentation denviron 34 % par rapport à 1997 (année durant laquelle de mauvaises conditions météorologiques avaient dégradé les 500 km de routes daccès aux parcelles). Cette progression sexplique également par les nouvelles méthodes dattribution dexploitation de la forêt. PRODUCTION (mètres cubes)
Source : Office national des forêts. Le commerce du bois guyanais ne représente quune infime partie du commerce mondial. Selon les exploitants, seulement 40 % de la production peuvent être exportés en raison de la qualité des bois. Laugmentation de la production, au-delà dun certain seuil, ferait rapidement apparaître un stock dinvendus sur le marché local, ce qui obérerait la rentabilité des entreprises. La création dun centre technique du bois, financé par la région, le FEOGA et le CIRAD entre pleinement dans les projets des collectivités territoriales et constituera un pôle dexcellence en matière de connaissance des bois, de leurs caractéristiques et de leurs qualités afin de les valoriser au mieux. 5. Lor Durant vingt ans, de 1975 à 1995, un inventaire des richesses du sous-sol guyanais a été réalisé. Il a confirmé que, parmi les minerais recensés, lor était le seul à avoir une dimension industrielle. Lexploration aurifère et la création dune exploitation industrielle exigent une technicité et des capitaux que ne possèdent pas les entreprises locales, ni les entreprises nationales. Cest pourquoi lexploration menée actuellement en Guyane est principalement le fait de filiales françaises créées à cet effet par des compagnies internationales spécialisées. Une dizaine de sociétés internationales parmi les 23 premières mondiales sont maintenant en opération en Guyane. Durant lannée 1998, 82 millions de francs ont été investis dans la recherche de gisements par les opérateurs privés, contre 169 millions de francs en 1997 (la baisse étant essentiellement due à la faiblesse du cours de lor). Les retombées locales de ces dépenses correspondent pour partie à des salaires versés aux salariés employés en Guyane, à lutilisation dentreprises locales pour transporter du matériel ou effectuer des travaux de déboisement, de terrassement... Lor est devenu le premier poste à lexportation de la Guyane devant le secteur de la pêche. La demande mondiale, en 1998, sélevait à 3 925 tonnes et la Guyane, avec environ 2,44 tonnes produites (), se situait aux environs du 50ème rang mondial. La part de lor dans le total des exportations (hors activité spatiale) continue de progresser : 23,3 % en 1996, 36,3 % en 1997 et 37 % en 1998. PRODUCTION (kilos bruts)
Source : Direction régionale de lindustrie, de la recherche et de lenvironnement (DRIRE). * * * Au terme du premier semestre 1999, la conjoncture économique du département marque quelques signes damélioration. Sans pouvoir véritablement encore parler de reprise, le second semestre devrait permettre de confirmer cette tendance. C. LA MARTINIQUE Le département a bénéficié en 1998 dun environnement national porteur. Léconomie du département sinscrit dans un cycle apparent de croissance. En dépit de conflits sociaux relativement nombreux, la demande est restée nourrie, ce qui a alimenté principalement lactivité du commerce. A contrario, le comportement des chefs dentreprise sest distingué par une plus grande prudence. Les résultats ont été contrastés selon les filières. Si on relève une activité en léger repli dans le BTP, on note une activité touristique relativement soutenue. Les entreprises industrielles sont celles qui ont le plus souffert du blocage du port car elles ont fini par être privées de matières premières ou de produits semi-finis. Lagriculture a, quand à elle, enregistré de meilleurs résultats en 1998. 1. Lagriculture Bien quen diminution quasi-constante depuis vingt ans, le secteur primaire demeure la principale source de recettes à lexportation de lîle. a) La banane Le marché bananier est caractérisé par sa concentration au niveau mondial, avec une dizaine de gros producteurs seulement et environ vingt importateurs notables. La taille des principaux opérateurs mondiaux défavorise les producteurs communautaires, petits à l'échelle internationale. En Martinique, la culture bananière reste une des principales ressources économiques et la première recette à lexportation. Elle concentre près de 80 % de la population active agricole, soit environ 7 200 personnes. Lorganisation commune de marché (), en vigueur depuis le 1er juillet 1993, offre aux planteurs locaux la garantie découler leur production à un prix indexé sur une recette forfaitaire de référence. Ce système est complété par un dispositif particulier dattribution de certificats dimportation (« licences ») remis en cause depuis 1997 et modifié à compter du 1er janvier 1999. SURFACES PLANTÉES (hectares)
Source : Direction de lagriculture et de la forêt. Depuis 1993, on a noté une augmentation continue de la surface bananière, notamment dans les zones irriguées de lîle, favorisée par des perspectives économiques et financières plus satisfaisantes. Face à la concurrence des pays producteurs dAmérique latine et des pays ACP, la production locale souffre de nombreux handicaps parmi lesquels notamment le relief accidenté de lîle qui limite les possibilités de mécanisation, de fortes variations pluviométriques saisonnières à lorigine du développement de champignons sur les fruits ou qui imposent le recours à lirrigation. Toutefois, le principal frein au développement de cette spéculation est le niveau très bas des coûts salariaux, 10 à 15 fois inférieurs, en cours dans les autres zones de production. Afin de compenser la concurrence déloyale qui en découle et que, malheureusement, valide par son silence lorganisation mondiale du marché, les groupements professionnels ont entrepris daméliorer la qualité de la production par des actions de formation, une assistance technique renforcée, la multiplication des traitements phytosanitaires et la mécanisation de certaines tâches. EXPORTATIONS DE BANANES (tonnes nettes)
Source : Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Contrairement aux trois dernières années, les exportations de bananes ont diminué de 13 % en 1998. Si les ventes en métropole ont augmenté (+ 13 %), les exportations sur les autres marchés européens se sont contractées très sensiblement (- 43 %). La principale raison de cette baisse résulte de labsence dexpéditions en décembre, en raison du blocage du port de Fort-de-France par les ouvriers de la banane. Environ 30 000 tonnes de bananes ont été perdues à la vente, les plantations et le circuit de distribution ont été désorganisés sur une longue période et limpact de ce conflit a été également ressenti dans lensemble de léconomie. b) Le sucre La culture de la canne à sucre reste la deuxième activité agricole du département mais les surfaces plantées sont en régression constante et ne représentent aujourdhui que 3 000 hectares environ. La récolte de cannes, supérieure à 1 million de tonnes dans les années 60, a fortement diminué pour se stabiliser, trente ans plus tard, autour de 200 000 tonnes par an (188 785 tonnes en 1998). La campagne 1998 a, une nouvelle fois, été caractérisée par la sécheresse qui a perturbé la pousse de la canne à sucre. Si le tonnage produit est en légère progression (+ 4 %), il demeure inférieur à la moyenne décennale. La production est toujours largement soutenue par les pouvoirs publics et lUnion européenne en raison de limportance économique de la filière canne-rhum. Ces aides sont destinées aux planteurs mais aussi au financement de programmes spécifiques. LUnion européenne finance des montants importants pour la transformation de la canne en rhum agricole (24 494 millions de francs en 1998) et contribue également aux améliorations foncières et à certains travaux de recherche-développement. LIVRAISON DE CANNES (tonnes)
Source : CODERUM. c) Le rhum Le rhum agricole est le résultat de la fermentation directe du jus de canne, du rhum industriel et du rhum grand arôme préparés à partir de la mélasse. Cette activité demeure aujourdhui rentable en Martinique, malgré la faiblesse des marges, grâce au maintien dun régime fiscal dérogatoire et de dispositions contingentaires privilégiées qui compensent le niveau élevé de ses coûts de production comparativement à ceux de ses principaux concurrents. Depuis la fin de lannée 1996, le rhum agricole de la Martinique sest vu attribuer lappellation dorigine contrôlée (AOC), qui reconnaît sa qualité et constitue un atout important auprès des autorités compétentes et des marchés. Dès 1922, lapplication dune fiscalité réduite a été autorisée dans les DOM en tant que soutien économique et fiscal de la filière canne/rhum. Les directives européennes 1992/83 et 1992/84 du 19 octobre 1992, qui définissaient des taux daccises harmonisés frappant les alcools dans lUnion européenne, ont autorisé les États membres à appliquer des taux réduits aux produits régionaux ou traditionnels, ce qui a permis de maintenir le régime fiscal dérogatoire dont bénéficiaient les rhums traditionnels des DOM consommés sur le marché français à louverture du grand marché européen. Une décision formelle des autorités communautaires sur lapplication dune fiscalité réduite a été prise par le Conseil des ministres de lUnion européenne le 30 octobre 1995. Le nouveau dispositif prévoit, outre lapplication du droit daccises minoré pour les rhums traditionnels des DOM écoulés sur le marché français dans la limite de 90 000 hectolitres dalcool pur (HAP) par an jusquen lan 2002 (32 645 HAP de rhum traditionnel agricole et 9 205 HAP de rhum de sucrerie pour la Martinique), la suppression du contingent tarifaire sur le marché communautaire pour le rhum léger originaire des pays ACP et des PTOM, ainsi que le maintien dun contingent tarifaire avec exemption de droit de douane jusquen lan 2000 pour les rhums dits traditionnels des ACP. Ces mesures devraient permettre de préserver la production locale sur son marché traditionnel, en limitant le risque de concurrence des pays ACP qui pourront désormais accroître leurs exportations sur le marché du rhum léger, qui concerne peu la Martinique. PRODUCTION DE RHUM (hectolitres dalcool pur)
Source : Direction interrégionale des douanes - CODERUM. La production totale de rhum a été, en 1998, inférieure à celle de la campagne précédente (- 1,9 %), alors que le volume de cannes livrées aux distilleries sest inscrit en hausse de 4 %. Toutefois, les ventes de rhum ont légèrement progressé en 1998 (+ 1,5 %), après une année 1997 moyenne. 2. La pêche La production locale de produits de la mer (entre 5 000 et 6 000 tonnes par an) reste relativement faible par rapport à la consommation (de lordre de 16 000 tonnes). Ce niveau important de la consommation, ajouté à une relative raréfaction de la ressource, a conduit à laugmentation de la part des importations sur le marché local. La faible concentration de la ressource explique la pratique dune pêche à caractère principalement artisanal jusquà présent. La flottille de pêche est principalement composée de petites embarcations. Toutefois, la vocation maritime du département et le poids de la population familiale concernée (11 000 personnes environ) expliquent limportance donnée aux actions de structuration de ce secteur. Des mesures incitatives ont ainsi été préconisées pour favoriser lexploitation des grands pélagiques. Par ailleurs, des financements ont été débloqués pour moderniser les infrastructures de débarquement. 3. Le tourisme Lactivité touristique à la Martinique a progressé très rapidement au cours des dix dernières années, sous laction conjuguée des nouvelles conditions du transport aérien, de la croissance des capacités dhébergement, des actions de promotion et dinformation sur les différents marchés, et du développement de nouveaux produits touristiques. Toutefois, si le secteur du tourisme est en forte croissance sans la zone Caraïbe, il convient de noter, quà elles seules, quatre îles (Porto Rico, République Dominicaine, Bahamas et Jamaïque) accueillent plus de 50 % des touristes de séjour. En 1998, limage de la destination Martinique sest ternie (rapport critique sur la gestion de loffice du tourisme, conflits sociaux médiatisés, etc.) et le département a été défavorisé face à la concurrence des autres îles de la région, souvent plus compétitives en termes de rapport qualité/prix. Pour la deuxième année consécutive, la fréquentation hôtelière a progressé de manière significative (386 516 clients en 1996, 454 932 en 1997 et 540 800 en 1998) mais le net recul de la durée moyenne de séjour (3,6 jours en 1998 contre 4 jours en 1997) a entraîné une progression plus modérée du nombre de nuitées (+ 11 %). Lactivité de croisière pâtit, elle aussi, de la concurrence des autres îles des Caraïbes. Toutefois, après une année 1997 où le nombre de croisiéristes sétait inscrit en diminution de 5,58 % sur lensemble de lannée, représentant le plus faible total enregistré depuis 1989, la Martinique a accueilli 414 588 croisiéristes en 1998 (soit une augmentation de 7,2 %) malgré un nombre descales de paquebots en diminution. La mise en service de navires de plus grande capacité explique cette tendance. La dépendance vis-à-vis de quelques unités (les deux principaux paquebots totalisent plus de la moitié du nombre total de croisiéristes) représente un facteur de vulnérabilité pour lescale Martinique. 4. Le B.T.P. Lamélioration constatée en 1997 dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, qui occupe une place importante dans léconomie locale, ne se confirme que partiellement en 1998. Les ventes de ciment, qui constituent un indicateur significatif de lactivité du secteur, ont diminué de 3,2 % par rapport à 1997. Lencours des crédits à lhabitat a enregistré une augmentation de 7 %. On note également une poursuite de lintensification de la commande publique, qui constitue un moteur essentiel de lactivité des travaux publics. Plusieurs grands chantiers ont été lancés ou achevés en 1998. A lhorizon 2006, la population martiniquaise devrait atteindre 441 000 personnes et le besoin global en logements est évalué à 4 650 par an. Après la hausse considérable des crédits consacrés aux investissements routiers en 1996 (+ 97,52 %), lannée 1997 avait vu la ligne consacrée à ces crédits poursuivre sa progression (+ 10,46 %), passant ainsi de 121 millions de francs en 1995 à 239 millions en 1996 et 264 millions en 1997. Le montant des opérations réalisées en 1998 sest élevé à 244 millions de francs, soit une baisse de 7,58 %. Ce budget a concerné pour environ 229 millions de francs linvestissement sur les grands chantiers, le solde étant consacré aux travaux dentretien et de grosses réparations. * * * Le système économique du département est marqué par une demande toujours importante émanant principalement des ménages et financée par les revenus directs, qui augmentent en raison notamment de limportance et de la hausse des transferts publics, mais aussi du fait du recours au crédit. Le développement économique et la richesse du département, encore relatifs si lon rapproche le produit intérieur brut par habitant de celui de la métropole, apparaissent évidents à la lecture dun grand nombre dindicateurs. Cependant, la répartition des revenus, de la consommation, de linvestissement et de lépargne ne concerne pas toute la population, tous les secteurs et toutes les régions de lîle de façon homogène. Trois outils en cours délaboration en 1999 participeront au rééquilibrage du développement local : · le Document unique de programmation en matière de fonds structurels européens, dont la période sétendra de 2000 à 2006 ; · le nouveau contrat de plan Etat-région, qui couvrira pour la première fois une période de sept ans entre 2000 et 2006, soit la même périodicité que le DOCUP avec lequel les articulations seront renforcées ; · la loi dorientation relative aux départements doutre-mer, qui devrait être examinée par le Parlement lannée prochaine, et qui a fait lobjet dimportants travaux préparatoires sur le terrain (rapport Mossé, missions Lise-Tamaya et Fragonard notamment). D. LA RÉUNION Lannée 1998 sest achevée sur un bilan meilleur quen 1997. Cette évolution favorable sest traduite par un retour de la confiance des agents économiques. Linflation est restée faible, le pouvoir dachat des ménages sest globalement amélioré et, en dépit dune pression démographique qui reste forte, la situation du marché du travail sest améliorée en 1998 après plusieurs années marquées par de fortes augmentations du nombre de demandeurs demploi. Il convient de noter que ces bons résultats résultent pour lessentiel de la création de 3 430 emplois-jeunes dans le secteur public. Au 1er janvier 1999, les demandes demplois non satisfaites sélèvent à 95 769 contre 100 055 un an plus tôt, soit une diminution de 4,3 %. Grâce à la création de nombreux emplois-jeunes, la hausse du chômage des jeunes de moins de 25 ans qui avait marqué les deux dernières années a fait place à une baisse de 10,1 % en 1998. Le chômage de longue durée (supérieur à un an) saccroît toujours à la Réunion. Il touchait 45 653 personnes au début de lannée 1999. Lindicateur de chômage publié par le ministère du travail et des affaires sociales sétablit à 35,7 %. Le taux de chômage de La Réunion reste le plus élevé de France, loin devant les autres DOM. Nombre de demandeurs demplois (fin dannée) 1. Lagriculture Si lagriculture a modelé lîle de La Réunion, ses hommes, ses paysages, son histoire et son développement, elle a perdu aujourdhui sa prépondérance économique, au profit des activités du secteur secondaire, des services et de la fonction publique. Elle nen demeure pas moins un fondement de la société insulaire. a) La canne à sucre La filière canne-sucre-rhum conserve sa place prépondérante dans léconomie agricole, contribuant à assurer le maintien de 7 000 emplois dagriculteurs exploitants, de 4 000 salariés agricoles et denviron 15 000 emplois directs et dérivés. Elle réalise un chiffre daffaires global dun milliard de francs, dont 80 % à lexportation. La canne à sucre couvre 55,01 % de la surface agricole utilisée. Les résultats de la campagne sucrière 1998-1999 ont été décevants, en raison de son démarrage précoce, de conditions climatiques très défavorables lors des six premiers mois de lannée et de la baisse des surfaces plantées sous leffet de lurbanisation. Enfin, la faiblesse structurelle des exploitations (les trois quarts des planteurs exploitent moins de 5 ha) est un frein à la modernisation et à laccroissement des rendements. Avec 1,676 million de tonnes de cannes manipulées par les deux usines de lîle, la récolte apparaît comme lune des plus médiocres de la décennie, après celle de 1994. Par rapport à 1997, on note une baisse de 12,2 %. En outre, le taux moyen de richesse saccharimétrique des différents bassins de production sest situé, en fin de campagne, à 13,64 %, soit le plus mauvais résultat depuis 1989. La Réunion ne parvient toujours pas à atteindre le quota sucrier de 296 000 tonnes à prix garanti qui lui a été attribué par lUnion européenne. RÉSULTATS DES CAMPAGNES SUCRIÈRES (milliers de tonnes)
Source : Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre. Enfin, la production de rhum de la Réunion a également diminué, passant de 71 822 HAP en 1997 à 68 169 en 1998. On note toutefois une forte croissance des exportations (+ 10,5 %) et une reprise du niveau des ventes sur le marché local (+ 15,7 %). b) Les fruits et légumes Au cours des dernières années, la filière fruits et légumes a connu un développement important en raison notamment de la croissance régulière du marché local. La production de fruits et légumes frais du département couvre environ 80 % des besoins de la consommation locale et représente, en valeur, 31,6 % de la production agricole totale, soit un niveau comparable à ceux de la canne à sucre (32,4 %) et de lélevage (32,5 %). La production réunionnaise de légumes (50 254 tonnes en 1997) a satisfait plus de 77 % des besoins de la population. La production fruitière couvre, elle, 81 % de la consommation locale. Elle a atteint 46 063 tonnes en 1997 pour une surface totale de plus de 2 700 hectares exploités. Production de fruits Les importations de fruits frais (10 635 tonnes en 1998) sont essentiellement composées de produits des régions tempérées. c) Lélevage Laviculture réunionnaise dispose actuellement de lensemble des infrastructures nécessaires à son développement. Dans la production locale (12 382 tonnes), le secteur coopératif représente aujourdhui près de 75 %. Parallèlement, les abattages (+ 4,6 %) et dans une moindre mesure les importations (+ 0,5 %) de volailles ont continué de progresser durant lannée 1998 et contrastent avec une stabilisation de la production dufs. La crise de surproduction porcine de 1996 sest progressivement résorbée. En 1998, la tendance sest inversée sous les effets conjugués de larrêt dactivité de plusieurs éleveurs indépendants et de la fermeture dune exploitation illégale de 4 000 places. La consommation de viande bovine a timidement repris mais ce renversement de tendance a surtout bénéficié à la viande importée (+ 10,9 %) qui satisfait près des trois quarts de la demande locale. Dautre part, en 1997, a été mise en place lidentification permanente et généralisée (IGP) chez les éleveurs qui rend obligatoire lenregistrement des animaux dans les 48 heures qui suivent leur naissance (le versement des aides européennes est conditionné à sa bonne application). Cette obligation devrait contribuer à lutter contre les abattages clandestins qui demeurent importants dans le département. Le développement de la filière lait sest confirmé avec un volume total de plus de 15 millions de litres (+ 9 % par rapport à 1997), conséquence dune nouvelle amélioration de la productivité moyenne des exploitations encouragée par diverses aides européennes, de conditions climatiques qui ont permis dassurer une production fourragère satisfaisante, de labsence de problèmes sanitaires et surtout de laugmentation de 9,38 % du cheptel. La qualité bactériologique sest également accrue. Parallèlement, les entrées de lait et de produits laitiers ont peu progressé en 1998 avec une croissance limitée à 1,4 %. 2. La pêche Lactivité de la filière pêche se partage entre la pêche artisanale, la pêche au large et la grande pêche industrielle. La pêche artisanale, dont les prises sont destinées en quasi-totalité à lapprovisionnement du marché local, demeure prédominante en termes de flottille et deffectifs. Elle manque toutefois de professionnalisme pour répondre aux exigences de la distribution moderne. Une zone de 12 milles le long des côtes est réservée à ce type de pêche. PRODUITS DE LA PÊCHE ET EXPORTATIONS
Source : Direction départementale des affaires maritimes - Douanes. La pêche au large, effectuée en dehors de la zone des 12 milles, est pratiquée par des bateaux dune taille comprise entre 12 et 25 mètres. En 1998, la reconduction des mesures de défiscalisation et la croissance de la demande mondiale de pélagiques, qui composent lessentiel des captures de ce type de pêche, ont eu pour conséquence daccroître le parc de navires de cette catégorie et donc le tonnage des captures (+39,3 %). La pêche industrielle sexerce principalement dans les zones économiques exclusives (ZEE) des Terres Australes et Antarctiques françaises (). Des quotas sont fixés, chaque année, par ladministration des TAAF (pour la campagne 1998-1999, quatre catégories de quotas ont été déterminées par zone de pêche, se répartissant entre les trois armements réunionnais et deux palangriers ukrainiens ()). Toutefois, en dépit de la mise en place de ces quotas, lavenir de la pêche industrielle reste en permanence menacé par lexploitation massive et illégale des ressources halieutiques des TAAF. Au cours de lannée 1998, neuf navires étrangers ont été arraisonnés par la Marine nationale et ramenés à la Réunion. Le renforcement de la lutte contre la pêche illégale dans les TAAF est donc une priorité pour la France, car ses conséquences apparaissent dores et déjà graves pour les intérêts français. Bien que cette pêche illégale nait pu encore être totalement éradiquée, le renforcement du dispositif national de contrôle et de la coopération internationale a permis de constater une diminution de la présence de navires pirates sur la zone. La présence de navires de pêche français autorisés participe également à la prévention de la pêche illégale. Aux termes de la loi n° 66-400 du 18 juin 1966, modifiée par la loi n° 97-1051 du 18 novembre 1997 dorientation sur la pêche maritime et les cultures marines, il est ainsi désormais prévu : que les navires entrant dans la zone économique des TAAF doivent signaler leur présence et déclarer le tonnage de poissons détenus à bord ; que les amendes pour pêche sans autorisation ou en infraction aux règles prescrites peuvent atteindre un montant de 1 million de francs (contre 500 000 francs auparavant) auquel pourra sajouter une somme de 500 000 francs par tonne pêchée au-delà de 2 tonnes ; que le recel des produits pêchés frauduleusement sera puni des mêmes peines ; et que, pour les personnes morales, le montant des amendes appliquées pourra être multiplié par cinq. Depuis mars 1997, seize navires braconniers, battant pavillon du Bélize, de lArgentine, du Chili, du Panama, du Portugal et du Vanuatu, ont été arraisonnés par les bâtiments de la marine nationale et déroutés sur la Réunion afin dy juger les contrevenants. Il apparaît ainsi que les cautions demandées pour obtenir la mainlevée des navires saisis sont beaucoup plus élevées que par le passé (jusquà 75 millions de francs en 1998 contre 500 000 francs en 1997) et que les jugements de première instance (dont six ont été confirmés de manière définitive) sont également bien plus dissuasifs que précédemment (entre 1 et 8 millions de francs damendes en 1998 contre 400 000 francs en 1997). Parallèlement aux efforts français de développement de la surveillance, la lutte contre le pillage des ressources halieutiques de notre zone économique est poursuivie en recherchant toutes les possibilités de coopération internationale susceptibles dêtre mises en uvre : coopération régionale dans le cadre de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de lAntarctique (CCAMLR) ; coopération bilatérale avec lAustralie et lAfrique du Sud (échanges dinformations entre marines, portant sur la situation des bâtiments de contrôle, le trafic des navires marchands et de pêche, ). Les dernières informations et réunions permettent de confirmer le grand intérêt de lAustralie pour une coopération en la matière entre nos deux pays (projet de traité de coopération à létude), un navire australien ayant dores et déjà effectué une mission dans les eaux françaises. Les prises de la pêche industrielle ont également augmenté de 5,8 % en 1998. 3. Le B.T.P. En dépit des mauvais résultats enregistrés dans le domaine du logement social, la situation du bâtiment sest dans lensemble améliorée en 1998. Lactivité est restée soutenue dans les secteurs de la construction de logements privés, des constructions publiques et des investissements routiers. Le logement social demeure le principal marché du secteur puisquil représente environ un tiers du volume daffaires annuel de lensemble bâtiment et travaux publics. La ligne budgétaire unique (LBU) est en baisse de 19,2 % par rapport à 1997, passant de 602,6 millions de francs à 487,1 millions de francs, après une diminution de 11,5 % déjà observée lannée précédente. LIGNE BUDGÉTAIRE UNIQUE ET LOGEMENTS NEUFS
Source : Direction départementale de léquipement. Les difficultés à consommer lenveloppe annuelle de la LBU, malgré lampleur des besoins, illustrent les incohérences auxquelles le secteur est confronté. Le montant total de la LBU dépensé en 1998 sélève à 377,9 millions de francs pour une dotation annuelle de 487,1 millions de francs, soit un taux dengagement de 77,5 %. Dans le secteur de la construction privée, le nombre de logements neufs a de nouveau très fortement progressé en 1998 (+ 40,8 %). 4. Le tourisme Le secteur touristique présente, une nouvelle fois, des résultats en progression. Les recettes estimées générées par le tourisme (1,563 milliard de francs) sont désormais sensiblement supérieures à la valeur totale des exportations de marchandises produites dans lîle (1,214 milliard de francs). Entrées de touristes sur le sol réunionnais Avec plus de 390 000 touristes, La Réunion occupe la deuxième place (il est vrai, loin derrière lîle Maurice qui a accueilli 558 195 touristes en 1998, mais devant les Seychelles) des destinations de la zone sud de locéan indien. La France métropolitaine arrive largement en tête des pays de résidence de ces touristes avec 318 642 entrées (chiffre en progression de 5,1 % par rapport à 1997). Les pouvoirs publics semploient à améliorer la qualité de loffre touristique. Celle-ci bénéficie daides, notamment au travers du Fonds européen de développement régional (FEDER). Les interventions de lEurope sont effectuées en cofinancement avec des subventions nationales. Les crédits mandatés, en forte hausse de plus de 75 %, se sont élevés à 16,5 millions de francs en 1998, ce qui porte à 43,3 millions de francs le total des financements publics depuis 1995, dont 60 % ont été apportés par lUnion européenne et 40 % par la région et le département. 5. Le commerce extérieur En 1998, les importations ont fortement augmenté en volume (+ 16,5 %) et en valeur (+ 6,9 %) reflet dune hausse des entrées de produits énergétiques (41,2 % du total des entrées). Les pays du Golfe (Arabie Saoudite, Afrique du Sud et Bahreïn) sont les premiers fournisseurs de lîle, en volume, devant la métropole. BALANCE COMMERCIALE (millions de francs)
Source : Direction régionale des douanes. Le déficit de la balance commerciale sest accru en 1998 sous leffet conjugué dune hausse des importations et dun fléchissement des exportations, entraînant une détérioration du taux de couverture de 0,9 point. * * * Lannée 1998 peut être considérée comme un exercice de croissance régulière et équilibrée. Même si quelques aspects négatifs peuvent être mis en évidence, comme par exemple la mauvaise récolte de canne, entraînant une production sucrière limitée à 190 000 tonnes, un symbole aussi fort que celui du recul du chômage (- 4,4 %) ,témoigne dune évolution dont il convient de se féliciter au-delà des mesures sociales du type emplois-jeunes, qui bien entendu ont contribué à ce résultat. La plupart des indicateurs de branches, le niveau des échanges, laccroissement du pouvoir dachat se conjuguent pour justifier une appréciation positive de lactivité économique dans le département. Ces bons résultats de léconomie réunionnaise apparaissent opportuns pour faire face à une situation démographique et sociale qui demeure un enjeu majeur. La société réunionnaise rassemble une population de plus de 700 000 habitants, sur un territoire exigu. Or, si louverture à la modernité ou le dynamisme de ses entrepreneurs ne font pas de doute, ceci ne saurait masquer limportance des laissés-pour-compte de la croissance de lîle, qui se retrouvent parmi les 57 718 allocataires du revenu minimum dinsertion. Au-delà, de laccroissement des richesses dans le département, cest bien évidemment la question fondamentale du dualisme des situations individuelles qui demeure, où le problème des inégalités est dû, à la fois, au niveau des écarts de revenus et à lexistence dune ligne de démarcation qui sépare ceux qui disposent dun emplois ou dun salaire des autres citoyens. Ce très difficile problème trouvera dautant plus damorces de solutions que lenvironnement économique sera prospère, comme en 1998. III. LES TERRITOIRES DOUTRE-MER En 1998, la conjoncture économique des Territoires doutre-mer a été marquée par dassez fortes divergences entre les différentes entités territoriales concernées. En Nouvelle-Calédonie, la crise sévissant sur le marché mondial du nickel a affecté la situation des entreprises liées directement ou indirectement à ce secteur, et occulté les évolutions relativement favorables enregistrées par ailleurs. En Polynésie française, en revanche, léconomie locale reste marquée par le dynamisme de la consommation et de linvestissement. La baisse sensible des cours de la perle semble avoir été gérée de manière positive par la profession, qui prospecte de nouveaux marchés. A Wallis-et-Futuna, le niveau satisfaisant de la commande publique a permis de maintenir lactivité. A. LA NOUVELLE-CALÉDONIE La situation économique de la Nouvelle-Calédonie a souffert, en 1998, de la mauvaise conjoncture du nickel. Si les autres indicateurs étaient orientés positivement, la baisse très significative des cours du nickel amorcée début 1997 a ramené le cours du nickel à des niveaux historiquement très faibles. De plus, si la tendance baissière du nickel sest manifestée avant le déclenchement de la crise asiatique, cette dernière la incontestablement amplifiée. La crise asiatique a entraîné une baisse de la valeur de la quasi-totalité des monnaies du Pacifique sud, entre 20 et 50 % pour certaines, ce qui a affecté la position concurrentielle de la Nouvelle-Calédonie, notamment sur les activités du tourisme ; mais léconomie calédonienne reste dans lensemble peu dépendante de ses voisins asiatiques. 1. Le nickel Le secteur reste prépondérant dans léconomie néo-calédonienne. Au cours des dernières années, le nickel a représenté en moyenne plus de 90 % des exportations du Territoire. Avec désormais 12 % de la production mondiale et 20 % des réserves identifiées en 1995, il constitue un atout majeur pour le développement du Territoire. En contrepartie, léconomie locale est extrêmement dépendante de son exploitation qui est, elle-même, tributaire des fluctuations du marché mondial. Par rapport aux pays concurrents (Canada, Russie, Indonésie...), la Nouvelle-Calédonie est handicapée par des coûts de production plus élevés mais dispose, en revanche, dun minerai à forte teneur en nickel. La production de minerai qui avait été, en 1997, la plus importante jamais réalisée (8 152 193 tonnes) a régressé de 8 % en 1998, mettant fin à la progression enregistrée les années précédentes. Sous leffet conjugué de la diminution du volume exporté (- 24,7 %) et dune dépréciation du dollar par rapport au franc CFP (- 5,9 %), la valeur totale des exportations a reculé, en 1998, de 39,1 %. PRODUCTION ET EXPORTATION (tonnes)
Source : Service des mines et de lénergie. La transformation locale sest maintenue. En revanche, les exportations ont baissé sensiblement (- 21 %). Les débuts de lannée 1999 ont encore été faibles mais lamélioration des cours sest traduite dès le deuxième semestre de manière très sensible. 2. Le tourisme Le tourisme aurait pu constituer laxe principal de diversification économique dun tissu productif trop dépendant des fluctuations du marché mondial du nickel, mais les troubles politiques et sociaux des années 1985-1988 ont interrompu une période de dix années de progression continue de la fréquentation touristique. Lannée 1984 a permis datteindre le record historique de 91 512 touristes. Il aura fallu attendre 13 ans pour que ce chiffre soit dépassé et quun nouveau record sétablisse, en 1997, à 105 137 touristes recensés dans lannée. En 1998, 103 835 touristes ont été recensés, ce qui représente une légère baisse de la fréquentation annuelle (- 1,2 %). Flux touristique depuis 1985 Le Japon a conforté, en 1998, sa première place des marchés émetteurs avec 34,1 % des arrivées touristiques du Territoire (clientèle très jeune et dont les séjours ne dépassent pas une semaine), devant le marché métropolitain, lAustralie et la Nouvelle-Zélande. RÉPARTITION DES TOURISTES PAR PAYS DE RÉSIDENCE
Sources : ITSEE, Police de lair et des frontières, Port autonome. 3. Le B.T.P. Cest à partir du milieu des années 1960, avec lexpansion rapide de lactivité minière, que se sont développées de nombreuses entreprises du bâtiment en raison des demandes importantes de logements. Le secteur du B.T.P. emploie 13,7 % de la population salariée du Territoire et compte un nombre particulièrement important dentreprises artisanales ou commerciales. Son activité a été soutenue en 1998, notamment grâce aux mesures fiscales en faveur de la construction (votées par le Congrès), aux opérations de défiscalisation de type loi Pons et au lancement des quelques grandes opérations. Les ventes de ciment, indicateur traditionnel de la santé du secteur, ont confirmé ces bons résultats puisque la production a augmenté de 6,4 %, lencours des prêts bancaires à lhabitat ayant pour sa part augmenté de 18,4 %. 4. Lindustrie et lartisanat Le tissu productif néo-calédonien se compose de 16 433 entreprises (dont 7 344 personnes morales et 9 089 personnes physiques). Mais, malgré une progression constante en volume, la valeur ajoutée par les différentes industries du territoire reste faible par rapport à celle des services. Les pouvoirs publics locaux, pour favoriser la survie ou le développement des entreprises dun secteur donné, ont élaboré des protections réglementaires afin de limiter lentrée des produits concurrents (un système de contingentement associé à une fiscalité différenciée). Les Provinces, responsables de laction économique, ont instauré des aides financières multiples pour les investissements et lexploitation des entreprises. ÉVOLUTION DU NOMBRE DENTREPRISES ARTISANALES
Source : Chambre de métiers de Nouvelle-Calédonie. Au niveau artisanal, la densité du réseau dentreprises est trois fois plus élevée que celle observée en métropole. 5. Lagriculture Traditionnellement lagriculture occupe une place prépondérante dans la société néo-calédonienne, où la terre constitue non seulement un moyen de subsister mais aussi le fondement de la communauté mélanésienne. Toutefois, la superficie agricole utilisée ne représente quune faible partie de la surface totale du Territoire (à peine plus de 10 %) car elle subit la contrainte dune géographie souvent peu propice (relief montagneux de la côte Est, grandes plaines peu fertiles et sèches de la côte Ouest). Le secteur se caractérise par une faible rentabilité générale malgré une politique volontariste daides des pouvoirs publics. Depuis 1965, on observe une baisse constante de la part du secteur agricole dans la formation du produit intérieur brut (PIB). De 11 % en 1965, et après avoir régulièrement diminué, elle est passée à 1,7 % en 1996. Parallèlement, le PIB ne cesse de progresser. La production agricole finale marchande a progressé de 9,2 % en 1998. Cette progression est essentiellement due aux bons résultats des filières fruits et légumes (+ 11,5 %). Le secteur bénéficie daides, tant de la part de lÉtat que du Territoire ou des Provinces avec un double objectif : assurer la couverture de la majeure partie des besoins intérieurs ; participer au rééquilibrage de la répartition des richesses et renforcer ainsi lharmonie sociale et géographique. 6. La pêche et laquaculture Ces deux secteurs font preuve dun dynamisme incontestable. Larchipel permet trois formes de pêche : la pêche lagonaire (destinée au marché local et à lexportation), la pêche côtière (essentiellement commercialisée sur le marché local) et la pêche industrielle. Cette dernière a enregistré une nette augmentation en volume en 1998 (environ 70 %), la valeur des prises progressant, quand à elle, de 90 %. Le secteur de laquaculture a maintenu son dynamisme en 1998 avec notamment une production de crevettes en hausse sensible à 1569 tonnes et constitue, depuis trois ans, la seconde activité exportatrice du territoire, loin toutefois derrière le nickel. * * * Si la Nouvelle Calédonie donne limage dun territoire au dynamisme retrouvé, le risque de développement inégalitaire est réel. La mise en place des nouvelles institutions est loccasion pour les divers groupes socio-économiques de se positionner et conduit de ce fait à un certain trouble local. Les difficultés du secteur minier ont exacerbé la compétition pour lemploi entre les personnes intéressées, conduisant jusquà la violence. Lenjeu majeur des prochaines années va être notamment le maintien dune cohésion sociale et dune solidarité entre les différents partenaires, que ce soit au niveau des micro-sociétés locales, entre les provinces, entre les secteurs dactivité. B. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE Confirmant les résultats de lannée 1997, caractérisée par une vive reprise de lactivité, la conjoncture économique est demeurée bien orientée en 1998. La poursuite de la croissance a contribué à lamélioration de la situation de lemploi. Sur la même période, la masse salariale a progressé de 9 %, avec pour conséquence une augmentation du pouvoir dachat des ménages favorisée par une croissance de lindice des prix de 0,8 %, inférieure à la revalorisation des salaires. 1. Le tourisme Ce secteur occupe une place centrale dans léconomie polynésienne, assurant plus de 75 % des recettes à lexportation du Territoire. Après un exercice difficile en 1996, les années 1997 et 1998 ont été marquées par une activité soutenue dans le secteur du tourisme, bien quen deçà des prévisions du GIE Tahiti Tourisme. Fréquentation touristique En 1998, le Territoire a accueilli 188 933 touristes contre 180 440 en 1997, soit une progression de 4,7 % qui na pas complètement répondu aux attentes des professionnels du secteur qui escomptaient un résultat nettement supérieur (20 %). La médiatisation des cyclones de la fin de lannée 1997 et surtout la crise financière asiatique sont à lorigine de ces résultats mitigés. Une forte progression de la fréquentation nord-américaine (+ 19 %) a été relevée. Les Etats-Unis ont ainsi conforté leur position de deuxième marché émetteur du Territoire. La hausse de la fréquentation métropolitaine na pas été démentie en 1998, la France conservant son statut de premier marché émetteur, grâce à une hausse de 4 %. La fréquentation italienne a poursuivi sa progression et sinscrit en hausse de 34 % en 1998 (+ 60 % en 1997), représentant désormais près dun tiers des touristes européens (hors France). LItalie saffirme ainsi comme lun des marchés porteurs pour le tourisme polynésien. En revanche, la fréquentation japonaise a reculé de 6 % en 1998. Ce résultat est dautant plus important pour le Territoire que les Japonais constituent la clientèle dont les dépenses touristiques par tête et par jour sont les plus élevées ().
Corrélativement à la hausse du nombre de touristes, on a relevé une augmentation du coefficient moyen de remplissage de lhôtellerie classée et une poursuite du développement des pensions de famille. La poursuite des efforts de promotion sur les principaux marchés émetteurs saccompagne dune action de promotion pour les îles au niveau local. On a, par ailleurs, assisté à un renouvellement de la flotte de paquebots en 1998, le paquebot « Paul Gauguin » venant remplacer le « Windsong » et le « Club Med II » et surtout au lancement de la compagnie aérienne locale, Air Tahiti Nui, qui assure désormais trois fréquences hebdomadaires sur Los Angeles et une rotation vers le Japon. 2. La pêche, laquaculture et la perliculture Le secteur de la pêche est demeuré longtemps au stade artisanal avant de connaître une profonde mutation à partir des années 90. La pêche polynésienne sorganise aujourdhui autour de deux pôles complémentaires : une pêche de type semi-industriel dont la vocation est tournée vars les marchés extérieurs ; une pêche artisanale, côtière ou lagunaire, de type familial qui satisfait correctement la demande locale, à Tahiti comme dans les archipels éloignés. ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION
Source : Service de la mer et de laquaculture Le Territoire a mis en uvre un programme stratégique pour le développement du secteur qui fixe comme objectif, à lhorizon 2003, la production de 11 000 tonnes de poissons, dont la majeure partie serait destinée aux marchés extérieurs. Ce programme sappuie sur une série de mesures et dactions incitatives, dont notamment lattribution daides financières pour lacquisition et lexploitation de navires de pêche. A cela sajoutent le développement de la recherche appliquée, la formation des acteurs de la filière aux techniques modernes de pêche et lorganisation des circuits de commercialisation. Les professionnels de la pêche et de la perliculture ont rencontré des difficultés liées à la diminution des cours internationaux qui ont pénalisé leurs exportations. Afin datténuer les effets de la baisse des cours sur leurs résultats, les pêcheurs ont privilégié la filière locale pour lécoulement de leur production, ce qui sest traduit par une diminution des exportations de poissons. La vigueur de la consommation des ménages polynésiens a cependant permis dabsorber laugmentation de la production et a soutenu les prix de vente. Le bilan de la filière perlière apparaît également contrasté. Bien que les volumes exportés aient progressé de 24 %, les recettes de la branche sont restées au niveau de 1997 en raison de la diminution de plus de 20 % des prix de négociation des perles sur le marché international. Les effets de la crise financière asiatique sur les prix, associés à la demande importante de perles de petite taille émanant des négociants japonais, expliquent en partie le tassement des exportations en valeur. La baisse des cours résulte également de laugmentation des ventes de perles de qualité inférieure, dont lexportation est désormais interdite depuis le 1er janvier 1999. 3. Le B.T.P. La part du bâtiment et des travaux publics dans léconomie polynésienne ne représente que 9,7 % de la valeur ajoutée marchande mais le poids de ce secteur est beaucoup plus élevé en termes demplois, puisquavec 2 366 entreprises de construction et 31 entreprises de travaux publics, il concentre un effectif denviron 4 200 personnes. En 1998, un rythme dactivité soutenu sest poursuivi dans le bâtiment, lié à la bonne tenue de la demande privée et de la commande publique (+ 30 %). * * * Après deux années de forte croissance économique, la poursuite du programme pour le renforcement de lautonomie économique devrait continuer à exercer un effet dentraînement sur lactivité du Territoire. C. WALLIS ET FUTUNA Le territoire des îles Wallis et Futuna comprend trois îles : Wallis, et à 240 km au sud-ouest, Futuna et Alofi. En 1998, les aides financières allouées dans le cadre de la convention de développement et du contrat de plan avec lÉtat ont permis lengagement ou la poursuite de chantiers intéressant essentiellement lenseignement et les travaux routiers. 1. Lagriculture Wallis est une île vallonnée dont une partie des sols est altérée et lessivée donc impropre à la culture. Futuna, qui culmine à 524 m ne permet que des cultures côtières. Alofi, non peuplée de manière permanente, est utilisée comme réserve forestière et, dans une mesure encore limitée, pour lagriculture. Les activités agricoles demeurent marginales, permettant cependant lautosuffisance alimentaire. Ce sous-développement tient essentiellement au régime foncier, qui est celui de lindivision du patrimoine familial, et au système instauré déchange de denrées. Cette structure est de plus en plus contestée et une agriculture marchande tend aujourdhui à se développer. Les cultures vivrières du Territoire procurent les éléments de base de lalimentation de la population qui repose sur la production de taro, digname, de kapé, de manioc et de fruits de larbre à pain. Les cultures maraîchères correspondent à une demande de métropolitains résidant sur le Territoire mais elles pourraient devenir la source de revenus familiaux réguliers. Il existe de nombreuses variétés fruitières locales mais qui sont peu exploitées. Lélevage concerne presque exclusivement les porcs même si une production locale de poulets se développe de manière encore timide. 2. La pêche De la même manière, la pêche est peu développée car elle se cantonne essentiellement à lintérieur dun lagon surexploité et reste pratiquée de façon artisanale pour une production autoconsommée. Larchipel na pas dinfrastructures de pêche. Le territoire dispose pourtant dune zone économique exclusive importante (environ 300 000 km2) qui nest exploitée que par des navires de pêche japonais et coréens. Le service de léconomie rurale et de la pêche envisage un développement des secteurs de la pêche et de laquaculture orienté autour de quatre axes principaux : études complémentaires nécessaires à la définition dun programme territorial coordonné de lexploitation des ressources marines ; formation des hommes ; aide à linvestissement ; création dinfrastructures publiques nécessaires à la pêche. 3. Le B.T.P. Le BTP a pu maintenir son activité en 1998 grâce à la commande publique et à la demande de particuliers pour la construction de logements. Pour lannée 1999, plusieurs projets ont vu le jour et ont permis de préserver le nombre demplois dans ce secteur. Par ailleurs, les travaux entrepris en 1998 pour lamélioration des infrastructures routières du Territoire se sont poursuivis en 1999. 4. Le tourisme Wallis et Futuna sont des îles isolées, peu connues et très éloignées des marchés émetteurs. Fidji, à 800 km, Nouméa à 2 100 km et Papeete à 2 800 km sont les territoires les plus proches. Le tourisme est encore peu développé. Les atouts du Territoire ne sont pas mis en valeur. Les infrastructures existantes ne permettent quun tourisme culturel et de découverte, individuel ou de petits groupes. La capacité hôtelière est très limitée et correspond à une clientèle essentiellement constituée dhommes daffaires ou de techniciens en mission sur le Territoire. Malgré la baisse du prix des billets davion des principales destinations observée depuis 1994, les tarifs pratiqués par la compagnie Air Calédonie constituent un obstacle important à lessor de ce secteur. * * * Le Territoire des îles Wallis et Futuna se développe progressivement et séquipe en infrastructures publiques nécessaires à son essor de demain. Les conditions de vie saméliorent régulièrement. Mais cette évolution met en exergue une certaine dualité de la société avec, dune part, une frange de léconomie monétarisée, dautre part, le maintien en parallèle dune économie traditionnelle reposant encore largement sur le troc et lautoconsommation, et dont les acteurs accèdent difficilement aux commodités de la vie moderne. De plus, le problème de lemploi se pose avec une acuité croissante, en labsence de développement dactivités novatrices qui permettraient de réaliser des embauches. La priorité pour le développement économique et social du Territoire demeure son désenclavement. Sur ce plan, les importants chantiers portuaires et aéroportuaires qui se profilent devraient améliorer sensiblement la desserte de lîle de Wallis, faisant davantage encore ressortir la nécessité daméliorer celle de lîle de Futuna. Il est à espérer que ces infrastructures, par delà lactivité temporairement induite dans le secteur du BTP, suscitent le développement dactivités nouvelles pérennes dans des secteurs jusque là inexploités ou sous-exploités par les entreprises locales mais davenir, la pêche côtière ainsi que le tourisme. IV. LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES A. MAYOTTE Lannée 1998 aura été marquée par une nouvelle croissance de léconomie mahoraise sous leffet conjugué de limportance des transferts publics, du développement du secteur privé et du regain dactivité du marché de lemploi. Lactivité locale, demeure dominée par le secteur du bâtiment et des travaux publics. Il est important de souligner la forte pression démographique que connaît Mayotte. Un recensement réalisé en 1997 dénombre 132 420 habitants et, sans un infléchissement du rythme moyen annuel de croissance démographique (5,8 %), la population mahoraise pourrait atteindre 270 000 habitants en 2010. 1. Lagriculture Même si la part de la population agricole au sein de la population active a fortement régressé, lactivité agricole, bien que confrontée à de graves handicaps qui tiennent en grande partie à la géomorphologie de larchipel, demeure extrêmement répandue dans lîle. Les surfaces cultivées représentent 27 % de la surface totale de lîle. Lagriculture locale, fortement attachée à la cellule familiale, tente peu à peu dévoluer vers une agriculture marchande et productive. Bien souvent, lexploitation agricole constitue un moyen dautosubsistance alimentaire (57 % des ménages exerçant une activité agricole ne produisent que pour leurs besoins propres, avec éventuellement du troc ou des ventes épisodiques procurant un complément de revenu en nature ou en argent). La collectivité a poursuivi sa politique daide aux agriculteurs. La banane, avec 30 200 tonnes, et le manioc, avec près de 10 000 tonnes, constituent les principales productions vivrières de Mayotte. Les cultures dexportation, ylang-ylang et vanille, bien que délaissées par les jeunes agriculteurs, représentent cependant un atout économique certain. a) Lylang-ylang Lylang-ylang est un arbre de la famille des annonacées dont les fleurs jaunes donnent, après traitement, un distillat très apprécié de lindustrie de la parfumerie. Il sagit dune activité à forte intensité de main-doeuvre. Il est en effet nécessaire de traiter 50 kilogrammes de fleurs cueillies à la main pour obtenir un litre dessence dont la qualité varie selon la durée de la distillation. Constituant 78 % des ressources à lexportation de lîle, la culture de lylang-ylang est menacée par divers facteurs : manque de compétitivité des essences mahoraises en raison du coût relativement élevé de la main-duvre, vieillissement des techniques de préparation et des plantations, et étroitesse du marché. Un marché morose et une concurrence accrue des produits de synthèse moins coûteux ont provoqué un tassement des ventes et les stocks invendus se sont amplifiés depuis quelques années. De plus, cette baisse de la demande saccompagne dune chute des cours mondiaux depuis 1994. EXPORTATIONS DYLANG-YLANG
Source : Service des douanes. Les résultats enregistrés en 1998 nont guère été encourageants : les exportations dylang-ylang ont chuté de 20 % en volume et de 28 % en valeur par rapport à 1997. b) La vanille La seconde culture de rente, la vanille, voit ses exportations progresser en valeur bien que les quantités aient diminué de 25 %. Ce résultat vient du fait que le marché mondial de la vanille noire, très spéculatif, est dominé à 85 % par les productions de Madagascar et de lIndonésie. Ces deux pays, à très faibles coûts de main-duvre, fixent les prix. EXPORTATIONS DE VANILLE (en francs)
Source : Service des douanes. 2. La pêche Bien que disposant dun des plus grands lagons du monde, la population mahoraise sest très peu tournée vers la mer pour assurer son développement économique. Principalement concentrée sur lexploitation des eaux lagonaires ou limitrophes, la pêche est assurée par deux grandes catégories dintervenants : les artisans-pêcheurs, propriétaires de leur embarcation (environ 20 %), et les « armateurs », qui travaillent par ailleurs, et qui confient des bateaux à des tiers (environ 80 %). Les méthodes de pêche restent encore traditionnelles. Lexploitation intensive du lagon a entraîné une diminution sensible des rendements. Pour remédier à cette baisse des ressources concomitante à un accroissement des besoins, une des solutions retenues consiste à développer de petites fermes aquacoles. Un nouvel essor de cette activité passe par le développement de la pêche en haute mer et implique une amélioration des techniques et du matériel. 3. Le B.T.P. Lactivité du secteur du bâtiment et des travaux publics a été soutenue grâce à la commande publique qui, bien quen baisse par rapport à 1996, a permis la réalisation de 256 millions de francs de travaux. La commande publique sest poursuivie au début de lannée 1998. Après le secteur du commerce, le BTP vient au second rang des activités de larchipel. Son essor résulte de la croissance des besoins en logements, écoles et autres infrastructures, suscités par la forte pression démographique. La structure du secteur du BTP reste très déséquilibrée et sarticule essentiellement autour de deux pôles : dune part, quelques rares entreprises fortement capitalistiques qui réalisent les grands travaux dinfrastructure et, dautre part, de nombreuses petites entreprises, le plus souvent artisanales, intervenant sur les petits marchés ou en sous-traitance des grosses entreprises. Bien que la commande privée tende à se développer, les entreprises de ce secteur sont largement dépendantes des collectivités publiques et de la société immobilière. Lune des manifestations les plus éclatantes du retard de développement de Mayotte est létat médiocre de son parc de logements. Une large partie de la population mahoraise est hébergée dans des conditions précaires, dans des logements exigus qui ne comportent aucune connexion aux réseaux électrique ou hydraulique, et qui ne disposent de ce fait daucun confort. Cest dire limportance des efforts que lÉtat et la collectivité territoriale doivent déployer pour répondre aux besoins croissants de la population. 4. Le tourisme En dépit de son immense lagon (1 500 km²) et dun climat favorable, Mayotte reste une destination touristique confidentielle. Le tourisme reste à létat embryonnaire. Le coût élevé des liaisons aériennes, linsuffisance du parc hôtelier et la concurrence régionale en sont les principales raisons. Le nombre de touristes dagrément est très largement inférieur à celui des personnes venues rendre visite à des amis ou à de la famille. Fréquentation touristique de juillet 1996 à juin 1997 Plus de la moitié des personnes visitant Mayotte est originaire de la métropole, alors que près de 40 % résident à la Réunion. Le souhait de la Collectivité est de développer une politique touristique en proposant des produits communs avec la Réunion. * * * La Collectivité territoriale de Mayotte sest longtemps caractérisée par une agriculture archaïque, des infrastructures sommaires et une économie basée sur deux secteurs prédominants : le bâtiment et ladministration. Depuis quelques années, la Collectivité a modifié lorganisation de son activité économique en se dotant dinfrastructures et déquipements publics qui ont permis damorcer le développement et la diversification du secteur privé. Au cours de ces dernières années, lEtat et la Collectivité territoriale ont accentué leurs investissements dans les secteurs de lenseignement, de la santé, de lhabitat et de ladduction deau. Parallèlement, les conditions de vie de la population salariée se sont rapidement améliorées. Laugmentation du pouvoir dachat a eu un effet positif immédiat sur la consommation, favorisant ainsi la création ou le développement dentreprises dans les secteurs secondaire et tertiaire. B. SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON Depuis le début du moratoire sur la pêche à la morue en 1992 où les quotas de pêche alloués à larchipel par le Canada ont été réduits dans des proportions considérables, léconomie de larchipel a connu de sérieuses difficultés. De très gros efforts ont été faits pour tenter de reconvertir et diversifier léconomie tout en maintenant le niveau de lemploi, ce qui na été possible que grâce à des efforts financiers très importants de lÉtat et de la Collectivité territoriale. 1. La pêche Lannée 1998 a été marquée par la fin du moratoire sur la pêche à la morue. Le secteur de la pêche tout entier, dans des proportions plus ou moins grandes, aura profité de cette reprise. La pêche industrielle a présenté, en 1998, des résultats en nette progression. Le cumul des poissons pêchés dans lannée sest élevé à 3 008 tonnes, soit une hausse de 83 %, armements locaux et étrangers confondus. Pêche artisanale (en tonnes) En ce qui concerne la pêche artisanale, les bons résultats font apparaître, en 1998, une progression substantielle (+ 35 %) des prises des artisans-pêcheurs mais on remarque une raréfaction de la morue, qui tend à séloigner progressivement des côtes. 2. Le tourisme Après une saison 1997 moyenne, la saison touristique 1998 a retrouvé un meilleur niveau. Ce secteur représente toujours pour larchipel un réel potentiel de développement. RÉPARTITION DES TOURISTES
Source : Agence régionale de tourisme. Le nombre de touristes de croisière est en forte hausse. Le bilan sur lannée fait ainsi ressortir 2 233 touristes de croisière, contre 785 lannée précédente. Le tourisme contribue en pleine saison à lamélioration de la situation de lemploi, ce secteur générant près de 150 emplois. La forte dépréciation des devises canadienne et américaine a probablement incité les ressortissants de ces pays à des séjours plus lointains, et na pas profité à la Collectivité. 3. Le B.T.P. Le secteur du bâtiment et des travaux publics, vital sur le plan de lemploi, a continué, comme en 1997, à connaître, grâce aux travaux de construction du nouvel aéroport et à lextension du port de Miquelon, une forte activité, malheureusement réduite en hiver. * * * Lévolution de la conjoncture au cours de lannée 1998 sest inscrite, à limage des années précédentes, dans la recherche dune reconversion et dune diversification de léconomie locale. Le maintien de lemploi et la régression du chômage ont constitué, comme en 1997, lune des préoccupations majeures des autorités et de la population de larchipel. La politique de grands travaux financée par lEtat et les collectivités locales de larchipel sest poursuivie en 1998. Conjugués au bon niveau des investissements privés en matière dhabitat, les grands chantiers ont permis de maintenir à un niveau élevé lactivité du BTP. Léconomie de larchipel apparaît encore très fragile et reste très dépendante des aides publiques. EXAMEN EN COMMISSION Lors de sa réunion du jeudi 21 octobre 1999, la commission a entendu M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire dEtat à loutre-mer, sur les crédits de son département pour 2000. M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire dEtat à loutre-mer, a indiqué que le projet de budget du secrétariat dEtat à loutre-mer pour 2000 sélevait à 6,36 milliards de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, correspondant à une progression de 13,6 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1999 et à une hausse de 2 % à structure constante (en tenant compte des dotations concernant les emplois-consolidés et des conséquences des réformes institutionnelles relatives à la Nouvelle-Calédonie). Il a rappelé que lemploi demeurait la principale priorité de laction du secrétariat dEtat. De fait, les crédits qui y sont consacrés sélèvent à près de 2,5 milliards de francs et représentent près de 40 % du budget total. Sur cette somme, 2,1 milliards de francs sont affectés au Fonds pour lemploi dans les départements doutre-mer et Saint-Pierre-et-Miquelon (FEDOM). Grâce à cette augmentation de 16,2 %, le FEDOM pourra financer 35 000 contrats emploi-solidarité, 15 000 contrats dinsertion par lactivité, 7 500 contrats daccès à lemploi et 500 primes à la création demplois. 7 000 contrats emplois-consolidés, prolongement des contrats emploi-solidarité, sont également financés par le budget de loutre-mer. Ils représentent une dotation nouvelle de 292 millions de francs. Le FEDOM permettra aussi de financer 3 000 emplois-jeunes supplémentaires, ce qui portera le nombre demplois-jeunes outre-mer à environ 11 000 à la fin de lannée 2000. Sy ajoutent les emplois dadjoints de sécurité (134 postes) et daides éducateurs (2 600 postes) créés respectivement par les ministères de lintérieur et de léducation nationale. Les crédits pour lemploi et la formation professionnelle à Mayotte représentent une dotation nouvelle de 55,25 millions de francs, permettant daméliorer la gestion des contrats emploi-solidarité, des contrats emplois-consolidés, des chantiers de développement local et des actions de formation professionnelle. 2,5 millions de francs seront affectés à la création du centre de formation professionnelle des adultes de Sada. Les crédits du service militaire adapté (SMA) sélèvent à 440 millions de francs (auxquels sajoutent 67 millions de francs de dotations provenant de lUnion européenne). Le service militaire adapté poursuit sa professionnalisation commencée en 1999. Aux 500 emplois de volontaires créés cette année, sajouteront 600 emplois nouveaux en 2000, représentant un coût de 43 millions de francs, répartis entre 65 % de stagiaires et 35 % de techniciens. En contrepartie, 1 000 postes dappelés sont supprimés ainsi que 80 postes dencadrement. Sur deux ans, le budget de loutre-mer financera ainsi 1 100 emplois de volontaires. Quant aux crédits consacrés à la culture et à laction sociale, ils augmentent de près de 30 %, passant de 145 millions de francs à 185,6 millions de francs. Sagissant de laction culturelle proprement dite, lobjectif est de favoriser les échanges entre loutre-mer et la métropole. Cest dans ce sens que le Fonds daide aux échanges artistiques et culturels pour loutre-mer, financé à parité avec le ministère de la culture (à hauteur de 9 millions de francs pour chacun des départements ministériels), a été créé. Un système analogue pourrait être prochainement mis en place avec le ministère de la jeunesse et des sports, afin dencourager les échanges de clubs sportifs. Le logement constitue le deuxième poste de dépenses du budget. 1,1 milliard de francs sont inscrits en autorisations de programme et 918 millions de francs en crédits de paiement. Ces crédits seront complétés par ceux de la créance de proratisation, qui est elle-même en progression de 5,7 %. Le total des moyens consacrés au logement social sera ainsi en hausse de 3,7 %. La ligne daide au logement dans les départements doutre-mer, à Saint-Pierre-et-Miquelon et à Mayotte, permettra de soutenir la réhabilitation de 2 400 logements et la construction de 11 000 logements neufs. La résorption de lhabitat insalubre sera financée à hauteur de 96 millions de francs sur le budget de loutre-mer, permettant ainsi daider 2 000 familles. A ces mesures, il convient dajouter deux dispositions importantes qui figurent dans le projet de loi de finances : la baisse de la TVA sur les travaux dentretien à partir du 15 septembre 1999 dans les départements doutre-mer qui passe de 9,5 % à 2,1 %, au lieu de 5,5 % en métropole et la mise en place du mécanisme financier qui permettra dappliquer le dispositif daide exceptionnelle aux ménages pour lacquisition de terrains situés dans la zone des cinquante pas géométriques. La part des départements doutre-mer dans la première enveloppe des contrats de plan Etat-régions sélève à 4,527 milliards de francs sur un total de 95 milliards de francs. Les quatre régions doutre-mer sont parmi les mieux pourvues du pays, comme le montre le volume de crédits alloués par habitant. La Guyane, avec un ratio de 5 607 francs par habitant, est la première région française, la Guadeloupe (2 687 francs par habitant) vient au troisième rang, la Martinique (2 545 francs par habitant) au quatrième et La Réunion occupe la sixième place avec 2 185 francs par habitant. La seconde répartition des crédits inscrits dans le cadre des contrats de plan Etat-régions est actuellement en cours de discussion. Pour les territoires doutre-mer, Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon, le contenu des contrats de développement na pas encore été arrêté ; ces contrats porteront sur la période 2000-2004 (sauf pour la Polynésie française dont le contrat de développement couvrira la période 2000-2003). Le budget de loutre-mer traduit le respect des engagements pris par le Gouvernement vis-à-vis des partenaires calédoniens, formalisés dans la loi organique du 19 mars 1999, et la volonté politique du Gouvernement de donner à la Nouvelle-Calédonie les moyens de son développement. Les compétences nouvelles sont considérables et les transferts, en application de la loi organique, se réaliseront par étapes. Le budget a été élaboré afin que soient dégagés les moyens nécessaires aux transferts prévus à compter du 1er janvier 2000. A cette fin, un nouveau chapitre budgétaire a été créé, comprenant une dotation globale de fonctionnement et une dotation globale de compensation. La dotation globale de fonctionnement, destinée aux provinces, est dotée de 394 millions de francs. Elle donnera à celles-ci les moyens de leur action dans le domaine sanitaire et social (aide médicale gratuite, aide aux personnes âgées, aux personnes handicapées et aux enfants secourus) et dans le domaine de lenseignement (enseignement primaire, fonctionnement des collèges). La dotation globale de compensation accompagnant le transfert des compétences de lEtat à la Nouvelle-Calédonie est dotée en 2000 de 11,7 millions de francs qui permettront à la Nouvelle-Calédonie dexercer ses compétences nouvelles en matière de commerce extérieur, de droit du travail, denseignement scolaire, de jeunesse et sports, de mines et dénergie. Enfin, ladministration du secrétariat dEtat à loutre-mer se réforme. Le projet de budget pour 2000 doit permettre la poursuite de lamélioration des carrières des agents et accompagner la restructuration des services de lEtat en Nouvelle-Calédonie, qui se traduira par un important transfert de personnels (87 créations demplois de fonctionnaires et suppression de 66 emplois dagents contractuels). M. Claude Hoarau, rapporteur pour avis des crédits de loutre-mer, sest déclaré satisfait de laugmentation du budget de loutre-mer. Il a toutefois regretté que ces efforts soient insuffisants vu la gravité de la situation que connaissent les départements doutre-mer, notamment à cause du chômage. Actuellement, les efforts portent sur le traitement social du chômage alors que des mesures susceptibles de générer un développement économique important, seul susceptible de faire reculer ce fléau, nont pas été trouvées. M. Claude Hoarau sest félicité que le budget de loutre-mer traduise également le respect des engagements pris par le Gouvernement en Nouvelle-Calédonie et que les crédits du service militaire adapté viennent renforcer leffort pour lemploi et la formation professionnelle. Il ny aura malheureusement pas plus de logements construits en 2000 quen 1999, les crédits correspondants naugmentant que très faiblement (moins de 1 %). Or, il sagit dun poste essentiel pour des raisons démographiques, trop de logements sont surpeuplés, et parce que ce secteur est créateur demplois. On annonce, par exemple pour la Réunion, 4300 logements réalisés en 1999, alors quil en faudrait le double. Les difficultés quéprouvent les collectivités à aménager les terrains, linsuffisance de la dotation du Fonds daménagement foncier urbain et le retard pris pour pérenniser la créance de privatisation sont autant de freins à la construction de logements. M. Claude Hoarau a insisté sur le fait quun logement construit, cest 1,5 ouvrier au travail ; relancer la politique du logement serait donc un moyen efficace de réduire le niveau du chômage dune population qui veut travailler. Il a également posé le problème des conditions dattribution de lallocation logement. Enfin, M. Claude Hoarau a fait part de son désappointement face aux retards pris pour lélaboration du projet de loi dorientation. Dans ce cadre, des rapports politiques et techniques ont été effectués. Parmi ceux-ci, le rapport Fragonard a suscité beaucoup despoir, en proposant dencourager lemploi dans les PME et en préconisant des mesures pour réduire le nombre de RMistes. Il semblerait très important que la loi dorientation tienne compte de ces études. M. Philippe Chaulet a exprimé son accord avec lanalyse présentée par le rapporteur pour avis. Il a demandé que le contenu du rapport « Fragonard » soit rapidement rendu public, puis il a fait remarquer que Saint Martin connaissait une situation financière particulièrement difficile, notamment après le passage de louragan « Luis » et du cyclone « Marylin ». M. Philippe Chaulet a également indiqué que les habitants de Saint Martin et de Saint Barthélémy étaient depuis juillet en attente des suites données au rapport Seners consacré à ce problème. Il a insisté sur limportance du logement social, tout particulièrement pour les chômeurs. Les familles se heurtent, par ailleurs, à un problème précis : comptant beaucoup denfants, elles devraient habiter des logements plus grands, mais ne peuvent le faire, par manque de moyens et le nombre denfants les prive précisément, compte tenu de lexiguïté de leurs habitations, du droit à lallocation logement. M. Michel Tamaya a estimé positives les orientations contenues dans le budget des départements et territoires doutre-mer pour 2000. Rappelant que les collectivités locales des départements doutre-mer avaient été déclarées en 1998 éligibles à la dotation de solidarité urbaine (DSU) et que le Premier ministre avait récemment annoncé labondement de la DSU à hauteur de 500 millions de francs, il a souhaité savoir si les départements doutre-mer pourraient continuer à bénéficier effectivement de cette dotation et de labondement annoncé par le Premier ministre. En réponse aux intervenants, le ministre a tout dabord indiqué son accord avec les analyses qui ont été présentées sur la situation économique et sociale de loutre-mer. Deux facteurs expliquent le paradoxe dune activité globale en croissance et dune progression concomitante du nombre de demandeurs demplois. Dune part, certains secteurs économiques apparaissent fragiles : par exemple, celui de la banane connaît une décroissance significative des prix rendus en Europe, en dépit du mécanisme de laide compensatrice. Le Premier ministre devrait dailleurs annoncer prochainement une série de mesures en faveur des petits planteurs. Dautre part, loutre-mer se singularise par la vigueur de sa démographie puisque 35 % de la population y a aujourdhui moins de 20 ans, contre 25 % en métropole. Dès lors, les mesures dinsertion trouvent rapidement leurs limites face à létendue des besoins. Le ministre a ensuite apporté les éléments dinformation suivants : sagissant du projet de loi dorientation relatif à loutre-mer, le Gouvernement espère pouvoir transmettre un avant-projet aux assemblées délibérantes dici au 15 novembre, afin que des discussions approfondies puissent être entamées au premier semestre de lannée prochaine. Ce texte ne se bornera pas à présenter des réformes institutionnelles, mais doit également permettre la mise en place de politiques volontaristes en faveur du développement économique et social de loutre-mer : aide au retour à lemploi des bénéficiaires du RMI, soutien aux PME, aménagement de la fiscalité en faveur de linvestissement etc. ; le dispositif sectoriel dexonération de charges sociales introduit par la loi Perben, dont léchéance est prévue en mars 2000, sera prolongé dune année. Le Gouvernement dresse actuellement son bilan : sil est vrai que les secteurs aidés ont connu entre 1995 et 1997 une croissance de lemploi quatre fois supérieure à celle des secteurs non exonérés, il est probable que cette progression sexplique en partie par un effet de légalisation dactivités auparavant non déclarées. Par ailleurs, 30 % des entreprises des secteurs exonérés (couvrant 20 % des salariés) ne peuvent bénéficier de ces avantages car ceux-ci supposent au préalable la présentation dun plan dapurement des dettes. Le dispositif est appelé à être révisé dans le cadre de la future loi dorientation. A cette occasion, les questions du maintien des exonérations sectorielles et du renforcement de laide spécifique aux entreprises exportatrices seront posées ; les crédits de paiement en faveur du logement progressent de 3,7 %. En regard de besoins dont chacun reconnaît limportance, il faut rappeler que dautres mesures daide ont été présentées : baisse du taux des prêts aidés, allongement de leur durée à 50 ans, réduction de la TVA sur les travaux dentretien et généralisation du cadre dintervention du FRAFU. Des discussions interministérielles sont en cours sur lharmonisation des barèmes des aides personnelles au logement, qui devraient permettre une extension du nombre de leurs bénéficiaires ; la situation économique difficile de Saint-Barthélémy a fait lobjet du rapport Seners présenté en juillet 1999. Elle sexplique par laction destructrice du cyclone mais également par le surinvestissement touristique qui y a été effectué dans le cadre de la loi Pons. Le ministre a conclu son intervention en présentant les dernières informations en sa possession sur limpact du cyclone « José ». Il a indiqué que seuls des dégâts matériels sont actuellement à déplorer et que des moyens dintervention de la protection civile sont en cours de déploiement pour aider à la restauration rapide dune situation normale. Conformément aux conclusions de M. Claude Hoarau, rapporteur pour avis, la commission a ensuite donné un avis favorable à ladoption des crédits de loutre-mer pour 2000. _____________ N°1866-XVI. - Avis de M. Claude Hoarau, au nom de la commission de la production, sur le projet de loi de finances pour 2000. - Outre-mer. - Cliquer ici pour retourner au sommaire général - Cliquez ici pour retourner à la liste des rapports et avis budgétaires - Cliquez ici pour retourner à la liste des discussions budgétaires
() Voir également : OCM banane p 30 () Belize (40 000 tonnes), Cameroun (155 000), Cap Vert (4 800), Côte dIvoire (155 500), Dominique (71 000), Grenade (14 000), Jamaïque (105 000), Madagascar (5 900), Sainte-Lucie (127 000), Saint-Vincent et les Grenadines (82 000), Somalie (60 000), Surinam (38 000). () LOCM sucre prévoit un prix garanti et une aide à lécoulement de la production dans le cadre de quotas. En 1998, laide versée aux planteurs au titre de la garantie de prix a représenté 67,5 MF. () LODEADOM a engagé un programme de 7 millions de francs sur la période 1993-1998, 30 millions sont inscrits dans le contrat de plan État-région 1994-1998 et 74,5 millions sont prévus dans le cadre des programmes opérationnels intégrés DOCUP 1994-1999 et REGIS II 1995-1999. () - lextrême diversité de la ressource ne permet pas dexploiter de façon intensive une espèce déterminée. En outre, la dispersion des variétés impose des surfaces dexploitation importantes ; - 60 % du volume en forêt sont constitués de bois en densité supérieure à 800 kg/m3. Les bois guyanais sont donc lourds et intransportables par voie fluviale ; - les arbres guyanais ont un diamètre peu important, doù un rendement faible à lhectare. () Les chiffres officiels font état de 2,44 tonnes dor extraites mais la profession considère que la production réelle serait actuellement plus proche des 5 tonnes. En effet, les quantités exportées en 1998 (4,3 tonnes) sont supérieures à la production déclarée. () La ZEE française est délimitée par une ligne tracée à 200 milles nautiques autour des côtes des trois îles des TAAF (Crozet, Kerguelen et Amsterdam). Elle représente une superficie totale de 1,7 million de km2, soit plus de trois fois celle de lhexagone. () Compte tenu du pillage des ressources de pêche, les autorités françaises nont pas souhaité reconduire laccord de coopération franco-ukrainien qui a expiré le 31 décembre 1998. Toutefois, à titre transitoire, un quota de 500 tonnes de légine a été attribué à lukraine jusquau 31 juillet 1999, avec une redevance de 1,5 MF. () En 1995, elles sétablissaient à 30 000 F CFP contre une moyenne de 16 400 F CFP toutes nationalités confondues. |