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le 8 novembre 2001
N° 3320
______
ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 11 octobre 2001.
RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L'ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN (1) SUR
LE PROJET DE loi de finances pour 2002 (n° 3262),
PAR M. DIDIER MIGAUD
Rapporteur Général,
Député.
--
ANNEXE N° 3
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
COOPÉRATION
Rapporteur spécial : M. Maurice ADEVAH-P_UF
Député
____
(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.
Lois de finances.
La commission des finances, de l'économie générale et du plan est composée de : M. Henri Emmanuelli, président ; M. Michel Bouvard, M. Jean-Pierre Brard, M. Yves Tavernier, vice-présidents ; M. Pierre Bourguignon, M. Jean-Jacques Jégou, M. Michel Suchod, secrétaires ; M. Didier Migaud, Rapporteur Général ; M. Maurice Adevah-Poeuf, M. Philippe Auberger, M. François d'Aubert, M. Dominique Baert, M. Jean-Pierre Balligand, M. Gérard Bapt, M. François Baroin, M. Alain Barrau, M. Jacques Barrot, M. Christian Bergelin, M. Éric Besson, M. Alain Bocquet, M. Augustin Bonrepaux, M. Jean-Michel Boucheron, Mme Nicole Bricq, M. Christian Cabal, M. Jérôme Cahuzac, M. Thierry Carcenac, M. Gilles Carrez, M. Henry Chabert, M. Jean-Pierre Chevènement, M. Didier Chouat, M. Alain Claeys, M. Charles de Courson, M. Christian Cuvilliez, M. Arthur Dehaine, M. Yves Deniaud, M. Michel Destot, M. Patrick Devedjian, M. Laurent Dominati, M. Julien Dray, M. Tony Dreyfus, M. Jean-Louis Dumont, M. Daniel Feurtet, M. Pierre Forgues, M. Gérard Fuchs, M. Gilbert Gantier, M. Jean de Gaulle, M. Hervé Gaymard, M. Jacques Guyard, M. Pierre Hériaud, M. Edmond Hervé, M. Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, M. Michel Inchauspé, M. Jean-Pierre Kucheida, M. Marc Laffineur, M. Jean-Marie Le Guen, M. Guy Lengagne, M. Maurice Ligot, M. François Loos, M. Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, M. Pierre Méhaignerie, M. Louis Mexandeau, M. Gilbert Mitterrand, M. Gilles de Robien, M. Alain Rodet, M. José Rossi, M. Nicolas Sarkozy, M. Gérard Saumade, M. Philippe Séguin, M. Georges Tron, M. Jean Vila.
INTRODUCTION 5
I.- UNE DOCTRINE A L'ÉPREUVE DE LA RÉALITÉ 7
A.- LES PRINCIPES DE LA COOPÉRATION 7
B.- UNE AIDE QUI DEMEURE CONCENTRÉE SUR L'AFRIQUE 8
C.- LES PARTS RESPECTIVES DES AIDES BILATÉRALES ET MULTILATÉRALES 9
1.- La répartition de l'aide 9
2.- L'évolution de l'aide en 2001 et 2002 : la part croissante du canal multilatéral 11
D.- CONTRADICTIONS ENTRE LES PRINCIPES ET LA RÉALITÉ 11
1.- La disparition progressive de la spécificité française 12
2.- Le déclin des moyens humains 12
3.- Une réorientation du dispositif qui ne profite qu'aux entreprises 13
4.- L'absence de politique de recrutement local 14
E.- QUE FAIRE DE L'ANNULATION DE LA DETTE ? 15
1.- Origine de l'initiative PPTE 15
2.- Le mécanisme de l'allégement 17
3.- Les limites de l'allégement 17
4.- Les enjeux pour la coopération française 18
II.- L'EXÉCUTION DES CRÉDITS DE LA COOPÉRATION EN 2000 19
A.- LA GESTION DES EFFECTIFS 19
B.- LES MOUVEMENTS DE CRÉDITS RELATIFS À LA COOPÉRATION TECHNIQUE 19
C.- LES AUTORISATIONS DE PROGRAMMES 21
D - LA DÉCONCENTRATION DES CRÉDITS 22
III.- LES CRÉDITS DE LA COOPÉRATION POUR 2002 26
A.- LA DIMINUTION DES CRÉDITS DES TITRES IV ET VI 27
B.- L'AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT 34
IV.- LA DILUTION DE L'AIDE COMMUNAUTAIRE 39
A.- LES PRINCIPES DES ACCORDS DE SUVA 39
1.- Le respect des principes démocratiques 40
2.- La rationalisation des instruments juridiques de l'aide 40
3.- De la fin des préférences généralisées vers la régionalisation des relations 40
B.- L'AFFAIBLISSEMENT DU DISPOSITIF ADMINISTRATIF 41
1.- La réforme du dispositif des relations extérieures 41
2.- La segmentation de l'action communautaire 42
3.- La contribution de la politique communautaire à la destruction de la filière du coton 43
4.- La suppression des instruments spécifiques de l'aide communautaire 44
C.- DES RELATIONS COMMERCIALES NORMALISÉES, UN SOUTIEN ACCRU 45
AU SECTEUR PRIVÉ 45
1.- La normalisation des relations commerciales 45
2. Le recours au secteur privé 46
V.- COMPTE RENDU DE MISSION 49
A.- LES COMORES 49
1.- Évolutions politiques et économiques récentes 49
2.- La coopération française 50
3.- Une action entravée par la question des visas 50
B.- MADAGASCAR 52
1.- Des difficultés inhérentes à la société malgache 52
2.- La coopération française à Madagascar 53
EXAMEN EN COMMISISON 55
Après quarante ans de politique de coopération, force est de constater que l'Afrique, continent principal destinataire de notre aide, n'a pas pris le chemin du développement. La pauvreté demeure, aggravée en certaines régions par des guerres civiles.
Or, dans le même temps, l'aide publique et les capitaux privés se désintéressent d'un continent peuplé de 800 millions d'hommes, et qui en comptera 1,4 milliard en 2020. En outre, elle a tendance à s'exercer de manière croissante au travers des organismes multilatéraux dont la philosophie libérale et les conditionnalités conduisent à l'affaiblissement des États en détruisant leur administration, seule à même pourtant de répartir l'aide avec un minimum de neutralité.
Malgré de substantiels progrès, le fait même de mener une politique globale de coopération quarante ans après les indépendances africaines exige de remettre en question la manière dont nous travaillons avec ce continent. Vouloir décalquer à toute force les modèles occidentaux sur les systèmes administratifs, judiciaires, hospitaliers ou éducatifs n'est pas forcément la seule solution quand les pays africains ont déjà des pratiques propres - souvent consensuelles - de gestion de leurs sociétés. De même, considérer que le développement est lié à des statistiques de production ou d'exportation revient à oublier le critère fondamental, à savoir la croissance des revenus des populations. Nos mécanismes classiques - notamment la bancarisation de l'économie - ne font qu'effleurer les populations qui tirent leurs ressources d'échanges locaux et qui n'investissent que grâce au microcrédit.
S'il faut réformer la coopération française, ce n'est pas par la seule modification de ses structures. C'est en se calquant sur la réalité du terrain. Cette évidence est pourtant loin d'être partagée.
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I.- UNE DOCTRINE A L'ÉPREUVE DE LA RÉALITÉ
La réforme du dispositif français de coopération décidée par le Gouvernement en 1998 est liée à une modification de la doctrine, afin de tenir compte de l'évolution du monde et des besoins des pays en voie de développement.
La refonte de la doctrine française confirme le rôle irremplaçable du service public et de l'État en matière de développement et de démocratie, ainsi que pour la définition de ce développement. Les réflexions sur la régulation de la mondialisation, la gestion des biens publics et les partenariats à mettre en place avec les pays en développement sont au centre de notre doctrine.
Dans ce cadre, la stratégie française d'aide au développement s'organise autour des axes d'intervention suivants :
- la consolidation de l'État de droit et l'enracinement de la démocratie, par le renforcement des institutions, de la pratique démocratique et des systèmes de gestion publique, ainsi que par l'appui aux processus de décentralisation et aux organisations représentatives de la société civile ;
- le soutien à la satisfaction des besoins de base des populations, par la mise en _uvre de programmes orientés vers la lutte contre la pauvreté et les inégalités, les efforts en faveur de l'éducation, de la santé et de l'amélioration de la condition des femmes. Si l'on veut marquer, dans ces domaines, une spécificité française, elle est à relever dans sa vision plus vaste que l'apport pur et simple de financements, et dans sa volonté de lutter contre les mécanismes qui fabriquent la pauvreté ;
- la promotion d'économies plus diversifiées et moins vulnérables, en favorisant le développement des petites et moyennes entreprises et du monde rural ainsi que l'amélioration de l'activité économique ;
- la gestion rationnelle des ressources naturelles et l'aménagement des territoires, en soutenant notamment la surveillance des pêches, l'exploitation des zones forestières, la gestion des ressources en eau et la préservation de la faune et de la flore ;
- l'appui aux processus d'intégration et de coopération régionales, notamment en Afrique ;
- le soutien à la diversité et à la création culturelle, ainsi qu'à l'émergence de communautés scientifiques.
Au-delà des stratégies à moyen terme par pays ou par zone, une attention particulière est accordée à la situation économique des différents pays et à la mise en place des nouveaux cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté. Ils constituent un élément central des récentes initiatives concernant l'annulation de la dette des pays pauvres très endettés (initiative PPTE) à laquelle la France contribue largement sous la forme du refinancement des créances par dons (contrats de désendettement et de développement). Cette politique fait l'objet d'une collaboration avec les institutions et organismes internationaux, principalement l'Union européenne, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.
La coopération culturelle, scientifique et technique de la France participe en outre au renforcement de l'image et du rôle de notre pays en Europe et dans le monde. Elle contribue à la diversité culturelle, en offrant notamment une alternative aux influences anglo-saxonnes. Dans le domaine de la langue française, quatre objectifs sont poursuivis : le développement du plurilinguisme, la formation des générations futures en français, la valorisation de l'image de la langue française comme vecteur de modernité, le développement de l'usage du français au niveau international, tant dans les domaines scientifiques que dans celui de la politique audiovisuelle.
L'aide à l'Afrique sub-saharienne, et plus généralement aux pays pauvres de la zone de solidarité prioritaire (ZSP), présente les caractéristiques suivantes :
· la diminution des aides à l'ajustement structurel, en raison de l'amélioration de la situation économique en Afrique ;
· le poids de la dette demeure un problème crucial pour ces pays pour lesquels un effort particulier a été initié au sommet du G7 de Lyon. Ils ont été les principaux bénéficiaires des annulations importantes de dette accordées en 1997 et 1998 ;
· l'aide-projet a diminué de 20 % et la coopération technique a également diminué.
Après l'Afrique sub-saharienne , qui représente 70 % de notre aide bilatérale, l'Afrique du Nord demeure un partenaire privilégié de notre coopération internationale. Le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Égypte ont bénéficié de 17 % de l'aide bilatérale en 1998, laquelle représente 22 % du total des apports publics à la région.
En dehors du continent africain, l'aide française est moins significative par rapport à celle des autres bailleurs de fonds. Elle a diminué très sensiblement au cours des trois dernières années, notamment par la baisse des prêts du Trésor. Dans l'ensemble de ces régions, les instruments multilatéraux et européens auxquels la France participe ont une présence prépondérante.
En 1999, notre coopération avec les pays d'Amérique latine représentait 4 % du total de notre aide bilatérale. Les premiers bénéficiaires y étaient le Pérou, la Bolivie, la Colombie et le Chili. L'Asie du Sud a bénéficié de près de 1 % de notre aide et l'Extrême-Orient de 5 %. Les principaux bénéficiaires sont la Chine, le Vietnam, l'Indonésie et les Philippines. Les pays du Moyen-Orient ont reçu 3 %, avec une forte concentration sur le Liban.
Le tableau ci-dessous retrace la répartition de l'aide française pour 2002 :
EFFORT D'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT (en millions d'euros) | |||
2000 (1) |
2001 (2) |
2002 (3) | |
1.- Aide bilatérale |
2.901 |
2.766 |
3.005 |
- affaires étrangères et coopération |
981 |
1.059 |
948 |
- ministère des Finances et AFD |
795 |
557 |
895 |
- autres ministères et frais administratifs |
1.125 |
1.150 |
1.162 |
Pour mémoire : · prêts |
- 89 |
- 240 |
- 303 |
· dons |
2.470 |
2.336 |
2.226 |
· annulations et consolidations |
520 |
670 |
1.082 |
2.- Aide multilatérale |
1.384 |
1.829 |
1.804 |
- aide européenne |
859 |
1.042 |
1.202 |
- banques et fonds de développement |
413 |
511 |
404 |
- institutions des Nations Unies |
135 |
181 |
161 |
- FRPC renforcé du FMI |
- 23 |
95 |
37 |
Total des États étrangers |
4.285 |
4.595 |
4.809 |
APD (hors TOM) rapporté au PIB (en %) |
0,31 |
0,32 |
0,33 |
3.- Territoires d'outre-mer |
|||
(uniquement Mayotte et Wallis-et-Futuna depuis 2000) Divers ministères |
168 |
154 |
154 |
Total APD (TOM inclus) |
4.453 |
4.749 |
4.963 |
APD (TOM inclus) rapporté au PIB (en %) |
0,32 |
0,33 |
0,34 |
(1) Chiffres définitifs
(2) Prévision à fin septembre 2001
(3) Prévision associée au projet de loi de finances pour 2002
Source : Direction du Trésor.
A l'instar des pays de l'Union européenne, l'aide publique au développement (APD) de la France repose sur trois composantes : multilatérale, européenne et bilatérale.
La part bilatérale de l'APD reste largement majoritaire, mais a proportionnellement diminué de 78 % du total de l'APD en 1994 à 72 % en 1999. Son volume global s'est stabilisé, au cours de la même période, mais ses principales composantes ont évolué très diversement.
Si les moyens de la coopération technique ont légèrement augmenté, grâce au maintien des crédits mis en _uvre par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l'Éducation nationale et de la Recherche et en raison d'une forte hausse de l'accueil des étudiants des pays en développement dans les universités françaises, les autres instruments de notre aide au développement bilatérale enregistrent des variations à la baisse. Ainsi, l'aide projet a diminué de 47 %. L'ensemble des aides économiques (aide à l'ajustement économique et annulations de dettes) a enregistré une chute de 64 %, il est vrai, en partie, grâce aux effets de la dévaluation du franc CFA.
L'aide européenne progresse sensiblement en termes relatifs et représente désormais 14 % de l'aide française, contre 11 % en 1994. Cette évolution est principalement due à la quote-part française de 24,3 % au Fonds européen de développement et à l'augmentation du budget des actions extérieures. En termes absolus, la contribution de la France à l'aide communautaire s'est stabilisée autour de 5 milliards de francs par an. Cette stabilisation trouve son origine dans le contrôle plus strict des dépenses de l'Union par ses États membres et par le Parlement européen. Mais elle traduit aussi la priorité donnée à l'accession des anciens pays du bloc de l'Est à l'Union, qui conduit une part significative du budget communautaire à ne plus être consacré à l'APD.
L'aide multilatérale diminue globalement, avec toutefois des fluctuations annuelles importantes. Les contributions aux institutions multilatérales de développement (contributions aux organisations spécialisées des Nations-Unies, versement aux banques et fonds de développement) représentaient 4,7 milliards de francs en 1994, soit 10 % de l'APD et 3 milliards de francs en 1998, soit 9 %. Cette évolution est principalement due aux difficultés rencontrées lors des négociations de reconstitution pour assurer un partage équitable. Le total de l'aide multilatérale est remonté en proportion à 24 % de l'aide française en 1999, en raison des fluctuations très fortes de la Facilité d'ajustement structurel renforcé du Fonds monétaire international, devenue en 1999 la Facilité pour la croissance et la réduction de la pauvreté, liées aux accords conclus chaque année (de 279 millions de francs en 1997 à 1.540 millions de francs en 1998).
Le tableau ci-dessous permet de constater que, de 1992 à 1998, l'aide multilatérale a été relativement stable, passant de 24 % à 27 %.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT (en millions d'euros) | |||||||||||||||
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|||||||||
ME |
% |
ME |
% |
ME |
% |
ME |
% |
ME |
% |
ME |
% |
ME |
% | ||
Aide multilatérale |
1 587,91 |
24 |
1 520,53 |
22 |
1 569,92 |
22 |
1 532,87 |
24 |
1 323,56 |
23 |
1 361,52 |
24 |
1 400,40 |
27 | |
Aide bilatérale |
|||||||||||||||
Europe du Sud |
56,86 |
1 |
65,78 |
1 |
50,92 |
1 |
25,00 |
1 |
41,16 |
1 |
35,06 |
1 |
41,01 |
1 | |
Afrique du Nord |
639,83 |
13 |
636,83 |
12 |
723,52 |
13 |
708,13 |
14 |
698,37 |
16 |
568,03 |
13 |
642,42 |
17 | |
dont Maghreb |
421,52 |
8 |
410,83 |
8 |
370,76 |
7 |
353,99 |
7 |
460,55 |
10 |
312,52 |
7 |
364,35 |
10 | |
Afrique sub saharienne |
2 523,18 |
50 |
2 613,20 |
49 |
2 646,51 |
47 |
2 058,21 |
42 |
1 894,33 |
42 |
1 930,16 |
45 |
1 441,41 |
38 | |
Amérique centrale et du Sud |
157,94 |
3 |
244,19 |
5 |
177,45 |
3 |
286,70 |
6 |
188,27 |
4 |
154,58 |
4 |
170,74 |
5 | |
Moyen Orient |
93,60 |
2 |
95,52 |
2 |
104,28 |
2 |
102,70 |
2 |
109,46 |
2 |
106,10 |
2 |
98,48 |
3 | |
Asie du Sud |
130,65 |
3 |
134,80 |
3 |
130,34 |
2 |
66,89 |
1 |
50,77 |
1 |
59,91 |
1 |
28,36 |
1 | |
Extrême-Orient |
408,56 |
8 |
295,14 |
6 |
408,11 |
7 |
323,19 |
7 |
254,13 |
6 |
183,24 |
4 |
176,84 |
5 | |
Océanie (dont TOM) |
558,12 |
11 |
636,60 |
12 |
660,87 |
12 |
682,54 |
14 |
652,33 |
15 |
634,04 |
15 |
688,92 |
18 | |
PED non spécifiés (1) |
517,41 |
10 |
590,07 |
11 |
694,10 |
12 |
637,91 |
13 |
598,82 |
13 |
578,54 |
14 |
475,34 |
13 | |
Total aide bilatérale |
5 086,00 |
76 |
5 312,09 |
78 |
5 595,79 |
78 |
4 891,33 |
76 |
4 487,64 |
77 |
4 249,82 |
76 |
3 763,36 |
73 | |
Total A.P.D. |
6 674,07 |
6 832,61 |
7 165,71 |
6 424,05 |
5 811,20 |
5 611,34 |
5 163,75 |
||||||||
Source : ministère des Affaires étrangères |
En 2001, l'aide publique au développement destiné aux États étrangers devrait augmenter de près de 300 millions d'euros.
Cette évolution est marquée par un tassement de l'aide bilatérale (- 4,7 %) après la hausse constatée en 2000 avec la crise du Kosovo. Par ailleurs, la forte progression des remboursements au titre des protocoles de prêts et des prêts d'ajustement structurel (508 millions d'euros au total) conduit à un effort d'APD net en recul de 1 milliard d'euros pour les prêts accordés à titre bilatéral. L'APD enregistre au titre des annulations et consolidations de dettes des États étrangers une hausse de 150 millions d'euros, liée notamment au début de la montée en puissance de l'initiative PPTE sur la dette des pays les moins avancés.
En revanche, l'aide multilatérale augmente de 445 millions d'euros. Les dépenses au titre du Fonds européen de développement (FED) progressent en raison notamment d'un versement exceptionnel par la France des sommes dues au titre de l'ancien instrument de stabilisation des exportations (STABEX), dont les fonds viennent maintenant financer l'activité courante du FED. La participation de la France aux banques et fonds de développement enregistre la hausse de la contribution française au titre du Fonds asiatique de développement et le versement en 2001 d'une part de plusieurs annuités relatives au Fonds pour l'environnement mondial et d'autre part, des participations à d'autres fonds environnementaux tels que le Fonds « Tchernobyl » et le Fonds lié au Protocole de Montréal. Enfin, les dépenses au titre de la nouvelle facilité du FMI pour la réduction de la pauvreté et la croissance augmenteraient de 118 millions d'euros.
En 2002, l'aide bilatérale progressera de 239 millions d'euros sous l'effet de l'augmentation des dépenses d'annulations et de consolidations, liée notamment à la forte montée en régime de l'initiative PPTE. L'effort d'APD transitant par l'aide européenne augmentera de 160 millions d'euros, en raison de l'augmentation des dépenses du FED. En revanche, les prévisions de décaissements au titre du FMI seront en baisse de 58 millions d'euros.
Au total, votre Rapporteur spécial constate que l'aide française pour 2001 et 2002, a tendance à s'écarter de l'aide bilatérale aux pays africains et à se concentrer via les canaux multilatéraux. Pour 2002, l'aide multilatérale atteindra 40 % de l'APD.
Toute doctrine s'analyse à l'aune de la réalité. Force est de constater que la coopération française, dans sa pratique, ne répond pas toujours aux principes qui la guident.
Si le Gouvernement affirme une spécificité française en matière de coopération, celle-ci est essentiellement un legs de l'histoire. Les liens séculaires de la France et de l'Afrique, l'entrée de la plupart des ex-colonies dans les forces françaises libres dès 1940, la participation d'Africains à la rédaction de la Constitution de 1958, la défense par la France de l'Afrique au niveau européen, (accords de Yaoundé, de Lomé et de Suva), les liens culturels et humains étroits avec les trois pays de l'Indochine constituent effectivement un corps de doctrine, un ensemble de pratiques et une trame humaine dont l'intensité n'a pas diminué avec le renouvellement des générations. Mais la spécificité est essentiellement la marque de l'aide bilatérale. Or, à cet égard, la coopération française a enregistré deux évolutions majeures :
- la part croissante de nos aides par le canal des organismes multilatéraux ;
- l'acceptation de soumettre une partie de notre aide à l'approbation de programmes par le FMI. Or, la logique de ce dernier privilégie essentiellement l'orthodoxie budgétaire et la privatisation de l'économie et s'intéresse peu à des corollaires indispensables au développement humain, comme l'éducation, la mise en place d'une fonction publique impartiale, les libertés publiques, l'instauration d'États de droit. Il s'agit du développement humain dans sa globalité. Mais la voie que prend la coopération d'État ne permet pas de maintenir cette globalité. Ce sont de plus en plus les collectivités locales et les organisations de solidarité internationale qui assurent cet objectif.
La principale spécificité de la coopération française est l'existence de coopérants (assistance technique civile et militaire) qui, en forgeant leur expérience sur le terrain, sont aptes à assurer des missions simultanément en plusieurs domaines. Leur vocation est de disparaître au fur et à mesure que les pays de la zone de solidarité prioritaire sont capables d'assurer les fonctions pour lesquelles ils ont été aidés.
Actuellement, les effectifs de l'assistance technique ne cessent de diminuer, année après année, alors que les besoins de coopération demeurent. La raison principale est la volonté d'en diminuer le coût budgétaire.
ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DE L'ASSISTANCE TECHNIQUE DANS LES PAYS DE L'ANCIEN CHAMP | ||
Assistance civile |
Assistance militaire | |
1994 |
3.200 |
715 |
1996 |
2.919 |
714 |
1998 |
2.577 |
570 |
2000 |
1.979 |
366 |
2001 |
1.899 |
448 |
Source : ministère délégué chargé de la Coopération.
On observera que les effectifs de l'assistance technique civile et militaire ont diminué de moitié en huit ans. En contrepartie, le Gouvernement souhaite intensifier le recours à des experts, pour des missions de courte ou de longue durée. Ce dispositif change la nature de la coopération. Les missions ont pour justification une plus grande mobilité, une adaptation de l'offre à la demande d'expertise, mais elles supprimeront le lien résidentiel entre l'assistant technique et le pays. Il n'est pas sûr que la qualité de nos interventions soit maintenue car le développement n'obéit pas à des logiques statistiques ou financières. Il exige une connaissance du terrain, du contexte politique, surtout dans des pays où les ethnies et les langues sont diverses. Or la diminution de l'assistance technique obéit essentiellement à des contraintes budgétaires, et moins à une réflexion sur leur rôle.
La suppression du service national et son remplacement par des volontaires civils (loi du 14 mars 2000) n'apporte pas de solution. En 1986, on comptait 4.600 volontaires du service national actif (VSNA). Ce nombre est tombé à 1.073 au premier semestre 2001, au travers du volontariat civil international. Ce chiffre est compensé par les coopérants en entreprises (CSNE), avec 3.273 départs en 2000. Mais il s'agit là d'une forme de coopération qui lie le développement à l'action des entreprises. Cette approche mérite d'être soutenue, mais elle ne constitue pas le c_ur d'une politique de coopération.
S'agissant des coopérants au service national (CSNE), la première zone d'affectation en 2000 était l'Europe, avec 53 % du nombre de missions, suivie de l'Amérique du Nord, qui devançait pour la première fois l'Asie avec un écart de plus de 100 CSNE, traduisant ainsi les nouvelles orientations géographiques des entreprises françaises exportatrices. Venaient ensuite l'Afrique, l'Amérique latine qui amorçait un redressement puis le Proche et Moyen-Orient. Les États-Unis, avec près de 500 CSNE se sont nettement détachés en 2000 comme le premier pays d'affectation, suivis du Royaume-Uni et de l'Allemagne. La Chine et la Pologne progressaient régulièrement ainsi que le Mexique.
970 entreprises françaises ont utilisé la procédure des CSNE, contre 959 en 1999, dont 55 % de PME. Cette tendance a traduit un intérêt grandissant de leur part pour la formule, les grands groupes restant pour leur part d'importants utilisateurs de cette procédure qui a fait longtemps partie intégrante de leur politique de développement des ressources humaines à l'échelon international.
Depuis la mise en place du volontariat civil international, l'objectif du développement s'est estompé au profit de l'action commerciale. Les volontaires civils sont en effet censés participer autant au développement qu'à l'expansion des entreprises françaises. Or, à ce jour, les volontaires civils ont proposé leur candidature aux seules entreprises, et non à quelque organisme lié au développement. Les conséquences de cette désaffection ne sont pas encore mesurables sur le terrain, mais l'on peut prévoir de grandes difficultés pour les SCAC, les postes de l'AFD, certaines associations et les établissements d'enseignement.
4.- L'absence de politique de recrutement local
Votre Rapporteur spécial a pu constater les effets pervers des écarts de rémunération entre expatriés français, personnes recrutées localement, résidents et fonctionnaires des pays allocataires de notre aide (fonctionnaires locaux).
Il existe plusieurs situations : en premier lieu, un décalage classique de rémunération entre les fonctionnaires et agents contractuels français expatriés et les personnels locaux. Ce décalage est admis dans la mesure où il obéit à la grille de la fonction publique française. En second lieu, le problème concerne le décalage des rémunérations entre personnes recrutées localement et travaillant en Ambassade ou dans les postes de l'Agence française de développement, et les fonctionnaires locaux. Pour ces derniers, la rémunération oscille entre 700 et 2000 francs par mois lorsqu'ils accomplissent une tâche d'encadrement dans la haute fonction publique, alors que leurs compatriotes à l'Ambassade reçoivent une rémunération qui peut être jusqu'à quatre fois supérieure.
Cette situation induit des effets pervers. Une secrétaire de l'Ambassade de France - de nationalité française - touche une rémunération largement supérieure à un directeur d'administration centrale locale. Il en est de même pour une secrétaire recrutée localement. Dans un ordre d'idée analogue, une personne recrutée localement touche une rémunération inférieure à un fonctionnaire français, alors qu'elle accomplit un travail similaire. Cette rémunération est toutefois largement supérieure aux salaires attribués localement. De ce fait, les titulaires de diplômes universitaires sont tentés de travailler pour des organismes français au lieu d'apporter leur compétences à des entreprises ou administrations de leur pays. Dans un certain nombre de cas, la coopération française peut même être conçue comme un marchepied vers l'expatriation.
Il est inutile de s'étendre sur les frustrations que cette situation engendre. Les effets sur les fonctions publiques locales sont bien réels. Les titulaires de diplômes ont pour objectifs de travailler pour des organismes français (ou des organismes d'autres pays développés), ce qui empêche le renouvellement des cadres des fonctions publiques locales. A la diminution des effectifs des fonctions publiques africaines en raison des programmes des instances multilatérales s'ajoute un vieillissement croissant de la pyramide des âges dans les administrations. La diminution des effectifs de fonctionnaires rend en outre plus difficiles la consommation et le contrôle des crédits d'aide publique.
L'absence de doctrine précise en la matière donne à l'évidence une souplesse de gestion à la coopération française, sans compter l'économie budgétaire qui en résulte. Mais elle aboutit à des situations disparates selon les pays, contraires au principe d'égalité qui devrait inspirer notre politique de recrutement. On rappellera en outre que les personnels recrutés localement ne touchent pas la même rémunération si leur employeur est le ministère des Affaires étrangères ou la Direction des relations économiques extérieures. Votre Rapporteur spécial propose au Gouvernement d'établir une grille salariale pour les recrutements locaux en fonction de critères aussi objectifs que possible, tenant compte à la fois des grilles des expatriés et des résidents, mais aussi des fonctions publiques locales. Mais au-delà de cette mesure technique, notre pays se doit de remettre en question le dogme de la masse salariale des fonctionnaires pesant sur le budget des États. C'est la modicité des salaires locaux qui induit des comportements de corruption et qui affaiblit les États.
L'annulation des dettes souveraines des pays les plus pauvres (initiative PPTE) est conforme à la doctrine française d'assistance à ces pays. A cet égard, votre Rapporteur spécial marque son accord total avec la politique du Gouvernement, car elle permet aux budgets des États bénéficiaires d'être soulagés des intérêts de leur dette. Ces intérêts atteignaient parfois jusqu'à 30 % de leur dépense budgétaire.
L'année 1999 a été marquée par une prise de conscience croissante des effets de la crise financière internationale sur l'endettement du Tiers monde. Le sommet du G8, qui s'était tenu à Cologne les 18 et 19 juin 1999, avait procédé à une importante annulation de dettes des pays les plus pauvres. La décision portait sur 70 milliards de dollars (environ 420 milliards de francs), après que plusieurs pays (France, Allemagne, Canada) aient considéré que les rééchelonnements constants de dettes ne constituaient pas une solution à la crise de solvabilité de nombreux pays.
Le tableau ci-après indique la structure et le montant de la dette des pays les plus pauvres en 1997, année qui a servi de base de référence à l'annulation de la dette.
STRUCTURE DE LA DETTE DES PAYS LES PLUS PAUVRES (PPTE) | |||||||||
(en millions de dollars) | |||||||||
Indicateurs de la dette en 1997 |
Ratios de la dette (en %) | ||||||||
PNB 1997 |
Total stock de la dette |
Dette à long terme |
Dette publique |
Dette multi-latérale |
Dette bilatérale |
Dette/ |
Service de la dette payé/ |
Total | |
Angola |
4.384 |
10.160 |
8.885 |
8.885 |
234 |
2.658 |
- |
16 |
232 |
Bénin |
2.111 |
1.624 |
1.393 |
1.393 |
871 |
519 |
- |
9 |
77 |
Bolivie |
7.766 |
5.248 |
4.570 |
4.144 |
2.681 |
1.421 |
270 |
33 |
68 |
Burkina Faso |
2.389 |
1.297 |
1.139 |
1.139 |
1.003 |
132 |
275 |
12 |
54 |
Burundi |
947 |
1.066 |
1.022 |
1.022 |
872 |
149 |
- |
29 |
113 |
Cameroun |
8.506 |
9.293 |
7.886 |
7.688 |
1.465 |
5.644 |
353 |
20 |
109 |
Centrafrique |
1.003 |
885 |
804 |
804 |
607 |
183 |
- |
6 |
88 |
Rép. dem. du Congo |
5.307 |
12.330 |
8.617 |
8.617 |
2.179 |
5.604 |
743 |
1 |
232 |
Congo |
1.821 |
5.071 |
4.284 |
4.284 |
619 |
2.832 |
261 |
6 |
278 |
Côte d'Ivoire |
9.441 |
15.609 |
12.498 |
10.427 |
3.301 |
4.605 |
361 |
27 |
165 |
Éthiopie |
6.338 |
10.079 |
9.427 |
9.427 |
2.459 |
6.613 |
600 |
10 |
159 |
Guinée Équatoriale |
490 |
283 |
209 |
209 |
94 |
101 |
- |
1 |
58 |
Guinée |
3.693 |
3.520 |
3.008 |
3.008 |
1.557 |
1.380 |
178 |
22 |
95 |
Guinée-Bissau |
251 |
921 |
838 |
838 |
387 |
451 |
1.293 |
17 |
367 |
Guyana |
682 |
1.611 |
1.345 |
1.345 |
666 |
623 |
180 |
18 |
236 |
Ghana |
6.754 |
5.982 |
4.958 |
4.691 |
3.179 |
1.075 |
253 |
30 |
89 |
Honduras |
4.569 |
4.698 |
4.170 |
3.910 |
2.303 |
1.368 |
212 |
21 |
103 |
Kenya |
10.024 |
6.486 |
5.433 |
5.108 |
2.785 |
1.860 |
148 |
22 |
65 |
Liberia |
- |
2.012 |
1.061 |
1.061 |
405 |
465 |
- |
- |
- |
Laos |
1.753 |
2.320 |
2.247 |
2.247 |
816 |
1.431 |
- |
7 |
132 |
Madagascar |
3.442 |
4.105 |
3.871 |
3.871 |
1.661 |
2.166 |
514 |
27 |
119 |
Mali |
2.470 |
2.945 |
2.687 |
2.687 |
1.453 |
1.234 |
254 |
11 |
119 |
Mauritanie |
1.046 |
2.453 |
2.037 |
2.037 |
938 |
1.075 |
283 |
26 |
235 |
Mozambique |
2.573 |
5.991 |
5.430 |
5.430 |
1.626 |
3.786 |
781 |
19 |
233 |
Myanmar |
- |
5.074 |
4.640 |
4.640 |
1.171 |
3.017 |
- |
8 |
- |
Nicaragua |
1.858 |
5.677 |
4.819 |
4.819 |
1.571 |
2.834 |
662 |
32 |
306 |
Niger |
1.831 |
1.579 |
1.427 |
1.331 |
881 |
450 |
303 |
20 |
86 |
Ouganda |
6.565 |
3.708 |
3.202 |
3.202 |
2.399 |
727 |
294 |
22 |
57 |
Rwanda |
1.850 |
1.111 |
994 |
994 |
850 |
142 |
746 |
13 |
13 |
Sao Tomé |
39 |
261 |
227 |
227 |
156 |
71 |
1.455 |
52 |
52 |
Sierra Leone |
- |
812 |
1.149 |
893 |
494 |
393 |
493 |
21 |
21 |
Sénégal |
4.427 |
3.671 |
3.165 |
3.110 |
1.803 |
1.297 |
148 |
15 |
15 |
Somalie |
- |
2.561 |
1.853 |
1.853 |
723 |
1.095 |
- |
- |
- |
Soudan |
8.951 |
16.326 |
9.494 |
8.998 |
2.001 |
5.521 |
- |
5 |
5 |
Tanzanie |
7.382 |
7.177 |
6.094 |
6.054 |
2.939 |
2.866 |
551 |
13 |
13 |
Tchad |
1.574 |
1.027 |
939 |
939 |
749 |
173 |
161 |
13 |
13 |
Togo |
1.444 |
1.339 |
1.207 |
1.207 |
717 |
491 |
212 |
8 |
8 |
Vietnam |
24.193 |
21.629 |
18.839 |
18.839 |
828 |
13.274 |
87 |
8 |
8 |
Yémen |
5.029 |
3.856 |
3.418 |
3.418 |
1.390 |
1.191 |
307 |
3 |
3 |
Zambie |
3.661 |
6.758 |
5.246 |
5.233 |
2.227 |
2.864 |
327 |
20 |
20 |
Source : Banque mondiale. |
Pour ce qui concerne l'Afrique subsaharienne, l'encours total de la dette était évalué à 225 milliards de dollars, soit 9 % de l'endettement total des pays en voie de développement (2.465 milliards de dollars). Mais cet encours représentait surtout 70 % du PIB de l'Afrique subsaharienne (330 milliards de dollars) et 232 % de ses exportations.
La dette à long terme de l'Afrique subsaharienne (qui représente 78 % du stock total de la dette) était composée en 1998 à hauteur de 44 % de créances bilatérales, 32 % de créances multilatérales et 24 % de créances privées. En outre, les flux nets de la dette à long terme du secteur privé sont négatifs depuis 1994, les pays africains remboursant plus qu'ils ne reçoivent. L'aide concessionnelle représente 38,9 % du stock total de la dette contre 17 % pour l'ensemble des pays en voie de développement.
Les statistiques du FMI révèlaient également que la dette africaine était essentiellement contractée auprès de créanciers publics (États, organismes multilatéraux), alors que l'Amérique latine et l'Asie gèrent leur dette auprès de créanciers privés, respectivement à hauteur de 72 % et 66 %.
L'allégement prévu par le sommet de Cologne était réparti à raison de 50 milliards de dollars de dette multilatérale et 20 milliards de dollars de dette bilatérale. Il était soumis aux conditions suivantes :
· être éligible aux seuls financements concessionnels de l'Association internationale pour le développement, en raison d'un revenu moyen par habitant de 785 dollars par an ;
· mettre en _uvre un programme d'ajustement structurel conclu avec le FMI.
· répondre à l'un des critères démontrant le caractère insoutenable de la dette, à savoir soit un ratio dettes/exportations supérieur à une fourchette comprise entre 200 % et 250 %, soit un ratio dettes/recettes budgétaires établi au minimum à 280 %.
Bien qu'elle apparaisse importante, l'annulation décidée à Cologne doit être relativisée. Elle est entrée en vigueur seulement en 2001. Son montant ne porte en outre que sur 0,5 % du PNB mondial. Le coût pour notre pays équivaudra ainsi à 0,4 % de son PNB sur quatre ans, soit une proportion supérieure au pourcentage du PIB consacré à l'aide publique au développement.
L'allégement de dettes constitue une mesure dont l'effet est temporaire. Il ne résoud en rien la question, plus centrale, du développement, c'est-à-dire l'allocation de ressources financières à des infrastructures et à des activités productives. Les pays les plus lourdement endettés souffrent du manque d'investissements privés et contractent en conséquence, pour ce qui concerne les pays d'Afrique, leurs emprunts auprès d'organismes publics des pays développés.
La pertinence d'un allégement doit par ailleurs être examinée au regard de la capacité de gestion du pays qui en bénéficie. L'on mesure mal son utilité si l'État ne dispose pas des moyens d'encaisser les droits de douane, ou si les recettes fiscales sont affectées à des caisses parallèles. Or, les différents plans d'ajustement structurels ont réduit de manière drastique les effectifs des fonctions publiques d'Afrique subsaharienne, au point que l'encaissement des recettes ou l'exécution des dépenses sont difficilement assurés par les États. Si la France appliquait à sa propre situation les ratios imposés avec notre accord dans les pays de la ZSP, notre pays compterait entre 300.000 et 400.000 fonctionnaires. De même, le niveau de rémunération payé par la France aux recrutés locaux est une reconnaissance de fait de l'insuffisance des rémunérations.
La portée de l'allégement est par ailleurs limitée si l'on examine les équilibres démographiques de l'humanité. Parmi les 1,4 milliard de personnes très pauvres dans le monde, 30 % environ vivent en Inde. Or, ce pays n'est pas éligible à l'allégement de la dette, car il a géré ses finances publiques avec une relative sagesse. Les pays qui ne peuvent rembourser leurs dettes sont souvent les plus mal gérés. C'est pour cette raison qu'il est inopérant d'annuler la dette d'un pays sans tenir compte de ses résultats. En outre, le risque serait qu'une partie de l'allégement de la dette soit financée sur les budgets consacrés à l'aide, ce qui modifierait la répartition de celle-ci d'autant plus injustement que les mesures d'allégement auront été prises sans considération des résultats obtenus par les différents pays.
Enfin, l'allégement ne bénéficie pas automatiquement aux dépenses de développement, d'éducation ou de santé. Certes, les bailleurs de fonds imposent des points d'affectation, mais il ne semble pas très difficile à l'État considéré de dépenser ses propres fonds pour d'autres programmes de prestige, d'armements...
L'initiative PPTE n'a de sens que si elle se traduit par une relance des activités productives, seules susceptibles de générer des revenus pour les populations. Or force est de constater que la coopération française concentre ses efforts sur les domaines sociaux et délaisse de plus en plus le financement des infrastructures de base, dont l'effet multiplicateur est indéniable. L'initiative PPTE doit être à cet égard l'occasion de recentrer notre aide.
Dans certains pays, notamment le Cameroun, la Côte d'Ivoire et la Centrafrique, il est vital que notre politique accompagne le redémarrage économique, sauf à devoir constater l'échec de quarante années de coopération. Or notre pays se prépare à verser d'importantes dotations au Cameroun (600 millions de francs sur quatre ans), qui seront inscrites dans les dépenses sociales de ce pays. Ce dernier, avant même le décaissement de notre aide, n'est cependant capable de consommer ses propres dotations budgétaires qu'à un taux de 20 à 30 %.
II.- L'EXÉCUTION DES CRÉDITS DE LA COOPÉRATION EN 2000
L'exercice budgétaire de 2000 a constitué le deuxième exercice issu de la fusion des budgets des ministères des affaires étrangères et de la coopération. La répartition fonctionnelle des crédits a peu varié. Seul le titre IV a connu des modifications de nomenclature traduisant la réforme de l'allocation des crédits de l'assistance.
Les moyens de fonctionnement et les crédits de coopération ont progressé de manière analogue, le partage du budget entre ces deux secteurs étant inchangé par rapport à 1999, avec une légère prédominance des dépenses d'intervention (53,7 % des dépenses totales). En raison de l'augmentation des contributions obligatoires aux organismes multilatéraux (de 3,2 milliards de francs en 1999 à 4,4 milliards de francs en 2000), la part de l'aide bilatérale a connu une régression.
Les emplois budgétaires de l'ensemble du ministère des affaires étrangères ont été stabilisés à hauteur de 9.476 personnes. S'agissant des personnels affectés partiellement ou en totalité à des actions de coopération, on relève les mouvements suivants :
· 166 emplois d'agents des Alliances françaises ont été transférés du chapitre 31-90 vers le chapitre 37-95 et 20 emplois d'agents des établissements culturels ont suivi un chemin inverse (soit une suppression nette de 146 emplois budgétaires) ;
· les effectifs des personnels recrutés locaux des services diplomatiques et consulaires (financés sur le chapitre 31-98) ont été stables par rapport à 1999 (5.840 en moyenne annuelle contre 5.830). A ces effectifs des divers services, se sont ajoutés les 3.300 agents recrutés locaux des établissements à autonomie financière, pris en charge sur les budgets de ces établissements, non traduits en conséquence par le budget du ministère ;
· les coopérants techniques, rémunérés sur le titre IV, étaient au nombre de 2.570, en constante et forte régression depuis plusieurs années (3.960 en 1997, 2.950 en 1999).
Les tableaux ci-après résument l'exécution des crédits des principaux chapitres budgétaires du titre IV :
CHAPITRE 41-43 - CONCOURS FINANCIERS (en millions de francs) | |||||
Article |
Loi de finances initiale |
Modifications |
Dotation finale |
Engagements |
Ordonnancements |
10 |
60 |
154,8 |
214,8 |
212,8 |
158,4 |
20 |
50 |
616,4 |
666,4 |
0 |
0 |
30 |
50 |
151,5 |
201,5 |
0 |
0 |
Total |
160 |
922,8 |
1.082,8 |
212,8 |
158,4 |
Source : Rapport du contrôleur financier. |
L'on constate que les articles 20 - Bonification des prêts d'ajustement structurel - et 30 - Dons en faveur de l'ajustement structurel - ne connaissent aucun ordonnancement. Il s'agit en effet d'articles dont les dotations sont engagées sur instruction de la direction du Trésor. L'amélioration de la situation en zone franc et la situation particulière de certains États ont conduit le Trésor à refuser le moindre ordonnancement au cours des exercices 1999 et 2000.
Les crédits ont été en conséquence gelés et une partie a été allouée à l'aide à la Serbie.
Les autres chapitres budgétaires ont en revanche enregistré des taux de consommation de l'ordre de 90 %.
CHAPITRE 42-11 - COOPÉRATION CULTURELLE ET SCIENTIFIQUE (en millions de francs) | |||||
Article |
Loi de finances initiale |
Modifications |
Dotation finale |
Engagements |
Ordonnancements |
10 |
359,9 |
- 12,5 |
347,4 |
347,2 |
319,6 |
20 |
596,7 |
- 50,3 |
546,3 |
546,3 |
546 |
30 |
716 |
125,8 |
841,9 |
840,6 |
742,1 |
40 |
28,7 |
1,4 |
30,1 |
30,1 |
27,8 |
50 |
103,2 |
90,6 |
193,9 |
184,3 |
178,2 |
80 |
61,6 |
2,9 |
64,5 |
64,5 |
60,4 |
Total |
1.866,3 |
158 |
2.024,3 |
2.013,2 |
1.874,3 |
Source : Rapport du contrôleur financier. |
CHAPITRE 42-12 - COOPÉRATION TECHNIQUE ET AU DÉVELOPPEMENT (en millions de francs) | |||||
Article |
Loi de finances initiale |
Modifications |
Dotation finale |
Engagements |
Ordonnancements |
10 |
1.042,9 |
- 23,2 |
1.019,7 |
1.017,8 |
972,9 |
20 |
261,4 |
14,2 |
275,6 |
275,6 |
275,5 |
30 |
313,7 |
82 |
395,7 |
391,1 |
300 |
50 |
76,9 |
30 |
106,9 |
93,3 |
85,7 |
60 |
- |
30,8 |
30,8 |
30,8 |
30,8 |
70 |
17,8 |
1,2 |
19 |
17 |
16,7 |
Total |
1.712,7 |
135,3 |
1.848 |
1.825,9 |
1.681,8 |
Source : Rapport du contrôleur financier. |
CHAPITRE 42-13 - APPUI À DES INITIATIVES PRIVÉES OU DÉCENTRALISÉES (en millions de francs) | |||||
Article |
Loi de finances initiale |
Modifications |
Dotation finale |
Engagements |
Ordonnancements |
10 |
48,5 |
20,9 |
69,5 |
69,5 |
63,5 |
20 |
133,1 |
- 2,1 |
130,9 |
130,9 |
119,5 |
30 |
40,6 |
- 9,6 |
30,9 |
25,7 |
25,7 |
40 |
1,8 |
9,7 |
11,5 |
11,5 |
9,4 |
Total |
224 |
18,9 |
243 |
237,8 |
218,2 |
Source : Rapport du contrôleur financier. |
CHAPITRE 42-29 - COOPÉRATION MILITAIRE ET DE DÉFENSE (en millions de francs) | |||||
Article |
Loi de finances initiale |
Modifications |
Dotation finale |
Engagements |
Ordonnancements |
10 |
416 |
46,6 |
462,6 |
462,6 |
396,7 |
20 |
162,9 |
110,7 |
273,7 |
273,7 |
206,8 |
40 |
175,8 |
70,1 |
245,9 |
245,4 |
163,5 |
Total |
754,7 |
227,6 |
982,3 |
981,8 |
767,1 |
Source : Rapport du contrôleur financier. |
SITUATION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME 2000 (en millions de francs) | ||||||||
N° de chapitre |
Autorisations de programme utilisables |
Autorisations de programme affectées depuis le 1er janvier de l'année |
Autorisations disponibles | |||||
Disponibles au 31/12 |
Loi de finances |
Transferts Virements Annulations Fonds de concours |
Total |
Autorisations de programme Catégorie 1 |
Autorisations de programme déléguées |
Total | ||
57-10 |
137,8 |
478 |
151,2 |
767,1 |
658,3 |
- |
658,3 |
108,8 |
Titre V |
137,8 |
478 |
151,2 |
767,1 |
658,3 |
- |
658,3 |
108,8 |
68-80 |
36,4 |
14,5 |
2 |
52,9 |
18,6 |
15,6 |
34,2 |
37,3 |
68-91 |
8,4 |
1.510 |
- 29,6 |
1.488,8 |
1.364,2 |
- |
1.364,2 |
124,5 |
68-93 |
- |
1.140 |
- |
1.140 |
1.140 |
- |
1.140 |
- |
Titre VI |
44,8 |
2.664,5 |
- 27,6 |
2.681,7 |
2.522,8 |
15,6 |
2.538,4 |
161,9 |
Total général |
182,7 |
3.142,5 |
123,6 |
3.448,8 |
3.181,1 |
15,6 |
3.196,7 |
270,7 |
Source : Rapport du contrôleur financier. |
Au titre des évolutions marquantes, deux cas doivent être notés :
· sur le chapitre 57-10, les paiements sont en hausse de plus de 300 millions de francs par rapport aux années précédentes, la variation étant due pour moitié au report de 1999 à 2000 du paiement de plusieurs achats d'immeubles. Si l'on tient compte de ce décalage, les consommations s'établissent à 600 millions de francs en 1999 et 620 millions de francs en 2000 ;
· un écart se creuse entre les consommations d'autorisation de programme et de crédits de paiement des chapitres 68-91 et 68-93 ; le supplément d'autorisations de programme par rapport aux crédits de paiement est respectivement de 470 et 218 millions de francs, ce qui crée un besoin de crédits de paiement très sensible pour les prochaines années budgétaires (la loi de finances initiale pour 2001 renouvelant et amplifiant ainsi l'écart observé en 2000).
En matière de marchés publics, on notera que la quasi-absence de mise en concurrence formalisée et l'indétermination fréquente quant au service qui doit être responsable des commandes (administration centrale ou poste) constituent les problèmes les plus sérieux. La transformation du FAC en FSP et la réforme comptable devraient conduire à soumettre de nombreux marchés aux procédures interne de l'administration centrale.
L'exercice 2000 a permis d'étendre la procédure de déconcentration des crédits, dont les tableaux ci-dessous mesurent l'exécution.
DÉCONCENTRATION DES CRÉDITS TITRE IV (en millions de francs) | ||||
Chapitre |
Crédits ouverts |
Ordonnances | ||
de paiement |
de délégation de crédits |
de délégation de crédits de paiement | ||
41-43 |
1.082,8 |
158,4 |
- |
- |
42-11 |
2.024,3 |
1.679,3 |
99,4 |
95,6 |
42-12 |
1.848 |
1.517,3 |
56,8 |
107,6 |
42-13 |
243 |
192,5 |
25,7 |
- |
42-14 |
1.079 |
1.069 |
- |
- |
42-26 |
145,6 |
91,7 |
- |
18,5 |
42-29 |
982,3 |
324,2 |
16,1 |
426,7 |
Total (4) |
12.649,5 |
10.020,8 |
199,1 |
704,5 |
(1) Tous chapitres, que les dépenses soient déconcentrées ou non | ||||
(2) Loi de finances initiales + reports + fonds de concours + loi de finances rectificatives +/- autres. | ||||
(3) Dépenses engagées au niveau central et mandatées au niveau local. | ||||
(4) Ce total tient compte des dotations des chapitres 42-31, 42-32, 42-37, 46-91 et 46-94, qui ne concernent pas les actions de coopération. |
DÉCONCENTRATION DES CRÉDITS TITRES V ET VI (en millions de francs) | ||
Chapitre |
Crédits utilisés |
dont en déconcentration |
57-10 |
1.090,1 |
132,5 |
68-91 |
979,3 |
18,6 |
Total |
2.069,5 |
151,1 |
POSTES EN ZSP AYANT EXPÉRIMENTÉ LA DÉCONCENTRATION | |||||
Depuis 1997 |
Depuis 1998 |
Depuis 1999 |
Depuis 2000 |
||
Burkina Faso : |
Cap vert : |
Bénin : |
Afrique du Sud : | ||
- Ouagadougou : ambassade |
- Praia : ambassade |
- Cotonou : ambassade |
- Pretoria : ambassade | ||
- Serv. coopération |
- Serv. coopération au développement |
- Cotonou : consulat |
- Johannesbourg : consulat | ||
- Centre médico-social |
- Centre médico-social |
- Serv. coopération |
- Le Cap : consulat | ||
- Mission assistance militaire |
- Centre médico-social |
||||
Congo : |
Éthiopie : | ||||
Guinée Bissau : |
- Brazzaville : ambassade |
Zimbabwe : |
- Addis-Abeba : ambassade | ||
- Bissau : ambassade |
- Pointe Noire : consulat |
- Harare : ambassade |
|||
- Serv. coopération |
- Serv. coopération |
Ghana : | |||
- Centre médico-social |
- Centre médico-social |
- Accra : ambassade | |||
Togo : |
Mauritanie : |
Laos : | |||
- Lomé : ambassade |
- Naouakchott : ambassade |
- Ventiane : ambassade | |||
- Lomé : consulat |
- Serv. coopération |
||||
- Centre médico-social |
Vietnam : | ||||
- Hanoi : ambassade | |||||
Sénégal : |
- Ho Chi Minh-Ville : consulat | ||||
- Dakar : ambassade |
|||||
- Dakar : consulat |
|||||
- Saint-Louis : consulat |
|||||
- Serv. coopération |
|||||
- Centre médico-social |
|||||
- Mission assistance militaire |
Laisser la page blanche
III.- LES CRÉDITS DE LA COOPÉRATION POUR 2002
La fusion des ministères des Affaires étrangères et de la Coopération a été opérée en 1998. Les crédits des actions de Coopération sont, pour la troisième année, inscrits au budget du ministère des Affaires étrangères, selon une nouvelle nomenclature.
La réforme a permis de clarifier les compétences des différents acteurs de la coopération. De très nombreux acteurs participent en effet à la politique de coopération, dans le cadre de l'aide bilatérale ou de l'aide multilatérale. La coopération est un domaine qui, en outre, ne relève pas exclusivement de l'État. Les collectivités territoriales s'y intéressent et ont imprimé une dynamique à la coopération décentralisée. Les associations à but non lucratif ou les entreprises conduisent aussi des actions de développement.
Le tableau ci-après résume le champ d'action des différents intervenants :
LES ACTEURS DE LA COOPÉRATION FRANÇAISE | ||
|
Aide bilatérale |
Ministère des Affaires étrangères Ministère de la Coopération Ministère de l'Économie Agence française de développement Autres ministères |
Aide multilatérale |
Ministère de l'Économie Union européenne Banque mondiale Banques régionales de développement | |
Collectivités locales |
Coopération décentralisée |
Régions, départements, communes |
Associations Entreprises |
Solidarité internationale |
Organisations de solidarité internationale Entreprises, syndicats, organisations confessionnelles |
Source : ministère des Affaires étrangères. |
L'analyse des crédits effectuée par votre Rapporteur spécial ne comprendra pas les dotations du titre III, qui concernent la politique culturelle et d'aide aux réfugiés, qui relèvent pour partie seulement de la politique de coopération. Le titre III intègre également les rémunérations de l'ensemble du ministère des Affaires étrangères et les subventions aux établissements publics (Agence pour l'enseignement français à l'étranger et Office universitaire et culturel français pour l'Algérie). On se référera, pour son analyse, au rapport spécial de M. Yves Tavernier sur les crédits des Affaires étrangères.
C'est à l'aune des titres IV et VI que l'on peut analyser la portée réelle de la réforme de la coopération, ces deux titres constituant le " noyau dur " des politiques d'assistance technique et d'aide - projet. Or, le constat est sans ambiguïté : les crédits d'intervention sont en diminution de 1,5 % sans que cette baisse puisse être imputée sur les concours financiers (dont la diminution traduit le redressement budgétaire des États de la zone franc). Quant au titre VI, il accuse de substantielles diminutions aux chapitres 68-91 et 68-93.
On notera par ailleurs une nouvelle modification de nomenclature budgétaire au titre IV, les chapitres 42-11 - Coopération culturelle et scientifique et 42-12 - Coopération technique et au développement étant maintenant regroupés en un chapitre 42-15 - Coopération internationale et développement. Ce chapitre nouveau permet une meilleure fongibilité des crédits favorable à une gestion plus souple, au plus près des réalités du terrain.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS DU TITRE IV (en millions d'euros) | ||||||||||||
Imputation budgétaire |
Libellé |
Loi de finances 2001 |
Projet de loi de finances 2002 |
en % |
||||||||
Chap. 41-43 |
Concours financiers |
22,8 |
22,8 |
- |
||||||||
art. 10 |
Aide budgétaire - opérations exceptionnelles |
9,1 |
9,1 |
- |
||||||||
art. 20 |
Bonification des prêts d'ajustement structurel |
6,8 |
6,8 |
- |
||||||||
art. 30 |
Dons en faveur de l'ajustement structurel |
6,8 |
6,8 |
- |
||||||||
Chap. 42-13 |
Appui à des initiatives privées ou décentralisées |
34,3 |
34,4 |
0,2 |
||||||||
art. 10 |
Coopération avec les organisations de solidarité internationale (OSI) |
7,3 |
8 |
9,5 |
||||||||
art. 20 |
Associations de volontaires |
19,6 |
19,6 |
- |
||||||||
art. 30 |
Coopération décentralisée - crédits déconcentrés |
5,6 |
5,2 |
- 8 |
||||||||
art. 40 |
Coopération décentralisée - crédits non déconcentrés |
1,6 |
1,5 |
- 6,3 |
||||||||
Chap. 42-14 |
Subventions opérateurs de l'action audiovisuelle |
164,3 |
168,2 |
2,3 |
||||||||
art. 10 |
Opérateurs audiovisuels |
164,3 |
168,2 |
2,3 |
||||||||
Chap. 42-26 |
Transport et dépenses diverses au titre de l'aide alimentaire |
14,9 |
14,9 |
- |
||||||||
art. 10 |
Aide alimentaire : transport et dépenses diverses |
14,9 |
14,9 |
- |
||||||||
Chap. 42-29 |
Coopération militaire et de défense |
109,8 |
103,6 |
- 5,7 |
||||||||
art. 10 |
Coopération technique. Aide en personnel |
62,4 |
57,8 |
- 7,4 |
||||||||
art. 20 |
Formation des stagiaires étrangers |
23,9 |
22,1 |
- 7,61 |
||||||||
art. 40 |
Aide en matériel et entretien des infrastructures |
22,7 |
22,1 |
- 2,7 |
||||||||
art. 50 |
Appui aux coopérants militaires |
0,6 |
1,2 |
100 |
||||||||
art. 60 |
Coopération militaire et de défense avec les organisations régionales |
- |
0,3 |
- |
||||||||
Total |
346,1 |
343,9 |
- 0,7 |
ACTIONS DE COOPÉRATION DU TITRE IV
(transformation des chapitres 42-11 et 42-12)
(en millions d'euros)
Imputation budgétaire |
Libellé (chapitres supprimés) |
Loi de finances 2001 |
Imputation budgétaire |
Libellé |
PLF 2002 |
Chapitre 42-11 |
Coopération culturelle et scientifique |
276,1 |
Chapitre 42-15 |
||
art. 11 |
Transfert de savoir-faire : expertise de longue durée |
54,5 |
art. 11 |
Transfert de savoir-faire : expertise de longue durée |
189,1 |
art. 12 |
Transfert de savoir-faire : missions d'experts de courte durée |
8,8 |
art. 12 |
Transfert de savoir-faire : missions d'experts de courte durée |
15,1 |
art. 20 |
Bourses, échanges et formation |
80,6 |
art. 20 |
Bourses, échanges et formation |
114,3 |
art. 30 |
Appui aux organismes concourant à la coopération culturelle et scientifique |
98,6 |
art. 30 |
Appui aux organismes concourant à la coopération culturelle et scientifique |
137,9 |
art. 40 |
Recherche et échanges scientifiques et technologiques |
4,8 |
|||
art. 51 |
Appui local aux projets de coopération. Crédits délégués |
9,1 |
art. 51 |
Appui local aux projets de coopération. Crédits délégués |
17,6 |
art. 52 |
Appui local aux projets de coopération. Crédits déconcentrés |
18,1 |
art. 52 |
Appui local aux projets de coopération. Crédits déconcentrés |
31 |
art. 80 |
Actions menées par le service des affaires francophones |
||||
Chapitre 42-12 |
Coopération technique et au développement |
247,2 |
art. 70 |
Fonds de coopération pour le Pacifique-sud |
1,6 |
art. 11 |
Transfert de savoir-faire : expertise de longue durée (nouveau) |
144,8 |
art. 80 |
Actions menées par le service des affaires francophones |
0,5 |
art. 12 |
Transfert de savoir-faire : missions d'experts de courte durée (nouveau) |
6,1 |
art. 90 |
Recherche et échanges scientifiques et technologiques |
4,9 |
art. 20 |
Bourses, échanges et formation |
32,3 |
|||
art. 30 |
Appui aux organismes concourant à la coopération au développement |
47,9 |
|||
art. 51 |
Appui local aux projets de coopération. Crédits délégués (nouveau) |
2,7 |
|||
art. 52 |
Appui local aux projets de coopération. Crédits déconcentrés (nouveau) |
11,5 |
|||
art. 70 |
1,6 |
||||
Total |
523,3 |
Total |
512,5 (1) |
(1) soit une diminution de 2,1 %.
On relève en premier lieu la stabilisation des concours financiers. Cette stabilisation traduit la reprise de la croissance dans les économies des pays de la zone franc ces dernières années. Depuis le début de l'année 2001, les pays d'Afrique connaissent une moindre croissance, même si celle-ci demeure soutenue. L'article 30 - Dons en faveur de l'ajustement structurel - (dont les crédits sont attribués aux pays les moins avancés), est également stabilisé, les crédits restant fixés à 6,8 millions d'euros pour 2002. Pour autant l'aide de la France ne retrouve pas sa vocation originelle, à savoir le financement de projets de développement prévus au titre VI. En effet, les chapitres 68-91 et 68-93 sont en diminution, alors que les projets, en accompagnant la croissance, permettent de briser la spirale de l'endettement en Afrique.
Les crédits du chapitre 42-15 (nouveau), coopération internationale et développement connaissent une diminution de 3,2 %. Au sein de ce chapitre, les crédits en faveur des bourses sont en sensible augmentation, passant de 80,6 millions d'euros en 2001 à 114,3 millions pour 2002. Il s'agit là d'un enjeu stratégique dont votre Rapporteur a pu mesurer l'importance sur le terrain, lors des missions de contrôle qu'il a effectuées en Afrique et en Asie, au nom de la commission des Finances. Ainsi, les bourses en faveur des étudiants en médecine et en pharmacie ont des retombées positives pour l'industrie française au Vietnam, qui contrôle 50 % du marché des médicaments de ce pays. Il en est de même à Cuba, dans le secteur de la biologie.
L'appui aux organismes concourant à la coopération culturelle et scientifique est en augmentation de 39 % après une légère augmentation en 2001, première étape d'une remise à niveau fortement demandée dans un récent rapport de notre collègue Yves Dauge. Il reste que les besoins d'équipements des établissements culturels et des alliances françaises demeurent importants.
Les articles 51 et 52 du chapitre 42-15 traduisent la mise en place des procédures de crédits délégués et déconcentrés, en application de la réforme de la comptabilité du ministère des Affaires étrangères. Les crédits sont déconcentrés dans les cas où l'ambassadeur est ordonnateur secondaire. Il dispose ainsi d'une latitude d'action. Les crédits passent de 27,2 millions d'euros en 2001 à 48,6 millions d'euros pour 2002.
Les crédits de l'assistance technique sont répartis au sein des articles 11 - Transfert de savoir-faire : expertise de longue durée (189,1 millions d'euros) et 12 - Transfert de savoir-faire : missions d'experts de courte durée (15,1 millions d'euros). Ils sont strictement stabilisés à hauteur de 214,2 millions d'euros.
Le Gouvernement confirme donc la diminution des effectifs, considérant qu'elle permet de rendre le dispositif plus efficace. Votre Rapporteur spécial craint que cette nouvelle réduction affecte l'efficacité de notre dispositif sur le terrain et rende illusoire l'extension de l'ancien « champ » à la zone de solidarité prioritaire, par manque de personnels.
ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DE L'ASSISTANCE TECHNIQUE DANS LES PAYS DE L'ANCIEN « CHAMP » | ||||||||||
2000 |
2001 |
|||||||||
Techniciens |
Enseignants |
CSN (1) |
Total |
Techniciens |
Enseignants |
CSN (1) |
Total | |||
Angola |
5 |
5 |
2 |
12 |
4 |
7 |
3 |
14 | ||
Bénin |
24 |
16 |
16 |
56 |
23 |
15 |
13 |
51 | ||
Burkina-Faso |
49 |
49 |
23 |
121 |
52 |
41 |
38 |
131 | ||
Burundi |
0 |
2 |
0 |
2 |
4 |
2 |
5 |
11 | ||
Cameroun |
73 |
56 |
42 |
171 |
62 |
40 |
38 |
140 | ||
Cap-Vert |
5 |
3 |
3 |
11 |
5 |
3 |
3 |
11 | ||
Centrafrique |
42 |
29 |
8 |
79 |
31 |
43 |
24 |
98 | ||
Comores |
6 |
0 |
8 |
14 |
9 |
0 |
6 |
15 | ||
Congo |
2 |
0 |
0 |
2 |
10 |
1 |
4 |
15 | ||
Côte d'Ivoire |
68 |
101 |
29 |
198 |
56 |
90 |
34 |
180 | ||
Djibouti |
37 |
87 |
12 |
136 |
32 |
78 |
13 |
123 | ||
Dominique |
0 |
0 |
1 |
1 |
||||||
Gabon |
43 |
103 |
39 |
185 |
37 |
101 |
25 |
163 | ||
Gambie |
0 |
3 |
2 |
5 |
0 |
3 |
1 |
4 | ||
Guinée |
27 |
19 |
14 |
60 |
27 |
16 |
11 |
54 | ||
Guinée-Bissau |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
1 |
2 | ||
Guinée Équatoriale |
10 |
7 |
0 |
17 |
12 |
5 |
8 |
25 | ||
Grenade |
1 |
0 |
1 |
2 |
||||||
Trinité |
- |
- |
- |
- |
0 |
1 |
1 | |||
Haïti |
19 |
11 |
5 |
35 |
14 |
10 |
4 |
24 | ||
Madagascar |
74 |
46 |
22 |
142 |
65 |
36 |
40 |
141 | ||
Mali |
45 |
25 |
28 |
98 |
42 |
18 |
21 |
81 | ||
Maurice |
5 |
9 |
1 |
15 |
4 |
9 |
3 |
16 | ||
Mauritanie |
44 |
58 |
9 |
111 |
40 |
55 |
29 |
114 | ||
Mozambique |
3 |
6 |
9 |
18 |
8 |
6 |
5 |
19 | ||
Namibie |
8 |
2 |
5 |
15 |
9 |
2 |
6 |
17 | ||
Niger |
24 |
3 |
18 |
45 |
33 |
9 |
16 |
58 | ||
Rwanda |
8 |
3 |
0 |
11 |
6 |
3 |
4 |
13 | ||
Petites Antilles |
8 |
2 |
16 |
26 |
6 |
3 |
3 |
12 | ||
Sénégal |
89 |
96 |
66 |
251 |
86 |
78 |
51 |
215 | ||
Seychelles |
4 |
3 |
0 |
7 |
5 |
4 |
2 |
11 | ||
Tchad |
46 |
28 |
18 |
92 |
41 |
26 |
25 |
92 | ||
Togo |
11 |
15 |
5 |
31 |
11 |
8 |
4 |
23 | ||
Rep. dem. Congo |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
1 | ||
Total |
786 |
790 |
403 |
1.979 |
753 |
701 |
445 |
1.899 | ||
(1) CSN : Coopérants du service national. Source : ministère des Affaires étrangères. |
On notera que les effectifs de l'assistance technique atteignent désormais, dans les pays qui n'étaient pas dans le champ, presque le quart des effectifs de cette assistance. La liste des États ressemble à un inventaire à la Prévert car on y trouve des pays en voie de développement, des pays de l'Est candidats à l'adhésion à l'Union européenne et des pays comme le Canada et les États-Unis, dont on peut s'étonner qu'ils reçoivent une aide financée par l'aide publique au développement.
RÉPARTITION DES EFFECTIFS DANS LES AUTRES PAYS | ||||||
Pays |
Effectifs |
Dont techniciens |
Pays |
Effectifs |
Dont techniciens | |
Afrique du Sud |
2 |
1 |
Liban |
23 |
4 | |
Albanie |
3 |
3 |
Lithuanie |
3 |
||
Azerbaïdjan |
2 |
Lybie |
1 |
|||
Barbade |
1 |
Maroc |
53 |
38 | ||
Biélorussie |
3 |
Moldavie |
1 |
|||
Bosnie |
2 |
1 |
Mongolie |
1 |
||
Brésil |
1 |
1 |
Népal |
1 |
1 | |
Bulgarie |
9 |
5 |
Nicaragua |
1 |
1 | |
Cambodge |
15 |
9 |
Nigéria |
6 |
1 | |
Canada |
9 |
9 |
Oman |
1 |
||
Chine |
12 |
Ouzbékistan |
3 |
|||
Colombie |
1 |
1 |
Pakistan |
4 |
||
Croatie |
1 |
Pays-Bas |
1 |
|||
Égypte |
6 |
Pérou |
1 |
|||
Émirats |
3 |
1 |
Pologne |
15 |
12 | |
Estonie |
2 |
Qatar |
1 |
|||
États-Unis |
16 |
Tchéquie |
4 |
1 | ||
Éthiopie |
4 |
2 |
Roumanie |
13 |
11 | |
Fidji |
1 |
1 |
Russie |
13 |
||
Finlande |
9 |
Slovaquie |
5 |
4 | ||
Géorgie |
1 |
Syrie |
10 |
|||
Ghana |
4 |
Tanzanie |
1 |
|||
Honduras |
2 |
1 |
Thaïlande |
4 |
2 | |
Hongrie |
15 |
8 |
Trinité |
1 |
1 | |
Inde |
5 |
2 |
Tunisie |
25 |
1 | |
Irak |
2 |
Turquie |
22 |
15 | ||
Israël |
2 |
Ukraine |
8 |
|||
Jordanie |
3 |
1 |
Vanuatu |
16 |
13 | |
Kenya |
2 |
1 |
Vietnam |
9 |
2 | |
Kirghizistan |
1 |
Yémen |
7 |
|||
Kosovo |
3 |
1 |
Yougoslavie |
4 |
||
Laos |
4 |
1 |
Zimbabwe |
5 |
2 | |
Lettonie |
3 |
Total |
446 |
144 |
Le chapitre 42-13 - Appui à des initiatives privées ou décentralisées enregistre une augmentation minime de 0,2 %, en raison d'une majoration des crédits aux organisations de solidarité internationale (OSI).
À l'article 10, le montant des crédits prévus pour les cofinancements de projets d'OSI s'élève à 8 millions d'euros, ainsi répartis :
(en millions d'euros)
- Financement des programmes d'éducation au développement 1,98
- Actions jeunesse 0,84
- Grandes campagnes 0,98
- Actions diverses 0,17
- Appui aux collectifs et plates-formes 0,96
- Renforcement des capacités des acteurs du Sud 0,60
- Partenariats ONG entreprises 0,30
- Nouvelle contractualisation 1,98
dont :
· Programme concerté Brésil 0,30
· Programme concerté Roumanie 0,30
· Programme concerté Soudan 0,15
- Actions de terrain hors ZSP 1,56
- Mesures nouvelles 0,60
· Présence française dans les instances internationales
· Valorisation des actions soutenues par le ministère
· Renforcement des actions de terrain (Amérique latine)
A l'article 20, le projet de budget pour le volontariat au titre de l'année 2002 s'élève à 19,6 millions d'euros. L'année 2001 a vu partir les derniers contingents de coopérants du service national, et s'ouvrir en même temps au recrutement des volontaires civils institués par la loi n° 2000-242 du 14 mars 2000, dont certains peuvent désormais être mis à la disposition d'associations et de collectivités territoriales françaises pour leurs actions de coopération internationale.
La programmation des crédits destinés au volontariat s'établit ainsi :
(en millions d'euros)
- Association française des volontaires du progrès (AFVP) 12,59
- Coopérants du service national 0,59
- Appui au volontariat associatif (décret n° 95/94) 5,52
- Volontaires civils (loi du 14 mars 2000) 0,46
- Autres appuis 0,46
L'affectation de volontaires civils auprès d'associations et de collectivités territoriales a revêtu en 2001 un caractère expérimental, compte tenu de facteurs inconnus tels que les candidatures de jeunes ou le nombre et la nature des demandes. Les indications dont dispose votre Rapporteur spécial montrent qu'aucun n'aurait choisi le secteur de la Coopération.
De plus, compte tenu de l'élargissement de la ZSP, le rôle de l'AFVP ne peut qu'aller croissant. Elle donne satisfaction sur le terrain, comme l'a montré une enquête auprès des ambassadeurs. En outre, la gestion de sa nouvelle équipe supporte avantageusement la comparaison avec la gestion de l'équipe précédente. Il est donc important que le ministère accompagne la croissance de l'AFVP et donc nécessaire que le Gouvernement abonde les crédits de cette association, conformément aux termes de la convention pluriannuelle passée avec l'État.
Le chapitre 42-29 - Coopération militaire et de défense est doté de 103,6 millions d'euros, dont plus de la moitié (57,8 millions) est constituée par les rémunérations des coopérants techniques militaires.
RÉPARTITION DE LA DOTATION DU CHAPITRE 42-29 (en millions d'euros) | |
Articles |
Montant |
Article 10 : coopération technique. Aide en personnel |
57,8 |
Article 20 : formation des stagiaires étrangers |
22,1 |
Article 40 : aide en matériel et dépenses d'entretien des infrastructures |
22,1 |
Article 50 : appui aux coopérants militaires |
1,2 |
Article 60 : coopération militaire et de défense avec les organisations régionales |
|
Total |
103,6 |
L'article 10 prévoit la prise en charge financière de la rémunération et des charges connexes de 448 coopérants permanents et du surcoût de solde à l'étranger d'une soixantaine de militaires en mission de renforcement temporaire sur des projets précis.
Votre Rapporteur rappellera la répartition des sommes afférentes aux stagiaires étrangers durant l'exercice 2001 :
DOTATIONS EN FAVEUR DES STAGIAIRES ÉTRANGERS
(en millions de francs)
Pays de l'ex-champ |
Stages 2001 |
Pays de l'ex-champ |
Stages 2001 | |
Afrique du Sud |
1 |
Maroc |
5 | |
Angola |
1 |
Tunisie |
2,5 | |
Bénin |
3 |
Autres ANMO |
11,15 | |
Botswana |
0 |
Amérique |
2,2 | |
Burkina Faso |
3 |
Europe |
18,8 | |
Burundi |
0 |
Asie |
6,5 | |
Cambodge |
2,5 |
|||
Cameroun |
5 |
Autres opérations | ||
Centrafrique |
3 |
IHEDN |
3 | |
Congo |
2 |
Enseignement du français |
3,65 | |
Côte d'Ivoire |
3 |
ENVR |
2 | |
Djibouti |
2 |
Transport |
1,5 | |
Éthiopie |
0,3 |
Partenariat pour la paix |
6 | |
Gabon |
3 |
Bourses |
1,5 | |
Guinée |
3 |
Total |
63,8 | |
Guinée Équatoriale |
0,1 |
|||
Madagascar |
5 |
|||
Malawi |
1 |
|||
Mali |
3,5 |
|||
Maurice |
0 |
|||
Mauritanie |
1 |
|||
Niger |
3 |
|||
Sénégal |
5 |
|||
Tchad |
4 |
|||
Togo |
4 |
|||
Pays non francophones |
2,6 |
|||
Autres opérations |
||||
Environnement |
11 |
|||
Transport |
10 |
|||
Accueil |
1 |
|||
IHEDN |
2 |
|||
Bourses d'études |
4,5 |
|||
Voyages d'études |
1 |
|||
Enseignement du français |
4 |
|||
Total |
93,5 |
Source : ministère des affaires étrangères.
La forte augmentation des crédits du titre VI n'est qu'apparente. Elle résulte de la création d'un chapitre nouveau (n° 68-02) retraçant la participation de la France au Fonds européen de développement (FED). Si l'on retire les dotations qui y afférent et que la comparaison s'effectue à structure constante, les autorisations de programme diminuent de 13,1 % et les crédits de paiement de 1,6 %.
CRÉDITS DU TITRE VI
(en millions d'euros)
2001 |
2002 | |||
AP |
CP |
AP |
CP | |
CH-68-02 - Participation de la France au Fonds européen de développement (nouveau) |
- |
- |
3.353 |
218,4 |
CH-68-80 - Action extérieure et aide au développement - subventions d'investissement |
5,12 |
5,73 |
4,80 |
5,53 |
CH-68-91 - Fonds de solidarité prioritaire |
174,9 |
116,2 |
150,1 |
112,2 |
CH-68-93 - Dons finançant des projets mis en _uvre par l'AFD |
173,7 |
137,2 |
152,4 |
137,2 |
Total |
353,7 |
259,1 |
3.660,3 |
473,2 |
Le titre VI constitue le c_ur de l'aide-projet. Les dotations sont principalement inscrites aux chapitres 68-91 - Fonds de solidarité prioritaire (FSP) et 68-93 - Dons destinés à financer des projets mis en _uvre pour l'Agence française de développement. Les autorisations de programme du chapitre 68-91 passent de 174,9 millions à 150,1 millions d'euros (- 13,8%) tandis que les crédits de paiement diminuent de 116,2 millions à 112,2 millions d'euros (- 3,5 %). Cette diminution traduit les retards de décaissement et n'est donc pas dommageable à court terme pour l'aide-projet. Néanmoins, il conviendra d'être vigilant dès la loi de finances pour 2003. Les autorisations de programme du chapitre 68-93 sont également en diminution (- 12,2 %), les crédits de paiement étant stabilisés au même niveau que 2001. Ainsi l'Agence française de développement risque de ne pas disposer de crédits de paiement suffisants pour honorer les autorisations de programme engagées lors des exercices antérieurs et un abondement de 150 millions de francs en collectif budgétaire paraît indispensable pour honorer les engagements antérieurs prévus au chapitre 68-93.
L'Agence Française de Développement (AFD) est « l'opérateur pivot » de l'aide bilatérale au développement. Ses compétences sectorielles s'étendent aux projets de coopération en matière d'infrastructures dans les domaines de l'éducation et de la santé. Depuis le 1er janvier 2000, l'ensemble des montants transférés à l'AFD à partir du budget du ministère des Affaires étrangères est regroupé dans un chapitre spécifique (68-93). Au sein de l'AFD ce transfert de compétences a donné lieu à la création d'un département des projets sociaux qui aura vocation à se fondre dans les départements géographiques.
L'AFD mène, dans ces domaines, des opérations comportant principalement la réalisation, la réhabilitation et la gestion d'infrastructures, avec comme objectifs prioritaires, l'éducation de base, la formation professionnelle, et l'accès aux soins de santé primaires. Elle privilégie également l'utilisation des nouvelles technologies de communication et d'information.
La complémentarité avec le FSP est recherchée au travers d'opérations bénéficiant, si nécessaires, d'un financement conjoint, distinguant le volet institutionnel et le volet infrastructure. En effet, l'aide projet du ministère dans les domaines sociaux se concentre principalement sur l'appui institutionnel et la valorisation des ressources humaines, le renforcement des capacités nationales en matière de management des systèmes éducatifs comme des systèmes de santé. De ce fait, les projets sociaux, comme dans les autres secteurs, font l'objet d'une large concertation en amont entre les services techniques compétents du ministère et de l'AFD.
L'AFD a engagé pour son propre compte en 2000 704,6 millions d'euros, dans le cadre de l'aide-projet.
RÉPARTITION SECTORIELLE DE L'AIDE PROJET (en millions d'euros) | |||||||
1998 |
% |
1999 |
% |
2000 |
% |
||
Développement rural et agro-industrie |
163,6 |
24 |
165,7 |
24 |
235,8 |
33 | |
Mines |
82,5 |
12 |
0 |
0 |
63,1 |
9 | |
Industrie |
28,2 |
4 |
6,1 |
1 |
20,8 |
3 | |
Énergie |
77,2 |
12 |
71,6 |
10 |
19,0 |
3 | |
Transports |
33,4 |
5 |
43,5 |
6 |
72,8 |
10 | |
Télécommunications |
1,7 |
0 |
38,1 |
6 |
3,5 |
0 | |
Hôtellerie et tourisme |
0 |
0 |
0 |
0 |
0,2 |
0 | |
Développement urbain |
151,6 |
22 |
177,8 |
26 |
132,8 |
19 | |
Secteur bancaire |
112,8 |
17 |
115,6 |
17 |
95,6 |
14 | |
Santé |
0 |
0 |
5,4 |
1 |
4,6 |
1 | |
Éducation |
0 |
0 |
6,0 |
1 |
29,6 |
4 | |
Divers |
28,5 |
4 |
53,0 |
8 |
26,9 |
4 | |
TOTAL |
680,1 |
682,7 |
704,6 |
Dans le secteur du développement rural et de l'agro-industrie, qui représente à lui seul le tiers de l'aide-projet dans son ensemble en 2000, le Maroc a bénéficié de la plus grande part des engagements (31 millions d'euros) pour le financement de deux projets, le premier consacré à l'aménagement et la mise en valeur de la Plaine du Gharb, le second en faveur de la protection forestière. Le Vietnam a également bénéficié d'un important soutien dans ce secteur (30 millions d'euros) par l'abondement d'une ligne de refinancement d'opérations de crédit agricole auprès de la Banque Vietnamienne pour l'Agriculture. L'AFD a par ailleurs financé la construction d'ouvrages de désenclavement et de franchissement de cours d'eau (Ghana, Côte d'Ivoire), des programmes d'investissements hydrauliques en zone villageoise (Tchad, Tunisie, Cambodge, Ghana) des plans d'aménagements forestiers (Cameroun, Guinée, Maroc). PROPARCO et l'AFD ont contribué à la réalisation d'investissements par des sociétés agro-industrielles : huile de palme, ferme aquacole de crevettes, usines de production de farine et d'huile, laiterie.
Avec 132,8 millions d'euros, le secteur du développement urbain recouvre 19 % de l'aide-projet en 2000. Les principaux projets financés dans ce secteur ont concerné des opérations d'amélioration d'infrastructures urbaines (Madagascar, Ghana, Mauritanie), de réhabilitation d'habitats précaires ou insalubres (Sénégal, Algérie, Tunisie), d'alimentation en eau et d'assainissement (Zimbabwe, Liban, Laos, Petites Antilles).
La répartition de l'aide projet entre les différents produits de financement utilisés par le groupe au cours des trois dernières années est la suivante :
ÉVOLUTION DE L'AIDE PROJET PAR TYPE DE FINANCEMENT (en millions d'euros) | |||
1998 |
1999 |
2000 | |
Prêts concessionnels |
249,0 |
291,6 |
312,2 |
Subventions projets |
154,5 |
172,8 |
173,8 |
Prêts mixés concessionnels |
38,6 |
37,0 |
33,3 |
Pca |
8,0 |
21,0 |
0,0 |
Pci |
30,6 |
16,0 |
33,3 |
Prêts mixés non concessionnels |
73,3 |
20,0 |
2,3 |
Ppm |
73,3 |
12,0 |
2,3 |
Ppg |
0,0 |
8,0 |
0,0 |
Sous-total AFD |
515,4 |
521,4 |
521,5 |
Prêts de PROPARCO |
164,7 |
161,3 |
183,0 |
TOTAL |
680,1 |
682,7 |
704,6 |
Source : AFD |
Outre l'activité pour compte propre, l'AFD accorde pour le compte de l'État des prêts et des subventions d'ajustement structurel. Le principe en est décidé par le Gouvernement et les modalités font l'objet d'une étude conjointe menée par les ministères concernés et l'AFD.
En 2000, ces concours se sont élevés à 19,8 millions d'euros (- 79 % par rapport à 1999) et ont tous été accordés en subventions. La très forte diminution de cette catégorie de concours se confirme depuis plusieurs années et est essentiellement due à une amélioration de la situation de la plupart des pays de la zone franc concernés par la dévaluation du Franc CFA de janvier 1994.
AJUSTEMENT STRUCTUREL (PRÊTS ET SUBVENTIONS) : RÉPARTITION PAR PAYS DES CONCOURS DE L'AFD (en millions d'euros) | ||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 | |
Cameroun |
91,5 |
38,1 |
76,2 |
- |
Centrafrique |
- |
3,0 |
3,8 |
3,8 |
Côte d'Ivoire |
- |
45,7 |
- |
- |
Djibouti |
4,6 |
3,8 |
2,3 |
2,3 |
Guinée |
4,6 |
- |
- |
- |
Mali |
12,2 |
- |
12,2 |
7,6 |
Niger |
13,7 |
17,5 |
- |
6,1 |
Tchad |
- |
6,1 |
- |
- |
Togo |
3 |
- |
- |
- |
TOTAL |
129,6 |
114,2 |
94,5 |
19,8 |
Source : AFD |
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IV.- LA DILUTION DE L'AIDE COMMUNAUTAIRE
L'aide communautaire a été régie de 1975 à 2000 par cinq conventions, dites de Lomé (de Lomé I à Lomé IV bis). Elles constituaient un cadre global de coopération qui a tissé les relations de la Communauté européenne avec 71 pays. Le mécanisme des accords de Lomé était essentiellement contractuel. Pour ce qui concernait l'aide financière et technique, chaque État ACP signait avec l'Union européenne une convention appelée Programme indicatif national. Cette convention, établie après négociation entre chaque partie signataire définissait, pour une période donnée, le montant de l'aide ainsi que les secteurs prioritaires. L'État ACP était ainsi assuré d'un apport constant en provenance de l'aide publique européenne, ce qui lui permettait d'en planifier la gestion.
Cette contractualisation représentait également, sur un plan politique, une approche partenariale de l'aide au développement puisqu'elle résultait d'une véritable négociation entre la Communauté européenne et chaque État ACP concerné.
ÉVOLUTION DU MONTANT DU FONDS EUROPÉEN DE DÉVELOPPEMENT
(en milliards d'euros)
Lomé I (1975-1979) |
3,0 |
Lomé II (1980-1984) |
5,0 |
Lomé III (1985-1989) |
7,5 |
Lomé IV (1990-1994) |
12,0 |
Lomé IV-bis (1995-2000) |
14,6 |
Source : Commission des Communautés européennes
Outre l'aide communautaire, les accords de Lomé comportaient un volet commercial de système de préférence généralisée ainsi qu'un mécanisme de soutien des cours des matières premières, qui s'est étiolé au fil des ans.
La négociation des accords de Lomé a surtout pour origine le constat que l'environnement économique mondial s'orientait de plus en plus vers le libéralisme des investissements et des échanges, ainsi que la volonté des États membres de la Communauté de rendre leur aide plus lisible et de la soumettre à une conditionnalité démocratique. Le groupe des États ACP a enfin évolué de manière hétérogène, juxtaposant des États pauvres du Sahel et des États dotés de structures économiques modernes, comme l'Afrique du Sud.
Les accords de Suva fondent le partenariat entre la Communauté et les États ACP sur trois principes : le respect des principes démocratiques, la rationalisation des instruments juridiques de l'aide et la régionalisation des relations.
L'aide communautaire est désormais soumise à une conditionnalité politique, perdant ainsi son caractère automatique. Le respect des droits de l'homme, des principes démocratiques et de l'État de droit sont considérés comme des éléments essentiels dont la violation peut entraîner la suspension de l'aide européenne. L'Union européenne voulait ajouter à ces facteurs la « bonne gouvernance », terme anglais peu précis. L'accord final fait référence à la bonne gouvernance, non comme un facteur « essentiel », mais « fondamental ». Elle ne constitue donc pas un critère automatique de suspension de l'aide. Cependant, la suspension de l'aide pourra être envisagée dans des cas sévères de corruption.
A ces conditionnalités politiques s'ajoute un mécanisme de programmation glissante et révisable de l'aide, qui permet de revoir cette dernière selon des critères de performance, et non plus seulement de besoin. Chaque pays ACP recevra une allocation initiale pour une période de cinq ans, qui sera purement indicative. Lors de cette période quinquennale, le montant alloué pourra être revu par l'Union européenne, à la hausse ou à la baisse.
La conditionnalité politique est à l'évidence un critère dont l'application sera malaisée et sera vraisemblablement tributaire de rapports de forces diplomatiques. Du moins marque-t-elle une tentative intéressante de lier la démocratie au développement, dans la mesure où une société libre garantit théoriquement une meilleure allocation des ressources.
Les accords de Suva prévoient désormais trois instruments juridiques : l'enveloppe à long terme, l'enveloppe régionale et la facilité d'investissement.
L'enveloppe à long terme accordée à chaque pays ACP regroupera tout un ensemble d'instruments (appui macro-économique, politiques sectorielles, développement de projets, coopération décentralisée...). Tous ces instruments seront intégrés dans une seule stratégie de développement et mis en _uvre à travers une procédure unique de programmation, selon une approche sectorielle.
La facilité d'investissement, gérée par la Banque européenne d'investissement, sera destinée au secteur privé, acteur désormais privilégié par rapport aux États. Quant à l'enveloppe régionale, elle sera révisable et ajustable, comme l'enveloppe à long terme.
L'accord de partenariat met fin au système de préférences généralisées et esquisse une régionalisation des rapports entre l'Union européenne et les pays ACP. Rappelant que les accords de Suva devaient s'aligner sur les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'Union européenne a fait accepter par les pays ACP la disparition du système de préférences généralisées. Le dispositif mis en place, compatible avec les règles de l'OMC, est moins avantageux pour les pays ACP dans la mesure où il implique une ouverture de leurs marchés aux produits et services européens. Les pays ACP ont cependant obtenu que la mise en _uvre de ce dispositif ne s'effectue que progressivement. Pendant une période préparatoire (2000-2008) le régime actuel sera maintenu. Cette période sera utilisée pour négocier de nouveaux accords commerciaux qui devront être mis en place entre 2008 et 2020. Ces nouveaux accords commerciaux prévoient l'établissement de zones de libre-échange entre, d'une part, des sous-ensembles de pays ACP constitués en unions douanières et, d'autre part, l'Union européenne.
Les pays ACP perdent ainsi l'avantage unilatéral dont ils bénéficiaient jusqu'alors. Les préférences commerciales accordées par l'Union européenne aux pays ACP vont se diluer dans les règles du commerce international. Il est vrai qu'elles n'ont pas produit les effets attendus quant au développement de la part des pays ACP dans le commerce avec l'Union européenne.
Les pays ACP sont également conduits vers l'intégration régionale, la réalisation d'économies d'échelle et la création de marchés suffisamment grands pour favoriser un décollage économique. Il reste à définir les régions concernées par ces accords, ce qui sera fait par les pays ACP eux-mêmes. On peut penser que ces régions pourraient par exemple s'inspirer des accords existants déjà, comme l'UEMOA en Afrique occidentale, en gardant à l'esprit le fait que les marchés africains ou caribéens demeurent fractionnés, et qu'en certaines régions, les accords peuvent n'être que de façades si le tissu industriel ne permet pas des économies d'échelle. De nombreux États doivent avant tout satisfaire des besoins primaires, loin des préoccupations d'harmonisations statistiques ou de rapprochement des fiscalités, alors que pour l'heure, ils ont du mal à assurer les fonctions régaliennes les plus élémentaires.
L'Union européenne achève actuellement la réforme de la gestion de son aide extérieure. L'objectif s'inscrit dans une démarche plus vaste de refonte des relations extérieures de la Commission. Celle-ci a des répercussions sur les rapports qu'entretient l'Europe avec les pays ACP, notamment ceux d'Afrique.
Jusqu'à présent, la direction générale chargée du développement (DG VIII) était la seule à disposer d'une mission et d'une compétence territoriales. Elle a mis en place ses propres instruments de coopération, acquérant ainsi au fil du temps une capacité d'expertise comparable à celle des États nationaux.
L'origine de la réforme du dispositif communautaire tient à la fois aux modifications de l'environnement international et aux élargissements successifs de l'Union. La commission a souhaité une approche par problèmes (commerce, développement, environnement...).
C'est dans cette optique qu'a été créé en 1997 le service commun des relations extérieures (SCR), dont la mission était la gestion de la mise en _uvre de l'aide de tous les programmes communautaires de coopération.
Le renversement, par le Parlement européen, de la Commission dirigée par M. Jacques Santer au début de l'année 1999 a contribué aux débuts difficiles du SCR. La nouvelle Commission a lancé une réforme du dispositif des relations extérieures, visant à passer d'une approche géographique à une approche thématique des questions internationales. Quatre directions générales et deux services de la Commission ont alors constitué le « groupe RELEX » : Relations extérieures, Commerce, Elargissement, Développement, Office humanitaire (ECHO) et le SCR (devenu aujourd'hui EuropeAid).
Cette logique thématique devait théoriquement conduire à un renforcement de la Direction générale Développement (nouvelle dénomination de la DG VIII). Or, la Commission a progressivement supprimé des compétences qui relevaient de cette dernière. En moins de dix ans, les effectifs de la DG VIII sont passés de 750 à 300 personnes environ. La création du SCR, puis celle d'EuropeAid dont les compétences ont été élargies à l'ensemble du cycle des projets (identification, programmation, mise en _uvre, contrôle, évaluation) l'ont considérablement affaiblie.
La réorganisation du dispositif administratif a d'importantes conséquences sur les relations entre l'Union européenne et les pays ACP. En effet, jusqu'à la signature du récent accord de Suva, l'ensemble de la Convention était « gérée » par la DG VIII. Les pays ACP avaient donc un interlocuteur unique.
Aujourd'hui, le volet commercial de la Convention de Suva - qui doit préparer la mise en place des Accords de Partenariat économique - ressort de la direction générale du Commerce. L'unité « Droits de l'Homme et démocratisation » de la DG VIII a rejoint la direction générale.
L'on constate donc une segmentation de la politique d'aide au développement de l'Union européenne. La Commission européenne et certains pays ACP considèrent cependant que la multiplication des interlocuteurs peut permettre de sortir l'Afrique de la seule problématique du développement pour l'intégrer aux débats fondamentaux relevant du commerce et de la politique étrangère.
Le défi pour les pays ACP réside donc dans la capacité à s'organiser afin de bénéficier des nouvelles politiques de soutien. Cette capacité revêt d'autant plus d'importance qu'avec l'élargissement à l'Europe de l'Est, l'Afrique n'est plus le champ privilégié de la coopération communautaire.
Ainsi, afin de renforcer leur capacités de négociation, les pays ACP sont en train de mettre en place, avec l'aide financière de la Commission, un bureau de représentation de leur groupe à Genève, auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le coton est une matière première et une ressource d'exportation essentielle à l'économie de pays comme le Burkina, le Tchad ou le Mali. Cette filière est actuellement en danger de survie, avec des cours inférieurs à 60 cents la livre, soit un cours largement inférieur au seuil de rentabilité. La crise ne semble pas conjoncturelle, mais structurelle en raison d'une production mondiale de 21 millions de tonnes, en augmentation de 7,5 %, alors que la consommation mondiale ne progresse que de 1,2 %.
Les explications avancées pour justifier cette augmentation de la production tiennent à :
· l'impact des progrès techniques liés à l'utilisation des OGM et de meilleures conduites de l'irrigation ;
· la fermeté du dollar par rapport au dollar australien, au real brésilien ou à la livre turque ;
· l'aménagement de nouvelles superficies cotonnières au Brésil et en Turquie ;
· l'impact des subventions.
Ce dernier point est crucial. À l'exception des pays d'Afrique, et à de rares exceptions près, les grands pays producteurs de coton pratiquent, sous différentes formes, une politique d'aides à la production agricole. Ces aides contribuent à maintenir un niveau élevé de production alors que les prix baissent. Elles accentuent la chute des cours et retardent leur remontée au détriment des producteurs qui ne peuvent bénéficier de soutiens publics.
Les producteurs de coton grec et espagnol bénéficient depuis 1981 des aides compensatoires de l'Union européenne à hauteur de 770 millions d'euros par an, pour une production garantie d'un peu plus d'un million de tonnes de coton. En pratique, avec les dépassements des quotas de production, la subvention perçue en 2000-2001 est de l'ordre de 60 cents par livre.
Aux États-Unis, le soutien à la production cotonnière et à l'exportation est une constante de la politique agricole. En 1999, le montant de la subvention au titre du soutien à la production était équivalent à 7,5 cents la livre et celle obtenue au travers des prêts à la commercialisation à 20 cents la livre. Pour 2000, l'ensemble des subventions au secteur cotonnier aura atteint, selon le comité consultatif international du coton, le montant record de 4,2 millions de dollars pour le seul programme Upland, soit une subvention de 52 cents par livre.
En Chine, les subventions pour le coton se seraient élevées en 1999-2000 à 1,5 milliard soit l'équivalent de 14 cents par livre.
Cette liste des pays distributeurs de subventions cotonnières est loin d'être exhaustive : on estime qu'en l'an 2000, 70 % de la production mondiale bénéficiait de subventions directes à la production. Le maintien d'une telle situation empêche tout ajustement de la production et toute revalorisation réelle des prix du coton.
Ces subventions jouent sur la situation des pays producteurs africains. En raison de leur existence, la survie de leur filière coton est directement menacée.
Avec 95 % de leur production exportée sur le marché mondial et sans soutien financier de leurs États, les producteurs d'Afrique se maintiennent sur le marché grâce à des prix de revient qui se situent pour la plupart d'entre eux, aux environs de 50 cents par livre. Les producteurs africains sont parmi les plus compétitifs.
Si les subventions dans les autres États se poursuivent, les producteurs africains risquent d'être rejetés du marché mondial, alors que les règles de l'OMC prônent l'égalité des conditions de concurrence et que le développement passe par la consolidation des filières agricoles.
Bien que l'Union européenne ne soit pas la première région productrice de coton, ses subventions à la Grèce et à l'Espagne déséquilibrent le marché, alors même qu'elle est le premier contributeur à l'aide aux pays en voie de développement. La France, qui abonde le FED à hauteur de 25 %, ne peut admettre que la politique agricole commune détruise un pan entier de l'économie de l'Afrique.
La France doit donc agir au niveau communautaire pour que l'Union européenne intervienne en faveur des pays africains au sein de l'OMC. Elle doit aussi se préoccuper du cloisonnement croissant des questions de développement au sein de la Commission européenne. Il n'est pas logique que la politique agricole commune ignore délibérément les enjeux du développement.
La suppression de certains instruments de coopération tient autant à la critique à leur encontre (inefficacité, lenteur des décaissements, résultats décevants...) qu'à la nécessité de mettre les mécanismes d'aide en conformité avec les règles de l'OMC. A l'exception des pays les moins avancés, les pays ACP perdent leurs avantages commerciaux. En outre, compte tenu de leur échec, les instruments "Stabex" et "Sysmin" disparaissent. Seule la France, parmi les États membres, en a défendu la reconduction dans la mesure où la Côte d'Ivoire et le Cameroun en étaient les principaux bénéficiaires. La suppression de Stabex et de Sysmin répond, certes, à des logiques de rationalisation et d'amélioration de l'aide. Mais elle intervient sans qu'aucun mécanisme véritable ne leur soit cependant substitué pour la stabilisation des recettes d'exportation, en cas de choc.
La logique d'harmonisation des différentes politiques communautaires conduit inéluctablement à la budgétysation du Fonds européen de développement (FED). Le Parlement européen a demandé cette inscription au budget communautaire et la France a demandé à la Commission de rédiger en ce sens, pour 2003, une communication. Cette budgétisation présente, au premier abord, un caractère technique, ayant pour conséquence une gestion des crédits analogues à celle des autres programmes communautaires (Meda, Tacis, Phare...) mais renforce l'approche technique au détriment de la vision politique que certains États peuvent en avoir. L'approche technique consacre en fait une conception libérale des échanges avec les pays ACP, plus fondée sur le commerce que sur une approche spécifique des problèmes. Elle s'éloigne en cela de la conception française du développement, qui prévalait dans les instances communautaires.
Le volet commercial constitue l'élément essentiel des accords de Cotonou. Il prévoit la mise en conformité des relations entre l'Union européenne et les pays ACP avec les règles de l'OMC. A la globalité des relations succède une série d'accords, dénommés Accord de partenariat économique régional (APER), dont le champ est une zone géographique. Cette approche part du principe que les actions de coopération doivent varier en fonction du niveau de développement du partenaire et de ses projets d'intégration régionale. L'objectif est toutefois d'aboutir en vingt ans à une libéralisation totale des échanges entre l'Union européenne et les pays ACP.
Outre son double objectif, l'approche régionale se révèle d'une grande complexité. Elle comporte même un risque de chevauchement, lorsqu'un pays adhère en même temps à deux ou plusieurs organisations régionales. L'Afrique de l'Ouest, couverte aussi bien par l'Uemoa que par la Cedeao, l'Afrique australe et orientale, partagée entre SADC, SACU, COMESA et Commission de l'océan Indien (COI), en sont des exemples significatifs. Certaines d'entre elles comportent aussi bien des pays pauvres, des pays émergents ou semi-industrialisés (Afrique du Sud) ou des territoires communautaire européens (La Réunion). Il faudra également tenir compte de l'éventualité de demandes d'accords commerciaux séparés de pays, qui pourraient notamment venir du Nigeria.
CALENDRIER DES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES
ENTRE L'UNION EUROPÉENNE ET LES PAYS ACP
Date |
Négociations |
Régime commercial |
Jusqu'en septembre 2002 printemps 2000 |
Préparation des négociations, L'UE demande aux autres membres de l'OMC une dérogation lui permettant de maintenir les préférences commerciales de Lomé jusqu'en 2008 (décision attendue) |
|
De septembre 2002 au 31 décembre 2007 |
L'UE négocie des accords de partenariat économique avec les pays ACP, par groupes régionaux ou pays par pays. |
Maintien avec 76 pays ACP - sans l'Afrique du Sud - des préférences tarifaires non réciproques en vigueur actuellement - c'est-à-dire le régime de Lomé pour tous les pays ACP. |
2004 |
L'UE et les pays ACP étudient « toutes les alternatives possibles » pour les pays non-PMA qui « décident [...] qu'ils ne sont pas en mesure » de signer des accords de libre-échange. |
|
L'UE révise son système de préférence généralisée (SPG). |
||
2006 |
L'UE et les pays ACP analysent les accords prévus « pour s'assurer que le calendrier prévu permet une bonne préparation des négociations ». |
|
Du 1er janvier 2008 jusqu'en 2018-2020 |
Mise en place des nouveaux accords de partenariat économique (APE) |
- Fin du régime global de Lomé. - Les pays ACP signataires d'APE ouvrent progressivement leur marché aux produits de l'UE. - Les PMA qui ont choisi de ne pas conclure d'APE conservent leurs préférences tarifaires non réciproques. - Les non PMA qui ont choisi de ne pas conclure d'APE bénéficient soit du SPG, soit d'un nouveau régime « alternatif » (qui reste encor eà définir). |
A partir de 2018-2020 |
Mise en place des accords de libre-échange entre l'UE et les pays ACP signataires d'APE | |
Source : Commission européenne. |
La compatibilité avec les règles de l'OMC a pour corollaire la nécessité d'accroître la compétitivité des produits des pays ACP. De ce fait, le système de soutien institutionnel ne peut que laisser place, progressivement, à une intensification des relations avec le secteur privé. Le recours croissant au secteur privé provient également du bilan des accords de Lomé, dont les clauses commerciales préférentielles, n'ont pas empêché la marginalisation des États ACP. La part de leurs exportations sur le marché européen n'a cessé de diminuer. Elle est passée de 6,7% en 1976 à 2,8% en 1999. De plus, la diversification n'a pas été opérée. 60% des exportations des pays ACP vers l'Europe concernent seulement dix produits.
Les articles 21 et 22 des accords de Suva ont inscrit le secteur privé dans le dispositif de coopération. Les opérateurs privés sont invités à participer à la définition des documents d'appui aux stratégies de développement de chaque pays ou de chaque zone régionale. A chaque étape de l'élaboration de ces politiques, leur intervention sera systématique. L'objectif est de les muer en véritables acteurs du développement. Ainsi contribueront-ils à la mise en _uvre sectorielle de ces stratégies. De même, ils seront bénéficiaires d'une partie du budget allouée par l'Union.
Plusieurs instruments financiers destinés à encourager l'investissement privé ont été créés. La facilité d'investissement gérée par la Banque européenne d'investissement (BEI) vise à renforcer l'appareil productif d'entreprises déjà installées. Dotée de 2,2 milliards d'euros sa mise en _uvre pourra s'effectuer sous forme de prise de participation, d'assistance ou de garanties. La Banque gérera également 200 millions d'euros au titre de l'enveloppe à long terme afin de financer des bonifications d'intérêt.
Au total, 12,2 milliards d'euros permettront de financer l'investissement sur le court et le long termes. En plus des 2,2 milliards de la facilité, 10 autres milliards vont être affectés sur le long terme par la Commission européenne et le Centre de développement des entreprises en vue d'améliorer la compétitivité des entreprises, notamment leur mise à niveau aux normes européennes.
Outre les aides de la BEI, le programme d'assistance aux entreprises ACP (Ebas), dont l'enveloppe s'élève à 20 millions d'euros, propose une mise à disposition de conseillers sur le court terme. Une partie du coût est à la charge de l'entreprise bénéficiaire. Celle-ci peut prétendre à des subventions à hauteur de 70.000 euros.
L'objectif d'Ebas traduit l'importance accordée au secteur privé par les accords de Cotonou. Les conseils externes concernent essentiellement les questions de mise aux normes, de certification, de gestion des ressources humaines ou encore la gestion des productions et des stocks. Les entreprises éligibles à ce mécanisme doivent répondre à plusieurs critères parmi lesquels avoir un capital dominé par des intérêts privés.
La réorientation de l'aide communautaire via le secteur privé répond à plusieurs nécessités, notamment la revitalisation du tissu économique. Si cette réorientation est souhaitable, elle ne peut réussir qu'à certaines conditions :
- elle ne peut se substituer aux aides d'État pour le financement des activités non rentables à court terme. Il s'agit principalement des dépenses d'infrastructures, dont l'effet multiplicateur est considérable, des dépenses d'éducation et des dépenses de santé ;
- les entreprises doivent trouver un environnement juridique stable, un système bancaire fiable et un climat général de sécurité. Or tel n'est pas le cas dans nombre de pays. Il s'agit là de domaines qui ressortent toujours de la coopération régalienne.
Le développement constitue avant tout une politique globale et ne peut être réduit à la simple facilitation d'investissements. C'est à ce titre que l'orientation de la politique communautaire ne laisse pas d'inquiéter. Il n'y a pas de développement sans volontarisme et ce dernier ne peut venir que de l'État. Il n'y a pas, non plus, de développement sans la prise en compte des facteurs géopolitiques. Là également, le rôle des États reste entier.
La coopération française est souvent analysée de manière uniforme, alors qu'elle doit s'adapter à des contextes géographiques et politiques en mutation. Votre Rapporteur souhaite porter un éclairage sur deux États de l'Océan Indien, les Comores et Madagascar, dans lesquels il s'est rendu au nom de la commission des Finances, au mois de juin 2001.
L'archipel des Comores fait partie des pays les moins avancés. Depuis son indépendance, cet État a traversé des turbulences politiques avec de nombreux coups d'État. Cette instabilité a empêché le décollage économique de l'archipel.
Depuis 1997, les Comores ont été au centre d'une crise politique due à la tentative de sécession d'Anjouan. Cette crise a été aggravée par un coup d'État en mars 1999. En février 2001, après une période prolongée de médiation conduite par l'OUA, des représentants du Gouvernement et de l'opposition des trois îles ont convenu à Fomboni d'un processus de réconciliation (parmi lesquels l'intégration de l'opposition dans la commission tripartite et la commission de suivi ; référendum sur la nouvelle Constitution en juin 2001 ; élections en décembre 2001). Les signataires de l'accord de Fomboni ont mis en place un Comité de suivi qui a été complété par une commission tripartite se composant de 72 représentants du Gouvernement, de l'opposition et de la société civile des trois îles. La commission tripartite a mis en place des comités techniques chargés, entre autres, de rédiger une nouvelle Constitution et d'élaborer des règles de gestion budgétaire.
Le déclin économique des Comores, qui a commencé dans les années 90, s'est aggravé en raison de la crise de sécession de 1997. Tout au long de cette période, la croissance du PIB réel est restée en moyenne très en dessous de la croissance de la population. L'investissement du secteur privé a stagné, reflétant un environnement politique difficile et de profonds problèmes structurels. La production des principaux produits d'exportation (vanille, girofle et ilang-ilang) n'a pas montré de tendance à la hausse. Le déclin économique a eu pour conséquence un accroissement substantiel de la pauvreté, en particulier à Anjouan.
En dépit du déclin économique, la situation des finances publiques en 2000 a été mitigée. Afin d'améliorer la situation fiscale, les dépenses financées par le budget ont été réduites, de 12 % du PIB en 1999 à 10,8 % en 2000. Les recettes totales sont passées de 9 % à 11,7 % du PIB en 1999 à 10,6 % en 2000. Le déficit primaire courant sur base d'ordonnancement (hors dons et assistance technique financée sur ressources extérieures) est resté virtuellement inchangé en 2000 par rapport à 1999. En l'absence d'appui budgétaire des bailleurs et de sources de financement intérieur, le déficit a eu pour résultat une nouvelle augmentation d'un mois des arriérés de salaires, lesquels ont dépassé vingt-deux mois pour la plupart des fonctionnaires.
À l'occasion d'une récente visite de représentants de la Banque mondiale, le gouvernement a organisé une réunion informelle avec les créanciers et les bailleurs de fonds potentiels sur les moyens de sortir de la crise politique et économique. Cette réunion a été aussi l'occasion de discuter des estimations à l'appui des bailleurs de fonds pendant la transition et pour ajuster les statistiques de la dette. Un problème particulier a été posé par les arriérés de la Banque africaine de développement qui s'élèvent à 18 millions de dollars. Le programme économique et financier proposé pour la transition nécessite la stabilisation des arriérés dus aux organismes multilatéraux en payant l'intérêt de la dette actuelle.
Dotés de peu de moyens, l'ensemble des personnels des services diplomatiques et du service de coopération et d'action culturelle (SCAC) accomplit un travail d'autant plus remarquable qu'il s'inscrit dans un environnement complètement atone.
Dans le cadre du titre IV du budget, le SCAC dispose de 2,3 millions d'euros. Pour le titre VI (projets FSP), les dotations diminuent chaque année, en raison de leur sous-consommation chronique.
CRÉDITS DE LA COOPÉRATION EN FAVEUR DES COMORES
(en millions d'euros)
Année |
Titre IV |
FAC/FSP |
Assistants Techniques (effectifs) |
1995 |
5,40 |
1,45 |
|
1996 |
5,38 |
2,29 |
70 |
1997 |
5,08 |
1,98 |
59 |
1998 |
3,47 |
3,05 |
22 |
1999 |
2,70 |
0,91 (non utilisés) |
13 |
2000 |
2,25 |
0,84 (4 programmés) |
14 |
2001 |
2,30 |
0,76 |
15 |
Source : ambassade de France aux Comores.
Sur les cinq projets pour 2001, deux sont en cours d'achèvement (anesthésie et pharmacie) et trois sont en cours de démarrage. Il s'agit du programme de développement local, du Fonds social de développement et du programme d'appui aux organisations professionnelles agricoles. En dehors des difficultés de mise en _uvre propres au contexte comorien, le SCAC manque de personnel pour accomplir l'ensemble de ses missions.
L'action de coopération de la France aux Comores est d'autant plus difficile que la volonté de développement, affichée par les autorités comoriennes, est masquée par une tendance lourde à l'émigration des habitants de ce pays vers la France. De ce fait, notre coopération risque de s'appliquer d'une part à un pays en voie de dépeuplement, d'autre part à des habitants qui, à moyen terme, posséderont majoritairement la double nationalité.
À l'origine limitée à quelques marins comoriens qui s'installaient dans les ports, l'émigration vers la France, y compris Mayotte et la Réunion, devient de plus en plus importante, en raison d'une part de la dégradation de la situation des Comores, d'autre part, des choix effectués par notre pays. Cette situation présente des risques sérieux, aussi bien pour les Comores que pour la France.
L'estimation actuelle des émigrés comoriens en France est la suivante :
- 150.000 Comoriens seraient établis en France métropolitaine ; 40.000 Comoriens (Anjouanais) à Mayotte et 20.000 Comoriens à la Réunion. Les flux sont mal connus, dès lors que le nombre de visas délivrés ne constitue qu'une vision imparfaite du phénomène. En effet, le nombre de visas délivrés est resté limité à 1.666 pour la France, 242 pour Mayotte et 110 vers la Réunion.
Les flux réels sont beaucoup plus importants, en raison du non-retour des bénéficiaires de visas de court séjour ou de long séjour (étudiants, stages). Il existe également une fraude massive sur les documents d'identité français des franco-comoriens et enfin, une émigration clandestine, surtout vers Mayotte, estimée à 15.000 par an (8.000 personnes étant reconduites à la frontière chaque année).
Les Comoriens s'efforcent en règle générale d'obtenir la nationalité française. C'est là une différence fondamentale avec les migrants d'autres nationalités qui cherchent surtout à s'installer et à obtenir une carte de séjour. Les moyens qu'ils utilisent sont tous ceux de notre code de la nationalité et du code civil en matière d'état civil. Lorsque les moyens légaux échouent, tous les autres moyens sont employés : mariages coraniques successifs, filiations et reconnaissances fictives, usurpation d'identité, vente, falsification ou fabrication de documents français. Ces pratiques, bien connues du consulat de France sont extrêmement efficaces puisque seulement six mille Comoriens sont titulaires de cartes de séjour. Les 144.000 autres sont donc ou Français ou clandestins en voie de francisation. Le poste consulaire français à Moroni manque d'effectifs pour accomplir son travail de contrôle. Cette situation, qui devrait perdurer, présente des risques certains pour les Comores et pour la France. La volonté migratoire des Comoriens devrait perdurer dès lors que les motifs qui le justifient sont toujours d'actualité. Ils tiennent à la dégradation de la situation aux Comores et à des choix, plus ou moins délibérés, de notre pays. Depuis l'indépendance en 1975, la situation politique, économique et sociale des Comores n'a en effet pas cessé de se dégrader, malgré l'appui massif de la communauté internationale et de notre pays. L'économie est sinistrée, comme l'enseignement et le système de santé. Les Comoriens font la comparaison avec les îles voisines, notamment les Seychelles et l'île Maurice, qui ont su développer des secteurs, en particulier le tourisme. Il n'y a aux Comores, à l'heure actuelle, pratiquement aucune possibilité d'emploi. La seule issue apparaît à tous dans l'émigration vers la France.
Si l'économie ne s'effondre pas totalement, c'est en raison de l'apport de la diaspora qui injecte en Grande Comore environ 20 millions de francs par an, soit une fois et demi le budget de l'État (13 millions de francs).
La situation des Comores illustre les raisons qui sous-tendent les flux migratoires des pays les moins avancés vers l'occident.
Madagascar émerge à peine d'une grave crise économique et politique, tout en demeurant l'un des pays les plus pauvres du monde. Les infrastructures sont quasi inexistantes, la coutume foncière empêche les investissements privés, les banques appliquent des taux de 12 % à 20 % qui pénalisent l'initiative privée. Seuls, l'activité dans les zones franches et l'essor de l'aquaculture fondent une note d'espoir.
Madagascar qui a renoué avec la démocratie en 1991, reste un pays sinistré par dix huit ans de dictature et d'isolement qui ont brisé l'ossature économique, administrative et éducative du pays et malmené les ressorts d'une société largement traditionnelle.
Outre l'héritage politique, la société malgache est caractérisée par des comportements sociologiques ancestraux : enfermement insulaire, pratique exacerbée du consensus et permanence d'un système de castes vivace sur les hauts plateaux, avec une prédominance économique et culturelle de l'ethnie des Mernes. La majeure partie de la population, rurale à 78 % et très peu alphabétisée, pratique une économie de survie.
Le poids des codes sociaux, la particularité de la perception malgache du temps, mais aussi de l'espace, souvent jugé encore infini quand il s'agit d'exploitation des ressources naturelles, et enfin la crise perpétuelle d'identité à laquelle est confrontée la population malgache dans son ensemble sont des éléments clés à prendre en compte pour expliquer la difficulté des malgaches à définir leurs priorités et à renforcer leurs capacités.
Le travail accompli par les autorités malgaches avec les institutions de Bretton Woods dans le cadre du passage sous ajustement, effectif depuis 1997, vise à créer la dynamique d'un développement, le recentrage de l'État sur ses missions essentielles, l'ouverture, la libéralisation, et l'engagement du pays dans un processus de transformation économique, social et culturel.
Si les résultats économiques semblent indiquer un redémarrage de l'économie, l'État malgache n'a pas les capacités de mener un programme de développement, en raison d'une haute fonction publique vieillissante, de cadres moyens insuffisamment formés, de la concentration des cadres à Tananarive et de salaires trop bas. En outre, l'Etat de droit est encore embryonnaire.
Madagascar occupe la troisième place en termes de crédits par la France, après le Maroc et le Sénégal. L'aide directe de la France à Madagascar en fait le premier bailleur de fonds bilatéral. Celle-ci s'élève à 7,29 milliards de francs sur la période 1991-2000.
Sur l'ensemble des composantes de l'aide française au développement, les remises de dettes au titre du Club de Paris représentent sur cette période un peu plus de la moitié de l'aide (53%). Le dispositif de l'aide publique française présente des outils d'intervention nombreux : FAC/FSP, Titre IV, bourses, assistance technique, Agence française de développement, PROPARCO.
L'aide, hors ajustement structurel du ministère des affaires étrangères, poursuit une tendance à la baisse, soit 120 millions de francs en 2000, pour 248 millions de francs en 1991. Les financements au titre du FAC ou du FSP, qui ont représenté 45,8 millions de francs par an en moyenne sur 1991-2000, ont concerné essentiellement les domaines traditionnels de l'éducation, de la santé, du développement rural, le financement d'infrastructures étant abandonné dès 1996. De nouveaux champs d'intervention sont apparus en 1995-1996 : décentralisation, secteur social, appui au secteur privé...
L'assistance technique a subi une diminution régulière en volume financier (62 millions de francs en 2000 contre 130 millions de francs en 1991) et en effectifs (130 en 2000 contre 341 en 1991). Outre la disparition de l'assistance technique de substitution, l'évolution est marquée par la réduction des coopérants ayant des fonctions éducatives au profit d'un redéploiement vers la décentralisation et l'État de droit.
Les financements de l'AFD en subventions au secteur public ont représenté 555 millions de francs sur la période, avec une interruption de 1994 à 1996 du fait du non-paiement par l'État malgache de ses arriérés. Ils ont repris depuis 1997 et sont en progression régulière. Les prêts au secteur privé sur la même période se sont élevés à 641,5 millions de francs.
La France entretient un réseau de trente alliances françaises (16.000 élèves), de 21 établissements français d'enseignement (6000 élèves ; coût global annuel de 83 millions de francs) et d'instituts de recherche (coût global annuel de 31 millions de francs) ; Institut pour la recherche et le développement (IRD), l'Institut Pasteur, et un centre culturel à Tananarive. La langue française, parlée par les élites, a décliné en raison de la politique de malgachisation de l'enseignement pendant vingt ans. Elle connaît actuellement un regain indéniable. Son enseignement dans le primaire vient d'être renforcé.
Le bilan de ce volet de coopération est mitigé. Si le réseau des Alliances et le soutien à la santé constituent des succès indéniables, l'enseignement technique ou l'appui aux hôpitaux n'ont guère donné de résultats.
La coopération française a pris la mesure des limites de certaines interventions dans le secteur éducatif, la santé, la formation professionnelle et le développement rural. Notre coopération est absente pour l'essentiel du secteur des finances publiques, hormis quelques actions ponctuelles récentes (impôts, douanes), Madagascar n'ayant pas à ce jour souhaité un projet global d'appui dans ce domaine.
Depuis le milieu des années 1990, l'adaptation nécessaire de nos modalités d'intervention s'est manifestée selon trois axes majeurs :
- le développement humain : éducation, santé et développement social,
- la consolidation de l'État de droit,
- le développement économique.
Dans le secteur éducatif, et malgré la diminution de l'assistance technique, ont été développés des projets orientés vers l'appui à l'enseignement de base en zone rurale vers la professionnalisation de l'enseignement supérieur. Dans le domaine de la santé, des efforts ont été entrepris pour passer d'une coopération hospitalo-universitaire à une coopération plus décentralisée, orientée vers la santé publique et la lutte contre les grandes endémies.
Les actions en faveur de la consolidation de l'État de droit ont visé à appuyer l'État dans ses fonctions régaliennes (justice, armées, sécurité publique, pilotage de l'économie). Dans ce domaine difficile, les actions en faveur de la justice -centrée dans une première phase sur la rénovation du droit commercial et la formation des magistrats - ont donné des résultats intéressants. La coopération militaire et de sécurité publique, pour laquelle l'effort est constant depuis 1993, permet d'appuyer le lent redressement des forces armées et de consolider leur orientation au service du développement. Le renforcement du secteur de la statistique (projet d'appui à l'information et à l'analyse économique), mené conjointement avec l'Union Européenne, a permis le redémarrage de ce secteur qui avait complètement disparu. Enfin l'appui à la décentralisation, visant dans une première phase les communes afin de leur permettre de développer leur capacité de maîtrise d'ouvrage (projet agglomération de Tananarive et projet gestion urbaine), a permis de conforter leur rôle. De même l'appui à la mise en place du contrôle de légalité dans le nouveau dispositif des provinces autonomes doit permettre un meilleur fonctionnement des différentes composantes du système institutionnel.
Pour ce qui concerne le développement économique, les actions de coopération menées jusqu'à présent visent à appuyer l'émergence de petites entreprises, à professionnaliser le monde rural et à participer à la nécessaire évolution du cadre général des affaires. Les interventions sont effectuées par l'AFD et Proparco. Le bilan est néanmoins mitigé, car Madagascar commence à peine à retrouver le chemin de la croissance économique.
La Commission a examiné, au cours de sa séance du 17 octobre les crédits de la Coopération.
Votre Rapporteur spécial a d'emblée déclaré que les crédits de la coopération pour 2002 comportaient des aspects très positifs, comme le fort accroissement des dotations pour les centres culturels à l'étranger ou les bourses de longue durée. Mais il faut noter la forte diminution des autorisations de programme du titre VI qui ne peuvent être justifiées par la seule lenteur des décaissements de crédits. La diminution de 13 % du titre VI entraînera, pour l'Agence française de développement, des difficultés de trésorerie qui risquent de l'empêcher d'honorer des autorisations de programme.
Au-delà du montant des crédits, qui montrent que le ministère délégué chargé de la Coopération n'est pas prioritaire, l'examen du budget doit être l'occasion de s'interroger sur la finalité de l'aide française. Malgré la mise en _uvre de la réforme, l'aide publique conserve sa configuration d'antan. Ainsi, pourquoi n'y-a-t-il pas de lien entre l'État de droit et le montant de l'aide ? Des pays comme Djibouti ou le Congo reçoivent environ 400 dollars par habitant, quand des pays plus peuplés, et qui accomplissent des efforts méritoires, comme le Mali ou le Bénin, ne reçoivent que 26 dollars par habitant. Certes, les pays qui abritent des bases militaires ou qui jouissent de rentes pétrolières sont en mesure de bénéficier de prêts, qui expliquent cette statistique, mais l'on notera que ces même pays remboursent mal leurs dettes. Lier notre aide à la qualité de la gestion est un impératif. De même, la diminution des effectifs de l'Assistance technique n'est pas logique, eu égard à la finalité de notre coopération. Le ministère du Budget ne souhaite pas une coopération de substitution, mais, par nature, la coopération est une action de substitution, et la valeur ajoutée de l'aide bilatérale française réside dans cette assistance technique.
Votre Rapporteur spécial a également évoqué les conséquences de la disparition du service national et le fait que les candidats au volontariat civil ne choisissent pas le secteur de la coopération, ainsi que l'absence de politique salariale à l'égard des personnels recrutés localement. L'étranglement des fonctions publiques locales empêche l'initiative PPTE de jouer ses pleins effets. Si l'initiative PPTE est excellente, elle ne peut fonctionner qu'avec des mécanismes de relance de l'économie. Or, dans certains pays, comme le Cameroun, les dotations sont restituées en faveur d'actions sociales, dont le taux d'exécution n'est que de 20 %. L'absence de projet économique, combinée à une approche graduelle de décaissements selon une logique multilatérale, risquent d'entraîner l'échec de l'initiative PPTE.
Le ministère des Affaires étrangères doit se battre pour obtenir une somme que l'on peut chiffrer à environ 500 millions de francs de plus, qui serait nécessaire pour mieux accomplir ses missions, alors qu'il a déjà fait l'effort de se réformer et de perdre 8 % de ses effectifs quand d'autres ministères bénéficiaient de majorations substantielles de leurs dotations, sans pour autant se réformer de façon aussi radicale. Votre Rapporteur spécial a ensuite proposé l'adoption des crédits de la Coopération, inscrits au budget du ministère des Affaires étrangères.
M. Alain Rodet a déclaré partager les inquiétudes de votre Rapporteur sur la disparition du service national et a demandé combien de VSNA demeuraient en poste.
M. Alain Barrau a souligné l'importance inestimable du budget de la Coopération, si l'on veut modifier les relations nord-sud. Il a déclaré partager l'analyse de votre Rapporteur spécial sur le montant des crédits accordés au ministère de la Coopération qui s'est effectivement réformé, alors que le ministère des Finances n'a pas accompli cet effort. Pour autant, il ne faudrait pas que le maintien de l'effectif de l'assistance technique aboutisse aux errements du passé, considérant que l'intérêt d'une politique de coopération est de former les populations sur place. De fait, la question centrale réside dans la maîtrise par le ministère des Affaires étrangères de la politique de coopération et non par le ministère de l'Économie et des Finances. Il faut, enfin, souligner l'apport considérable des collectivités locales dans le cadre de la coopération décentralisée.
M. Gérard Saumade a souligné que la commission des Finances parlait enfin de politique. Sa vocation n'est pas d'être une commission de comptables, mais d'apprécier une politique au regard des moyens. Citant M. Alain Barrau sur la modicité des crédits du ministère de la Coopération, il a jugé que ce dernier avait exprimé, à mots couverts, de vraies idées, lorsqu'il a rappelé qu'il suffisait de prendre quelques centaines de millions de francs sur d'autres ministères, par exemple celui de la Défense, pour que le ministère de la Coopération puisse accomplir ses missions dans de meilleures conditions. La France a dépensé des milliards de francs pour le porte-avions Charles de Gaulle, alors que ce dernier n'est pas en état de marche. Le fonctionnement de la République est en cause si la commission des Finances ne peut modifier la donne budgétaire en la matière. La politique de coopération est cruciale pour le caractère universel de l'action de notre pays, dont le champ naturel est la Méditerranée et l'Afrique. Il s'agit autant d'un problème économique que d'un problème culturel. Enfin, la coopération décentralisée ne doit pas être un motif de bataille entre les fonctionnaires de l'administration centrale et les élus locaux. Avec peu de moyens, la coopération décentralisée mène des actions efficaces, qui conduisent à parler de la France et à parler le français, actions souvent très en marge de ce que permet la loi. Cette efficacité mérite d'être renforcée.
M. Yves Tavernier, Président, a déclaré partager l'analyse de votre Rapporteur sur les crédits supplémentaires qui seraient nécessaires à la politique de coopération et a indiqué que le Gouvernement est parfois capable de dégager plusieurs dizaines de millions de francs en quelques heures pour faire face à des dégradations à la suite de manifestations, alors que la somme en cause est très modique.
M. Gérard Bapt a évoqué l'aide à l'Afrique subsaharienne, avant de regretter l'abandon de la conscription, qui conduit à la baisse du nombre de coopérants. Il a par ailleurs approuvé la construction du nouveau lycée français de Damas, tout en s'interrogeant sur l'impact de cette opération sur d'autres chantiers.
M. Guy Lengagne a souligné l'importance des centres culturels et des bourses d'étude, qui constituent pour notre pays un excellent investissement à long terme. Les tensions internationales risquent cependant d'en limiter les crédits.
En réponse aux intervenants, votre Rapporteur spécial a indiqué que les crédits des bourses augmentaient de 34 %, que l'aide publique au développement ne s'effondre pas, mais subit la forte diminution du titre IV explicable par la dévaluation du franc CFA et que 1.073 VSNA demeuraient en poste au 1er semestre 2001, ceux dont le contrat court au-delà de l'entrée en vigueur de la réforme du service national se sont vu offrir des postes. La coopération décentralisée est très positive, mais celle-ci n'a d'efficacité que si elle s'appuie sur une compétence technique, donc un maximum de professionnalisme, en liaison avec la politique de l'État. Quant au débat sur le partage de l'aide par les canaux bilatéraux ou multilatéraux, les analyses ne peuvent être manichéennes. Une tendance facile consiste à critiquer le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, mais c'est oublier que si leur action est souvent critiquable, elle est néanmoins souvent nécessaire et que les différents gouvernements français qui se sont succédé l'ont approuvé, tout en finançant des politiques d'accompagnement destinées à réparer les dommages sociaux.
Sur la proposition de votre Rapporteur spécial, votre commission des Finances a ensuite adopté les crédits de la Coopération inscrits au sein du budget des Affaires étrangères pour 2002 et vous demande d'émettre un vote favorable à leur adoption.
N° 3320-3 .- Rapport de M. Maurice Adevah-Poeuf (commission des finances) sur le projet de loi de finances pour 2002 - Affaires étrangères : coopération.
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