Document mis en distribution le 3 novembre 1999 N° 1861 ______ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE LÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN (1) SUR PAR M. DIDIER MIGAUD, Rapporteur Général, Député. ANNEXE N° 35 Rapporteur spécial : M. Patrick DEVEDJIAN Député ____ (1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page. Lois de finances. La commission des finances, de léconomie générale et du plan est composée de : M. Augustin Bonrepaux, président ; M. Didier Migaud, rapporteur général ; MM. Michel Bouvard, Jean-Pierre Brard, Yves Tavernier, vice-présidents, MM. Pierre Bourguignon, Jean-Jacques Jégou, Michel Suchod, secrétaires ; MM. Maurice Adevah-Poeuf, Philippe Auberger, François d'Aubert, Dominique Baert, Jean-Pierre Balligand, Gérard Bapt, François Baroin, Alain Barrau, Jacques Barrot, Christian Bergelin, Eric Besson, Alain Bocquet, Jean-Michel Boucheron, Mme Nicole Bricq, MM. Christian Cabal, Jérôme Cahuzac, Thierry Carcenac, Gilles Carrez, Henry Chabert, Didier Chouat, Alain Claeys, Charles de Courson, Christian Cuvilliez, Arthur Dehaine, Jean-Pierre Delalande, Francis Delattre, Yves Deniaud, Michel Destot, Patrick Devedjian, Laurent Dominati, Raymond Douyère, Tony Dreyfus, Jean-Louis Dumont, Daniel Feurtet, Pierre Forgues, Gérard Fuchs, Gilbert Gantier, Jean de Gaulle, Hervé Gaymard, Jacques Guyard, Pierre Hériaud, Edmond Hervé, Jacques Heuclin, Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, MM. Michel Inchauspé, Jean-Pierre Kucheida, Marc Laffineur, Jean-Marie Le Guen, Guy Lengagne, Maurice Ligot, François Loos, Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, MM. Pierre Méhaignerie, Louis Mexandeau, Gilbert Mitterrand, Jean Rigal, Alain Rodet, Nicolas Sarkozy, Gérard Saumade, Philippe Séguin, Georges Tron, Philippe Vasseur, Jean Vila.
INTRODUCTION Avec 3,91 % daugmentation par rapport au budget voté de 1999 et 27,29 milliards de francs de crédits, le budget de la Justice pour 2000 sinscrit dans une tendance longue daugmentation constante des crédits accordés à ce secteur. Laccroissement des crédits pour 2000 saccompagne dun nombre substantiel de créations demplois : 1.237 au lieu de 930 en 1999 et de 762 en 1998. Sajouteront à ces créations demplois budgétaires des crédits de vacations pour lengagement de 100 assistants de justice supplémentaires, ainsi que pour le recrutement de 2.000 agents de justice pour un coût total de près de 50 millions de francs. Face à ces chiffres, il convient de se garder à la fois dun irénisme béat et de tout pyrrhonisme de mauvaise foi. En effet, ces résultats, sils ne peuvent être négligés, méritent dêtre tempérés sur deux points au moins. Dune part, au-delà des réels efforts budgétaires obtenus par les Gardes des Sceaux successifs, une part non négligeable des 84 % de progression en francs constants enregistrée depuis 1988 () reste imputable à la structure même de ce budget, cest-à-dire à la part importante que représentent les dépenses légales, telles que les dépenses de personnel, les frais de justice, la prise en charge des détenus, ou encore laide juridictionnelle. Cette évolution sest souvent inscrite dans des cadres pluriannuels, le dernier en date étant fixé par la loi de programme n° 95-9 du 6 janvier 1995 relative à la Justice. Lannée 2000 sera la dernière année dapplication de cette loi. Dautre part, lévolution des crédits au cours des différents exercices a souvent été moins favorable que celle qui était affichée dans le budget voté. Des charges légales lourdes Dominé par les dépenses de fonctionnement, le budget de la Justice est un budget traditionnellement contraint. Il est soumis aux exigences de prise en charge de la population carcérale et des mineurs en difficulté. Il doit répondre aux variations du contentieux, dont le volume ne cesse de croître. Lexemple de laugmentation continue des dépenses liées aux frais de justice et à laide juridique en témoigne. Les besoins en personnel sont considérables. Ainsi, la part prise par les crédits du titre III consacrés aux dépenses de personnel ne cesse de croître pour atteindre en 1998 plus de 51,63 % des crédits ouverts (). Dans le projet de loi de finances pour 2000, cette proportion atteint 56,96 %. Le renouvellement et lextension des équipements judiciaires et pénitentiaires se sont avérés plus que nécessaires. Ces opérations impliquent, chaque année, louverture de masses importantes de crédits. Des ouvertures de crédit en gestion systématiquement inférieures aux ouvertures autorisées par les lois de finances Les crédits ouverts en gestion ont constamment été inférieurs aux crédits ouverts dans la loi de finances initiale et lexercice 1998 néchappe pas à la règle. Cependant, il convient de relever que lécart négatif entre le budget voté et les crédits ouverts tend à se réduire : 1,6 milliard de francs en 1995, 1,9 milliard de francs en 1996, 1 milliard de francs en 1997, mais seulement 0,7 milliard de francs en 1998 (voir graphique infra). En effet, alors que les crédits inscrits dans le budget voté progressaient, entre 1993 et 1998, de 21,95 %, ceux effectivement ouverts augmentaient de 26,66 % sur la même période. DÉPENSES ORDINAIRES ET CRÉDITS DE PAIEMENTS DE 1993 À 1998 DOTATIONS EN LOIS DE FINANCES INITIALES ET CRÉDITS OUVERTS
Ces dernières années, lexécution du budget sest également caractérisée par limportance des reports de crédits de paiement dun exercice lautre. Ce phénomène explique lécart positif très important qui subsiste entre le montant des crédits de paiement adoptés en loi de finances initiale et celui des crédits réellement disponibles. À titre dexemple, 1,8 milliard de francs de crédits de paiement ont été ouverts effectivement sur les titres V et VI en 1998, alors que le budget voté ne prévoyait que 1,4 milliard de francs de crédits sur ces mêmes titres. Il faut regretter que laugmentation des crédits disponibles ne se soit pas accompagnée dun maintien du taux de consommation à un niveau satisfaisant. En effet, si le taux de consommation des crédits pour dépenses ordinaires a régressé seulement de 98 % en 1996 à 96 % en 1998, celui des crédits de paiement pour dépenses en capital a chuté de 79 % à 64 % et celui des autorisations de programme de 81 % à 51 %. Enfin, il convient de relever que lexercice 1998 a été marqué par relativement peu de mesures de régulation. En effet, les annulations nont représenté que 56,6 millions de francs en 1998, au lieu de 33 millions de francs en 1997, mais 375 millions de francs en 1996. Elles ont constitué, dune part, une contrepartie à louverture de crédits décidée en début dannée pour financer laide aux chômeurs, et dautre part, par une contrepartie partielle aux ouvertures de crédits demandées dans la loi de finances rectificative du 30 décembre 1998. Dans un contexte de nombreuses réformes, leffort budgétaire engagé en 1999 se poursuit, dans une moindre mesure, en 2000 La réforme de la justice, lancée en janvier 1997 par le Président de la République, présentée en Conseil des ministres le 29 octobre 1997, sinscrit dans un calendrier de trois ans. Le projet de loi de finances pour 2000 constitue donc le dernier budget destiné à financer les modifications annoncées en 1997. Parmi les principaux textes marquant cette réforme, il convient de relever : · le projet de loi constitutionnelle portant réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) adopté en termes identiques par les deux assemblées en 1998, et qui devrait être prolongé par deux projets de loi organique, sur la composition et les attributions du CSM dune part, sur le statut de la magistrature dautre part ; · la loi n° 98-1163 du 18 décembre 1998 relative à laccès au droit et à la résolution amiable des conflits ; · la loi n° 99-515 du 23 juin 1999 relative aux alternatives aux poursuites et renforçant lefficacité de la procédure pénale ; · le projet de loi relatif à la présomption dinnocence et aux droits des victimes, adopté en première lecture par chaque assemblée ; · le projet de loi relatif à laction publique en matière pénale et modifiant le code de procédure pénale, portant notamment sur les rôles respectifs du Parquet et de la Chancellerie, adopté en première lecture par lAssemblée nationale ; · lensemble des textes portant réforme des juridictions commerciales, réforme « consommatrice » de postes de magistrats () ; Par ailleurs, une série de textes réglementaires ont été publiés afin dassouplir et daménager certaines procédures, à lexemple du décret n° 98-1231 du 28 décembre 1998 modifiant le code de lorganisation judiciaire et le nouveau code de procédure civile. Quant à la réforme de la juridiction criminelle, elle a marqué le pas, faute des moyens. Une série damendements tendant à instituer un recours contre les décisions des cours dassises avait été proposée par le Sénat, en juin 1999, lors de lexamen en première lecture du projet de loi relatif à la présomption dinnocence et aux droits des victimes. Le Gouvernement sy est opposé, mais il faudra un jour, de nouveau, aborder cette question. Les crédits de la Justice exprimés en dépenses ordinaires-crédits de paiement atteindront, en 2000, 27.291 millions de francs. Ils augmentent de 3,91 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1999, après une progression entre budgets votés de 5,61 % en 1999, de 4,04 % en 1998, de 1,82 % en 1997, mais de 6,07 % en 1996. Ils représentaient 1,55 % du budget général de lÉtat en 1997, 1,56 % en 1998, 1,57 % en 1999 et en représenteront 1,62 % en 2000. Mais les autorisations de programme baissent de 9,27 % à 1.571,5 millions de francs. Comme lannée dernière, votre Rapporteur prend acte de l'effort budgétaire réalisé pour 2000 en faveur de la justice. Il se situe dans la tendance à laugmentation des crédits de la Justice constatée ces dernières années, dans un contexte marqué par ladoption en 1995 dune loi de programme. Il reste que lcuménisme budgétaire nest pas bon conseiller ; des chiffres en augmentation ne peuvent suffire à rassembler tout le monde : il est bon, en effet, pour tout parlementaire dexercer une lecture critique des propositions gouvernementales. Et ce principe doit sappliquer particulièrement au domaine de la justice, où les critères qualitatifs, plus quailleurs, doivent lemporter sur les résultats quantitatifs. Néanmoins, la part ridiculement faible des crédits de la Justice dans le budget de lÉtat, le caractère toujours démesurément long des délais de jugement, la surpopulation carcérale, la mauvaise répartition des charges de travail entre juridictions liée aux fantaisies de la carte judiciaire, sont autant dindicateurs qui révèlent que la mise à niveau nécessaire nest pas atteinte. Si certaines réformes sont audacieuses et lon peut nêtre pas daccord avec elles , leurs conséquences en termes de moyens paraissent, en tout état de cause, souvent mal évaluées. La loi de programme de 1995 arrive à son terme. Cest loccasion de préparer une nouvelle programmation qui remette à niveau lensemble du secteur. Le Président de la République a eu loccasion de le réaffirmer lors du quarantième anniversaire de lÉcole nationale de la magistrature (ENM), le 1er octobre 1999, à Bordeaux : « Notre appareil judiciaire doit sortir de la misère et de la vétusté qui ont été trop longtemps les siennes. Des efforts réels ont été faits par le Gouvernement, quil sagisse du montant des crédits, des créations demplois ou du recrutement exceptionnel de magistrats. Ils doivent être poursuivis. » Ce projet ne devra pas seulement inclure une augmentation des moyens, mais également leur réorganisation générale, et cela passe inévitablement par un topique : la réforme de la carte judiciaire ; mais également par la réforme de la gestion du ministère. Cette réforme de la gestion des grandes directions du ministère de la Justice a commencé de se traduire, dans le budget, par une simplification régulière de la nomenclature. Des changements importants de nomenclature étaient intervenus dans la loi de finances pour 1998. Aucun na eu lieu dans la loi de finances pour 1999. Pour 2000, deux changements interviennent : · les crédits pour indemnités et allocations diverses inscrits autrefois sur les chapitres 31-03, 31-12, 31-22 et 31-32 correspondant à ladministration centrale, aux services judiciaires, à ladministration pénitentiaire et à la protection judiciaire de la jeunesse sont regroupés sur un chapitre unique 31-92 Indemnités et allocations diverses ; cette mesure devrait permettre des ajustements dun service à lautre et éviter ainsi des tensions inutiles en fin dannée ; · les crédits inscrits dans la quatrième partie du titre III et correspondant aux dépenses de santé des détenus et au remboursement des prestations effectuées par le secteur habilité ou conventionné par les services de la protection judiciaire de la jeunesse ont été transférés sur les chapitres 37-23 et 37-33 nouveaux dans la septième partie ; cette dernière modification permet de réserver la quatrième partie aux strictes dépenses de fonctionnement des services du ministère. Votre Rapporteur sinterroge sur les raisons qui font échapper les crédits de rémunération des personnels des juridictions administratives aux mouvements de regroupement et de globalisation. Il sagit là encore de la démonstration de lexception dont bénéficie, sans justification réelle, la justice administrative. Par ailleurs, les critiques relatives à certaines imputations faites par la Cour des comptes dans son rapport sur lexécution des lois de finances pour 1997 demeurent valables : « le titre III comporte toujours des parties au contenu peu cohérent : la septième partie Dépenses diverses, qui regroupe des chapitres dotés de crédits évaluatifs (...), mais aussi des chapitres globalisés par services du ministère (...), voire des services simplement rattachés comme la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (...) est totalement hétérogène. Ces chapitres devraient soit réintégrer la quatrième partie du titre III (...), soit réintégrer la première partie du titre III, dès lors quils regroupent des crédits affectés aux rémunérations » (). Lapplication de la loi de programme de 1995 Il convient de relever les avancées réalisées ces dernières années. Une loi de programme n° 95-9 du 6 janvier 1995 relative à la Justice a été adoptée, les investissements demeurent importants, laide juridique nouvelle continue son développement, la prise en charge sanitaire des détenus a été réformée, les effectifs de magistrats ont été augmentés. Le renforcement du milieu ouvert doit se poursuivre. Toute peine alternative à lincarcération, lorsquil sagit de délits mineurs, doit être encouragée. La création, cette année, de plus dune centaine demplois pour la diversification des prises en charge et le suivi médico-social des mineurs en danger va dans le bon sens. Lexécution de la loi de programme a été repoussée dun an dans la loi de finances initiale pour 1997 et s'achèvera donc en 2000. Les objectifs fixés en matière dautorisations de programme ont été atteints. Les objectifs en termes demplois nont pas été respectés si lon ne prend en compte que les créations de postes qui correspondent strictement aux dispositions de la loi de programme. Il convient de souligner que les nombreuses créations demplois intervenues par ailleurs permettent de rejoindre, au moins en termes daugmentation des moyens de la justice, la philosophie de la loi de programme. Lexemple de la ville dAvignon est archétypique des avancées permises par la loi de programme, associée à une volonté politique : un nouveau palais de justice a été construit, pour un coût total de 212 millions de francs ; il rassemblera lensemble des services du tribunal de grande instance, du tribunal dinstance, du tribunal de commerce et du conseil de prudhommes ; dans le cadre du « programme 4.000 » un centre pénitentiaire de 610 places est en cours dédification pour un montant de 270 millions de francs ; cette construction nécessitera la création de 122 emplois ; enfin, les locaux du centre daction éducative ont été réhabilités, et le service dinsertion professionnelle de la protection judiciaire de la jeunesse a été installé dans de nouveaux locaux, sur la base dune enveloppe de 3,7 millions de francs. Par ailleurs, le tribunal de grande dinstance de la ville a vu ses effectifs de magistrats augmenter dun juge des enfants en 1998 et dun vice-président non spécialisé en 1999, dans le cadre de la réforme relative à la mise en détention. Trois créations de postes de fonctionnaires de greffe sont parallèlement intervenus. Cependant, malgré le fait que le département du Vaucluse ait été classé « département très sensible » par le conseil de sécurité intérieure, aucune création de postes nest intervenue dans les services de la protection judiciaire de la jeunesse.
CHAPITRE PREMIER : LADMINISTRATION GÉNÉRALE ET LINFORMATIQUE Pour 2000, ladministration générale et linformatique () représentent 13,45 % du budget du ministère au lieu de 13,69 % du budget voté en 1999, de 13,97 % en 1998 et de 14,23 % pour 1997. Les crédits consacrés à ces actions sélèveront ainsi à 3.671 millions de francs. Ce montant intègre la subvention aux Ordres de la Légion dhonneur et de la Libération, ainsi que les crédits destinés à la Commission nationale de linformatique et des libertés et à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. I. LADMINISTRATION GÉNÉRALE A. LE MAINTIEN DES MOYENS Ladministration générale intègre les moyens de la Commission nationale de linformatique et des libertés (CNIL) dont le budget devrait sélever à 31,5 millions de francs pour 2000 (+ 4,3 % par rapport à 1999) et de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) dont le budget devrait atteindre 9,52 millions de francs ( 0,26 % par rapport à 1999). Les crédits de recherche (5,6 millions de francs pour 2000) ainsi que la participation aux charges de pension font partie de cet ensemble. Ces crédits dadministration générale sélèvent à 3,7 milliards de francs pour 2000 au lieu de 3,6 milliards de francs inscrits dans la loi de finances initiale pour 1999, soit une très légère progression de 2,2 % après une augmentation de 2,85 % lan dernier. Au 31 décembre 1997, les effectifs réels en fonction à ladministration centrale et répartis dans les différentes directions de la Chancellerie sélevaient à 2.271 agents, dont 477 agents de services déconcentrés en poste à ladministration centrale. Les effectifs budgétaires sont fixés dans le projet de loi de finances pour 2000 à 1.780 agents, soit une légère augmentation des emplois par rapport à la loi de finances initiale pour 1999. Sont créés 4 emplois de magistrats inspecteurs pour linspection générale des services judiciaires et 1 emploi de chef de service, tandis que sont transférés 5 autres postes de directeurs départementaux de la protection judiciaire de la jeunesse. En outre, 9 emplois dagents administratifs de deuxième classe seront transformés en un emploi dadministrateur civil de deuxième classe, 3 de substituts, un dattaché principal de première classe, un dattaché et 3 de contractuels. B. DES FONCTIONS DE GESTION DISPERSÉES Votre Rapporteur souhaite rappeler que lorganisation de ladministration centrale se caractérise par une relative dispersion des responsabilités de gestion, résultat dun héritage fondé sur une séparation entre les services judiciaires dun côté, ladministration pénitentiaire de lautre, et les services de la protection judiciaire de la jeunesse (ex-éducation surveillée). Ainsi, chacune des directions dites « opérationnelles » dispose de fonctions de gestion. Par ailleurs, le budget, linformatique et léquipement relèvent de la direction de ladministration générale et de léquipement. En 1994, à la suite des recommandations du rapport () de M. Jean-François Carrez, magistrat à la Cour des comptes, était intervenu un transfert intégral à la direction des services judiciaires des compétences de gestion des crédits de fonctionnement des juridictions, antérieurement partagées entre la direction de ladministration générale et de léquipement et la direction des services judiciaires. La même année était créé le service de linformation et de la communication, tandis que la direction des affaires criminelles et des grâces et la direction des affaires civiles et du Sceau étaient réorganisées. En 1996, cétait au tour du service des affaires européennes et internationales dêtre réorganisé. Un bureau de lentraide judiciaire en matière civile et commerciale était créé au sein de la direction des affaires civiles et du Sceau. En 1997 se poursuivait la déconcentration de la gestion des personnels de ladministration pénitentiaire, la direction de ladministration pénitentiaire étant elle-même réorganisée en 1998. II. LINFORMATIQUE Les crédits informatiques tels quinscrits dans le chapitre 34-05 ne concernent que ladministration centrale, les services judiciaires, les services pénitentiaires, la protection judiciaire de la jeunesse et les juridictions administratives. Le présent rapport réservera à ces dernières un traitement particulier dans le chapitre V. Les crédits informatiques déconcentrés des juridictions ont été inscrits dans le chapitre 37-92 Fonctionnement des juridictions. La même opération a eu lieu, en 1998, pour les crédits déconcentrés de ladministration pénitentiaire et de la protection judiciaire de la jeunesse. A. LES PROGRAMMES DÉQUIPEMENT INFORMATIQUE DE LA JUSTICE En mars 1993, la Chancellerie a décidé labandon pur et simple du schéma directeur informatique 1990-1994 du ministère de la Justice, à la suite de dérapages financiers et de comportements dont il avait déjà été fait écho dans la presse, dans le rapport spécial doctobre 1993 et plus récemment dans le rapport 1994 de la Cour des comptes. La préparation des applications au passage à la monnaie unique et ladaptation des systèmes à lan 2000 prennent progressivement une importance croissante dans les enjeux des prochains mois. Enfin, les travaux engagés depuis près de deux ans sur le schéma directeur informatique du ministère devraient sinscrire dans la réalisation dun plan quinquennal 1998-2002. Ce schéma directeur a été approuvé par la ministre en juillet 1998 et par le comité technique interministériel chargé de lexamen des schémas directeurs des administrations en mars 1999. Cinq orientations ont guidé la politique informatique de ladministration centrale : lapplication de gestion des personnels du ministère adaptée à la mise en uvre de la déconcentration, lachèvement pour fin 1998 de linformatisation du bureau de lentraide répressive internationale et des conventions pénales, la gestion du parc informatique du ministère, le programme daction gouvernemental pour la société de linformation (PAGSI), le casier judiciaire national pour lequel sont développés des dispositifs de télétransmission des demandes de bulletins formulées par les administrations et les particuliers. Le mouvement de déconcentration observé au début des années 1990, avec le développement de linformatique judiciaire dinitiative locale, a conduit à des aberrations, chaque unité menant sa politique informatique, sans tenir compte de la notion de réseau. Face à cette situation, il a fallu recentrer linitiative en matière informatique et créer une véritable structure centrale, capable de conduire une politique à léchelle nationale. Linformatique pénale est encore fragmentaire. En effet, trois systèmes informatiques sont en service dans les juridictions : la nouvelle chaîne pénale en région parisienne, la chaîne micro-pénale et la chaîne mini-pénale en province selon la dimension des tribunaux de grande instance. Un renouvellement régulier des équipements est en cours. Au plan fonctionnel, le logiciel développé par un éditeur privé pour le suivi de lexécution des peines a été acquis par le ministère et commence à être déployé dans les premiers tribunaux de grande instance. Il en est de même pour le logiciel de traitement des ordonnances pénales, déjà utilisé par près de 340 tribunaux de police, qui fait lobjet, dune part, dune évolution permettant de dématérialiser les échanges dinformations avec les services de la comptabilité publique, dautre part, dune extension dune implantation dans les tribunaux non encore équipés. Le logiciel dinstruction assistée par ordinateur, qui repose sur des techniques de numérisation des documents papier et qui est expérimenté avec succès par quelques magistrats en charge de dossiers sensibles ou volumineux, est mis à la disposition des nouveaux magistrats parisiens (cf. chapitre II). Linformatique civile est en retard. Le secteur civil des cours dappel, tribunaux de grande instance et des conseils de prudhommes relevait jusquau début de 1998 de linformatique dinitiative locale. Lappel doffre lancé en 1997 en vue de lacquisition de logiciels destinés à ce secteur a abouti en avril 1998. Le programme dimplantation des logiciels retenus privilégie les juridictions en difficulté du fait de la défaillance de certains éditeurs de logiciels. Les logiciels acquis par le ministère sont désormais pris en charge au plan central pour ce qui concerne la maintenance et le développement des nouvelles fonctionnalités. Les nouveaux logiciels seront utilisés dans 26 cours dappel à la fin de 1999, ainsi que 97 tribunaux de grande instance et 124 conseils de prudhommes. Enfin, il faut noter que limplantation du logiciel civil au tribunal de grande instance de Paris, prévue au début de 2000, remplacera dix applications indépendantes. Il fonctionnera en liaison avec lautomatisation du traitement de décisions judiciaires (successions, ventes sur saisies immobilières, inscriptions au répertoire civil, etc.). Le projet majeur du ministère de gestion informatisée des détenus en établissement (GIDE) fonctionne, dans son intégralité, depuis le début de 1998 sur les sites pilotes de Fresnes et de Rouen de manière satisfaisante. Son extension à deux nouveaux centres, Val-de-Reuil et Bapaume, a été réalisée. Un audit conjoint du ministère de la Justice et du ministère de lÉconomie a eu lieu au cours du premier semestre 1998. Ses conclusions ont été très satisfaisantes, ce qui a permis de décider le démarrage du déploiement de ce système à partir du début de 1999. Les services concernés de la direction de ladministration pénitentiaire et de la direction de ladministration générale et de léquipement mettent actuellement en place les structures nécessaires à la montée en charge et à la gestion de ce nouveau système. Aujourdhui, le système GIDE fonctionne dans vingt-sept sites. Une vingtaine de sites supplémentaires devrait le faire dici la fin de 1999. Le système devrait être généralisé en 2002. B. UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE DES DOTATIONS Entre 1993 et 1997, les dotations consacrées aux opérations informatiques du ministère (hors juridictions administratives) nont cessé de diminuer, passant de 484,1 millions de francs dans la loi de finances initiale pour 1993 à 313 millions de francs dans la loi de finances initiale pour 1997. Cette baisse résultait en grande partie de lachèvement du plan intérimaire de 1992 et impliquait le recentrage sur un seul grand projet, le projet de gestion informatique des détenus en établissement (GIDE). Sagissant de la loi de finances pour 1998, trois mesures de redéploiement avec dautres chapitres budgétaires du ministère ont été opérées. La première a concerné le transfert de 7 millions de francs du chapitre 37-92 Services judiciaires Moyens de fonctionnement sur le chapitre 34-05. Ce transfert traduisait la prise en charge par ladministration centrale des applications civiles dinitiative locale des cours dappel, des tribunaux de grande instance et des conseils de prudhommes. Les deux autres ont été le résultat du regroupement des crédits informatiques déconcentrés sur des chapitres budgétaires spécifiques. Elles concernaient, dune part, les services pénitentiaires (transfert de 22,03 millions de francs sur le chapitre 37-98), dautre part, la protection judiciaire de la jeunesse (transfert de 8,4 millions de francs sur le chapitre 34-34). En 1999 comme en 1998, les dotations informatiques sont en augmentation sensible, atteignant 370,8 millions de francs au lieu de 337,5 millions de francs. Si les dotations déconcentrées de la protection judiciaire de la jeunesse et des services judiciaires restent stables, en revanche, linformatique centralisée et linformatique déconcentrée des services pénitentiaires bénéficient de hausses appréciables. En 2000, les moyens informatiques vont encore augmenter, puisque la dotation inscrite dans le projet de loi de finances passe à environ 390 millions de francs, lessentiel, soit 263 millions de francs, étant géré directement par la Chancellerie. 46 millions de francs seront consacrés au système GIDE, 44 millions de francs au remplacement des systèmes informatiques des juridictions de province, et 13 millions de francs à la nouvelle chaîne pénale.
CHAPITRE II : LES SERVICES JUDICIAIRES Les crédits des services judiciaires financent le fonctionnement et léquipement de près de 1.200 juridictions, du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), ainsi que des écoles nationales de la magistrature et des greffes (ENM et ENG). Ils couvrent les frais de justice, le coût des réparations civiles, et le financement de laide juridique. Pour 2000, les crédits des services judiciaires devraient atteindre 11.742,2 millions de francs. Ils sont en progression de 0,6 % après une progression de 4,7 % entre 1997 et 1998 et de 5,7 % entre 1998 et 1999. Ils représentent 43 % des crédits du ministère en 2000. Cette relativement faible progression sexplique, notamment, par une hausse importante des dépenses ordinaires (+ 4,2 %) qui est masquée par une réduction substantielle des crédits de paiement pour dépenses en capital ( 39,1 %). En outre, les services judiciaires disposeront en 2000 de 26.290 postes budgétaires, soit 41,7 % de leffectif théorique total du ministère. Les parts de laide juridique, qui mobilise 1.543,6 millions de francs, et des frais de justice qui atteignent 1.885,8 millions de francs, restent élevées puisquelles constituent près de 12,6 % des crédits du ministère et 29,2 % des crédits des services judiciaires. Il convient de relever quaucune création demplois correspondant aux dispositions de la loi de programme ninterviendra pour 2000. Néanmoins, le nombre très important des postes de magistrats et de fonctionnaires créé dans le projet de loi de finances suffit à souligner lapplication satisfaisante de cette loi.
I. LACTIVITÉ JUDICIAIRE EN 1998 A. LES JURIDICTIONS CIVILES Le nombre daffaires nouvelles civiles portées devant la Cour de cassation est en hausse par rapport à 1997, retrouvant ainsi son niveau record depuis 1990 (environ 22.000 affaires). Lévolution est inverse pour les cours dappel qui connaissent un nombre daffaires nouvelles (209.790) moindre par rapport lannée précédente, ce qui confirme le caractère durable du retournement de tendance observé depuis 1996, après la croissance interrompue des affaires nouvelles pendant dix ans. En 1997, la situation devant les tribunaux de grande instance était inédite : le nombre daffaires nouvelles (645.000) diminuait pour la première fois depuis 1986. Cette situation nouvelle résultait en grande partie de la réduction de 39 % des procédures contentieuses de lexécution. Cette nouvelle tendance à la baisse se confirme en 1998, et ce dautant plus que, pour la première fois depuis des années, les contentieux soumis au juge aux affaires familiales ont régressé.
Il est particulièrement regrettable que la Cour de cassation ne fournisse aucune statistique sur son délai moyen de jugement, et ce dautant plus que le nombre daffaires devant elle croît de manière considérable. Si le nombre daffaires nouvelles baisse, en revanche, les durées moyennes des affaires terminées augmentent en 1998 comme en 1997. Les délais de solution passent à 17,4 mois devant les cours dappel et à 9,3 mois devant les tribunaux de grande instance, alors même que le programme pluriannuel pour la justice avait fixé des objectifs, respectivement, de 12 et de 6 mois. Le même décalage entre les objectifs (3 mois) et la réalité (5,1 mois) doit être constaté pour les affaires traitées devant les tribunaux dinstance. ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX DEVANT LA COUR DE CASSATION ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX DEVANT LES COURS DAPPEL Source : ministère de la Justice. ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX DEVANT LES TRIBUNAUX DE GRANDE INSTANCE ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX DEVANT LES TRIBUNAUX DINSTANCE Source : ministère de la Justice. ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX DEVANT LE CONSEIL DE PRUDHOMMES Source : ministère de la Justice. B. LES JURIDICTIONS PÉNALES Sagissant des juridictions pénales, le nombre daffaires nouvelles transmises (6.700) à la Cour de cassation avait diminué en 1997, pour la première fois depuis 1994. En 1998, la tendance à laugmentation a repris avec force, puisquelle atteint 22 % par rapport à lannée précédente, portant le nombre daffaires nouvelles à 8.180. Un ralentissement de la croissance continue de lactivité (32.400 arrêts) des chambres daccusation près les cours dappel était constaté en 1997. Mais avec 34.206 arrêts en 1998, la tendance à la hausse a repris. Le nombre de plaintes, dénonciations et procès-verbaux (4,96 millions) parvenus aux parquets des tribunaux de grande instance a été relativement stable en 1998 par rapport à 1997. Une tendance à la baisse marque le nombre de procédures classées sans suite (taux de 83 %), tandis que le nombre daffaires poursuivies (613.000) était en légère progression. 40.000 affaires ont fait lobjet dune ouverture dinformation devant un juge dinstruction, ce qui confirme la tendance à la baisse constante depuis dix ans. Plus de 378.000 affaires ont été poursuivies devant les tribunaux correctionnels, soit à peu près autant quen 1997. Enfin, près de 144.500 affaires ont été poursuivies devant les tribunaux de police, en progression de 6,2 % par rapport à 1997. II. LES RESSOURCES HUMAINES La loi de programme n° 95-9 du 6 janvier 1995 avait prévu daugmenter les effectifs disponibles de 300 magistrats, de 80 magistrats exerçant à titre temporaire (en équivalent temps plein) et de 1.020 fonctionnaires, dont 185 par levée de mise en réserve. Les recrutements inscrits dans la loi de finances depuis 1995 doivent être ainsi appréciés dans le cadre de lexécution de la loi de programme en tenant compte des gels demplois budgétaires. A. LES EFFECTIFS 1. Les magistrats a) Des magistrats plus nombreux La loi de programme du 6 janvier 1995 relative à la justice avait prévu daugmenter les effectifs disponibles de 300 magistrats et de 80 magistrats exerçant à titre temporaire (en équivalent temps plein). Sur la période 1995-1999, le renforcement des effectifs de magistrats devait seffectuer de façon régulière avec un effort plus soutenu sur la première année. Lobjectif annoncé était de renforcer les effectifs des cours dappel pour leur permettre dabsorber leur retard, de créer des emplois de magistrats du parquet afin de faire face à de nouvelles activités ou à de nouvelles procédures, telles la médiation et la transaction, de créer des emplois de juge de lapplication des peines afin de limiter la récidive, de favoriser les mesures alternatives à lincarcération et de créer des emplois de juge des enfants pour augmenter le nombre des mesures préventives dassistance éducative et mieux suivre lévolution des jeunes délinquants. 60 postes de magistrats ont été créés en 1995 et 1996, puis 30 en 1997 et 70 en 1998. Pour 1999, ce sont près de 80 postes qui seront créés, soit sur cinq ans la création de 300 emplois budgétaires de magistrats, ce qui correspond exactement aux dispositions de la loi de programme. En outre, 36 autres postes de magistrats seront créés en 1999. Le projet de loi pour 2000 prévoit la création de 212 postes de magistrats supplémentaires : · 48 postes de juges de la détention provisoire ; · 100 postes pour lintroduction de la mixité dans les tribunaux de commerce ; · 25 postes dans les tribunaux pour enfants ; · 4 emplois de magistrats pour la réforme du Conseil supérieur de la magistrature ; · 1 emploi pour la réforme de létat civil à Mayotte ; · et 34 emplois de magistrats pour le renforcement des services. Sagissant des postes de magistrats temporaires, seuls 64 ont été créés sur les 80 prévus initialement. Le projet de loi de finances pour 2000 ne prévoit aucune création de postes de magistrats temporaires. La loi organique n° 98-105 du 24 février 1998 portant recrutement exceptionnel de magistrats de lordre judiciaire et modifiant les conditions de recrutement des conseillers de cour dappel en service extraordinaire a autorisé le recrutement de 100 magistrats supplémentaires, dans la limite de 50 postes en 1998 et de 50 postes en 1999. Le recrutement exceptionnel de 90 magistrats exerçant les fonctions de conseiller de cour dappel a été autorisé en 1998 et, pour le même nombre, en 1999. En 1998, parmi les cent lauréats, ont été recrutés des avocats, des professeurs, des ingénieurs ou encore des directeurs dhôpitaux. Louverture des concours exceptionnels devait permettrait de combler les 200 postes vacants de magistrats dans les juridictions.
Si la progression du nombre des postes budgétaires est satisfaisante, il convient de la mettre en rapport avec les effectifs réels de magistrats et préciser que, si des efforts plus significatifs ne sont pas réalisés dans les années à venir, lévolution défavorable de la pyramide des âges ne sera pas inversée.
Votre Rapporteur est favorable à laugmentation du recours au recrutement latéral avec intégration directe (cf. encadré ci-après) afin de conforter les effectifs de magistrats et douvrir cette profession sur davantage de diversité sociale. Si les créations supplémentaires de postes de magistrats apparaissent salvatrices, il convient de ne pas sous-estimer létendue des besoins actuels et à venir. Le développement des procédures de médiation, telles que proposées par exemple par les membres du groupe de travail sur le droit de la famille, dirigé par Mme Françoise Dekeuwer-Defossez, a des incidences fortes sur le facteur « temps » ; si elles sont souples, ces catégories de « procédures » sont souvent chronophages pour les magistrats qui les conduisent ; les expériences menées dans le cadre des juridictions commerciales lont largement montré. Lextension du recours à des procédures souples mais longues obligera nécessairement la Chancellerie à dégager des effectifs de magistrats ; au-delà des gains de productivité toujours possibles, sans augmentation supplémentaire de postes dans les prochaines années, cette évolution risque de conduire à réduire les effectifs disponibles pour des procédures « classiques », qui savèrent déjà pourtant elles-mêmes trop longues. De la même manière, la nouvelle politique de traitement immédiat des cas de délinquance juvénile nécessiterait, dans le cadre de la multiplication des procédures de comparution immédiate, un renforcement significatif du nombre de postes de procureurs. Alors que le nombre de magistrats est passé de 5.000 en 1975 à 6.000 aujourdhui, ils ne sont guère plus nombreux aujourdhui quau milieu du XIXème siècle.
Accroître les recrutements extérieurs permet dinjecter des compétences dans le corps des magistrats. Si la question des rémunérations est réglée le magistrat recruté à lextérieur voit son expérience passée traduite en matière de rémunération , reste celle de lavancement. En effet, les magistrats recrutés à lextérieur commencent leur nouvelle carrière comme simples auditeurs de justice. Ils accèdent plus difficilement aux postes de responsabilité. Tant que ce problème ne trouvera pas de solution adaptée, les meilleures compétences ne pourront être attirées dans le corps de la magistrature par les recrutements extérieurs. Par ailleurs, alors que les contentieux deviennent de plus en plus complexes, le besoin de magistrats spécialisés se fait de plus en plus sentir. Lexemple des pôles financiers (voir infra) le montre suffisamment. Cependant, cette spécialisation nest pas valorisée par le système davancement actuel. En effet, pour avancer dans sa carrière, le magistrat spécialisé dune section financière sera souvent appelé à exercer des fonctions dans dautres sections, dans un autre tribunal, ce qui a pour conséquence, dune part, une perte de compétence pour la section considérée et dautre part, un sentiment de gâchis pour le magistrat lui-même, qui a consacré plusieurs années à se former dans des matières très pointues. Les mouvements de la carrière interdisent le plus souvent une rentabilisation du temps de formation. Par conséquent, sinvestir dans des dossiers implique de renoncer à certains avancements. La réforme du statut de la magistrature en cours devrait permettre daméliorer la situation. À ce titre, une provision de 20 millions de francs a été inscrite dans le projet de loi de finances pour 2000, sajoutant à celle de 18 millions de francs inscrite dans la loi de finances pour 1999. b) Des magistrats mieux formés La formation, en particulier la formation continue, est une question primordiale. Le Président de la République la souligné, à loccasion de son discours prononcé pour le quarantième anniversaire de lÉcole nationale de la magistrature, le 1er octobre 1999, à Bordeaux : « Il convient ( ) dadapter votre formation à lélargissement de vos missions. Les fonctions quun magistrat peut être appelé à exercer au cours de sa carrière sont nombreuses et multiformes. Au-delà de la distinction entre siège et parquet, coexistent en effet, au sein du même corps, des catégories de magistrats très différentes. Quoi de commun, à première vue, entre le juge des enfants, le magistrat affecté dans des sections financières ou anti-terroristes, le juge aux affaires familiales ou le juge dapplication des peines ? ( ) La formation initiale des futurs magistrats doit être aussi complète que possible, associant théorie et pratique et ouverte aux évolutions de la société. Je sais que des efforts importants ont déjà été accomplis dans ce domaine. Ainsi figurent désormais parmi les cours dispensés à lÉcole Nationale de la Magistrature des enseignements déconomie, de comptabilité ou de droit européen. Les magistrats du XXIème siècle devront, en effet, être ouverts sur le monde, au fait des expériences étrangères, être à même de suivre les problèmes économiques et sociaux sur le plan européen et international. « Mais, aussi complète soit-elle, la formation initiale nest pas tout. Il faut encore que les magistrats aient la possibilité, tout au long dune carrière souvent longue, de perfectionner et de compléter leurs connaissances. Aussi est-il indispensable de développer la formation continue des magistrats. Des progrès sensibles ont été réalisés au cours des dernières années. Il faut encore amplifier nos efforts pour permettre à lensemble du corps judiciaire français davancer au même rythme que la société tout entière. » La question de la formation des magistrats aux questions économiques et financières revêt une importance particulière, parce que, dune part, le contentieux lié à ces questions a explosé ces dernières années, et dautre part, les magistrats vont entrer massivement dans les tribunaux de commerce. La création des pôles économiques et financier (voir infra) va dans le même sens. Cest pourquoi, lÉcole nationale de la magistrature a mis en place, parallèlement à un cycle de conférences transversales consacrées au rôle du droit dans le fonctionnement de léconomie, aux risques dans lentreprise ou encore au juge face aux circuits financiers, des ateliers spécifiques relatifs à la gestion de lentreprise, ainsi quun cycle de spécialisation dans ces matières. Enfin, on peut noter que le projet de loi de finances pour 2000 accroît les moyens de lÉcole nationale de la magistrature (13 millions de francs), en particulier pour financer lincidence de laccord salarial du 10 février 1998 sur les rémunérations des auditeurs de justice. c) Des effectifs mieux gérés La politique de recrutements accrus doit saccompagner dune amélioration de la gestion des effectifs. En effet, il ne faut pas se contenter daugmenter les moyens, il faut, dabord, améliorer la productivité. Dans le discours précité, le Chef de lÉtat relevait cette nécessité : « Il est souhaitable que se généralise dans toutes les juridictions un suivi de lactivité des magistrats, sur la base dindicateurs transparents et fiables, tenant compte, bien sûr, de lévolution des moyens mis à votre disposition. Des objectifs doivent être définis. Des échéances fixées. Comme dautres services publics, la justice doit entrer à son tour dans une logique dévaluation. » La mise en place de magistrats placés auprès des chefs de cour, depuis 1987, pour remédier aux vacances demplois et aux divers congés, est un autre moyen de donner de la souplesse dans les affectations de magistrats, entre les juridictions en fonction de leur charge de travail réelle. Leur nombre, passé de 109 en 1995 à 139 en 1998, sajoute à celui des magistrats maintenus en surnombre. En 1999, le nombre de magistrats placés a été porté à 154. Il convient de relever que le coût des magistrats en surnombre sest élevé à environ 34,4 millions de francs en 1999. La mise en place des magistrats exerçant à titre temporaire prévue par la loi organique n° 95-64 du 19 janvier 1995 relative au statut de la magistrature et la loi de programme n° 95-6 du 6 janvier 1995, est également destinée à assouplir la gestion des effectifs de magistrats. Entre 1995 et 1998, 48 postes de magistrats à titre temporaire ont été ouverts par les lois de finances. 16 nouveaux postes ont été ouverts par la loi de finances pour 1999. 4 candidats sont en cours de nomination, tandis que 24 autres dossiers sont en cours dinstruction. d) Des assistants de justice en nombre La loi n° 95-125 du 8 février 1995 relative à lorganisation des juridictions, en son article 20, avait prévu le recrutement dassistants de justice afin de donner aux juges les moyens de se consacrer aux tâches essentielles qui ressortissent directement de leur compétence, en leur apportant le concours de collaborateurs de haut niveau pour assurer les travaux préparatoires à la décision, effectuer des recherches et rédiger des notes juridiques dans les tribunaux dinstance, les tribunaux de grande instance et les cours dappel. Les assistants de justice sont recrutés pour une durée de deux ans renouvelable une fois, parmi les personnes titulaires dun diplôme sanctionnant quatre années détudes supérieures en matière juridique et que leur compétence qualifie particulièrement pour exercer ces fonctions. 203 assistants de justice ont été recrutés pour 7,2 millions de francs en 1996. 100 assistants supplémentaires ont été engagés en 1997 et 220 en 1998. En 1999, un effort particulier pour le recrutement de 400 assistants de justice supplémentaires (15,6 millions de francs) était inscrit dans la loi de finances initiale. Le projet de loi de finances pour 2000 développe cette mesure avec la création de 100 postes dassistants de justice supplémentaire pour un coût marginal de 4 millions de francs. Les fonctions des assistants se sont diversifiées : recherche de documentation et de jurisprudence, rédaction de notes de synthèse des dossiers, rédaction de projets de décisions ou de réquisitoires, prétraitement du courrier pénal général, tri des dossiers audiencés après loi damnistie, proposition de recours aux procédures de médiation-réparation, gestion de la médiation pénale, réalisation des bibles de doctrines ou des jurisprudences, tenue de statistiques, tenue et gestion des bibliothèques et des fonds documentaires... Une évaluation de la manière dont sont utilisés les assistants de justice dont la gestion est déconcentrée au niveau des chefs des cours dappel est menée. Ces travaux sur lévolution des métiers de greffe constituent une première étape pour la mise en place dune gestion qualitative des ressources humaines. Il apparaît que lutilisation des assistants nest pas homogène sur tout le territoire. Pour le juge dinstruction, les obligations de contradictoire impliquent des contraintes particulières, ce qui nemporte pas la même problématique que pour les magistrats du parquet. Le recours aux assistants de justice est particulièrement bien adapté au travail du parquet. Le magistrat, quotidiennement, doit faire face à un important travail matériel (exemple du recensement des nombreuses victimes dans les affaires descroquerie). À terme, un statut dassistant de justice, et des perspectives éventuelles dintégration dans la fonction publique, devront sans doute être créés. Mais il semble prématuré de définir aujourdhui un cadre rigide pour lexercice de cette fonction. La souplesse du système permet dadapter les moyens aux besoins. Lexistence des greffiers placés nest pas aujourdhui suffisante. Si votre Rapporteur se félicite de lassistance apportée par ce nouveau type demploi au service public de la justice, il sinterroge sur les garanties quil présente au regard de la réalisation de certains actes. En effet, ces emplois ne sont pas permanents et pourraient apparaître comme un « pis-aller budgétaire » au regard du travail, accompli en principe, par les agents de greffe. 2. Le personnel des greffes judiciaires a) Les effectifs de fonctionnaires et dagents de justice Leffectif du personnel des greffes judiciaires sélevait en 1998 à 19.403 personnes, soit 32 % du total des effectifs du ministère comme en 1997. En 1999, il a atteint 19.589 postes et il atteindra 19.751 postes en 2000, soit une augmentation de 3,4 % depuis 1996.
Une bonne administration de la justice exige un renforcement des effectifs des greffes judiciaires. La pénurie des moyens de secrétariat et de documentation aboutit à des situations humiliantes et appauvrit la motivation des jugements, ce qui a souvent pour conséquence la multiplication des pourvois en cassation. Le recours aux assistants de justice ne saurait suffire. Il convient de relever que le nombre de fonctionnaires des greffes par magistrat, hors personnel technique de catégorie C, est relativement stable sur la décennie : il était de 2,81 fonctionnaires pour 1 magistrat en 1989 ; en 1999, ce ratio sélève à 2,82. La loi de programme avait prévu la création de 835 emplois de fonctionnaires auxquels devait sajouter la levée de mise en réserve de 185 emplois de personnels de greffe. Entre 1995 et 1998, 185 emplois soumis à un gel ont été « réactivés », et 799 postes ont été créés, dont 300 emplois de catégorie C en 1996 ouverts sans avoir été prévus dans la loi de programme. Pour 1999, 36 nouveaux postes ont été créés, ce qui portera le total sur cinq ans à 835 postes. Au-delà de la loi de programme, 194 autres postes ont été ouverts en 1999. Ces ouvertures font suite au plan exceptionnel de recrutement mis en place en 1998 et qui portait sur 44 emplois de greffiers en chef, 240 greffiers, 475 personnels de bureau et 70 fonctionnaires des filières techniques. Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit la création de 170 postes de fonctionnaires de greffe supplémentaires (dont 15 postes dagents contractuels). 8 seront affectés dans les services pénitentiaires dans le cadre de la réforme des services dinsertion et de probation. Il y a eu 44 transferts de ce type en 1999. Une importante partie de ces créations accompagne la création de postes de magistrats (juge de la détention provisoire et juge des enfants) et le renforcement des services administratifs régionaux (SAR). Enfin, elles combleront les besoins en greffiers en chef dans le cadre du développement des conseils départementaux daccès au droit (CDAD), appelés à remplacer les conseils départementaux de laide juridique (CDAJ). De la même façon que pour les magistrats, quand bien même les effectifs budgétaires de greffe progressent, il conviendrait de réduire le taux de vacance des emplois. Il faut ajouter à ces créations celle de 1.050 agents de justice, à linstar de ce qui existe pour le recrutement dadjoints de sécurité par le ministère de lIntérieur. Ce dispositif a été créé par larticle 29 de la loi n° 99-515 du 23 juin 1999 renforçant lefficacité de la procédure pénale. Affectés dans les juridictions, ces agents, recrutés pour cinq ans, devront assurer des activités répondant à des besoins non satisfaits en matière daccès au droit de publics fragiles au sein des juridictions et des maisons de justice et du droit : assistance et accueil des mineurs et des majeurs en difficultés ainsi que de leur famille, assistance des publics fragiles, illettrés, étrangers maîtrisant difficilement la langue française, assistance à laccueil et à lanimation des maisons de justice, etc. Ainsi, le dispositif « emplois-jeunes » du ministère de la Justice comporte désormais deux volets : · un volet associatif dans le cadre de la loi n° 97-940 du 16 octobre 1997 relative au développement dactivités pour lemploi des jeunes ; · un volet public avec le recrutement direct, sous contrats de droit public, dans le cadre de larticle 29 de la loi du 23 juin 1999 précitée. b) La réforme du corps des greffiers Une réflexion sur lévolution des métiers des greffes a été engagée au cours de lannée 1997 par une commission composée de magistrats et de fonctionnaires de toutes les catégories, qui a dégagé des premières orientations. Le rapport de cette commission a été adressé en septembre 1998 à toutes les juridictions pour consultation. Devant les inquiétudes soulevées par ce rapport, tant chez les magistrats que chez les fonctionnaires, le 28 mai 1999, a été réunie une commission permanente détudes, instance de consultation élargie à lensemble des organisations syndicales de magistrats et de fonctionnaires. Certains axes ont été dégagés, notamment sur les besoins de professionnalisation et sur la nécessité de clarifier les attributions de chacun tant dans le domaine de la gestion que dans le domaine du traitement des contentieux. Ainsi, de par leur statut particulier, les greffiers en chef ont-ils vocation à exercer des fonctions de direction, dadministration et de gestion dans les juridictions sous lautorité des chefs de cour ou des chefs de juridiction. Ils peuvent être assistés dadjoints, greffiers spécialisés dans les différents métiers de la gestion. Dans le domaine du traitement des procédures, les magistrats ont besoin dêtre assistés par des personnels mieux formés et expérimentés travaillant au sein déquipes de professionnels, aux fonctions identifiées et bénéficiant de lapport des nouvelles technologies afin de sortir le juge et linstitution judiciaire de lartisanat. La fonction traditionnelle du greffier est dassister le magistrat. Cest le fondement même de la particularité du statut du greffier, outre des textes de procédure qui disposent que le juge doit être assisté du greffier dans les actes de la juridiction. Ainsi le greffier est-il le collaborateur naturel du juge. Authentificateur des actes juridiques et garant du respect des règles de procédures civile et pénale, sa présence au côté du juge est obligatoire et indispensable. Technicien de la procédure, le greffier doit participer à la préparation et à la mise en forme de la décision juridictionnelle sous lautorité fonctionnelle du juge qui en a la responsabilité. Grâce à un très bon niveau de recrutement et à une solide formation initiale dispensée par lÉcole nationale des greffes, les greffiers sont devenus de véritables professionnels disposant dun haut niveau de compétences. Ils suppléent souvent le juge. Dès le début de lannée 2000 sera engagée lélaboration dun référentiel des métiers de greffe. Cet outil indispensable à la mise en uvre de formations adaptées aux nouveaux besoins de linstitution sera aussi loutil de la mise en place dune gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Il sagira de formaliser les missions et les activités de lensemble des personnels des greffes au sein de fonctions identifiées par domaine. Outil de gestion mais aussi outil de référence pour chaque agent, ce référentiel permettra de satisfaire les besoins de linstitution en compétences nouvelles et de mieux utiliser les compétences actuelles pour accompagner lévolution et la modernisation du service public de la justice. Une réflexion est en cours sur lopportunité de déléguer aux greffiers les attributions initialement confiées aux magistrats et transférées aux greffiers en chef dans le but dassouplir la loi n° 95-25 du 8 février 1995 relative à lorganisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative. B. LES RÉMUNÉRATIONS Les créations demplois en 1999 ont entraîné une ouverture de crédits nouveaux à hauteur de 89,2 millions de francs. Par ailleurs, plus de 116,8 millions de francs correspondront au coût en 1999 de laccord salarial conclu dans la fonction publique sur les bas salaires, sur la revalorisation du point Fonction publique et sur des mesures de pyramidages. Une provision de 18 millions de francs a été inscrite au titre de la réforme du statut de la magistrature. Les travaux interministériels se poursuivent sur cette réforme destinée à accroître les garanties dindépendance, améliorer le déroulement de carrière et permettre une plus grande mobilité des magistrats. Par ailleurs, une mesure de 9,6 millions de francs est destinée à majorer les indemnités des greffiers et greffiers en chef. Le régime indemnitaire des greffiers et greffiers en chef est revalorisé de 0,5 point, portant le taux moyen des indemnités et primes à 20,25 % du traitement brut. Les agents de catégorie C bénéficieront quant à eux dune revalorisation de leur régime indemnitaire de 1 point, portant le taux moyen dindemnités à 17 % du traitement brut. Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit lui aussi une revalorisation des indemnités versées à lensemble des fonctionnaires des services judiciaires grâce à une mesure nouvelle de 17,2 millions de francs. III. LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT Les services judiciaires continuent de connaître un nombre daffaires nouvelles important. Lactivité des juridictions civiles comme des juridictions pénales est maintenue à un niveau élevé, compte tenu des affaires restant à juger, ce qui exige des moyens de fonctionnement importants. A. LE FONCTIONNEMENT MATÉRIEL DES SERVICES JUDICIAIRES La loi de finances initiale pour 1998 a regroupé sur le seul chapitre 37-92 les dotations des chapitres 35-10 Travaux dentretien immobilier ancien et 37-92 Fonctionnement des juridictions. 1. La réforme de la gestion Engagée dès 1987, la réforme de la gestion des moyens des services judiciaires a connu une phase expérimentale entre 1992 et 1994, avant de se stabiliser autour de léchelon fonctionnel de la cour dappel. Le développement de léchelon dadministration implanté dans les cours dappel a été accompagné par les créations successives de fonctions spécialisées : délégué à la gestion budgétaire, délégué à la formation informatique, formateur régional, magistrat chargé de la formation ou délégué à léquipement, relevant parfois auparavant dautorités différentes ou concurrentes. Laccroissement des tâches dadministration, laugmentation des volumes délégués, et le nombre de personnels à gérer nécessitent que les chefs de cour bénéficient de renforts en personnel et en moyens, et que soient réorganisées les diverses structures existantes. Ce dispositif de gestion a été mis en place à partir de 1995. Les services de gestion chargés dassister les chefs de cour dappel ont été réorganisés (création dun service administratif régional, le SAR, dirigé par un coordonnateur). Dans ce cadre, les juridictions ont été invitées à présenter leurs demandes budgétaires dans une optique de budget zéro (élaboration dun budget de base et dun budget de programme). Cette réorganisation de léchelon déconcentré sest traduite par la création à la direction des services judiciaires dune mission de contrôle de lexécution des budgets, qui est opérationnelle depuis la fin de lannée 1996. Elle est dirigée par un magistrat, assisté de greffiers en chef et ponctuellement dun administrateur civil. Elle a vocation à intervenir dans lensemble des 1.200 juridictions, réparties sur 900 sites immobiliers dans 600 communes. Elle établira une typologie des juridictions en fonction de la nature et de lévolution de leurs charges, organisera un contrôle de gestion et fournira une assistance technique aux gestionnaires des cours dappel. Par ailleurs, en 1997, a été mis en place un dispositif de contrôle de gestion ayant pour finalité daider les chefs de cours dappel dans leurs arbitrages budgétaires tant au niveau de lélaboration des demandes que de la répartition entre les juridictions du premier degré de la ressource notifiée en permettant un meilleur suivi des dépenses de fonctionnement des juridictions. Les circuits financiers régissant les services judiciaires demeurent, malgré ces réformes, complexes. La lettre de larrêté du 31 décembre 1993 modifié portant règlement de comptabilité pour la désignation des ordonnateurs secondaires du budget du ministère de la Justice et de leurs délégués est, à cet égard, éloquente. Ainsi le préfet du département siège de la cour dappel est ordonnateur secondaire des dépenses relatives à lactivité des services judiciaires en matière de dépenses informatiques gérées par les cours dappel, en matière de rémunérations des personnels titulaires et des agents non titulaires de droit public et en matière de subventions aux organismes privés ou publics contribuant au contrôle judiciaire. Le préfet de région est, quant à lui, ordonnateur secondaire du budget du ministère concernant les recettes et les dépenses relatives à lactivité de la cour dappel de Paris. Le système de délégation rend le système encore plus complexe, puisque le préfet du département peut donner délégation de signature à un magistrat ou à un fonctionnaire de catégorie A délégué auprès des chefs de la cour dappel de Paris pour lexécution des recettes et dépenses relatives à lactivité des juridictions du premier degré de ce département. Dans tous les cas, une juridiction du premier degré ne peut avoir dautonomie comptable et en aucun cas un chef de juridiction ne peut se voir déléguer la compétence dordonnateur secondaire, délégué ou subdélégué, pour les dépenses déquipement, alors que les directeurs régionaux de ladministration pénitentiaires peuvent être ordonnateurs délégués, y compris pour les dépenses dinvestissement, et subdéléguer leur compétence aux chefs détablissements pénitentiaires dotés de lautonomie comptable en application de larticle 9 du décret n° 57-1409 du 31 décembre 1957 portant organisation comptable des établissements pénitentiaires. Face à cette complexité, une réforme de la procédure dexécution a été initiée par la Chancellerie à titre expérimental dans les ressorts des cours dappel dAmiens, de Rouen, dAngers, Bordeaux, Bourges et Nîmes, ainsi que dans le ressort du tribunal de grande instance de Bobigny dans un objectif de généralisation du dispositif à lensemble des cours dappel dici le 1er janvier 2000. Cette réforme vise à permettre aux chefs de cours dexercer pleinement leurs responsabilités tant en termes de conduite dune politique dynamique de lachat public quen termes de contrôle de gestion. Les circuits actuels de la dépense seront modifiés : seront centralisées au niveau de la cour dappel les informations concernant les dépenses de lensemble des juridictions du ressort, dont jusque là seuls étaient destinataires les ordonnateurs secondaires pour les juridictions de leur département. Dans ce schéma, le service administratif régional constitue lunique interlocuteur des préfets, ordonnateurs secondaires, en matière dengagement comptable et de mandatement des dépenses des juridictions des départements composant le ressort de la cour dappel. Lensemble des juridictions du premier degré du ressort dun tribunal de grande instance (arrondissement judiciaire) est fédéré en centre dépensier disposant dune cellule de gestion budgétaire, laquelle est chargée de tenir la comptabilité des juridictions du premier degré relevant du centre dépensier et constitue lunique interlocuteur du SAR. Les juridictions conservent linitiative de leurs dépenses de fonctionnement, sous réserve de la politique dachat commune déterminée, après concertation, par les chefs de cours. Chaque niveau administration centrale, service administratif régional, cellule de gestion dispose dun outil informatique de gestion. Cette réforme en cours de validation sur les sept sites expérimentaux, sera étendue courant 1998 à une dizaine dautres cours dappel et aux autres cours en 1999. Les SAR ont vu leurs moyens matériels progressivement se renforcer. En 1999, ils bénéficiaient de 685 emplois budgétaires, dont 148 postes de greffiers en chef et 163 emplois de greffiers. Enfin, lexpérimentation de guichet universel de greffe, où le citoyen peut déposer les pièces de la procédure, accomplir diverses formalités administratives ou divers actes de procédure, même si le contentieux nest pas jugé sur le lieu où se trouve physiquement implanté ce guichet et où il peut être informé sur létat davancement de sa procédure en cours devant lune des juridictions concernées, impose aux juridictions une réorganisation de leur fonctionnement et une amélioration de la circulation de linformation qui pourraient être, à terme, source damélioration de la productivité. Cette expérimentation, débutée début mars 1998 à Angoulême, Compiègne et Nîmes, sera étendue en octobre 1999 à Rennes et Limoges. Votre Rapporteur souhaite appeler votre attention sur limportance quil convient daccorder à la formation des magistrats à la gestion, tant que les chefs de juridiction seront chargés de lorganisation et du fonctionnement courant, humain et matériel des tribunaux. 2. Une progression des moyens Cette déconcentration raisonnée sest accompagnée dun mouvement constant de globalisation se traduisant par des modifications substantielles de la nomenclature budgétaire, et en particulier par le regroupement progressif des crédits de fonctionnement au sein du chapitre 37-92.
La progression des moyens des juridictions est en constante augmentation. Ils atteignaient 1.106,18 millions de francs en 1994, ils atteindront 1.334,97 millions de francs pour 2000, soit une augmentation de 20,68 %. Par rapport à la loi de finances initiale pour 1999, la croissance atteint 1,99 %. Les mesures nouvelles proposées pour 1999 ont permis dassurer : · le développement des conseils départementaux daide juridique et la poursuite du programme de maisons de justice et du droit (6 millions de francs) ; · la modernisation des juridictions et la mise en service des nouveaux bâtiments (32,1 millions de francs) ; · la consolidation des pôles de lutte contre la délinquance financière à Paris, en Corse, à Marseille et à Lyon pour 15,7 millions de francs ; · et laccompagnement des premières réformes de la carte judiciaire (5 millions de francs). Dans le projet de loi de finances pour 2000, 26 millions de francs de mesures nouvelles serviront à améliorer les conditions de fonctionnement des juridictions, y compris linformatique déconcentrée. 3. Lorganisation dune justice économique et financière spécialisée Votre Rapporteur souhaite attirer lattention sur la création de structures originales au sein des juridictions : les pôles économiques et financiers. Leur organisation nest pas inédite ; elle répond aux dispositions de larticle 704 du code de procédure pénale, qui prévoit que dans chaque ressort de cour dappel, un ou plusieurs tribunaux de grande instance sont compétents pour traiter la délinquance économique et financière : elle comprend ainsi plusieurs sections du parquet spécialisées et, pour le siège, des cabinets dinstruction, également spécialisés dans la lutte contre la délinquance économique et financière. La nouveauté réside dans le rapprochement géographique de ces deux services au sein dun même lieu, associé à une concentration des moyens. Ces pôles de compétences et de ressources constituent, indéniablement, le paradigme dune justice moderne qui a les moyens des ses missions. Ceux qui considèrent la création des pôles financiers comme la naissance dune justice luxueusement installée et privilégiée se fourvoient. En effet, ce serait admettre comme norme une justice dans laquelle le respect de délais raisonnables sapparente à une question de spéculation métaphysique, où disposer dun bureau pour un magistrat relève du miracle ou, au mieux, dune position hiérarchique très favorable, où linformatique est synonyme de perdition technologique, où les locaux dans lesquels attendent les personnes devant être interrogées constituent à eux seuls une punition. Le contexte de la création des pôles économiques et financiers En octobre 1996, sept magistrats européens lançaient l« appel de Genève » et en appelaient à la création dun espace judiciaire commun pour lutter contre lEurope des paradis fiscaux et largent « sale ». La question de la lutte contre la délinquance financière était mise au cur des débats intéressant linstitution judiciaire. En France, depuis plusieurs années, le manque de moyens des juges chargés des dossiers économiques et financiers a été dénoncé, notamment par les magistrats eux-mêmes, comme en témoigne la lettre adressée au Garde des Sceaux par le procureur et le président du tribunal de grande instance de Paris en octobre 1997. Le contentieux concerné a explosé, et la juridiction de Paris a dû traiter, de plus en plus, des affaires de niveau national quil sagisse « de problèmes de santé publique (dossiers de lamiante, de la vache folle ), daffaires de bourse (délit dinitié à propos de la Société Générale, affaire Saint-Laurent ), de financement des partis politiques (PC, PR, CDS ), dattribution des marchés publics (marchés dinvestissement de la région Île-de-France), de pratiques frauduleuses touchant lensemble dun secteur économique (malversation des syndics de copropriété de lÎle-de-France, réseaux de financement des entreprises textiles parisiennes ), des détournements à léchelle internationale au préjudice dElf-Aquitaine, de la GMF, de lARC, de sinistres affectant le secteur bancaire : affaire Pallas Stern, mais surtout dossier du Crédit Lyonnais » (). Lexigence de transparence et déquité dans la vie économique et financière appelait une réponse efficace. Rétablissant larticle 706 du code de procédure pénal, larticle 91 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions dordre économique et financier modifiant ce code a créé la fonction dassistant spécialisé. Leur statut a été précisé par le décret n° 99-75 du 5 février 1999 pris pour lapplication de larticle 706 de ce code. Il sagit de fonctionnaires détachés ou mis à disposition contre remboursement par leur administration (douanes, impôts, concurrence et répression des fraudes, Banque de France...), spécialistes des matières économiques et financières. Ils assistent les magistrats sans pouvoir cependant effectuer le moindre acte de procédure. Ils peuvent ainsi analyser des documents comptables, apprécier un budget, analyser les conditions de dévolution dun marché public, décrypter des montages financiers destinés à permettre la dissimulation de mouvements de fonds dorigine frauduleux, analyser des états périodiques adressés au parquet par les mandataires de justice, des rapports établis au cours de lexécution du plan de redressement ou des opérations de liquidation judiciaire. Ils sont nommés pour trois ans renouvelables. Ils sont soumis au secret professionnel. La mise en place des premiers pôles financiers entre dans la logique de lapprofondissement de la coopération judiciaire internationale, tel quaffirmé, le 16 octobre 1998, par les ministres de lUnion européenne. Une circulaire du Garde des Sceaux en date du 19 février 1999, est venue préciser les conditions de mise en place des pôles économiques financiers dans certaines juridictions spécialisées (). Lexemple parisien Annoncée dans son principe en décembre 1997, la création dun pôle de magistrats économiques et financiers installé hors du palais de justice de Paris, rue des Italiens, a été confirmée par le Garde des Sceaux, le 25 mai 1998. Le pôle a été inauguré dès le 4 mai 1999. Votre Rapporteur sy est rendu le 29 septembre dernier. Au total, près de 250 personnes, dont 60 magistrats, pour moitié des magistrats du parquet et pour moitié des magistrats dinstruction, ont été regroupées dans les mêmes locaux. Sous lautorité du procureur de la République du tribunal de grande instance de Paris, la division économique et financière du parquet est divisée en quatre sections : lutte contre la délinquance astucieuse, affaires financières, affaires économiques et sociales, cellule commerciale. La section du parquet chargée du contentieux des moyens de paiement, souvent lié aux flagrants délits, est restée au Palais. Seuls les personnels qui étaient volontaires ont déménagé rue des Italiens. Ceux qui voulaient rester au palais de justice ont pu le faire. Côté instruction, un vice-président exerce également les fonctions de juge délégué chargé de désigner les juges dinstruction. Il est habilité à recevoir les plaintes avec constitution de partie civile, ainsi que les consignations. Le service est organisé autour dun vice-doyen et de trente cabinets dinstruction répartis entre économie financière et délinquance astucieuse. Les différentes sections du parquet et de linstruction se sont vues adjoindre des « assistants spécialisés ». Sur les neuf en fonction aujourdhui, cinq travaillent pour le parquet, et quatre pour le siège. Trois sont des inspecteurs de la Banque de France, trois des inspecteurs des services de vérification de la direction générale des impôts, deux sont des inspecteurs principaux de la direction générale des douanes, et un vient de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Les magistrats bénéficient ainsi dune aide considérable. Ils servent dinterface entre le judiciaire et leur administration dorigine par la connaissance quils ont de cette dernière. Ils apportent des compétences extérieures. Inversement, de retour dans leur administration, ils mettront leurs connaissances du système judiciaire au service de leur ministère dorigine, notamment dans la mise en uvre de larticle 40 du code de procédure pénale. Il est probable que le recours aux assistants spécialisés diminue celui qui est fait aux experts. Par ailleurs, les commissions rogatoires adressées à la police judiciaire par les juges dinstruction, qui ne seront pas obligatoirement moins nombreuses, mais seront, dans tous les cas, mieux ciblées, en raison du travail préparatoire effectué par les assistants spécialisés. Cette action se traduira, à terme, par des délais moins longs et une efficacité accrue dans le résultat des poursuites. La loi de finances initiale pour 1999 avait prévu des crédits de vacations pour la création de 19 postes dassistants spécialisés. Le projet de loi de finances ouvre 34 postes. Une régie a été instituée dans les nouveaux locaux. En matière économique et financière, près des trois quarts des dossiers sont déclenchés sur plainte avec constitution de partie civile (aboutissant à environ 85 %) de décision de non-lieu, le solde étant engagé sur la demande du parquet, doù lintérêt pour le justiciable de pouvoir sadresser indifféremment au Palais ou au pôle des Italiens. En revanche, aucune audience ne se déroule rue des Italiens. Les bâtiments sont spacieux. Ils occupent une surface utile de 7.000 mètres carrés, à comparer avec les 1.200 mètres carrés de lancienne galerie financière du palais de justice. Ils sont également fonctionnels. La discrétion de la circulation des personnes est assurée. Léquipement informatique est de bon niveau. Laménagement de locaux de garde à vue est exemplaire, surtout lorsquon les compare à ce qui existe au palais de justice de lîle de la Cité. Le montant des frais dinstallation et déquipement a été chiffré à environ 15 millions de francs, dont 7,6 millions de francs pour le mobilier, 1,6 million de francs pour la téléphonie et 4,7 millions de francs pour linformatique. Les dépenses annuelles de fonctionnement représentent 24 millions de francs, dont 21,5 millions de francs pour la location de limmeuble. Laménagement de celui-ci a été pris en charge par le propriétaire pour un total de 18 millions de francs. Si la sécurité intérieure des locaux est assurée (système de caméra, gardiennage permanent, chambres fortes, etc.), contrairement à ce quon peut constater pour le palais de justice, en revanche, la sécurité extérieure est moins bien garantie : en effet, les bureaux sont largement exposés aux risques de surveillance extérieure. Des moyens informatiques importants ont été déployés dans le bâtiment des Italiens. Les postes sont notamment équipés du logiciel dinstruction assistée par ordinateurs (IAO), qui permet de faire des recherches par mots-clefs à lintérieur dun dossier coté, numérisé et copié sur un cédérom. Une liaison informatique permet de pallier certains inconvénients de la disjonction des locaux du pôle davec le palais de justice. Cette rationalisation et ce renforcement des moyens ont permis des gains de productivité qui limitent les risques dune « justice au carbone 14 ». Lexpérience du pôle financier, récente dans le temps, paraît aujourdhui satisfaisante. Les affaires traitées sont plus nombreuses que les affaires entrées. En conséquence, le stock devrait diminuer. Inévitablement, la productivité augmente ; la qualité de linstruction sera améliorée. Les difficultés liées aux communications avec le palais de justice (transport des dossiers, temps de transport pour assister aux audiences, etc.) montrent cependant combien la dissémination des implantations judiciaires à Paris peut poser problème. Cette constatation milite pour la construction dune nouvelle cité judiciaire à Paris, qui permettrait de réunir lensemble des services du tribunal de grande instance et des tribunaux dinstance darrondissement. Il est prévu de créer trois autres pôles, à Bastia, Marseille, Lyon. En outre, les tribunaux de Nanterre, Bordeaux et Fort-de-France, qui ne bénéficient pas de lensemble des mesures qui caractérisent la constitution des pôles économiques et financiers proprement dits, ont bénéficié de laffectation dassistants spécialisés. Les administrations regroupent leurs services financiers au sein dun pôle spécialisé, à lexemple du service de traitement du renseignement et daction contre les circuits financiers clandestins (TRACFIN) au ministère chargé de léconomie. Seule linstitution judiciaire échappe au phénomène, chaque cour dappel, voire chaque tribunal ayant une section compétente. Mais lexemple de lorganisation de la lutte judiciaire contre le terrorisme est exemplaire de ce point de vue : la compétence est à la fois nationale et spécialisée. Les pôles financiers mériteraient dêtre mis en réseau sur ce modèle. En tout état de cause, ces dernières structures peuvent apparaître comme larchétype de ladaptation de lappareil judiciaire aux évolutions sociales. Les moyens matériels et humains nécessaires ont été apportés. Tous les secteurs de la justice mériteraient un tel traitement. B. LES CHAPITRES ÉVALUATIFS DES FRAIS DE JUSTICE ET DES RÉPARATIONS CIVILES : UNE NOUVELLE PROGRESSION SUBSTANTIELLE DES CRÉDITS Les chapitres 37-11 Frais de justice et 37-91 Réparations civiles sont évaluatifs au sens de larticle 9 de lordonnance organique n° 59-2 du 2 janvier 1959 relative aux lois de finances. Les derniers exercices avaient témoigné dune aggravation des taux de dépassement des crédits ouverts dans les lois de finances. 1. Les frais de justice
La situation du chapitre 37-11, sur lequel simputent les frais de justice semble connaître une nouvelle croissance des dépenses. Mais, désormais, les dotations initiales couvrent les besoins. a) Une forte croissance jusquen 1998 Les dotations initiales inscrites en loi de finances ont connu une progression moyenne de 8,4 % entre 1995 et 1998. Le chapitre a été régulièrement abondé en cours dannée : 20 millions de francs en 1992, 140 millions en 1993, 50 millions en 1994, 75 millions en 1995, et 63,6 millions de francs en 1996. En 1995 et 1996, les dotations initiales ont été abondées au cours de lannée en raison des événements intervenus en cours de gestion : apurement des impayés relatifs aux réquisitions à France Télécom prévu par la convention en novembre 1995 entre lentreprise et le ministère (1995), transfert de crédits lié à la suppression de la franchise postale (1996). En 1997 et 1998, aucun abondement nest intervenu en cours dexercice. En 1998 et pour la première fois depuis des années, la dotation initiale a couvert les besoins. Les frais de justice pénale représentent 69 % de la dotation, les frais de justice civile 17 % et les frais de justice commerciale 12 %. Les différences dévolution entre les différents types de frais sont importantes. Les frais pénaux sont passés de 923 millions de francs en 1995 à 1.126 millions de francs en 1998, soit une progression de 22 %. Laugmentation des frais pénaux résulte principalement de quatre sources : les dépenses dexpertise et dexamens médicaux (353 millions de francs) ; les frais de saisie, mise sous séquestre, de fourrière et scellés (91 millions de francs) ; les réquisitions aux opérateurs de télécommunications (130 millions de francs) ; les frais denquête, de contrôle judiciaire et de médiation (81 millions de francs). La hausse de ces derniers résulte en grande partie du développement des alternatives à la détention et de celui de la médiation pénale (). Les frais de justice civile, sur la période 1995-1998, ont progressé de 27,5 %, passant de 220 millions de francs à 281 millions de francs. Ils sont principalement composés des frais postaux (170 millions de francs), des frais de procédures suivies en application de la législation en matière de tutelle des mineurs, de tutelle et de curatelle des majeurs et de sauvegarde de justice et des frais denquêtes ordonnées en matière dexercice de lautorité parentale. Les frais de justice commerciale sont constitués des frais de procédure avancés par lÉtat (émoluments des huissiers, redevance de greffe, frais dinsertion et dimpression des jugements) dans les procédures de redressement et de liquidation judiciaire en cas dinsuffisance de fonds immédiatement disponibles. Ils progressé de manière très contrastée au cours des dernières années, augmentant globalement de 29 % entre 1995 et 1998, année où ils atteignent 190 millions de francs. b) Lamorce dun ralentissement ? Un effort de maîtrise des dépenses Devant la croissance continue et considérable des frais de justice, un contrôle a été mis en place. La circulaire du 16 avril 1996 a institué un suivi de la dépense par tribunal de grande instance et par cour dappel. Les cours dappel ont adressé semestriellement à la Chancellerie un rapport présentant lévolution de la dépense de frais de justice pénale dans leur ressort. À la suite des dérives constatées, le Garde des Sceaux a engagé une adaptation des mécanismes en cours. La circulaire du 14 octobre 1997 a renforcé le dispositif de suivi des frais de justice. La circulaire du 2 mars 1998 a diffusé des informations sur lévolution de la dépense au niveau national en 1997 et a fixé un objectif indicatif dévolution de la dépense de 4 %. Dans la circulaire aux cours dappel du 27 octobre 1998, plusieurs mesures précises ont été mises en place : extension du dispositif de contrôle des frais de justice par les juridictions aux frais de justice civile et commerciale, organisation par les cours dappel des conditions dune mise en concurrence des prestataires de service dans les domaines non tarifés, rappel du champ des frais de justice commerciale et de leurs modalités de contrôle, établissement par la Chancellerie dun tableau de bord mensuel national communiqué aux juridictions avec une analyse de la dépense tous les trimestres, etc. Le décret n° 99-203 du 18 mars 1999 modifiant le code de procédure pénale et relatif aux frais de justice, accompagné de sa circulaire de présentation en date du 5 juillet 1999, a mis en uvre cette volonté. Un certain nombre dactes ont été ainsi revalorisés : expertise psychiatrique, expertises psychologiques et médico-psychologiques, traduction et interprétation, tandis que certaines catégories de frais étaient tarifées (photocopie, cryptologie). La tarification du gardiennage des véhicules a été modifiée en vue de mieux maîtriser la dépense, tandis que les procédures de contrôle étaient renforcées. Par ailleurs, une certaine simplification a été introduite dans divers domaines : frais de diffusion des décisions de justice, frais dimmobilisation, indemnité supplémentaire de comparution des jurés, témoins et experts, frais de déplacement des magistrats, etc. Par ailleurs, les articles 21 à 23 de la loi n° 99-515 23 juin 1999 relative aux alternatives aux poursuites et renforçant lefficacité de la procédure pénale, qui simplifient les règles de conservation des objets, permettront sans doute dobtenir une réduction importante de la durée du gardiennage et des frais correspondants. Cette loi a également facilité lusage de la télécopie pour les notifications en matière pénale. Enfin dans le cadre de la réforme de la justice commerciale, à la suite du dépôt des rapports de la commission denquête parlementaire et de la mission conjointe des inspections des finances et des services judiciaires, il est prévu de réformer le mécanisme davances des frais par le Trésor, en cas dinsuffisance de fonds immédiatement disponibles. Un bilan provisoire En 1999, au regard de la dépense prévisible, il nest pas prévu dabonder la dotation initiale. En effet, les comptes de lAgence comptable centrale du Trésor (ACCT) font apparaître pour le premier trimestre 1999 une stagnation de la dépense par rapport à la même période de 1998 (+ 1 %), alors même que la dotation budgétaire avait été augmentée de 7,4 %. Il semble que le ralentissement résulte en partie des efforts de maîtrise des dépenses. Ce ralentissement est confirmé pour 2000, puisque la dotation augmentera de 6,2 %, de 1.748,5 millions de francs à 1.857,8 millions de francs. Néanmoins, la progression de près de 110 millions de francs devrait répondre aux besoins nouveaux. Ce montant résulte : · de mesures de maîtrise de la dépense, déconomies et de transferts engagées et mises en uvre en 1999 et 2000 (économie de 22,62 millions de francs dans le projet de loi de finances) ; · dun ajustement de 32 millions de francs correspondant à lévolution tendancielle des frais ; · dune mesure nouvelle de 41,03 millions de francs pour financer limpact de laffiliation au régime général de la sécurité sociale des collaborateurs du service public de la justice, en vertu de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 ; · dune mesure nouvelle de 58,81 millions de francs afin de financer, dune part, conformément à la décision du conseil de sécurité intérieure du 27 janvier 1999, le développement de missions confiées aux délégués du procureur (10 millions de francs), dautre part, limpact du projet de loi relatif à la présomption dinnocence et aux droits des victimes et prévoyant lindemnisation des personnes relaxées, acquittées ou bénéficiant dun non-lieu (30 millions de francs) et enfin limpact de la loi n° 99-105 du 18 juin 1999 relative à la sécurité routière (mise en place dun dépistage toxicologique systématique des conducteurs impliqués dans un accident mortel). 2. Les réparations civiles Le chapitre 37-91 a connu en 1997 une hausse substantielle de 51,1 %. Cette progression a été rendue nécessaire par le dépassement systématique des dotations inscrites dans les lois de finances initiales. La situation au 31 août 1996 montrait déjà des signes de tension forts quil convenait dabsorber en 1997. La sincérité des dotations budgétaires est, depuis, améliorée. En 1998 et pour 1999, la dotation est stabilisée à 20,7 millions de francs et devrait permettre déviter des dépassements trop importants. En 2000, la dotation est reconduite au même niveau.
C. LE DÉVELOPPEMENT DE LAIDE JURIDICTIONNELLE ET DE LACCÈS AU DROIT Les crédits de laide juridique sont des crédits évaluatifs. En 1997, ils ont été transférés du titre III vers le titre IV (chapitre 46-12 nouveau). Laide juridique constitue bien, en effet, une dépense dintervention : lÉtat se substitue aux justiciables ayant des revenus modestes pour régler les honoraires des auxiliaires de justice, au premier rang desquels figurent les avocats. Votre Rapporteur axera essentiellement son propos sur lévolution des crédits de laide juridictionnelle qui constitue lessentiel des dépenses dans cette matière. 1. Un système réformé Le dispositif de laide juridique comprend trois volets : · laide juridictionnelle est mise en uvre par les bureaux daide juridictionnelle qui octroient cette aide aux personnes qui la demandent, par les greffes qui attestent de lexécution des missions effectuées par les avocats, par les caisses de règlements pécuniaires des avocats (CARPA) qui gèrent la rétribution des avocats et par le Trésor public qui assure directement, sans ordonnancement, la rétribution des autres auxiliaires de justice (avoués, huissiers) ; · laide à laccès au droit peut intervenir en dehors de tout procès pour faciliter linformation juridique des plus démunis et organiser lassistance au cours de procédures non juridictionnelles. Cette aide relève de la compétence des conseils départementaux de laide juridique (CDAJ), qui ont été transformés par la loi n° 98-1163 du 18 décembre 1998 relative à laccès au droit et à la résolution amiable des conflits en conseils départementaux de laccès au droit (CDAD) ; · laide à lintervention de lavocat au cours de la garde à vue, prévue pour la première fois par la loi n° 93-2 du 4 janvier 1993 portant réforme de la procédure pénale et modifiée par le projet de loi relatif à la présomption dinnocence et aux droits des victimes, distincte de laide juridictionnelle, est cependant imputée sur le chapitre 46-12 Aide juridique. Réformée par la loi n° 91-637 du 10 juillet 1991 modifiée relative à laide juridique et le décret n° 91-1266 du 19 décembre 1991, laide juridique a vu ses dépenses tripler depuis lors : elle représentait 1.201 millions de francs en 1997 au lieu de 401 millions de francs en 1991. La rémunération des avocats représente près de 85 % du total. Le nombre des admissions est passé de 579.856 en 1994 à 703.746 en 1998. Le bilan de la réforme réalisé en 1995 a conduit à engager plusieurs séries de modifications. La loi n° 95-125 du 8 février 1995 relative à lorganisation des juridictions, tenant compte des difficultés de recrutement des membres des bureaux daide juridictionnelle, a ouvert la présidence de ceux-ci à des magistrats honoraires ou des membres honoraires des juridictions administratives. Le décret n° 97-1221 du 26 décembre 1997 a permis de renouveler une seconde fois à titre exceptionnel la nomination ou la désignation des membres honoraires daide juridictionnelle établis près la Cour de cassation et le Conseil dÉtat. Dautres textes réglementaires ont consolidé les règles relatives à la gestion par les caisses de règlement pécuniaire des avocats des dotations versées par lÉtat au titre des missions daide juridictionnelle. Larticle 82 de la loi n° 98-657 dorientation relative à la lutte contre lexclusion a prévu que les personnes sans domicile fixe peuvent adresser leur demande daide juridictionnelle au bureau établi au siège de la juridiction dans le ressort de laquelle se trouve lorganisme daccueil choisi par elle. La loi n° 98-1163 du 18 décembre 1998 relative à laccès au droit et à la résolution amiable des conflits a apporté, dans son chapitre premier, une réforme importante de la loi du 10 juillet 1991. Quatre séries de mesures ont été définies : · le domaine de laide juridictionnelle est étendu à la transaction avant linstance. Le système antérieur permettait une rétribution au titre de laide juridictionnelle de lavocat qui était parvenu à une transaction au cours dinstance, ce qui supposait la saisine préalable dune juridiction. Cette rétribution de lavocat est prévue, même en cas déchec des pourparlers transactionnels ; · la condition de ressources est levée pour les personnes formulant une demande devant les juridictions des pensions militaires ; · les dispositifs de retrait et de remboursement sont unifiés, tandis que lavocat du bénéficiaire de laide doit désormais demander le versement de la part contributive de lÉtat dans un délai de six mois à compter du jour où la décision est passée en force de chose jugée ; · les bureaux daide juridictionnelle sont réorganisés. Le président du bureau, statuant seul, ou un vice-président en qualité de délégataire, peuvent rejeter les demandes manifestement irrecevables ou dénuées de fondement, mais aussi accueillir la demande lorsquelle ne se heurte à aucune difficulté particulière. Ils peuvent également ordonner les mesures dinvestigation nécessaires pour un contrôle plus rigoureux du respect des conditions de ressources. La décélération des demandes et des admissions à laide juridictionnelle observée en 1996 sest confirmée en 1998. Les admissions ont augmenté pour les contentieux des mineurs et le contentieux administratif ; elles ont été stables pour les contentieux familiaux hors divorce, et ont régressé pour les divorces, les contentieux prudhomaux et les contentieux devant les tribunaux correctionnels. Les plafonds de ressources fixés à 4.400 francs et 6.600 francs en 1992 ont été revalorisés chaque année en fonction de lévolution de la tranche la plus basse du barème de limpôt sur le revenu. Au total, les plafonds pour 1999 de laide totale (4.940 francs) et de laide partielle (7.412 francs) ont progressé de 12 % depuis 1992, soit un taux supérieur à lévolution des prix (10 %). En 2000, la revalorisation des plafonds sera calquée sur lévolution de la limite supérieure de la première tranche du barème de limpôt sur le revenu. 2. Un coût important En 1998, laide juridique a coûté 1.240,76 millions de francs. Elle représentait 726 millions en 1994, soit une progression de 70,9 %. Le principal poste de dépense est constitué par la rétribution des avocats : 1.038 millions de francs en 1998, soit une somme de 30.000 francs en moyenne par avocat. La dotation budgétaire de laide juridique est passée de 1.228,5 millions de francs dans la loi de finances initiale pour 1998 à 1.443,72 millions de francs dans la loi de finances pour 1999, soit une progression de 17,5 %. Un ajustement de 149 millions de francs a tenu compte de laugmentation du volume des admissions. Une mesure déconomie de 31 millions de francs correspond à limpact des mesures de contrôle de la dépense et damélioration du recouvrement des rétributions par lÉtat. 97,4 millions de francs ont accompagné la mise en uvre du plan de la réforme de la justice et de la loi du 18 décembre 1998 précitée.
Pour 2000, la dotation budgétaire consacrée à laide juridique passera de 1.444 millions de francs à 1.544 millions de francs, soit une croissance de 6,9 %. Laugmentation de 99,9 millions de francs résulte : · dun ajustement technique de 12,4 millions de francs pour tenir compte de lévolution prévisible des dépenses ; · dune mesure nouvelle de 3,6 millions de francs destinée à financer limpact de laffiliation au régime de sécurité sociale des collaborateurs du service public de la justice, en vertu de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 ; · dune révision des services votés de 1,3 million de francs pour tenir compte de limpact en 2000 des mesures de contrôle de la dépense engagée en 1998 et 1999 ; · dun transfert de crédits de 2,6 millions de francs en provenance du chapitre 37-11 Frais de justice afin de prendre en charge les frais dassistance devant le tribunal des pensions militaires et la réforme des modalités de saisine du juge de lexécution en matière dexpulsion ; · et, enfin, de moyens nouveaux à hauteur de 82,6 millions de francs liés au financement des mesures prévues par la loi du 18 décembre 1998 relative à laccès au droit et à la résolution amiable des conflits (12,8 millions de francs), par la loi du 23 juin 1999 juin 1999 relative aux alternatives aux poursuites et renforçant lefficacité de la procédure pénale (4,1 millions de francs) et par le projet de loi renforçant la présomption dinnocence et prévoyant lintervention dun avocat dès la première heure de garde à vue (40 millions de francs). Sy ajoutent la revalorisation de la rétribution des avocats en matière daide juridictionnelle (17 millions de francs), celle des tarifs des missions daide à lintervention au cours de la garde à vue (7 millions de francs), et lalignement des plafonds de ressources pour ladmission à laide juridictionnelle dans les départements doutre-mer sur ceux de métropole (1,6 million de francs). Sagissant de la seule réforme de la garde à vue, actuellement en discussion devant le Parlement, la dotation budgétaire y afférent passera de 30 millions de francs à 77 millions de francs. Cette somme permettra de financer une revalorisation de 10 % des rétributions des avocats pour ces missions, afin de prendre en compte les contraintes supplémentaires dorganisation des permanences des avocats. Le budget de laccès au droit destiné à financer les conseils départementaux daide juridique (CDAJ) appelés à devenir des conseils départementaux de laccès au droit (CDAD) sest élevé à 6,2 millions de francs en 1997, le ministère de la Justice fournissant une dotation de 1,5 million de francs. En 1998, ces chiffres sont passés respectivement à 11,3 millions de francs et 2,8 millions de francs. Pour 1999, le ministère de la Justice a réservé 8,5 millions de francs au financement des conseils départementaux existants et à créer au cours de lannée. Le projet de loi de finances pour 2000 porte la subvention à 12,5 millions de francs soit une augmentation de 47 %. Ces crédits sont imputés sur le chapitre 46-01 Subventions et interventions diverses, article 20 Services judiciaires : crédits déconcentrés. Enfin, il convient de relever quune subvention de 6 millions de francs avait été décidée également en 1999 sur le chapitre 37-92 Services judiciaires Moyens de fonctionnement et de formation pour permettre lacquisition du premier équipement en matériel informatique et en mobilier de bureau et pour réaliser des documents de communication sur laccès au droit. Il faut rappeler que la loi du 18 décembre 1998 relative à laccès au droit et à la résolution amiable des conflits a consacré lexistence des maisons de justice et du droit en les insérant dans le code de lorganisation judiciaire, dans le livre VII, au titre XII. Leur organisation était fondée jusqualors sur une circulaire de la direction des affaires criminelles et des grâces en date du 19 mars 1996. Il existe à ce jour 38 maisons de justice. 15 sont en création et 55 dossiers sont en cours dinstruction pour lannée 2000. Laccès au droit, sil doit être favorisé par lÉtat, doit être totalement pris en charge par lui. Ce domaine est au cur de ses missions régaliennes. Il doit en assumer totalement la responsabilité, prendre appui sur les professions judiciaires associées si nécessaire, mais ne pas reporter sur ces dernières la charge financière qui en résulte. IV. LÉQUIPEMENT JUDICIAIRE Léquipement judiciaire fait lobjet de dotations budgétaires importantes (585,5 millions de francs de crédits de paiement pour 2000). Ces dotations budgétaires sont destinées à deux actions principales : · le programme pluriannuel déquipement qui a intégré, pour une part, les objectifs de la loi de programme et qui absorbe la grande majorité des crédits ; · le programme déconcentré réservé aux opérations de moindre ampleur, mais qui intègre les opérations constantes qui ont lieu en faveur du palais de justice de Paris. Lanalyse des crédits déquipement judiciaire doit prendre en compte la succession de trois programmations correspondant à des dotations distinctes de crédits pour des travaux immobiliers de même nature, dotations imputées sur un même chapitre en 1996 (57-11 ancien), mais transféré à partir 1997 aux articles 20 et 30 du chapitre 57-60 Équipement : · lancement en 1992 dun programme pluriannuel déquipement des juridictions (PPE) ; · dans le cadre du Plan de relance pour la Ville de 1993, transfert par répartition à partir du budget des charges communes dautorisations de programme et de crédits de paiements ; · intégration de léquipement judiciaire dans le cadre de la loi de programme du 6 janvier 1995, prévoyant 4.500 millions de francs dautorisations de programme jusquen 2000. Compte tenu de lentrée en vigueur de la loi de programme en 1995, les autorisations de programme ont augmenté fortement à cette période, avant de décroître significativement en 1997 en raison de la décision détalement de lapplication de la programmation sur une année supplémentaire. Les crédits de paiement ont suivi la même évolution avec un certain décalage qui sexplique à la fois par un retard dans la programmation et par le mouvement naturel qui lie louverture des autorisations de programme et les crédits de paiement.
Sagissant du programme pluriannuel déquipement des services judiciaires, la consommation des autorisations, qui connaissait des problèmes importants avec des taux dutilisation inférieurs à 60 % avant 1995, a connu une lente amélioration, alors même que le montant des autorisations de programme affectées ou notifiées augmentait de façon importante : ainsi le taux dutilisation des autorisations de programme atteignait 64 % en 1995, 70 % en 1996 et 82 % en 1997. Cette amélioration simposait compte tenu de la cible privilégiée que constituaient, pour la régulation, les autorisations de programme et les crédits de paiement non consommés. Cette situation qui témoignait du retard pris dans le montage des différentes opérations se concluait, notamment, par le report pur et simple de la construction de nouveaux palais de justice. Les progrès entrepris à partir de 1998 ont été poursuivis en 1999, de telle sorte que les engagements pris dans la loi de programme ont été remplis cette année en termes dautorisations de programme, alors même quun report dapplication avait été décidé en 1997. 678 millions de francs dautorisations de programme ont ainsi été ouverts au titre de la loi de programme entre 1995 et 1999. Pour 2000, les autorisations de programme augmenteront de 17 % et les crédits de paiement baisseront de 40 %. Il sagit de rééquilibrer les deux éléments. En effet, depuis 1997, la baisse du niveau des autorisations de programme judiciaires, due à leffort particulier consenti sur léquipement pénitentiaire, a obligé le ministère à fractionner la mise en place des financements programmés, soit à différer le lancement dopérations prêtes à entrer dans leur phase de travaux. La consommation des crédits de paiement nétait donc pas optimale, ce qui a impliqué dimportants reports de crédits. Ainsi près de 420 millions de francs de crédits de paiement devraient être reportés de lexercice 1999 à lexercice 2000. La baisse des crédits de paiement enregistrée dans le projet de loi de finances devrait donc être compensée par ces mouvements à venir. A. LE PROGRAMME PLURIANNUEL DÉQUIPEMENT Le programme pluriannuel déquipement (PPE), né en 1992 des vingt-six schémas directeurs départementaux dopérations prioritaires, devait sachever en 1998. Il est théoriquement financé sur le chapitre 57-60 Équipement, article 30 Programme pluriannuel déquipement. Mais les frontières sont floues. En effet, le programme a pu fédérer des opérations en cours, financées parfois sur un autre article. De plus, lintégralité des opérations nest pas gérée par la délégation générale au programme pluriannuel déquipement (DGPPE). Lengagement de certaines opérations prioritaires de taille plus modeste est décidé de façon déconcentrée. Les 20 principales opérations sont cependant gérées par la délégation. 9 ont été dores et déjà livrées : Aix, Béthune, Bordeaux, Caen, Lyon, Melun, Montpellier, Nanterre, Nice. À lengagement de nombreux chantiers, il faut ajouter la prise en charge exceptionnelle de la reconstruction du Parlement de Bretagne à Rennes. Au total, lopération devrait coûter 401,5 millions de francs, dont 384 millions de francs pris en charge par lÉtat, par le ministère de la Justice et par le ministère de la Culture. Après le financement de mesures durgence, lopération de réhabilitation a été divisée en trois sous-opérations : la reconstruction du gros uvre pour 163 millions de francs, le réaménagement fonctionnel de lespace pour 78 millions de francs et la restauration des décors historiques du Parlement pour 140,5 millions de francs. Lopération sest achevée en 1999. En 1999, 614 millions de francs de crédits de paiement et 348 millions de francs dautorisations de programme ont été ouverts. Ces crédits permettront de poursuivre et douvrir certaines opérations importantes : Nice (réhabilitation), Grasse (construction), Nantes (construction), Grenoble (construction), Fort-de-France (construction), Avignon (construction). Dautres opérations ont été placées en attente, notamment en raison du réexamen de la carte judiciaire (Avesnes-sur-Helpe, Thonon-les-Bains, Bourgoin-Jallieu, Moulins). Les crédits 1999 confirment la possibilité dengager fin 1998 les travaux pour les opérations de Toulouse et Besançon. En revanche, lopération de Pontoise devait être reportée au-delà de lexercice 1999. Les opérations de Grasse, Rennes et Nice ont été achevées. Pour 2000, 170,5 millions de francs de crédits de paiement et 344 millions de francs dautorisations de programme sont prévus. Les opérations dAvignon (livraison en septembre 2000), Grenoble (livraison en décembre 2000), Fort-de-France, Besançon, Nantes (livraison au second semestre 2000) et Toulouse devraient se poursuivre, tandis que seront lancées les opérations de Pontoise et de Versailles. Le cas de Narbonne est en cours dexamen. B. LE PROGRAMME DÉCONCENTRÉ Aux opérations prioritaires du programme pluriannuel, sajoutent celles du programme déconcentré dune moindre ampleur. Elles concernent à la fois le palais de justice de Paris (voir C) et des opérations initiées par les cours dappel. Il sagit à la fois de remise à niveau technique et de gros entretiens des bâtiments judiciaires. Par son montant, lenveloppe dautorisations de programme inscrite dans la loi de finances pour 1999 correspond aux ressources obtenues en 1998. Ce maintien des dotations permettra la poursuite de la politique déquipement mise en uvre en 1998. Devaient être ainsi livrées en 1998 les opérations de Lille et Roubaix, et en 1999 celles dÉvreux, Laval, Nancy, et Toulon. En 1998 ont commencé les travaux de restructuration de Belfort et, en 1998 et 1999, les études se sont poursuivies pour les opérations de Laval, Béziers, Roanne, Rodez et Saint-Étienne. En hausse de 30 % par rapport à lenveloppe budgétaire attribuée en 1999, la dotation pour 2000 (461 millions de francs) du programme déconcentré sera essentiellement consacrée à des opérations de sécurité et de rénovation. Par ailleurs, le début effectif des travaux sera engagé à Bordeaux et à Cahors. La poursuite des études engagées pour Bobigny et Laval est prévue, de même que le lancement des études pour le palais de justice de Niort. Le tableau suivant présente les principales opérations judiciaires réalisées depuis dix ans :
C. LE PALAIS DE JUSTICE DE PARIS En raison de la taille du bâtiment et de sa sur-occupation et de ses carences en matière de sécurité et de fonctionnalité, le palais de justice de Paris fait lobjet de constantes opérations déquipement. Au 1er juin 1998, les autorisations de programme mises en place auprès du service immobilier du palais de justice de Paris sélèvent à 80,8 millions de francs sur un total annuel programmé de 94 millions de francs. Ces crédits sont destinés dune part à compléter le financement des travaux de mise en sécurité durgence, de la rénovation des installations de chauffage et de la réfection entreprise au tribunal de commerce. Ils ont permis dautre part de lancer de nouvelles opérations aux fins de sécuriser et de restructurer des locaux. En 1999 ont été poursuivis ou engagés la rénovation des installations de chauffage (30 millions de francs dautorisations de programme), des interventions durgence sur le clos et le couvert, lélimination des éléments de toitures et de façades dégradés, la rénovation des façades, toitures du tribunal de commerce, la restructuration et la mise en sécurité des caves des entreprises, laménagement de locaux, et laménagement du bâtiment darchives de Vitry-sur-Seine (10,6 millions de francs en 1999). Pour 2000, le palais de justice de Paris bénéficiera de 50 millions de francs dautorisations de programme. Une part importante de ces crédits sera consacrée aux travaux de mise en sécurité des différents sites du palais, mais également à des opérations daménagement et de restructuration des locaux. Votre Rapporteur se déclare favorable à la construction dun nouveau palais de justice à Paris destiné à accueillir, notamment, le tribunal de grande instance. La très grande majorité des magistrats ne possèdent pas de bureaux. Les salles daudience sont souvent trop exiguës. Il existe très peu de salles de réunion et les espaces publics sont encombrés. Un audit réalisé par un organisme externe au ministère de la Justice a conclu à lexistence dune situation déplorable. Selon les estimations, il manque aujourdhui près de 60.000 mètres carrés au palais de la Cité. En 1998, 223 agents dont plus de 200 magistrats étaient contraints, faute de bureaux, de travailler en dehors du palais. Les besoins de mise en sécurité et de restructuration du palais actuel sont estimés à près dun milliard de francs. Aujourdhui, le déficit de surface oblige à compter le parc immobilier des juridictions par des locations coûteuses. Ainsi, 60 millions de francs sont nécessaires pour loger le conseil de prudhommes, le tribunal de police, le service de lapplication des peines, le service administratif régional et le pôle de lutte contre la délinquance financière. Selon diverses estimations, la construction dun nouveau palais permettrait de gagner 25 % de productivité. Les coûts de construction dune nouvelle cité judiciaire sont évalués, selon les sources, à environ 2 milliards de francs. Lacquisition de 100.000 mètres carrés engagerait une dépense denviron 1 milliard de francs, La même somme devrait être consacrée à la construction proprement dite des nouveaux locaux. La juridiction de Paris qui constitue la plus grosse juridiction européenne mériterait un tel investissement, et ce dautant plus que la situation actuelle se caractérise par la multiplication des sites dimplantation, à lexemple du pôle économique et financier, dont il faut assurer les loyers. Paris doit séquiper dun équipement judiciaire adapté à lampleur de ses activités. Votre Rapporteur souligne la nécessité impérieuse dengager le plus rapidement possible les études nécessaires de programmation et de maîtrise duvre, ce qui nécessite louverture rapide de crédits, qui pourrait intervenir dès la loi de finances rectificative pour 1999.
V. LA RÉFORME DE LA CARTE JUDICIAIRE Votre Rapporteur a tenu à faire le point sur la réforme de la carte judiciaire qui reste un problème lancinant de la modernisation de la justice, inscrit en tant quobjectif prioritaire dans la loi de programme du 6 janvier 1995 (article 5). Cest une question fondamentale pour faire gagner la Justice en productivité, en efficacité, en reconnaissance sociale. Le ministère de la Justice justifie ainsi la nécessité dadapter en profondeur la carte judiciaire actuelle : « parce que les 1.200 juridictions () actuelles résultent dune organisation judiciaire et administrative qui date de Napoléon Ier, quelles sont inégalement réparties sur le territoire métropolitain et présentent des niveaux dactivité peu homogènes, parce que depuis la réorganisation de la carte judiciaire en 1958, les mouvements de population, les techniques et les infrastructures de communication ont profondément redessiné le paysage de notre pays, parce que la complexité et linadéquation de la carte judiciaire aux réalités démographiques, sociales et économiques actuelles vont à lencontre dune justice rapide et accessible pour tous. » Les écarts entre les charges de travail individuelles des magistrats demeurent frappants : de 1993 à 1996, le nombre daffaires civiles et pénales par magistrat varie de 229 à 396 dans les cours dappel pour une moyenne nationale de 307 ; le nombre daffaires pénales par magistrat dans les parquets généraux des cours dappel varie de 201 à 527, pour une moyenne nationale de 335 ; la variation est de 353 à 1.264 affaires civiles et pénales nouvelles par magistrat dans les sièges non spécialisés des tribunaux de grande instance, pour une moyenne nationale de 676 ; pour les parquets, le nombre de procès-verbal poursuivi varie de 816 à 5.300 pour une moyenne nationale de 2.040. Depuis 1994, plusieurs décrets sont intervenus pour modifier ponctuellement la carte judiciaire (). Par ailleurs, en application de la loi n° 95-125 du 8 février 1995 relative à lorganisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative, le décret n° 96-157 du 27 février 1996 a précisé les modalités dorganisation des audiences foraines et des chambres détachées des tribunaux de grande instance. Dans la ligne des orientations fixées par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale du 19 juin 1997, le Garde des Sceaux a fait connaître son intention de moderniser le fonctionnement du service public de la Justice, dont lévolution de la carte judiciaire constitue un élément essentiel. Dans cet esprit, par circulaire en date du 1er juillet 1997, il a été demandé aux chefs de cour et aux préfets de poursuivre la consultation sur la carte judiciaire qui avait été initiée par le précédent Garde des Sceaux puis suspendue pendant la période électorale, et dajouter aux interlocuteurs déjà rencontrés les représentants des associations directement concernées par le fonctionnement de la Justice. Dans le même esprit, une « mission carte judiciaire », placée auprès du directeur des services judiciaires et chargée de conduire des réflexions sur la réorganisation du réseau des juridictions dans le cadre des orientations définies par le Garde des Sceaux a été mise en place. Installée en avril 1998, cette mission, composée de cinq fonctionnaires dirigés par un membre de la délégation à laménagement du territoire et à laction régionale (DATAR), a commencé de fonctionner pleinement à partir de septembre 1998. Elle a établi une méthodologie basée sur des études de terrain et a mis en uvre des outils cartographiques élaborés. Par ailleurs, un comité ministériel de la réforme de la carte judiciaire présidé par le Garde des Sceaux, réunissant les directeurs et les chefs de service du ministère a été créé en septembre 1998. Le programme sétalera sur cinq ans. Une priorité a été accordée à la carte des tribunaux de commerce. Les premières mesures devraient porter au total sur plusieurs dizaines de sites dans les six cours dappel qui comptent le plus de juridictions consulaires (Caen, Rouen, Dijon, Montpellier, Poitiers et Riom). Des consultations avec les élus des régions concernées ont été organisées. Les décisions reposent notamment sur la prise en compte des bassins demploi, du cadre de vie et de limportance des réseaux de communications. 5 millions de francs avaient été provisionnés dans le budget 1999 pour financer les premières mesures. Celles-ci sont intervenues avec le décret n° 99-659 du 30 juillet 1999 portant suppression de tribunaux de commerce et le décret n° 99-660 du 30 juillet 1999 modifiant le décret n° 91-692 du 18 juillet 1991 fixant le nombre des juges et le nombre des chambres des tribunaux de commerce, le nombre des assesseurs des chambres commerciale des tribunaux de grande instance du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle et le nombre des juges élus des tribunaux mixtes de commerce des départements outre-mer. Le Président de la République la répété, lors du discours prononcé pour le quarantième anniversaire de lÉcole nationale de la magistrature, le 1er octobre 1999, à Bordeaux : la réforme de la carte judiciaire a été « trop longtemps repoussée » et reste « aujourdhui plus que jamais nécessaire ». « Il faut que la justice adapte sa présence et ses moyens aux réalités nouvelles de notre territoire. Cest à ce prix quelle pourra uvrer efficacement à la lutte contre les violences urbaines et linsécurité. » Votre Rapporteur se déclare favorable à une méthode souple, agissant au cas par cas, progressivement, ressort de cour dappel par ressort de cour dappel, sous peine de perdre cette réforme, si nécessaire, dans les sables de linstitution judiciaire et des inerties locales, et de coaguler les conservatismes de tout bord. CHAPITRE III : LADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE Les crédits de ladministration pénitentiaire financent le fonctionnement et léquipement de près de 190 établissements accueillant environ 60.000 détenus. Ils assurent également la prise en charge des condamnés en milieu ouvert. Les crédits des services pénitentiaires devraient dépasser 7.856 millions de francs en 2000, soit 28,79 % du budget du ministère. Ils sont en progression de 5,85 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1999, après une hausse de 5,79 % l'an passé. Les dépenses de personnel et de fonctionnement continuent de croître de 3,85 %. Les autorisations de programme baissent de 32,9 %, après un triplement entre 1997 et 1998. Comme lan passé, la tendance est inverse pour les crédits de paiement destinés à couvrir les dépenses en capital, puisquils augmentent de 36,3 %. L'administration pénitentiaire disposera, par ailleurs, de 25.868 postes budgétaires en 2000, au lieu de 25.574 en 1999. Le taux d'exécution du programme pluriannuel pour la justice, s'agissant des services pénitentiaires, est relativement faible en termes demplois, même si l'on tient compte du report d'un an de l'échéance du programme et des efforts réalisés dans les projets de loi de finances pour 1999 et pour 2000. Néanmoins, il convient de souligner que cette carence est largement due au fait que les établissements destinés à accueillir lensemble des créations demplois nont pas encore été construits.
I. LA PRISE EN CHARGE DE LA POPULATION PÉNALE A. LINFLATION CARCÉRALE Après une augmentation continue du nombre de détenus interrompue seulement entre 1988 et 1990, le nombre de personnes incarcérées diminue pour la troisième fois en 1998 après la première baisse enregistrée en 1996. Ces baisses sont enregistrées au 1er janvier. Il faut rappeler que les fluctuations en cours dannée peuvent être extrêmement importantes. Les premiers mois de lannée sont traditionnellement une période de forte croissance, tandis quune décrue samorce dans la seconde partie de lannée sous leffet, notamment, des grâces collectives. Compte tenu de ces éléments, il faut souligner que la progression globale de la population carcérale entre le mois de janvier et le mois de juillet 1999 a atteint près de 9,2 %, à comparer à laugmentation de 6,2 % sur une période comparable lannée précédente. En flux dentrées, le chiffre atteint 72.972 personnes en 1998. La tendance générale à la hausse constatée sur la dernière décennie sest traduite par une surpopulation carcérale, qui reste inquiétante, et ce dautant plus quelle se double dun taux de prévenus important. Si le taux moyen doccupation est de 118 % sur lensemble des établissements, nombre dentre eux connaissent des taux doccupation alarmants (). Le taux monte à 132 % en maison darrêt. 44 maisons darrêt ont une densité comprise entre 150 % et 200 % et pour 12 maisons darrêt, elle dépasse 200 %. Dans les établissements pour peine, la densité atteint 91 détenus pour 100 places. Au début de lannée 1999, cest-à-dire à une période basse de lannée, on pouvait constater des taux de 258 % pour la maison darrêt de Meaux, de 230 % pour celle de Fontenay-le-Comte, de 174 % pour la maison darrêt de Montauban, de 158,7 % pour la maison darrêt de Béziers, plus de 194 % pour la maison darrêt de Laval et près de 209 % pour celle du Mans, 163 % pour la maison darrêt de la Roche-sur-Yon, 189 % pour la maison darrêt de Bayonne, 186 % pour la maison darrêt de Loos, 181 % pour la maison darrêt de Lyon Montluc, 164 % pour la maison darrêt de Foix et celle de Toulouse, 144 % pour la maison darrêt de Tarbes, 181 % pour la maison darrêt de Nice, 147 % pour la maison darrêt de Béthune. Sagissant des établissements pour peine, on enregistre des taux doccupation également préoccupants : au 1er juillet 1998, cest-à-dire à une période haute de lannée, les taux atteignaient :116,7 % pour le centre de détention de Perpignan, 110 % pour le centre de détention de Lorient, 105,5 % pour le centre de détention de Liancourt, 103 % pour le centre de détention de Draguignan, et 102,5 % pour le centre de détention de Bédenac. En outre-mer, les chiffres dépassent largement ceux enregistrés en métropole : au milieu de lannée 1998, le taux atteint 228,1 % pour la maison darrêt de Basse-Terre, 222,7 % pour celle de Saint-Pierre, 195,7 % pour la maison darrêt de Saint-Denis. Les établissements pour peine connaissent la même surpopulation avec des taux doccupation de 280 % pour la maison centrale de Nouméa (345 % au 1er janvier 1999), de 174,1 % pour la maison centrale du Port, de 136,9 % pour le centre de détention de Faaa et de 127,4 % pour le centre de détention de Ducos. Le taux moyen doccupation atteint 125 % au 1er janvier 1999, dans les départements doutre-mer et près 139 % dans les territoires doutre-mer. Ce dernier constat traduit bien, malgré les efforts déquipement réalisés ces dernières années en outre-mer, lévolution constante du nombre de personnes incarcérées hors de métropole : laugmentation est particulièrement importante en 1997, avec une progression supérieure à 18 %. Elle se prolonge en 1999, avec une croissance de 6,1 %, portant le nombre total de personnes incarcérées dans les départements doutre-mer à 3.289. Elles nétaient que 1.418 en 1986. Les explications de ce phénomène sont connues : importance croissante de population pénale, durée des procédures, aggravation des peines prononcées par les juridictions (développement de certaines infractions, notamment celles liées aux stupéfiants), allongement des durées de détention (de 4,6 mois en moyenne en 1980 à 8,3 mois en 1998), recours fréquent à la détention provisoire. Certaines conséquences de cette surpopulation pénale sont clairement soulignées par le ministère de la Justice : « la surpopulation pénale dans les maisons darrêt engendre une promiscuité qui rend les conditions de détention pénibles et désocialisantes. Cette situation est dautant plus paradoxale que les maisons darrêt sont destinées à accueillir des prévenus bénéficiant de la présomption dinnocence et des condamnés à de très courtes peines demprisonnement, donc amenés à retourner à la vie libre rapidement. Elle nest sans doute pas étrangère à la survenance dactes dauto-agressions (automutilations, tentatives de suicides et suicides) ou dagressions à légard des personnels de surveillance. ( ) Cette surpopulation peut aussi entraîner le non-respect de certaines dispositions relatives au régime de détention prévues par le code de procédure pénale, notamment en ce qui concerne la séparation des prévenus et des condamnés. ( ) La surpopulation carcérale augmente la charge de travail des personnels, et notamment des personnels de surveillance, dans la mesure où lorganigramme dun établissement est calculé en fonction de sa capacité daccueil théorique et non pas en fonction de son taux doccupation. » () Face ces questions et pour mettre en place une veille permanente sur les conditions de détention, un groupe de travail sur lamélioration du contrôle externe des établissements pénitentiaires a été mis en place sous la présidence du Premier président de la Cour de cassation, M. Guy Canivet.
76,9 % des condamnés (32.261) sont incarcérés pour accomplir une peine d'emprisonnement correctionnelle. Cette proportion a peu évolué depuis 1980. 3,2 % de cette population est condamnée à une peine criminelle dune durée comprise entre cinq et dix ans, tandis que 18,2 % subissent une peine criminelle dune durée de dix à trente ans. 1,8 % de la population condamnée effectue une peine à perpétuité. Le classement des infractions par ordre décroissant donne en premier le viol et autres agressions sexuelles (21 %), en deuxième les infractions liées aux stupéfiants (16,8 %), en troisième le vol simple (14,5 %), puis le vol qualifié (12,7 %). Ces postes regroupent à eux seuls 65 % des condamnations. Suivent les crimes de sang, la violence sur mineurs, le faux et usage de faux, le recel, lescroquerie, labus de confiance, etc. Le taux de prévenus se maintient à un niveau trop élevé, compris depuis une décennie entre 40 et 45 %. Le nombre de prévenus sest stabilisé autour de 20.000 personnes. Si le « stock » total de prévenus au 1er janvier 1999 sétablissait à 20.452 personnes, il convient de souligner que sur lannée 1998, 13.962 prévenus étaient incarcérés alors que linstruction nétait pas terminée, 3.514 étaient en attente de comparution, 676 étaient en situation de comparution immédiate, et 2.057 étaient en position dappel ou de pourvoi. 18.647 prévenus ont bénéficié, cette même année, dune ordonnance de mise en liberté, dun non-lieu et mainlevée, dun acquittement ou dune relaxe. 40 % des prévenus sont mis en examen. Le taux de mise en détention provisoire des mineurs est particulièrement important. Il atteint 77 % des mineurs incarcérés (63,9 % en 1990). Il faut noter que 90 % des mineurs sont incarcérés au titre dune détention provisoire (80 % pour lensemble de la population détenue) et 70 % sont libérés suite à une ordonnance de mise en liberté (23 % dans lensemble de la population détenue). En outre, lors de la condamnation ultérieure à lordonnance de mise en liberté, on constate que plus de la moitié des mineurs soit nont pas été condamnés (pas dinscription au casier judiciaire), soit ont fait lobjet dune condamnation sans emprisonnement (mesure éducative, peine de substitution...). Moins de la moitié des mineurs sont condamnés à une peine demprisonnement ferme et, lorsque cette peine intervient, elle est le plus souvent couverte par la détention provisoire. Le nombre de mineurs détenus a sensiblement augmenté ces dernières années (975 au 1er juillet 1999, dont 123 âgés de moins de seize ans). Ce problème a été placé au centre des conclusions des conseils de sécurité intérieure des 8 juin 1998 et 27 janvier 1999. La diminution manifeste de la part des prévenus dans l'ensemble de la population pénale, 49,4 % en 1985 et 38,6 % en 1999, ne s'explique pas par une baisse du nombre des prévenus, mais par une forte augmentation du nombre total des détenus. La loi n° 96-1235 du 31 décembre 1996 relative à la détention provisoire et aux perquisitions de nuit en matière de terrorisme a assoupli les conditions dindemnisation, puisquil nest plus exigé que la détention ait causé un préjudice « manifestement anormal et dune particulière gravité » pour donner droit à indemnisation ; la simple démonstration dun préjudice est suffisante. La loi du 30 décembre 1996 est entrée en vigueur le 31 mars 1997 et certaines de ses dispositions visant à limiter la durée de la détention en matière correctionnelle ne sappliquent que depuis le 1er juillet 1998. Lobjectif de la loi est de limiter le recours à la détention provisoire en réduisant le nombre des placements et en diminuant la durée des détentions. Le juge dinstruction ne peut placer une personne en détention provisoire que lorsque cette mesure est lunique moyen de mettre fin au trouble exceptionnel et persistant de lordre public causé par linfraction ; auparavant, le juge dinstruction pouvait placer une personne sous mandat de dépôt pour préserver lordre public. Dautre part, la loi tend à améliorer lefficacité de la procédure de référé-liberté. Le président de la chambre daccusation peut désormais examiner juridiquement lappel et non plus seulement le déclarer suspensif. Par ailleurs, il exerce maintenant un contrôle au fond portant sur le respect des conditions prévues par la loi et non plus seulement sur leur méconnaissance manifeste. Ainsi, si le président de la chambre daccusation infirme lordonnance du juge dinstruction, il peut ordonner la remise en liberté de la personne et éventuellement la placer sous contrôle judiciaire. Enfin, la loi introduit dans le code de procédure pénale la notion de délai raisonnable en obligeant le juge dinstruction à justifier, au-delà dun délai de huit mois en matière correctionnelle et dun an en matière criminelle, les raisons pour lesquelles son instruction est toujours en cours alors que lintéressé demeure détenu et à indiquer le délai prévisible dachèvement de la procédure. Enfin, la loi institue de nouveaux délais maximum de détention provisoire : un an pour les délits punis dune peine demprisonnement inférieure ou égale à cinq ans, lorsque la personne a déjà été condamnée, alors quauparavant cette durée était de deux ans, et deux ans pour les délits punis de plus de cinq ans mais de moins de dix ans, alors quil nexistait jusqualors aucun délai butoir dans cette hypothèse. Malgré la mise en uvre de cette réforme introduite par la loi du 30 décembre 1996 relative à la détention provisoire et aux perquisitions de nuit en matière de terrorisme, il ne semble pas que la durée moyenne de détention provisoire diminue, au contraire : de 4,1 mois en 1995, elle atteignait 4,4 mois en 1997. Il reste que le nombre de prévenus a baissé de 4,1 % entre le 1er janvier 1997 et le 1er janvier 1998. Une enquête relative à la mise en uvre de la loi est actuellement en cours de réalisation auprès des directions régionales de ladministration pénitentiaire. En tout état de cause, limpact des dispositions de la loi du 30 décembre 1996 sur le prononcé et la durée de la détention provisoire paraît particulièrement faible. Compte tenu du caractère massif et quasi « culturel » du placement en détention provisoire, votre Rapporteur sinterroge sur lefficacité réelle sur le nombre et la durée des détentions provisoires des dispositions présentées par le Gouvernement dans son projet de loi renforçant la présomption dinnocence et le droit des victimes tendant à créer un juge de la détention provisoire et à limiter les conditions de placement en détention provisoire. La trop longue durée des procédures est sans doute une des causes importantes du nombre de personnes détenues de manière provisoire. Enfin, on peut relever de nouveau le fait que lencombrement dont souffrent régulièrement un grand nombre de maisons darrêt ne permet pas de respecter systématiquement les dispositions légales relatives à la séparation des prévenus et des condamnés, et a fortiori celles concernant la protection des détenus primaires du contact avec les récidivistes. La réforme de la détention provisoire contenue dans le projet de loi relatif à la présomption dinnocence et aux droits des victimes, actuellement en discussion, ne permettra sans doute pas de réduire massivement le nombre de prévenus. B. LA RÉFORME DU DISPOSITIF DES MESURES ALTERNATIVES À LINCARCÉRATION 1. Une réorganisation progressive Sous la pression de l'inflation carcérale et sous linfluence des travaux de recherche relatifs à la réinsertion des personnes détenues, les autorités judiciaires ont développé des peines alternatives à l'enfermement total pour les personnes passibles de courtes peines, en recourant soit aux mesures de milieu ouvert, soit à la semi-liberté. L'augmentation du nombre de prévenus confirme le caractère nécessaire de cette orientation. Votre Rapporteur sétait, lan passé, prononcé pour une accélération des réformes dans ce domaine. Cest pourquoi il se félicite de la volonté, exprimée par le Garde des Sceaux à loccasion du Conseil des ministres du 8 avril 1998, de mettre en uvre une politique globale damélioration des décisions de justice et dinciter ladministration pénitentiaire à mieux adapter ses réponses pour favoriser les alternatives à la détention. Ont ainsi été préconisées la création demplois et la réforme des services pénitentiaires dinsertion et de probation, la prise en charge spécifique de la population toxicomane, les actions en faveur des plus démunis avec un renforcement des mesures dinsertion professionnelle, la prise en charge des auteurs de délits à caractère sexuel, la création de centres pour peines aménagées (CPA) et la relance des mesures de libération conditionnelle. La réforme de la libération conditionnelle a été lancée, le 21 septembre 1999, avec linstallation dune commission de quinze membres présidée par M. Daniel Farge, conseiller à la Cour de cassation. Aujourdhui, la libération conditionnelle dépend du juge d'application des peines (JAP) pour les peines inférieures à cinq ans, et du Garde des Sceaux pour les autres peines. Cette mesure est de moins en moins utilisée : en 1973, 30 % des condamnés proposables ont bénéficié d'une mesure de libération conditionnelle décidée par un juge dapplication des peines, contre 14% en 1998, alors même que la longueur moyenne des peines s'est allongée de 4,1 mois en 1975 à 8,3 mois l'an passé. Or, le taux de récidive est quasiment deux fois moins important chez les condamnés qui ont bénéficié de cette mesure que chez les autres. L'un des enjeux du groupe de travail sera de réfléchir à une « judiciarisation » de la libération conditionnelle, à savoir la création d'une procédure contradictoire, au terme de laquelle serait rendue une décision motivée et susceptible de recours. La responsabilité incomberait « soit à un juge dapplication des peines, soit à une formation juridictionnelle classique de trois juges, compétente dans son ressort, soit à une formation unique compétente sur le plan national ». Il convient de relever que cette commission est la sixième, depuis 1983, à se pencher sur le sujet. Toutes ces mesures impliquent un élargissement et approfondissement du recours au milieu ouvert. La population pénale prise en charge en milieu ouvert a constamment augmenté ces dernières années. S'agissant des seules personnes condamnées, le milieu ouvert couvre principalement les régimes du sursis à l'emprisonnement, du sursis avec mise à l'épreuve, du travail d'intérêt général (TIG) ou de la libération conditionnelle. Le milieu ouvert où interviennent les comités de probation et d'assistance aux libérés (CPAL) et associations habilitées, sous la responsabilité du juge de l'application des peines et d'un chef de service éducatif, qui est aussi chargé de la surveillance des mesures de contrôle judiciaire et des enquêtes rapides concernant les prévenus. 109.349 sursis avec mise à lépreuve (SME) étaient décidés au 1er janvier 1999 au lieu de 94.933 un an plus tôt. Les SME représentent 75 % des peines alternatives prises en charge par les CPAL. La même évolution peut être constatée pour les TIG (12.996 mesures en 1993, 23.952 en 1999) et les mesures de libération conditionnelle prises par le juge de lapplication des peines ou par le Garde des Sceaux (4.591 décisions en 1993, 4.685 en 1999). Quant aux mesures de semi-liberté, elles sont passées de 6.045 au 1er janvier 1994 à 6.863 au 1er janvier 1999. Si les projets de semi-liberté sont encore peu nombreux, il faut souligner que lutilisation de cette mesure nécessite des structures pénitentiaires indépendantes (les centres de semi-liberté) ou des quartiers spécifiques des maisons darrêt et des centres de détention qui ne disposent pas toujours de lencadrement nécessaire pour prendre en charge le public concerné. La montée en charge des mesures de milieu ouvert a nécessité une réforme des CPAL, réforme engagée dès 1986. Lobjectif était de mutualiser laction des différents comités sur un plan départemental. Il sagissait de rapprocher de façon significative, et ce jusquà la fusion des structures, des services socio-éducatifs du milieu ouvert et ceux du milieu fermé. La mise en uvre de ce vaste mouvement débutera avant la fin de lannée 1998 et sétendra progressivement à lensemble du territoire. Incluse dans la communication du Garde des Sceaux en date du 8 avril 1998 au Conseil des ministres, la réforme des CPAL est entrée dans une phase active avec le décret n° 99-276 du 13 avril 1999 modifiant le code de procédure pénale et portant création des services pénitentiaires dinsertion et de probation (SPIP), qui marquent la mutualisation des comités de probation et des services sociaux des établissements pénitentiaires. Ces services ont une compétence départementale. Par ailleurs, une réflexion a été engagée sur la mise en place de centres pour peines aménagées (CPA), structure pénitentiaire dont la mission principale serait le traitement de la petite et de la moyenne délinquance en donnant la priorité à linsertion, afin déviter lincarcération pour courtes peines en maison darrêt. Les CPA constitueront un lieu de détention pour les condamnés faisant lobjet dun placement extérieur ou dune semi-liberté, mais aussi des condamnés avec une peine ou un reliquat de peine de moins dun an provenant de liberté ou de maison darrêt, volontaires mais qui nont pas de projet dinsertion immédiat leur permettant de bénéficier des mesures daménagement de peine. Dès 1999, deux centres pour peines aménagées ont été créés à Metz-Barrès et à Marseille dans des structures existantes. 16 millions de francs ont financé cette action. Le programme de développement des CPA se poursuit en 2000, avec lengagement de nouvelles études. 2. Des moyens accrus Ces réformes ont dû saccompagner dun renforcement des moyens. Or, si le nombre de peines globales prises en charge par les CPAL est passé de 109.303 en 1994 à 130.345 en 1997, les crédits du chapitre 46-01 alimentant ces structures et les associations agissant dans ce secteur ont été réduits sur la même période : ils atteignaient 15,3 millions de francs en 1994 et seulement 13,4 millions de francs en 1997. En 1999, les moyens des CPAL seront portés à 19,1 millions de francs, soit une augmentation de 19,5 % par rapport à 1998. Lannée 1998 qui a vu, véritablement, le lancement de la réforme a été marquée par le recrutement de 200 travailleurs sociaux supplémentaires et par un renforcement des moyens de fonctionnement des CPAL, tandis que les crédits du chapitre 46-01 destinés à accompagner cette action connaissaient une progression de 24,2 % par rapport à 1997 (16,7 millions de francs). La loi de finances pour 1999 a poursuivi les efforts réalisés en matière de personnels dinsertion et de probation et dassistants sociaux. Les effectifs consacrés au milieu ouvert sont passés de 1.481 personnes en 1993 à 1.720 personnes en 1998, soit une progression de 16,1 %. Le projet de loi de finances renforce ces moyens : création de 25 emplois pour les services pénitentiaires dinsertion et de probation (SPIP) et 19 millions de francs de fonctionnement. Les CPA bénéficieront pour leur part de 30 emplois. Le développement des alternatives à lincarcération, avec la mise en uvre de la réforme des services pénitentiaires dinsertion et de probation engagée avec le décret du 13 avril 1999 alliée à un renforcement important des effectifs des personnels socio-éducatifs intervenant désormais indifféremment en milieu ouvert ou fermé, devrait permettre une diminution de la population incarcérée. II. LES PERSONNELS PÉNITENTIAIRES Laugmentation des moyens mis à la disposition de ladministration pénitentiaire, sous peine de ne pas produire son plein effet et de ne pas être à la mesure de laccroissement des charges quelle supporte, doit s'accompagner d'une réforme de l'organisation des ressources humaines. A. LAUGMENTATION DES MOYENS Au 1er juillet 1999, ladministration pénitentiaire employait en effectifs réels 25.148 personnes, dont 20.014 au titre de la surveillance des établissements, pour un nombre de postes vacants de 326 (190 parmi le personnel socio-éducatif).
En 1999, les effectifs budgétaires de ladministration pénitentiaire sélevaient à 25.474 personnes, soit 41,22 % de leffectif total du ministère, au lieu de 40,9 % en 1995. En 2000, la proportion passera à 41 %. La progression est de 20,9 % depuis 1990. Entre 1990 et 2000, les effectifs de ladministration pénitentiaire ont progressé de près de 21 %, alors que dans le même temps, lévolution de la population pénale atteignait plus de 16,3 %. Le présent projet de loi de finances propose la création de 394 emplois, dont 8 emplois transférés en provenance des services judiciaires.
1. Les objectifs de la loi de programme La loi de programme du 6 janvier 1995 avait prévu la création de 3.920 emplois au sein de ladministration pénitentiaire, dont 770 en milieu ouvert, 1.750 pour les constructions nouvelles et 1.400 emplois dencadrement des détenus dans les structures existantes. Les 1.400 emplois dencadrement des détenus devaient être répartis de la façon suivante : · 160 emplois pour les maisons darrêt régionales ; · 75 emplois pour les services médico-psychologiques régionaux ; · 1.165 emplois au titre de la résorption des déficits demplois. Les échéanciers prévisibles étaient les suivants : · 32 emplois par an sur les cinq années du plan seraient créés dans les maisons darrêt régionales ; · 75 emplois étaient à créer sur les trois premières années du plan pour tenir compte dans les services médico-psychologiques régionaux des dispositions de la loi n° 94-89 du 1er février 1994 instituant une peine incompressible et relative au nouveau code pénal et à certaines dispositions de procédure pénale. La résorption des déficits demplois devait être favorisée par la création de 350 emplois en 1995, 408 en 1996 et 407 en 1997. 2. Les personnels de surveillance a) Les effectifs Les surveillants constituent la très grande majorité du personnel employé par l'administration pénitentiaire. Leurs effectifs augmentent régulièrement (+ 19,5 % depuis 1990). Il y avait 19.987 postes budgétaires de surveillants en 1999, soit une augmentation de 6,3 % depuis 1994. En 1999, ils représentent près du tiers des effectifs du ministère. La loi de finances pour 1995 a créé 351 emplois de surveillance (301 surveillants, 38 premiers surveillants, 12 chefs de service pénitentiaire). Dans le cadre du programme pluriannuel, la loi de finances pour 1996 a ouvert les crédits nécessaires pour le recrutement de 334 personnels de surveillance (268 surveillants, 40 surveillants spécialisés, 26 chefs de service pénitentiaire). Par ailleurs, hors loi de programme, 142 emplois de surveillants ont été créés en surnombre, conformément au protocole d'accord du 18 janvier 1995 et afin de mettre en service les centres pénitentiaires de Ducos (Martinique) et de Baie-Mahault (Guadeloupe). La loi de finances pour 1997 a prévu la création nette de 167 emplois. 127 dentre eux ont permis douvrir le centre pénitentiaire de Remiré-Montjoly en Guyane. 105 de ces emplois étaient des emplois de surveillants. Par ailleurs, le ministère de la Justice a continué de bénéficier dune autorisation de recrutements en surnombre de 150 emplois de surveillants qui, si elle est utile, est du point de vue légal hautement contestable. La loi de finances pour 1998 a créé 88 personnels de surveillance dont 50 pour les quartiers de mineurs détenus et les autres pour l'extension du projet d'exécution de peine, le renforcement administratif des directions régionales et la mise en place de la déconcentration. En outre, les services pénitentiaires devaient garder l'autorisation d'un surnombre de 150 emplois. Une autorisation supplémentaire de recrutement en surnombre denviron 360 élèves surveillants, transmise par lettre du ministre de lÉconomie, des Finances et de lIndustrie en date du 18 février 1998, a permis, par ailleurs, de réduire les vacances demplois et de rendre plus dynamique la gestion des effectifs. Ce surnombre autorisé complémentaire permet danticiper sur les départs à la retraite. La loi de finances pour 1999 a prévu la création de 220 postes de surveillance. Ces emplois ont servi à louverture de nouveaux établissements et à lamélioration de la prise en charge des détenus par un encadrement renforcé. Pour 2000, le projet de loi de finances prévoit la création de 386 emplois pénitentiaires, dont 269 emplois de surveillance, qui se répartissent comme suit : · 122 emplois pour le renforcement de la sécurité, de lhygiène et de laction sanitaire ; · 15 emplois pour la création dunités de vie familiale dans les établissements pour longues peines ; · 30 emplois destinés aux centres pour peines aménagées (CPA), pour une meilleure prise en charge de la petite et moyenne délinquance ; · 118 emplois de surveillance pour améliorer le dispositif carcéral spécifique aux mineurs. Sajoutent à ces emplois 21 transformations demplois (soit au total 290 nouveaux postes budgétaires de surveillants) et 350 postes dagents de justice. Le taux dencadrement était en 1999 de 1 gardien pour 2,6 détenus, soit lun des plus bas dEurope malgré une légère amélioration. Au 1er septembre 1997, il était de 2,3 en Autriche, de 2,2 en Angleterre, de 1,6 aux Pays-Bas, de 1,2 en Suède, de 1,1 en Irlande. Ce taux avait récemment baissé du fait de laugmentation du nombre de détenus. Il a cependant légèrement augmenté depuis 1996. b) Les rémunérations et avantages statutaires Les personnels de surveillance des prisons bénéficient de revalorisations indemnitaires et statutaires considérables depuis de nombreuses années, la manne tombant plus fortement après les mouvements sociaux qui agitent cette profession. La loi de finances pour 1996 avait traduit le protocole du 18 janvier 1995 après une inscription de 26,92 millions de francs au cours du collectif de printemps. À lintérieur des 284,81 millions de francs de mesures nouvelles pour les dépenses ordinaires, on répertoriait : · 5,53 millions de francs au titre de lapplication aux surveillants de la septième tranche du protocole sur la rénovation de la fonction publique ; · 38,59 millions de francs au titre de lapplication du protocole du 18 janvier 1995 avec, notamment, la création de lindemnité pour charges pénitentiaires ; · 0,35 million de francs pour la revalorisation de la prime de surveillance. Le protocole du 18 janvier 1995 comporte les mesures suivantes : · la nouvelle indemnité pour charges pénitentiaires (26 millions de francs) se substitue à lancienne indemnité pour charge de détention, avec un régime dattribution élargie ; · lindemnité forfaitaire créée pour le personnel dinsertion et de probation (6,9 millions de francs) assure léquité de traitement avec les autres personnels sociaux de ladministration pénitentiaire ; · lindemnité de responsabilité des chefs détablissement et lindemnité horaire pour travail du dimanche et jours fériés ont été revalorisées respectivement de 25 % (+ 1,2 million de francs) et de 15 % (+ 4,4 millions de francs). En outre, les gradés et surveillants ont bénéficié à compter du 1er août 1996 de la dernière revalorisation indiciaire prévue par le protocole d'accord du 9 février 1990 dont l'application se déroulait sur sept ans (1990-1996). De plus, un arrêté du 13 mars 1996 a revalorisé la prime de surveillance de nuit allouée aux surveillants à compter du 1er janvier 1996 (47,75 francs par nuit et par agent). Enfin la Chancellerie avait insisté particulièrement sur l'amélioration du régime de pension des surveillants, annoncée dans le courant du mois de septembre, en même temps que le budget du ministère. La « bonification du cinquième » était attendue par le personnel de surveillance depuis la loi n° 57-44 du 8 avril 1957, date à partir de laquelle les fonctionnaires de la police nationale ont bénéficié de cette amélioration de leur régime de retraite. Cette mesure a été adoptée par larticle 24 de la loi n° 96-452 du 28 mai 1996 portant diverses mesures dordre sanitaire, social et statuaire. Elle sarticule en trois volets : · la limite dâge des fonctionnaires appartenant aux corps du personnel de surveillance est ramenée de 60 à 55 ans. Ces fonctionnaires voient leur régime de retraite aligné sur celui des policiers en service actif par lobtention de la bonification dite « du cinquième ». Celle-ci est égale à un cinquième de la durée accomplie en position dactivité, dans la limite de cinq annuités ; · lamélioration du montant de la pension qui en résulte est complétée par un abaissement de lâge minimal de départ en retraite. Les fonctionnaires des corps de surveillance admis à la retraite sur leur demande pourront prétendre à la jouissance immédiate de leur pension à condition de justifier de 25 années de services effectifs et de se trouver à moins de cinq ans de la limite dâge de 55 ans ; · pour tenir compte des difficultés quaurait entraînées un abaissement brutal de 60 à 55 ans de la limite dâge, un système transitoire a été mis en place : la limite dâge sera abaissée dune année par an à compter du 1er janvier 1996 jusquen 2000 ; sur cette période, le nombre maximal dannuités gratuites susceptibles dêtre attribuées au titre de la bonification sera porté, au même rythme, de un à cinq. En définitive, et de manière pratique, cela permettra aux surveillants ayant vingt-cinq ans dactivité de partir à la retraite à partir de cinquante ans. Sur lensemble de la période transitoire 1996-1999, le coût total de la mesure prévue devrait atteindre près de 85 millions de francs, dont 62 millions de francs au titre du seul effet de labaissement de la limite dâge et 23 millions de francs au titre de lamélioration du montant des pensions liée à la bonification. Le coût de ce dispositif pour 1996 a été inscrit dans la loi de finances initiale (article 10 du chapitre 32-97), pour un montant de 2 millions de francs. En 1997, le coût est de 11 millions de francs, en 1998 de 19 millions de francs, en 1999 de 22,2 millions de francs et de 27,5 millions de francs en l'an 2000. Pour 1999, une mesure nouvelle de 0,5 million de francs permettra une revalorisation de lindemnité de surveillance de nuit, tandis que la revalorisation de lindemnité pour charge pénitentiaire nécessitera louverture de 3,4 millions de francs. Pour 2000, 10 millions de francs de mesures nouvelles, notamment, viendront supporter la création dun taux spécifique de la prime de nuit du personnel de surveillance, pour les nuits encadrant les dimanches et jours fériés. Le taux de cette indemnité forfaitaire est fixé à 100 francs par nuit, ce qui permet de rééquilibrer les services exercés encadrant les dimanches et jours fériés (actuellement 48,70 francs par nuit) avec les services des dimanches et jours fériés (actuellement fixés à 103 francs). En outre, 1 million de francs sont provisionnés pour un nouveau statut des chefs de services pénitentiaires (CSP), destiné à prendre en compte la revalorisation de la carrière des gradés et surveillants intervenue en 1993, sur la base dun alignement de les corps homologues de la police nationale. Il sagit de maintenir la cohérence entre la grille du corps dexécution et celle du corps dencadrement. 3. Les autres catégories de personnel Il convient de relever que les conseillers dinsertion et de probation, les personnels administratifs ont supporté des mesures de gel demplois auxquels les surveillants échappent traditionnellement. a) Les personnels de direction et les personnels administratifs Les personnels travaillant dans les greffes pénitentiaires ont des statuts très divers. Si des personnels administratifs y exercent leurs fonctions, on y rencontre également des personnels de surveillance, suivant limportance de létablissement et son organisation. Il ny a pas, en effet, dorganigramme-type pour le fonctionnement des greffes. Certains établissements de petite capacité nont pas de personnel administratif et emploient partiellement à ces tâches du personnel de surveillance. Dautres établissements plus importants ont des personnels administratifs, auxquels sajoutent des personnels de surveillance appelés notamment à travailler en dehors des heures habituelles. Dans la loi de finances pour 1998 était prévue la création de 12 emplois de directeurs des services pénitentiaires permettant de former l'encadrement des trois premiers établissements du « programme 4.000 » à la fin de 1998. 1998 a également l'année de la réforme statutaire du personnel de direction, comprenant la création d'un statut d'emploi de directeur régional (14 emplois y compris ceux imputés sur l'administration centrale) et la transformation de 307 emplois de directeur de l'ancien en nouveau grade pour un coût de 5,1 millions de francs (cf. décret n° 98-655 du 29 juillet 1998 relatif au statut particulier du corps des directeurs). Par ailleurs, la loi de finances incluait une provision de 5 millions de francs pour la réforme des personnels techniques et de l'enseignement professionnel. Les pyramidages statutaires ont touché 106 emplois dont des emplois de surveillants et d'insertion et de probation. Enfin, la revalorisation indemnitaire du personnel administratif soumis au statut spécial était prévue pour un montant de 7,46 millions de francs. La loi de finances pour 1999 a proposé la création de 28 emplois nouveaux pour la restructuration des métiers de la formation, ainsi que la création de 4 directeurs et de 11 personnels administratifs pour la réforme des services pénitentiaires dinsertion et de probation. Deux provisions ont, par ailleurs, été inscrites pour la réforme des personnels techniques (3 millions de francs). Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit la création de 51 emplois qui contribueront à la modernisation de la gestion et au renforcement de lencadrement (20 emplois), au déploiement de lapplication GIDE (16 emplois) et à la réforme de lenseignement à lÉcole nationale de ladministration pénitentiaire (15 emplois). Il convient également de noter par transformation la création de 90 emplois de directeur de service pénitentiaire dinsertion et de probation (DSPIP) chargés de diriger les nouvelles structures. b) Les personnels d'insertion et de probation Le développement des peines alternatives à l'incarcération et l'extension du milieu ouvert nécessitent une progression des personnels d'insertion et de probation. Depuis 1988, les effectifs des corps relevant des fonctions d'insertion et de probation ont augmenté de plus de 20 %. Cette évolution masque une longue période de stagnation, voire de réduction des effectifs (entre 1991 et 1995). L'adoption de la loi de programme en 1995 a de nouveau mis l'accent sur la progression des effectifs des CPAL. La réalisation du programme pluriannuel pour la justice a ainsi conduit à la création de 297 postes de conseillers d'insertion et de probation (130 en 1995, 130 en 1996 et 37 en 1997). La scolarité des conseillers ayant une durée de deux ans, ils entrent en fonction en n+2. C'est pourquoi la mise en uvre de la loi de programme n'a fait sentir ses effets dans les services de milieu ouvert que depuis 1997. Une indemnité forfaitaire a été créée au profit des personnels d'insertion et de probation (décret du 3 janvier 1996). Cette mesure faisait partie des dispositions du protocole du 18 janvier 1995. En 1996, cette indemnité annuelle était de 11.025 francs pour les chefs de service et variait entre 5.500 et 8.200 francs pour les conseillers. La loi de finances pour 1998, outre la création de 40 emplois de chefs de service d'insertion et de probation et de 160 emplois de conseillers d'insertion et de probation, avait prévu une provision de 0,5 million de francs pour la création de l'emploi fonctionnel de chef de service d'insertion et de probation. Une provision a été également inscrite dans la loi de finances pour 1999 pour la création de lemploi fonctionnel de chef de service dinsertion et de probation (2 millions de francs). Le budget pour 1999 prévoyait également la création 10 postes de chefs de services et de 43 conseillers. Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit la création de : · 10 emplois de psychologues pour le développement des projets dexécution de peine ; · 5 postes de psychologues pour lamélioration de la détention provisoire ; · 25 emplois administratifs pour la réforme des services dinsertion et de probation (qui recevront en outre 8 emplois transférés à partir des services judiciaires) ; · 10 emplois de conseillers dinsertion et de probation spécialement chargés des mineurs détenus. B. UNE RÉORGANISATION DE LA GESTION DES PERSONNELS Les mesures du plan pluriannuel pour la justice s'inscrivent pour partie dans le prolongement de décisions antérieures. Deux axes ont été privilégiés : la déconcentration et la gestion prévisionnelle des emplois. La déconcentration a d'abord touché le domaine de la formation, avec la création de comités régionaux de formation. En 1992, des comités techniques paritaires déconcentrés et quatre comités d'hygiène et de sécurité locaux ont été mis en place. En 1995, la déconcentration a été étendue à la répartition des créations d'emplois de surveillants. Dans ce cadre, les directions régionales ont proposé une ventilation des créations d'emplois fondée sur les critères de répartition préalablement établis. Ces critères ont été fixés de manière à mettre en uvre les politiques sectorielles prévues par la loi de programme du 6 janvier 1995 : projets de service relatif au projet d'exécution de peine dans dix établissements pilotes, renforcement de l'encadrement des services médico-psychologiques régionaux, des unités de consultations et de soins ambulatoires, des personnes détenues mineures par les personnels de surveillance. Le décret n° 97-3 du 7 janvier 1997 portant déconcentration a donné un cadre juridique à la déconcentration des actes de gestion individuelle. La création des commissions administratives paritaires régionales en métropole pour le corps des gradés et surveillants par arrêté du 17 décembre 1996 va permettre de doter les régions de compétences qui seront progressivement élargies. La question de la gestion prévisionnelle des emplois prend un nouveau relief avec la mise en uvre de la « bonification du cinquième ». En effet, dans les cinq ans à venir le personnel de surveillance va être renouvelé à près de 20 % des effectifs actuels. Lensemble de ces évolutions a trouvé sa traduction au niveau central par la réorganisation de la direction de ladministration pénitentiaire organisée par les arrêtés parus au Journal officiel du 28 juin 1998. Cette réorganisation était destinée à clarifier et à simplifier lorganigramme de la direction, daméliorer les compétences dans le domaine social et de mieux piloter les services déconcentrés. Les quatre sous-directions ont été remplacées par trois sous-directions : la sous-direction des personnes placées sous main de justice, la sous-direction de lorganisation et du fonctionnement des services déconcentrés et la sous-direction des ressources humaines et des relations sociales. III. LES ÉTABLISSEMENTS PÉNITENTIAIRES A. LÉQUIPEMENT PÉNITENTIAIRE : UN SYSTÈME À DEUX VITESSES 1. Un parc pénitentiaire en mouvement Au 1er juin 1998, le parc pénitentiaire comprenait 187 établissements, pour 50.093 places. Ce chiffre doit être cependant corrigé par celui de la capacité opérationnelle qui était de 49.632 places à la même date pour 56.957 détenus, soit un taux moyen doccupation de 114,8 %. En 1998, 461 places nétaient pas opérationnelles, compte tenu des sous-effectifs à la maison darrêt de Borgo, des travaux importants de restructuration de la maison centrale de Poissy, de la fermeture de cellules à la maison centrale de Saint-Maur, et de la limitation pour des raisons de sécurité du nombre des détenus dans les maisons centrales de Moulins, Arles et Lannemezan. Près de 41 établissements ont été mis en service depuis 1987 : les 25 établissements du « programme 13.000 », 8 établissements en métropole (Lannemezan, Épinal, Strasbourg, Val-de-Reuil et Borgo, centres de semi-liberté de Lyon et Montpellier) et 4 établissements outre-mer (La-Plaine-des-Galets à La Réunion, Ducos en Martinique, Baie-Mahault en Guadeloupe, Remiré-Montjoly en Guyane), tandis que 3 établissements ont été réouverts après leur complète restructuration et leur mise aux normes (maisons darrêt de Nantes et dArras, maison centrale de Riom). Enfin, un établissement a été créé dans une ancienne caserne entièrement réhabilitée (centre de détention de Montmédy). Pendant la même période, 30 établissements vétustes ou inadaptés ont été fermés. 2. Des établissements vétustes, dégradés, inadaptés Il reste que, selon le ministère de la Justice, la situation des 146 autres établissements est caractérisée par la vétusté (), la dégradation et linadaptation fonctionnelle. Seulement 55 établissements, hors centres de semi-liberté, satisfont aux normes actuelles de détention, pour 52 % de la capacité totale du parc. 3. Un vaste programme de modernisation Dans la suite du « programme 13.000 » (1987-1991), le programme pluriannuel fixé par la loi n° 95-9 du 6 janvier 1995 comportait trois volets pour un investissement prévu de 3.000 millions de francs : · il sagit dabord de la construction de deux maisons centrales à effectif réduit (120 places), dun coût total denviron 220 millions de francs, qui devaient être réalisées selon le calendrier prévisionnel suivant : études en 1995, engagement des travaux en 1996 et mise en service en 1998. Ces MCER sont destinées aux condamnés à de très longues peines, qui ne peuvent plus être gérés convenablement dans les seules cinq maisons centrales à haut niveau de sécurité (Clairvaux, Moulins, Lannemezan, Saint-Maur et Arles) qui ont connu des mutineries dangereuses pour lordre public et coûteuses pour les finances publiques (225 millions de francs). Il est probable que leur mise en service effective sera repoussée à lan 2000 ; · la construction de 4.000 places de détention (1.630 millions de francs) correspond à celle de huit établissements répartis comme suit : 1 maison centrale de 200 places ; 5 maisons darrêt représentant au total 2.000 places ; 3 centres pénitentiaires représentant au total 1.800 places. Le lancement des études prévu pour 1997 devait être précédé dune phase de recherche foncière et de définition des programmes pendant les années 1995 et 1996. Compte tenu de la durée des travaux, la livraison des établissements était envisagée à partir de 1999 pour sachever en lan 2000 ; · il sagit enfin de la construction de 1.200 places de centre de semi-liberté, de petites dimensions, sur 40 sites à lintérieur dagglomérations urbaines. Ce programme augmenterait le parc actuel de places en semi-liberté de 80 %. Dun coût total de 200 millions de francs, cette réalisation devrait séchelonner entre 1998 et 2000 à un rythme dépendant de celui des acquisitions des terrains ou des immeubles nécessaires à leur création. Le projet de loi de finances propose douvrir 590 millions de francs dautorisations de programme, après 912 millions de francs en 1999. Au total, sur six ans, ce seront 3.438 millions de francs dautorisations de programme qui auront été inscrites dans le budget, soit près de 114,6 % de réalisation des objectifs fixés par la loi de programme, si lon considère que toute autorisation de programme contribue à laccroissement des équipements de ladministration pénitentiaire tel que voulu lors de ladoption de la loi de programme de 1995. Une lecture à la lettre des dispositions de la loi de programme fait descendre ce taux de réalisation à 100 % (150 millions de francs dautorisations de programme pour 2000). Les constructions nouvelles et la transformation des établissements sont assurées principalement sur le chapitre 57-20 du budget du ministère, devenu chapitre 57-60, articles 40 et 50, dans la loi de finances pour 1997.
En 2000, comme nous lavons vu supra, 150 millions de francs serviront à financer le solde des opérations prévues par la loi de programme. 200 millions de francs sont demandés pour lentretien des établissements pénitentiaires. Ils seront destinés à maintenir les bâtiments concernés en fonction. Le programme sétalera sur cinq ans et devrait atteindre 1.000 millions de francs au total. Par ailleurs, 50 millions de francs seront consacrés à la rénovation des grands établissements : Fleury-Mérogis, Fresnes, La Santé, Les Baumettes, Loos, qui regroupent près de 19 % de la population pénale, avec un taux moyen doccupation (au 1er janvier 1999) de 110,4 %. 70 millions de francs seront destinés à la rénovation des autres établissements du parc classique. 70 millions de francs serviront à financer un nouveau programme de construction, qui comprendrait la réalisation de trois ou quatre nouveaux établissements dans le cadre dun nouveau programme pluri-annuel. 2000 constituerait la première tranche. Le coût total du programme sétablirait à 1.000 millions de francs et entre 1.300 et 1.400 millions de francs si un quatrième établissement était édifié. 30 millions de francs sont destinés à la rénovation des 53 quartiers pour mineurs existants et à la construction de quatre nouveaux quartiers, en vertu des décisions du conseil de sécurité intérieure. Enfin, 20 millions de francs sont demandés pour financer la construction dun quatrième centre pour peines aménagées. Le coût total du programme, pour douze établissements, est estimé à 216 millions de francs. Par ailleurs, 21,5 millions de francs sont demandés sur le chapitre 66-20 Subventions déquipement pour établissements post-pénaux et sanitaires, afin de financer la sécurisation dunités hospitalières interrégionales (18,5 millions de francs) et celle de chambres au sein des hôpitaux proches des établissements pénitentiaires (3 millions de francs). B. LA MAINTENANCE ET LA GESTION DES ÉTABLISSEMENTS PÉNITENTIAIRES 1. La maintenance du parc classique Comme la souligné la Cour des comptes, linsuffisance de la maintenance liée au faible niveau des dotations du titre III réservé à ces dépenses est lune des causes majeures de la dégradation rapide des structures et des installations. Il en résulte la nécessité de réaliser à une fréquence anormalement élevée de gros travaux dentretien dont les dépenses sont supportées sur le titre V. Sur le titre III, les dépenses générales dentretien immobilier du parc classique se sont élevées à 110,05 millions de francs en 1997, soit une augmentation de 19 % par rapport à lexercice 1996 et de 4 % par rapport à lannée 1995. On constate que les travaux dagencement et dinstallation et la maintenance directe qui avaient connu une importante diminution en 1996, ont respectivement augmenté de 12,3 millions de francs et de 4,9 millions de francs en 1997. Le coût moyen est de 54 francs par mètre carré pour lannée 1997, soit une augmentation de 7 francs par mètre carré par rapport à 1996. La part moyenne consacrée aux contrats de maintenance sélève à 24 %. Toujours sur le titre III, sont assurées les dépenses générales dentretien immobilier des quatre établissements du « programme 13.000 » qui ont été repris en gestion publique (Laon, Arles, Saint-Quentin-Fallavier, Châteauroux), dont le coût moyen par mètre carré est de 110 francs. En ce qui concerne les dépenses assurées sur le titre V, il convient de noter quelles sont passées de 62,21 millions de francs en 1991 (28 % du budget déquipement) à 112 millions de francs en 1997 (26 % du budget déquipement). En moyenne, 25 à 30 % des investissements pénitentiaires sont consacrés à la maintenance immobilière, ce qui obère dautant la réalisation de travaux de modernisation du parc. En 1998, le taux devrait cependant atteindre seulement 8 % (100 millions de francs), ce qui est dû à limportance de laugmentation très forte des crédits affectés au programme de constructions neuves. Les résultats sur les trois derniers exercices mettent en évidence que les dépenses de mise aux normes des installations sont cinq fois plus importantes que les dépenses relatives au clos et au couvert.
En 1998, le coût quotidien de fonctionnement dune place de prison, hors personnel, sétablissait à 59,26 francs dans une maison darrêt autonome et 68,68 francs dans une maison darrêt non autonome, à 73,12 francs dans un centre de détention, à 90,35 francs dans une maison centrale et à 69,75 francs dans un centre pénitentiaire. 2. La maintenance du « parc 13.000 » La mise en service des vingt-cinq établissements du « programme 13.000 » a bouleversé les critères habituels de gestion des établissements pénitentiaires. Vingt et un dentre eux ont fait lobjet en 1989 de quatre marchés de fonctionnement, tandis que quatre autres étaient repris en gestion publique et organisés de manière à faciliter lévaluation du niveau de performance des groupements privés par comparaison des différentes fonctions assurées dans les deux secteurs. La baisse constante jusquen 1996 du coût de la journée de détention dans les établissements du « programme 13.000 » sexplique par laccroissement de la population pénale et par une meilleure répartition des frais fixes, lesquels sont rapportés à un nombre plus élevé de journées de détention. Cette baisse a atteint son terme en 1996 avec la mise à pleine capacité de lensemble des établissements du « programme 13.000 ». La variation du coût de journée ne dépendra plus, pour lessentiel, que du rythme de linflation.
Il convient de relever que le coût des dépenses de santé non déléguées comprend le paiement des cotisations sociales, le ticket modérateur pour les dépenses dhospitalisation et les dépenses de prévention et déducation pour la santé. Les coûts du marché des « établissements 13.000 » ne sauraient être comparés au coût de fonctionnement, hors personnels, des établissements classiques, puisquils incluent les coûts du personnel privé affecté au fonctionnement de ces établissements (maintenance et transport, hôtellerie, santé, travail et formation professionnelle). Un surcoût de 8 % pour les établissements à gestion déléguée, peut être constaté, dès lors quoutre les charges de personnel, on intègre la prise en compte de taux doccupation inférieurs pour les établissements à gestion déléguée à ceux des établissements à gestion publique. Dans ce surcoût global sont pris en compte des charges non supportées par les établissements du parc classique (amortissement, frais de siège ), sans compter le résultat positif que laissent apparaître les comptes des groupements. LAISSER CETTE PAGE BLANCHE SANS NUMÉROTATION CHAPITRE IV : LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE Les crédits de la protection judiciaire de la jeunesse permettent de financer la prise en charge des mineurs en danger et des mineurs délinquants, que ce soit au travers du réseau public détablissements ou bien au travers du secteur habilité. Le Garde des Sceaux avait indiqué, le 25 août 1997, lors de la visite dun centre daction éducative à Paris que la protection judiciaire de la jeunesse serait « la grande priorité » de son budget 1998. Cette déclaration sétait traduite par une augmentation des moyens des services de la protection judiciaire de la jeunesse de 4,14 % dans la loi de finances initiale pour 1998 par rapport à celle pour 1997, et par la mise en place dune mission interministérielle sur la prévention et le traitement de la délinquance des mineurs dirigée par deux parlementaires en mission, Mme Christine Lazerges et M. Jean-Pierre Balduyck. Cette orientation a été confirmée par les conseils de sécurité intérieure de juin 1998 et de janvier 1999. Le 8 juin 1998, le conseil de sécurité intérieure, sous la présidence du Premier ministre, avait, notamment, arrêté un plan de lutte gouvernemental contre la délinquance des mineurs. Le présent projet de budget tient en partie compte des mesures décidées dans le cadre de ce plan. Pour 1999, les crédits des services de la protection judiciaire de la jeunesse ont progressé de 6,42 % pour sétablir à 2.770,9 millions de francs, soit 10,55 % des crédits du ministère. Il sagit du secteur qui a bénéficié, hors des juridictions administratives, de la plus forte progression relative. La protection judiciaire de la jeunesse dispose d'un effectif théorique pour 1999 de 6.393 agents. Poursuivant cet effort, le présent projet de budget consacre une augmentation de 14,74 % des crédits alloués à la protection judiciaire de la jeunesse à 3,17 milliards de francs, soit une progression en valeur absolue de 468,5 millions de francs. Ce renforcement de ce secteur est marqué également par la création de 380 emplois, dont 258 emplois déducateurs et de chefs de service éducatif. Dès la loi de finances initiale pour 1999, les données de la loi de programme du 6 janvier 1995 ont été respectées tant en termes demplois quen termes dautorisation de programme. Il convient cependant de noter que le nombre demplois créés prend en compte la création de 34 emplois inscrits en 1997 pour les ex-unités à encadrement éducatif renforcé (UEER), devenues centres éducatifs renforcés (CER).
I. LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES A. LA POPULATION PRISE EN CHARGE La population de jeunes en difficulté est répartie entre les mineurs incarcérés et les mineurs en difficulté pris en charge par le secteur public ou le secteur associatif en vue de leur réinsertion. 1. Les mineurs incarcérés Depuis 1945, la justice des mineurs repose sur l'ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à lenfance délinquante qui affirmait le primat de l'éducation sur la répression. La loi n° 87-1062 du 30 décembre 1987 relative aux garanties individuelles en matière de placement en détention provisoire et de contrôle judiciaire et portant modification du code de procédure pénale a supprimé la possibilité de placer en détention provisoire les mineurs de treize à seize ans en matière correctionnelle. La loi n° 96-585 du 1er juillet 1996 portant modification de lordonnance du 2 février 1945 précitée a introduit des nouveautés, telles que le principe de comparutions à délai rapproché. Depuis dix ans, l'incarcération des mineurs a été peu à peu limitée. Elle est aujourd'hui proscrite pour les mineurs de moins de treize ans, et limitée aux crimes pour les adolescents de treize à seize ans. La détention provisoire est plafonnée pour les jeunes de seize à dix-huit ans à deux ans en cas de crime. Le nombre de mineurs incarcérés en métropole est passé de 757 au 1er janvier 1980 à 622 au 1er janvier 1998, soit une baisse de 17,8 %. Après s'être stabilisé autour de 800 dans les années 1980, ce nombre est brusquement tombé à environ 600. Les mineurs qui représentaient 2 % de la population totale carcérale, nen constituent plus aujourd'hui que 1 %. Les textes législatifs intervenus à partir de 1985 sont directement la cause de cet infléchissement. On observe néanmoins une légère remontée depuis 1997. Les prévenus représentent 80 % des mineurs incarcérés. Le 1er juillet 1999, 975 mineurs étaient incarcérés au lieu de 642 au 1er janvier. Cette augmentation a conduit la Chancellerie à mettre en place un groupe de travail qui devrait rendre ses travaux en 2000. Dans ce domaine de la justice comme dans de nombreux autres, à lexemple des mesures annoncées après les grèves massives de magistrats et davocats en 1998, laffirmation de priorités est arrivée après que les difficultés néclatent et bien avant que les moyens nécessaires pour y remédier ne soient mis en place. Or, être constamment à la remorque des besoins sociaux ne constitue pas un principe de bonne gestion. 2. Les mineurs en difficulté Ces mineurs ne font pas l'objet de mise en détention mais sont soumis à des mesures d'investigations, des mesures de placement ou d'actions éducatives en milieu ouvert. Tous secteurs confondus, plus de 140.000 jeunes sont pris en charge en permanence dans le cadre de la protection judiciaire de la jeunesse, le secteur associatif assurant près des deux tiers des prises en charge et 95 % des mesures de placement. En outre, plus de 80.000 jeunes ou familles font lobjet dune investigation. Compte tenu des mouvements intervenus en cours dannée (entrées et sorties) plus de 250.000 jeunes ont été suivis au cours de lannée par ces services. On peut constater quil existe, entre les deux secteurs chargés de la protection judiciaire de la jeunesse, de fortes différences tant au niveau des publics pris en charge que dans les prestations éducatives. Le secteur public intervient prioritairement pour les jeunes délinquants et pour les « grands adolescents ». Il en résulte une plus forte proportion de garçons. Les jeunes majeurs sont également relativement nombreux dans le secteur public au titre le plus souvent dune poursuite de prise en charge. Le secteur associatif réalise lessentiel de son activité en assistance éducative, les délinquants ne pouvant pas être suivis en milieu ouvert, hors du secteur public. Par ailleurs, le nombre des mesures qui obligent les mineurs à réparer les délits quils ont commis progresse : il était de 5.029 en 1996, il est de 7.536 en 1998.
B. LES MODES D'ACTION DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE Les mesures dinvestigation sont les premières qui sont prises pour cerner les difficultés auxquelles sont soumis les mineurs pris en charge. Cette première phase peut être suivie d'une seconde consistant en des mesures exigeant un investissement des services de la protection judiciaire de la jeunesse plus important. 1. Les mesures d'investigation L'investigation est un terme générique qui désigne l'ensemble des mesures d'enquête ordonnées par le juge des enfants avant qu'il ne prenne sa décision. Elle doit être exécutée dans le délai de six mois et ne peut être prorogée qu'une fois. Depuis la décision du comité technique paritaire national du 27 septembre 1996, les catégories de mesures d'investigation sont au nombre de trois. · L'enquête sociale est réalisée par des assistants sociaux et peut concerner un ou plusieurs jeunes dans le cadre d'une même famille. Il y a entre 16.000 et 18.000 enquêtes sociales diligentées par an. En 1997, le secteur associatif a réalisé 78 % de ces enquêtes. · L'investigation du SEAT regroupe les recueils de renseignements sociaux qui se sont substitués aux enquêtes rapides, réalisées à la demande du juge des enfants. Elles sont obligatoires si le juge envisage l'incarcération d'un mineur. Ces enquêtes peuvent être spontanées ou réalisées à la demande d'un magistrat. Le nombre denquêtes rapides varie aux alentours de 35.000 par an (37.000 en 1997). · Les mesures d'investigation et d'orientation éducative (IOE) désignent l'ensemble des investigations autres que l'enquête sociale. Elles regroupent à la fois la consultation dorientation éducative (COE) et lobservation en milieu ouvert (OMO). La consultation est pluridisciplinaire. Elle est obligatoirement réalisée par un éducateur et un psychologue auxquels peuvent s'adjoindre un psychiatre, un médecin généraliste ou tout autre professionnel. L'OMO est exclusivement réalisée par un éducateur et peut durer jusqu'à six mois. Le secteur public et le secteur associatif réalisent pour moitié chacun environ 25.000 investigations et orientations éducatives. 2. Les modalités de la prise en charge des jeunes en difficulté Outre l'action de l'administration pénitentiaire en direction des mineurs faisant l'objet d'une mesure de mise en détention provisoire ou de mesure d'incarcération à la suite d'une condamnation, la prise en charge des jeunes en difficulté est assurée soit par le secteur public, soit par le secteur associatif, dit « secteur habilité ». Détaillée dans la circulaire dorientation du 24 février 1999, cette prise en charge tend à se diversifier. Elle peut, en effet, se faire selon quatre modes, qui peuvent se cumuler : · lhébergement permet de prendre en charge les jeunes, le soir et la nuit, parfois le week-end. Ces jeunes peuvent recevoir une formation de jour, suivre une activité dans létablissement qui assure lhébergement ou dans un autre établissement. Lhébergement peut être collectif : il est alors assuré dans des établissements dune capacité moyenne de douze lits ; lhébergement peut être individualisé : il sagit de places dans des foyers de jeunes travailleurs ou dans des cités universitaires, ou parfois de chambres en ville, sous-louées aux jeunes par la structure ou mises gratuitement à disposition. Au-delà de cette distinction, on peut distinguer trois catégories dhébergement : ù un accueil durgence a été récemment organisé. En effet, le 6 juillet 1998, la direction de la protection judiciaire de la jeunesse a demandé à ses services territoriaux de mettre en place dans les départements prioritaires une cellule de coordination de laccueil durgence associant juridictions, secteur public et secteur associatif habilité et aide sociale à lenfance. Lobjectif est que, dans chacun des départements, soit assurée une permanence daccueil pour tous les mineurs déférés au tribunal. En juillet 1999, quarante-sept départements avaient dores et déjà organisé une cellule de coordination, et neuf départements avaient créé un accueil durgence ; ù il peut être assuré dans des structures à encadrement renforcé. Dans un premier temps, à partir de 1996, avaient été créées des unités à encadrement éducatif renforcé (UEER) chargées daccueillir des délinquants multi-récidivistes ou des mineurs en situation de grande marginalisation. 17 UEER ont été ouvertes entre septembre 1996 et septembre 1997. Lactuel Garde des Sceaux a suspendu les ouvertures dUEER qui devaient intervenir en septembre 1997, ayant décidé de confier une mission dévaluation de ces structures. Les structures ainsi évaluées par un cabinet dingénierie et par les inspections générales de ladministration, des affaires sanitaires et sociales, et des services judiciaires semblent être caractérisées par des difficultés financières, mais aussi par des difficultés liées à des projets pédagogiques insuffisamment élaborés et des équipes éducatives mal préparées. Dans la logique des UEER mais avec des adaptations non négligeables, vont donc être créés des centres éducatifs renforcés, qui permettent dorganiser des « séjours de rupture ». Le Gouvernement a décidé en janvier 1999 de porter à cent le nombre de ces centres dici fin 2000 ; ù face à ces problèmes, dans le cadre de la politique gouvernementale de lutte contre la délinquance des mineurs annoncée lors du conseil de sécurité intérieure du 8 juin 1998 et dont les orientations ont été confirmées par celui du 12 octobre 1998 et matérialisées dans deux circulaires du Premier ministre en date du 6 novembre 1998 (), il avait été annoncé la mise en place de 50 centres de placement immédiat (CPI). Leur mise en place pose problème. Les effectifs de la protection judiciaire de la jeunesse ne permettent pas dassurer aujourdhui, dans de bonnes conditions, louverture de ces centres. Les créations demplois prévues dans le présent projet de budget ne vont pas se traduire par larrivée instantanée déducateurs dans les nouvelles structures. En attendant que leur formation soit assurée, les CPI ne pourront être pourvus en effectifs que par le biais de redéploiements, mouvements qui vont donc se faire au détriment des structures « classiques ». · les centres de jour (secteur public uniquement) ont vocation à recevoir en priorité des jeunes sous protection judiciaire. Ils bénéficient soit dune formation ou dun apprentissage élémentaire en vue dune réintégration dans les dispositifs de droit commun de type Éducation nationale ou autre, soit dune formation professionnelle directement dispensée au sein de létablissement ou sur un chantier. Létablissement daccueil peut être une entreprise dinsertion, géré par la protection judiciaire de la jeunesse. Dans ce cas, le jeune a le statut de salarié et bénéficie dun contrat de travail. Les centres de jour sont amenés, dans le cadre du partenariat avec le ministère de lEmploi et de la Solidarité à accueillir des jeunes issus du dispositif de droit commun hors mandat judiciaire (missions locales, permanences daccueil, dinformation et dorientation, etc.) ; · le milieu ouvert regroupe les mesures de suivi du jeune dans son milieu naturel (ou « actuel » selon les termes juridiques), cest-à-dire dans sa famille. Cette modalité de prise en charge peut être associée à une mesure de placement familial ou avec un suivi en centre de jour. Il peut sappliquer à de jeunes délinquants suivis au titre dune mesure provisoire (contrôle judiciaire, liberté surveillée préjudicielle) ou définitive (sursis avec mise à lépreuve, travail dintérêt général, liberté surveillée...). Ce suivi pénal en milieu ouvert ne peut être assuré que par un service du secteur public de la protection judiciaire de la jeunesse. Il peut également concerner des mineurs en danger ou des jeunes majeurs, on parle alors daction éducative en milieu ouvert ; · le placement familial concerne les jeunes confiés à une famille de manière permanente et durable. Il est suivi principalement le secteur habilité et toujours accompagné dune mesure de milieu ouvert. Au 1er janvier 1999, les jeunes relevant du secteur public étaient répartis entre 44 foyers daction éducative (FAE) assurant une fonction unique dhébergement collectif, et 234 centres daction éducative (CAE) exerçant des fonctions multiples (hébergement et/ou actions de formation, investigations, milieu ouvert). Sajoutent à ces structures 76 annexes de protection judiciaire de la jeunesse dans les quartiers éloignés des grands centres urbains et proches des milieux de vie des jeunes. Il convient dévoquer également laction des SEAT qui assurent, en amont de la décision judiciaire, une permanence éducative chargée déclairer le magistrat sur la situation personnelle et familiale du mineur. Ils assurent également, en aval de la décision judiciaire, le suivi éducatif dun certain nombre de mineurs dans le cadre pénal. Les missions des éducateurs du SEAT ont été élargies par la loi n° 96-585 du 1er juillet 1996 portant réforme de lordonnance du 2 février 1945, puisquils doivent désormais donner leur avis dans le cadre de nouvelles procédures. Au 1er janvier 1999, il y avait 98 SEAT. Enfin, même si elles ne constituent pas à proprement parler des mesures de prise en charge, les mesures dinvestigation sont des interventions éducatives ou de spécialistes destinées à dresser un bilan de situation du jeune qui permettra déclairer la décision du magistrat. Entrent dans cette catégorie les consultations dorientation éducative, les enquêtes sociales, les mesures dobservation en milieu ouvert, les enquêtes rapides du SEAT. II. LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT A. LES MOYENS HUMAINS 1. Les effectifs La protection judiciaire de la jeunesse bénéficiait de 6.245 emplois budgétaires en 1998, soit 10,26 % des effectifs du ministère, au lieu de 6.145 emplois budgétaires en 1997. La loi de programme avait prévu la création de 400 emplois budgétaires à répartir sur les cinq années de son application, soit en moyenne 80 emplois par an. Ces objectifs ont été remplis en 1999 avec la création de 68 emplois au titre de la loi de programme. Au total ce sont 150 emplois qui ont été créés au bénéfice de la protection judiciaire de la jeunesse, 142 étant liés au renforcement de la mesure de réparation, des prises en charge diversifiées et du suivi médico-social et 8 au titre de ladaptation de la gestion des ressources humaines pour accroître lefficacité des services. Au total, le secteur bénéficiera de 6.393 postes budgétaires en 1999. Lors du conseil de sécurité intérieure du 27 janvier 1999, le Gouvernement a décidé daugmenter les effectifs de la protection judiciaire de la jeunesse de 1.000 emplois, afin de mettre en uvre le plan de lutte contre la délinquance des mineurs. Le décret n° 99-412 du 26 mai 1999 a fixé les modalités exceptionnelles de recrutement de 200 éducateurs. Le projet de loi de finances prévoit la création de 380 emplois, pour une somme de 68,4 millions de francs, répartis entre 40 postes de directeurs, 8 de chefs de service éducatif, 250 déducateurs, 18 de psychologues, 35 dagents techniques déducation, 7 douvriers professionnels et 22 de secrétaires administratifs. À ces emplois budgétaires, sajouteront 600 postes dagents de justice. Le taux dencadrement tend régulièrement à saméliorer depuis 1990. Il y avait 16,4 jeunes pour un éducateur en 1990, le nombre est passé à 14,9 jeunes pour un éducateur en 1997, avant de remonter à 15,26 en 1998. Il convient de relever que ces données sont fixées au 31 décembre. Dans le cours de lannée, le taux oscille autour de 30 jeunes par éducateur ; il était de 31,7 en 1995, mais de 33,4 en 1998. Enfin, votre Rapporteur souhaite souligner les risques qui peuvent résulter dun recours excessif aux délégués du procureur dans le domaine du traitement de la délinquance des mineurs. Ladjonction de délégués auprès du procureur est née dune pratique purement prétorienne. Il sagissait dalléger la charge de travail du parquet pour des tâches qui nemportaient pas de décision judiciaire. Ainsi, dans le cadre des maisons de justice et du droit, des retraités de la magistrature, notamment, étaient appelés à la rescousse pour effectuer auprès des mineurs et de leurs parents des rappels de la loi et pour organiser une mesure de réparation dans lintérêt de la victime ou de la collectivité. Cette pratique a été entérinée par larticle 41-1 du code de procédure pénale tel que rédigé par larticle premier de la loi n° 99-515 du 23 juin 1999 renforçant lefficacité de la procédure pénale : « S'il lui apparaît qu'une telle mesure est susceptible d'assurer la réparation du dommage causé à la victime, de mettre fin au trouble résultant de l'infraction ou de contribuer au reclassement de l'auteur des faits, le procureur de la République peut, préalablement à sa décision sur l'action publique, directement ou par délégation : « 1° Procéder au rappel auprès de l'auteur des faits des obligations résultant de la loi ; « 2° Orienter l'auteur des faits vers une structure sanitaire, sociale ou professionnelle ; « 3° Demander à l'auteur des faits de régulariser sa situation au regard de la loi ou des règlements ; « 4° Demander à l'auteur des faits de réparer le dommage résultant de ceux-ci ; « 5° Faire procéder, avec l'accord des parties, à une mission de médiation entre l'auteur des faits et la victime. « La procédure prévue au présent article suspend la prescription de l'action publique. » Au 1er juillet 1999, 91 délégués du procureur étaient spécialisés dans les affaires mettant en cause des mineurs. Jusquà ce jour, seuls les délégués de la région parisienne ont pu recevoir une formation. Un module spécialisé de formation est en voie de création à lÉcole nationale de la magistrature. Si ces délégués du procureur apportent de la souplesse au système judiciaire, ils lui apportent surtout des moyens supplémentaires à moindre coût, sans les garanties que peuvent apporter des professionnels de la justice. Là encore, comme dans le cas des assistants de justice, les juridictions, faute de pouvoir bénéficier de moyens suffisants et adaptés, ont recours à des supplétifs de magistrats ou de fonctionnaires de greffe. 2. Les mesures indemnitaires et statutaires Au-delà de la poursuite des revalorisations indemnitaires demandées et accordées en partie en 1998, la loi de finances pour 1999 a proposé la revalorisation de certaines indemnités et la mise en place dune provision pour le régime indemnitaire des directeurs. Ainsi, ont été revalorisés le taux de lindemnité horaire pour travaux du dimanche et des jours fériés allouée aux personnels des services déconcentrés et le taux de lindemnité de surveillance de nuit allouée aux agents techniques déducation. Par ailleurs, le régime indemnitaire des éducateurs et chefs de service éducatif a été amélioré (3,7 millions de francs). Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit plusieurs mesures de pyramidages statutaires qui permettront de porter à 25 % de leffectif budgétaire des éducateurs du premier grade, ainsi que les agents administratifs de première classe. Laccord salarial conclu dans la fonction publique en faveur des bas salaires permet la transformation de 32 emplois, tandis quune provision de 0,8 million de francs est inscrite pour la création demploi fonctionnel de chefs de services éducatifs. Par ailleurs, sont revalorisées les primes liées à lhébergement et à des contraintes particulières (1,1 million de francs), tandis que le régime indemnitaire des directeurs est refondu (1,8 million de francs). Lensemble des régimes indemnitaires des corps de la protection judiciaire de la jeunesse bénéficie dune revalorisation (6,2 millions de francs). B. LES MOYENS MATÉRIELS DE FONCTIONNEMENT Lensemble des crédits de fonctionnement et dintervention ouverts dans la loi de finances initiale pour 1998 au profit de la protection judiciaire de la jeunesse se sont élevés à 2.532,8 millions de francs. En 1999, ce montant sest élevé à 2.673,9 millions de francs, soit une variation positive de 5,57 %. Pour 2000, les moyens seront portés à 3.102,4 millions de francs, soit une progression conséquente de 16 %. Ces crédits recouvraient, outre les dépenses en personnel, l'entretien et la rééducation des mineurs (chapitres 34-33 ancien, 37-33 nouveau), les moyens de fonctionnement des services du secteur public (chapitre 34-34), les dépenses informatiques (chapitre 34-05, article 50), ainsi que des subventions et interventions diverses (chapitre 46-01) qui bénéficient également de crédits du Fonds social européen (FSE). La progression enregistrée en 1999 résulte, notamment, de laugmentation de 60,8 millions de francs des crédits destinés à la rémunération des prestations du secteur associatif habilité (58 millions de francs en mesures dajustement, 2,8 millions de francs au titre de la mesure de réparation) et de labondement à hauteur de 15 millions de francs pour le renforcement des prises en charge par le secteur public. Quant aux crédits du Centre national de formation et détudes de la protection judiciaire de la jeunesse, ils seront majorés de 3 millions de francs. Le développement de la politique de soutien aux associations uvrant dans les activités de jour sera soutenu par une augmentation de 1,3 million de francs de la dotation inscrite sur le chapitre 46-01. En 2000, laugmentation importante des moyens de fonctionnement provient, notamment, outre des nombreuses créations demplois, de la création de vingt centres éducatifs renforcés, de la mise en uvre de vingt centres de placement immédiat (38 millions de francs). III. LES INVESTISSEMENTS Depuis 1980, l'évolution des méthodes pédagogiques a nécessité une transformation du patrimoine immobilier affecté à la protection judiciaire de la jeunesse. Les gros internats, dont les coûts d'entretien et de fonctionnement élevés ne se justifiaient plus, ont été progressivement remplacés par des structures de petites ou moyennes dimensions, insérées en milieu urbain et assurant le plus souvent une fonction unique (hébergement, milieu ouvert, formation professionnelle). À partir de 1989, après un inventaire des opérations d'équipement en cours ou projetées, des études ont été menées. Leurs résultats ont permis de planifier dans un cadre pluriannuel les nouvelles implantations du secteur public. Le redéploiement des activités des établissements inadaptés a contribué, depuis 1991, à recentrer progressivement les moyens de la protection judiciaire de la jeunesse à proximité des secteurs urbains où sont présents les jeunes les plus en difficulté. Depuis 1995, les opérations d'équipement se situent dans le cadre fixé par la loi de programme relative à la justice qui a prévu daffecter 400 millions de francs dautorisations de programme à la protection judiciaire de la jeunesse pour louverture de 500 places dhébergement, une partie de ce montant devant servir, à hauteur dune centaine de places, à lachèvement des programmes déjà en cours. Le Gouvernement souhaitait également renforcer les possibilités de prise en charge des mineurs délinquants par les services de milieu ouvert et les centres de jours situés dans les quartiers les plus difficiles. Cest à ce deuxième objectif que devait être consacré le solde de ces dotations. Les crédits ouverts pour 1999 ont permis de réaliser la totalité des ouvertures dautorisations de programme fixées par la loi du 6 janvier 1995. La loi de finances pour 1999 a, en effet, prévu louverture de 84 millions de francs en autorisations de programme et de 97 millions de francs en crédits de paiement. Ont été construits 2 nouveaux foyers (Melun-Sénart et Mulhouse) de 18 places, tandis que plusieurs établissements anciens à Paris, dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Bouches-du-Rhône et du Rhône ont bénéficié dopérations de rénovation et de réhabilitation. Le projet de loi de finances pour 2000, outre lachèvement de nouveaux hébergements programmés antérieurement, prévoit la création de deux hébergements et de trois centres de placement immédiat, ainsi que la poursuite de la rénovation et ladaptation détablissements anciens à Paris, dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, du Rhône et des Bouches-du-Rhône. Pour ce faire, 100 millions de francs dautorisations de programme et 77 millions de francs de crédits de paiement sont ouverts. CHAPITRE V : LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES Outre le Conseil dÉtat, les juridictions administratives sont organisées autour de sept cours dappel () et de trente-cinq tribunaux administratifs. Les crédits du Conseil dÉtat, des cours administratives dappel et des tribunaux administratifs progressent de 3,9 % (+ 9,21 % entre 1998 et 1999, mais moins de 5 % à structure constante ()), pour atteindre 841,7 millions de francs dans le présent projet de loi de finances. Cette progression résulte uniquement de laugmentation des dépenses ordinaires (+ 4,48 %), puisque les crédits de paiement pour investissement sont en recul de 3,45 % à 56 millions de francs. Les ouvertures dautorisations de programme sont également en réduction avec un taux de variation de - 13,79 % à 50 millions de francs. Les juridictions administratives disposeront de 2.267 postes budgétaires en 2000, dont 940 magistrats, au lieu de 2.184, dont 900 magistrats en 1999. Dès 1999, l'exécution de la loi de programme était satisfaisante tant au niveau des emplois créés qu'en matière d'autorisations de programme, puisque les taux de réalisation atteignaient respectivement 87 % et 106,5 % des mesures prévues, alors même que l'échéance de la loi de programme avait été reportée d'une année en 1997.
En 2000, le taux de réalisation de la loi de programme sélevait à 108,95 % en termes demplois et 135 % en termes dautorisations de programme inscrite dans les lois de finances initiales. Dans son rapport sur les crédits pour 1999, votre Rapporteur avait insisté sur la nécessité daccélérer la modernisation et de poursuivre ladaptation de la juridictions administratives. Des phénomènes tels que limpossibilité pour le Conseil dÉtat de faire face à lafflux des recours nés de lobligation récente faite aux consuls de motiver leur refus de délivrer des visas à certaines catégories de demandeurs () suffisent à montrer que des réformes doivent être entreprises. Ainsi, les déclarations faites par le Garde des Sceaux, le 20 septembre 1999, appelant à de nouvelles modalités dorganisation de la juridiction administrative en vue de remédier à lallongement de ses délais de jugement, fondés notamment sur un recours plus important aux procédures de référé, vont dans le sens souhaité par votre Rapporteur. I. UNE ACTIVITÉ EN AUGMENTATION CONSTANTE Comme les années précédentes, le nombre daffaires enregistrées en 1998 continue daugmenter pour les cours administratives d'appel. Sur cinq ans, laccroissement du volume des entrées nettes est de 32,7 % pour les seuls tribunaux administratifs. Même le Conseil dÉtat a connu de nouveau une augmentation des affaires enregistrées en 1998, après plusieurs années de pause. Les effets de la réforme de 1987, entrée en vigueur complètement en 1995, se sont traduits essentiellement par la libération partielle du Conseil dÉtat en transférant une partie de la charge sur les cours administratives dappel. Mais cette « libération » na été que de courte durée. De fait, comme le relève le Conseil dÉtat dans son dernier rapport public, « 1998 apparaît ( ) comme une année au cours de laquelle le cycle de réformes, enclenché dès 1986, qui aura profondément modifié le visage de la juridiction administrative, tant dans ses aspects institutionnels, procéduraux que fonctionnels, aura été parachevé ; ce satisfecit global demeure cependant altéré par lévolution statistique de lévolution juridictionnelle toujours préoccupante. ()»
ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX TRAITÉ PAR LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX TRAITÉ PAR LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES A. LES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS Le phénomène de pause dans laccroissement du contentieux observé en 1993 (+ 4 %) et en 1994 (+ 1,5 % par rapport à 1993) sétait interrompu en 1995. Corrigées des séries, les entrées nettes augmentent de 9 % en 1995 (+ 12 % en données brutes). Mais après des années de progression interrompue (+ 72 % de 1987 à 1995), le nombre annuel d'affaires enregistrées a légèrement diminué en 1996 de 2 % en données nettes. Cette « accalmie » ne sest pas confirmée en 1997, puisque cette année a enregistré un bon de 6,66 % du nombre des affaires nouvelles. Sur trois ans, laccroissement du volume annuel des entrées atteint 14,2 %. Il ne semble pas que l'institution d'un droit de timbre par l'article 44 de la loi de finances pour 1994 ait pu permettre d'avoir un effet dissuasif important sur les flux de contentieux répétitifs (les « recours-pétitions »). Le nombre de séries, qui avait baissé en 1996, a repris une pente ascendante en 1997 pour retomber en 1998. Le maintien du droit de timbre ne suffit pas à enrayer les phénomènes cycliques de croissance du contentieux. Cependant, sa suppression risquerait dentraîner une augmentation marginale importante du contentieux, notamment devant les cours administratives dappel. Une augmentation de son niveau pourrait être envisagée. En 1997, les affaires jugées ont crû de 5,5 %, ce qui porte à 16 % le taux de croissance des affaires jugées depuis 1994. Cette augmentation est due pour lessentiel au renforcement des effectifs tant en magistrats quen agents des greffes, car la productivité des magistrats qui avait fortement augmenté (+ 43 % de 1987 à 1993) semble avoir aujourdhui atteint un palier. L'augmentation du nombre d'affaires traitées est plus forte que celle du nombre d'entrées et l'écart entre les deux chiffres se réduit ; le rapport affaires traitées sur affaires enregistrées est passé de 89 % en 1991 à 95 % en 1997. Les résultats pour 1998 confirment la dégradation de la situation, sagissant des affaires enregistrées et du volume des stocks, puisque les premières augmentent fortement de 24,24 % en données brutes (non corrigées des séries), de 21,9 % en données nettes par rapport à 1997. Sur cinq ans, cest-à-dire de 1993 à 1998, lévolution des affaires enregistrées en données brutes a atteint 41,1 %. Parallèlement, la progression du stock est très importante. Elle atteint en 1998, en données nettes, 10,21 % par rapport à lan passé et 24,56 % par rapport à 1993. Ainsi, en 1998, 207.920 affaires restaient à juger. Il convient de relever quune partie de laugmentation des entrées est liée à lapparition dun contentieux conjoncturel, celui lié à la police des étrangers dans le droit fil de lopération de régularisation des immigrés clandestins lancée par le Gouvernement. Malgré tout, ces difficultés nont pu être réduites par laugmentation, également remarquable, du nombre daffaires jugées. Ce dernier est passé de 78.045 en 1993 à 104.615 en 1998, soit une progression de 34,04 % en cinq ans. De fait, la productivité des magistrats a régulièrement augmenté : chaque magistrat traitait en effet environ 181 affaires par an en 1993 ; il en a traité 211 en 1999. Il est utile de noter que la progression de la productivité a particulièrement été sensible en 1997 et 1998, période qui correspond à la mise en uvre dun système informatique rénové permettant une recherche documentaire performante et à la mise en place dassistants de justice dans un certain nombre de tribunaux. Après avoir été réduit de 2 ans et 2 mois en 1991 à 1 an et 10 mois en 1995, le délai moyen de jugement a de nouveau augmenté : il est de 1 an et 11 mois en 1998, et ce, depuis 1996, devant les tribunaux administratifs. La situation de certains tribunaux reste particulièrement préoccupante, à lexemple de celui de Paris, pour lequel le stock en 1998 a atteint 50.575 affaires pour 16.561 affaires réglées, ou celui de Versailles, qui doit faire face à un stock de 17.625 affaires pour 8.649 affaires réglées. La création du tribunal administratif de Melun dans un premier temps, et dun autre tribunal dans la région parisienne à moyen terme, devrait permettre de résorber certaines difficultés. B. LES COURS ADMINISTRATIVES DAPPEL Depuis 1992, les cours administratives dappel connaissent, en raison du transfert échelonné de lappel des recours pour excès de pouvoir, qui sest achevé en 1995, une progression des entrées sans précédent : + 29 % en 1992, + 15 % en 1993, + 25 % en 1994, + 28 % en 1995, + 34,33 % en 1996. En 1997, la progression du nombre daffaires enregistrées a été limitée à 2,56 % ce qui semble indiquer que les effets mécaniques des derniers transferts sont achevés. Mais la tendance à une augmentation forte sest de nouveau engagée en 1998 avec 14,85 % daugmentation par rapport à lannée précédente, ce qui ce traduit en données nettes, sur cinq ans, par une croissance de 110,92 %. Le nombre daffaires traitées augmente régulièrement. Cependant, le rapport affaires traitées/affaires enregistrées qui était de 97,79 % en 1992 est passé à 64,19 % en données nettes en 1998. Le nombre daffaires traitées par magistrat a augmenté de 11,94 % en données nettes de 1993 à 1998. Corrélativement, le stock daffaires en instance na cessé de croître. Il a été multiplié par 4,8 en données nettes depuis 1993. Le délai moyen de jugement est passé de 1 an et 2 mois en 1993 à 2 ans et 11 mois en 1998. En 1998, la situation aurait dû saméliorer avec la création de la cour administrative dappel de Marseille, inaugurée en septembre 1997. Mais cette juridiction na commencé à fonctionner « à plein régime » quun an plus tard, ce qui a amoindri son effet sur la résorption des stocks. Lévolution du délai théorique de résorption du stock a même augmenté, passant de 2 ans et 3 jours en 1997 à 3 ans 2 mois et 7 jours en 1998. En 1999, la situation pourrait se redresser, compte tenu de louverture de la cour dappel de Douai (). C. LE CONSEIL DÉTAT Le nombre daffaires enregistrées au Conseil dÉtat, après avoir connu une baisse régulière depuis 1992, a connu en 1998 une forte augmentation : il est passé, en données nettes, de 10.705 en 1992 à 7.193 en 1997, pour remonter à 8.427 en 1998. En revanche, le nombre daffaires jugées après avoir connu une certaine stabilité (11.314 en 1994 et 11.228 en 1997), a baissé de manière importante, passant à 9.450 en 1998, soit une baisse de 15,83 % par rapport à lannée précédente. Parallèlement, la productivité a baissé fortement, passant de 150 affaires par magistrat en 1996 à 128 affaires en 1998. Nous retrouvons dans cette matière le niveau de 1992 (130 affaires par magistrat). Le nombre des affaires réglées restant supérieur à celui des affaires enregistrées, le stock continue à baisser, malgré la baisse de productivité. Il est passé de 22.388 affaires restant en instance en 1993 à 8.479 affaires en 1999, soit une réduction de 62,13 % en cinq ans. Le délai moyen de jugement est resté stable, à 1 an et 2 mois en 1998. Il était de 2 ans et 2 mois, il y a cinq ans. Une partie importante de laccroissement du nombre daffaires enregistrées est liée au développement du contentieux des étrangers : appels de jugements de tribunal administratif statuant en matière de reconduite à la frontière, recours en cassation contre des décisions de la Commission de recours des réfugiés, et très forte augmentation en premier ressort des recours contre des décisions de refus de visas depuis lentrée en vigueur de la loi n° 98-389 du 11 mai 1998 sur lentrée et le séjour des étrangers en France et au droit dasile. Pour 1999, la tendance semble saccentuer. Ainsi le nombre de recours concernant le contentieux en appel des décisions reconduites à la frontière est passé de 631 dossiers en 1997, à 885 dossiers en 1998 et à 1.028 dossiers sur les sept premiers mois de lannée 1999. Encore plus préoccupante est la progression des recours liés aux décisions de refus de visas : le nombre de dossiers enregistrés dans cette matière est passé ainsi de 125 en 1997 à 396 en 1998, et à 1.268 sur les sept premier mois de 1999. Lannée 1998 a vu, par ailleurs, la mise en application du décret n° 97-1177 du 24 décembre 1997 relatif à la procédure dadmission des pourvois en cassation devant le Conseil dÉtat et modifiant le décret n° 63-766 du 30 juillet 1963 relatif à lorganisation et au fonctionnement du Conseil dÉtat, qui a supprimé la commission dadmission des pourvois en cassation et confié aux sous-sections de la section du contentieux du Conseil dÉtat la prise en charge de la procédure dadmission prévue à larticle 11 de la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 portant réforme du contentieux administratif (), visant à diminuer la durée de la procédure dadmission dun pourvoi en cassation. II. DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT RENFORCÉS Depuis 1990, le nombre de postes budgétaires de magistrats du corps des cours administratives dappel et des tribunaux administratif a augmenté de près de 38,8 %, sans compter 71 postes de magistrats temporaires. A. LES RESSOURCES HUMAINES : UNE PROGRESSION FORTE DES EFFECTIFS, CONFIRMÉE EN 2000 En 2000, les juridictions administratives bénéficieront de la création nette de 83 emplois : 40 postes magistrats, 45 postes de fonctionnaires moins 2 suppressions liées aux transformations demplois. 1. Les effectifs a) Les magistrats Les voies de recrutement Les magistrats des juridictions administratives sont recrutés de trois manières différentes : par le biais de lÉcole nationale dadministration, par le tour extérieur et par un concours complémentaire. Par ailleurs, un recrutement particulier destiné à pourvoir les cours administratives dappel lors de leur constitution avait été organisé. Larticle 7 de la loi n° 86-14 du 6 janvier 1986 fixant les règles garantissant lindépendance des membres des tribunaux administratifs et cours administratives dappel prévoit que les magistrats administratifs sont recrutés parmi les anciens élèves de lÉcole nationale dadministration. Cette voie concerne moins du tiers des membres des tribunaux et cours administratifs. Depuis 1986, un tour extérieur est prévu pour les conseillers de deuxième et de première classe. Il est ouvert à raison dun poste sur trois pour les conseillers de deuxième classe et dun poste sur sept pour les conseillers de première classe aux fonctionnaires de lÉtat et de la fonction publique territoriale appartenant à un corps de catégorie A justifiant de dix ans de service public et aux magistrats de lordre judiciaire. De nombreux fonctionnaires en détachement (une trentaine) sont venus, en outre, renforcer les effectifs des juridictions administratives. Le législateur a régulièrement autorisé des recrutements exceptionnels afin de faire face à la croissance régulière du contentieux : loi n° 77-1356 du 10 décembre 1977, loi n° 80-511 du 7 juillet 1980 prorogée par larticle 9 de la loi n° 86-14 du 6 janvier 1986, puis par larticle 7 de la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 et par la loi n° 95-125 du 8 février 1995 relative à lorganisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative. La loi n° 97-276 du 25 mars 1997 portant dispositions statutaires relatives au corps des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel a adapté ces dispositions à la réforme du statut des magistrats des tribunaux et cours. 40 % des magistrats des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel sont issus de ce recrutement extérieur. Enfin, signalons la possibilité daccès des militaires à des emplois de magistrats administratifs en vertu de la loi n° 70-2 du 2 janvier 1970 qui concerne lensemble de la fonction publique. Le tableau ci-dessous retrace lévolution des modes de recrutements depuis 1994.
Ainsi, il convient de relever que le nombre de recrutements demeure relativement élevé depuis 1994. Lessentiel de ces recrutements a été réalisé sur la base de recrutements complémentaires autorisés par des textes législatifs spéciaux ou par le biais de détachements. De fait, le principe selon lequel les magistrats sont recrutés parmi les élèves de lÉcole nationale dadministration a été mis à mal par les besoins des juridictions et par la stabilité de la taille des promotions de lÉcole. Lévolution des effectifs La loi de programme relative à la justice du 6 janvier 1995 prévoyait dune part, la création de 105 emplois budgétaires de magistrats administratifs et dautre part, le recrutement de 75 magistrats temporaires. Dans lhypothèse où seraient créées quatre juridictions, 40 magistrats pourraient y être affectés. Le solde des créations demplois serait réparti dans les cours et tribunaux déjà en place. Le recrutement des 75 magistrats temporaires se fait parmi les professeurs et maîtres de conférences détachés dans le corps des membres des tribunaux administratifs et cours administratives dappel. Ce renfort utile est appréciable même sil met à mal le principe selon lequel les conseillers sont recrutés par le biais de lÉcole nationale dadministration. Mais à lheure actuelle, ces postes de magistrats temporaires sont principalement occupés par des administrateurs civils, des sous-préfets, des administrateurs de la Ville de Paris et des magistrats de lordre judiciaire. Les recrutements prévus par la loi de finances initiale pour 1995 et la loi de finances initiale pour 1996 sont conformes aux dispositions de la loi de programme. En 1996, les effectifs budgétaires étaient de 625, soit une création de 20 postes. Au 31 décembre 1996, les effectifs réels étaient portés à 624, grâce à lautorisation de 30 recrutements temporaires mais compte tenu du gel de plusieurs emplois. 16 nouveaux emplois de magistrats étaient prévus par la loi de finances pour 1997, ainsi que le recrutement de 11 magistrats temporaires. Au 31 décembre 1997, l'effectif réel atteignait 669 magistrats, compte tenu du nombre de magistrats temporaires et de la levée du gel en juillet 1997. La loi de finances pour 1998 avait prévu la création de 21 emplois de magistrats (5 présidents, 12 premiers conseillers, 4 conseillers) et autorise un recrutement en surnombre temporaire de 15 nouveaux magistrats, conformément aux dispositions de la loi de programme pour la justice. Ces emplois ont été progressivement constitués durant les cinq ans initiaux de la loi quinquennale (1995-1999) et seront résorbés dans les cinq années suivantes (2000-2004). La loi de finances initiale pour 1998 a prévu la création de 21 emplois de magistrats, ce qui correspond aux dispositions de la loi de programme appliquée sur six ans. Sy ajoutait le recrutement de 56 magistrats recrutés de manière temporaire. Pour 1999, 21 nouveaux postes budgétaires de magistrats ont été créés dans les cours et tribunaux. Dans le projet de loi de finances pour 2000, il est prévu de créer 40 emplois nouveaux de magistrats. On peut observer quau 1er juillet 1999, près de 103 conseillers du corps des membres des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel étaient en situation de détachement, soit près de 14 % des effectifs réels. Sagissant du Conseil dÉtat, le nombre de magistrats en détachement atteint, au 7 juillet 1999, le nombre de 68, soit plus de 31,3 % de leffectif budgétaire. Par ailleurs, il peut être noté que 74 membres du Conseil dÉtat étaient exclusivement affectés au contentieux en 1998, au lieu de 88 en 1995.
Enfin, il convient de relever que larticle 8 de la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 portant réforme du contentieux administratif a permis quà titre exceptionnel, et jusquau 31 décembre 1995, les membres du corps des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel, lorsquils atteignaient la limite dâge résultant de la loi n° 84-834 du 13 septembre 1984 relative à la limite dâge dans la fonction publique et le secteur public, sont, sur leur demande, maintenus en activité, en surnombre pour exercer des fonctions de conseiller pendant une durée de trois ans, non renouvelable. Larticle 18 de la loi n° 98-1163 du 18 décembre 1998 relative à laccès au droit et à la résolution amiable des conflits, a prolongé cette possibilité jusquau 31 décembre 2004. En 1999, seuls trois magistrats se trouvaient dans cette position, pour un coût total denviron 1 million de francs. Pour être pleinement efficace, laccroissement du nombre de magistrats doit être accompagné dun renforcement des greffes et des moyens de fonctionnement. b) Le personnel des greffes En 1995, le ratio personnels de greffe/magistrat était de 1,3. Il est de 2,1 pour les chambres régionales des comptes et de 3 pour les juridictions judiciaires. La loi de programme de 1995 prévoyait de porter ce ratio à 1,5. Elle avait fixé à 200 les emplois supplémentaires dagents de greffe dont la répartition était de 105 emplois dans les cours et tribunaux déjà en place, 55 dans les nouvelles juridictions et 40 au Conseil dÉtat. En 1991 et 1992, les effectifs budgétaires et réels dagents de greffe résultaient du transfert dagents avec les emplois correspondants, du ministère de lIntérieur au ministère de la Justice, ce qui explique légalité entre effectifs budgétaires et effectifs réels. À partir de 1993, une partie de laugmentation des effectifs budgétaires résultant de créations demploi, on observe, entre effectifs budgétaires et effectifs réels, un décalage, dû aux délais nécessaires à lorganisation de concours. Tribunaux administratifs et cours administratives d'appel En 1995, les effectifs budgétaires dagents de greffe ont été portés à 843 (36 créations demplois et 10 emplois transférés par le ministère de lIntérieur pour accompagner le transfert des compétences en matière de taxation des commissaires enquêteurs). La loi de finances pour 1996 avait créé 28 emplois budgétaires dagents de greffe pour les tribunaux et cours administratives dappel. En 1997, 24 nouveaux emplois étaient prévus dans la loi de finances. Le ratio agents de greffe/magistrats, qui était passé à 1,4 en 1995, sest maintenu en effectifs budgétaires, mais était un peu plus faible en effectifs réels, compte tenu des recrutements temporaires de magistrats. La loi de finances initiale pour 1998 a prévu la création de 32 nouveaux emplois (3 attachés de préfecture, 5 secrétaires administratifs, 10 adjoints administratifs, 11 agents administratifs, 2 conducteurs d'automobile, 1 agent des services techniques). La loi de finances pour 1999 a pour sa part prévu, comme en 1998, la création de 32 agents de greffe dans les cours et tribunaux. Le projet de loi de finances pour 2000 porte le nombre de créations de postes à 38, ce qui fait passer le nombre de postes budgétaires de greffes pour les tribunaux et les cours dappel administratifs de 959 à 997. Conseil d'État Sagissant du Conseil dÉtat, on observe quen 1986 et en 1994, année qui précède lentrée en vigueur de la loi de programme relative à la justice, les effectifs budgétaires se retrouvent à un niveau à peu près identique. Par ailleurs, le gel des emplois a affecté les effectifs réels, qui ont diminué de 7 agents sur la même période. Ce gel a été supprimé en 1994, mais en raison du décalage dû à lorganisation des recrutements, les effets de cette levée de mise en réserve ne se sont fait sentir quà partir de 1995. En application de la loi de programme, ont été créés 9 postes en 1995 et 7 emplois en 1996. Ces emplois, comme ceux prévus par la loi de finances pour 1997 au nombre de 6, permettent de poursuivre les efforts entrepris et de mettre à profit la stabilisation probable des entrées, afin de réduire davantage le stock et ramener le délai de jugement au niveau fixé par la loi de programme, cest-à-dire un an. 8 nouveaux emplois étaient inscrits dans la loi de loi de finances pour 1998. La loi de finances pour 1999 a prévu, comme en 1998, la création de 8 postes dagents de greffe au Conseil dÉtat. Pour 2000, le nombre de création a été limité à 5.
2. Statut et rémunérations a) La réforme du statut des magistrats Outre deux mesures, l'une qui complète le régime des incompatibilités et l'autre qui adapte les conditions de l'accès des magistrats aux cours administratives d'appel, la loi du 25 mars 1997 précitée comporte pour l'essentiel des mesures statutaires qui modifient les règles de la loi du 6 janvier 1986 fixant les règles garantissant l'indépendance des membres des tribunaux administratifs et cours administratives d'appel. La juridiction administrative s'est profondément transformée à un triple titre : création des cours administratives d'appel, réformes de procédure (extension du domaine des ordonnances, juge statuant seul), attributions nouvelles (injonctions adressées à l'administration, exécution des jugements). La loi du 6 janvier 1986 a renforcé les garanties d'indépendance des magistrats administratifs, avec en particulier l'institution d'un Conseil supérieur des tribunaux administratifs et cours administratives d'appel (CSTACAA), mais le statut des magistrats est resté, dans ses grandes lignes, celui des membres des tribunaux administratifs de 1953. Le déroulement des carrières prenait un net retard (atteignant parfois cinq ans selon le Conseil d'État) par rapport aux autres corps de même niveau de recrutement. C'est en grande partie la complexité de la structure des grades actuelle qui est à l'origine de cette situation ; elle a, en effet, été un obstacle au pyramidage régulier des emplois créés. La loi du 25 mars 1997, entrée en application au 1er janvier 1998, a constitué une étape importante dans lamélioration du statut des magistrats. Ses dispositions ont été complétées par une série de textes réglementaires : · décret n° 97-859 du 18 septembre 1997 portant statut particulier des membres du corps des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel ; · décret n° 97-860 du 18 septembre 1997 relatif au Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel ; · décret n° 97-910 du 6 octobre 1997 portant reclassement des membres du corps des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel ; · décret n° 97-1035 du 14 novembre 1997 portant modification du classement hiérarchique des grades et emplois des personnels civils et militaires de lÉtat relevant du régime général de retraite ; · les arrêtés du 14 novembre 1997 fixant léchelonnement indiciaire applicable aux membres du corps des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel. Ce texte institue une succession de grades plus simple, en rapport avec l'organisation des juridictions et avec les activités d'un corps moins hiérarchisé que celui des administrateurs civils et qui s'apparente davantage aux corps d 'inspection et de contrôle. Le nombre de grades a ainsi été ramené de sept à trois : conseiller, premier conseiller, président. Les fonctions de rapporteur et commissaire du gouvernement sont confiées aux magistrats des grades de conseiller et premier conseiller. Les fonctions d'encadrement sont regroupées dans le grade unique de président. Des échelons fonctionnels permettent, à l'intérieur de ce grade, de tenir compte de la variété et des caractères spécifiques des diverses responsabilités que l'on trouve à ce niveau. L'accès à certaines de ces fonctions est subordonné à l'inscription sur des listes d'aptitudes annuelles établies sur proposition du CSTACAA. La loi fait également évoluer les conditions du recrutement au tour extérieur. Si ce recrutement est maintenu dans sa forme actuelle pour l'accès au grade de conseiller et s'adresse toujours, à ce stade, aux fonctionnaires du niveau attaché ou équivalent, il sera ouvert, pour l'accès au grade de premier conseiller, à des fonctionnaires appartenant déjà à un corps recruté par la voix de l'École nationale d'administration ou assimilé (magistrats judiciaires). Ce type de recrutement sera, de plus, désormais accessible aux professeurs et maîtres de conférence titulaires des universités. Remédiant à une forte inégalité, un décret n° 99-601 du 15 juillet 1999 modifiant le décret n° 97-859 du 18 septembre 1997 portant statut particulier des membres des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel est venu, sur le modèle de ce qui existe pour les magistrats de lordre judiciaire recrutés par concours interne ou exceptionnel, assurer aux magistrats administratifs issus du concours interne de lÉcole nationale dadministration un niveau de traitement au moins égal à celui quils avaient dans leur précédent corps. De la même façon, lintégration des magistrats issus du troisième concours de lÉcole nationale dadministration a été améliorée par ce même texte. b) Les rémunérations Pour les membres du corps des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel, un nouveau régime dattribution des indemnités a été mis en place depuis le 1er janvier 1998. Les indemnités se décomposent désormais en deux parts : une part fixe forfaitaire calculée en fonction de lindice réel du magistrat et non plus de lindice moyen du grade comme auparavant, et une part modulable dont lattribution est décidée par le chef de juridiction. Les membres de ce corps perçoivent par ailleurs des indemnités de caractère fonctionnel. Cest ainsi quen qualité de commissaire du Gouvernement, ils perçoivent une indemnité de 6.400 francs. En outre, les magistrats du corps des conseillers des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel, chargés de la présidence des commissions départementales des impôts directs et des taxes sur le chiffre daffaires (article 1651 du code général des impôts) sont rémunérés en fonction de la durée des audiences. Les membres du corps bénéficient également dune indemnité modulée en fonction des grades, qui se montait depuis 1992 à 10.000 francs annuels pour les conseillers de 2ème et de 1ère classe et à 20.000 francs pour les magistrats des grades supérieurs. Les montants de cette indemnité, versée jusquici par les Services financiers (chapitre 31-94), rattachée par voie de fonds de concours au budget de la Justice, et liée à la prévention du contentieux fiscal qui représente 25 à 30 % du contentieux administratif, sélèvent actuellement à 10.170 francs pour les conseillers et 21.420 francs pour les premiers conseillers et les présidents. La loi de finances pour 1999 a opéré linscription des crédits correspondant à cette dernière indemnité sur le budget du ministère de la Justice pour un montant de 13,92 millions de francs. Le cumul des indemnités forfaitaires et modulables et des indemnités liées à la prévention du contentieux fiscal porte le taux moyen indemnitaire des magistrats concernés à 37 % en 1998. Il était denviron 25 % en 1991. Sagissant du Conseil dÉtat, il convient de souligner que les rémunérations de ses membres nont pas été modifiées depuis 1988. Lindemnité particulière versée aux membres du Conseil dÉtat à partir du chapitre 31-92 des crédits des Services financiers repose sur des décisions ministérielles anciennes. La loi de finances pour 1999 a prévu linscription de ces crédits sur le budget du ministère de la Justice (chapitre 31-52, article 10) pour un montant de 18,1 millions de francs ; cette indemnité particulière a été intégrée dans le montant total des primes de rendement des membres du Conseil dÉtat (chapitre 31-52). Le projet de loi de finances voit labondement de ce chapitre à hauteur de 7 millions de francs, afin de permettre un alignement des indemnités des membres du Conseil dÉtat avec celles des membres de la Cour des comptes. Selon la Cour des comptes () le coût moyen dun agent des juridictions administratives sélevait en 1995 à 230.000 francs, alors que le coût moyen dun agent des juridictions judiciaires atteignait 193.000 francs. Cette différence tient plus à la composition de chaque catégorie de personnel quaux principes de rémunération. En effet, le personnel des juridictions administratives est beaucoup moins nombreux et composé dune forte proportion dagents de catégorie A. B. LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT MATÉRIEL Les crédits de fonctionnement ont dû être réajustés à la hausse à partir de 1996 pour faire face à l'augmentation des effectifs prévue par la loi de programme relative à la justice et à la création de trois nouvelles juridictions (tribunal administratif de Melun en 1996 et cour administrative d'appel de Marseille en septembre 1997, cour dappel de Douai en septembre 1999). Cette tendance ne sest pas confirmé en 1999, mais a repris pour 2000.
Les moyens informatiques prévus par le projet de loi de finances pour 2000 sont de 28,91 millions de francs, soit une progression denviron 7,2 %. Plus des trois quarts de crédits demandés (21,85 millions de francs), et près de 80 % des mesures nouvelles inscrites (13,83 millions de francs) sont consacrés au développement du projet SKIPPER, destiné à remplacer le système de gestion informatisé des requêtes « GUSTAVE ». Ce système navait pas été installé dans les tribunaux administratifs de Paris, Besançon, Bordeaux, Limoges, Pau et Toulouse. Les études et audits techniques effectués sur lenvironnement matériel de cette application ont mis en évidence les dysfonctionnements liés au manque de puissance des processeurs, à linsuffisance des capacités de stockage et à lobsolescence du matériel. En 1993 et 1994, linstallation de SKIPPER sest donc poursuivie avec, dans un premier temps, le remplacement des matériels, inauguré à la fin de 1994 par le tribunal administratif dOrléans, puis celui de lapplication GUSTAVE par SKIPPER. Linstallation du site pilote (Versailles) a eu lieu en août 1996. Les travaux préparatoires à l'installation à Paris ont commencé en décembre 1996 et se sont achevés en mars 1997. Le déploiement dans les autres tribunaux a donc pu commencer. Les crédits demandés pour 1997 ont permis de déployer lapplication SKIPPER dans quatorze tribunaux. Lobjectif, pour 1999, est de terminer lopération de mise en place de SKIPPER dans les tribunaux : un tribunal métropolitain, les tribunaux des Antilles et les tribunaux de Nouméa et de Papeete restaient à équiper. Parmi les tribunaux doutre-mer, seul celui de la Réunion a été équipé. La version de SKIPPER pour les cours administratives dappel devrait être expérimentée avant la fin de lannée. Au Conseil dÉtat, lapplication a été mise en place en février 1999. Lexploitation du logiciel GUSTAVE sest définitivement arrêtée en mai 1999 avec limplantation de SKIPPER au tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Les cours dappel devraient bénéficier de la mise en service de lapplication en 1999. En 2000, le déploiement de SKIPPER devra se poursuivre dans les départements et territoires doutre-mer, ainsi que dans le futur tribunal administratif de Cergy-Pontoise. III. LES INVESTISSEMENTS La loi de programme relative à la justice avait prévu louverture de 200 millions de francs dautorisations de programme pour les juridictions administratives entre 1995 et 1999 avec la mise en place de quatre nouvelles juridictions. La loi de finances pour 1995 a procédé à une ouverture de 40 millions de francs en autorisations de programme et 37 millions de francs en crédit de paiement ce qui est conforme à lordre de grandeur fixé par la loi de programme. En 1996, 40 millions de francs dautorisation de programme et 25 millions de crédits de paiement ont été ouverts pour les juridictions administratives. Ces montants respectent également les dispositions de la loi de programme. Pour 1997, 42 millions de francs dautorisation de programme et 43 millions de francs de crédits de paiement étaient prévus par le projet de loi de finances. En 1998, la loi de finances initiale a inscrit, au chapitre 57-51, 40 millions de francs d'autorisation de programme et 44 millions de francs de crédits de paiement. La loi de finances pour 1999 a ouvert 51 millions de francs en autorisations de programme et en crédits de paiement. Entre 1995 et 1999, ce sont 213 millions de francs dautorisations de programme qui auront été ouvertes, soit un taux de réalisation de la loi de programme de 106,5 %. A. LES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS ET LES COURS ADMINISTRATIVES DAPPEL En 1995, les moyens dégagés ont représenté 26 millions de francs en autorisations de programme et en crédits de paiement. Les dotations en autorisations de programme ont été portées à 49 millions de francs et les crédits de paiement à 41 millions de francs. Laugmentation très nette des crédits disponibles na pas empêché lamélioration du taux de consommation, qui se situait à un niveau faible en 1994. En 1996, les dotations, plus faibles notamment pour les crédits de paiement, nont pas subi dimportantes baisses compte tenu de limportance des reports de crédits, et ce malgré des mesures de régulation budgétaire qui ont atteint près de 25 % de la dotation initiale (au 1er août 1996). Le taux de consommation prévisible des crédits de paiement disponibles a très fortement augmenté. Les opérations principales concernaient les aménagements nécessaires à linstallation du tribunal administratif de lEst parisien à Melun, ainsi que des travaux pour le tribunal administratif de Lille et lacquisition dun immeuble afin de reloger le tribunal administratif de Clermond-Ferrand. En 1997, les dotations initiales réservées par la loi de finances aux tribunaux administratifs et cours administratives dappel se sont révélées plus importantes, puisque les autorisations de programme augmentaient de 52 % et les crédits de paiement progressaient de 300 %, notamment grâce à une diminution des crédits déquipement attribués au Conseil dÉtat. Les reports d'autorisation de programme à hauteur de 24,8 millions de francs ont permis de la maintenir la dotation en crédits d'engagement à un niveau d'environ 67 millions de francs. Les principales opérations ont porté sur lachat et laménagement de limmeuble pour la cour administrative dappel de Marseille et sur la deuxième tranche des travaux de réaménagement du tribunal administratif et de la cour administrative dappel de Lyon. Le tribunal administratif de Lille, celui d'Amiens ont connu également des travaux daménagement. En 1998, la loi de finances avait prévu une dotation initiale de 32 millions de francs d'autorisation de programme et de 39 millions de crédits de paiement. Ces fonds ont permis de poursuivre les travaux d'aménagement du tribunal administratif de Lille, d'acquérir l'Hôtel de Bizien pour le relogement du tribunal administratif de Rennes, de financer les travaux de relogement du tribunal de Clermont-Ferrand, d'achever les travaux de la cour administrative d'appel de Lyon, d'entreprendre les études de maîtrise d'uvre pour la cour administrative d'appel de Douai, de rénover le tribunal administratif de Limoges et de financer la poursuite l'installation de la cour administrative d'appel de Marseille. En 1999, les 52 millions de francs dautorisations de programme et les 74 millions de francs de crédits de paiement disponibles (dont 27,7 millions de mesures nouvelles) ont financé comme en 1998 les travaux daménagement au tribunal administratif de Lille, la réalisation des travaux nécessaires dans lHôtel de Bizien qui abritera le tribunal administratif de Rennes, et linstallation définitive du tribunal administratif de Melun dans lancien palais de justice. Enfin, dans cette enveloppe, 17,2 millions de francs ont été réservés à linstallation de la nouvelle cour administrative dappel de Douai dans lHôtel dAoust. Pour 2000, les 42,2 millions de francs dautorisations de programme et les 26,3 millions de francs de crédits de paiement, inscrits dans le projet de loi de finances, serviront en très grande partie (29,5 millions de francs dautorisations de programme) à créer le tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Le relogement du tribunal administratif de Rouen bénéficiera également dune enveloppe importante (7,5 millions de francs). B. LE CONSEIL DÉTAT Le Conseil dÉtat a bénéficié en 1995 de dotations sélevant à 14 millions de francs en autorisations de programme et de 11 millions de francs en crédits de paiement. La régulation budgétaire avait ponctionné une partie importante de ces crédits initiaux. Le volume des autorisations de programme et crédits de paiement voté pour 1996 était sensiblement le même quen 1995. Ces crédits auraient dû permettre le creusement de la cour de lHorloge, afin daménager sur deux niveaux en sous-sol des salles darchives et de réunions, ainsi que des ateliers. La baisse sensible des autorisations de programme (4 millions de francs) et des crédits de paiement (3 millions de francs) pour 1997 na permis que de mener à bien quelques travaux de réaménagement. Le projet important de creusement de la cour de lHorloge est par conséquent abandonné. Pour 1998, les crédits demandés, en augmentation de 100 % pour les autorisations de programme (8 millions de francs) et de 67 % (5 millions de francs) pour les crédits de paiement, ont permis de restaurer et de moderniser le Palais Royal. En 1999, la progression des crédits inscrits dans la loi de finances initiale (14,3 millions de francs dautorisations de programme et 13,3 millions de francs de crédits de paiement) et limportance des crédits reportés autoriseront des travaux dinfrastructures techniques substantiels et, à loccasion de la célébration du deuxième centenaire du Conseil dÉtat, des travaux de rénovation de salles daudiences ainsi que des voies daccès à ces salles. Pour 2000, la dotation inscrite dans le projet de loi est en baisse à 7,8 millions de francs dautorisations de programme et à 7 millions de francs de crédits de paiement. Ces crédits serviront, notamment, au ravalement et à la restauration des façades.
EXAMEN EN COMMISSION Au cours de sa séance du 27 octobre 1999, la Commission a examiné, sur le rapport de M. Patrick Devedjian, rapporteur spécial, les crédits de la Justice. M. Patrick Devedjian, rapporteur spécial, a tout dabord jugé la nouvelle procédure dexamen des crédits utile, en ce quelle permettait de rassembler lensemble des acteurs dans un cadre plus transparent et plus ouvert. Admettant son caractère expérimental, il a estimé quelle ne simplifiait cependant pas lensemble des procédures puisquelle représente une phase supplémentaire dexamen des crédits et que la qualité des communications entre les participants à la commission élargie pouvait être améliorée. Appréciant les propos du Rapporteur spécial, le président Augustin Bonrepaux a relevé la nécessité de laisser à cette nouvelle procédure du temps pour sinstaller et se perfectionner. Puis, il a regretté que certaines commissions, en organisant des réunions avant laudition, en commission élargie, du ministre compétent, naient pas agi dans le sens de la simplification souhaitée par le bureau de lAssemblée nationale. Il a souligné que la commission des Finances demeurait compétente au fond et devait donc examiner, fut-ce brièvement, les crédits, puis en débattre et les voter. Après avoir rappelé quil avait largement présenté le budget lors de la réunion de la commission des Lois en date du 20 octobre 1999, le Rapporteur spécial a donc souligné que, malgré des taux de consommation des crédits dégradés ces dernières années, les chiffres des crédits de la Justice pour 2000, avec 3,91 % daugmentation à 27,29 milliards de francs et avec 1.237 créations demplois, dont 212 emplois de magistrats judiciaires, formaient, dun point de vue quantitatif, un bon budget. Mais, il a critiqué le manque de volonté politique nécessaire à une réforme de la réorganisation du ministère. Ainsi, la réforme de la carte des tribunaux de commerce sest avérée la plus facile à réaliser, mais elle laisse entier le problème essentiel et lancinant de la carte des juridictions civiles et pénales. Or, ce nest que par la réforme de cette carte que lon parviendra à vaincre les inerties qui entraînent un allongement continu des délais de jugement, en particulier devant les cours dappel et les tribunaux de grande instance. Il a conclu son exposé, dune part, en demandant à la Commission de ne pas adopter les crédits de la Justice pour 2000, et, dautre part, en proposant dadopter larticle 71 augmentant lunité de valeur de référence pour laide juridictionnelle de 132 francs à 134 francs. Évoquant une situation digne dêtre comparée aux descriptions contenues dans Les Misérables, M. Louis Mexandeau sest dit choqué du constat quil a pu faire, lors dune récente visite de la maison darrêt de Caen, de dégradation continue des conditions de détention, de manque patent dentretien des locaux, et de restriction des espaces de promenade en liaison avec la montée des violences entre détenus. Félicitant le Rapporteur spécial pour lobjectivité de son rapport relatif aux créations demplois de magistrats, tout à fait remarquables, M. Edmond Hervé lui a suggéré dévoquer, lors du prochain budget, de manière plus précise, les conditions de détention des mineurs, qui savèrent aujourdhui inacceptables, au regard notamment de la proximité avec leur famille. Il serait particulièrement intéressant de faire le point sur les actions de réinsertion par la culture menées par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse. La Commission a adopté, contre lavis du Rapporteur spécial, les crédits de la Justice et vous demande démettre un vote favorable à leur adoption. Article 71 Revalorisation du montant de lunité de valeur de référence Texte du projet de loi : Le montant hors taxe sur la valeur ajoutée de lunité de valeur mentionnée au troisième alinéa de larticle 27 de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 modifiée relative à laide juridique est fixé, pour les missions achevées à compter du 1er janvier 2000 à 134 francs. Exposé des motifs du projet de loi : Larticle 27 dernier alinéa de la loi n° n° 91-647 du 10 juillet 1991 relative à laide juridique prévoit que la loi de finances détermine annuellement le montant de lunité de valeur servant à fixer le niveau de la dotation annuelle des barreaux pour les missions daide juridictionnelle. Le montant de lunité de référence, fixé à 125 francs en 1992, a été porté à 128 francs en 1993, à 130 francs en 1995 et 132 francs en 1998. Il est proposé de porter lunité de valeur à 134 francs en 2000, soit une hausse de 2 francs (+ 1,52 %), ce qui représente un coût pour le budget de lÉtat de 17 millions de francs. Observations et décision de la Commission : Le montant de lunité de valeur servant de base au calcul de la dotation allouée à chaque barreau en contrepartie des missions daide juridictionnelle accomplies pour les avocats du barreau et déterminé par la loi de finances a été fixé par la loi de finances pour 1998 à 132 francs. Larticle 71 porte ce montant à 134 francs. En effet, larticle 27 de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 dispose que « lÉtat affecte annuellement à chaque barreau une dotation représentant sa part contributive aux missions daide juridictionnelle accomplies par les avocats du barreau. « Le montant de cette dotation résulte, dune part, du nombre de missions daide juridictionnelle accomplies par des avocats du barreau, et dautre part, du produit dun coefficient par type de procédure et dune unité de valeur de référence (...). La loi de finances détermine annuellement lunité de valeur mentionnée au troisième alinéa du présent article. » Léconomie du dispositif est donc la suivante : lunité de valeur est déterminée annuellement, sans indexation, par la loi de finances ; un décret en Conseil dÉtat détermine les coefficients correspondant aux diverses procédures (décret n° 91-1266 du 19 décembre 1991 modifié) ; lÉtat détermine pour chaque barreau le nombre de missions daide juridictionnelle prévisibles et il verse une provision sur la base de ce nombre, des coefficients et de lunité de valeur, à chaque barreau, en début dannée ; la liquidation est faite en fin dannée sur la base du nombre de missions achevées. La modulation entre barreaux, introduite pour laide juridique totale à compter du 1er janvier 1998 a eu pour effet de porter le montant prévisionnel moyen de lunité de valeur à 142,2 francs. Larticle 71 en proposant de revaloriser lunité de valeur de 1,52 % devrait porter le montant prévisionnel moyen à 144,4 francs. Il sagit du montant hors taxe sur la valeur ajoutée puisque les avocats sont imposables à la TVA pour les prestations réalisées dans le cadre de laide juridictionnelle au taux réduit de 5,5 % en vertu de larticle 279 f du code général des impôts (). Les versements aux barreaux comprennent la dotation de base, majorée de la TVA. Enfin, on peut rappeler en conclusion que le principal poste de dépense en matière daide juridique est précisément constitué par la rétribution des avocats : 1.038 millions de francs en 1998, soit une somme de 30.000 francs en moyenne par avocat. Puis, sur proposition du Rapporteur spécial, votre commission des Finances a adopté sans modification larticle 71 et vous demande démettre un avis favorable à son adoption. * * * ______________ N°1861-35. - Rapport de M. Patrick Devedjian, au nom de la commission des finances, sur le projet de loi de finances pour 2000. - Justice. - Cliquer ici pour retourner au sommaire général - Cliquez ici pour retourner à la liste des rapports et avis budgétaires - Cliquez ici pour retourner à la liste des discussions budgétaires
() Le budget de la Justice est passé de 14,8 milliards de francs en 1988 à 27,2 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour 2000. () Ce chiffre ne tient pas compte des crédits correspondant aux charges de pension qui sont inscrits dans le budget voté, mais qui sont transférés au début de chaque année sur le budget des Charges communes. () Introduction de la mixité dans les tribunaux de commerce décidée le 31 mai 1999, décret n° 98-1232 du 29 décembre 1998 relatif au redressement et à la liquidation judiciaires des entreprises et le décret n° 85-1389 du 27 décembre 1985 relatif aux administrateurs judiciaires, mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises et experts en diagnostic dentreprise ; circulaire du 26 janvier 1999 portant mesures urgentes dapplication du décret du 29 décembre 1998 relatif au redressement et à la liquidation judiciaire des entreprises et du décret du 27 décembre 1985 relatif aux administrateurs judiciaires, aux mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises et aux experts en diagnostic dentreprises ; décret n° 99-659 du 30 juillet 1999 portant suppression de tribunaux de commerce, décret n° 99-818 du 16 septembre 1999 modifiant le code de procédure pénale (deuxième partie : Décrets en Conseil dÉtat) et le nouveau code de procédure civile et relatif aux modalités de désignation et dindemnisation des administrateurs ad hoc. (1) Cour des comptes, Rapport sur lexécution des lois de finances pour lannée 1997, page 366. (1) Hors services judiciaires, administration pénitentiaire, protection judiciaire de la jeunesse et juridictions administratives. (1) Rapport du comité de réorganisation et de déconcentration du ministère de la Justice, février 1994. (1) Lettre du le président et du procureur du tribunal de grande instance de Paris au Garde des Sceaux, ministre de la Justice en date du 6 octobre 1997. (1) Cette circulaire a été publiée au Bulletin officiel du ministère de la Justice. () Cf. circulaire de politique pénale du 15 juillet 1998 prise dans le cadre des mesures gouvernementales arrêtées par le conseil de sécurité intérieure du 8 juin 1998. () Il existe sur le territoire métropolitain 30 cours dappel, 175 tribunaux de grande instance, 462 tribunaux dinstance, 227 tribunaux de commerce et 264 conseils de prudhommes. (2) Décret n° 94-259 du 25 mars 1994, décret n° 94-730 du 6 mai 1994, décret n° 94-378 du 9 mai 1994, décret n° 95-582 du 5 mai 1995, décret n° 96-1019 du 26 novembre 1996, décrets n° 97-96, 97-97 et 97-98 du 5 février 1997, décret n° 97-123 du 6 février 1997. (1) Rapport entre le nombre de détenus et le nombre de places de détention mises en service au 1er juillet 1999. () Ministère de la Justice, réponse au questionnaire parlementaire sur les crédits de la Justice pour 2000. (1) 92 établissements sont installés dans des immeubles construits depuis un siècle ou plus et dont certains sont des anciens biens dÉglise transformés en prison pendant la période révolutionnaire. () Journal officiel du 8 novembre 1998. () Bordeaux, Douai, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Paris. () La loi de finances par 1999 avait été marquée par le transfert à partir du budget des services financiers du ministère de lÉconomie, des Finances et de lIndustrie de 32 millions de francs dindemnités auparavant rattachés par voie de fonds de concours au budget de la Justice, ce qui avait expliqué une grande partie de la forte augmentation enregistrée lan passé.
() Voir le rapport de notre collègue Yves Tavernier, Les services des visas, parents pauvres des Affaires
() Conseil dÉtat, Rapport public 1999, jurisprudence et avis de 1998, Paris, La Documentation française, () Décret n° 99-435 du 1er septembre 1999 portant création dune cour administrative dappel à Douai et modifiant les articles R. 5, R. 7 et R. 8 du code des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel. () Article 11 : « Le pourvoi en cassation devant le Conseil d'État fait l'objet d'une procédure préalable d'admission. L'admission est refusée par décision juridictionnelle si le pourvoi est irrecevable ou n'est fondé sur aucun moyen sérieux. S'il prononce l'annulation d'une décision d'une juridiction administrative statuant en dernier ressort, le Conseil d'État peut, soit renvoyer l'affaire devant la même juridiction statuant, sauf impossibilité tenant à la nature de la juridiction, dans une autre formation, soit renvoyer l'affaire devant une autre juridiction de même nature, soit régler l'affaire au fond si l'intérêt d'une bonne administration de la justice le justifie. Lorsque l'affaire fait l'objet d'un deuxième pourvoi en cassation, le Conseil d'État statue définitivement sur cette affaire. » (1) Cour des comptes, Rapport sur lexécution des lois de finances en vue du règlement du budget de lexercice 1995, page 492. () Article 279 f du code général des impôts : « La taxe sur la valeur ajoutée est perçue au taux réduit de 5,50 % en ce qui concerne f. les prestations pour lesquelles les avocats, les avocats au Conseil dÉtat et à la Cour de cassation et les avoués sont indemnisés totalement ou partiellement par lÉtat dans le cadre de laide juridictionnelle. » |