N° 3320

______

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

RAPPORT

FAIT

PAR M. DIDIER MIGAUD,

Rapporteur Général,

Député.

--

ANNEXE N° 37


RECHERCHE



Rapporteur spécial : M. CHRISTIAN CUVILLIEZ,

Député

____

(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.

M. Henri Emmanuelli, président ; M. Didier Migaud, rapporteur général ; M. Michel Bouvard, M. Jean-Pierre Brard, M. Yves Tavernier, vice-présidents ; M. Pierre Bourguignon, M. Jean-Jacques Jégou, M. Michel Suchod, secrétaires ; M. Didier Migaud, Rapporteur Général ; M. Maurice Adevah-Poeuf, M. Philippe Auberger, M. François d'Aubert, M. Dominique Baert, M. Jean-Pierre Balligand, M. Gérard Bapt, M. François Baroin, M. Alain Barrau, M. Jacques Barrot, M. Christian Bergelin, M. Éric Besson, M. Alain Bocquet, M. Augustin Bonrepaux, M. Jean-Michel Boucheron, Mme Nicole Bricq, M. Christian Cabal, M. Jérôme Cahuzac, M. Thierry Carcenac, M. Gilles Carrez, M. Henry Chabert, M. Jean-Pierre Chevènement, M. Didier Chouat, M. Alain Claeys, M. Charles de Courson, M. Christian Cuvilliez, M. Arthur Dehaine, M. Yves Deniaud, M. Michel Destot, M. Patrick Devedjian, M. Laurent Dominati, M. Julien Dray, M. Tony Dreyfus, M. Jean-Louis Dumont, M. Daniel Feurtet, M. Pierre Forgues, M. Gérard Fuchs, M. Gilbert Gantier, M. Jean de Gaulle, M. Hervé Gaymard, M. Jacques Guyard, M. Pierre Hériaud, M. Edmond Hervé, M. Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, M. Michel Inchauspé, M. Jean-Pierre Kucheida, M. Marc Laffineur, M. Jean-Marie Le Guen, M. Guy Lengagne, M. Maurice Ligot, M. François Loos, M. Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, M. Pierre Méhaignerie, M. Louis Mexandeau, M. Gilbert Mitterrand, M. Gilles de Robien, M. Alain Rodet, M. José Rossi, M. Nicolas Sarkozy, M. Gérard Saumade, M. Philippe Séguin, M. Georges Tron, M. Jean Vila.

INTRODUCTION 5

CHAPITRE PREMIER : BILAN DE L'EFFORT NATIONAL DE RECHERCHE DEPUIS DIX ANS ET COMPARAISONS INTERNATIONALES 9

I.- LE RALENTISSEMENT DE LA DÉPENSE DE RECHERCHE À PARTIR DE 1993 A ÉTÉ PLUS MARQUÉ EN FRANCE QUE DANS LES AUTRES GRANDS PAYS INDUSTRIELS 10

A.- L'ÉVOLUTION DES DÉPENSES DE L'ETAT 11

B.- LA CONTRIBUTION DES ENTREPRISES 17

C.- COMPARAISONS INTERNATIONALES 18

II.- L'EFFORT PUBLIC EN FAVEUR DE LA RECHERCHE A VÉRITABLEMENT REDÉMARRÉ EN 2001 20

A.- LE BUDGET 2000 A SURTOUT MIS L'ACCENT SUR LES CRÉDITS INCITATIFS DE SOUTIEN À LA TECHNOLOGIE ET À L'INNOVATION 20

1.- Le BCRD 2000 20

2.- La gestion des crédits en 2000 25

B.- LA RELANCE CIBLÉE EN 2001 29

CHAPITRE II : LE PROJET DE BUDGET CIVIL DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT POUR 2002 AUGMENTE L'EFFORT D'INVESTISSEMENT 35

I.- LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU BUDGET CIVIL DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT 2002 35

A.- DES MESURES IMPORTANTES EN FAVEUR DES PERSONNELS 38

B.- LE RENFORCEMENT DES MOYENS DE LA RECHERCHE PUBLIQUE EST AMPLIFIÉ 39

C.- LA POURSUITE DES EFFORTS EN DIRECTION DE LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE 43

D.- LES MOYENS D'INTERVENTION DIRECTE DU MINISTÈRE 45

1.- Les actions d'incitation, d'information et de communication 45

2.- Les fonds d'intervention 45

E.- LE SOUTIEN À L'INNOVATION ET À LA RECHERCHE INDUSTRIELLE 46

F.- LES OPÉRATIONS NOUVELLES PRÉVUES EN MATIÈRE DE TRÈS GRANDS EQUIPEMENTS EN 2002 47

II.- UNE RECHERCHE EN PRISE SUR QUELQUES GRANDS PROBLÈMES DE SOCIÉTÉ 51

A.- LA RECHERCHE AU SERVICE DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA SANTÉ 51

B.- LA RECHERCHE ET L'INNOVATION TECHNOLOGIQUE 52

C.- LE PLAN DECENNAL DE GESTION PREVISIONNELLE ET PLURIANNUELLE DE L'EMPLOI SCIENTIFIQUE 55

CHAPITRE III : L'ESPACE SCIENTIFIQUE EUROPÉEN EN CONSTRUCTION 57

I.- LA RECHERCHE COMMUNAUTAIRE ET LA PRÉPARATION DU VIEME PCRD 57

A.- PREMIER BILAN DU VÈME PCRD 57

B.- LA PRÉPARATION DU VIÈME PCRD 59

II.- LA PROBLÉMATIQUE D'UN BREVET COMMUNAUTAIRE 60

EXAMEN EN COMMISSION 65

INTRODUCTION

Dans une économie qui se mondialise, les Etats voient leur influence et leur pouvoir de régulation se relativiser et décroître.

La mondialisation de l'économie de marché capitaliste n'est pas la seule mondialisation possible ni souhaitable. La mondialisation c'est aussi l'émergence de problèmes et d'enjeux communs à toute l'humanité : protection de l'environnement, sécurité alimentaire et sanitaire, développement durable, droits sociaux et politiques, pluralité des cultures etc. Cette interdépendance croissante pose de façon tout à fait nouvelle la question d'une démocratie et d'une citoyenneté à l'échelle de la planète. Démocratie et citoyenneté vont se conjuguer à différents niveaux, depuis le quartier et la commune en passant par les départements, les régions, l'Etat, pour ensuite aller vers l'Europe et le monde. Mais l'Etat, comme niveau pertinent de l'expression naturelle des peuples, ne doit pas être affaibli et doit conserver toute sa place, quitte à se moderniser.

La recherche scientifique, « moteur du progrès humain », selon la définition du Ministre de la recherche, s'ouvre à l'esprit humain comme un vaste champ d'action où coopération et compétition s'entrecroisent, se conjuguent ou se contrarient. L'Etat dans ce secteur a un rôle éminent à jouer.

De ce point de vue, deux indicateurs de tendance peuvent être préoccupants pour la France. Le ratio des dépenses intérieures de recherche et développement (DIRD) par rapport au PIB a progressé entre 1960 et 1980 de 1,15% à 2,42% puis est retombé à 2,17% en 2000. La part de financement assurée par l'Etat dans les DIRD est passée de 70 % en 1970 à moins de 50 % en 1997.

Le recul de la part de financement public dans les DIRD s'est manifesté en France, surtout à partir de 1993, plus fortement que dans les autres pays industriels.

Dans le même temps, notre retard s'est aggravé dans les domaines des sciences et technologies de l'information et de la communication ainsi que des biotechnologies.

Dans cette même période, les organismes de recherche et les universités ont vu leurs crédits d'investissement, directement destinés aux activités de recherche, se réduire sensiblement.

Quant aux emplois de chercheurs, d'ingénieurs et de techniciens dans les laboratoires, ils ont été au mieux stabilisés, sans considération du vieillissement de ces personnels, sans considération de la demande insatisfaite des candidats à la relève, sans considération de l'effet de dissuasion sur les vocations scientifiques chez les jeunes lycéens.

Depuis 1995, la contribution financière des entreprises à la recherche scientifique dépasse celle des établissements publics. En 1998, elles ont financé plus de 55 % de l'effort national de recherche (DNRD) contre 43 % en 1982. Pour autant, le volume de recherche développement pris en charge par les entreprises n'augmente plus depuis 1992.

Quand la compétition scientifique devient un facteur de la concurrence économique, elle est sujette à tous les risques, à toutes les spéculations, à toutes les aventures de la compétition économique, et les critères de rentabilité n'en font plus qu'une simple variable d'ajustement des coûts.

A mesure que nous avançons, à grande vitesse et de façon exponentielle, dans la connaissance de l'infiniment grand, de l'infiniment petit, de l'infiniment complexe, l'arbitrage entre ce qu'il est possible et souhaitable de révéler, de transposer, d'utiliser dans des applications pratiques et ce qui ne l'est pas, doit-il être guidé par les coûts et la rentabilité à court terme ou par ce qui est humainement et durablement utile ?

Il ne faut plus différer les larges débats ouverts aux experts et aux citoyens qui permettraient de concourir à l'établissement de lois universelles sur la bioéthique, les manipulations génétiques, la brevetabilité du vivant, qui élèveraient des barrières contre les confiscations de la science à des fins militaires - dont on voit combien aujourd'hui elles peuvent conduire à des fins terroristes, fanatiques ou nihilistes - qui nous préserveraient même, d'un eugénisme de laboratoire ne sachant plus discriminer entre le pire et le meilleur des mondes, qui feraient entrer dans le réel les résolutions de Rio ou de Kyoto.

S'agissant de la brevetabilité du vivant, votre Rapporteur spécial tient à souligner, dès à présent, que le projet de loi de transposition de la directive européenne sur la « brevetabilité des inventions biotechnologiques », a fort heureusement évincé l'article de la directive qui précise à quelles conditions un brevet aurait pu être pris à partir de travaux sur le génome. Cette disposition est, en effet, contraire aux principes éthiques reconnus par la France en matière de brevet des éléments issus du corps humain.

Ces considérations générales permettent de mieux évaluer la démarche volontaire, voire volontariste, de la politique de recherche qui se met en place, particulièrement depuis deux ans, et qui est traduite dans le présent projet de budget. Il s'agit de donner à la recherche scientifique française un nouveau souffle, un nouvel élan, en l'inscrivant dans une trajectoire au service de l'homme, à une place conforme à notre histoire, à notre culture, à nos valeurs républicaines. Il s'agit de rompre avec la politique de renoncement et de subordination aux logiques de marché conduites de 1993 à 1997 qui mènent droit au déclin.

Votre Rapporteur spécial se déclare favorable à cette politique, qui explore des voies nouvelles ou innovantes, qui sollicite la participation et le soutien de tous les acteurs concernés, qui mobilise les concours précieux des représentants des organismes publics et des universités, qui écoute la voix des élus, et s'appuie sur des lignes de force budgétaires, visiblement orientées à la hausse.

Cependant, il reste du chemin à faire, notamment dans le domaine de la concertation et de la transparence. Les chercheurs s'estiment encore trop soumis, trop contraints, par une certaine forme de dirigisme et des décisions qu'ils qualifient souvent de technocratiques.

C'est pourquoi, votre Rapporteur spécial réitère ici, la demande formulée dans les conclusions du rapport établi pour l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques sur les très grands équipements (TGE) (). L'organisation d'Assises de la recherche pour le XXIème siècle représenterait, avec toutes les formes de conférences et de colloques préparatoires indispensables, une initiative forte pour une appropriation démocratique des résultats et une définition aussi consensuelle que possible des conditions du développement de la recherche scientifique et technique.

Puisqu'il n'est de recherche scientifique que de femmes et d'hommes, votre Rapporteur spécial ne passera pas sous silence, la décision rendue publique le 25 octobre dernier, longtemps attendue, d'un plan pluriannuel de création d'emplois scientifique sur dix années. Il fallait en finir avec le fallacieux prétexte de l'annualité budgétaire, masquant des politiques de rationnement des coûts salariaux, et du même coup donner de la cohérence et de la crédibilité à toutes les autres parties du BCRD.

L'effort public en faveur de la recherche a donc véritablement redémarré en 2001, principalement par un soutien conséquent aux secteurs définis comme prioritaires par le Gouvernement.

Cet effort est incontestablement reconduit avec le projet de budget pour 2002, même si on peut regretter que la Recherche n'ait pas été retenue parmi les priorités du Gouvernement.

Le projet de budget civil de recherche et de développement technologique (BCRD) s'élève pour 2002, à 8,72 milliards d'euros (57,23 milliards de francs) en dépenses ordinaires et crédits d'investissement, soit une progression de 2,2 % par rapport à la loi de finance initiale 2001.

Les autorisations de programme progressent plus vite que les crédits de paiement (2,9 %), ce qui pourrait engendrer quelques craintes pour l'avenir.

En 2002, 463 créations d'emplois, dont 100 postes de chercheurs, sont prévues dans les établissements de recherche, ce qui devrait permettre d'anticiper les départs à la retraite, de rajeunir le personnel scientifique et d'amorcer la résorption de la précarité, mais laisse entières les nombreuses difficultés prévisibles dans les laboratoires avec la mise en place de la réduction du temps de travail.

Enfin deux autres motifs de satisfaction seront abordés dans ce rapport, la réévaluation des allocations de recherche en direction des jeunes scientifiques et la budgétisation des crédits qui vont permettre le démarrage de la construction du synchrotron SOLEIL sur le site de Saclay.

Votre Rapporteur spécial souhaite vivement que cet effort renouvelé en faveur de la recherche publique, dont le BCRD 2002 est porteur, marque une salutaire et durable réorientation de la politique globale dans ce qui doit redevenir une priorité nationale, nécessairement préservée des aléas de la conjoncture.

CHAPITRE PREMIER

BILAN DE L'EFFORT NATIONAL DE RECHERCHE DEPUIS DIX ANS ET COMPARAISONS INTERNATIONALES

L'effort national de recherche et développement est mesuré par le ratio des dépenses intérieures de recherche développement (DIRD) sur le produit intérieur brut (PIB). Au cours des années 1960, ce ratio était en France de 1,15%. Il a crû fortement à la fin des années 1960, puis s'est maintenu entre 1,7 et 1,9% pendant les années 1970. Il augmente encore de manière régulière durant les années 1980 pour atteindre 2,42% en 1990. A partir de cette date l'effort national de recherche diminue, comme d'ailleurs dans de nombreux autres pays, pour revenir en 1997 à son niveau de 1985, soit 2,2% du PIB.

Le tableau suivant retrace l'évolution, depuis 1993, de l'effort national de recherche, à travers deux approches complémentaires, le financement de la recherche et développement (RD) qui appréhende les moyens financiers affectés à celle-ci par les agents économiques nationaux (DNRD) et l'exécution qui décrit ces dépenses effectuées sur le territoire, quelle que soit l'origine des ressources (DIRD).

 

ÉVOLUTION DE LA RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT EN FRANCE

(en millions d'euros)

 

1993

1994

1995

1996

1997
révisé

1998

1999

2000 (2)

FINANCEMENT

               

DNRD

27.002,53

26.994,76

27.563,09

28.091,17

28.006,26

28.723,53

29.884,89

30.544,99

Part de la DNRD dans le PIB en %

2,45

2,36

2,33

2,32

2,24

2,20

2,21

2,17

Taux de croissance annuel en volume (en %) (1)

+ 0,6

- 1,7

+ 0,4

+ 0,5

- 1,6

+ 1,6

+ 3,6

1,3

EXÉCUTION

               

DIRD

26.483,60

26.764,25

27.302,40

27.835,51

27.755,63

28.318,93

29.528,46

30.152,74

Part de la DIRD dans le PIB en %

2,40

2,34

2,31

2,30

2,22

2,17

2,19

2,15

Taux de croissance annuel en volume (%)(1)

+ 0,24

- 0,6

+ 0,3

+ 0,5

- 1,6

+ 1,1

+ 3,8

+ 1,2

BCRD (AP)

7.918,20

7.887,41

7.870,94

7.973,08

7.920,64

8.104,04

8.291,85

8.458,48

Taux de croissance annuel moyen en volume (%)

- 0,5

- 2,0

- 1,8

- 0,1

- 1,9

+ 1,4

+ 1,8

+ 1,1

Pourcentage du BCRD dans le PIB

0,72

0,69

0,67

0,66

0,63

0,62

0,61

0,60

Pour mémoire :
Evolution du PIB en volume (%)

- 0,9

2,1

1,7

1,1

1,9

3,4

2,9

3,1

(1) Evalué sur la base de l'évolution du prix du PIB.

(2) Estimation.

Depuis 1997, la nécessité d'un effort de rattrapage, s'est fait jour, mais elle ne s'est vraiment manifestée dans le secteur de la recherche publique que depuis l'année 2001. Notons toutefois qu'aujourd'hui le financement de la recherche par les entreprises est supérieur à celui de l'Etat. En 1970, l'Etat finançait 70% de la DIRD, il n'en finançait plus que 48% en 1997. A cette même date, la DIRD s'élevait à 27,70 milliards d'euros (181,7 milliards de francs).

La comparaison internationale de l'évolution des dépenses de recherche et développement entre 1990 et 1997 montre des situations contrastées. Par exemple, la dépense de l'Union européenne dans son ensemble a été multipliée, au cours de cette période, par 1,26 , alors que celle de l'Irlande était multipliée par 2,5, celle de l'Allemagne par 1,35, celle de la France et du Royaume-Uni, respectivement par 1,19 et 1,07. Mais les Etats-Unis et le Japon consacrent respectivement 2,8% et 2,6% de leur PIB à la recherche contre 1,9% seulement pour l'Union européenne.

I.- LE RALENTISSEMENT DE LA DÉPENSE DE RECHERCHE À PARTIR DE 1993 A ÉTÉ PLUS MARQUÉ EN FRANCE QUE DANS
LES AUTRES GRANDS PAYS INDUSTRIELS

La RD exécutée en France () a présenté de 1979 à 1993, une croissance plus rapide que celle du PIB. Sa part est ainsi passée de 1,7% en 1978 à 2,4% en 1993 mais, depuis cette date, cette part décroît. En 1999, la part de la recherche se situait à 2,17% du PIB. Ce déclin s'explique, notamment, par la décroissance des grands programmes technologiques militaires ou civils ainsi que par le ralentissement des effets des restructurations industrielles qui avaient impulsé des travaux de recherche importants tant de la part des administrations que des entreprises. Malheureusement, l'achèvement de ces programmes n'a pas été immédiatement relayé par la réorientation de la recherche dans les domaines des technologies de l'informatique et des communications ou des biotechnologies dans lesquels le retard français s'est rapidement aggravé. La stabilisation, voire la réduction des dépenses publiques de recherche, observée en France et dans de nombreux pays de l'OCDE, dès le début des années quatre-vingt-dix est liée également à la forte baisse des dépenses de recherche militaire.

En six ans, à partir 1992, le volume des financements publics a diminué de 2,4%. Ces financements représentaient 1,26% du PIB en 1991 contre 0,99% en 1998 et 0,95% en 1999.

La part des administrations (y compris les institutions sans but lucratif), dans le financement de la DNRD est passée de 49,5% en 1995 à 43,1% en 2000, comme cela résulte du tableau suivant.  

FINANCEMENT ET EXÉCUTION DE LA RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT

(en millions d'euros)

 

1995

1996

1997

1997
révisé

1998

1999

2000 (2)

FINANCEMENT

             

DNRD

27.563,09

28.091,17

27.980,80

28.006,26

28.723,53

29.884,89

30.544,99

Financement par les administrations (1)

Dont ISBL (institutions sans but lucratif)

13.647,24

149,70

13.718,43

170,29

13.348,59

253,37

12.980,27

253,37

12.858,77

275,63

13.266,72

282,95

13.154,22

282,03

Financement par les entreprises

13.915,85

14.372,74

14.632,21

15.025,83

15.864,76

16.618,16

17.390,77

Financement par les administrations/DNRD (en %)

49,5

48,8

47,7

46,3

44,7

44,4

43,1

EXÉCUTION

             

DIRD

27.302,40

27.835,51

27.731,24

27.755,63

28.318,93

29.528,46

30.152,74

Exécution par les administrations (1)

10.653,14

10.704,21

10.767,02

10.398,70

10.687,29

10.873,43

10.844,61

Exécution par les entreprises

16.649,26

17.131,15

16.964,07

17.356,93

17.647,50

18.655,03

19.307,97

Exécution par les entreprises/DIRD (en %)

61,0

61,5

61,2

62,5

62,3

63,2

64,0

(1) Administrations publiques et privées (Etat, enseignement supérieur et institutions sans but lucratif).

(2) . Estimation

Source : Ministère de la recherche.

De 1993 à 1997, le BCRD a stagné, n'augmentant que de 0,9% par an. En 1997, le BCRD, que ce soit en CP ou en crédits d'engagement en volume régresse. Il recommence à croître très progressivement et très lentement à partir de 1998 , comme cela résulte du tableau suivant.

ÉVOLUTION DU BCRD DEPUIS 1997

BCRD

1997

1998

1999

2000

2001

DO + AP (en millions d'euros)

7.721

8.104

8.292

8.459

8.780

Taux de croissance en volume

- 1,9

+ 1,4

+ 1,8

+ 1,2

+ 2,4 (1)

CP (2) (en millions d'euros)

7.975

8.088

8.222

8.331

8.535

Taux de croissance en volume

- 2,6

+ 0,5

+ 1,2

+ 0,4

+ 1

(1) Taux de croissance en volume estimés sur la base d'une prolongation tendancielle de la prévision d'inflation réalisée par la division de la conjoncture de l'INSEE qui s'établit à 0,7% de croissance de l'indice des prix du PIB pour le 1er semestre 2001.

(2) Titres V et VI.

La recherche civile financée, en totalité ou en partie, par des fonds publics est assurée par trois grands secteurs, les organismes publics de recherche (EPST () et EPIC ()) et les services ministériels, l'enseignement supérieur (universités et grandes écoles) et enfin les associations et fondations classées dans les associations sans but lucratif (ISBL).

Les organismes de recherche assurent environ 64% de la dépense.

Les trois tableaux suivants retracent l'évolution des dotations budgétaires de 1993 à 2001, par organisme de recherche. Le premier tableau concerne les dépenses ordinaires (dépenses de fonctionnement, titres III et IV du fascicule budgétaire). Le second tableau concerne l'évolution des subventions d'investissement (titre VI ) et le dernier celle des autorisations de programme. Sur la période considérée, la comparaison n'est pertinente qu'organisme par organisme puisque certains n'ont été créés ou financés qu'à partir de 1998, ou que des changements de périmètre du BCRD rendent les comparaisons peu significatives. On note pour les dépenses ordinaires, dans tous les cas, une progression très lente mais réelle des dépenses. En revanche, la plupart des organismes ont vu leurs crédits d'investissement, directement destinés aux activités de recherche (hors personnel), décroître, parfois sur plusieurs années. On constate généralement un retournement haussier à partir de 2000 et surtout 2001.

ORGANISMES DE RECHERCHE
DÉPENSES ORDINAIRES DE 1993 À 2001

(en milliers d'euros)

Crédits disponibles

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Chapitre

Organisme

3619 (art. 10)

INRETS

23.021

23.676

24.862

25.967

26.127

26.730

27.448

27.926

28.131

3619 (art. 20)

LCPC

-

-

-

-

-

7.932

34.503

34.857

34.870

3621

CNRS

1.468.438

1.493.219

1.562.095

1.630.284

1.669.626

1.698.077

1.1.725.892

1.729.860

1.728.319

3622

INRA

378.197

389.925

410.499

428.458

433.591

444.094

449.088

450.700

450.798

- 13 -

3623

CEMAGREF

21.468

22.099

26.777

26.823

31.421

32.182

33.383

34.072

34.572

3630

INRIA

38.794

39.267

42.432

45.747

46.951

49.023

50.738

53.066

59.434

3642

ORSTOM-IRD

119.777

123.231

128.424

129.095

129.373

129.592

132.485

134.422

135.585

3651

INSERM

247.006

252.784

267.665

282.980

287.282

298.183

307.705

312.182

315.129

3661

INED

8.525

8.461

8.998

8.469

9.182

9.452

9.746

9.953

10.036

3680

CNES

129.639

-

-

-

-

-

-

-

-

Total titre III

2.305.227

2.352.663

2.471.752

2.577.823

2.633.554

2.695.266

2.770.989

2.787.039

2.796.874

4511

BRGM

-

-

-

-

-

36.740

37.320

37.681

37.780

4512

CIRAD

74.863

77.390

79.568

81.569

84.943

85.660

87.489

88.739

89.793

4513

CEA

296.472

298.224

308.094

311.948

316.255

444.541

451.173

461.997

448.810

4514

CNES

-

-

-

-

-

139.491

139.491

139.491

139.491

4515

IFREMER

63.023

64.673

66.083

68.759

70.343

75.979

78.346

79.206

81.770

4591

ADEME

6.671

6.860

7.009

7.142

7.465

7.493

7.645

7.729

7.665

Total titre IV

441.029

447.146

460.754

469.419

479.007

789.904

801.464

814.843

805.308

Total crédits disponibles

2.746.256

2.799.808

2.932.507

3.047.242

3.112.561

3.485.170

3.572.453

3.601.882

3.602.182

Source : Ministère de la recherche.

ORGANISMES DE RECHERCHE
CRÉDITS DE PAIEMENT DU TITRE IV DE 1993 À 2001

(en milliers d'euros)

CP disponibles (1)

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Chapitre

Organisme

61-21

INRA

78.374

77.209

77.126

77.833

75.416

78.651

85.464

88.939

97.827

61-22

CEMAGREF

6.757

8.030

5.579

10.776

4.490

3.828

4.139

4.323

5.970

62-00

CEA

-

119.139

1.369

31.599

9.347

49.083

58.215

62.987

62.815

62-12

BRGM

-

-

-

-

-

20.352

14.458

14.458

14.672

62-92

ADEME

19.024

22.595

22.898

23.614

25.253

21.081

20.475

23.023

19.669

- 14 -

63-00 (art. 10-20)

INRETS - CIR

6.813

7.902

7.335

7.079

6.200

6.017

6.042

6.253

6.711

63-00 (art. 10)

LCPC

-

-

-

-

-

1.669

8.196

6.939

7.440

63-01

INRIA

26.928

23.980

22.119

24.583

23.410

24.009

24.791

26.116

28.211

63-02

CNES

1.151.358

-

-

-

-

1.242.556

1.237.886

1.224.623

1.199.012

66-18

IFREMER

77.662

75.068

74.864

74.942

72.776

69.931

66.317

62.728

66.212

66-21

CNRS

424.921

386.771

441.804

407.875

386.153

385.874

402.440

405.185

414.060

66-50

INSERM

98.592

92.347

94.436

96.602

92.380

94.828

99.290

99.869

114.956

66-72

INED

3.567

4.119

3.244

3.261

3.605

3.573

3.580

3.706

3.916

68-42

ORSTOM-IRD

30.154

31.934

27.736

28.500

27.493

27.697

29.616

31.037

29.861

68-43

CIRAD

21.878

24.034

22.848

23.485

22.744

21.985

23.215

23.700

23.965

Total CP disponibles

1.946.388

873.127

801.359

810.149

749.266

2.051.135

2.084.125

2.083.888

2.095.296

(1)  Après régulation budgétaire.

Source : Ministère de la recherche.

ORGANISMES DE RECHERCHE
AUTORISATIONS DE PROGRAMME DE 1993 À 2001

(en milliers d'euros)

AP disponibles (1)

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Chapitre

Organisme

6121

INRA

91.750

68.828

80.081

78.008

71.747

77.142

89.498

87.672

100.372

6122

CEMAGREF

7.345

8.036

13.705

2.470

2.815

4.019

4.171

4.323

6.153

6200

CEA

-

320.162

203.264

393.953

372.158

411.149

422.146

427.058

425.561

6212

BRGM

-

-

-

-

-

20.385

14.458

14.458

14.992

6292

ADEME

32.278

24.285

24.887

18.012

16.779

19.821

20.431

28.054

19.669

- 15 -

6300
(art. 10-20)

INRETS - CIR

8.868

7.030

7.135

6.488

5.118

5.988

6.141

6.342

6.738

6300
(art. 10)

LCPC

-

-

-

-

-

1.821

8.504

7.302

7.455

6301

INRIA

25.784

23.760

22.387

24.674

22.646

24.462

25.392

26.137

28.904

6302

CNES

1.351.402

-

-

-

-

1.449.028

1.293.703

1.260.622

1.217.479

6618

IFREMER

75.212

71.484

74.864

72.654

68.242

70.813

61.799

61.980

72.560

6621

CNRS

418.393

380.398

369.579

366.586

368.671

374.614

403.199

414.173

429.129

6650

INSERM

103.498

93.149

97.461

88.936

90.782

90.313

98.967

102.003

117.541

6672

INED

3.576

4.073

3.262

3.218

3.279

3.554

3.636

3.731

3.980

6842

ORSTOM-IRD

32.434

30.025

27.845

24.697

25.389

27.732

30.985

32.103

29.821

6843

CIRAD

24.549

23.187

23.010

22.405

21.000

22.235

23.412

23.622

23.965

Total AP disponibles

2.175.090

1.054.418

947.481

1.102.101

1.068.627

2.603.076

2.506.43

2.499.580

2.504.319

(1) Après régulation budgétaire.

Source : Ministère de la recherche.

Le recul des investissements publics a eu, notamment des conséquences dommageables dans le secteur des biotechnologies où la France, longtemps deuxième pays européen pour les investissements de recherche dans ce secteur, est passé au troisième rang derrière l'Allemagne et le Royaume-Uni. En 2000, alors que des programmes incitatifs avaient été lancés en direction des laboratoires et des entreprises, la France n'a investi, selon l'association France-Biotech, que 60 millions d'euros d'aides directes dans les biotechnologies contre 450 millions d'euros pour l'Allemagne et 500 millions d'euros pour le Royaume-Uni.

Le projet de budget pour 2002 devrait consacrer l'importance croissance reconnue par le ministère aux sciences du vivant dans les dépenses publiques puisque l'augmentation totale des crédits correspondants est de 27% depuis 1997. Ces recherches sont réparties, pour l'essentiel, entre le CNRS (28,9%), l'INRA (19,4%) et l'INSERM (19%).

Depuis plus de dix ans, la recherche universitaire est financée par le ministère par le biais de contrats pluriannuels ou d'un volet recherche dans le contrat quadriennal global passé par les établissements avec l'Etat.

La recherche universitaire bénéficie d'un budget d'environ 0,27 milliard d'euros (1,8 milliard de francs) - hors salaires (le salaire des enseignants-chercheurs, estimé comme un mi-temps de leur activité, se monte à 2,59 milliards d'euros [17 milliards de francs]). Cette somme permet le fonctionnement des laboratoires (un tiers de la dépense couvre les dépenses d'infrastructure des quelque trois millions de m2 de la recherche universitaire) et les dépenses proprement affectées à la recherche et aux équipements des laboratoires.

Depuis quelques années, l'augmentation des effectifs des jeunes chercheurs n'a pas été assortie d'une progression suffisante du budget de la recherche universitaire. Il faudrait un rattrapage pour que les moyens des laboratoires ne se dégradent pas.

La signature des contrats de plan entre l'Etat et les Régions (CPER) assure une place importante à la recherche universitaire, toujours dans l'esprit d'une articulation étroite avec les organismes. Plus que des constructions nouvelles, le plan U3M devrait permettre une remise à niveau de l'équipement des laboratoires (équipements mi-lourds en particulier).

Pour compléter ce rapide panorama de l'évolution de la recherche publique, votre rapporteur tient à donner quelques chiffres sur le financement d'ARIANESPACE.

Créée au début des années 1980, pour assurer, dans le cadre de l'Agence spatiale européenne (ASE), la production et la commercialisation des lanceurs Ariane, ARIANESPACE a quitté le secteur public le 12 juin 1999 lors de la fusion d'Aérospatiale avec Matra Hautes Technologies puis au sein du groupe EADS, mais reçoit des financements publics qui transitent par l'ASE et le CNES.

Dans le cadre de son rapport particulier sur les comptes, l'activité, la gestion et les résultats d'ARIANESPACE, la Cour des comptes a fourni un tableau de synthèse faisant ressortir, dans le temps, la répartition des charges de financement entre les partenaires publics et l'exploitant (actionnaires, fournisseurs, clients).

Ce tableau met bien en évidence le transfert de charges de financement du public vers les financeurs privés au cours de la période considérée. Il faut toutefois rappeler que le CNES détient 34% du capital D'ARIANESPACE, bien que les financements en provenance des actionnaires soient très faibles. Votre Rapporteur spécial souligne l'observation de la Cour selon laquelle : « les pouvoirs publics devront décider si le CNES qui demeure le principal actionnaire a toujours les moyens et la vocation de soutenir capitalistiquement une société de transport spatial devenue privée ».

FINANCEMENT D'ARIANESPACE

(en millions d'euros 1998)

 

1996

1997

1998

1999

2000

ASE/CNES

227

196

229

350

304

ARIANESPACE

10

25

48

129

238

Source : Rapport particulier de la cour des comptes 1999.

La contribution financière des entreprises dépasse celle des administrations depuis 1995.

En 1998, les entreprises ont financé plus de 55% de l'effort national total de recherche (DNRD) contre 43% en 1982.

Pourtant le volume de RD exécuté par les entreprises n'augmente plus depuis 1992, en raison, notamment de la baisse des contrats publics de RD passés avec les entreprises, surtout dans le domaine militaire.

Selon l'Observatoire des sciences et techniques (OST), près de 5.500 entreprises exercent une activité de recherche permanente et organisée, c'est-à-dire qu'elles emploient au moins l'équivalent d'un chercheur à temps plein pendant l'année. En 1982, on en dénombrait seulement 1.300. Cette forte augmentation du nombre d'entreprises engagées dans la recherche est un des changements majeurs qu'a connu le système français de la recherche et de l'innovation au cours des deux dernières décennies. En 2000, 208 millions d'euros (1.364,39 millions de francs) de capital-risque ont été collectés par des entreprises de biotechnologies. En même temps, de fusion en fusion, des stratégies industrielles de grands groupes peuvent conduire à remettre en cause l'importance de leur engagement dans la recherche en France.

Si la recherche industrielle reste très concentrée sur un petit nombre d'entreprises, la plus grande partie des entreprises qui développent depuis peu des activités de RD sont des PME, souvent incitées à le faire par des avantages fiscaux.

La recherche industrielle reste non seulement concentrée sur un petit nombre de grandes entreprises, mais également très orientée sur un petit nombre de secteurs d'activité : la construction aéronautique et spatiale, l'automobile, la pharmacie, la chimie et les équipements de communication.

Dans la plupart des grands pays de l'Union européenne, comme en France, les dépenses de recherche ont eu tendance à plafonner ou à décroître depuis le début des années quatre-vingt-dix, notamment en raison de réductions des dépenses publiques.

Si le ralentissement des investissements en faveur de la recherche a été un peu plus tardif en France que dans la plupart des pays y compris européens, la reprise des dépenses a été, elle aussi, beaucoup plus tardive et n'a pas connu l'envolée constatée par exemple dans les pays nordiques au cours des années 1990.

Si l'on s'intéresse à l'indicateur constitué par l'évolution du nombre de chercheurs par pays, les statistiques de la Commission européenne font apparaître une évolution de l'emploi scientifique préoccupante pour la France : de 1995 à 1999 l'évolution annuelle moyenne du nombre total de chercheurs est seulement de 1,22% en France contre 2,66% au Royaume-Uni, 4,66% en Suède, 4,71% aux Pays-Bas et 6,21% aux Etats-Unis.

Le tableau ci-après, relatif aux indicateurs de l'effort de recherche des principaux pays de l'OCDE et leur évolution, confirme ce constat.

 

INDICATEURS DE L'EFFORT DE RECHERCHE DES PRINCIPAUX PAYS DE L'OCDE (1)

 

DIRD/PIB (en %)

DIRD/Habitant

Chercheurs/popu-lation active
(pour mille)

1991

1996

1998

1999

France base 100

en francs

en euros

1981

1999

 

1991

1998 (3)

1999 (3)

1999 (3)

1999 (3)

Etats-Unis

2,72

2,54

2,60

2,64

149

181

187

5.915

902

6,2

8,1 (5)

Japon (2)

2,82

2,83

3,01

3,01

134

159

156

4.957

756

5,4

9,7

Allemagne

2,54

2,26

2,31

2,44

104

114

121

3.847

586

4,4

6,0

France

2,37

2,30

2,17

2,19

100

100

100

3.170

483

3,6

6,1

Royaume-Uni

2,08

1,92

1,83

1,87

77

87

89

2.865

437

-

5,5 (6)

Italie

1,23

1,01

1,02

1,04

50

49

50

1.595

243

2,3

3,3 (5)

Canada

1,60

1,70

1,71

1,66

70

93

92

2.917

445

3,4

6,0 (4)

Pays-Bas

2,05

2,01

1,95

-

79

104

-

3.191 (6)

486 (6)

3,4

5,0 (6)

Suède

2,89

3,46 (4)

3,70 (5)

3,80

114

-

183

5.799 (5)

884 (5)

4,1

9,1

 

(1) Les données pour les années 2000 et 2001 ne sont actuellement pas disponibles.

(2) L'OCDE a ajusté les séries du Japon en estimant le nombre de chercheurs en équivalent temps plein dans l'enseignement supérieur.

(3) Ou année la plus proche.

(4) Données 1995.

(5) Données 1997.

(6) Données 1998.

Source : Ministère de la recherche.

 

Selon une étude de l'OCDE (), la part de la France dans les brevets accordés aux Etats-Unis a connu un déclin global depuis la fin des années 1980. Il en va de même pour l'Allemagne qui conserve cependant un niveau deux fois plus élevé que celui de la France.

C'est dans les technologies de l'information et de la communication (TIC) que la position de la France s'est le plus affaiblie au cours de la précédente décennie. La part des inventeurs français dans les brevets délivrés aux Etats-Unis dans ces technologies s'est repliée entre 1990 et 1996, cette part passant de 3,4% à 2,5%. En revanche, la France connaît une croissance rapide des activités de service en informatique et l'industrie française de haute technologie s'est également illustrée dans l'aéronautique et le domaine spatial.

Le cas américain mérite une attention particulière puisque le budget de RD progresse de 8,4% de 2001 à 2002 malgré la récession économique. Le total des dépenses privées et publiques devrait atteindre 210 milliards d'euros (1.377,51 milliards de francs). Le budget fédéral de la recherche atteindra 99 milliards de dollars (109,89 milliards d'euros) en 2002, avec des priorités qui vont à la défense et à la santé. Il faut préciser qu'aux Etats-Unis, le département de la Défense joue le rôle d'une puissante agence de paiement qui irrigue largement les laboratoires universitaires et industriels et contribue ainsi à financer la recherche académique, en mathématiques, en climatologie ou encore dans les technologies de l'information, par exemple.

II.- L'EFFORT PUBLIC EN FAVEUR DE LA RECHERCHE A VÉRITABLEMENT REDÉMARRÉ EN 2001

Encore insuffisant en 2000, l'effort public de recherche a été vraiment relancé en 2001.

Les grandes orientations de la politique de recherche et développement technologique ont été arrêtées par le Gouvernement dans le cadre du comité interministériel de la recherche scientifique et technique. Créée en 1958, cette instance n'avait pas été réunie depuis 1982. Elle l'a été en octobre 1996, puis le 15 juillet 1998 et à nouveau le 1er juin 1999.

Les dernières priorités retenues portent sur les sciences du vivant, les technologies de l'information et de la communication, certains secteurs des sciences humaines et sociales, l'énergie, les transports et le cadre de vie, le domaine spatial, et les sciences de la planète et de l'environnement.

Ces priorités ont été traduites dans les lois de finances pour 2000 et 2001 notamment à travers les actions incitatives du ministère, financées par le fonds de la recherche technologique (FRT) et le fonds national de la science (FNS) et par un effort accentué en direction des transferts de technologie, même si la légitimité de ces deux conseils, liés directement au ministère, fait encore l'objet d'interrogations.

Le projet de BCRD pour 2000, prévoyait une augmentation des crédits de seulement 1,3% après une progression de 1,6% en 1999 déjà très insuffisante pour combler le retard accumulé depuis de trop nombreuses années.

Votre Rapporteur avait émis de sévères critiques à l'époque, dénonçant, notamment l'imprévoyance coupable en matière d'emplois scientifiques et dans le domaine des très grands équipements, le projet SOLEIL étant alors provisoirement interrompu.

La faiblesse de l'évolution des subventions de fonctionnement et d'investissement, ainsi que celle des effectifs, tant dans les EPST que dans les EPIC, entre 1997 et l'exécution 2000, montre qu'aucun véritable effort de rattrapage n'a été entrepris au cours de cette période. Le caractère massif des départs à la retraite des chercheurs, notamment à partir de l'année 2004 et le ralentissement marqué de la croissance des effectifs d'étudiants, n'ont pas été suffisamment pris en compte et aucune véritable anticipation de ces problèmes n'a été traduite dans les budgets successifs.

¬ Dans les EPST, le montant total des subventions n'a progressé, entre 1997 et 2000, que de 6,35% et les effectifs n'ont été augmenté que de 866 emplois, sachant que 572 emplois sont liés à l'inscription au budget de la Recherche, du laboratoire central des ponts et chaussées (LPCP), à partir de 1999. Le LPCP était auparavant considéré comme un service déconcentré du ministère de l'équipement et n'est devenu un EPST qu'à compter du 1er juin 1998.

EVOLUTION DES SUBVENTIONS

(en millions d'euros)

 
 

E P S T

1997

1998

1999

LFI 2000

Exécution
2000

Subvention de fonctionnement (1)

2.633,56

2.695,30

2.770,91

2.825,64

2.787,07

Subvention d'investissement (2)

619,10

626,11

663,61

645,77

672,45

    Total

3.252,65

3.321,41

3.434,52

3.471,42

3.459,53

(1) Subventions de fonctionnement, y compris les dépenses de personnel.

(2) Subventions d'investissement, y compris le soutien de base aux unités de recherche.

Source : Ministère de la recherche.

 

EFFECTIFS DE PERSONNELS

 

1997

1998

1999

LFI 2000

Exécution
2000

EPST

43.184

43.894

44.032 (1)

44.050

44.050

(1) Y compris les 572 emplois du LCPC.

Source : Ministère de la recherche.

¬ Dans les EPIC, le constat est comparable. Les subventions ont augmenté de 10% entre 1997 et 2000 et les effectifs de 572, mais il faut, là aussi, tenir compte des changements de périmètre qui ont affecté le BCRD. En 1998, les crédits destinés au CNES ont été réinscrits au budget de la Recherche, avec, en 2000, l'inscription au chapitre 45-14 de 139,49 millions d'euros (915 millions de francs) et au chapitre 63-02 de 1 milliard d'euros (6.560 millions de francs).

 

ÉVOLUTION DES SUBVENTIONS

(en millions d'euros)

 

1997

1998

1999

LFI 2000

Exécution
2000

 

EPIC, fondations et GIP (fonctionnement) (1)

213,89

258,40

263,43

296,82

300,48

CEA (fonctionnement) (1)

316,33

444,54

451,25

462,07

462,07

CNES (fonctionnement) (1)

316,33

444,54

451,25

462,07

462,07

EPIC, fondations et GIP (investissement) (2)

157,17

170,29

164,04

126,08

132,63

CEA (investissement) (2)

9,30

49,09

58,24

57,17

62,96

CNES (investissement) (2)

1.272,95

1.242,61

1.237,89

1.000,07

1.224,62

    Total

2.109,13

2.304,42

2.314,33

2.081,69

2.322,26

(1) Subventions de fonctionnement, y compris les dépenses de personnel.

(2) Subventions d'investissement, y compris le soutien de base aux unités de recherche.

      L'écart constaté entre la loi de finances initiale et les crédits ouverts provient, d'une part, du transfert effectué à partir du fascicule défense au profit du CNES, d'autre part, des répartitions de crédits effectuées en gestion au titre des actions incitatives du fonds national de la science et de la loi de finances rectificative.

Source : Ministère de la recherche.

EFFECTIFS DE PERSONNELS

 

1997

1998

1999

LFI 2000

Exécution
2000

EPIC et fondations

4.597

5.207

5.186

5.221

5.221

CEA

11.406

11.354

11.354

11.354

11.354

CNES

2.471

2.471

2.471

2.471

2.471

    Total

18.474

19.032

19.011

19.046

19.046

Source : Ministère de la recherche.

Le tableau suivant retrace les contributions de chaque ministère au BCRD 2000, en dépenses ordinaires et en dépenses en capital.

Il faut rappeler que depuis 1999, les dépenses de fonctionnement et d'investissement de l'administration centrale et déconcentrée de la recherche ont été, ici encore, transférées au budget de l'Enseignement scolaire. Le transfert a porté sur 21,62 millions d'euros (141,8 millions de francs) du titre III et 0,91 million d'euros (6 millions de francs) du titre V, en loi de finances initiale et il a, de ce fait, entraîné la suppression de neuf chapitres du budget de la Recherche. Seuls les crédits de fonctionnement du Comité national d'évaluation de la recherche sont maintenus dans ce budget avec la création du chapitre 37-02, doté de 0,69 million d'euros (4,5 millions de francs).

BCRD
DÉPENSES CONSTATÉES EN 2000

(en millions d'euros)

Ministères

Dépenses ordinaires

Dépenses en capital

Total

Affaires étrangères

145,591

0,038

145,629

Culture et communication

65,772

46,525

112,297

Agriculture et pêche

11,953

9,821

21,774

Enseignement scolaire

11,699

 

11,699

Economie, finances et industrie

542,662

1.446,290

1.988,952

Intérieur et décentralisation

 

0,432

0,432

Justice

0,854

0,014

0,868

Recherche et technologie

3.995,310

2.216,315

6.211,625

Plan

8,172

0,552

8,724

Equipement, logement, transport

39,533

278,065

317,598

Services communs

3,452

8,468

11,920

Transports terrestres

0,966

3,096

4,062

Transports aériens et météorologie

14,231

262,235

276,467

Urbanisme et logement

20,884

4,266

25,150

Emploi et solidarité

13,973

0,642

14,614

Emploi

6,739

 

6,739

Santé et solidarité

7,233

0,642

7,875

Environnement

1,023

5,346

6,369

Enseignement supérieur

37,476

327,768

365,245

Total

4.874,018

4.331,807

9.205,825

Source : Ministère de la recherche.

Comparativement aux moyens des organismes de recherche, les crédits de soutien à la recherche et à la technologie, utilisés directement par le ministère de la recherche, ont augmenté dans des proportions beaucoup plus importantes, à partir de 1999 et surtout avec le budget 2000.

Le Fonds de la recherche technologique (FRT) est l'un des instruments privilégiés d'incitation au partenariat entre recherche publique et recherche privée. Il est prioritairement orienté vers le développement de produits et services fondés sur de nouvelles technologies et répondant à des besoins économiques ou sociaux et participe à la création et à la croissance d'entreprises innovantes. Les autorisations de programme du FRT sont passées de 62,12 millions d'euros (407,5 millions de francs) en 1997, à 152,45 millions d'euros (1 milliard de francs) en 2001, soit plus d'un doublement en cinq ans.

L'ensemble des crédits de soutien à la recherche et à la technologie, du chapitre 66-04, y compris ceux du FRT, ont augmenté de 114,42% entre 1997 et l'exécution 2000.

Le tableau suivant retrace cette évolution en détaillant les bénéficiaires des actions incitatives et la nature des actions.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE SOUTIEN À LA RECHERCHE ET À LA TECHNOLOGIE
(Y COMPRIS FRT) - (CHAPITRE 66-04)

(en millions d'euros)

 

1997

1998

1999

2000

2001 (2)

Catégories de bénéficiaires (1) :

         

Entreprises de plus de 500 personnes

23,33

14,19

17,48

10,49

 

Entreprises de moins de 500 personnes (3)

14,15

19,01

34,38

71,49

 

Organismes publics, délégations en régions

27,3

29,73

38,79

56,92

 

    Total

64,78

62,93

90,65

138,9

 

Aides par programme technologique :

         

Sciences du vivant

8,16

11,47

18,47

31,45

38,11

Sciences technologies de l'information et de la communication

0

6,86

25,69

25,04

38,11

Espace et aéronautique

-

-

-

6,31

6,86

Eau, transports, environnement, ressources naturelles

13,36

10,62

15,7

17,97

19,82

Eureka

5,67

4,46

8,24

6,96

6,86

Incubateurs

-

-

-

6,86

1,52

Concours de création d'entreprises innovantes

-

-

10,29

31,25

18,29

Actions régionales

13,13

12,27

9,24

11,51

22,87

Actions diverses

24,46

17,25

3,02

1,55

-

    Total

64,78

62,93

90,65

138,9

152,45

(1) Le ministère a aligné ses critères statistiques sur ceux retenus par l'INSEE qui classe dans la catégorie des PME toutes les entreprises dont l'effectif est inférieur à 500 agents.

(2) En programmation.

(3) Les centres techniques et les associations sont inclus dans cette catégorie.

Source : Ministère de la recherche.

Institué par la loi de finances pour 1999, le Fonds national pour la science (FNS), est également un instrument financier à la disposition du ministère pour stimuler les actions en matière de recherche fondamentale. Ses dotations inscrites au chapitre 66-05, sont passées pour les autorisations de programme de 76,22 millions d'euros (500 millions de francs) en 1999 à 106,71 millions d'euros (700 millions de francs) en 2000, puis à 134,92 millions d'euros (885 millions de francs) en 2001.

Les actions concertées incitatives constituent le cadre ordinaire des interventions du FNS. Ces actions doivent permettre le développement de travaux pour lesquels l'appareil de recherche public est insuffisamment adapté. Elles doivent avoir pour objet de favoriser l'émergence de disciplines nouvelles (génomique, prions, biologie intégrative, observation de la terre...) et d'aider à la constitution d'équipes nouvelles de jeunes chercheurs. Le FNS a aussi vocation à encourager des partenariats public/privé.

Le rapport du contrôleur financier, afférent à la gestion 2000 relève des reports de crédits 1999 plus précoces que les années antérieures, avec les arrêtés du 13 mars et du 3 avril 2000.

Un « contrat de gestion », avec mise en réserve de crédits en octobre 2000, a abouti à un arrêté d'annulation du 15 novembre 2000, affectant :

- les crédits ouverts en titre III de tous les EPST, sauf l'IRD () et l'INED (), au titre de la baisse d'un point du taux de TVA intervenue le ler avril 2000 ;

- le chapitre 43-80 « Formation par la Recherche » ;

- le Centre national d'études spatiales (CNES), chapitre 63-02 ;

- le soutien à la recherche et à la technologie, chapitre 66-04 et notamment le FRT.

De plus, des « reports souhaités » sur 2001 ont été mis en place sur les chapitres 43-80 et 66-04 à hauteur de 89,64 millions d'euros (588 millions de francs).

La première loi de finances rectificative du 13 juillet 2000 a abondé le chapitre 62-00 (CEA) de 3,23 millions d'euros (21,2 millions de francs).

La deuxième loi de finances rectificative du 30 décembre 2000 a ouvert des crédits au chapitre 43-01 « actions d'incitation, d'information et de communication », pour le règlement de la dette du ministère à l'égard de l'Agence universitaire de la francophonie et au chapitre 62-92 pour l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), pour un total de 3,46 millions d'euros (22,7 millions de francs).

Un arrêté du 27 décembre 2000 a permis l'annulation d'autorisations de programme sur des opérations d'investissement, non réalisées depuis quatre exercices budgétaires, clôturées automatiquement au 31 décembre 1999 (4,09 millions d'euros, soit 26,8 millions de francs).

Malgré la création, en avril 2000, d'un ministère de la Recherche spécifique et l'existence d'une annexe services votés - mesures nouvelles, consacrée aux crédits du ministère, lesquels font, de ce fait, l'objet d'un vote séparé, certains crédits de personnel, de fonctionnement, d'équipement et de gros entretien du patrimoine de ce département sont restés inscrits à la section « Enseignement scolaire » du ministère de l'Education nationale.

·  Au titre IV :

Le chapitre 43-21 change de libellé et devient « Institutions de recherche dans les sciences du vivant », en comprenant trois nouveaux articles, l'article 70 « Autres centres anticancéreux » (ancien article 71 du chapitre 66-51), l'article 80 « Autres institutions de recherche » (ancien article 60 du chapitre 66-51), l'article 90 « Agence nationale de recherches sur le sida » (ANRS) (ancien article 91 du chapitre 66-51).

Le chapitre 43-01 change de libellé « Actions d'incitation, d'information et de communication » et comporte un article 60 nouveau « Soutien aux actions technologiques et scientifiques » qui regroupe des actions figurant autrefois au chapitre 66-06 « Information et culture scientifique et technique » en cours d'extinction.

·  Au titre VI, on observe notamment les mouvements suivants :

- suppression de l'article 20 « Centre Informatique Recherche - CIR » du chapitre 63-00 « Recherche dans les domaines de l'équipement » par regroupement avec l'article 10 « Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité » (INRETS) ;

- création de l'article 30 « Concours pour la création d'entreprises innovantes (hors FRT) » du chapitre 66-04. Cet article, qui avait été créé en gestion en mars 1999, n'a pas été doté de crédits en loi de finances mais l'a été par répartition interne au chapitre ;

- dotation du chapitre 66-06 « Information et culture scientifique et technique », en voie d'extinction, uniquement en crédits de paiement correspondant aux services votés pour la poursuite des opérations lancées au titre des lois de finances antérieures. Les actions qu'il soutenait sont transférées au chapitre 43-01.

Le nouveau code des marchés publics a apporté certaines améliorations utiles avec l'absence de formalités ou des modalités simplifiées de passation des marchés pour certains produits ou lorsque le montant est inférieur à 90.000 euros (590.361 francs). A terme, la création d'une Commission Spécialisée des Marchés dans laquelle figurerait enfin la recherche est souhaitable. Mais nous assistons en même temps a un gâchis de temps et d'argent qu'il faut d'urgence corriger. De nombreux chercheurs demandent, et votre Rapporteur soutient cette demande, qu'une mesure dérogatoire fasse sortir les produits consommables et le petit matériel scientifique du champ de la législation du Code des Marchés Publics.

·  Sur le titre III, les crédits de la sixième partie ont été consommés dans leur totalité, puisqu'il s'agit de crédits destinés au versement des subventions de fonctionnement aux neuf EPST relevant du ministère.

Pour les crédits de la septième partie, les reports de crédits de 1999 sur le chapitre 37-01 n'ont pas été consommés en 2000. Sur le chapitre 37-02, le Comité national d'évaluation de la recherche n'utilise pas totalement les crédits de fonctionnement qui lui sont délégués.

·  Sur le titre IV, le chapitre 43-01, qui regroupe désormais les actions d'incitation, d'information et de communication, fait l'objet d'une exécution déconcentrée pour partie, notamment dans le cadre des contrats de Plan Etat-Régions ou d'ateliers scientifiques et techniques dans les établissements scolaires.

Un virement de crédits à hauteur de 2,64 millions d'euros (17,3 millions de francs) en provenance du chapitre 43-80 en octobre 2000 et une ouverture de crédits de 3,46 millions d'euros (22,7 millions de francs) par la deuxième loi de finances rectificative ont permis de solder les retards de paiement à l'Agence Universitaire de la Francophonie.

Le chapitre 43-80 « Formation à et par la recherche » dont la gestion largement déconcentrée et les modifications du nombre de bénéficiaires (allocations de recherche, post-doc, Cifre ... ) expliquent la sous-consommation de crédits, a fait l'objet d'une annulation de 16,72 millions d'euros (109,7 millions de francs) en novembre 2000 et d'un report de 24,54 millions d'euros (161 millions de francs) sur 2001.

Le ministère de la Recherche a confié, par convention, à l'ANVAR la gestion des CORTECHS (conventions de formation par la recherche pour les techniciens supérieurs), les conventions des diplômes de recherche technologique et celles relatives à l'accueil des post-doctorants en entreprises.

·  La consommation des dépenses en capital a été marquée par les points suivants.

Les subventions d'investissement accordées aux établissements de recherche ont été consommées en autorisations de programmes comme en crédits de paiement à l'exception des 0,37 milliard d'euros (2,4 milliards de francs) d'autorisations de programme du CEA (chapitre 62-00) reportées depuis plusieurs années et qui devraient être annulées, car il semble que leur couverture en crédits de paiement ne sera jamais assurée.

Des retards persistent cependant dans la couverture des autorisations de programme en crédits de paiement pour des chapitres de subvention à divers organismes ; par exemple, pour des opérations antérieures à 1998, il subsiste 22,47 millions d'euros (147,403 millions de francs) d'autorisations de programme pour l'ADEME dont 13,19 millions d'euros (86,515 millions de francs) remontant à 1995 qui, n'ayant pas subi de modifications en gestion depuis plus de quatre ans, devraient être annulés, 17,89 millions d'euros (117,377 millions de francs) pour l'INRA, 14,87 millions d'euros (97,534 millions de francs) pour l'INSERM, 0,69 million d'euros (4,55 millions de francs) pour l'IRD, 0,19 million d'euros (1,268 million de francs) pour l'INRETS (), 0,15 million d'euros (0,985 million de francs) pour l'INED.

Les crédits du chapitre 66-04 (Soutien à la recherche et à la technologie) ont enregistré les mouvements suivants :

- article 10 : Fonds de la Recherche et de la Technologie (FRT). Après trois annulations (2,10 millions d'euros, soit 13,753 millions de francs), la quasi-totalité des autorisations de programme ont été engagées en 2000, et notamment dans le dernier trimestre, en raison du calendrier des différents appels d'offres. 65,10 millions d'euros (427 millions de francs) de crédits de paiement ont fait l'objet de reports souhaités. Comme en 1999, il y a eu un effort pour clôturer les opérations les plus anciennes ;

- article 30 : Concours pour la création d'entreprises innovantes (hors FRT). Cet article nouveau a été doté de 25,92 millions d'euros (170 millions de francs) par un transfert de crédits, en février 2000, en provenance de l'article 10. En 2000, le ministère de la Recherche a confié, par convention, la gestion globale du concours à l'ANVAR, qui n'avait géré en 1999 que la partie régionale ;

- article 40 : Subvention aux incubateurs d'entreprises. Sur cet article, créé en gestion en 1999, ont été gérés des crédits reportés de 1999 et d'autres crédits transférés de l'article 10. Une trentaine d'incubateurs régionaux se sont progressivement mis en place et ont signé des conventions avec le ministère visant à subventionner un programme d'accueil, de soutien et de développement de projets de créations d'entreprises de technologies innovantes.

Chapitre 66-05 : Fonds National de la Science (article 10). Cinq arrêtés de répartition des crédits du FNS se sont échelonnés de juin à décembre 2000 pour financer de nouvelles actions incitatives concertées et des réseaux.

La couverture, en crédits de paiement, des autorisations de programme ouvertes en 1999 s'est poursuivie en parallèle. L'année 2000 aura permis le rodage de la procédure et la mise en place effective, au niveau des équipes de recherche, des moyens de conduire les programmes sélectionnés.

Le tableau ci-dessous retrace les répercussions de la gestion 2000 sur les crédits de paiement ouverts pour l'année 2001. Du fait des reliquats et des modifications budgétaires intervenues en cours d'exercice 2000, les crédits disponibles en 2001 sont supérieurs de 250,76 millions d'euros (1.644,88 millions de francs) aux crédits votés.

SITUATION DES CRÉDITS DE PAIEMENT - GESTION 2000-2001

(en milliers d'euros)

 

Reliquats en 2000

LF 2001

Modifications
(annulations,
reports, transferts)

Crédits disponibles en 2001

Titre III
Moyens des services


356,62


2.824.239,88


18.034,17


2.806.562,33

Titre IV
Interventions publiques


34.307,33


1.203.088,31


10.862,14


1.226.533,50

Titre V
Investissements exécutés par l'Etat


7,61


990,92


0,00


998,53

Titre VI
Subventions d'investissement accordées par l'Etat



71.654,02


2.128.842,29


173.326,25


2.373.822,56

Total

106.325,58

6.157.161,39

144.429,94

6.407.916,91

Source : Ministère de la recherche.

Les priorités du BCRD 2001 ont porté sur les sciences et techniques de l'information et de la communication, sur les sciences du vivant et les sciences humaines et sociales.

Les moyens d'engagement du BCRD en loi de finances initiale se sont élevés à 8.779,5 millions d'euros (57.589,74 millions de francs), en augmentation de 3,8% en valeur, par rapport au BCRD pour 2000. Le BCRD n'avait progressé que de 2% en valeur (soit 0,3% en volume) entre 1999 et 2000.

Les principales augmentations en valeur ont été concentrées sur les secteurs suivants :

- les programmes aéronautiques civils ont été renforcés à hauteur de 22%, afin de permettre le développement de l'avion de grande capacité A3XX ;

- les moyens consacrés à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) et ceux résultant de la création de la nouvelle Agence française de sécurité sanitaire et environnementale (AFSSE) ont été, globalement, augmenté de 23% ;

- la recherche universitaire a vu ses moyens progresser de 8% ;

- les dotations du FNS ont progressé de 17% et celles du FRT de 10,5% ;

- enfin, les moyens consacrés à la recherche sur les encéphalopathies spongiformes subaiguës et prions sont passés de 10,67 millions d'euros (70 millions de francs) en 2000 à 32,01 millions d'euros (210 millions de francs) en 2001.

Le tableau ci-dessous résume les principales évolutions observées entre 2000 et 2001. Les priorités portent bien sur l'information et la communication en premier lieu, les sciences du vivant et ensuite l'environnement. L'espace est resté un objectif important du BCRD malgré la diminution de la dotation du CNES, laquelle s'explique par une moindre contribution française à l'agence spatiale européenne, cette dernière disposant d'excédents importants. L'objectif « exploration et exploitation de l'espace » a représenté 16,3% du BCRD en 2001 contre 17% en 2000.

LES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS DU BCRD ENTRE 2000 ET 2001

 
 

2001-2000

2001-2000

 

En millions d'euros

En %

SDV

+ 95

4,6

Espace-défense

- 18

- 1,2

Transports aéro, terrestres, matériaux

- 4

- 0,5

SHS- vie en société

41

5,1

STIC

105

15,7

Energie- environnement

118

9,2

Mathématiques, physique, chimie

7

0,7

R&D Pays en voie de développement

- 6

- 3,6

Non ventilé

- 39

 

TOTAL BCRD

+ 299

3,5

Source : Ministère de la Recherche.

Les subventions totales de l'Etat en moyens de paiement aux EPST ont globalement peu évolué (+ 1,66%), mais certains organismes ont bénéficié d'augmentations de leurs dotations très supérieures à la moyenne, traduisant les priorités du Gouvernement en direction des sciences du vivant et des sciences de la communication. Ainsi, l'INSERM a vu sa subvention totale augmenter de 4,6% et l'INRIA () de 12,4%. De même, alors que l'ensemble des dépenses de personnel a progressé de 0,4% d'une année sur l'autre, celles de l'INRIA ont progressé dans le même temps de 14%, ce qui correspond à la création de cent-seize nouveaux emplois et de quatre-vingts contrats à durée déterminée. L'INSERM a vu, pour sa part, ses dépenses de personnel progresser de 1,4% en raison de la création de soixante-quatorze emplois en 2001.

On trouvera ci-après un tableau présentant les budgets primitifs, en ressources et en dépenses de chaque EPST en 2001.

PRÉSENTATION DES BUDGETS PRIMITIFS POUR 2001 DES EPST (en millions d'euros - HT)

Structure des ressources (subventions de l'Etat et ressources propres)
Structure des dépenses (personnel, équipement, travaux immobiliers...)

Ressources

INRA

CEMAGREF

INRETS

INRIA

CNRS

INSERM

INED

IRD

LCPC

Ensemble des EPST

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

Subventions de l'Etat (1)

                                       

Titre III

382,0

 

33,0

 

23,3

 

49,7

 

1.457,2

 

264,1

 

8,4

 

135,1

 

29,2

 

2.382,0

 

Titre VI

76,5

 

4,5

 

5,8

 

25,2

 

371,8

 

95,6

 

3,2

 

29,8

 

6,7

 

619,0

 

Total subventions Etat

458,5

82

37,5

72

29,1

81

74,9

74

1.828,9

89

359,7

87

11,5

92

165,0

93

35,8

83

3.001,0

87

Ressources propres (2)

101,4

18

14,2

28

6,7

19

26,3

28

230,8

11

53,6

13

0,9

8

12,0

7

7,2

17

453,2

13

Total ressources

559,9

100

51,7

100

35,8

100

101,2

100

2.059,8

100

413,3

100

12,5

100

177,0

100

43,1

100

3.454,2

100

(1) Les subventions de l'Etat sont celles, récurrentes, attribuées par les ministères de tutelle dans le cadre du BCRD, au titre de la rémunération, de la formation, et de l'action sociale du personnel, du soutien des programmes et des investissements.

(2) Les ressources propres, entendues ici au sens large, peuvent être d'origine publique ou privée. Elles incluent les versements du CNASEA, les produits financiers, les redevances pour brevets et licences, les ventes de produits divers, les prestations de service et, d'une manière générale, les recettes sur contrats et conventions passés avec des tiers privés et publics, y compris l'Etat.

Dépenses

INRA

CEMAGREF

INRETS

INRIA

CNRS

INSERM

INED

IRD

LCPC

Ensemble des EPST

 

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

Personnel (3)

389,0

69

32,3

63

23,9

67

50,1

50

1.481

72

264,2

64

8,4

67

153,3

76

29,2

68

2.414

70

Administration et services communs


5,6


1


2,1


4


1,2


3


1,5


1


22,8


1


8,3


2


1,8


15


2,5


1


0,0


0,1


45,7


1

Soutien de base aux unités de recherche

131,0

23

14,7

28

9,5

26

30,7

30

400,1

19

118,2

29

2,3

18

27,4

15

11,3

26

745,0

22

Actions incitatives et engagements internationaux


8,5


2


1,5


3


0,7


2


9,4


9


73,9


4


10,4


3


0,0


0


10,8


6


1,2


3


116,3


3

Immobilier

19,9

4

1,1

2

0,4

1

4,7

5

22,2

1

9,3

2

0,0

0

0,3

0,2

0,7

2

58,5

2

Gros équipement

5,9

1

0,1

0,2

0,2

1

4,9

5

59,2

3

2,8

1

0,0

0

0,8

0,4

0,8

2

74,7

2

Total

559,9

100

51,7

100

35,8

100

101,2

100

2.059,8

100

413,3

100

12,5

100

177,0

100

43,1

100

3.454,2

100

 

(3) Y compris les dépenses de formation et d'action sociale.

Source : Ministère de la recherche.

 

S'agissant des EPIC, la totalité des subventions de l'Etat a diminué par rapport à 2000, en raison de la réduction des crédits alloués aux activités de recherche de l'ADEME par le ministère de l'environnement (74,85 millions d'euros [491 millions de francs] en 2001 contre 0,26 milliard d'euros [1,7 milliard de francs] en 2000).

Le tableau suivant présente les budgets primitifs 2001 des EPIC. Les subventions de l'Etat à l'ADEME additionnent la part du BCRD (un tiers du total environ) et les subventions de recherche hors BCRD, en provenance d'autres ministères.

 

PRÉSENTATION DES BUDGETS PRIMITIFS EN 2001 DES EPIC (en millions d'euros - HT)

Structure des ressources (subventions de l'Etat et ressources propres)
Structure des dépenses (personnel, équipement, travaux immobiliers...)

 
 

Ressources

IFREMER

CIRAD

ADEME

CEA (civil)

CNES

BRGM

Total EPIC

 
 

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

 

Subventions de l'Etat (1)

                           
 

Titre III

60,8

 

89,8

 

52,6

 

1.014,8

 

116,6

 

31,6

 

1.366,1

 
 

Titre VI

66,2

 

23,8

 

121,3

 

119,7

 

1.171,2

 

12,5

 

1.514,7

 
 

Total subventions Etat

127

84

113,6

67

173,9

89

1.134,4

66

1.287,8

55

44,1

52

2.880,7

62

 

Ressources propres (2)

24,1

16

55,7

33

21,2

11

580,6

34

1.037,7

45

40,4

48

1.759,7

38

 

Total ressources

151,1

100

169,3

100

195,1

100

1.715,0

100

2.325,4

100

84,5

100

4.640,4

100

 

- 33 -

(1) Les subventions de l'Etat sont celles, récurrentes, attribuées par les ministères de tutelle dans le cadre du BCRD, au titre de la rémunération, de la formation, et de l'action sociale du personnel, du soutien des programmes et des investissements (sauf ADEME : subventions BCRD et hors BCRD).

 

(2) Les ressources propres, entendues ici au sens large, peuvent être d'origine publique ou privée. Elles incluent les produits financiers, les redevances pour brevets et licences, les ventes de produits divers, les prestations de service et, d'une manière générale, les recettes sur contrats et conventions passés avec des tiers, privés et publics, y compris l'Etat.

 

Dépenses

IFREMER

CIRAD

ADEME

CEA (civil)

CNES

BRGM

Total EPIC

 

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

M€

%

Personnel (3)

103,9

69

111,2

66

43,2

22

851,6

50

200,5

9

51,2

61

1.361,7

29

Administration et services communs

24,9

16

26,5

16

15,7

8

78,6

5

344

15

13,7

16

503,4

11

Soutien de base aux unités de recherche

16,3

11

20,5

12

   

599,4

35

1.123,6

48

16,2

19

1.776

38

Actions incitatives et engagements internationaux

0,7

0,5

1

1

133,8

69

0

0

657,4

28

   

792,9

17

Immobilier et gros équipement

5,2

3

2,3

1

2,4

1

177,8

10

0

0

   

187,7

4

Autres

   

7,8

5

 

0

7,6

0,4

   

3,4

4

18,8

0

Total

151,1

100

169,3

100

195,1

100

1.715,0

100

2.325,5

100

84,5

100

4.640,5

100

 

(3) Y compris les dépenses de formation et d'action sociale et, pour l'IFREMER, les charges des personnels marins de la flotte de GENAVIR.

 

Source : Ministère de la recherche.

CHAPITRE II

LE PROJET DE BUDGET CIVIL DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT POUR 2002 AUGMENTE L'EFFORT D'INVESTISSEMENT

I.- LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU BUDGET CIVIL DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT 2002

Le projet de budget civil de recherche et développement technologique (BCRD) pour 2002 s'élève à 8.725,281 millions d'euros (57.234,091 millions de francs) en moyens de paiement, soit une progression de 2,2% par rapport à 2001. Cette progression, identique à celle enregistrée pour le budget précédent, demeure ainsi la plus importante depuis 1995 (+ 1,3% en 1996, - 1,4% en 1997, + 1,4% en 1998, + 1,7% en 1999 et + 1,3% en 2000).

Au sein du BCRD, les crédits inscrits au fascicule « Recherche » s'élèvent à 6.213,374 millions d'euros (40.757,064 millions de francs) en crédits de paiement, en augmentation de 0,9%. Cette progression est toutefois peu significative, compte tenu du caractère conventionnel de la répartition des dépenses de certains organismes (CEA, IPSN, CNES) entre les différents fascicules du BCRD.

En autorisations de programme (AP), la progression du BCRD en 2002 est encore plus forte : elles s'élèvent à 3.835,34 millions d'euros (25.158,18 millions de francs) soit une augmentation de 2,9% par rapport à 2001, alors qu'elles avaient baissé de 1993 à 1997, et que leur progression moyenne a été de 1,5% par an depuis 1997. En moyens d'engagement, le projet de BCRD s'établit à 9.035,88 millions d'euros (59.271,49 millions de francs), soit une progression de 2,9%. Ceci permet de donner un nouvel essor aux moyens de fonctionnement et d'investissement de la recherche publique. Il faut toutefois signaler le rang moyen du ratio entre les autorisations de programme, rapporté au PIB et les difficultés prévisibles que cette évolution entraînera dans les domaines non prioritaires.

Au niveau de l'emploi scientifique, ce projet du budget s'avère également plus dynamique puisque 500 créations d'emplois sont prévues : 463 au fascicule « Recherche » (établissements publics à caractère scientifique et technologique [EPST] : 100 chercheurs, 363 ingénieurs et techniciens) et 37 au fascicule « Culture et communication » au titre de dotation en personnels de l'Institut national d'histoire de l'art et du programme « carte archéologique ».

Ces créations d'emplois au budget de la recherche s'inscrivent dans le prolongement des orientations définies lors des comités interministériels de la recherche scientifique et technique (CIRST) de juillet 1998 et de juin 1999, autour de trois priorités :

- une anticipation des départs à la retraite dans les années à venir afin d'arriver à un lissage des recrutements ;

- un renforcement des moyens de fonctionnement et d'investissement des laboratoires publics de recherche, qu'il s'agisse des EPST ou des universités ;

- une croissance forte des moyens alloués aux thématiques prioritaires, au premier rang desquelles les sciences du vivant et les nouvelles technologies de l'information et de la communication.

Le tableau ci-après présente la part respective des différents ministères dans le BCRD :

BCRD 2002 SYNTHÈSE DES DOTATIONS DES MINISTÈRES

(en millions d'euros)

Ministères

DO + AP

CP

LF 2001

LF 2002

%

LF 2001

LF 2002

%

Affaires étrangères

140,78

145,75

3,5

140,78

145,76

3,5

- Actions culturelles

4,98

4,96

- 0,3

4,98

4,96

- 0,3

- Autres org. internationales

135,80

140,80

3,7

135,80

140,80

3,7

Agriculture, pêche

21,63

21,77

0,6

21,35

21,22

- 0,6

Culture

114,06

117,01

2,6

113,76

116,75

2,6

- Culture hors CSI (1)

33,34

35,05

5,1

33,11

34,78

5,0

- CSI

80,72

81,97

1,5

80,65

81,97

1,6

Recherche

6.238,16

6.349,70

1,8

6.157

6.213,37

0,9

Education nationale

425,17

491,04

15,5

418,02

479,69

14,8

- Enseignement supérieur

413,10

478,68

15,9

405,95

467,34

15,1

- Enseignement scolaire

12,07

12,36

2,4

12,07

12,36

2,4

Défense (2)

190,56

190,56

0,0

190,56

190,56

0,0

Environnement

219,35

256,86

17,1

215,88

252,20

16,8

Environnement hors IPSN/IRSN (3)

15,91

15,13

- 4,9

12,44

10,46

- 15,9

IPSN/IRSN

203,44

241,73

18,8

203,44

241,73

18,8

Equipement et transports

405,14

405,39

0,1

320,33

342,28

6,9

- Prog. aéro. civils + av. civile

329,44

329,44

0,0

242,39

266,79

10,1

- Météo-France

54,21

53,75

- 0,8

55,73

53,75

- 3,6

- Autres (urbanisme, mer, TT)

21,49

22,20

3,3

22,20

21,74

- 2,1

Logement

26,87

26,87

0,0

26,43

26,98

2,1

Industrie

974,78

1.007,71

3,4

908,09

913,42

0,6

- Ecoles Mines

39,14

40,14

2,6

39,14

40,14

2,6

- ANVAR

161,21

161,74

0,3

141,92

142,45

0,4

- CEA

424,27

426,08

0,4

424,27

426,08

0,4

- Autres

350,17

379,75

8,4

302,76

304,75

0,7

Intérieur

0,31

0,31

0,0

0,46

0,31

- 33,3

Justice

0,88

0,88

0,0

0,88

0,88

0,0

Plan

9,03

9,11

1,0

9,05

8,96

- 1,0

Emploi

5,93

6,04

1,8

5,93

6,04

1,8

Santé

6,87

6,88

01

6,71

6,88

2,5

Total BCRD

8.779,52

9.035,88

2,9

8.535,39

8.725,28

2,2

(1) Cité des sciences et de l'industrie.

(2) La dotation Défense correspond aux programmes de recherche du CNES à double finalité, civile et militaire, destinée à être transférée, en gestion, sur le budget recherche.

(3) Institut de protection et de sécurité nucléaire/ Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

Source : Ministère de la recherche.

Le projet de budget prévoit la création de 500 emplois dans les EPST : 100 chercheurs (39 directeurs de recherche, 61 chargés de recherche) et 363 ingénieurs et techniciens (204 ingénieurs, 159 techniciens), soit 463 dans le « bleu » Recherche et 37 dans le « bleu » Culture.

Elles sont substantiellement plus élevées que les années précédentes (265 créations de postes en 2001, 18 en 2000 et 140 en 1999).

Les mesures nouvelles, en dépenses ordinaires, des EPST concernent l'extension en année pleine des créations d'emplois financées sur quatre mois en 2001 (10,217 millions d'euros [soit 67,02 millions de francs]), la prise en compte des mesures salariales dans la fonction publique pour 2001 et 2002 (attribution de points d'indice différenciés, augmentations générales de la valeur du point fonction publique : 34,339 millions d'euros [soit 225,25 millions de francs]), l'impact du glissement vieillesse-technicité (« GVT » : 4,893 millions d'euros [32,10 millions de francs]).

S'agissant des EPIC de la recherche, l'actualisation des rémunérations (taux moyen de 1,3%) et des moyens de fonctionnement correspond à une augmentation générale de 3,351 millions d'euros (21,981 millions de francs), soit + 1,5%. Parmi les mesures nouvelles de fonctionnement, figurent, pour le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) la structuration des unités mixtes de recherche en partenariat, pour l'Institut français pour la recherche et la technologie polaire (IFRTP) des équipements scientifiques des bases arctiques, suite au désengagement des Terres australes et antarctiques françaises.

Les créations d'emplois représentent une dépense de 4,949 millions d'euros (32,46 millions de francs). Selon le ministère, interrogé par votre Rapporteur, elles poursuivent un triple objectif :

- elles constituent la poursuite de la politique de gestion prévisionnelle et pluriannuelle de l'emploi scientifique initiée en 2001, conformément aux recommandations du rapport Cohen - Le Déaut, afin d'anticiper les départs à la retraite importants des années 2004-2010, en autorisant des recrutements supplémentaires par rapport à ce qui aurait résulté des seuls départs à la retraite en 2002 ;

- elles offrent davantage de recrutements et de débouchés dans la recherche publique aux jeunes docteurs, en évitant de les maintenir trop longtemps dans des contrats de « post-doctorants » ; conjuguées aux départs à la retraite, les créations d'emplois pour 2002 autoriseront un volume de recrutement au-delà du taux de renouvellement des équipes communément admis ;

- elles permettent de renforcer les effectifs dans les disciplines prioritaires que sont les sciences du vivant et les sciences et technologies de l'information et de la communication : 140 emplois au CNRS, 110 emplois à l'INRIA, 100 emplois à l'INRA, 80 emplois à l'INSERM, le solde se répartissant entre l'IRD (20), l'INRETS (5), le CEMAGREF (4) et l'INED (4).

Le projet de budget prévoit 9,957 millions d'euros (65,317 millions de francs) de mesures catégorielles et indemnitaires.

S'agissant des transformations d'emplois (amélioration des perspectives de carrière des personnels, requalification des emplois), le BCRD 2002 prévoit 337 transformations d'emplois dans les EPST : 77 chercheurs, 256 ingénieurs et techniciens (IT) (50 transformations correspondant à la dernière tranche du « protocole Durafour » afférente aux ingénieurs d'études, 28 techniciens de physique nucléaire en IT au CNRS, 14 transformations d'emplois des corps de l'équipement au LCPC) et 4 transformations d'emplois de techniciens en chercheurs sont inscrites au CEMAGREF.

L'IFREMER bénéficie de trois transformations d'emplois de type EPST.

Ces mesures permettent d'améliorer le pyramidage des corps des chargés de recherche et des directeurs de recherche, en augmentant les possibilités de promotion et de poursuivre la requalification des emplois d'ingénieurs et de techniciens sur un rythme soutenu.

Par ailleurs, le financement spécifique du plafonnement de la prime de participation à la recherche scientifique de trois à cinq fois le taux de base en cas d'astreintes ou de sujétions de service est également inscrit au budget des EPST, dans le cadre de la mise en _uvre de l'aménagement et de la réduction du temps de travail.

Le dispositif de formation à et par la recherche bénéficie d'une augmentation globale de 8,971 millions d'euros (+ 58,846 millions de francs).

Les crédits consacrés aux allocations de recherche augmentent de 14,565 millions d'euros (95,540 millions de francs). Cette progression permet la revalorisation du montant unitaire de l'allocation de recherche (stable depuis 1994 en francs courants) de 5,5% dès le 1er janvier 2002, dont les allocataires constituent un des viviers dans lequel les organismes de recherche et les universités procéderont à leurs futurs recrutements. Cependant, deux questions importantes restent encore sans réponses : la revalorisation des carrières, condition de l'attractivité du métier et la création d'emplois liées à la réduction du temps de Travail.

Les moyens de fonctionnement et d'investissement (autorisations de programme) des établissements publics de recherche (le CIRAD, l'IFREMER, le BRGM, l'ADEME, l'IFRTP et les neuf EPST) enregistrent une progression de 5%. Après quatre années de stagnation, l'effort porté au budget 2001 (+ 2,8%) se trouve ainsi réaffirmé.

Les laboratoires publics des établissements de recherche et d'enseignement supérieur peuvent bénéficier, en sus de leurs dotations, de soutiens du fonds national de la science (FNS) et du fonds de la recherche technologique (FRT), dotés chacun de 152,449 millions d'euros (1.000,00 millions de francs).

De manière plus marquée qu'en 2001, le budget 2002 traduit le rééquilibrage effectué en faveur des moyens d'investissement des EPST (+ 6,8%). Le soutien de base aux équipes de recherche continue néanmoins de progresser vigoureusement (+ 6,1%).

Les AP des EPST augmentent de 6,4%. Cette tendance, si elle bénéficie à l'ensemble des établissements, à l'exception de l'INRA (en raison de la non-reconduction des moyens exceptionnels accordés en 2001 au titre du programme gouvernemental « Prions »), se concentre sur les sciences du vivant et les technologies de l'information et de la communication. Les dotations de l'INRIA augmentent de 30%, celles de l'INSERM de 6,8% et celles du CNRS de 7% par rapport à 2001. L'effort en faveur des transports et de leur sécurité est à noter avec une augmentation de 9,1% des moyens de l'INRETS.

Le plan de rattrapage des dotations en soutien de base aux unités, vivement réclamé par les chercheurs, est conforté avec un niveau d'augmentation (+ 6,1%) comparable à celui de 2001 (+ 6,5%). L'augmentation totale de ces dotations depuis 1997 est de 30%.

L'augmentation parallèle des moyens d'investissement (+ 6,8%) permet de relancer les opérations lourdes considérées comme prioritaires par les établissements et pendant longtemps décalées, notamment dans le cadre des contrats de plan Etat-régions.

Ces moyens supplémentaires devraient en outre faciliter la modernisation de l'appareil de recherche et permettre, notamment, l'équipement des plates-formes technologiques, la structuration des instituts fédératifs de recherche et le développement des supercalculateurs (programme IDRIS) pour le CNRS.

La création d'équipes nouvelles dans le domaine de la recherche clinique et le soutien aux centres de thérapie cellulaire devrait être réalisée à l'INSERM. L'INRIA, qui est appelé à devenir le pôle européen de référence de la recherche appliquée en informatique, va réaliser l'extension et la modernisation de ses unités de recherche.

Enfin le financement de la phase I (construction et équipement, sur 4 ans) du synchroton de troisième génération « SOLEIL » sur le plateau de Saclay, en Ile-de-France, est prévu dans le budget du CNRS (2,16 millions d'euros [14,17 millions de francs] en 2002).

En ce qui concerne les EPIC, on relèvera comme mesure positive, l'échéancier du navire scientifique de l'IFREMER (attribution d'autorisations de programme d'un montant de 6,615 millions d'euros (43,390 millions de francs), mais dans l'ensemble, votre Rapporteur regrette le tassement du volume global des AP (- 2,3). La progression cumulée sur 2001 et 2002 (+ 5,8%) reste toutefois dynamique, surtout par comparaison avec les années précédentes (+ 1,6% en 2000).

Les dotations du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de l'Institut pour la protection et la sûreté nucléaire (IPSN) progressent globalement de 2,5% (taux identique en moyens d'engagement et en moyens de paiement).

En matière spatiale, la subvention au Centre national d'études spatiales (CNES) est reconduite à 1.343,076 millions d'euros (8.810,000 millions de francs) en DO + CP et représente 15,4% du BCRD (part du budget de la recherche : 1.152,515 millions d'euros [7.560,00 millions de francs], soit 18,5% du fascicule budgétaire). Elle permet d'honorer la contribution française aux programmes engagés dans le cadre de l'Agence spatiale européenne et de coordonner le programme spatial national : poursuite des développements des lanceurs « ARIANE », financement partagé de la station spatiale internationale, lancement, par redéploiements, du programme d'observation de la Terre « PLEIADES Développement ».

Parallèlement aux établissements publics, les instituts de recherche travaillant dans le secteur des sciences du vivant (fondations) voient leurs moyens revalorisés de 2,1% (+ 1,537 millions d'euros [+ 10,081 millions de francs]). Les moyens de fonctionnement du réseau des instituts Pasteur et de l'institut Curie sont augmentés respectivement de 1,384 millions d'euros (9,08 millions de francs) et 0,150 million d'euros (0,98 million de francs).

Le tableau ci-après présente l'évolution du budget de la recherche pour 2002, à travers les dotations globales de tous les bénéficiaires du BCRD :

ÉVOLUTION DU BUDGET DE LA RECHERCHE POUR 2002

(en millions d'euros)

 

DO + AP

DO + CP

Organismes de recherche

LFI 2001

PLF 2002

%

LFI 2001

PLF 2002

%

EPST

           

INRA

554,189

562,930

1,6

550,283

553,267

0,5

CEMAGREF

40,725

42,027

3,2

40,542

41,317

1,9

INRETS

34,854

36,132

3,7

34,842

35,562

2,1

LCPC

42,325

42,63

0,8

42,310

41,876

- 1,0

INRIA

88,338

103,940

17,7

87,607

96,945

10,7

CNRS

2.170,101

2.217,390

2,2

2.153,673

2.172,067

0,9

INSERM

432,975

450,955

4,2

430,062

445,635

3,6

INED

14,016

14,383

2,6

13,952

14,318

2,6

IRD

165,406

167,333

1,2

164,948

166,320

0,8

Total EPST

3.542,929

3.637,753

2,7

3.518,219

3.567,307

1,4

EPIC

           

IFREMER

152,805

150,383

- 1,6

146,457

151,704

3,6

CIRAD

113,796

116,058

2,0

113,606

116,060

2,2

ADEME

27,334

27,410

0,3

27,334

26,648

- 0,5

BRGM

52,772

52,772

0,0

52,452

52,665

0,4

IFRTP

16,194

16,531

2,1

16,012

16,513

3,1

CNES

1.134,983

1.134,983

0,0

1.152,515

1.152,515

0,0

CEA

511,314

499,591

- 2,3

511,314

499,591

- 2,3

Total EPIC

2.009,198

1.997,728

- 0,6

2.019,690

2.015,696

- 0,2

Institutions de recherche dans les sciences du vivant

           

Institut Pasteur Paris

52,051

52,985

1,8

52,051

52,985

1,8

Institut Pasteur international (DOM-TOM + étr.)

7,693

7,993

3,9

7,693

7,993

3,9

Institut Pasteur Lille

6,260

6,412

2,4

6,260

6,412

2,4

Institut Curie

5,795

5,945

2,6

5,795

5,945

2,6

Autres centres anti cancéreux

0,305

0,305

0,0

0,305

0,305

0,0

Autres institutions de recherche

0,305

0,305

0,0

0,305

0,305

0,0

ANRS

36,740

36,740

0,0

36,740

36,740

0,0

Total institutions de recherche

109,149

110,685

1,4

109,149

110,685

1,4

Total organismes de recherche

5.661,276

5.746,166

1,5

5.647,058

5.693,688

0,8

Interventions du ministère

           

Comité national d'évaluation de la recherche

0,687

0,687

0,0

0,687

0,687

0,0

Moyens de fonctionnement des services

8,385

8,537

ns

8,385

8,537

ns

Actions d'incitation, d'information et de formation à et par la recherche (43-80)


246,205


255,176


3,6


246,205


255,176


3,6

Information et culture scien. et tech. prospectives

1,220

1,220

0,0

0,990

1,220

23,2

Soutien à la recherche et à la technologie (66-04)

152,449

152,449

0,0

109,840

106,715

- 2,8

Fonds national de la science (66-05)

134,917

152,449

13,0

109,458

114,337

4,5

Information scientifique et technique (66-06)

     

1,524

0,000

- 100,0

Total interventions

576,881

603,535

4,6

510,107

519,689

1,9

Total ministère de la recherche

6.238,157

6.349,701

1,8

6.157,165

6.213,377

0,9

Transferts internes au fascicule

 

0,00

   

0,000

0,9

Transferts externes au fascicule

 

8,08

   

8,080

 

Total structure constante

6.238,157

6.357,781

1,9

6.157,165

6.221,457

1,0

Source : Ministère de la recherche.

On notera que le projet de budget ne prévoit qu'un seul transfert de crédits externe de 8 millions d'euros (52,48 millions de francs). Il s'agit d'un abondement de la dotation inscrite au budget du ministère de l'économie au profit des dépenses de fonctionnement du CEA afin de rééquilibrer le financement entre les deux ministères. La parité de financement a, en effet, été rompue en 2001, par le transfert au budget du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement des crédits de l'IPSN, transformé en EPIC par la loi n° 2001-398 du 9 mai 2001. Aucun transfert interne n'est prévu pour 2002.

Le budget du ministère de la recherche augmente de 0,9% en données brutes par rapport à 2001 mais de 1% à structure constante.

La priorité affichée en 2001 à l'égard de la recherche universitaire se poursuit, les AP augmentent de 19,3% (contre 8,8% en 2001).

En dépenses ordinaires, 174 transformations d'emplois sont inscrites (0,082 million d'euros [0,54 million de francs]) en complément des mesures acquises afférentes aux augmentations programmées du point de la fonction publique en 2001 et 2002 (1,472 millions d'euros [9,66 millions de francs]) ; elles concernent les emplois de direction des écoles françaises à l'étranger et le repyramidage du corps des astronomes et physiciens (identité des carrières avec les maîtres de conférences).

La dotation en soutien de base (+ 16,610 millions d'euros [106 millions de francs]) en AP s'inscrit dans la restauration des moyens de recherche des universités (contrats quadriennaux, soutien aux écoles doctorales) sur une pente parallèle à l'augmentation des effectifs, la création d'emplois d'enseignants-chercheurs depuis une décennie ne s'étant pas accompagnée de l'affectation effective à leurs unités de recherche. Depuis 1997, la progression du soutien de base est de plus de 25%.

Les moyens d'investissement (+ 48,3%) respectent les objectifs programmatiques des contrats de plan Etat-région et accordent une importance particulière à la rénovation immobilière et à l'entretien des surfaces nouvelles, afin de réduire les disparités.

Dans le cadre posé par la loi n° 99-587 du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la recherche, des moyens nouveaux sont dégagés pour appuyer les projets de recherche et de développement des entreprises, et mieux associer les laboratoires publics à cette démarche.

Les allocations de recherche bénéficient enfin d'une revalorisation. A compter du 1er janvier 2002 leur montant sera augmenté de 5,5% et passeront de 1.128,12 euros (7.400 francs) mensuels à 1.190,17 euros (7.807 francs).

Le montant des crédits correspondants (chapitre 43.80 article 10) est augmenté de 14,56 millions d'euros (95,51 millions de francs) et s'élève à 215,64 millions d'euros (1 414,51 millions de francs). Ces augmentations permettront de financer les nouveaux flux annuels d'allocataires et la prolongation de certains contrats ainsi que les allocations pour perte d'emploi réservées aux anciens allocataires sans travail. Le volume de ces allocations est d'ailleurs en réduction constante, depuis quatre ans, ce qui est un signe incitatif pour les jeunes chercheurs.

La mobilité des enseignants-chercheurs devrait également s'améliorer puisque, notamment, 100 postes de détachement et 135 délégations devraient permettre d'améliorer leur accueil au sein du CNRS.

Le tableau suivant présente l'évolution des crédits de paiement pour la recherche universitaire au sein du BCRD.

PART DES BUDGETS DE LA RECHERCHE ET DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DANS LE BCRD

(en millions d'euros)

Intitulé

2001

2002

Evolution 2001/2002
(en %)

Recherche

     

Titre III

Rémunérations personnel non-enseignant et indemnités diverses


45,25


46,19


2,1

Titre IV

Allocations de recherche et divers

203,98

217,53

6,6

Total BCRD recherche

249,23

263,72

5,8

Enseignement supérieur

     

Titre VI

Soutien de programmes et équipements
Maintenance et rénovation immobilière


316,67


380,69


20,2

Titre III

Vacations et rémunérations

38,60

39,22

1,6

Total BCRD enseignement supérieur

355,27

419,91

18,2

Total BCRD

604,50

683,63

13,1

Source : Ministère de la recherche.

Les moyens de fonctionnement de l'administration centrale affectés au fonctionnement des services centraux et des délégations régionales à la recherche et à la technologie sont abondés de 0,152 million d'euros (1 million de francs, afin de financer les échéances incontournables de la mise en _uvre de l'application informatique « ACCORD ».

Les actions d'incitation, d'information et de communication du ministère (chapitre 43-01) sont reconduites, en dépenses ordinaires, à leur niveau de 2001, soit 33,017 millions d'euros (216,584 millions de francs), en intégrant un léger redéploiement de la ligne « interventions directes » vers certaines opérations inscrites dans le cadre des contrats de plan Etat-région (0,152 million d'euros, soit 1 million de francs).

L'article 10 du chapitre 43-01, destiné au financement des centres régionaux d'innovation et de transfert de technologie bénéficie de ce redéploiement et voit sa dotation augmenter de 152.000 euros (997.054,64 francs).

Le fonds national de la science, destiné à donner une impulsion aux recherches dans les domaines prioritaires du Gouvernement et à promouvoir des actions concertées incitatives (ACI) entre laboratoires publics, voit sa dotation portée (pour l'ensemble du chapitre 66-05) à 152,45 millions d'euros (1.000 millions de francs), soit + 13% en AP. Les crédits de paiement de l'ensemble du chapitre progressent également et passent de 109,45 millions d'euros (717,94 millions de francs) en 2001 à 114,33 millions d'euros (749,96 millions de francs) cette année.

La dotation spécifique pour les actions d'incitation du FNS (article 10 du chapitre 66-05) progresse de 15,2% en AP et de 5,4% en CP.

Son accroissement servira essentiellement à financer les recherches dans le domaine de la génomique : séquençage et génotypage, génome, post-génome....

Le fonds de la recherche technologique est reconduit à son niveau de 2001 (152,449 millions d'euros, soit 1.000,00 millions de francs) en AP. Les crédits de paiement augmentent très légèrement (0,7%) afin de maintenir les moyens de recherche dans les technologies de l'information et de la communication (technologies logicielles, Internet du futur...) et les technologies liées aux sciences du vivant (médicament, bio-informatique...) et de poursuivre les actions développées en faveur des petites entreprises innovantes.

Le tableau suivant fait état de ces évolutions.

BCRD 2002 - Evolution du FRT et du FNS

(en millions d'euros)

 

Autorisations de programme

Crédits de paiements

 

LFI 2001

PLF 2002

%

LFI 2001

PLF 2002

%

FRT

           

Chapitre 66-04/article 10

152,449

152,449

0

103,742

104,426

0,7

FNS

           

Chapitre 66-05/article 10

115,099

132,631

+ 15,2

89,640

94,518

+ 5,4

FNS + FRT Total

267,548

285,080

+ 6,6

193,382

198,944

+ 2,9

Les crédits de soutiens à la recherche industrielle - y compris l'ANVAR - progressent de 5,9% en crédits d'engagement. Ils contribuent à financer les réseaux de recherche technologique permettant de développer les partenariats public-privé et les incubateurs d'entreprises technologiques.

La progression de la subvention en dépenses ordinaires de l'Ecole des mines est fixée à 2,9% (+ 1 million d'euros [+ 6,58 millions de francs]), justifiée par les revalorisations salariales de la fonction publique.

Stable en autorisations de programme (329,4 millions d'euros, soit 2.161 millions de francs), le budget consacré aux programmes aéronautiques civils est porté à 266,8 millions d'euros (1.750 millions de francs, soit + 10,1%) en crédits de paiement afin de tenir compte des enveloppes prévisionnelles pour l'A-380 et ses équipements, pour le développement des parties incombant à la SNECMA du nouveau moteur destiné à équiper les futurs A-380 et B-777, et des avances remboursables du « Falcon FNX ».

Au-delà des mesures nouvelles en crédits de paiement, le financement de ces priorités est atteint par le redéploiement de crédits consacrés à la « recherche amont » (- 7,6 millions d'euros [- 49,7 millions de francs]) et l'achèvement de programmes anciens (A-340-500/600 et hélicoptère de combat :- 17,4 millions d'euros [- 114 millions de francs]).

La programmation 2002 d'EUMESTAT () permet une économie de 2% sur la contribution française (- 0,762 millions d'euros [- 5 millions de francs]) en autorisations de programme et en crédits de paiement.

Par ailleurs, en ce qui concerne le crédit d'impôt-recherche votre Rapporteur a déjà eu l'occasion d'en critiquer la réalité de l'impact sur le développement de la recherche dans les entreprises. L'allégement fiscal correspondant, attribué sur simple déclaration fonctionne comme un apport en trésorerie, les travaux de recherche étant par ailleurs souvent confiés à des organismes extérieurs. En conséquence, les entreprises bénéficiaires ne recrutent pas, ou peu, de personnel scientifique. En conséquence, la synergie entre les chercheurs et le tissu économique a du mal à se produire.

Dans le secteur des sciences de l'Univers, les nouvelles opérations prévues vont apparaître au CNES ou bien à l'Agence spatiale européenne dans des créneaux budgétaires libérés par l'achèvement de missions précédentes. Le CNES va ainsi mettre en _uvre la mission « Corot », d'un coût total (de 2001 à 2008) de 45,73 millions d'euros (300 millions de francs) pour la contribution française, dont 4,57 millions d'euros (30 millions de francs) pour l'année 2001. Les partenaires européens participent au quart de la mission.

Le programme de retour d'échantillons martiens devrait également monter en puissance, avec 18,29 millions d'euros (120 millions de francs), pour un coût total estimé à 410 millions d'euros (2,7 milliards de francs) sur dix ans pour la partie française.

L'année 2002 sera marquée par le début de la construction du synchrotron « Soleil ». Fin 2000 et début 2001, suite à l'annonce du 11 septembre 2000 du ministre de la recherche, le CEA et le CNRS ont signé une convention pour mettre en place les structures nécessaires. Un comité de pilotage CEA/CNRS a été désigné et un directeur de projet nommé. Un groupe de projet s'est installé dans des locaux provisoires à proximité de des installations LURE. Le budget de l'avant projet définitif établi fin 1998 a été affiné afin de tenir compte de l'inflation (sensible surtout pour la partie bâtiment) et de la réévaluation du coût des lignes de lumière. Le budget s'établit à 372,3 millions d'euros (2.442 millions de francs) pour l'ensemble des phases I et II (2002/2009), dont 202,6 millions d'euros (1.329 millions de francs) pour la première phase (2002/2005) correspondant à la construction de l'anneau et des dix premières lignes de lumière. Le budget 2002 se monte à 34 millions d'euros (223 millions de francs). Le profil estimé des dépenses est indiqué dans le tableau ci-après.

ÉVOLUTION DES DÉPENSES ESTIMÉES DE LA CONSTRUCTION DU SYNCHROTRON SOLEIL

(en millions d'euros)

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

34

60,37

64,49

43,75

42,84

42,53

42,23

42,23

Le projet de société civile « Synchrotron Soleil » a été adopté par les conseils d'administration du CEA et du CNRS en juillet. Les statuts ont été déposés. Une solution, présentée à votre Rapporteur comme satisfaisante, a été trouvée pour les personnels du LURE et la convention entre l'Etat et les collectivités est en cours de finalisation.

Cette issue positive concernant le synchrotron « Soleil » ne doit pour autant cacher l'inquiétude votre Rapporteur devant la multiplication des sociétés civiles. Dans une lettre adressée au ministre en juillet dernier, il écrivait :

« Nous aurions préféré, pour notre part, que s'il y avait à améliorer le statut actuel, cette amélioration puisse se faire dans le cadre du service public sans recourir à un statut de droit privé. C'est d'ailleurs l'avis exprimé par la Cour des comptes qui, dans son rapport public 2000, estimait à propos de la recherche médicale qu'il serait plus approprié de redonner aux établissements publics de recherche la souplesse de gestion qui leur fait aujourd'hui cruellement défaut. »

En ce qui concerne le projet de synchrotron DIAMOND, un arrangement a été signé entre les ministres de la recherche français et britannique au début de l'année 2001. Cet arrangement ne comporte aucune clause financière et une décision ne sera prise qu'une fois l'avant-projet définitif de DIAMOND achevé, soit en avril 2002.

Les problèmes liés aux sources de neutrons vont prendre une importance particulière dans les prochains mois. En effet, la convention intergouvernementale France/Allemagne/Grande-Bretagne qui vient à expiration en 2003, doit être renouvelée pour l'Institut Laue-Langevin situé à Grenoble. Il s'agit, d'une part, de savoir si la Grande-Bretagne, qui avait réduit unilatéralement sa participation de 33% à 25%, reviendra à sa participation initiale. D'autre part, une utilisation rationnelle de cette installation conduit à renouveler les guides et les instruments, dont beaucoup datent de trente ans. Une telle rénovation de l'ILL permettrait d'améliorer considérablement ses performances et conserverait sa compétitivité par rapport à un projet américain, en cours de construction, qui sera livré en 2006. Le coût de la rénovation, dans sa version maximale, est de 88,42 millions d'euros (580 millions de francs) sur dix ans, ce qui correspondrait à une contribution de 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) par an pour la France en plus du budget habituel. A plus long terme, à l'horizon 2015, l'Europe doit se doter d'une source de spallation (European Spallation Source), deux fois plus puissante que la source américaine. Les discussions pour la définition de cette source sont en cours.

On trouvera ci-après la contribution financière du CNRS, aux très grands équipements en 2000 et 2001.

PARTICIPATION DU CRNS AUX TRÈS GRANDS ÉQUIPEMENTS SCIENTIFIQUES (AP)

(en millions d'euros)

 

2001

2002 (1)

ESRF

9,86

10,09

LURE

5,49

3,48

SOLEIL

3,05(2)

2,16

ILL

10,21

10,82

LLB ORPHEE

4,70

5,00

Total sources neutrons et rayonnement synchrotron

33,31

31,55

CHF

2,79

2,79

IRAM

5,64

5,64

ODP

1,85

1,98

Total astronomie et sciences de la planète

10,28

10,41

GANIL

4,21

4,19

LHC

7,21

7,09

Total physique nucléaire et corpusculaire

11,42

11,28

VIRGO / EGO

5,39

3,09

Total très grands équipements

60,40

56,33

(1) Données non définitives (programmation en cours d'élaboration dans le cadre du budget 2002 du CNRS).

(2) Ne figurant pas dans le budget primitif 2001 de l'établissement.

ÉVOLUTION DES DOTATIONS EN CP 1998-2002

(en millions d'euros)

 

LFI 1998

LFI 1999

LFI 2000

LFI 2001

PLF 2002

EPST

3.350,537

3.424,505

3.471,370

3.518,219

3.567,309

· INRA

522,116

533,653

542,899

550,283

553,268

· CEMAGREF

35,986

37,522

38,533

40,542

41,317

· INRETS

32,747

33,399

34,293

34,842

35,562

· LCPC

31,282

41,185

41,941

42,310

41,876

· INRIA

73,215

75,278

78,327

87,607

96,946

· CNRS

2.091,866

2.124,959

2.148,238

2.153,673

2.172,067

· INSERM

390,753

403,630

411,030

430,062

445,635

· INED

13,025

13,298

13,598

13,952

14,318

· IRD

157,219

160,457

162,511

164,948

166,320

· Réserve emplois

2,328

1,124

-

-

-

EPIC

2.147,194

2.111,136

2.006,697

2.014,354

2.015,696

· IFREMER

146,276

144,663

141,934

146,457

151,704

· CIRAD

107,393

109,444

112,362

113,606

116,060

· ADEME

28,787

28,120

28,008

27,334

26,648

· BRGM

50,994

51,778

52,139

52,452

52,665

· IFRTP

13,855

13,372

13,532

16,012

16,513

· CNES (hors crédits défense)

1.305,726

1.255,418

1.139,557

1.152,515

1.152,515

· CEA (hors crédits industrie)

494,163

508,341

519,165

505,978

499,591

INSTITUTIONS DE RECHERCHE

109,476

110,695

111,967

109,149

110,685

· Institut Pasteur de Paris

50,523

50,523

51,441

52,051

52,985

· Instituts Pasteur du réseau international

7,165

7,165

7,235

7,693

7,993

· Institut Pasteur de Lille

5,889

5,889

6,077

6,260

6,412

· Institut Curie

5,612

5,612

5,673

5,795

5,945

· CEPH

4,461

4,461

4,496

-

-

· Autres centres anti-cancéreux

0,305

0,305

0,305

0,305

0,305

· Autres institutions de recherche

0,305

0,305

0,305

0,305

0,305

· ANRS

35,216

36,435

36,435

36,740

36,740

INVERVENTIONS

463,043

453,310

486,807

510,019

519,687

· CNER

-

0,687

0,687

0,687

0,687

· Moyens des services

23,249

-

-

8,385

8,537

· Actions d'incitation

18,869

19,460

26,453

32,929

33,018

· Formation à et par la recherche

262,212

266,786

266,024

246,205

255,176

· Information et culture scientifique

7,666

7,318

5,368

2,515

1,220

· FRT

120,557

110,516

102,141

109,840

106,714

· FANS

30,490

48,543

86,134

109,458

114,335

FASCICULE « RECHERCHE »

6.070,250

6.099,646

6.076,841

6.151,741

6.213,377

II.- UNE RECHERCHE EN PRISE SUR QUELQUES GRANDS PROBLÈMES DE SOCIÉTÉ

En 2002, les recherches sur l'environnement disposent de près de 1.445 millions d'euros (9.478,58millions de francs) et représentent désormais le deuxième poste de dépenses du BCRD (16%). Elles augmentent de 3,3% par rapport à 2001.

Toutefois ces dépenses sont très dispersées, d'autant que la définition scientifique des problématiques relevant de l'environnement varie avec le temps et les modes d'approche. Un agrégat comme celui de l'environnement et du développement durable, de plus en plus utilisé, illustre la difficulté qu'il peut y avoir à cerner exclusivement sa composante budgétaire. On voit cependant se mettre en place un certain nombre de structures, tel que le Conseil de la recherche sur le changement climatique et le développement durable qui devraient permettre un meilleur suivi des stratégies et des actions mises en place.

Dans le même ordre d'idée, le ministère a mis en place le réseau de recherche et d'innovation technologiques « Eau et technologies de l'environnement » en liaison avec le ministère de l'Economie et le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'environnement. L'objectif principal de ce réseau est de créer des partenariats entre la recherche publique, les industriels et les gestionnaires et maîtres d'ouvrages locaux, afin d'améliorer la qualité et le traitement de l'eau.

La recherche publique est également impliquée dans la lutte contre les pollutions marines accidentelles et les conséquences écologiques sur le littoral, dans le cadre du réseau créé le 19 avril 2001et dont les objectifs sont la prévention et la remédiation.

L'IFREMER et l'Université de Bretagne Occidentale se sont regroupés pour constituer la cellule d'animation scientifique et technique de ce réseau, qui sera implantée à Brest. Le champ d'action du réseau débute à la source de la pollution (naufrage, déballastage...) et porte, d'une part, sur le repérage, la caractérisation, le suivi des nappes de polluants, leur récupération et leur traitement, et d'autre part sur la protection et la réhabilitation des écosystèmes littoraux et marins. Ce réseau traitera des pollutions par hydrocarbures, mais aussi des pollutions chimiques ou par déchets.

Des programmes spécifiques à la sécurité alimentaire ont également vu le jour récemment, avec la participation de la direction de la technologie du ministère. Le programme « aliment, qualité, sécurité » est financé à hauteur de 2,3 millions d'euros (15,09 millions de francs). Il soutient trois axes principaux de recherche, la sécurité microbiologique et chimique des aliments, la sécurité des procédés de transformation industrielle et l'intégration par les filières de production et de transformation des questions de sécurité finale des aliments.

Le programme PREVIUS, mené en collaboration avec le ministère de l'agriculture et de la pêche, est l'une des actions-clés du nouveau réseau « Alimentation Référence Europe ». Il est entièrement consacré à la microbiologie prévisionnelle et a pour objectif la construction d'un outil informatique générique permettant de prévenir la présence et l'évolution des micro organismes nuisibles dans les aliments. Son financement devrait s'élever à 1,4 million d'euros (9,18 millions de francs).

Il faut également rappeler l'important programme de recherche conduit dans le cadre du groupement d'intérêt scientifique « Infections à prions » qui associe l'INRA, l'INSERM, le CEA, le CNRS, et l'Agence française de sécurité des aliments. Le montant annuel des crédits alloués initialement de 11 millions d'euros (72,16 millions de francs), vient d'être augmenté d'une dotation complémentaire de 21 millions d'euros (137,75 millions de francs).

L'action du ministère de la recherche « encéphalopathies spongiformes » intègre également une composante sécurité alimentaire, complémentaire des actions développées sur cette question.

Enfin la recherche d'un vaccin contre le sida bénéficie d'un effort particulier. L'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) voit sa dotation reconduite en 2002 (36,74 millions d'euros [241,00 millions de francs]), et l'effort de recherche mené conjointement avec l'INSERM et le CNRS s'élève à 51,22 millions d'euros (336 millions de francs). Une dizaine de préparations vaccinales sont en phase d'études.

Le transfert des résultats de la recherche fondamentale vers l'industrie peut s'effectuer de deux manières :

- la coopération entre entreprises et laboratoires publics sur des projets communs ;

- la création d'entreprises à partir de la recherche.

La première de ces voies a été favorisée par le montage de réseaux de recherche et d'innovation technologiques, principalement dans les domaines des sciences du vivant, des sciences et technologies de l'information et de l'environnement. Ces réseaux sont aujourd'hui au nombre de quinze et mobilisent plus de la moitié des financements du FRT (96,04 millions d'euros [630 millions de francs]). Par ailleurs, la création, en cours, de quinze centres nationaux de recherche technologique permettra en différents lieux du territoire, de renforcer les partenariats recherche publique/entreprises sur des thématiques précises. L'émergence, depuis deux ans, d'équipes de recherche technologiques, que le ministère constitue dans le cadre des contrats quadriennaux, participe aussi à cette action.

La création d'entreprises est l'objet de beaucoup d'attention de la part du ministère. Le lancement simultané, en 1999, de la loi sur l'innovation et la recherche, de l'appel à propositions « incubateurs-fonds d'amorçage », du concours national de création d'entreprises technologiques innovantes (30,49 millions d'euros [200 millions de francs]) et d'actions en faveur de la formation à l'entrepreneuriat illustre cette volonté. Les organismes de recherche et les universités sont appelés à participer plus fortement à ces créations d'entreprises.

Mais, ces actions nécessitent une meilleure organisation de la valorisation dans les établissements et la mise en place, en leur sein, de services d'activités industrielles et commerciales en application de la loi sur l'innovation et la recherche, tarde à venir. D'autre part, une charte de la propriété intellectuelle a été proposée afin de doter les établissements publics de règles claires applicables dans les contrats qu'ils passent avec les entreprises.

Dans le développement de projets d'innovation, l'ANVAR joue un rôle essentiel. L'Agence finance et accompagne la mise au point de produits, procédés ou services nouveaux depuis la faisabilité du projet, jusqu'à la préparation du lancement industriel.

En 2000, les interventions de l'Agence ont permis de soutenir 1.377 projets en phase de faisabilité et de développement et d'allouer 1.047 aides au recrutement et à l'innovation, visant la mise au point de produits, procédés ou services nouveaux, pour un montant total d'aide de 191 millions d'euros (1.250 millions de francs). L'ANVAR a choisi d'équilibrer ses actions entre les secteurs des nouvelles technologies de l'information et de la communication, jusqu'ici en pleine expansion, et les secteurs classiques.

Les projets soutenus concernent pour 58,5% le secteur de la nouvelle économie (sciences de la vie pour 27,5%, technologies de l'information pour 31% et pour 37% les secteurs de l'économie traditionnelle (industrie de base, équipements et biens de consommation).

En 2000, le soutien en faveur des jeunes entreprises, de moins de trois ans, a enregistré une progression de 45% en montant (89,9 millions d'euros en 2000, contre 59,84 millions d'euros en 1999, soit 589,71 millions de francs en 2000 contre 392,52 millions de francs en 1999) et de 50% en nombre (près de 1.202 en 2000 contre 800 en 1999). Une action en direction des créateurs d'entreprises innovantes a été menée avec la participation active de l'ANVAR à la gestion du concours national à la création d'entreprises innovantes, lancé par le ministère .

Le transfert de technologies constitue un facteur clé d'innovation et de compétitivité en permettant aux PME de développer des produits ou procédés nouveaux, susceptibles de dégager une forte valeur ajoutée. L'aide de l'ANVAR est là aussi déterminante et concerne tous les acteurs du transfert : les PME qui souhaitent acquérir ou céder une technologie, les laboratoires publics ou privés qui désirent trouver des partenaires industriels pour développer leurs travaux ou les structures intermédiaires (entreprises ou laboratoires privés) qui procèdent à des travaux lourds sur les technologies afin de revendre des résultats plus élaborés.

Les structures d'incubation et le capital-amorçage des entreprises technologiques jouent également un rôle important. Afin d'encourager la création d'entreprises innovantes susceptibles de valoriser le potentiel de recherche des laboratoires publics, le ministère de l'Education nationale, de la recherche de la technologie et le ministère de l'Economie ont lancé, en mars 1999, vers les établissements d'enseignement supérieur, les organismes de recherche, les professionnels de l'accompagnement des entreprises et les professionnels du capital-risque un appel à projets « Incubation et capital-amorçage des entreprises technologiques ».

Dans sa partie « incubation », l'appel à projets vise à susciter la mise en place de nouvelles structures d'incubation émanant d'établissements d'enseignement supérieur ou de recherche. Le ministère encourage ainsi les projets nouveaux organisés en partenariat entre plusieurs établissements et bénéficiant du concours des collectivités locales . L'incubateur offre aux entreprises un appui en matière de formation, de conseil et de financement, et les héberge jusqu'à ce qu'ils trouvent leur place dans une pépinière d'entreprises ou des locaux industriels. Le volet « amorçage » vise à apporter aux établissements d'enseignement supérieur et de recherche les moyens de faire des avances en capital pour la constitution, avec des partenaires publics et privés, des fonds d'investissement dans des entreprises en création.

L'appel à projets a connu un réel succès. Doté initialement de 30,49 millions d'euros (200 millions de francs), moitié pour les incubateurs et moitié pour les fonds d'amorçage, ce budget, en raison du nombre important de projets présentés, a été porté à 24,65 millions d'euros (161,7 millions de francs) pour les incubateurs en provenance du Fonds de la recherche technologique du ministère, et à 22,867 millions d'euros (150 millions de francs) pour les fonds d'amorçage, cette dernière enveloppe étant financée par la direction du Trésor.

Fin décembre 2000, soit environ un an et demi après le lancement de l'appel à projets, trente et un projets d'incubateurs ont été sélectionnés. Ils prévoient d'accueillir sur trois ans près de 900 projets de création d'entreprises, soit un potentiel d'au moins 750 créations effectives. En moyenne, une entreprise, ainsi créée, passe de deux à dix emplois dans les deux années qui suivent sa création.

Au 31 mai 2001, 340 projets avaient déjà été accueillis dans les incubateurs, soit près d'un tiers de plus que prévu, dont 94 lauréats du concours création 1999 et 2000. Près de cent entreprises avaient déjà été créées représentant au total plus de 350 emplois. À la même date, les dix fonds d'amorçage sélectionnés ou pris en considération par le comité d'engagement soit trois fonds nationaux thématiques et sept fonds régionaux représentent un montant- cible en capital d'environ 135,34 millions d'euros (887,8 millions de francs) dont 91,61 millions d'euros (600,9 millions de francs) pour les fonds nationaux et 43,74 millions d'euros (286,9 millions de francs) pour les fonds régionaux. L'investissement moyen d'un fonds d'amorçage national thématique est de 1 million d'euros (6,56 millions de francs) et celui d'un fonds d'amorçage régional peut atteindre 0,3 million d'euros (2 millions de francs).

Le ministre de la recherche a présenté le 25 octobre dernier, un plan de gestion prévisionnelle sur dix ans de l'emploi scientifique. Ce plan, vivement attendu avait été réclamé par votre Rapporteur, notamment dans son précédent rapport spécial.

Ce plan englobe la totalité des personnels de recherche des EPST soit en 2002 : 44.772 personnes, dont 17.620 chercheurs et 27.512 ingénieurs, techniciens, administratifs (ITA).

De plus, ce plan décennal (2001-2010) s'articule avec le plan triennal (2001-2003) du ministère de l'Education nationale relatif à l'enseignement supérieur : il repose sur une vision prospective d'ensemble des deux secteurs et vise à créer une vraie complémentarité entre la recherche et l'enseignement supérieur.

Ce plan poursuit cinq objectifs principaux : anticiper dès à présent les départs à la retraite massifs des années 2005-2010, rajeunir l'appareil de recherche publique, réorienter cet appareil en augmentant les effectifs dans les champs disciplinaires prioritaires, renforcer la recherche publique et favoriser la mobilité des personnels de recherche.

D'ici à 2004, les champs disciplinaires considérés comme prioritaires par le ministre demeurent les sciences du vivant, les sciences et technologies de l'information et de la communication (STIC), et l'environnement. Ce dernier secteur, se rapporte plus précisément aux énergies et au développement durable, qui représentent déjà, pour 2002 16 % des moyens alloués à la recherche publique, ainsi que les recherches sur le changement climatique, la biodiversité, la gestion des ressources naturelles. Il mobilise de nombreuses disciplines - sciences naturelles, sciences physiques et chimiques, étude des pollutions et des risques industriels, étude des systèmes écologiques, et mise en cohérence de ces disciplines.

Après 2004, il y aura réexamen, et peut être redéfinition des choix des champs disciplinaires.

S'agissant des ingénieurs et des techniciens, le renforcement du potentiel de recherche aura pour objectif d'accentuer l'accompagnement en ITA des champs disciplinaires prioritaires, mais aussi de réduire les écarts d'encadrement entre les organismes pour les disciplines analogues et de redistribuer certaines fonctions communes vers les laboratoires notamment dans le domaine de la gestion.

Le plan va s'efforcer d'articuler les créations d'emplois de chercheurs prévues dans les EPST, avec les créations d'emplois d'enseignants-chercheurs, de façon à jouer sur la complémentarité des deux institutions.

Les chiffres annoncés sont les suivants : 1.000 créations nettes d'emplois dans les organismes de recherche sont prévues de 2001 à 2004, à la fois pour pouvoir anticiper les départs à la retraite et renforcer la recherche publique soit 500 créations d'emplois de chercheurs et 500 créations d'emplois d'ingénieurs et de techniciens. Ces 1.000 créations d'emplois n'intégreraient pas les créations d'emplois destinés à titulariser les agents précaires, qui interviendront en sus.

Il s'agit donc d'aller très au-delà du simple « lissage » des recrutements et de la simple compensation des départs en retraites. Le plan, qui prévoit également des redéploiements entre les disciplines, doit permettre de renforcer significativement et durablement le potentiel de la recherche publique, qui conservera définitivement 800 emplois nets supplémentaires, au terme du plan décennal.

C'est ainsi que compte tenu des créations d'emplois qui seront probablement effectuées par les établissements d'enseignement supérieur, le potentiel de recherche dans les sciences du vivant devrait s'accroître d'ici à 2004 de plus de 5 % des effectifs. Celui des sciences et technologies de l'information et de la communication devrait progresser de près de 10 % et l'environnement verra ses effectifs de recherche augmenter de 100 postes, essentiellement au travers d'un fléchage de postes au sein des différentes disciplines.

En ce qui concerne les autres disciplines, il est annoncé qu'elles ne perdront pas d'emplois d'ici à 2004, mais que toutes bénéficieront de taux de renouvellement compris entre 4% et 5%. Cette analyse est vivement contestée par des syndicats de personnels de la recherche qui pensent au contraire que l'effort sur les secteurs prioritaires se fait au détriment des disciplines des autres secteurs qui vont voir dans cette politique leurs effectifs de chercheurs et d'ITA baisser.

Ce programme de recrutement, qui devrait être de nature à convaincre les jeunes chercheurs qui se sont expatriés faute de perspectives, de rentrer en France fera l'objet d'un large débat avec la communauté scientifique, notamment sur le thèmes des priorités de recherche pour les dix ans à venir.

CHAPITRE III

L'ESPACE SCIENTIFIQUE EUROPÉEN EN CONSTRUCTION

I.- LA RECHERCHE COMMUNAUTAIRE ET LA PRÉPARATION
DU VIEME PCRD

En l'absence d'une véritable coordination, voire d'une intégration dans la définition des priorités et le développement des infrastructures de recherche, l'Europe risque d'épuiser une partie de ses ressources pour mener à bien des recherches nationales concurrentes.

Votre Rapporteur tient, de plus, à rappeler que face aux 2,6% du produit national brut consacré par les Etats-Unis à la recherche, l'Union européenne ne lui consacre que 1,8% environ de son PNB.

De cette dépense européenne consacrée à la recherche, la part communautaire ne représente que 5%, ce qui est largement insuffisant si l'on considère que les programmes cadres de recherche et développement (PCRD), constituent le principal outil de la politique européenne de recherche.

A côté de ce cadre communautaire, il existe un projet de coordination des programmes nationaux de recherche intitulé « espace européen de la recherche » mais au sein duquel sont privilégiées les approches nationales en l'absence d'une direction politique unitaire.

Aucun pays européen ne pouvant se maintenir seul au meilleur niveau dans la compétition internationale, il est impératif de sortir de cet attentisme et de cette timidité par rapport à ce qu'une politique intégrée de recherche pourrait apporter.

Cette nécessité est devenue plus urgente avec la certitude que les problèmes de sécurité alimentaire, de protection de l'environnement, de recherche sur le vivant (OGM, clonage humain...) ne peuvent trouver de réponse qu'à l'échelle européenne.

La Commission européenne a adopté fin décembre 2000 son rapport annuel sur les activités de recherche et de développement technologique de l'Union européenne. Le document donne le cadre, les orientations et les réalisations d'ensemble de la politique de recherche en 1999 et les perspectives pour 2000. On y trouve également un récapitulatif des activités scientifiques et techniques pour chacun des programmes spécifiques du cinquième programme-cadre de recherche et développement.

La période couverte par ce rapport a été essentiellement marquée par le lancement de ce cinquième PCRD (1998-2002), avec la publication des premiers appels à proposition en mars 1999, et plus de 16.000 propositions soumises dans l'année. Ce nombre comprend une participation importante des pays en phase de pré-adhésion qui sont désormais associés au PCRD. Les actions-clés ont mobilisé 85% des ressources des programmes thématiques et ont permis de lancer des partenariats de recherche de grande taille - la contribution communautaire moyenne étant de 1,7 million d'euros (11,15 million de francs) par projet - avec des synergies importantes entre les projets. Les activités de recherche à caractère générique et de soutien aux infrastructures ont aussi donné lieu à des projets de grande envergure.

Au 31 mars 2000, la Commission avait signé 2.433 contrats (tous types d'actions confondus, c'est-à-dire projets de recherche développement à frais partagés, projets de démonstration, primes exploratoires, soutien aux réseaux, mesures d'accompagnement, etc.), au titre du cinquième PCRD, impliquant 11.580 participants et une contribution financière communautaire totale de 2.522,19 millions d'euros (16.544,48 millions de francs). Pour cet ensemble, la moyenne est de 4,8 participants par projet, trois pays, 1,04 million d'euros d'aide communautaire et une durée de 31 mois.

L'Allemagne compte le plus grand nombre de participants (1.975), suivie par le Royaume-Uni (1.654), la France (1.597) et l'Italie. Au dernier rang figure le Luxembourg (18), précédé par le Portugal (195) et l'Autriche (241). Parmi les pays candidats et pays tiers associés au cinquième PCRD, la Suisse compte 278 participants, la Norvège 209, la Pologne 93, la République tchèque 85 et la Hongrie 73.

Par ailleurs, le cinquième PCRD a intégré une définition harmonisée des petites et moyennes entreprises (PME) qui s'applique désormais à l'ensemble des activités de l'Union européenne. Cette définition limite, par exemple, à 249 le nombre maximum d'employés dans ce cadre au lieu de 499 pour le programme-cadre précédent. Par ailleurs, l'accès des PME au PCRD a été facilité par la mise en place d'un « guichet unique pour les PME ». Ce « guichet », qui a traité plus de 7.000 demandes en 1999, est relayé par un réseau de points de contacts nationaux dans les Etats membres et les Etats associés. En outre, les mesures spécifiques destinées aux PME (primes exploratoires et contrats de recherche coopérative, par lesquels plusieurs PME font réaliser des prestations de recherche par des organismes tiers) ont été étendues à l'intégralité du PCRD. Les PME représentaient, fin mars 2000, 22% des participations aux programmes thématiques. Les contributions financières communautaires aux PME ont dépassé largement le plancher de 10% exigé par le Parlement européen, puisqu'elles représentaient 18,5% des contributions totales. Les demandes de mesures spécifiques destinées aux PME étaient en augmentation de 20% en 1999 par rapport à la première année du précédent PCRD (près de 850 demandes de primes exploratoires, et 150 propositions de recherche coopérative ont été présentées en 1999). Près de 40% des projets ont été retenus et vont permettre à plus de 1.000 PME de participer, souvent pour la première fois, à un projet de recherche international. Dans 80% des cas, il s'agit de PME de moins de 50 personnes. La Commission relève également l'utilisation croissante des mesures spécifiques pour les PME dans le programme thématique « Qualité de la vie ».

La Commission présente également dans son rapport, le lancement, le 18 janvier 2000, de la communication « Vers un espace européen de la recherche », qui suggère un sursaut concerté des responsables politiques et des protagonistes de la recherche à tous les niveaux en Europe, pour combler l'écart entre l'effort scientifique et technique de l'Europe et celui de ses principaux partenaires.

Le projet du VIème PCRD, pour la période 2002-2006, a été proposé par la Commission le 21 février 2001.

La Commission européenne a retenu un budget de 17,5 millions d'euros (114,79 milliards de francs) ce qui représente une hausse de 17% par rapport au cinquième programme-cadre. Les technologies pour la société de l'information et, dans une moindre mesure, la recherche génomique sont les secteurs privilégiés avec, respectivement, 28,1% et 15,6% du budget consacré aux « projets intégrés ». Ce programme devrait également privilégier les projets de grande envergure afin d'éviter la dispersion des efforts. Sans pour autant fixer de seuil, l'objectif est de ne pas dépasser 20.000 projets par an selon le commissaire européen en charge de la recherche, qui a également indiqué que la concentration des efforts, une meilleure coordination avec les programmes nationaux et la mobilité des chercheurs, sont les caractéristiques essentielles de ce nouveau PCRD.

La ventilation du budget consacré à «  l'intégration de la recherche » (12,770 milliards d'euros [83,77 milliards de francs]), se présente comme suit :

- génomique et biotechnologie pour la santé : 2 milliards d'euros (13,12 milliards de francs) ;

- technologies pour la société de l'information : 3,6 milliards d'euros (23,61 milliards de francs) ;

- nanotechnologies, matériaux intelligents, nouveaux procédés de production : 1,3 milliard d'euros (8,53 milliards de francs) ;

- aéronautique et espace : 1 milliard d'euros (6,56 milliards de francs) ;

- sûreté alimentaire et risques pour la santé : 600 millions d'euros (3.935,74 millions de francs) ;

- développement durable et changement planétaire : 1,7 milliard d'euros (11,15 milliards de francs) ;

- citoyens et gouvernance dans la société européenne de la connaissance : 225 millions d'euros (1.475,90 millions de francs).

En outre, une enveloppe de 2,345 milliards d'euros (15,38 milliards de francs) est réservée pour l'anticipation des besoins scientifiques et technologiques de l'Union.

Le deuxième volet du programme s'intitule « structurer l'Espace européen de la recherche ». Son budget s'élève à 3,050 milliards d'euros (20,01 milliards de francs). Il sera consacré à la recherche et l'innovation (300 millions d'euros [1.967,87 millions de francs]), aux ressources humaines (1,8 milliard d'euros [11,81 milliards de francs]), aux infrastructures de recherche (900 millions d'euros [5.903,61 millions de francs]), et à la science et la société (50 millions d'euros [327,98 millions de francs]).

Le troisième volet « renforcer les bases de l'Espace européen de la Recherche » se voit attribué un budget de 450 millions d'euros (2.951,81 millions de francs), ventilé comme suit :

- soutien à la coordination des activités : 400 millions d'euros (2.623,83 millions de francs) ;

- soutien au développement cohérent des politiques : 50 millions d'euros (327,98 millions de francs).

Les trois volets totalisent 16,270 milliards d'euros (106,72 milliards de francs). A ce montant s'ajoute la somme de 1,230 milliards d'euros (8,07 milliards de francs) au titre du programme-cadre Euratom qui comprend, notamment, le traitement et stockage des déchets nucléaires (150 millions d'euros [983,94 millions de francs]) et la fusion thermonucléaire (700 millions d'euros [4.591,70 millions de francs]).

Pour les PME, le programme-cadre actuel fixe à 10% l'objectif de participation. Dans le nouveau programme, cet objectif est porté à 15%. En ce qui concerne l'innovation, l'idée maîtresse du VIème PCRD est d'aider les entreprises et les chercheurs à exploiter les résultats de la recherche et à les traduire dans de nouveaux investissements et la création d'emplois. Des mesures particulières sont prévues en ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle ou encore l'accès au capital-risque et la recherche de partenaires dans d'autres Etats membres.

Cette proposition doit être soumise au Conseil des ministres et au Parlement européen, et adoptée au plus tard en décembre prochain.

II.- LA PROBLÉMATIQUE D'UN BREVET COMMUNAUTAIRE

La question de la création d'un brevet à caractère communautaire est posée depuis bientôt trente ans. Ce sujet est à nouveau, aujourd'hui, en négociation avec la proposition de règlement communautaire (E 1539) en cours d'adoption.

Dans l'Union européenne, la protection par le brevet est actuellement assurée par deux systèmes, dont aucun n'est basé sur un instrument juridique communautaire : les systèmes nationaux de brevets et le système européen des brevets. Les brevets nationaux sont apparus les premiers. Dans les Etats membres de la Communauté européenne, ils ont fait l'objet d'une harmonisation de facto. Tout d'abord, tous les Etats membres sont parties tant à la Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle du 20 mars 1883 (révisée en dernier lieu le 14.7.1967) qu'à l'accord du 15 avril 1994 sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (dénommé l'«accord ADPIC»). Plusieurs Etats membres sont également parties à la Convention du Conseil de l'Europe sur l'unification de certains éléments du droit des brevets d'invention du 27 novembre 1963.

L'idée du brevet communautaire remonte aux années soixante. A cette époque, des réflexions furent entamées pour créer un système des brevets valable pour toute la Communauté européenne naissante. Mais il est apparu assez vite que cette démarche ne pouvait pas se concrétiser dans un cadre strictement communautaire. C'est ainsi que cette initiative a finalement abouti à la signature, le 5 octobre 1973, de la convention sur la délivrance de brevets européens (dite «convention de Munich») à laquelle tous les Etats membres ont progressivement adhéré.

La convention de Munich relève du droit conventionnel classique entre Etats et ne fait pas partie de l'ordre juridique communautaire. La convention de Munich institue une Organisation européenne des brevets dont les organes sont l'Office européen des brevets et le Conseil d'administration. Elle établit une procédure unique de délivrance des brevets. Cette tâche a été confiée à l'Office européen des brevets. Or, une fois que le brevet européen est délivré, il devient un brevet national et est soumis aux règles nationales des Etats contractants désignés dans la demande. A l'heure actuelle, dix-neuf pays sont membres de l'Organisation européenne des brevets. Outre les Etats membres de la Communauté européenne, sont membres la Suisse, le Liechtenstein, Monaco, Chypre et, dans un futur proche, la Turquie.

Un nouveau titre unitaire de propriété industrielle, le brevet communautaire s'avère donc indispensable pour éliminer les distorsions de concurrence pouvant résulter de la territorialité des titres nationaux de protection et pour assurer la libre circulation des marchandises protégées par des brevets et pour stimuler la valorisation économique du potentiel scientifique européen.

On constate en effet, en Europe comme en France, une certaine indifférence des chercheurs à la valorisation économique de leurs travaux et l'absence de « réflexe brevet » de la part des entreprises.

La création d'un titre communautaire de brevet leur permettrait d'adapter aux dimensions européennes leurs activités de production et de distribution des produits. Il représente un pas important pour l'accélération de la valorisation de la recherche européenne et sa traduction en succès industriels et commerciaux tout en stimulant les investissements privés consacrés à la recherche, actuellement très inférieurs dans l'Union européenne par rapport aux Etats-Unis et au Japon. Le système du brevet communautaire devrait coexister avec les systèmes de brevets nationaux et de brevets européens. Les inventeurs resteront libres de choisir le mode de protection de brevet qui leur convient le mieux.

Le futur brevet communautaire aura un caractère unitaire, c'est-à-dire qu'il produira les mêmes effets dans l'ensemble des pays de la Communauté. Il ne pourra être délivré, transféré, annulé ou s'éteindre que pour l'ensemble de la Communauté afin de remédier aux inconvénients de la convention de Munich. La sécurité juridique du brevet communautaire exige également la communautarisation concomitante du système judiciaire en ce qui concerne les questions de validité des brevets et la contrefaçon.

La proposition tend également à instaurer une procédure centralisée et unique au niveau européen, pour le dépôt et l'examen des demandes, puis pour la délivrance et l'entrée en vigueur des brevets.

La question linguistique pose cependant un problème délicat : le coût que représenterait la traduction obligatoire du brevet communautaire dans les dix langues officielles de l'Union européenne serait rédhibitoire et mettrait en péril l'existence même d'un brevet communautaire. La limitation des traductions aux trois langues officielles de l'Office européen des brevets (anglais, français allemand), constituerait un compromis acceptable du point de vue du coût des traductions. C'est la solution retenue dans la proposition de règlement. Le brevet communautaire serait ainsi délivré et publié dans une des trois langues officielles et une traduction de ses revendications qui définissent l'étendue de la protection, serait obligatoire dans les deux autres langues.

Mais telle ne semble pas être la position de certains Etats membres qui remettent en cause le régime à trois langues et privilégient le système de brevet communautaire à langue unique l'anglais.

Par ailleurs, votre Rapporteur souligne que la proposition de règlement ne règle pas de manière satisfaisante le problème de la brevetabilité des logiciels et de la non brevetabilité du vivant qui font l'objet d'appréciations divergentes selon les Etats membres. En précisant que pour la brevetabilité du vivant, il ne s'agit pas d'un problème d'harmonisation d'appréciations divergentes en Europe mais bien de l'arrêt et de l'interdiction de la prise de brevets sur les éléments du corps humain. Il faut sur ce point se réjouir de ce que le projet de loi de transposition de la directive européenne sur la « brevetabilité des inventions biotechnologiques », présenté en conseil des ministres le 31 octobre dernier, ait supprimé l'article qui précise à quelles conditions un brevet peut être pris à partir de travaux sur le génome. Cet article est en effet contraire aux principes éthiques reconnus par la France en matière de brevet du vivant.

La base juridique de la proposition de règlement sur le brevet communautaire est l'article 308 du traité CE, ce qui signifie que le Conseil doit statuer à l'unanimité, après consultation du Parlement européen.

Cette contrainte peut faire craindre un retard dans le calendrier d'adoption qui prévoyait initialement une décision définitive à la fin de l'année 2001.

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En conclusion, votre Rapporteur tient à indiquer qu'il a interrogé le ministère sur les conséquences prévisibles, concernant le fonctionnement du budget de la recherche, de la mise en _uvre de la loi organique relative aux lois de finances du 1er août 2001 qui dispose à l'article 7 que « les crédits ouverts pour couvrir chacune des charges budgétaires de l'Etat, sont regroupés par mission relevant d'un ou plusieurs services d'un ou plusieurs ministères ». La réponse du ministère est la suivante :

« Ce nouveau cadre budgétaire appelle quelques observations qui serviront de bases de réflexion au groupe de travail qui sera constitué par le ministère de la recherche et chargé, en concertation avec la représentation nationale et les autres départements ministériels, de la mise en _uvre de cette réforme, applicable au 1er janvier 2005.

Les modalités de budgétisation des subventions accordées aux établissements publics (les établissements à caractère scientifique et technologique [EPST] notamment), pour lesquels une subvention pour dépenses de personnel est aujourd'hui clairement identifiée et dissociée de la subvention de fonctionnement, présentent une difficulté au regard de la typologie des charges budgétaires de l'Etat (article 5) puisqu'elles semblent relever du titre des dépenses de fonctionnement (titre III) en tant que subventions pour charges de service public. La prise en compte ou non des emplois des établissements publics (ou des seuls EPST) dans le plafond des autorisations d'emplois rémunérés par l'Etat constitue une question connexe.

S'agissant des reports de crédits, le report des crédits de paiement (CP) de dépenses de personnel est possible alors que celui des autorisations d'engagement (AE) est exclu (article 15) ; ce dispositif apparaît contradictoire avec l'égalité de principe posée entre le montant des AE et des CP ouverts pour les dépenses de personnel (sauf à admettre que les CP reportés à partir du titre II ne peuvent être engagés que sur un autre titre).

Enfin, la transposition du budget civil de recherche et de développement technologique (BCRD) dans le nouveau cadre budgétaire demeure une question essentielle, tant aux niveaux de sa prévision, de son instruction et de son compte rendu d'exécution. Outil de pilotage de la recherche publique créé par la loi du 15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique, le BCRD se présente aujourd'hui comme un ensemble de chapitres et articles qui retracent, dans les différents fascicules de budget de l'Etat, l'effort civil de recherche des ministères.

La définition des missions et programmes (et des indicateurs associés) du ministère de la recherche constitue le principal chantier à ouvrir pour l'application de la réforme. Deux scénarios - non exclusifs - décomposant le budget de la recherche en deux programmes semblent pouvoir, à ce stade, être privilégiés : une mission « recherche » et une mission « technologie » (chacune étant dotée de programmes comportant des organismes de recherche, un fonds national d'intervention - FNS et FRT - et des actions d'incitation directes) ou une mission « organismes de recherche » et une mission « actions d'incitation et fonds d'intervention » (soit les actuels agrégats du fascicule « recherche ») ».

EXAMEN EN COMMISSION

Au cours de sa séance du 7 novembre 2001, la Commission a examiné les crédits de la Recherche.

Après l'exposé de votre Rapporteur spécial, M. Christian Cuvilliez, un débat a suivi

M. Pierre Forgues s'est étonné de la présentation faiblement enthousiaste de ce budget par le Rapporteur spécial, alors que, si les crédits de la Recherche n'ont progressé que de 0,9% entre 1993 et 1997, ils évoluent beaucoup plus vite depuis, considérant que la hausse de 5% de l'allocation de recherche n'est pas négligeable. Il a demandé si les crédits en stagnation annoncés pour le CNES et la part qui sera reversée à l'Agence spatiale européenne, allaient permettre de renforcer le programme Ariane 5.

M. Yves Tavernier, Président, a demandé si, s'agissant du FRT, la non-couverture des autorisations de programme par des crédits de paiement constatée par le passé, perdurait.

En réponse, votre Rapporteur spécial a apporté les précisions suivantes :

- les crédits publics alloués à la Recherche ont été très dynamiques jusqu'en 1980, puis ont régressé relativement jusqu'en 1997. Si en 2001 et 2002, on constate un redémarrage, il n'est pas suffisant pour combler les retards accumulés. S'agissant des bourses de Recherche, l'augmentation par bénéficiaires n'est que de 60,98 euros (400 francs), ce qui est assez faible ;

- les crédits alloués au CNES, comme au CEA, stagnent au motif qu'ils ont bénéficié de surdotations au cours des années antérieures. Toutefois, le financement des programmes du CNES et d'Ariane 5 ne devrait pas être menacé ;

- la couverture en crédits de paiement des autorisations de programme ouvertes aux fonds d'intervention a été réalisée en 2000.

La Commission a ensuite adopté, sur la proposition du Rapporteur spécial, les crédits de la Recherche et vous demande d'émettre un avis favorable à leur adoption.

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N° 3320-37 .- Rapport de M.Cuvilliez rapporteur spécial de la commission des finances sur le projet de loi de finances pour 2002 - recherche.


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© Assemblée nationale

() Le rôle des TGE dans la recherche publique et privée en France et en Europe. Par MM. Christian Cuvilliez et René Trégouët n° 2821, XIe législature (Assemblée nationale).

() L'exécution de la RD correspond aux budgets qui sont effectivement dépensés par les laboratoires publics ou les entreprises, quelle que soit la provenance des financements.

() Etablissement public à caractère scientifique et technologique.

() Etablissement public à caractère industriel et commercial.

() Etudes économiques de l'OCDE 1998-1999, Politiques structurelles, Recherches et innovation en France.

() Institut de recherche sur le développement.

() Institut national d'études démographiques.

() Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité.

(1) Institut national de recherche en informatique et en automatique.

() Satellites de météorologie et de cartographie.