N° 1116

______

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

ONZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 8 octobre 1998.

AVIS

PRÉSENTÉ

AU NOM DE LA COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES (1) SUR LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n° 1078),

TOME VIII
ÉCONOMIE, FINANCES et INDUSTRIE
POSTE et TÉLÉCOMMUNICATIONS

PAR M. GABRIEL MONTCHARMONT,

Député.

——

(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.

Voir le numéro : 1111 (annexe 15)

Lois de finances.

La commission de la production et des échanges est composée de : M. André Lajoinie, président ; MM. Jean-Paul Charié, Jean-Pierre Defontaine, Pierre Ducout, Jean Proriol, vice-présidents ; MM. Léonce Deprez, Christian Jacob, Daniel Paul, Patrick Rimbert, secrétaires ; MM. Jean-Pierre Abelin, Jean-Claude Abrioux, Stéphane Alaize, Damien Alary, André Angot, François Asensi, Jean-Marie Aubron, Pierre Aubry, Jean Auclair, Jean-Pierre Balduyck, Jacques Bascou, Mme Sylvia Bassot, MM. Christian Bataille, Jean Besson, Gilbert Biessy, Claude Billard, Claude Birraux, Jean-Pierre Blazy, Serge Blisko, Jean-Claude Bois, Daniel Boisserie, Franck Borotra, Christian Bourquin, Mme Danièle Bousquet, MM. François Brottes, Marcel Cabiddu, Alain Cacheux, Dominique Caillaud, André Capet, Laurent Cathala, Jean-Paul Chanteguet, Jean Charroppin, Philippe Chaulet, Jean-Claude Chazal, Daniel Chevallier, Pierre Cohen, Alain Cousin, Yves Coussain, Jean-Michel Couve, Jean-Claude Daniel, Marc-Philippe Daubresse, Philippe Decaudin, Jacques Desallangre, Eric Doligé, François Dosé, Jean-Pierre Dufau, Marc Dumoulin, Dominique Dupilet, Philippe Duron, Jean-Claude Etienne, Laurent Fabius, Alain Fabre-Pujol, Albert Facon, Alain Ferry, Jean-Jacques Filleul, Jacques Fleury, Nicolas Forissier, Roland Francisci, Claude Gaillard, Robert Galley, Claude Gatignol, André Godin, Alain Gouriou, Joël Goyheneix, Michel Grégoire, Gérard Grignon, Hubert Grimault, Lucien Guichon, Gérard Hamel, Patrick Herr, Claude Hoarau, Robert Honde, Claude Jacquot, Mme Janine Jambu, MM. Aimé Kergueris, Jean Launay, Thierry Lazaro, Patrick Lemasle, Jean-Claude Lemoine, Jacques Le Nay, Jean-Claude Lenoir, Arnaud Lepercq, René Leroux, Roger Lestas, Alain Le Vern, Félix Leyzour, Michel Liebgott, Lionnel Luca, Jean-Michel Marchand, Daniel Marcovitch, Alfred Marie-Jeanne, Alain Marleix, Daniel Marsin, Philippe Martin, Jacques Masdeu-Arus, Roger Meï, Roland Metzinger, Pierre Micaux, Yvon Montané, Gabriel Montcharmont, Jean-Marie Morisset, Bernard Nayral, Jean-Paul Nunzi, Patrick Ollier, Joseph Parrenin, Paul Patriarche, François Patriat, Germinal Peiro, Jacques Pélissard, Mmes Marie-Françoise Pérol-Dumont, Annette Peulvast-Bergeal, MM. Serge Poignant, Bernard Pons, Jacques Rebillard, Jean-Luc Reitzer, Gérard Revol, Mme Marie-Line Reynaud, M. Jean Rigaud, Mme Michèle Rivasi, MM. Jean Roatta, André Santini, Joël Sarlot, Mme Odile Saugues, MM. François Sauvadet, Bernard Schreiner, Jean-Claude Thomas, Léon Vachet, Daniel Vachez, François Vannson, Michel Vaxès, Michel Vergnier, Alain Veyret, Gérard Voisin, Roland Vuillaume.

INTRODUCTION 5

I.— LE PROJET DE BUDGET POUR 1999 7

A.— LES ADMINISTRATIONS CHARGÉES DES POSTES ET TÉLÉCOM-MUNICATIONS 10

1. La direction des postes et télécommunications (DPT) 10

2. L’Autorité de régulation des télécommunications (ART) 11

3. L’Agence nationale des fréquences (ANF) 13

B.— L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DES TÉLÉCOMMUNICATIONS 19

1. L’organisation de l’enseignement supérieur des télécommunications 19

2. Les moyens budgétaires 21

C.— LES AUTOROUTES DE L’INFORMATION : DES MOYENS ACCRUS 23

II.— L'ÉTAT ET LE SERVICE PUBLIC DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS 27

A.— LA POLITIQUE DES PERSONNELS 27

1. L’emploi à La Poste 27

2. La politique du personnel de France Télécom 29

3. Les charges de pensions 31

a) Le système applicable aux charges sociales acquittées par France Télécom 33

b) Les avancées du contrat d’objectifs et de progrès conclu avec La Poste 34

B.— LE FINANCEMENT DU SERVICE PUBLIC DES TÉLÉCOMMUNICATIONS 35

C.— L’INTERCONNEXION ENTRE RÉSEAUX 39

III.— LA POSTE 41

A.— LES RÉSULTATS POUR 1997 ET LES PRÉVISIONS POUR 1998 41

1. La politique tarifaire face à l’ouverture à la concurrence 41

2. L'endettement 43

3. L'investissement 44

4. Les résultats de l’activité en 1997 45

a) L’activité courrier 45

b) Les services financiers 46

5. Les résultats attendus pour 1998 50

B.— LES RELATIONS FINANCIÈRES ENTRE L’ÉTAT ET LA POSTE 50

1. Le financement des missions exercées par la Poste 51

a) l'aide au transport postal de la presse écrite 51

b) La rémunération des fonds des comptes chèques postaux 54

c) La rémunération de la gestion des fonds recueillis par La Poste au titre des livrets A et B de la Caisse nationale d'épargne 55

d) La rémunération des autres fonds gérés par La Poste pour le compte de la Caisse nationale d'épargne 56

2. La fiscalité 56

C.— PRÉPARER LA POSTE À L’OUVERTURE DE LA CONCURRENCE EN EUROPE 58

1. La directive du 15 décembre 1997 58

2. La libéralisation européenne menace objectivement l’activité de La Poste 59

3. Une transposition rapide de la directive est indispensable 62

IV.— FRANCE TÉLÉCOM ET L’ÉVOLUTION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS 64

A.— LES RÉSULTATS DE FRANCE TÉLÉCOM 64

1. L'évolution du chiffre d'affaires et des tarifs téléphoniques 64

2. Les dépenses de recherche et développement 67

3. L'endettement 68

B.— LES RELATIONS FINANCIÈRES ENTRE L’ÉTAT ET FRANCE TELECOM 69

1. La fiscalité et les conséquences financières de la transformation en entreprise nationale 69

2. L’apurement du dossier des créances impayées de l’Etat 73

C.— ÉVALUER L’IMPACT DE LA LIBÉRALISATION DU SECTEUR DES TÉLÉCOMMUNICATIONS 75

TRAVAUX DE LA COMMISSION 77

I.— AUDITION DU SECRÉTAIRE D’ETAT 77

II.— AUDITION DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION SUPÉRIEURE DU SERVICE PUBLIC DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS 85

MESDAMES, MESSIEURS,

L’année 1999 sera marquée par l’entrée en vigueur de la directive du Parlement et du Conseil du 15 décembre 1997, concernant les règles communes pour le développement du marché intérieur des services postaux et l’amélioration de la qualité du service. Celle-ci doit être transposée en droit interne au plus tard le 10 février 1999. Sans ouvrir complètement à la concurrence le secteur postal, cette directive en redessine le paysage et impose à La Poste et ses agents de s’adapter sous peine de disparaître peu à peu des marchés rentables. Le projet de loi de finances pour 1999 fournit à l’exploitant public les premiers éléments financiers pour garantir sa pérennité : stabilisation de la charge en francs constants supportée par La Poste pour les retraites des agents de l’administration postale et stabilisation de la contribution de l’Etat au transport postal de la presse. Ces éléments figurent dans le contrat d’objectifs et de progrès conclu par l’Etat et La Poste le 25 juin 1998.

L’étude de La Poste et des ses relations financières avec l’Etat doit donc se placer, en priorité, cette année, dans la perspective de cette ouverture à la concurrence.

En matière de télécommunications, la commission de la production et des échanges a mis en place une mission d’information sur l’application de la loi de réglementation des télécommunications, présidée par M. Jacques Rebillard et dont votre rapporteur pour avis est le rapporteur, afin d’analyser notamment les modalités d’ouverture à la concurrence et de régulation du marché, la qualité du service public prévu par la loi et les nouvelles modalités de gestion des infrastructures, de la recherche, des fréquences et des servitudes et redevances d’accès au domaine public et afin d’étudier si le dispositif retenu permet de satisfaire les besoins de la société et l’intérêt général. Elle devrait remettre son rapport au printemps prochain.

L’emploi doit également être au cœur des débats de l’année 1999, au travers de la mise en œuvre de la loi sur les 35 heures (la réduction – aménagement du temps de travail n’ayant un sens que si l’emploi est amélioré) et la lutte contre la précarité.

Cette préoccupation concerne également les deux entreprises que sont La Poste et France Télécom même si leur situation à l’égard de la loi est différente, La Poste se trouvant privée des aides de l’Etat accordées à France Télécom. Il est nécessaire que ces deux entreprises s’engagent résolument dans la réduction du temps de travail afin de contribuer à la politique de lutte contre le chômage. Les négociations sur ce thème s’engagent tant à La Poste qu’à France Télécom. La difficulté réelle de l’exercice, en raison de la diversité des métiers et des situations, ne doit pas faire perdre de vue l’objectif final de lutte contre le chômage.

La qualité et pérennité du service public de la poste et des télécommunications sont une des préoccupations essentielles de la représentation nationale. Si le service public est globalement bien assuré par des agents qui ont à cœur de bien remplir cette mission, l’horizon n’est cependant pas sans nuages. La question de la présence postale en milieu rural et la volonté de redéploiement du parc des cabines téléphoniques témoignent de la tension à laquelle est soumise l’obligation de service public par les deux exploitants, confrontés l’un et l’autre à une concurrence qui se durcit.

L’année 1998 est marquée par la conclusion du contrat d’objectifs et de progrès entre l’Etat et La Poste. Ce contrat marque une étape importante dans la prise de conscience par l’Etat du contexte concurrentiel dans lequel se trouve l’exploitant public. C’est, pour nous, l’expression d’une volonté ferme de défense du service public et de ses valeurs de cohésion sociale.

Tout budget laisse toujours une impression d’inachevé et celui-ci n’échappe pas à la règle. Cependant, l’augmentation des crédits, supérieure à l’inflation, et leur ventilation montrent que ce budget, certes modeste, contribue à préparer l’avenir.

I.— LE PROJET DE BUDGET POUR 1999

Les crédits des postes et télécommunications pour 1998 avaient été marqués par un fort accroissement des engagements de l’Etat dans le secteur des télécommunications : les dotations allouées à l’Autorité de régulation des télécommunications (ART), à l’Agence nationale des fréquences (ANF) et au Groupement des écoles de télécommunications (GET) avaient augmenté respectivement de 26 %, 10 % et 6,8 %. Cet arbitrage marquait la volonté du Gouvernement et du Parlement d’affirmer le rôle de l’Etat dans ce secteur par l’exercice des missions régaliennes qui lui ont été dévolues en application de la loi du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications, par la conduite d’une régulation équilibrée du marché et par la recherche d’un développement d’une offre satisfaisant les besoins de la société et garantissant la fourniture d’un service public de qualité. Parallèlement les crédits de la direction des postes et télécommunications et ceux de la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications avaient été stabilisés.

Les efforts de l’Etat dans le secteur postal en 1998 ont porté sur la négociation du contrat de plan. En matière budgétaire, les crédits votés pour 1998 étaient en légère régression en raison, d’une part, de la diminution de 50 millions de francs de l’engagement de l’Etat au titre du soutien au transport postal de la presse et, d’autre part, de la baisse de la rémunération de la gestion par La Poste des fonds placés sur les CCP et les livrets A et B (sous l’effet de l’application des règles comptables de son calcul prévues par l’ancien contrat de plan).

Le contrat d’objectifs et de progrès portant contrat de plan pour 1998-2001 entre l’Etat et La Poste a été signé le 25 juin 1998. Il marque un tournant avec l’affirmation d’un réengagement financier de l’Etat dans le secteur postal public et le souci d’assurer la pérennité de l’exploitant public et la qualité du service public. Tant en matière de subvention pour le transport postal de la presse, de rémunération de la gestion des fonds placés sur les CCP, de stabilisation des charges de retraites pesant sur La Poste que d’évolution des tarifs des services postaux sous monopole, d’investissement dans les nouvelles technologies, de mise en place de dispositifs d’aménagement-réduction du temps partiel, les engagements de l’Etat sont forts.

Le projet de loi de finances pour 1999 conforte la présence de l’Etat dans le secteur des télécommunications : les crédits destinés à l’ART, à l’ANF et au GET croissent respectivement de 5,8 %, 5,6 % et 4,2 %. En particulier, la subvention d’investissement allouée à l’ANF pour le contrôle du spectre des fréquences est augmentée de 9,6 %. Comme pour 1998, les crédits de la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications sont stables. Aucune comparaison budgétaire n’est toutefois possible pour ce qui concerne les moyens de la direction des postes et télécommunications car, en prévision de sa fusion au sein de la direction générale des stratégies industrielles, ses crédits sont complètement mêlés à ceux des services centraux de l’économie, des finances et de l’industrie (ligne « administration centrale »).

Par ailleurs, conformément au contrat d’objectifs et de progrès, la contribution de l’Etat au transport postal de la presse est stabilisée à 1,85 milliard de francs.

Globalement, les crédits des postes et télécommunications pour 1999 sont en augmentation de 1,34 % par rapport à ceux votés pour 1998. Le tableau ci-après compare l’évolution de chaque poste.

Il convient de souligner que cette progression est en fait nettement supérieure si l’on prend en compte la prise en charge par l’Etat de l’accroissement du coût des charges de retraites des fonctionnaires de La Poste, qui représente une dépense annuelle de l’ordre de 600 millions de francs et figure au sein des crédits des charges communes (engagement de stabilisation de la charge en francs constants des pensions de retraites des fonctionnaires dues par La Poste pour 1997 prévu par le contrat d’objectifs et de progrès pour 1998-2001).

A.— LES ADMINISTRATIONS CHARGÉES DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS

La loi du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications a libéralisé le marché des télécommunications français, à compter du 1er janvier 1998, et redéfini les attributions et les missions de l’Etat. L’avis budgétaire pour 1998 a décrit la nouvelle répartition des prérogatives de puissance publique au sein de l’Etat. Celles-ci sont désormais réparties entre la direction des postes et télécommunications (DPT), l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) et l’Agence nationale des fréquences (ANF). Leurs attributions respectives ont été synthétisées dans l’avis budgétaire pour 1998.

1. La direction des postes et télécommunications (DPT)

Les crédits destinés à la DPT figurent dans le fascicule « services communs et finances » et ne font l’objet d’aucune individualisation au sein des dépenses ordinaires de l’administration centrale du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie.

Fin 1996, les effectifs de la direction étaient de 401 personnes. En 1997, avec la mise en place de l’ART et de l’ANF, ses effectifs ont été amenés à 70. Budgétairement, sur les 415 emplois affectés à la DGPT en 1996, 138 ont été attribués à l’ART (essentiellement provenant du service de la régulation des télécommunications dont les effectifs réels fin 1996 étaient de 108 personnes) et 207 à l’ANF (essentiellement tirés des 197 fonctionnaires en place au service national des radiocommunications fin 1996), en 1997.

En 1998, un effectif réel de 86 personnes était en place. Elles étaient réparties au sein de trois services de la manière suivante :

– le service des télécommunications (39 agents), chargé de la réglementation du secteur, de la mise en œuvre des pouvoirs partagés entre le ministre et l’ART, du suivi de l’entreprise nationale France Télécom et de l’exercice, avec l’ANF et le concours de l’ART, des missions internationales de l’Etat dans le secteur ;

– le service des postes (20 agents), chargé de la réglementation, de la régulation administrative et économique du secteur et des missions internationales en matière postale et exerçant la tutelle de La Poste ;

– le service des personnels et des activités sociales (23 agents), chargé en particulier des questions statutaires et réglementaires intéressant les fonctionnaires de La Poste et de France Télécom et du suivi des réformes de reclassification et de reclassement.

La DPT (qui possède également 4 agents non affectés) assure enfin une mission de tutelle sur les établissements publics administratifs placés auprès du ministre (ANF, Groupe des écoles des télécommunications), ainsi que sur les territoires et collectivités d’outre-mer, sur le groupement d’intérêt public chargé de la liquidation des pensions des agents de La Poste et de France Télécom et sur le groupement d’intérêt économique de l’Ecole nationale supérieure des PTT.

Pour 1999, la DPT sera réunie à la direction générale des stratégies industrielles pour former une direction générale des stratégies industrielles, des postes et télécommunications. Cette direction générale sera divisée en six services :

– le service des industries manufacturières,

– le service de la société et des technologies de l’information,

– le service des postes, des personnels et des activités sociales des postes et télécommunications,

– le service de l’emploi, de l’environnement économique, européen et international,

– le service de l’innovation et de la qualité,

– le service des études et des statistiques industrielles.

Par ailleurs, trois directions transversales assurant l’unité du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie seront créées : la direction des affaires juridiques, la direction des relations avec les publics et de la communication, la direction du personnel, de la modernisation et de l’administration.

2. L’Autorité de régulation des télécommunications (ART)

En 1997, l’ART disposait de 138 emplois budgétaires (125 transférés de l’ancienne direction générale des postes et télécommunications et 13 résultant de créations de postes d’agents contractuels). En 1998, quatre emplois ont été créés. En termes réels, au 1er janvier 1998, 131 emplois étaient pourvus : 97 fonctionnaires et 34 agents contractuels se répartissant en 98 agents de catégorie A, 27 agents de catégorie B et 6 agents de catégorie C. Pour 1999, ces vacances devraient être comblées et aucun emploi ne sera créé.

Les crédits en personnels de l’ART, en hausse de 5,2 % pour 1999, permettront donc d’assurer la rémunération de 142 emplois, parmi lesquels sont prévus 22 emplois de personnes non titulaires. L’augmentation correspond à l’application des mesures générales prévues pour la fonction publique et ne traduit pas la création d’emplois.

L’essentiel en matière de fonctionnement des services de l’ART est désormais de doter l’ART d’un outil bureautique et informatique à la hauteur des enjeux du développement du secteur et des missions qui lui sont dévolues par la loi. Sur ce point, votre rapporteur s’est étonné que l’ART ait été conduite à prendre des décisions ou en proposer au ministre en matière tarifaire sans disposer de moyens propres de simulation des coûts des réseaux et de l’évolution des prix des marchés. Cette remarque vaut d’ailleurs également pour la direction des postes et télécommunications du secrétariat d’Etat.

En la matière, le projet de budget pour 1999 propose d’accroître de 6,4 % les moyens de fonctionnement de l’ART. Ces crédits supplémentaires permettront également de faire face aux frais de contentieux, qui n’avaient pas été prévus pour 1998. Comme on pouvait s’y attendre, les décisions de l’ART et du secrétaire d’Etat sont très souvent contestées devant les tribunaux. Si certains de ces recours visent à clarifier le droit applicable, la multiplication des contentieux est souvent un élément d’une stratégie globale des opérateurs visant à défendre âprement leurs réseaux ou leurs services face à une concurrence tenace. Cette stratégie de fermeté était bien connue aux Etats-Unis ; la France semble prendre le même chemin.

L’évolution des moyens de l’ART est la suivante :

CRÉDITS ALLOUÉS À L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS

(en millions de francs)

 

Loi de finances
pour 1997

Loi de finances
pour 1998

PLFI 1999

 

Crédits

dont moyens nouveaux

Crédits

Crédits

Personnel

(effectif budgétaire)

46,624

(138 emplois)

7,314

(13 emplois*)

44,7

(142 emplois)

47,05

(142 emplois)

Fonctionnement

12,543

1,570

}

 

Informatique

3,790

1,901

}

 
     

38,0

40,45

Franchise postale

0,300

0

}

 

Etudes

7,000

7,000

}

 

Total

70,257

17,785

82,7

87,5

* emplois contractuels parmi lesquels figurent les cinq membres de l’ART.

Par ailleurs, la loi de finances rectificative pour 1997 a ouvert un crédit de 9,3 millions de francs au titre des moyens de fonctionnement de l’ART pour assurer le déménagement des services dans le nouvel immeuble du square Max Hymans.

Ces moyens devraient permettre à l’ART de faire face à son activité croissante : 471 décisions ou avis avaient été adoptés en 1997 ; 680 l’ont été sur les seuls sept premiers mois de l’année 1998. Le rapport d’activité pour 1997, dont votre rapporteur salue la clarté et la précision, donne une juste idée de l’importance de ces décisions et avis.

3. L’Agence nationale des fréquences (ANF)

Les ressources de l’ANF se répartissent en deux subventions de l’Etat, l’une de fonctionnement, l’autre d’investissement, et en des ressources propres. Les subventions sont globales et figurent à l’article 10 du chapitre 36–20 pour la première et à l’article 10 du chapitre 63-04 pour la seconde ; il appartient au conseil d’administration de l’ANF de les affecter au sein de son budget.

En 1996, il était prévu la création de 70 emplois – 35 en 1997 et 35 en 1998 – pour la mise en place de l’ANF. L’embauche de ces personnels extrêmement qualifiés a été plus lente que prévue ; les 35 emplois ouverts pour 1997 n’ayant pas pu être entièrement pourvus en 1998, seuls 25 emplois ont été ouverts en 1998, les 10 restants devant être créés en 1999.

Les effectifs de l’ANF ont évolué comme suit .

EFFECTIFS DE L’ANF

 

fin 1997

fin 1998

fin 1999

fonctionnaires

226

226

226

agents contractuels

32

58

70

personnels mis à disposition

12

20

33

TOTAL

270

304

329

Ces personnels sont répartis sur les dix sites de l’agence, un effort particulier ayant été porté sur le nouveau pôle technique de Brest afin de développer les missions interministérielles de l’ANF.

Les crédits d’investissement concernent essentiellement la mise en œuvre du programme de couverture du territoire métropolitain par des stations de contrôle automatique du spectre des fréquences radioélectriques.

Le système de contrôle du spectre des fréquences développé en France à ce jour, pour la gestion et le contrôle des fréquences des réseaux de radiocommunications est basé sur :

– une centralisation des informations concernant l’état du parc des réseaux, à partir d’une base informatique unique,

– une déconcentration de la gestion du système sur six centres régionaux, responsables de l’exploitation du système, de la coordination des campagnes de contrôles et de mesures, et de la détermination et règlement des brouillages,

– l’installation sur le territoire national de stations automatiques de contrôles fixes, raccordées au centre d’exploitation régional responsable de sa gestion, composées d’équipements radiogoniométriques de recherche et de contrôle, d’équipements informatiques et de calcul de gestion et de moyens de stockage et de transport des informations. A la date de création du service national des radiocommunications par le décret du 21 décembre 1990, quatorze stations déportées, propriétés jusqu’alors de France Télécom, permettaient de couvrir 20 à 25 % des réseaux de radiocommunications en service à cette date.

CRÉDITS ALLOUÉS À L’AGENCE NATIONALE DE FRÉQUENCES

(en millions de francs)

 

Loi de finances pour 1997

Loi de finances pour 1998

Projet de loi de finances pour 1999

 

Crédits

dont moyens nouveaux

Affectation

Crédits

dont moyens nouveaux

Évolution 1998/1997

Crédits

moyens nouveaux

Évolution

Personnel

79,224

(262 emplois)

19,207

(35 emplois)

71,801

97,30

(287 emplois)

7,38

(25 emplois)

+ 22,8 %

103,020

+ 10 emplois

+ 6 %

Fonctionnement

32,000

11,585

38,643

38,85

6,38

+ 21,4 %

31,925

 

+ 3,5 %

Informatique

19,010

6,927

19,789

17,05

0

– 10,3 %

17,000

 

– 0,3 %

Total

dont subvention :

ressources propres :

130,234

-

-

37,719

-

-

130,234

-

-

151,945

144,00

1,20

13,76

+ 16,6 %

151,945
150,00
1,945

 

+ 4,6 %

Investissements
(titre VI)

AP = 74,5

CP = 70,5

AP = 30,5

CP = 30,5

Fonds d’aménagement du spectre :

5,1 en AP

5,1 en CP

AP = 67

CP = 52

––

Fonds d’aménagement du spectre :

20 en CP

AP = 62

CP = 57

Fonds d’aménagement du spectre :

20 en CP

– 7,5 % (AP)

+ 11 % (CP)

     

Réseau des stations de contrôle du spectre :

37,25 en AP

40,0 en CP

   

Réseau des stations de contrôle du spectre :

10 en CP

 

Réseau des stations de contrôle du spectre :

5 en CP

 
     

Rénovation des locaux :

8,5 en AP

10,5 en CP

   

Rénovation des locaux :

22 en CP

 

Rénovation des locaux :

32 en CP

 

* 20 emplois ont été transférés de la DGPT et 207 du SNR.

De 1991 à fin 1996, un schéma directeur a permis l’installation de 31 infrastructures supplémentaires dont 20 ont servi à la mise en service de nouvelles stations de contrôle permettant de ce fait la couverture de 50 % du parc des stations fixes des réseaux professionnels. Les stations déportées en service étaient au nombre de 34 au 31 décembre 1996 et de 36 fin 1997 ; elles couvrent plus de la moitié du parc national métropolitain de stations fixes. Il est prévu de déployer une dizaine de stations chaque année au cours des années à venir.Par ailleurs, le parc des véhicules de contrôle a été modernisé et les instruments adaptés au contrôle du spectre pour les « grands événements ».

Le tableau ci-après dresse le bilan d’activité du contrôle des réseaux radioélectriques.

L’activité de contrôle des réseaux s’exerce depuis 1997, pour l’essentiel, dans le cadre d’une convention de sous-traitance établie entre l’ANF et l’ART. Cette convention a réduit le périmètre d’action de l’agence dans le domaine des réseaux radioélectriques indépendants. En particulier, les grands réseaux indépendants sont désormais gérés par l’ART. Par ailleurs, nombre de petits réseaux à fréquences non assignées sont désormais libres d’emploi et ne nécessitent plus d’intervention de l’agence.

Les contrôles de commercialisation des terminaux sont toujours suspendus, eu égard à l’arrêt Tranchant de la Cour de justice des Communautés européennes. Cependant, l’ANF s’attache à reprendre des contrôles dans la perspective d’une nouvelle réglementation européenne et la désignation de l’agence comme organisme notifié pour les contrôles.

Par ailleurs, l’agence consacre de plus en plus de moyens aux activités de contrôle interministériel du spectre, qui ne concernent pas seulement les réseaux radioélectriques indépendants mais tous les utilisateurs de fréquences. Elle anime en particulier toutes les opérations de contrôle associées aux « grands événements » où la demande de moyens temporaires est considérable.

L’ANF n’est ordonnateur que des redevances liées aux petits réseaux radioélectriques indépendants. Les redevances liées aux grands réseaux radioélectriques indépendants ou aux réseaux ouverts au public sont ordonnancées par l’ART.

Les sommes mises en recouvrement sur les années 1993-1994 s’élevaient à 534,577 millions de francs et la facturation des années 1995-1996 (émise fin 1996) à 593,185 millions de francs. La facturation de l’année 1997 a été effectuée à terme échu au début de 1998 ; elle a atteint un montant de 261 millions de francs. Elle a surtout consisté à apurer la facturation des années 1993 à 1996, laquelle avait suscité de nombreuses réclamations qui ont nécessité une mise au point des redevances. Par ailleurs, divers titres de perception ont été émis, en particulier par les réseaux temporaires, pour un montant de 87,36 millions de francs.

BILAN ADMINISTRATIF DU CONTRÔLE DES RÉSEAUX RADIOÉLECTRIQUES

NOMBRE DE

1995

1996

1997

1er sem. 1998

REMARQUES

1 - Contrôle technique des réseaux

3 317

4 324

4 397

1 893

Ces chiffres regroupent tous les contrôles techniques, qu’il s’agisse de réseaux créés dans l’année ou antérieurement.

2 - Traitements de plaintes en brouillage

932

1 286

1 623

545

Ces plaintes concernent en majorité des brouillages affectant des réseaux radioélectriques indépendants.

3 - Mesures dans le cadre de l’utilisation interna-tionale des fréquences

39 270

31 000

22 000

4 525

Ces chiffres regroupent les mesures de champ et de fréquence.

4 - Visites de points de vente préventives pour le contrôle de commerciali-sation des équipements terminaux



816



345

sus-
pendu

sus-
pendu

Ces contrôles ne sont plus effectués suite à l’arrêt Tranchant de la Cour de justice européenne, estimant que le Laboratoire d’essais d’agrément n’était pas indépendant car étant chez l’opérateur France Télécom, remettant ainsi en cause la procédure d’agrément française des équipements terminaux de télécommunications.

5 - Emission de lettres comminatoires dans ce cadre

344

236

   

Ce type de courrier n’est plus envoyé suite à l’arrêt Tranchant de la Cour de justice européenne.

6 - Procès-verbaux d’infraction rédigés

103

163

279

110

Ces procès-verbaux ont été rédigés par les officiers de police judiciaire avec l’assistance des services techniques du SNR ; ils sont la conséquence des plaintes en brouillage, des opérations de contrôle du spectre et des contrôles systématiques effectués dans le cadre des « grands événements » tels le G7 à Lyon, la visite du Pape, la réunion des chefs d’Etats africains à Biarritz.

7 - Réseaux radioélectriques existants

66 585

62 773

45 496

43 554

Il s’agit des réseaux en exploitation présents dans la base de données informatique de gestion (base réseaux). Ces nombres comprennent les réseaux fonctionnant sur des fréquences prédéterminées qui ont été annulés au 31/12/96 suite au passage en licence générale.

8 - Autorisation de réseaux radioélectriques indépendants

13 436 (1)

3 930 (2)

3 950

1 625

(1) Ce chiffre élevé prend en compte les mises à jour de la base de gestion des autorisations conduites dans le cadre de la facturation des années 1993 et 1994, mais ne représente que de l’ordre de 3 500 créations effectives de réseaux.

(2) Création de réseaux.

9 - Modification de réseaux

3 630

3 200

2 586

2 185

Il s’agit des modifications de couverture et de parc des terminaux nécessitant une étude technique par le SNR et la délivrance d’une nouvelle autorisation.

10 - Licence de radioamateurs

17 777

18 800

19 140

19 416

 

Source : secrétariat d’Etat à l’industrie.

B.— L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DES TÉLÉCOMMUNICATIONS

La loi du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications dispose que « l’enseignement supérieur dans le domaine des télécommunications relève de la responsabilité de l’Etat et est placé sous la tutelle du ministre chargé des télécommunications. Il est à la charge de l’Etat à compter de l’exercice 1997, dans les conditions prévues par les lois de finances » (article L. 35-6 du code des P&T). Ce transfert, portant sur des biens estimés à 1,1 milliard de francs, a été effectué à titre gratuit. La loi précise en outre que « les écoles relevant du secteur public d’enseignement supérieur des télécommunications sont organisées, à compter du 1er janvier 1997, en un ou plusieurs établissements publics de l’Etat » (article 22-VI).

1. L’organisation de l’enseignement supérieur des télécommunications

Le décret n° 96-1177 du 27 décembre 1996 a confié à un établissement public administratif, le Groupe des écoles des télécommunications (GET), la mission de service public de l’enseignement supérieur des télécommunications. Le GET, doté de l’autonomie financière et placé sous la tutelle du ministère chargé des télécommunications, est composé d’un service d’administration générale et de trois écoles :

– l’Ecole nationale supérieure des télécommunications (ENST), sise à Paris,

– l’Ecole nationale supérieure des télécommunications de Bretagne (ENST Bretagne), sise à Brest,

– l’Institut national supérieur des télécommunications (INT), sis à Evry, qui est composé d’une école d’ingénieurs et d’une école de gestion.

Ces écoles, qui disposent de l’autonomie pédagogique et scientifique, dispensent des actions de :

– formation initiale des ingénieurs civils (ENST, ENST Bretagne, INT) ou du corps des ingénieurs de télécommunications (ENST),

– formation postscolaire (préparation au doctorat et initiation à la recherche à l’ENST, l’ENST Bretagne, INT),

– formation promotionnelle qui consiste à former des cadres du privé et du public dans le but d’obtenir un diplôme (INT, ENST Bretagne),

– formation continue qui s’adresse aux anciens élèves et aux cadres des secteurs public et privé (ENST, ENST Bretagne, INT),

– recherche directement liée à l’enseignement, menée dans les laboratoires des écoles en liaison avec le Centre national d’études des télécommunications ou d’autres centres de recherche et entreprises,

– diffusion de connaissances scientifiques, techniques et économiques,

– développement des relations avec le monde industriel et économique, notamment par des conseils et expertises.

Le GET est en outre membre de deux GIE :

– l’Ecole nouvelle d’ingénieurs en communication (ENIC), créée en partenariat avec l’Université des sciences et techniques de Lille-Flandres-Artois, assure une formation initiale et promotionnelle ;

– l’Institut Eurecom, créé en partenariat avec l’Ecole Polytechnique de Lausanne, assure une formation commune dans le cadre de la formation initiale des élèves de l’ENST et de l’Ecole Polytechnique de Lausanne.

L’Institut Théseus, créé en partenariat avec des entreprises et des banques, reste sous la tutelle de France Télécom. Il assure des actions de formation continue ainsi qu’une formation sanctionnée par un diplôme (MBA) à destination de cadres supérieurs des secteurs public et privé disposant d’un niveau « Bac + 5 » et d’une expérience professionnelle de cinq ans.

EFFECTIFS DES ENSEIGNANTS ET NOMBRE D’ÉLÈVES FORMÉS EN 1997
(variation par rapport à 1996)

 

ENST

ENST Bretagne

INT

Total

Enseignement supérieur des télécommunications

971
(- 26)

780
(-15)

959
(+ 26)

2 710
(- 15)

Elèves ingénieurs en formation initiale

612
(- 13)

568
(- 14)

813
(+ 1)

1 993
(- 26)

Effectifs du personnel enseignant recherche

124

123

139

386

Source : Secrétariat d’Etat à l’industrie.

Les personnels de France Télécom participant aux missions de service public d’enseignement supérieur des télécommunications sont mis à disposition de l’établissement public. Cette mise à disposition, prévue par la loi pour les agents contractuels (article 22-VI de la loi de réglementation des télécommunications), a fait l’objet d’une convention entre le GET et France Télécom signée le 28 novembre 1997. Le personnel mis à disposition du GET bénéficie des mêmes avantages que les agents de France Télécom, notamment la gestion des carrières selon des statuts de fonction publique, les modalités de rémunération, de participation à l’ouverture du capital.

L’établissement peut en outre, recruter des contractuels de droit public ou de droit privé.

Au plus tard, le 1er janvier 2001, les personnels contractuels de droit public et les personnels contractuels de droit privé relevant de la convention commune à La Poste et France Télécom, seront transférés au GET. Au plus tard au 1er janvier 2001, les fonctionnaires pourront, sur leur demande, être rattachés sur des emplois du GET.

Par ailleurs, une convention signée entre le GET et le centre national d’études des télécommunications (CNET) permet de maintenir la coopération des écoles avec le CNET ; elle fixe notamment le transfert du droit d’usage du patrimoine intellectuel (logiciel) et industriel (brevet). Des nouveaux contrats de recherche et une consolidation des contrats en cours ont été mis au point, ainsi que des prestations de formation continue.

2. Les moyens budgétaires

Jusqu’à la fin de l’année 1996, le budget de l’enseignement supérieur des télécommunications était financé par une dotation de France Télécom. En application de l’article 35 de la loi de finances pour 1997, la charge du financement des dépenses liées au service public de l’enseignement supérieur des télécommunications est pour partie compensée, de façon dégressive sur trois ans, par un prélèvement exceptionnel de l’Etat sur France Télécom égal à 75 % du montant de la dotation à l’enseignement supérieur en 1997, 50 % en 1998 et 25 % en 1999. Ainsi en 1997, France Télécom a versé à l’Etat 309,45 millions de francs ; en 1998, 220,45 millions et en 1999, 114,875 millions.

La loi de réglementation des télécommunications (article L. 36-6 du code des P&T) a précisé que l’enseignement supérieur dans le domaine des télécommunications devait bénéficier de la part de l’Etat de moyens lui garantissant une haute qualité. Le tableau ci-après retrace les dépenses et les ressources de l’enseignement supérieur des télécommunications.

La subvention de fonctionnement allouée à l’enseignement supérieur des télécommunications pour 1999 progresse de 4,2 % alors que les dépenses augmentent de 3,9 %. Des moyens accrus sont en effet nécessaires pour permettre au GET de mieux satisfaire ses besoins en informatique et prendre en compte l’augmentation de la masse salariale.

Par ailleurs, la dotation budgétaire de l’Ecole nationale supérieure des postes et télécommunications, qui assure la formation des administrateurs des postes et télécommunications, s’est élevée à 2,1 millions de francs pour 1997 et 2 012 000 F pour 1998. Le projet de loi de finances pour 1999 la relève à 2 512 000 F.

GROUPE DES ÉCOLES DE TÉLÉCOMMUNICATIONS

(en millions de francs)

 

1995

1996

1997

1998

1999

Charges et emplois

consom. au 31/12

consom. au 31/12

budget voté

budget voté

projet

Charges de personnel

347,00

334,66

347,20

357,2

(2)

Charges de fonctionnement

167,22

156,01

115,10

121,0

(2)

Investissement

27,90

22,43

24,10

28,7

(2)

Total charges et emplois

542,13

513,10

486,40 (1)

506,9

526,5

Ressources

         

Prestations du GET

   

61,30

66,30

67

Formation continue

14,38

15,96

     

Inscriptions au concours

10,74

10,72

     

Scolarité (y.c. mastères)

9,68

9,64

     

Prestation France Télécom :

         

1. CNET

10,84

10,35

     

2. Formation

2,49

4,36

     

3. Autres

19,40

12,83

     

Contrat DEST/DRH/Fr. Télécom

29,33

18,25

     

Taxe d’apprentissage

7,93

8,89

9,20

9,20

9,20

Dotation France Télécom

427,94

412,33

 

Subvention d’Etat

(chapitre 36-40)

412,60

440,90

459,5

Divers

9,38

9,77

3,30

3,30

3,30

Total des ressources

542,13

513,10

486,40

519,70

539,0

Jusqu’en 1996, périmètre de la DEST = ENST, ENST de Bretagne, INT, ENIC, Théseus, EURECOM, Ecole franco-polonaise.

A partir de 1997, pétimètre = GET, ENST, ENST de Bretagne, INT, ENIC, EURECOM.

(1) : après DBM n° 1 qui a créé la section d’investissement par redéploiement.

(2) : la répartition sera arrêtée lors du conseil d’administration de fin l’année.

Source : Secrétariat d’Etat à l’industrie.

C.— LES AUTOROUTES DE L’INFORMATION : DES MOYENS ACCRUS

Une autoroute de l’information est un réseau électronique de transmission filaire par large bande (c’est-à-dire à haut débit) de données numérisées, véhiculant de manière simultanée et, le cas échéant, interactive, des services ayant comme support la voix ou le son, l’image ou la vidéo, le texte, les données informatiques.

Par les technologies mises en œuvre et les possibilités d’interactivité, ces autoroutes peuvent avoir des applications capitales pour l’industrie, les sociétés de services, l’aménagement du territoire, la qualité de la vie, les conditions de travail, l’enseignement et la formation professionnelle, la modernisation des entreprises et des administrations, la diffusion de la culture, etc.

Le dispositif français repose sur un soutien aux expérimentations. Il possède trois piliers.

·  En premier lieu, afin d’engager la France dans ce chantier majeur et mondial de cette fin de siècle, le ministère de l’industrie, des postes et télécommunications et du commerce extérieur avait lancé le 25 novembre 1994 un appel à propositions. 635 projets ont été remis ; 244 ont été labellisés en 1995 et 1996 comme « projets d’intérêt public ». Les 244 projets labellisés sont regroupés autour de 3 plates-formes nationales et 30 plates-formes régionales d’expérimentation (une au moins par région) pouvant accueillir plusieurs projets d’expérimentation de services. France Télécom est à l’origine du lancement de 11 d’entre elles.

·  L’Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) a, par ailleurs, vocation à intervenir plus particulièrement dans le cadre de ses procédures propres de soutien au développement technologique des PME. Le ministère délégué à la poste, aux télécommunications et à l’espace et l’ANVAR ont lancé en février 1996 un appel à propositions auprès des PME sur les développements technologiques liés aux autoroutes de l’information. 616 dossiers ont été reçus ; leurs programmes de recherche et développement s’élèvent au total à près de 1,9 milliard de francs. Environ 80 projets ont été soutenus pour un montant d’environ 200 millions de francs.

·  Une nouvelle procédure de soutien pour les expérimentations en matière de services sur les autoroutes de l’information a été lancée en 1997 selon une procédure de « guichet permanent » d’accueil et d’analyse des projets mis en place au sein du service des industries de communication et de service de la direction générale des stratégies industrielles. Cette nouvelle démarche devrait permettre, en capitalisant sur les sites qui ont été d’ores et déjà labellisés lors du premier appel à propositions, de continuer à structurer et regrouper l’offre de nouveaux services, d’en évaluer la viabilité économique, de réaliser des tests commerciaux et d’acquérir le savoir-faire de la gestion opérationnelle des nouveaux réseaux de communication. Elle permettra aussi de prendre en compte des évolutions technologiques les plus récentes, en particulier celles relatives à Internet.

Dans le cadre de cette nouvelle procédure 42 projets ont été labellisés. 131 millions de francs ont été attribués pour soutenir la recherche-développement liée à ces projets.

·  Le secrétariat d’Etat à l’industrie a en dernier lieu mis en place un programme intitulé « société de l’information » destiné à encourager le développement de nouveaux services en soutenant deux types de projets :

– des projets d’expérimentation de nouveaux services qui permettront de tester la viabilité notamment économique de nouvelles applications et des offres de contenus,

– des projets d’innovation technologique dont la finalité est de contribuer à la création et au développement de nouveaux usages des technologies de l’information et de la communication.

Ce programme permettra de favoriser en particulier de nouveaux modes d’accès à la connaissance et à la culture, de moderniser les services publics, d’accroître la compétitivité des entreprises (travail coopératif, visiophonie), de développer le commerce électronique, de favoriser la mise en place d’un porte-monnaie électronique qui devra être adapté à la monnaie unique ou d’aider à la numérisation des réseaux hertziens terrestres de télévision. Comme précédemment, le soutien de l’Etat prendra la forme de l’attribution d’un label et, pour les projets labellisés s’accompagnant de développements technologiques innovants, d’une aide à la recherche-développement.

Au-delà des autoroutes de l’information, le Gouvernement mène des actions en faveur du développement des technologies de l’information. Celles-ci sont définies dans le programme d’action gouvernemental pour préparer l’entrée de la France dans la société de l’information, présenté en janvier 1998.

Ce programme comporte six priorités :

1.  développer l’utilisation de ces nouvelles technologies dans l’enseignement pour, d’une part, permettre aux futurs citoyens de maîtriser ces outils, d’autre part, moderniser les méthodes d’enseignement grâce au multimédia. Il importe que dès le plus jeune âge tous les enfants puissent se familiariser avec ces technologies de l’information. C’est là, n’en doutons pas, l’enjeu de la démocratisation de notre système scolaire dans les prochaines années ;

2.  renforcer la présence culturelle française sur Internet, avec notamment l’aide à la création de programmes et de produits multimédias, la numérisation du patrimoine culturel français ;

3.  moderniser l’administration grâce aux nouvelles technologies, d’une part, en s’appuyant sur l’utilisation d’Internet pour l’information des citoyens, la diffusion de données publiques, la dématérialisation des démarches administratives, d’autre part, en utilisant Internet et les technologies associées pour moderniser le fonctionnement interne des administrations ;

4.  encourager la diffusion des technologies de l’information dans les entreprises pour favoriser le développement du commerce électronique, en créant la confiance et en mettant en place un cadre réglementaire favorable (mission Lorentz), et encourager l’utilisation active d’Internet par les PME ;

5.  encourager l’innovation technologique, d’une part, en agissant sur l’environnement financier des sociétés innovantes avec des mesures fiscales favorables à la création d’entreprise, la création de fonds de capital d’amorçage, l’orientation de l’épargne (assurance-vie) vers le capital-risque, le renforcement des fonds privés de capital-risque par des capitaux publics, d’autre part, en soutenant directement des projets de recherche-développement, comme dans le cadre du nouveau réseau national de recherche en télécommunications ou l’aide aux expérimentations sur les autoroutes de l’information ;

6.  adapter le cadre réglementaire et la régulation d’Internet, avec par exemple la définition d’une nouvelle réglementation sur la cryptologie (libéralisation de l’usage de la cryptologie faible et des moyens de signature électronique).

La politique du Gouvernement est donc tournée aussi bien vers le secteur public que le secteur concurrentiel privé. Elle est mise en oeuvre sous la responsabilité directe de chaque ministère concerné. Dans ce cadre, les principales actions du secrétariat d’Etat à l’industrie ont porté :

– sur l’adaptation du cadre réglementaire aux nouvelles technologies : réglementation sur la cryptologie, travaux sur la signature électronique et plus généralement sur le commerce électronique, travaux sur l’impact de la convergence des technologies sur le cadre réglementaire des télécommunications, etc. ;

– sur la diffusion des nouvelles technologies, notamment Internet, vers les PMI.

La politique du Gouvernement vise également à soutenir le développement et l’offre de nouvelles technologies ou de nouveaux services, afin que la France soit non seulement utilisatrice de ces technologies, mais qu’elle profite également de la croissance et des emplois pouvant être créés par le secteur industriel des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Dans ce cadre, les crédits de recherche industrielle du secrétariat d’Etat à l’industrie seront utilisés de manière à soutenir prioritairement, dans le cadre d’une approche globale et cohérente, les différents secteurs des technologies de l’information : composants, équipements informatiques, nouvelles technologies logicielles (ingénierie logistique, moteurs de recherche, technologies Internet, outils de sécurité, etc.), équipements et services de télécommunications et technologies concourant à produire, à distribuer et à recevoir les contenus multimédias. Le tableau des moyens budgétaires correspondants est fourni ci-après.

Les moyens budgétaires consacrés aux nouvelles technologies de l’information sont prélevés sur la dotation de l’article 80 du chapitre 66-01 des crédits de l’industrie ; mais le secrétariat d’Etat à l’industrie n’a pas fourni à votre rapporteur le montant consacré spécifiquement aux nouvelles technologies au sein de cette dotation (il était de 86,88 millions de francs pour les autoroutes de l’information en 1997 (47 dossiers) comme l’indique l’agrégat 03 des crédits de l’industrie). Lors de son audition par la commission, M. Christian Pierret, secrétaire d’Etat à l’industrie, a indiqué que 300 millions de francs étaient consacrés à la société de l’information au sein de la dotation du chapitre 66–01, ce qui traduit un renforcement considérable des moyens mobilisés par l’Etat.

En outre, un crédit de paiement de 35 millions de francs pour 1999, contre 25 millions de francs en 1998, est prévu pour la diffusion des outils d’information et de communication dans les PMI.

II.— L'ÉTAT ET LE SERVICE PUBLIC DES POSTES
ET TÉLÉCOMMUNICATIONS

A.— LA POLITIQUE DES PERSONNELS

1. L’emploi à La Poste

La Poste a fixé trois objectifs principaux à sa politique des personnels : demeurer un des principaux recruteurs sur le marché de l’emploi et participer activement à la politique d’insertion de l’Etat ; valoriser les ressources internes en développant la promotion et la mobilité ; améliorer l’emploi et les conditions d’utilisation des agents contractuels.

En 1997, elle a recruté 1 070 fonctionnaires (contre 1 715 en 1996 et 2 855 en 1995) et a signé 37 652 contrats d’embauche, essentiellement des contrats à durée déterminée remplaçant des contrats du même type (20 675 embauches de « remplacement »). Elle a en outre conclu 1 384 contrats emplois jeunes dont 1 295 avec des jeunes de moins de 26 ans. La signature de 3 600 contrats emplois jeunes est prévue pour 1998.

Au 31 décembre 1997, 975 apprentis étaient en formation à La Poste (719 contrats d’apprentissage avaient été conclus dans l’année). En outre, 7 300 jeunes ont été accueillis en stage au cours de l’année 1997.

Afin de favoriser l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi, La Poste a intégré, en 1997, 1 500 titulaires de contrat emploi solidarité (CES) dont plus de 700 anciens chômeurs de longue durée. Au 31 décembre 1997, plus de 1 000 CES étaient en cours à La Poste.

ÉVOLUTION DES EMPLOIS À LA POSTE DE 1990 À 1996

(chiffres en équivalent unité temps complet)

Situation
au 31 décembre

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Fonctionnaires

270 845

268 964

264 575

259 162

254 335

248 462

242 281

234 381

Contractuels (a)

28 280

29 407

30 400

30 220

30 800

34 438

37 477

41 497

TOTAL

299 125

298 371

294 975

289 382

285 135

282 900

279 758

275 878

(a) CDI + contrats de droit public + CDII + CDD. Situation moyenne annuelle compte tenu des variations saisonnières dans l’utilisation des CDD.

CHIFFRES EN PERSONNES PHYSIQUES

(au 31 décembre)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Fonctionnaires

272 576

275 044(a)

270 123

264 745

260 303

254 861

249 159

240 967

Contractuels

               

Droit public

41 946

0

0

6 098

5 624

5 000

4 146

0

CDI

0

0

0

24 455

24 958

27 715

32 112

39 895

CDII

0

0

0

1 158

2 328

3 678

5 318

7 097

CDD

0

0

0

25 464

21 114

26 242

19 764

18 630

TOTAL

41 946

0

0

57 175(b)

54 024

62 635

61 340

65 622

TOTAL GENERAL

314 522

275 044

270 123

321 920

314 327

317 496

310 499

306 589

(a) Dont 4 564 agents des ex-services communs incorporés dans les cadres de La Poste au 1er janvier 1991.

(b) Passage des contractuels de droit public sous convention commune.

CDI : contrat à durée indéterminée ; CDII : contrat à durée indéterminée intermittent ; CDD : contrat à durée déterminée.

ÉVOLUTION DE L’EMPLOI À LA POSTE

(fonctionnaires au 31 décembre + contractuels sur l’année)

(en nombre équivalent d’unités à temps complet)

 

1994

1995

1996

1997

Bureaux de poste

Centres de tri

Centres financiers

Autres services

159 032 + 25 268

36 672 + 2 769

25 437 + 737

33 499 + 2 026

156 833 + 26 479
34 789 + 3 830
23 756 + 762
33 084 + 3 367

153 056 + 27 834
33 882 + 4 404
22 280 + 986
33 063 + 4 253

149 050 + 29 832
31 674 + 5 085
21 148 + 975
32 509 + 5 605

TOTAL

254 640 + 30 800

248 462 + 34 438

242 281 + 37 477

234 381 + 41 497

Des efforts ont cependant été accomplis. La direction de La Poste a conclu, le 12 juillet 1996, avec la CFDT et la CFTC, un plan de déprécarisation visant à réduire le nombre de CDD. L’objectif est de transformer 3 500 CDD en CDI ou CDII d’au moins 800 heures par an. Il prévoit notamment des mesures dans les domaines suivants :

– stabilisation de l’emploi ;

– classification des postes occupés par les agents contractuels et harmonisation des contrats de travail ;

– création d’un niveau de classification pour les agents occupant des postes de niveau II-1 ;

– création d’un niveau de rémunération II-1 ;

– affirmation du principe de développement de carrière pour les agents contractuels.

Le plan a été complété au début de l’année 1998 par la signature d’un accord sur la promotion des agents contractuels, dont la mise en oeuvre est en cours de réalisation.

Plus de 3 000 agents sous CDD en 1996 et 5 479 en 1997 se sont vu attribuer un contrat à durée indéterminée, intermittent ou non, dépassant ainsi largement les 5 000 initialement prévus par l’accord.

Il faut toutefois souligner que si le nombre de CDD diminue depuis 1995, celui de CDII ne cesse d’augmenter. Si ce type de contrat offre indéniablement une souplesse de gestion adaptée à l’activité très variable des points de contact postaux, il place ses titulaires dans une situation de dépendance extrême et leur impose des conditions de travail difficilement supportables.

2. La politique du personnel de France Télécom

Les effectifs de France Télécom (maison mère) ont évolué comme suit au cours des trois dernières années :

Effectif total au 31/12

1994

1995

1996

1997

Cadres supérieurs

13 629

14 288

14 600

15 514

Cadres

18 600

19 354

19 274

19 669

Agents de maîtrise

18 262

18 380

18 502

18 523

Employés et techniciens

106 446

102 847

96 991

94 723

Total

156 937

154 869

149 367

148 429

Répartition par type de contrat (situation au 31/12)

1994

1995

1996

1997

Personnels fonctionnaires

148 954

146 832

140 596

133 350

Autres personnels sous contrat à durée indéterminée

5 203

5 487

6 977

11 255

Contrats à durée déterminée

2 780

2 550

1 794

3 824

Total

156 937

154 869

149 367

148 429

Source : France Télécom.

N.B. : Le groupe France Télécom employait 173 786 personnes au 31 décembre 1994, 173 289 personnes fin 1995 et 165 200 personnes fin 1996.

Par l’accord social du 9 janvier 1997, France Télécom s’était engagée à accueillir en permanence 1 000 jeunes en formation en alternance. Au 31 décembre 1997, 2 490 contrats (apprentissage et alternance) avaient été passés. En complément de cette politique d’insertion professionnelle des jeunes, France Télécom a procédé à 5 631 embauches de jeunes en 1997, en majorité sous statut de droit privé. Ce recrutement a été rendu possible par le départ de 4 370 fonctionnaires en congés de fin de carrière.

Le dispositif de congé de fin de carrière est ouvert à tous les personnels fonctionnaires de France Télécom en position d’activité âgés d’au moins 55 ans et ayant accompli au moins 25 ans de services effectifs. La période de congé de fin de carrière est prise en compte pour l’avancement d’échelon ainsi que pour la constitution et la liquidation du droit à pension. Chaque agent perçoit mensuellement une rémunération spécifique égale à 70 % de sa rémunération antérieure, complément « France Télécom » et prime de résultat d’exploitation inclus. Les droits à pension acquis durant la période de congé de fin de carrière sont identiques à ceux que l’agent aurait obtenus en travaillant à temps plein. Au total, plus de 80 % des bénéficiaires potentiels ont opté pour ce congé.

France Télécom a également continué sa politique de déploiements vers les métiers en contact avec le client : 9 470 salariés ont ainsi changé de métiers en 1997.

Pour 1998, France Télécom prévoit de recruter 2 000 personnes sous statut de droit privé, comme dorénavant ce sera la règle ainsi que l’a défini la direction de l’entreprise nationale.

Par ailleurs, les souscriptions par les personnels au capital de l’entreprise nationale montrent l’attachement des agents de France Télécom à leur entreprise : 128 890 souscripteurs, soit 70 % du personnel en activité, ont demandé à acheter 37,5 millions d’actions, chiffre dépassant de 12,5 millions le nombre d’actions offertes ; 50 % des souscripteurs ont été servis intégralement et 75 % à hauteur de 75 % de leur demande.

Au-delà de la politique du personnel de France Télécom, je répéterai qu’il est indispensable que soit conclue rapidement une convention collective de branche afin d’encadrer les pratiques très disparates en matière de droit du travail dans le secteur des télécommunications qui est appelé à connaître une forte expansion alors que ses acteurs étaient jusqu’à présent limités à un opérateur quasi-monopolistique et deux grandes entreprises de services pour la radiotéléphonie. L’absence de convention collective risque de livrer les travailleurs aux pressions de chefs d’entreprises peu soucieux du droit du travail et ouvrir la voie à une compétition déloyale entre les opérateurs au détriment des employés. Cégétel (filiale de la CGE) et France Télécom ont formulé une demande en ce sens auprès du ministère mais une telle convention ne pourra sans doute pas être conclue avant deux ans (il faut en premier constituer une association d’employeurs).

3. Les charges de pensions

Conformément à la règle applicable aux fonctionnaires de l’Etat, il fut convenu, lors de la création des exploitants publics, que les pensions allouées aux fonctionnaires de France Télécom et de La Poste seraient liquidées et le service des pensions géré par l’Etat (article 30 de la loi du 2 juillet 1990 relative à l’organisation du service public de la poste et des télécommunications). Le maintien de l’application du code des pensions civiles et militaires de retraite était la conséquence logique du maintien du statut de la fonction publique de l’Etat (par des statuts particuliers) pour les agents de France Télécom et de La Poste.

Afin de compenser la charge qui en résultait pour l’Etat, les deux exploitants publics ont été conduits à verser au Trésor public :

– le produit de la retenue pour pension de 7,85 % perçue sur les traitements de tous les fonctionnaires ;

– une contribution complémentaire permettant la prise en charge intégrale des dépenses de pensions concédées et à concéder des retraités respectivement de France Télécom et de La Poste.

La répartition des charges de pensions entre les deux établissements a été fixée par leurs cahiers des charges : 61,6 % incombaient à La Poste, 38,4 % à France Télécom. Le principe posé par la loi du 2 juillet 1990 était en effet que le budget de l’Etat n’ait pas à débourser un franc pour le paiement de ces pensions. Les seules cotisations des agents ne sauraient donc être libératoires.

Pour leurs agents contractuels, les exploitants publics versent des cotisations à la caisse nationale d’assurance vieillesse et à l’IRCANTEC pour les retraites complémentaires des agents contractuels de droit public et à l’ARRCO et l’AGIRC pour celles des agents contractuels sous convention collective.

Les exploitants publics ont en outre été astreints aux régimes de compensation et surcompensation démographiques. La compensation généralisée a été instituée par une loi du 24 décembre 1974 afin de remédier aux inégalités provenant des déséquilibres démographiques et des disparités de capacités contributives entre les différents régimes. Elle ne porte que sur l’assurance vieillesse. Le budget annexe des postes et télécommunications a été mis à contribution à partir de 1983 (à hauteur de 700 millions de francs).

L’article 78 de la loi de finances pour 1986 a mis sur pied la surcompensation afin de soutenir les douze principaux régimes spéciaux d’assurance vieillesse. Le budget annexe y fut soumis dès 1985.

La transformation de France Télécom en société anonyme le 31 décembre 1996 a soustrait l’entreprise à l’assujettissement au régime de la compensation et de la surcompensation.

ÉVOLUTION DES CHARGES DE PENSIONS

(en millions de francs)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998
(prévisions)

FRANCE TELECOM

Cotisations salariales :

Contribution complémentaire :

Cotisations salariales des agents en congé de fin de carrière :

Ajustement sur exercice antérieur (1):

Total des pensions versées :

1 321

5 130

6 451

1 422

5 598

7 020

1 399

5 830

– 150

7 079

1 505

6 166

+ 25

7 696

1 563

6 417

– 17

7 963

1 553

7 143

18

+ 54

8 768

1 550

7 014

24

8 588

Compensation et surcompensation :

Ajustement sur exercice antérieur (1):

Total compensation et surcompensation

1 233

1 233

1 819

1 819

1 377

– 485

892

1 367

– 46

1 321

1 230

– 82

1 148

0

0

0

– 11

0

– 11

TOTAL CHARGES

7 684

8 839

7 971

9 017

9 111

8 744

8 577

LA POSTE

Cotisations salariales :

Contribution complémentaire :

Ajustement sur exercice antérieur (1):

Régularisation de l’année en cours :

Total des pensions versées ::

2 105

8 202

10 307

2 196

9 094

+ 3

11 293

2 228

9 460

+ 36

11 724

2 329

10 253

+ 92

12 574

2 429

10 603

+ 21

13 053

2 394

11 214

13 608

2 387

11 155

+ 85

+ 88

13 715

Compensation et surcompensation :

Ajustement sur exercice antérieur (1):

Régularisation de l’année en cours :

Total compensation et surcompensation

1 979

+ 208

2 187

2 918

– 97

2 821

2 210

– 777

1 433

2 192

– 74

2 118

1 974

– 131

1 843

1 596

1 596

1 620

– 17

– 60

1 543

TOTAL CHARGES

12 494

14 114

13 157

14 692

14 896

15 204

15 258

(1) Les dépenses sont notifiées de manière prévisionnelle au ministère de l’économie et de finances et  nécessitent des régulations après clôture de l’exercice.

a) Le système applicable aux charges sociales acquittées par France Télécom

Mon avis budgétaire pour 1998 (rapport n° 310, tome VIII, p. 36 et s.) a présenté le dispositif visant à ramener le taux de cotisations de retraites, et les charges sociales d’une manière générale, payées par France Télécom à un niveau comparable à celui supporté par les autres entreprises de télécommunications opérant en France. Désormais, en application de l’article 6 de la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996 relative à l’entreprise nationale France Télécom, le financement des pensions de retraites des fonctionnaires de l’entreprise nationale repose sur une retenue pour pension sur les traitements (au taux de 7,85 % prévu par l’article L. 61 du code des pensions civiles et militaires de retraite), le versement au Trésor public d’une contribution employeur à caractère libératoire proportionnelle aux sommes payées à titre de traitement soumis à retenue pour pension et dont le taux est fixé par décret en Conseil d’Etat « de manière à égaliser les niveaux de charges sociales et fiscales obligatoires assises sur les salaires entre France Télécom et les autres entreprises du secteur des télécommunications relevant du droit commun des prestations sociales, pour ceux des risques qui sont communs aux salariés de droit commun et aux fonctionnaires de l’Etat » et enfin l’acquittement d’une contribution forfaitaire exceptionnelle de 37,5 milliards de francs, soulte gérée par un établissement public créé à cet effet et qui reverse chaque année au budget de l’Etat une somme égale à un milliard de francs majoré de 10 % année après année (1,21 milliard en 1999 ; le dernier versement devant intervenir en 2013). Pour 1997, le taux de la contribution employeur libératoire a été fixé à 36,2% et pour 1998 à 35,4 %. Le chapitre 32-97, article 30, du budget des charges communes a prévu 9,24 milliards de francs pour le paiement des pensions des retraités de France Télécom en 1999 (contre 8,63 milliards de francs en 1998).

Le coût des charges de pensions a été augmenté par la création du congé de fin de carrière qui est très prisé (voir p. 30). Le coût actuariel du dispositif (imputé sur les capitaux propres au 1er janvier 1996) avait été estimé en 1996 à 24,7 milliards de francs ; il a été réévalué à 30,4 milliards au 31 décembre 1997.

b) Les avancées du contrat d’objectifs et de progrès conclu avec La Poste

L’entrée en vigueur de la directive du 15 décembre 1997 (voir le III) impose à l’exploitant public de préserver un niveau de compétitivité comparable à ses concurrents privés. Or, un élément déterminant de la compétitivité est le niveau des charges patronales. Parmi les charges les plus lourdes et surtout les plus pénalisantes parce qu’elles n’ont pas de correspondance dans le secteur privé, figurent les charges de retraite incombant à l’exploitant public. On peut également citer sa contribution au transport postal de la presse.

Dans le secteur privé, le taux de cotisation patronale pour l’assurance vieillesse du régime général est de 9,80 % (8,20 % sous plafond de 14 090 francs par mois et 1,60 % sur la totalité du salaire) ; il est actuellement d’environ 9,75 % pour la retraite complémentaire des cadres et 3,37 % pour la retraite complémentaire des non-cadres.

Mon précédent avis budgétaire (rapport n° 310, tome VIII) présentait une estimation de l’évolution des charges de retraites supportées par La Poste : en 2015, le taux de cotisation patronale global aurait dépassé 72 %, ce qui est insupportable quels que soient le statut et les protections dont peut bénéficier La Poste. En moyenne, les charges patronales de cotisations pour les pensions de retraite s’accroissaient de 600 millions de francs par an ; cette somme correspond, en ordre de grandeur, aux gains de productivité dégagés, avec beaucoup de sacrifices, par les agents de La Poste. La situation devait donc cesser d’urgence.

Le chapitre 8 du contrat d’objectifs et de progrès portant contrat de plan pour 1998–2001 prévoit que : « Parallèlement aux engagements de La Poste relatifs à l’amélioration de ses performances, l’Etat accompagne l’exploitant (...) en stabilisant en francs constants au niveau des charges dues au titre de 1997, les charges de retraites de La Poste dues au titre des années du contrat d’objectifs et de progrès. » La dégradation de la situation est donc arrêtée. Il reste à étudier si le niveau de contribution atteint par La Poste en 1997 correspond à celui supporté par des opérateurs postaux privés exerçant leur activité en France afin que l’équilibre de la concurrence soit respecté.

En application de ce dispositif, le chapitre 32-97, article 30, a prévu une mesure nouvelle pour 1998 d’un montant de 14,8 milliards de francs destinée au paiement des pensions des fonctionnaires de La Poste.

Le coût global du soutien de l’Etat est évalué par le secrétariat d’Etat à l’industrie à 2,9 milliards de francs, soit près de 600 millions de francs par an sur cinq ans. Cet effort financier constitue un engagement fort de l’Etat témoignant de la volonté du Gouvernement de pérenniser l’institution postale.

B.— LE FINANCEMENT DU SERVICE PUBLIC DES TÉLÉCOM-MUNICATIONS

La loi du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications a défini, conformément aux possibilités ouvertes par les textes communautaires, un mécanisme national de partage des coûts nets de fourniture du service universel. Seul le financement des obligations de la première composante du service public, qui est le coeur même du service public des télécommunications, est donc organisé par la loi. Les services obligatoires et les missions d’intérêt général sont financés par les opérateurs ou par l’Etat.

Les ressources nécessaires au financement du service universel sont appréciées à partir des coûts nets imputables aux obligations de service universel. Ces coûts sont évalués à partir de la comptabilité des opérateurs chargés du service universel.

Le coût net est défini par le Gouvernement comme le coût supporté par un opérateur de service universel mesuré par la différence avec la situation de cet opérateur si les contraintes n’existaient pas. Le coût net est obtenu comme la différence entre les coûts évités pour l’opérateur et les pertes de recettes directes et indirectes induites. Cette méthode est connue sous le nom de méthode des coûts nets évitables. Elle est inspirée des résultats de la théorie économique et de la pratique des pays étrangers. Le groupe d’experts présidé par M. Champsaur l’a retenue.

Le financement est assuré par les exploitants de réseaux ouverts au public et par les fournisseurs de services téléphoniques au public. Le mécanisme est décomposé par le schéma ci-après, qui indique le coût net de chaque composante du service universel prévu pour 1998 (arrêté ministériel du 24 octobre 1997). Les prévisions pour 1999 n’ont pas encore été rendues publiques.

Le financement est assuré par le biais :

– d’un fonds de service universel des télécommunications, géré comptablement et financièrement par la Caisse des dépôts et consignations dans un compte spécifique,

– et d’une rémunération additionnelle à la rémunération d’interconnexion.

Cette rémunération additionnelle cessera de devoir être acquittée lorsque le déséquilibre structurel des tarifs téléphoniques de France Télécom sera résorbé. La loi impose de les résorber avant l’année 2001. Il appartiendra au Gouvernement de constater cette résorption. Le déficit sera comblé lorsque le montant mensuel de l’abonnement au service téléphonique de base de France Télécom atteindra 68 francs hors taxe ; il est actuellement de 56,38 F HT (voir tableau sur l’évolution des tarifs téléphoniques de base français depuis 1976 dans le dernier chapitre du présent avis ; en mars 1997, le prix de l’abonnement de base a été relevé de 12,60 F HT). L’échéance du 31 décembre 2000 sera respectée sans difficulté.

La rémunération supplémentaire couvre le financement des coûts nets générés, d’une part, par les obligations de péréquation géographique et, d’autre part, par le déséquilibre de la structure actuelle des tarifs téléphoniques de France Télécom. Lorsque ce dernier sera résorbé, le financement des coûts nets des obligations de péréquation géographique sera assuré par le fonds.

FINANCEMENT DES COÛTS NETS DU SERVICE UNIVERSEL

(article L. 35–3 du code des P&T)

(6,043 milliards de francs prévus pour 1998)

passe au fonds

quand le ministre

aura constaté, au plus tard

le 31 décembre 2000,

que le déséquilibre de

la structure tarifaire

de France Télécom

est résorbé

devra être progressivement résorbé par France Télécom

avant le 31 décembre 2000

supprimée quand

le ministre aura constaté, au plus tard le

31 décembre 2000, que le

déséquilibre de la structure tarifaire

de France Télécom est résorbé

(abonnement mensuel de base de l’ordre de 68 F HT)

(*) Les opérateurs de radiocommunications mobiles ne sont astreints à verser qu’un centime par minute du fait de leur exemption d’acquittement de la part de la rémunération additionnelle correspondant à la péréquation économique.

Le montant de cette rémunération supplémentaire est arrêté par le ministre chargé des télécommunications sur proposition de l’ART. En fait, le montant est arrêté par constatation des coûts puisque la rémunération est calculée au prorata du temps de connexion, exprimé en minutes, de l’opérateur sur le réseau téléphonique ouvert au public dans l’ensemble du trafic téléphonique. L’arrêté du 23 juillet 1997 a arrêté les évaluations prévisionnelles pour 1997 (1) ; les coûts prévisionnels pour 1998 ont été constatés par le ministre le 24 octobre 1997.

L’évaluation du coût de la couverture du territoire par France Télécom (2,7 milliards de francs) résulte des conclusions des travaux de la commission d’experts présidée par M. Champsaur. La fixation à 2,24 milliards de francs du coût du déséquilibre de la structure tarifaire de France Télécom est le résultat de la multiplication du nombre d’abonnés au service téléphonique par la différence entre le montant de l’abonnement permettant de combler le déficit d’accès (68 F HT) et le montant actuel de l’abonnement.

Ces sommes seront directement versées à France Télécom qui devrait être le seul opérateur assurant le service universel. Pour 1998, la contribution des opérateurs due à France Télécom est évaluée à 70 millions de francs.

Le fonds de service universel des télécommunications assurera le financement des coûts nets des obligations :

– de péréquation sociale (tarifs spécifiques accordés à certaines catégories d’abonnés – personnes sans ressources ou handicapés – en vue de leur assurer l’accessibilité au service téléphonique) ; si un opérateur offre de tels tarifs sans pour autant assurer le service universel, il pourra déduire de sa contribution au fonds le coût net de cette offre ; le coût net de cette obligation est fixé à 921 millions de francs pour 1998 ; les personnes bénéficiaires sont désignées, par période d’un an, par les organismes sociaux agréés par les départements conformément au décret n° 97-475 du 13 mai 1997 (article R. 20-34 du code des P&T) ; on considère que 10 % des abonnés pourraient bénéficier de ces tarifs (chômeurs, Rmistes, handicapés, allocataires du fonds de solidarité vieillesse, invalides de guerre) et que l’avantage financier pourrait être de l’ordre de 30 francs par mois (les aides doivent être globalement inférieures à 0,8 % du chiffre d’affaires du service téléphonique au public).

Cette péréquation sociale doit constituer une véritable contrepartie à la résorption du décalage tarifaire décrite ci-dessus ; encore faut-il que les tarifs dérogatoires ne soient pas confidentiels comme c’est souvent le cas actuellement, c’est pourquoi le ministère chargé des affaires sociales devrait lancer une campagne de communication sur ce sujet notamment auprès des services sociaux départementaux et municipaux ;

– de desserte du territoire national en cabines téléphoniques publiques ; le cahier des charges de France Télécom approuvé par le décret n° 96-1225 du 27 décembre 1996 a maintenu l’obligation de présence d’une cabine par commune et a imposé une obligation nouvelle consistant en l’installation, dans toutes les communes de 1 000 à 10 000 habitants, d’une cabine publique pour une première tranche de 1 000 habitants et une cabine par tranche de 1 500 habitants au delà du premier millier d’habitants ; une commune de 10 000 habitants devra donc posséder au moins 7 cabines publiques ; le coût de ces obligations pour 1998 est fixé à 163 millions de francs ;

– d’établissement et de mise à disposition de l’annuaire universel, qui sera établi par un organisme indépendant des entreprises offrant des biens ou services de télécommunications ; considérant que le coût de cette fonction est compensé par des recettes commerciales tirées de la mise à disposition des listes d’abonnés, le Gouvernement estime nul le coût net de cette obligation ; le décret d’application mettant en place cet organisme n’est pas encore publié en raison des difficultés pratiques et des désaccords entre les opérateurs constatés sur le sujet ;

– tenant au service de renseignement relatif à l’annuaire universel ; selon le même raisonnement, du fait que le service de renseignement est lié à l’annuaire, le coût net de cette obligation serait nul. Par ailleurs, les appels d’urgence ne font l’objet d’aucune compensation.

Le secrétaire d’Etat estime que France Télécom devrait recevoir du fonds de service universel 25 millions de francs en 1998 (elle en a reçu 6 millions pour 1997).

C.— L’INTERCONNEXION ENTRE RÉSEAUX

L’interconnexion des réseaux a pour objet de permettre à tout abonné de tout opérateur de communiquer avec l’ensemble des abonnés de l’ensemble des opérateurs. L’article L. 34-8 du code des postes et télécommunications prévoit que « les exploitants de réseaux ouverts au public font droit, dans des conditions objectives, transparentes et non discriminatoires, aux demandes d’interconnexion des titulaires d’une autorisation délivrée en application des articles L. 33-1 et L. 34-1. »

Les conditions techniques et financières de l’interconnexion entre deux opérateurs sont fixées dans une convention bilatérale. Toutefois, les opérateurs désignés comme puissants sur le marché « sont tenus de publier, dans les conditions déterminées par leur cahier des charges, une offre technique et tarifaire d’interconnexion approuvée préalablement par l’Autorité de régulation des télécommunications. » Cette disposition objectivement et intentionnellement discriminatoire vis-à-vis de France Télécom vise à donner un avantage concurrentiel aux nouveaux entrants que l’offre tarifaire de France Télécom pourrait anéantir dès leur implantation.

L’ART a approuvé le 9 avril 1997 une première partie du catalogue d’interconnexion de France Télécom qui porte sur les conventions d’interconnexion pour l’année 1998. Il a été complété par une offre d’interconnexion internationale en juillet 1997. L’offre d’interconnexion pour 1999 est en cours d’élaboration.

Les prix moyens d’interconnexion qui résultent des tarifs inscrits dans ce catalogue et qui seront appliqués aux opérateurs nouveaux entrants en 1998 sont les suivants :

 

Opérateur de réseau (L. 33-1)

Opérateur de service (L. 34-1)

 

Partie fixe

Partie variable
(centimes par minute)

Partie fixe

Partie variable
(centimes par minute)

 

(raccordement 2Mbits/s)

tarif normal

tarif réduit

(raccordement 2Mbits/s)

tarif normal

tarif réduit

Trafic terminal sur commutateur de raccordement d’abonnés (plus de 700 commutateurs ouverts, desservant chacun de 30 à 35 000 abonnés)

34 450 F/an

4,69

3,22

Simple transit à partir du PRO
(environ 1,8 million d’abonnés par zone transit)

47 590 F/an

11,40

7,83

Double transit à partir du PRO
(accès à toute la France)

16,77

11,51

Raccordement sur PRF (en-semble des commutateurs de transit)

47 590 F/an

15,84

10,87

PRO : point de raccordement opérateurs.

PRF : point de raccordement fournisseurs de service téléphonique au public.

III.— LA POSTE

A.— LES RÉSULTATS POUR 1997 ET LES PRÉVISIONS POUR 1998

1. La politique tarifaire face à l’ouverture à la concurrence

Le dernier relèvement du prix du timbre remonte au 18 mars 1996 (passage du prix d’envoi de la lettre de 20 grammes de 2,80 francs à 3 francs, de l’écopli de 20 grammes de 2,40 francs à 2,70 francs et relèvement à 4 francs du prix d’envoi de la lettre de 50 grammes). Cette hausse limitée aux deux tranches de poids les plus basses correspondait à une augmentation moyenne de prix de 3,5 %, soit un taux inférieur à celui enregistré par l’indice des prix à la consommation depuis le 5 juillet 1993, date de la précédente augmentation du prix du timbre.

Le contrat de plan 1995-1997 a imposé de contenir la hausse des produits sous monopole dans les limites de la progression de l’indice des prix à la consommation. Le contrat d’objectifs et de progrès pour 1998-2001, signé le 25 juin 1998 entre l’Etat et La Poste, a prévu que l’évolution des tarifs des services réservés (définis par la directive européenne) reste inférieure à celle de l’indice des prix à la consommation (hors tabac), à fiscalité inchangée. La Poste vise l’objectif d’une baisse des tarifs du secteur réservé en francs constants.

Cette politique tarifaire est nécessaire pour permettre à La Poste d’affronter la réalité économique des marchés postaux. Si la fourniture d’un service public de qualité à un coût qu’il ne faut pas dissimuler aux usagers, ceux-ci sont avec l’ouverture à la concurrence sensibles aux hausses tarifaires, en particulier celles justifiées par la nécessité d’équilibrer les comptes d’une entreprise. Le relèvement des tarifs ne doit donc plus être une variable d’ajustement. En outre, La Poste serait dans une situation d’illégalité si elle utilisait les services réservés comme zone de profits compensant les pertes des services ouverts à la concurrence.

Cette politique tarifaire a donc pour premier objectif de rapprocher les prix de la structure des coûts. En effet, c’est la couverture des coûts des tranches de poids les plus basses, qui forment l’essentiel des services réservés, qui est la moins bien assurée.

Par ailleurs, La Poste aménage sa structure tarifaire pour lui permettre de lutter contre la concurrence. Sont ainsi baissés les prix des produits de la messagerie, de la publicité non adressée et du Colissimo pour les tranches de poids les plus utilisées. Le prix de l’Ecopli est modulé selon la demande des entreprises qui sont les principales utilisatrices du service. La grille tarifaire des mailings est restructurée de manière à limiter les écarts de tarifs d’une tranche de poids à une autre. En outre, une politique contractuelle est mise en place pour fidéliser les grands comptes, qui représentent la moitié du chiffre d’affaires courrier de La Poste.

Cette stratégie est vitale car si 72,5 % du chiffre d’affaires courrier et colis sont encore réalisés par la vente de produits et services sous monopole, ceux-ci font en fait l’objet d’une concurrence indirecte ou sauvage, notamment au moyen de nouveaux modes de communication, qui placent La Poste d’ores et déjà face au défi de la loi du marché. Le premier objectif de la grille tarifaire est donc de lutter contre le risque d’écrémage qui est particulièrement réel et déjà constatable dans les plus grandes villes. Le principal axe de cette politique est de modérer les augmentations de tarif touchant les correspondances déposées par les gros expéditeurs en négociant avec eux des contrats particuliers et en rapprochant les tarifs des coûts.

Bien entendu, cette politique tarifaire maintient le principe de péréquation tarifaire géographique, qui est garanti par le contrat d’objectifs et de progrès.

2. L'endettement

L'endettement à long et moyen termes cumulé de La Poste (maison mère et groupe) décroît régulièrement depuis 1993 comme suit :

(Montants hors intérêts courus non échus) (en millions de francs)

EMPRUNTS

Bilan

d’ouverture

01/01/91

31/12/91

31/12/92

31/12/93

30/12/94

31/12/95

31/12/96

31/12/97

obligataires

22 262

23 615

25 408

25 043

22 052

19 114

16 277

13 612

bons d’épargne

10 395

10 695

10 777

10 971

11 213

12 023

11 857

11 191

TOTAL La Poste

31 657

34 310

36 185

36 014

33 265

31 137

28 134

24 803

Groupe La Poste
(y compris divers)

   


37 200


36 900


34 400


32 700


29 400


26 345

Le recul marqué de l’endettement de l’exploitant public a pu être atteint grâce à une meilleure gestion financière des emprunts et par l’absence d’émission d’emprunt depuis 1993. Il est prévu dans l’état prévisionnel des recettes et des dépenses de La Poste de ramener à 22,4 milliards de francs la dette à long et moyen termes (hors intérêts courus non échus) à la fin de l’année 1998.

Le contrat de plan pour 1991-1994 ne contenait aucune exigence de désendettement de La Poste. Cette lacune a été comblée à l'occasion de la négociation du contrat de plan pour 1995-1997. Celui-ci a demandé à La Poste de conduire « une gestion active de sa dette en vue d’en réduire le poids ». Aucun objectif chiffré n’était assigné mais des indicateurs de gestion précis étaient définis. Le contrat d’objectifs et de progrès a maintenu cette méthode.

CHARGE DE LA DETTE À LONG ET MOYEN TERMES

(en millions de francs)

 

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

• Amortissements

• Intérêts

= Service de la dette

1 647

2 469

4 116

2 287

2 604

4 891

2 383

2 629

5 012

3 005

2 215

5 220

2 965

1 964

4 929

2 825

1 584

4 409

2 609

1 376

3 985

Fonds propres

10 278

9 851

9 495

9 907

8 344

7 742

7 970

Ratio Dette LMT/Fonds propres

3,3

3,7

3,8

3,4

3,7

3,6

3,1

3. L'investissement

Le niveau annuel des investissements dépend du Fonds de développement économique et social (F.D.E.S.).

Le contrat de plan pour 1995-1997 fixait un plafond des investissements à 9 milliards de francs sur ses trois années. Cela signifie que même si elle en avait eu les moyens — ce qui n’est pas le cas — et le besoin, La Poste aurait dû limiter ses investissements.

PROGRAMMATION DES INVESTISSEMENTS

(en millions de francs)

 

1994

1995

1996

1997

1998
prévisions

Courrier et colis

Services financiers

Réseau

Logistique

1 039

230

521

691

838

266

515

698

1 018

258

305

594

1 457

249

437

477

1 619

431

824

825

TOTAL

2 481

2 317

2 175

2 620

3 698

La programmation des investissements est guidée par la stratégie commerciale d’offre de services compétitifs à prix abordables sur l’ensemble du territoire dans la perspective de l’ouverture à la concurrence (voir les développements sur la politique tarifaire).

Les investissements en matière de courrier tendent à prendre en compte l’évolution des technologies concurrençant l’activité postale afin d’accroître la valeur ajoutée des services de La Poste (fiabilité et gestion des adresses, suivi du transport, utilisation de l’échange électronique). La Poste accélère la mise en place des nouveaux services utilisant les technologies informatiques (service de prospection de clientèle, de transaction électronique, de certification électronique de paiement, de service interentreprise de gestion des transactions commerciales hors support papier, de gestion de listes d’abonnés). Les nouvelles technologies permettent en outre d’améliorer l’efficacité des activités existantes de La Poste (traitement automatisé de questionnaires ou de documents (2), service hybride Datapost qui génère un chiffre d’affaires de 100 millions de francs (3), porte-monnaie électronique). Malgré la substitution croissante des données informatiques au support papier, le volume du courrier continue de croître ; l’exemple des Etats-Unis est frappant car ce phénomène de substitution est ancien et puissant.

Les choix d’investissement sont par ailleurs guidés par le renforcement de la concurrence. La Poste a choisi de s’orienter en conséquence vers une segmentation et une différenciation de son offre selon les clientèles et les marchés. En outre, 120 millions de francs sont consacrés en 1998 à la modernisation du réseau afin d’assurer une meilleure implantation des bureaux dans les zones de chalandise où l’exploitant public est insuffisamment présent.

4. Les résultats de l’activité en 1997

Après la régression historique de son chiffre d’affaires en 1995 (la croissance de 6,9 % de l’activité des services financiers n’ayant pas pu compenser le repli de 3,2 % de l’activité courrier et colis), le groupe La Poste a enregistré, en 1996, une progression de 3 % de son chiffre d’affaires, et en 1997, 3,7 % (3,3 % pour la maison-mère).

a) L’activité courrier

Le chiffre d’affaires de l’activité courrier et colis a marqué un léger tassement en 1997 puisqu’il n’a cru que de 2,7 % contre 3,7 % en 1996, mais il est nettement supérieur à celui qui était prévu par l’état prévisionnel des recettes et des dépenses. Le fait le plus notable est le redressement du chiffre d’affaires réalisé avec les particuliers, qui diminuait régulièrement, grâce essentiellement à l’innovation du prêt-à-poster qui a cru de 55 % en un an. Le trafic de lettre ordinaire a cru en outre plus vite en 1997 (+ 3,2 %) qu’en 1996 (+ 2,8 %).

Contrairement aux prévisions sur le moyen et long termes, qui tablent sur une baisse régulière du transport des correspondances en raison des mesures de rationalisation et d’économie des entreprises et des administrations ainsi que des progrès techniques de la communication défavorables à l’écrit (télécopie, transmission informatique de données, qui pourraient représenter en 1998 un manque à gagner de 5 milliards de francs, soit le double que celui estimé pour l’année 1994), depuis 1995 le volume des correspondances ne cesse de croître. La croissance du trafic courrier en 1997 (+ 3,7 %) est même la plus forte enregistrée depuis 1993, de même que celle des correspondances (+ 3,6 %).

Le trafic de publipostage adressé (Postimpact) a poursuivi sa forte croissance (+ 7 % en moyenne par an depuis 1994) tandis que le publipostage non adressé n’a augmenté que de 1,8 % en 1997.

L’ACTIVITÉ COURRIER DE LA POSTE (en volume)

(en millions d’objets)

Catégories d’objets (*)

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

· Lettres ordinaires et cartes postales

(dont lettres de plus de 20 g)

· Distingo et lettres recommandées

· Ecoplis

(dont écoplis de plus de 20 g)

· Journaux et périodiques

· Messagerie (1)

· Prospection commerciale (2)

TOTAL TRAFIC PAYANT DÉPOSÉ

EN MÉTROPOLE

Progression du courrier par rapport à l’année précédente

Total trafic (courrier et colis) en franchise

Total courrier déposé dans les DOM

Poids du trafic déposé dans les DOM (en tonnes)

COURRIER EXPRESS (en millions d’expéditions)

CHRONOPOST (4) 

TAT Express (5) 

6 206

(960)

146

3 719

(421)

2 166

326

7 183

-------

19 746

+ 6,3 %

1 642

110

11,8

6 390

(962)

146

4 032

(476)

2 128

342

7 985

-------

21 023

+ 6,4 %

729

114

13,1

4,2

6 420

(963)

143

4 120

(470)

2 143

338

8 859

-------

22 026

+ 4,7 %

741

110

13,4

4,8

6 345

(1 058)

135

4 147

(499)

2 085

338

9 964

-------

23 015

+ 4,5 %

671

115

1 601,8

15,6

5,3

6 020

(1 055)

141

4 084

(484)

2 041

303

10 252

-------

22 844

– 0,7 %

619

n.d. (3)

1 580,5

18,8

5,6

6 189

(1 109)

187

4 703

(646)

2 044

298

10 484

-------

23 905

+ 4,6 %

55,3

n.d. (3)

1 734,5

19,3

5,8

6 391

(1 217)

194

4 907

(686)

1 994

290

11 036

-------

24 812

+ 3,8 %

47,9

n.d. (3)

1 879,7

22,8

6,3

(1) Colissimo, Coliéco, colis postaux et recommandés, objets à valeur déclarée, Diligo, Dilipack ; hors franchises.

(2) Postimpact, catalogues, Postréponses, Postcontact, annuaires à distribution spéciale.

(3) Ces statistiques ne sont plus réalisées.

(4) Transport et livraison express jusqu’à 30 kg.

(5) Transport express en France et dans le monde, d’entreprise à entreprise.

(*) Série corrigée pour le courrier à compter des données 1992 suite à la mise en place du nouveau système de collecte de l’information à compter de 1995.

b) Les services financiers

Le chiffre d’affaires des services financiers a nettement progressé en 1997 : + 3,66 % contre + 0,78 % en 1996.

En 1997, la rémunération des CCP a représenté 38 % du chiffre d’affaires des services financiers de La Poste. Elle est en augmentation de 1,1 % par rapport à 1996, mais cette évolution est en grande partie due à l’augmentation des avoirs moyens créditeurs.

La rémunération de la gestion des livrets A et B par La Poste est exclusivement liée aux évolutions de leurs encours moyens. Ces derniers ont été affectés par la baisse d’un point, en 1996, du taux servi aux clients (de 4,5 % à 3,5 %) : la rémunération de La Poste est passée ainsi de 4 327 millions en 1995 à 4 298 millions en 1996, puis à 4 278 millions en 1997.

Les encours des CCP et des livrets A ne représentent plus que 45 % des avoirs gérés par La Poste contre 75 % il y a dix ans, ce qui souligne le dynamisme des services financiers en général de La Poste, notamment ceux d’assurance-vie. L’activité traditionnelle des mandats est par ailleurs en forte chute.

La rémunération sur les produits d’assurance représente en 1997 environ 8 % du chiffre d’affaires des services financiers. La rémunération des produits d’épargne a connu une progression de 23 % entre 1996 et 1997, notamment grâce à l’évolution favorable des encours des produits d’épargne-logement et des LEP.

RECETTES TIRÉES DES PRODUITS DES SERVICES FINANCIERS DE LA POSTE

(en millions de francs)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Variation 1997/96

Rémunération des livrets A et B

Produits d’épargne boursière

Produits d’assurance (activité avec la CNP) (*)

Rémunération des autres épargnes

Sous-total épargne :

Rémunération des fonds CCP par le Trésor

Autres produits :

dont services rendus à l’Etat

dont mandats

dont commissions sur opérations et autres

TOTAL

4 041

972

704

953

6 670

8 116

3 216

1 214

891

1 111

18 002

3 968

1 490

695

980

7 133

8 175

3 469

1 081

944

1 444

18 777

4 107

1 394

815

1 074

7 390

7 827

3 498

805

999

1 694

18 715

4 327

1 113

1 131

1 315

7 886

8 676

3 509

782

967

1 760

20 007

4 298

960

1 308

1 794

8 360

7 796

4 064

1 212

993

1 859

20 220

4 278

975

1 633

2 208

9 094

7 884

3 976

981

970

2 025

20 954

– 0,5 %

+ 1,5 %

+ 24,8 %

+ 23,0 %

+ 8,7 %

+ 1,1 %

– 2,1 %

– 19,0 %

– 2,3 %

+ 8,9 %

+ 3,63 %

L’ACTIVITÉ FINANCIÈRE DE LA POSTE

(en millions de comptes et en milliards de francs)

Rubriques

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

· Chèques Postaux

- nombre de comptes au 31/12

- avoir au 31 décembre (1)

· Epargne ordinaire

- nombre de livrets A et B

- avoir au 31 décembre

- nombre de livrets jeune (2)

- avoir au 31 décembre

- nombre de livrets d’épargne populaire

- avoir au 31 décembre

- nombre de CODEVI

- avoir au 31 décembre

Total des livrets au 31 décembre

Total des avoirs au 31 décembre

9,15

165,0

20,26

280,7

0,59

13,87

0,66

5,64

21,51

300,21

9,39

169,9

20,47

272,7

0,58

13,86

0,63

5,42

21,68

291,98

9,64

171,0

20,61

270,6

0,57

13,9

0,62

5,9

21,8

290,4

9,81

170,0

20,92

286,2

0,6

15,2

0,65

8,2

22,17

309,6

9,91

182,3

21,25

305,3

0,65

16,7

0,69

9,9

22,59

331,9

9,96

178,9

21,41

284,7

1,05

4,1

1,35

35,0

0,705

10,3

24,51

334,1

9,99

182,5

21,55

293,7

1,30

5,2

1,78

45,3

0,729

11,2

25,37

355,4

(1) Avoir des comptes créditeurs.

(2) Service créé le 6 mai 1996.

L’ACTIVITÉ FINANCIÈRE DE LA POSTE (suite)

(en millions de comptes et en milliards de francs)

Rubriques

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

· Comptes à terme (3)

- nombre de comptes

- avoir au 31 décembre

· Epargne logement

- nombre de C.E.L./L.E.L.

- avoir au 31 décembre

- nombre de P.E.L.

- avoir au 31 décembre

- nombre de prêts immobiliers accordés

- montant

· Plan d’épargne populaire financier

- nombre de plans

- avoir au 31 décembre

· SICAV

- nombre de comptes

- capitalisation boursière au 31/12

· Fonds communs de placement

- nombre de comptes

- capitalisation boursière au 31/12

· Comptes-titres (hors OPCVM)

- nombre de comptes-titres

- capitalisation boursière au 31/12

· Bons d’épargne La Poste (encours)

· Assurance

- nombre de contrats

- montant des souscriptions

0,53

8,73

0,45

24,52

0,045

5,39

0,27

4,51

1,41

71,26

0,36

11,44

0,48

21,07

10,7

1,53

46,3

0,54

8,49

0,46

25,46

0,046

5,75

0,25

5,45

1,88

97,52

0,77

27,62

0,50

22,77

10,8

1,64

61,2

0,52

8,7

0,73

34,2

0,049

5,94

0,24

6,4

}

}

} 3,52

} 146,8

}

}

0,81

31,1

11,0

1,83

85,3

0,51

8,9

0,83

44,5

0,069

7,49

0,23

7,2

}

}

} 3,94

} 137,8

}

}

0,80

29,1

11,2

2,08

116,0

0,05

2,3

0,55

9,8

0,88

54,4

0,066

6,24

0,22

8,3

}

}

} 5,05

} 128,6

}

}

0,65

28,7

11,2

2,20

150,0

0,10

2,2

0,59

11,4

1,23

78,1

0,087

9,12

0,21

9,4

}

}

} 4,57

} 116,1

}

}

0,73

29,4

11,8

2,30

183,6

0,08

1,6

0,62

12,7

1,31

94,6

0,092

10,76

0,22

11,6

---

94,4

0,75

26,2

11,2

2,50

225,5

· Nombre total de comptes au 31/12

· Encours total au 31 décembre

35,70

663,8

37,13

721,0

39,15

784,9

40,43

834,2

42,11

907,2

42,06

955,0

43,92

1 015,5

· Mandats

- nombre de mandats émis

75,89

72,85

66,15

59,66

46,53

38,56

25,61

(3) Service créé le 5 juillet 1995

PARTS DE MARCHÉ

(en volume financier)

 

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

· Dépôts à vue

12,0 %

12,1 %

12,4 %

11,9 %

11,6 %

11,5 %

10,9 %

· Epargne liquide

dont livret A

24,8 %

34,4 %

24,7 %

34,8 %

24,5 %

35,3 %

23,9 %

35,6 %

23,6 %

35,5 %

22,3 %

35,6 %

21,8 %

35,5 %

· Epargne contractuelle

dont assurances

4,5 %

4,4 %

4,7 %

5,7  %

5,3 %

6,5 %

5,8 %

7,6 %

6,4 %

8,2 %

7,0 %

8,6 %

7,1 %

n. d.

· OPCVM

3,8 %

5,1 %

5,5 %

5,4 %

5,2 %

5,2 %

4,6 %

· Tous produits

9,7 %

9,7 %

9,7 %

9,7 %

9,75 %

9,6 %

n. d.

COMPTES DE RÉSULTAT DE LA POSTE (*)

(en millions de francs)

Soldes intermédiaires de gestion

1991

1992

1993

1994

1995

1996

EPRD 1998

CHIFFRE D'AFFAIRES²

Produits du courrier et colis

Produits des clientèles financières

Autres prestations de services

72 046

51 298

20 391

357

74 157

55 792

18 002

363

77 699

58 467

18 777

455

81 162

62 073

18 715

374

81 524

61 222 (a)

20 007

295

83 830

63 479

20 164

187

86 606

65 558

20 903

145

Autres produits d’exploitation

470

657

189

1 074

1 233

1 136

1 034

Subventions

Achats et autres charges externes

Impôts et taxes

Charges de personnel

Amortissements et provisions

– 1 976

– 52 556

– 3 247

– 3 144

– 55 778

– 2 825

29

– 3 255

– 57 087

–  3 542

– 13 747

– 3 899

– 57 688

– 3 592

– 15 195

– 5 210

– 59 384

– 3 343

– 14 906

– 5 306

– 60 805

– 3 173

– 16 279

– 5 374

– 61 533

– 2 731

RÉSULTAT D'EXPLOITATION

2 686

711

1 357

3 310

– 375

776

1 723

Produits financiers

Charges financières

RÉSULTAT COURANT

1 220

– 3 594

312

1 427

– 3 879

– 1 741

1 408

– 3 742

– 977

1 405

– 4 670

45

1 557

– 2 741

– 1 559

1 289

– 2 728

– 663

1 349

– 2 679

393

RÉSULTAT EXCEPTIONNEL

– 11

– 1 801

– 258

478

72

0

– 368

Impôt sur les sociétés

0

0

0

– 328

– 336 (b)

15

7

RÉSULTAT NET

301

60

– 1 235

195

– 1 151

– 648

– 32

Nota bene : le résultat courant 1992 n’est pas directement comparable à celui de 1991 du fait de la modification de certaines règles comptables. En effet, en  1992, seuls les produits et les charges de nature inhabituelle et aléatoire ainsi que les corrections d’erreurs sont classés en résultat exceptionnel.

(*) Les comptes consolidés du groupe La Poste, qui regroupent les comptes de la société holding Sofipost et de la SCI Immobilière Poste, font apparaître :
un chiffre d’affaires de 83 835 millions de francs et un résultat net de + 199 millions de francs en 1994,

un chiffre d’affaires de 84 139 millions de francs et un résultat net de – 1 125 millions de francs en 1995,

un chiffre d’affaires de 86 658 millions de francs et un résultat net de – 614 millions de francs en 1996,

un chiffre d’affaires de 89 882 millions de francs et un résultat net de + 58 millions de francs en 1997.

(a) Jusqu’en juillet 1995 les contrats techniques étaient comptabilisés en diminution de chiffre d’affaires ; depuis, ils sont pris en compte au niveau des produits et charges. Le chiffre d’affaires du courrier avant retraitement des 1 115 millions de francs correspondant était de 60 107 millions, soit en baisse de 3,16 % par rapport à 1994.

(b) Dont 323 millions constitués par le recours à l’option de report en arrière des déficits fiscaux et 13 millions de crédit d’impôt recherche.

5. Les résultats attendus pour 1998

L’état prévisionnel des recettes et des dépenses pour 1998 table sur une augmentation du chiffre d’affaires courrier de 1,8 %, de 3,3 % de celui des colis et une croissance de 50 milliards de francs des avoirs des clientèles financières.

B.— LES RELATIONS FINANCIÈRES ENTRE L’ÉTAT ET LA POSTE

Les flux financiers entre l'Etat et La Poste peuvent être regroupés sous quatre chapitres :

– l'aide postale au transport de la presse : la contribution de l'Etat a une nature et un statut spécifiques dans l'ensemble des flux financiers ; elle est inscrite au chapitre 41-10, article 20 du budget de l'Etat ;

– les taxes fiscales : elles sont régies par le chapitre IV (article 18 à 21) de la loi du 2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de la poste et des télécommunications ; le régime est partiellement dérogatoire au droit commun ;

– les charges sociales spéciales : d'une part, La Poste est soumise, à l'instar des collectivités locales, au régime de compensation et surcompensation démographiques (le taux est de 38 %, ce qui correspond à un prélèvement de 1,5 % de la masse salariale), d'autre part, elle verse aux services de l'Etat chargés des liquidations le montant des pensions dues aux retraités de La Poste ;

– le paiement à La Poste des frais d’envois postaux, par chaque ministère, selon les règles de droit commun, et de services rendus à l'Etat : depuis 1998, les crédits relatifs aux correspondances officielles des administrations et aux avis et avertissements des administrations financières et fiscales sont inscrits sur les lignes budgétaires consacrées au fonctionnement de chaque ministère (il n’est plus possible de déterminer le montant exact de l’enveloppe car ces crédits font partie intégrale des moyens de fonctionnement de chaque ministère : les crédits d’affranchissement sont, selon le secrétariat d’Etat à l’industrie, supérieurs à 3 milliards de francs ; les franchises postales restantes bénéficient d’un crédit de 22 millions de francs ; ceux relatifs aux services rendus à l'administration des finances pour la tenue des comptes des comptables publics figurent dans le fascicule des charges communes (600 millions de francs prévus pour 1999, alors que 978 millions avaient été ouverts pour 1998, 918 millions pour 1997, 1 212 millions pour 1996, 782 millions pour 1995 et 805 millions pour 1994).

En dernier lieu, la dotation générale accordée aux communes pour compenser la suppression des franchises postales applicables à leur courrier officiel s’est élevée à 97,5 millions de francs (la première évaluation des inspections générales des finances et des postes et télécommunications avait avancé le chiffre de 67 millions). En outre, la dotation forfaitaire des communes a été majorée de 22 millions de francs pour compenser la suppression de la franchise dont bénéficiait le courrier administratif des écoles.

1. Le financement des missions exercées par la Poste

a) l'aide au transport postal de la presse écrite

On se reportera à l’avis budgétaire pour 1998 (rapport n° 310, tome VIII, p. 63 et s.) pour avoir le rappel historique du régime du transport postal de la presse et une description du régime actuel.

Pour des raisons de calculs comptables byzantins expliquées dans mon précédent avis budgétaire (pp. 64 et 65), la subvention de l’Etat au transport postal de la presse avait été réduite de 1,9 à 1,85 milliard de francs, ce qui représente pour 1998 une baisse de 2,6 % de la contribution de l’Etat.

Le contrat d’objectifs et de progrès a clarifié la situation selon les voeux de votre rapporteur et de la commission de la production en stabilisant cette aide à 1,85 milliard de francs pour 1998 et 1999 et en la relevant à 1,9 milliard de francs pour 2000 et 2001. Il convient cependant à nouveau de faire observer qu’une stagnation de la contribution de l’Etat signifie un recul, certes léger, de l’engagement de l’Etat dans ce qui reste avant tout le financement d’un service public. Sur ce point, il faut remarquer que le changement du périmètre comptable du calcul des contributions au transport postal de la presse dans les réponses aux questions écrites de votre rapporteur relève artificiellement la part contributive de l’État (voir tableau ci-après).

AIDE POSTALE À LA PRESSE (*)

 

Charges globales

Part versÉe par l’État

Part payÉe par la presse

Charge nette supportÉe

par La Poste

 

(millions de F)

Millions de F

%

Millions de F

%

Millions de F

%

1980

2 817,7

939

33,3

377

13,4

1 501

53,3

1981

3 368,4

1 122,8

33,3

447,1

13,3

1 799

53,4

1982

3 853,9

1 136

29,5

629,2

16,3

952

24,7

1983

4 316,8

1 250

29

759,1

17,6

1 085,6

25,1

1984

4 078,9

1 433

35,1

911

22,3

1 734,6

42,5

1985

4 478,8

1 500

33,5

1 061,3

23,7

1 917,5

42,8

1986

4 626

0

0

1 240

26,8

3 386

73,2

1987

4 555

0

0

1 396,7

30,7

3 158,28

69,3

1988

4 760,98

0

0

1 427,3

30

3 333,71

70

1989

5 234

0

0

1 726

33

3 508

67

1990

5 262

0

0

1 817

34,5

3 445

65,5

1991

5 728

950 (1)

16,6

1 843

32,1

2 935

51,2

1992

6 198

1 930 (1)

31,1

2 071

33,4

2 197

35,4

  1993 (2)

6 917 (3)

1 700 (1)

24,6

1 881

27,2

3 336

48,2

1994

6 867

1 900

27,7

1 960

28,5

3 007

43,8

1995

7 258

1 900

26,2

2 017

27,8

3 341

46,0

1996

7 548

1 900

25,2

2 055

27,2

3 593

47,6

1997

7 387 (3)

1 900

25,7 (3)

2 137 (3)

28,9 (3)

3 350 (3)

45,3

1998

(estimation)

7 424

1 850

24,9

2 322

31,2

3 252

43,8

1999

(prévision)

7 461

1 850

24,8

2 507

33,6

3 104

41,6

(1) Les lois de finances initiales avaient fixé les dotations à 1 milliard pour 1991 et 2 milliards pour 1992 et 1993.

(2) Les coûts à partir de 1993 ont été réajustés sur les bases du rapport Wahl. Selon l’ancien mode de calcul, les charges globales avaient été de 6 271 millions en 1993 (31,3 % à la charge de la presse, 41,6 % à la charge de La Poste), 6309 millions en 1994 (31,3 % à la charge de la presse, 38,6 % à la charge de La Poste).

(3) De 1980 à 1996 le montant des charges totalise le coût du transport de la presse éditeur et associative en régimes intérieur et international. A compter de 1997, seul le transport en régime intérieur est pris en compte dans les statistiques de La Poste et du secrétariat d’Etat, pour des raisons inconnues mais qui conduisent à majorer artificiellement le poids de la contribution de l’Etat.

(*) Presse toutes catégories (administrative, associative, éditeur), régimes intérieur et international jusqu’en 1996, seulement régime intérieur à partir de 1997. Voir note 3.

Les relations entre l’Etat, la presse et La Poste ont été redéfinies par l’accord du 4 juillet 1996 conclu à l’issue d’une table ronde entre tous les partenaires (voir mon avis budgétaire pour 1998, rapport n° 310, tome VIII, p. 66 et s.). Les modalités d’application de cet accord ont été traduites dans un document contractuel le 10 janvier 1997, dont les éléments concernant l’Etat ont été repris par un décret du 24 février 1997. Cet accord s’articule en quatre points (voir le détail dans mon avis budgétaire pour 1998) :

– Un réaménagement de la grille tarifaire à compter du 1er mars 1997, qui permet de traiter de manière différenciée les envois selon leur urgence et leur degré de préparation au transport postal et de lisser les seuils tarifaires et surtout qui entraîne une réévaluation des prix de 50 % sur une période de cinq ans (1997-2001), ce qui représente une augmentation de 8,45 % par an, soit une somme globale de 850 millions de francs. Des mesures d’accompagnement ont été retenues pour éviter les hausses tarifaires trop brutales. Sans ce mécanisme d’écrêtement, la hausse globale des tarifs supportés par la presse aurait atteint la somme d’un milliard de francs.

En outre, un tarif inférieur de 28 % à celui des autres publications a été réservé à la presse d’information politique et générale paraissant au moins une fois par semaine, et les publications à faibles ressources publicitaires continuent de bénéficier d’un abattement supplémentaire de l’ordre des deux tiers par rapport aux tarifs postaux de référence.

Un observatoire des tarifs postaux de presse, présidé par l’Etat, a été mis en place pour suivre l’application de la nouvelle grille tarifaire. Un dispositif transitoire a également été prévu pour les publications les plus fragiles. En 1997, 106 publications ont bénéficié de ces mesures de soutien financier. Leur financement est assuré par La Poste, à hauteur de 10 millions de francs en 1997 et 1998 et 5 millions en 1999 et 2000.

– Une obligation de réaliser des gains de productivité imposée à La Poste : en contrepartie de la hausse des tarifs, La Poste s’engage à dégager chaque année, de 1997 à 2001, des gains de productivité de 1,5 % et à les répercuter sur les tarifs même s’ils ne sont pas réalisés. Afin d’assurer une transparence de ses coûts, La Poste devra apporter d’ici à 2001 des améliorations sensibles à sa comptabilité analytique. Un rendez-vous Etat/presse/Poste est prévu dans cinq ans pour faire le point sur les avancées réalisées par La Poste en matière de comptabilité analytique et de système d’information et pour cerner, sur cette base, le coût du service obligatoire du transport et de la distribution de la presse. Un bilan à mi-parcours sera cependant effectué.

– Une mesure de la qualité du service postal : ce point n’a pas fait l’objet d’avancées notables depuis un an. Une étude préalable sur la faisabilité de la mesure de la qualité de service avait été menée par la SOFRES, pour permettre aux participants de choisir l’outil le plus approprié. Elle a permis d’identifier un « tronc commun », réunissant les caractéristiques essentielles que nécessite à terme pour l’Etat, les éditeurs de presse et La Poste une mesure de la qualité de service qui devra être d’une gestion aisée et dont les indicateurs permettront le suivi de la qualité de service et une meilleure analyse des écarts. Elle envisage également la mise en place d’indicateurs plus précis et la confection d’outils de pilotage pouvant être éventuellement réalisés dans le cadre de modules optionnels.

– Une adaptation de la réglementation postale : le bénéfice des tarifs postaux applicables à la presse était réservé aux éditeurs remplissant de multiples conditions figurant dans des décrets, arrêtés, instructions et circulaires. Leur lecture était d’autant plus complexe que la presse évolue rapidement tant sur le plan technologique que du point de vue du produit même (suppléments, encarts, éditions régionales, personnalisation des journaux, évolution de la publicité). La réglementation a donc été adaptée par le décret du 24 février 1997 dans le sens d’un allégement, d’une simplification et d’une adaptation aux exigences économiques de la presse (en particulier les conditions requises en matière de publicité ont été assouplies). Les conditions de présentation des publications ont également été assouplies.

b) La rémunération des fonds des comptes chèques postaux

Le contrat de plan pour 1995-1997 a mis en place une rémunération des CCP indexée sur le taux des bons du Trésor à taux fixe et intérêts précomptés (B.T.F. 13 semaines) diminué d'une commission de 0,4 % mais elle ne peut fluctuer qu'entre un plancher de 4,75 % et un plafond de 6,5 %. Le taux de rémunération est évalué mois après mois. La commission de 0,4 % est prélevée au titre de la garantie de liquidité que l'Etat apporte aux fonds collectés. Elle correspond à une somme de près de 600 millions de francs retenue par l'Etat.

La baisse continue des taux d’intérêt a conduit à faire tomber le taux de rémunération annuel moyen à 4,75 % (taux plancher) mais un dispositif de sécurisation (par des swaps qui sont des contrats d’échange de taux) couvrant la durée d’application du contrat de plan 1995–1997 a permis de relever le taux plancher d’environ 0,25 point et servir ainsi à La Poste une rémunération annuelle moyenne de 5,02 % en 1996.

Un nouvel avenant à la convention de gestion des CCP a été signé en 1997, prévoyant pour une partie des encours CCP, une rémunération basée non plus sur la référence au BTF 13 semaines moins 0,4 point, mais sur la référence du PIBOR 3 mois moins 0,3 point (fixée jusqu’au 31 décembre 2007). Ce mode de rémunération a été repris par le contrat d’objectifs et de progrès portant contrat de plan pour 1998-2001.

L’encours nominal autorisé par cet avenant pour 1997 était de 50 milliards de francs. Il a été utilisé à hauteur de 16,4 milliards et a fait l’objet d’un contrat d’échange de taux sur 10 ans. Compte tenu des contrats d’échange de taux passés, le taux effectif de rémunération perçue par La Poste en 1997 s’est élevé à 5,04 %. Les lois de finances pour 1997 et 1998 (chapitre 12-01, article 20 du budget des charges communes) ont autorisé le versement à La Poste d’une somme de 7,307 et 6,927 milliards de francs Ces sommes correspondent à une rémunération au taux plancher de 4,75 %, nonobstant le mécanisme de swap décrit ci-dessus.

Le contrat d’objectifs et de progrès portant contrat de plan pour 1998-2001 a conservé le calcul de la rémunération des fonds CCP déposés au Trésor public tel qu’il avait été arrêté par le précédent contrat de plan. Il innove cependant en prévoyant le transfert progressif, au profit de La Poste, sur cinq ans à compter du 1er janvier 1999, de la gestion des fonds placés sur les CCP. L’article 78 du projet de loi de finances pour 1999 met en place cette mesure. Le Gouvernement a indiqué que la gestion de 30 milliards de francs devrait être ainsi décentralisée en 1999, ce qui permettrait à l’Etat de réduire ses dépenses de rémunérations versées à La Poste de 100 millions de francs.

c) La rémunération de la gestion des fonds recueillis par La Poste au titre des livrets A et B de la Caisse nationale d'épargne

Naguère, La Poste se rémunérait en conservant la marge brute égale à la différence entre le taux de rendement du portefeuille des livrets et les intérêts versés aux déposants. Elle était de 4,7 % en 1988, 4,3 % en 1989 et 4,1 % en 1990.

Depuis 1991, La Poste est rémunérée par une commission sur encours servie par la Caisse des dépôts et consignations. Dans le contrat de plan pour 1991-1994, un taux de marge avait été fixé pour 1992 à 1,5 %, ce qui a représenté une brutale chute des revenus financiers de La Poste. Faute de dispositions contractuelles, le taux de 1,5 % a été reconduit en 1993 et 1994.

Le contrat de plan 1995-1997 puis le contrat d’objectifs et de progrès pour 1998–2001 ont maintenu à 1,5 % des encours moyens le taux de rémunération des fonds collectés sur les livrets A et B. En fonction de ces taux (le tableau sur l’activité financière de La Poste figurant plus haut fournit l’évolution des encours des livrets A et B), les montants versés à La Poste ont évolué comme suit :

COMMISSION VERSÉE À LA POSTE POUR LA RÉMUNÉRATION DE SA GESTION DES LIVRETS A ET B

(en milliards de francs)

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998
(EPRD)

13,5

13,9

12,9

9,1

4,0

3,968

4,107

4,327

4,298

4,278

4,4

d) La rémunération des autres fonds gérés par La Poste pour le compte de la Caisse nationale d'épargne

La Poste distribue pour le compte de la Caisse nationale d'épargne des livrets et plans d'épargne-logement, des livrets d'épargne populaire, des CODEVI et des P.E.P. La rémunération qu'elle tire de sa gestion est fixée par des conventions conclues avec la Caisse des dépôts et consignations.

2. La fiscalité

Aux termes de l'article 18 de la loi du 2 juillet 1990, La Poste est assujettie à la fiscalité de droit commun des établissements publics, des exploitations industrielles ou commerciales de l'Etat, des collectivités locales ou des concessionnaires, c'est-à-dire à la fiscalité des entreprises privées (article 1654 du code général des impôts). Le tableau ci-après évalue le produit des principaux impôts et taxes auxquels est assujettie La Poste, en indiquant leur régime.

Depuis le 1er janvier 1994, le régime fiscal de La Poste n'est dérogatoire au droit commun que sur deux points :

– les prestations de services relevant du service public postal et les livraisons de biens accessoires à ces prestations, à l'exception des transports des personnes, ne sont pas redevables de la TVA (la TVA est ainsi acquittée sur les droits de garde) ;

– les bases d'imposition à la fiscalité directe locale (taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties, taxes additionnelles à ces impôts et taxe professionnelle) bénéficient d'un abattement de 85 % "en raison des contraintes de desserte de l'ensemble du territoire national et de participation à l'aménagement du territoire qui s'imposent à cet exploitant".

La charge fiscale s’accroît régulièrement, mais la progression tend à se ralentir sous l’effet mécanique de la modération de l’évolution de la masse salariale (à partir de laquelle sont calculées les taxes salariales et la taxe professionnelle).

ÉVALUATION DE LA CHARGE FISCALE DE LA POSTE (1994 à 1999)

(en millions de francs)

IMPÔTS ET TAXES

TAUX

ASSIETTE

1994

1995

1996

1997

1998
(estimation)

1999
(prévision)

TAXE SUR LES SALAIRES (a)

(charge fiscale réelle)

- taux unique de 4,25 % jusqu'au 31.08.94 ;

- taux différenciés de droit commun à compter du 01.09.94 (taux moyen estimé à 9,15 %) (1)

Masse salariale totale

(hors charges patronales, y compris avantages en nature à compter de 1994)

2 287

3 612

3 674

3 672

3 720

3 740

TAXES SALARIALES (b)

Formation continue

Taxe d'apprentissage

Effort construction (2)

1,5 % × MS année N

0,5 % × MS année N

0,45 % × MS année N-1

Masse salariale totale (année N)

Masse salariale totale (année N)

Masse salariale totale (année N-1)

25

170

119

30

150

143

32

176

166

35

176

186

38

176

189

42

176

190

TOTAL TAXES SALARIALES

   

314

323

374

397

403

408

TAXES FONCIÈRES

Taux moyen pondéré national

Valeur locatives immobilières (assiette de droit commun avec abattement de 85 %)

20

43

50

48

44

42

TAXE PROFESSIONNELLE

Taux moyen pondéré national

18 % masse salariale

+ 16 % immobilisations

+ valeurs locatives immobilières

(assiette de droit commun avec abattement de 85 %)

201

216

251

283

294

304

AUTRES IMPÔTS LOCAUX

   

11

11

8

9

10

11

TOTAL FISCALITÉ LOCALE (c)

   

232

270

309

340

348

357

TAXE SUR LES VÉHICULES SOCIÉTÉS

TAXE DIFFÉRENTIELLE SUR

LES VÉHICULES (e)

TAXE SUR LES BUREAUX

D'ILE-DE-FRANCE (f)

DROITS D'ENREGISTREMENT (g)

Taux et tarifs de droit commun

Taux et tarifs de droit commun

Taux et tarifs de droit commun

Taux et tarifs de droit commun

Assiette droit commun (3)

Assiette droit commun

Assiette droit commun à compter de 1994 (4)

Assiette droit commun

19

26

4

14

16

29

11

14

15

29

12

5

14

34

14

2

13

39

16

2

12

43

18

2

TOTAL DIVERS (d)

   

63

70

61

64

70

75

IMPÔTS SUR LES SOCIÉTÉS

   

328

0

0

0 (5)

0 (5)

0 (5)

TOTAL CHARGES

   

3 224

4 275

4 418

4 473

4 541

4 580

(1) Taux de 4,25 % pour les salaires jusqu’à 41 230F, 8,50 % de 41 230 F à 82 390 F et 13,60 % pour les salaires de plus de 82 390 F, soit un taux moyen pondéré de 9,15 % pour La Poste.

(2) Effort construction : 1ère année de taxation en 1995 - Dotation aux provisions inscrite néanmoins au 31 décembre 1994 et à chaque fin d’année suivante. Source : La Poste

(3) Taxe sur les véhicules de sociétés : taxe sur les véhicules particuliers (immatriculation en VP sur les cartes grises) ; 2 tarifs annuels : 6 800 F (véhicules de moins de 8 CV) et 14 800 F (véhicules de 8 CV et plus)

(4) Taxation par mètre carré imposable selon des tarifs différenciés par secteur.

(5) La charge d’impôt sur les sociétés est estimée à zéro pour les exercices 1997 et 1998 compte tenu notamment des déficits reportables au 31 décembre 1996.

(a) Art. 19 et 20 de la loi du 2.07.90, modifié par l’art. 42 de la loi de finances pour 1994. (e) Art. 1599 C - 317 noniès Ann. II du CGI

(b) Art. 19 de la loi du 2.07.90 (f) Art. 231 ter du CGIM

(c) Art. 19 et 21 de la loi du 2.07.90 ; immeubles productifs de revenus : art. 1382 du CGI (g) Art. 1040-1 du CGI

(d) Art. 19 de la loi du 2.07.90

C.— PRÉPARER LA POSTE À L’OUVERTURE DE LA CONCURRENCE EN EUROPE

1. La directive du 15 décembre 1997

La directive 97/67/CE du Parlement européen et du Conseil concernant des règles communes pour le développement du marché intérieur des services postaux de la Communauté et l’amélioration de la qualité du service a été adoptée le 15 décembre 1997. Son dispositif est centré sur l’offre d’un service universel postal minimal dans chacun des États membres garantissant l’accessibilité du service (points de contacts suffisants pour répondre aux besoins ; levée et distribution du courrier au moins cinq jours par semaine, sauf circonstances ou conditions géographiques exceptionnelles ; tarifs accessibles) et sa qualité (80 % du courrier national acheminé en J + 1 et 90 % du courrier transfrontalier européen en J + 3) ainsi que l’accès à des prestations minimales (lettres jusqu’à 2 kg ; colis jusqu’à 10 kg ; envois recommandés). Afin de financer le service universel, des services peuvent être réservés aux opérateurs qui en auront la charge ; ce sont :

– la levée, le transport, le tri et la distribution des lettres de moins de 350 grammes et d’un tarif inférieur à 5 fois le tarif d’affranchissement du premier échelon de poids ;

– le publipostage (envois groupés comportant un message identique adressé à des fins publicitaires ou de marketing),

– le courrier transfrontalier (envois provenant de pays étrangers ou qui leur sont destinés).

La directive laisse ouverte la possibilité de poursuivre la libéralisation, notamment en ouvrant à la concurrence le publipostage et le courrier transfrontalier. Cependant, en ce cas, une décision du Conseil et du Parlement (selon la procédure de codécision prise à la majorité qualifiée des États membres) est nécessaire et doit intervenir avant le 31 décembre 2000, les nouvelles libéralisations ne pouvant entrer en vigueur avant le 1er janvier 2003. En cas d’absence de nouvelles mesures avant cette date, la directive sera caduque au 31 décembre 2004. Si tel était le cas, la Commission européenne pourrait imposer de nouvelles règles par une directive prise sur le fondement de l’article 90 du traité de Rome.

La Commission européenne souhaite que le processus de libéralisation soit inéluctable et la directive semble n’être qu’une première étape. Il faut, sur ce point, dénoncer la marche forcée imposée par la Commission européenne pour des raisons purement économiques, si ce n’est doctrinales, mais il faut reconnaître que lors des votes au Conseil la France s’est souvent retrouvée en minorité.

2. La libéralisation européenne menace objectivement l’activité de La Poste

Les analyses que j’ai développées dans mon avis budgétaire pour 1998 (rapport n° 310, tome VIII, p. 76 et s.) restent totalement d’actualité.

La Poste doit d’ores et déjà affronter une concurrence souvent agressive dans le secteur du courrier. En droit, peuvent actuellement être exercées librement :

– les activités de messagerie (colis, objets à valeur déclarée, transport de presse) : 9,5 milliards de francs de chiffre d’affaires sur un marché national d’environ 37 milliards) ;

– les activités de prospection commerciale (publicité non adressée, catalogues, annuaires à distribution spéciale), produits qui sont essentiellement utilisés par la vente par correspondance – qui représente 65 % du chiffre d’affaires colis – dont La Poste détient 25 % du marché et dont l’activité génère directement ou indirectement 9 % de son chiffre d’affaires courrier et colis ;

– les services à valeur ajoutée (en particulier les lettres recommandées et le courrier accéléré).

Ces activités représentent 27,5 % du chiffre d’affaires courrier du groupe La Poste.

CHIFFRE D’AFFAIRES DE LA POSTE SELON RÉGIME CONCURRENTIEL APPLICABLE

1996

Chiffre d’affaires
(en milliards de francs)

Parts dans le chiffre d’affaires courrier et colis

Secteur réservé

   

Lettre ordinaire

21,5

34 %

Ecopli

13

20,5 %

Publicité adressée

8,1

12,5 %

Courrier international entrant

0,3

0,5 %

Courrier international sortant

3

5 %

Total

45,9

72,5 %

Services sous concurrence

   

Colis

5,4

8,5 %

Presse

4,1

6,5 %

Publicité non adressée

1,7

2,5 %

Lettre recommandée

3,8

6 %

Divers

2,5

4 %

Total

17,5

27,5 %

TOTAL CA courrier et colis

63,4

100 %

Source : La Poste, chiffre d'affaires 1996.

Cette approche juridique du marché concurrentiel doit être complétée par le rappel du caractère substituable des produits du courrier : la télématique, l’édition de données informatiques, la télécopie, le commerce électronique sont autant de produits substituables aux correspondances (leur taux de croissance annuelle de substitution est aujourd’hui de 3 %) ; La Poste estime qu’ils ont soustrait aujourd’hui un milliard de lettres à son activité.

Mais au-delà de ces analyses, l’activité courrier et colis de La Poste est particulièrement sensible à l’existence d’une concurrence car plus de 90 % du chiffre d’affaires de cette activité sont réalisés avec des structures commerciales ou administratives (entreprises : 25 %, grands comptes : 51 %, professionnels : 15 %), qui perçoivent leurs frais d’affranchissements comme une charge devant être comprimée en raison de son poids dans leurs budgets ou comptes de résultat. Sous cet angle, la position de La Poste est potentiellement fragile puisque, d’une part, le courrier contractuel en nombre (géré au cas par cas au travers de 320 contrats en 1997) génère un chiffre d’affaires de 21 milliards de francs, les grands comptes représentant 30 milliards de chiffre d’affaires (soit 51 % du chiffre d’affaires courrier) et globalement les envois en provenance ou à destination des entreprises formant 80 % des envois totaux (40 % entre entreprises, 24 % des entreprises vers les ménages, 16 % des ménages vers les entreprises) et, d’autre part, le marché français est le plus volumineux d’Europe, donc le plus attractif. Le défi majeur de La Poste est donc de tenir ses parts de marché en France.

Sont juridiquement préservés par la directive européenne les chiffres d’affaires suivants :

– le courrier de moins de 350 grammes et d’un tarif inférieur à cinq fois le tarif de base (estimation non fournie, mais cette catégorie comprend la quasi-totalité des lettres ordinaires) ;

– le publipostage = 8,28 milliards de francs, soit 13,9 % du chiffre d’affaires courrier (chiffre d’affaires de la publicité non adressée réalisé par La Poste qui détient 40 % du marché) ;

– le courrier transfrontalier : 3,8 milliards de francs.

Plus que la menace sur le chiffre d’affaires (moins de 5 % du trafic courrier actuel), la gravité de l’enjeu tient au fait que ces deux dernières activités sont en pleine expansion, à la différence des correspondances, et permettent de dégager des marges commerciales.

A ces considérations s’ajoute le problème des frais terminaux sous-évalués par l’Union postale universelle (UPU), ce qui permet à certains opérateurs, au premier rang desquels figurent la Poste néerlandaise, mais également la Royal Mail International britannique, par le biais du repostage, de contourner le monopole ou les futurs services réservés. C’est pour cette raison que la maîtrise du courrier transfrontalier entrant est capitale afin de protéger un service réservé.

Les négociations en cours au sein de l’UPU sont difficiles en raison des positions divergentes sur l’étendue du rattrapage tarifaire nécessaire. L’objectif est que, par paliers, 80 % des coûts de la distribution finissent par être couverts par la fraction du prix du timbre reversée à la Poste chargée de l’acheminement dans le pays d’arrivée de la correspondance (4). Cette mesure, qui a fait l’objet d’un accord entre onze Postes dont les française, allemande et britannique, impose donc une orientation vers les coûts et conduit à évaluer les frais terminaux entre 1,35 F et 2,70 F. L’objectif parallèle est de procéder à ce rattrapage en fonction de la qualité du service (qui doit atteindre 90 % pour bénéficier du taux de couverture maximal de 80 %), ce que certains opérateurs nationaux appréhendent en raison des efforts d’investissement auxquels ils devraient procéder. Le projet de directive européenne sur le service universel postal légitime cette approche à laquelle la France tient.

La perte entraînée par ce détournement du trafic (par courrier entrant) est évaluée par La Poste à 750 millions de francs en 1997.

3. Une transposition rapide de la directive est indispensable

La directive du 15 décembre 1997 est entrée en vigueur le 10 février 1998 et doit être transposée en droit interne au plus tard le 10 février 1999. A cette date, la loi modifiant le code des postes et télécommunications et ses décrets d’application devraient être publiés, ce qui matériellement n’est pas réalisable compte tenu du calendrier parlementaire. Au mieux, on peut estimer que la France sera en mesure d’adapter son cadre législatif et réglementaire avec six mois de retard.

Une directive fixe des objectifs à atteindre dans un certain délai aux Etats qui en sont destinataires. Elle n’oblige les Etats que relativement à ces résultats mais les laisse libres quant au choix des moyens pour les réaliser. Une transposition de la directive est indispensable car, selon la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes, du Conseil d’Etat et de la Cour de cassation, au-delà de la date limite de transposition, en cas d’absence de transposition en droit interne, tout intéressé peut se prévaloir des dispositions suffisamment claires et précises pour être appliquées et peut faire constater l’illégalité de toute mesure réglementaire incompatible avec les objectifs de la directive. En quelque sorte, les dispositions d’une directive acquièrent un effet direct si les objectifs qu’elle définit ont la précision d’une loi ou d’un règlement : l’administration sera tenue d’abroger, sur requête d’une personne intéressée, toute mesure réglementaire du code des P&T contraire à la directive ; de même, les tribunaux mettront en échec les articles législatifs du code incompatibles avec cette même directive et appliqueront les dispositions de la directive de préférence à la loi pour trancher les litiges dont ils seraient saisis. En dernier lieu, ces illégalités pour non-transposition entraînent la mise en jeu de la responsabilité pour faute de l’Etat, qui pourrait même s’appliquer – ce qui n’est jamais arrivé pour ce cas de figure –, en toute logique, au législateur inactif.

L’application directe des dispositions de la directive pénaliserait gravement l’exploitant public dans la mesure où aucune réglementation n’existerait pour réguler les services postaux ouverts à la concurrence, encadrer l’exercice de l’activité postale par les entreprises et définir le contenu précis du service universel et les modalités de sa prestation par les entreprises qui souhaiteraient le fournir. On serait en quelque sorte dans une situation très proche du libéralisme économique le plus ouvert possible, qui ne serait limité que par les seules règles du droit de la concurrence figurant dans l’ordonnance du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence ; or celle-ci est mal adaptée à la spécificité du service postal dont les contraintes ne peuvent se résumer à la loyauté et l’équilibre de la concurrence.

En somme, ne pas voter une loi de transposition dans des délais rapprochés aboutirait à une véritable dérégulation du secteur, alors que la loi de transposition sera une loi de réglementation postale protectrice du service public et des usagers.

IV.— FRANCE TÉLÉCOM ET L’ÉVOLUTION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS

A.— LES RÉSULTATS DE FRANCE TÉLÉCOM

1. L'évolution du chiffre d'affaires et des tarifs téléphoniques

Les résultats de l'activité de France Télécom s'établissent comme suit :

RÉSULTATS DE L’ACTIVITÉ DE FRANCE TÉLÉCOM (maison mère)

(en milliards de francs)

 

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Trafic téléphonique fixe

79,7

(n.s.)

84,4

(+ 5,9 %)

87,6

(+ 3,8 %)

85,0

(-2,9%)

87,1

(+2,4%)

85,4

(– 2 %)

 

Chiffre d’affaires généré par l’ensemble des produits du téléphone

97,7

103,4

107,2

108,3

111,0

111,8

110,1

Chiffre d’affaires total

115,8

122,6

127,0

129,3

133,0

134,7

136,9

Résultat d’exploitation (a)

Résultat opérationnel courant (a)

28,6

30,2

30,6

25,9

29,1

26,5

29,6

26,1

30,5

27,7

Résultat net

2,0

3,3

4,8

9,20

9,67

– 4,23 (2)

13,97

Résultat net affecté aux réserves (1)


2,0


3,3


4,8


4,7


5,2


(3)


(4)

N.B : à partir de 1991, l’assiette inclut le chiffre d’affaires du trafic téléphonique international arrivée.

(1) Somme laissée à France Télécom après prélèvement sur les bénéfices par l’Etat propriétaire.

(2) Compte tenu des éléments exceptionnels liés au changement de statut (les opérations comptables se sont traduites par une réduction de la marge nette d’un montant de 20,1 milliards de francs).

(3) Un dividende de 4,5 milliards de francs a été versé à l’Etat pour 1996.

(4) Un dividende de 4,875 milliards de francs doit être versé à l’Etat pour 1997 au titre des 750 000 parts sociales qu’il détient (dividende de 6,50 francs par action)

(a) A compter de 1996, la présentation du compte de résultat a été modifiée. Le résultat opérationnel a été reconstitué pour les années 1994 et 1995.

Si le chiffre d’affaires global de France Télécom continue de progresser régulièrement (celui du groupe a atteint 156,7 milliards de francs en 1997, soit une hausse de 3,6 % ou 2,3 % à périmètre et taux de change constants), les recettes du téléphone fixe baissent continûment depuis 1995. Ce repli régulier (- 2,1 % en 1997) est le principal effet de la concurrence du téléphone mobile et de la guerre des prix (diminution des tarifs, rabais ciblés, options tarifaires,...) des sociétés de téléphone fixe depuis le vote de la loi du 26 juillet 1996, car le trafic de la téléphonie fixe augmente : France Télécom a comptabilisé 137,7 milliards de minutes de communications sur son réseau global en 1997 soit une hausse de 6,6 % en un an. Parallèlement, par exemple, le nombre de clients disposant d’une option tarifaire a doublé (2,4 millions fin 1997) et le prix moyen hors TVA sur l’année 1997 d’une minute de communication nationale est passé de 1,78 F à 0,77 F tandis que celui d’une minute de communication internationale est tombé de 4,53 F à 2,11 F.

CHIFFRE D’AFFAIRE DU GROUPE FRANCE TÉLÉCOM

(en millions de francs)

 


1995


1996


1997

1er semestre 1998

Abonnements

19 017

21 537

25 903

 

Communications nationales

61 200

58 902

54 139

 

Services téléphoniques internationaux

15 793

14 789

12 635

 

Publiphones et services de cartes

6 220

6 562

6 072

 

Opérateurs hors France

688

 

Redevances d’interconnexion

232

473

612

 

Total des produits du téléphone fixe (1)

102 462

102 263

100 049

46 300

Mobiles (2)

8 150

11 232

17 073

10 700

Liaisons louées et services de transmission de données


11 875


12 323


12 951


7 500

Ventes et locations d’équipements

8 378

8 163

7 905

3 800

Services d’information en ligne et annuaires


6 685


6 887


7 103


3 500

Télédiffusion et câble

6 022

6 293

7 160

4 100

Autres produits

4 248

4 098

4 490

2 000

TOTAL

147 820

151 259

156 731

77 900

(1) Téléphonie vocale nationale et internationale , y compris Numéris.

(2 Services de radiotéléphonie numérique et analogique fournis en France ou à l’étranger, sociétés de commercialisation de services en France et à l’étranger, services de radiomessagerie.

ÉVOLUTION DES TARIFS TÉLÉPHONIQUES DE BASE DE LA D.G.T. PUIS DE FRANCE TÉLÉCOM DEPUIS 1976

(les prix sont exprimés en francs TTC)

DATE

ACCÈS

ABONNEMENT

CADENCE TARIFAIRE DE L'IMPULSION

 

D'APPLICATION

AU RESEAU

(par mois)

Prix de l'unité télécom

Communication locale

Communication nationale (*)

 

1/01/1976

800 F

39 F, 33,15 F et 29,25 F
y compris un poste

0,39 F

illimité

12 secondes

 

1/04/1977

 

42 F, 35,70 F et 31,50 F

0,42 F

     

20/01/1978

700 F

         

1/05/1978

 

47 F, 40 F et 35 F

0,47 F

     

8/06/1979

   

0,50 F

   

suppression du palier
à 15 secondes
entre 100 et 200 km

1/02/1980

500 F

         

1/04/1981

400 F

         

1/12/1981

   

0,55 F

   

avancée du tarif réduit
de 20 h à 19 h 30

1/04/1983

400 F (premier abonnement) ou 150 F (reprise de ligne ou ligne supplémentaire)

 

0,60 F

     

1/05/1984

300 F ou 150 F

création de l'abonnement
professionnel à 60 F

0,645 F

     

15/05/1984

         

modulation horaire (rouge, blanc, bleu,
bleu nuit)

1/08/1984

250 F ou 150 F

 

0,75 F

     

1/05/1985

     

20 minutes

   

1/08/1985

   

0,77 F

   

création de trafic plus

1/10/1986

 

39 F, 32 F et 27 F
et 10 F le poste de base

0,74 F

6 minutes

 

tarif blanc entre
12 h 30 et 13 h 30

1/12/1986

 

abonnement professionnel à 95 F

       

5/02/1987

   

0,73 F

     

15/05/1987

 

39 F, 33 F et 28 F
et 12 F le poste de base

   

13 secondes

 

1/11/1987

         

introduction de la TVA
"en dedans" à 18,6 %

5/01/1988

       

14 secondes

 

1/05/1988

       

15 secondes

 

23/12/1988

       

16 secondes

 

12/01/1990

       

17 secondes

 

15/01/1994

300 F ou 200 F

tarif unique de 45 F,
sauf abonnement pour faible consommation
(1 à 10 unités) : 28 F

 

3 minutes

19 secondes

zones locales élargies

avant le
29 juin 1995


300 ou 200 F

tarif unique de 45 F,
sauf abonnement pour faible consommation
(1 à 10 unités) : 28 F


0,73 F


3 minutes


19 secondes

 

29/06/1995

       

21 secondes

rééquilibrage de certaines zones

1/08/1995

(305,06 F ou 203,37 F)

(45,76 F)

(0,745 F)

   

TVA portée à 20,6 %

2/03/1996

 

52,80 F

   

22,5 secondes

 

9/07/1996

       

26 secondes

 

1/03/1997

 

68 F, sauf abonnement pour faibles consommateurs : 34 F
(prix des communications doublé jusqu’à 184 UT
par bimestre)

     

création du forfait local (6 heures de communications locales gratuites en semaine de 18 h à 8 h et le week-end, pour 30 F par mois)

4/03/1997

       

32 secondes

 

1/10/1997

   

Tarifica-tion à la seconde au delà d’un crédit temps de connection


(0,47 centime la seconde au delà des 3 premières minutes de communication qui sont facturées 0,745 F)

39 secondes
(1,9 centime la seconde au delà des 39 premières secondes de communication qui sont facturées 0,745 F)

Deux tarifs horaires :
tarif plein
de 8 h à 19 h en semaine et de 8 h à 12 h le samedi ;
tarif réduit
(réduction de 50 % au-delà du crédit temps de connection) pour les autres heures et les jours fériés

(*) : Communication avec un correspondant situé à plus de 100 km, jusqu’en 1994 ; communication au-delà de la zone locale élargie à compter du 15 janvier 1994 (la distance moyenne entre les chefs-lieux de circonscriptions tarifaires est de 52 km ; les ZLE couvrant en moyenne 400 000 habitants).

2. Les dépenses de recherche et développement

Les investissements en recherche et développement consistent principalement en des achats de matériels, de mise au point de prototypes, etc. par le CNET, d’aménagements de laboratoires, ... En 1997, quatorze investissements nouveaux ont été réalisés en France et dans la Silicon Valley (Californie) dans les domaines d’Internet et des réseaux à haut débit. Or la recherche et développement est essentiellement constituée de charges comptabilisées en dépenses de personnel, notamment du CNET (qui emploie 4 250 personnes dont plus de 3 600 ingénieurs) et en consommations externes (marchés d’études, frais de fonctionnement du CNET, ...).

Le contrat de plan pour 1993-1998 et le cahier des charges de France Télécom (article 19) imposent à l’entreprise nationale de consacrer une somme équivalente à au moins 4 % de chiffre d’affaires aux dépenses de recherche et développement. Ce seuil est aujourd’hui nettement dépassé.

Les dépenses de recherche et développement se justifient en effet, pour une entreprise commerciale, par la recherche d’avantages compétitifs, d’autant plus importants que le dynamisme du secteur des télécommunications dépend des innovations technologiques. France Télécom réoriente donc l’activité du CNET vers les produits et services utiles commercialement. La recherche fondamentale risque donc d’être délaissée.

DÉPENSES DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT DE FRANCE TÉLÉCOM (maison mère)

(en millions de francs)

 

1994

1995

1996

1997

1998
(prévisions)

Investissements

725

852

657

806

800

Fonctionnement/Exploitation

3 160

3 010

2 909

3 156

3 200

Personnel

1 398

1 527

1 460

2 207

2 200

TOTAL R&D

(part dans le chiffre d’affaires)

5 283

(4,08 %)

5 389

(4,05 %)

5 134

(3,81 %)

6 168

(4,50 %)

6 200

(4,4 %)

Source : France Télécom

Le chiffre de 6,1 milliards de francs diffère du montant des dépenses de R&D figurant dans le rapport annuel pour 1997 de France Télécom qui indique que le groupe France Télécom a consacré 5,4 milliards de francs à la recherche-développement en 1997. Ce dernier chiffre résulte de l’application de normes comptables internationales qui excluent du périmètre de ces dépenses les dépenses de développement des systèmes informatiques qui sont en revanche considérées, par le contrat de plan 1995-1998, pour le contrôle du respect du seuil de 4 %, comme faisant partie des dépenses de R&D.

3. L'endettement

L’acquittement de la contribution forfaitaire exceptionnelle de 37,5 milliards de francs, qui a été entièrement versée avant la fin de l’année 1997, afin de régler le financement des pensions des fonctionnaires retraités de l’administration des télécommunications et de France Télécom (voir chapitre II), a conduit l’entreprise nationale à s’endetter lourdement, inversant ainsi la tendance au désendettement massif de l’entreprise amorcée en 1992. La dette à long terme du groupe France Télécom atteint désormais 74,2 milliards de francs ; l’endettement de filiales étrangères, en particulier Mobistar en Belgique, a concouru à cet alourdissement.

La santé financière de l’entreprise n’est nullement menacée, d’autant qu’elle bénéficie de la baisse générale des taux d’intérêt. Sa capacité d’autofinancement décroît cependant régulièrement.

CAPACITÉ D’AUTOFINANCEMENT DE FRANCE TÉLÉCOM

(en milliards de francs)

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

26,7

30,8

33,5

35,5

37,7

41

46,6

49

44,1

41,3

ENDETTEMENT DE FRANCE TELECOM (maison mère)

(en milliards de francs)

Bilan d’ouverture

1er janvier 1991

31/12/91

31/12/92

31/12/93

31/12/94

31/12/95

31/12/96

31/12/97

122,108

120,601

111,588

105,6

94,95

84,3

69,5

98,9

B.— LES RELATIONS FINANCIÈRES ENTRE L’ÉTAT ET FRANCE TELECOM

1. La fiscalité et les conséquences financières de la transformation en entreprise nationale

Depuis le 1er septembre 1994, le régime fiscal auquel est assujettie France Télécom est différent de celui de La Poste sur deux points :

– France Télécom acquitte la taxe sur la valeur ajoutée ;

– les bases d'imposition de France Télécom en matière d’impôts directs locaux ne bénéficient d'aucun abattement exceptionnel pour les contraintes de desserte du territoire et pour la participation à l'aménagement du territoire. Toutefois, comme pour La Poste, le produit des impôts directs locaux acquittés par France Télécom est versé au Trésor afin d'abonder le fonds de compensation de la taxe professionnelle.

Ce dernier prélèvement soulève des problèmes d’équité de concurrence. En effet, les opérateurs de télécommunications concurrents de France Télécom verseront leurs impôts directs locaux aux collectivités territoriales selon les règles de droit commun. Cette recette, qui peut pour de nombreuses communes s’élever à plusieurs millions de francs, ne pourra qu’entrer en ligne de compte lorsque des municipalités auront à choisir un opérateur de réseau câblé, un prestataire de services de télécommunications, un attributaire d’infrastructures communales ou un occupant du domaine public communal. France Télécom ne pourra donc pas lutter, sur ce plan, à armes égales.

Le règlement de ce problème, né de la loi du 2 juillet 1990, a sans cesse été reporté par les gouvernements successifs au motif de son impact sur la trésorerie de l’Etat. Une réforme d’ensemble de la fiscalité était invoquée pour parvenir à résorber cette distorsion, qui en situation de monopole ne posait pas vraiment de problème à l’exploitant public mais seulement à de nombreuses villes qui perdaient une part substantielle des taxes locales acquittées par France Télécom.

Le tableau ci-après retrace les principaux prélèvements fiscaux et parafiscaux auquel est soumise France Télécom. Depuis le 1er janvier 1994, l’entreprise est en fait soumise au droit commun des entreprises commerciales.

Le changement de statut opéré par la loi du 26 juillet 1996 relative à l’entreprise nationale France Télécom s’est accompagné de plusieurs prélèvements de l’Etat sur France Télécom :

– la contribution forfaitaire exceptionnelle, dite soulte, de 37,5 milliards de francs, dont le paiement s’est achevé en octobre 1997, destinée à financer les pensions de retraites des fonctionnaires de France Télécom ;

– le transfert à titre gratuit des biens, droits et obligations nécessaires à l’accomplissement des missions de service public d’enseignement supérieur des télécommunications d’une valeur de 1,1 milliard de francs ;

– la participation décroissante de France Télécom au financement de la dotation publique de fonctionnement versée à l’enseignement supérieur des télécommunications (Groupe des écoles de télécommunications) (309,45 millions en 1997, 220,45 millions en 1998 et 114,875 millions en 1999).

Par ailleurs, la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996 a ouvert, jusqu’au 31 décembre 2006, le droit aux fonctionnaires âgés d’au moins 55 ans employés par France Télécom à prendre un congé de fin de carrière dès lors qu’ils totalisent au moins 25 ans de service à France Télécom ou dans un service relevant des postes et télécommunications (voir chapitre II du présent avis). La population concernée sur la totalité de la période est d’environ 55 000 fonctionnaires. Le coût du programme a été réévalué, au 31 décembre 1997, à 30,4 milliards de francs, qui ont été provisionnés dans le bilan de l’entreprise. Au 31 janvier 1997, 60 % des bénéficiaires potentiels avaient opté pour le congé de fin de carrière ; ils sont aujourd’hui plus de 80 %.

N’omettons pas en dernier lieu les recettes tirées de la vente d’une fraction du capital social de l’entreprise : 22,5% du capital de France Télécom ont été mis sur le marché en octobre 1997, ils se décomposent en : 105,5 millions d’actions vendues aux particuliers pour 19,2 milliards de francs et 103,5 millions d’actions placées auprès d’investisseurs institutionnels français et d’institutionnels étrangers pour 19,4 milliards de francs ; en outre, 2,5 % des parts sociales ont été cédées aux salariés. Un décret du 18 septembre 1998 a enfin autorisé le transfert à Deutsche Telekom d’une participation minoritaire de l’État (2 % du capital) et la cession au secteur privé d’une participation également minoritaire (autour de 5 %, ce qui représenterait une recette de l’ordre de 20 milliards de francs).

ÉVALUATION DE LA CHARGE FISCALE DE FRANCE TÉLÉCOM (1993 à 1997)

(en millions de francs)

IMPÔTS ET TAXES

TAUX

ASSIETTE

1993

1994

1995

1996

1997

1998
(prévisions)

TVA NETTE (1)

Droit commun

Droit commun

13 107

13 289

15 224

17 028

17 097

17 000

IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS

Droit commun (5)

Droit commun

Exonération

7 255

7 585

12 186

6 533

7 159

TAXES SALARIALES (b)

Formation continue

Taxe d'apprentissage

Effort construction

1,5 % × MS année N

0,5 % × MS année N

0,45 % × MS N-1

Masse salariale totale (année N)

Masse salariale totale (année N)

Masse salariale totale (année N-1)

Exonération

Exonération

Exonération

9

35

109

9

36

113

13

50

113

12

49

116

20

63

120

Organic (contribution sociale de solidarité des sociétés)

Droit commun

Assiette de droit commun des sociétés anonymes

Exonération

Exonération

Exonération

Exonération

192

190

TOTAL TAXES SALARIALES

   

153

158

176

369

393

TAXES FONCIÈRES

Taux moyen pondéré national

Valeur locatives immobilières - Assiette de droit commun

Exonération (*)

180

278 (2)

    245 (3)

294

300

TAXE PROFESSIONNELLE

Taux moyen pondéré national

18 % masse salariale

+ 16 % immobilisations

+ valeurs locatives immobilières

Exonération

3 800

  4 327 (4)

4 551

5 160

5 667

TAXE DIFFÉRENTIELLE SUR

LES VÉHICULES (e)

Taux et tarifs de droit commun

Assiette droit commun

34

34

30

20

21

29

TOTAL FISCALITÉ LOCALE (b)

   

34

4 014

4 635

4 816

5 475

5 996

(a) Art. 19 de la loi du 2.07.90

(b) Art. 19 et 21 de la loi du 2.07.90 ; immeubles productifs de revenus : art. 1382 du CGI

(c) Art. 1599 C - 317 noniès Ann. II du CGI

(1) L’assujetissement à la TVA entraîne la non-soumission à la taxe sur les salaires.

(2) Dont 50 millions de francs au titre de 1994.

(3) Dont 13 millions de francs au titre de 1995 et 3 millions de dégrèvement pour 1994.

(4) L’article 9 de la loi de finances pour 1995 a relevé le plafond de la taxe professionnelle de 3,5% à 4%.

(5) Inclut, à partir de 1995, la contribution de 10 % et, à partir de 1997, celle de 15 %.

(*) Sommes versées aux collectivités locales non comprises : 20 millions de francs en 1993, 14 millions de francs en 1994, 15 millions en 1995.

             

2. L’apurement du dossier des créances impayées de l’Etat

Aux termes de la réponse écrite à la question de votre rapporteur sur ce sujet, les créances consolidées dues au 31 décembre 1997 par les particuliers, les entreprises, les ministères, les collectivités locales et les établissements publics « correspondent largement à l’encours normal des factures compte tenu des délais normaux de paiement ». L’état consolidé totalise la somme à 35,5 milliards de francs. Il ne s’agit pas des défauts de paiement car France Telecom déclare ne pas identifier les créances présentant un arriéré de paiement selon la nature du débiteur.

Un décompte des impayés des ministères est cependant effectué. Il est retracé par le tableau ci-après.

La situation s’est nettement améliorée pour certaines administrations grâce à un accord signé le 29 mai 1997 entre le ministère des finances, représentant l’État, et France Telecom. Il prévoit le paiement par l’État de 1,2 milliard de francs sur quatre ans (avec un premier versement en 1997) tandis que France Telecom abandonne 800 millions de francs de créances dont l’impact sur les comptes de l’entreprise a été limité à 80 millions de francs compte tenu de provisions passées à ce titre. Les sommes dues en application de ce plan portent intérêt au taux de 3 % à compter du 1er janvier 1998.

Au 30 juin 1998, France Telecom a reçu 368 millions de francs des ministères (dont 130 millions ouverts par la loi de finances rectificative pour 1997 et 5 millions inscrits au budget des charges communes). Les principaux ministères ont conclu avec France Telecom un plan d’apurement de leurs créances impayées. Votre rapporteur s’étonne, pour le moins, que seuls le secrétaire d’État à l’industrie et le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, parmi les débiteurs de plus de 20 millions de francs, n’ont pas conclu une telle convention.

SITUATION DES CRÉANCES RELATIVES AUX MINISTÈRES AU 31 DÉCEMBRE 1997

(en millions de francs)

Ministères

Créances commerciales totales

Évolution par rapport à la fin 1997

Créances diverses

Intérieur

873,5

– 8,8  %

12,3

Préfecture de Police (Paris)

253,8

+ 2,0 %

0,4

Equipement

338,6

– 8,3 %

7,9

Education nationale

27,1

– 12,8 %

0,1

Affaires étrangères

157,0

– 2,6 %

18,0

Défense

91,3

– 32,6 %

73,7

Industrie

73,9

– 5,8 %

14,9

Economie-Finances

42,9

– 11,1 %

1,3

Agriculture

46,5

– 4,3 %

pm

Aff. sociales–Santé

34,2

– 39,2 %

0,6

Travail-Emploi-Formation profess.

15,4

+ 38,7 %

2,4

Culture

16,2

– 1,2 %

2,2

Mer

67,1

+ 14,3 %

0,8

Premier ministre

4,1

– 73,8 %

1,1

Recherche

9,1

– 48,8 %

0,8

Transports

18,9

– 55,0 %

0,5

Justice

27,7

– 8,2 %

58,9

DOM - TOM

15,6

– 32,7 %

0

Anciens combattants

1,8

– 28,0 %

pm

Environnement

1,3

– 27,7 %

pm

Jeunesse et Sports

1,6

– 11 %

pm

Commerce et Artisanat

0,1

– 0 %

0

Tourisme

1,0

– 33 %

0,1

Coopération

1,0

+ 1 000 %

0

Divers

8,8

+ 11,3 %

123 (a)

TOTAL

2 128,5

– 10,0 %

319,0

(a) : dont 121,4 millions de francs de créances antérieures à 1995 concernant le CSA.

N.B. : La Cour des comptes dans son rapport public de 1996 attire l’attention sur le fait que les factures du dernier bimestre de l’année ne sauraient être considérées comme impayées. France Télécom évalue à 500 millions de francs les facturations courantes au 31 décembre 1996 (document de référence remis à la COB, p.19).

C.— ÉVALUER L’IMPACT DE LA LIBÉRALISATION DU SECTEUR DES TÉLÉCOMMUNICATIONS

Depuis l’été 1998 les effets de la concurrence sur le marché des télécommunications se font sentir. Contrairement aux prévisions de 1996, ce sont surtout les petits investisseurs privés qui progressent ; France Telecom perd des parts de marché essentiellement dans les marchés d’entreprises de manière comparable à ce qui se déroule en Allemagne pour Deutsche Telekom.

Seule Cégétel a lancé une véritable offre complète à destination des particuliers. On peut donc se demander si la libéralisation des télécommunications ne profite pas en premier lieu aux entreprises et de manière accessoire aux ménages.

La seconde interrogation posée par l’ouverture à la concurrence porte sur la capacité de l’opérateur public national à exercer dans des conditions satisfaisantes les missions de service public définies par la loi. Ces missions portent non seulement sur la téléphonie publique mais également sur la recherche ou les services avancés de télécommunications.

Pour étudier cette ouverture à la concurrence, la commission de la production a mis en place une mission d’information sur l’application de la loi de réglementation des télécommunications, présidée par M. Jacques Rebillard et dont votre rapporteur pour avis est le rapporteur. Elle s’attachera à observer les premières évolutions du marché (offres de nouveaux services, évolution des tarifs, répartition équitable sur l’ensemble du territoire des bénéfices de l’ouverture à la concurrence, développement des entreprises et de l’emploi,...), analyser les mesures réglementaires prises pour l’application de la loi du 26 juillet 1996 et les mesures de régulation du marché déjà intervenues en fonction des objectifs du législateur et réfléchir aux termes de la loi et aux équilibres qu’elle établit.

Il serait également nécessaire de réfléchir au périmètre du service public et observer la consistance de son financement. Conformément au plan annoncé le 25 août 1997 par M. Lionel Jospin, Premier ministre, pour combler le retard français en matière de technologie de l’information, l’intégration de l’accès à Internet dans le service universel ou l’une des composantes du service public des télécommunications doit être étudiée. Une demande en ce premier sens a été présentée à la Commission européenne, où elle a reçu un accueil favorable de M. Karel van Miert, commissaire à la concurrence, et Mme Edith Cresson, commissaire à la recherche. Le Gouvernement français souhaite que la Commission propose d’inclure cet accès dans le service universel dans le cadre du mandat que la Commission a reçu pour procéder à un tel réexamen en 1998. La Belgique, le Luxembourg et le Portugal ont d’ores et déjà fait part de leur intérêt, mais cette procédure devrait prendre un an. Or, tant que la directive européenne n’est pas modifiée, il n’est pas possible de répercuter le coût de cet accès si ce coût, qui doit faire l’objet d’une péréquation à l’échelon national, est inférieur au coût moyen observé.

Dès à présent, M. Claude Allègre, ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie, a élaboré un ensemble de mesures, dont le coût pour l’Etat est estimé à 1,5 milliard de francs et sera financé sur trois ans par les ministères de l’éducation nationale et de l’industrie, les collectivités locales apportant le financement complémentaire, parmi lesquelles figurent le raccordement à Internet de 80 % des établissements scolaires, le raccordement de tous les établissements au réseau Numéris avec des tarifs forfaitaires annuels pour des connexions comprises entre 2 et 12 heures par jour, la création de CD-ROM éducatifs et de serveurs dédiés aux enseignants et aux élèves, l’équipement de toute l’Education nationale en matériels loués et la formation des enseignants à l’utilisation des nouvelles technologies et à la création de logiciels. Le secrétariat d’Etat à l’industrie apportera, en 1999, 300 millions de francs.

Ainsi la France s’apprête en la matière à combler son retard et à donner à ses enfants toutes leurs chances pour affronter l’inévitable compétition de la vie professionnelle.

TRAVAUX DE LA COMMISSION

I.— AUDITION DU SECRÉTAIRE D’ETAT

Lors de sa réunion du mardi 27 octobre 1998, la commission a entendu M. Christian Pierret, secrétaire d’Etat à l’industrie sur les crédits de son département pour 1999.

M. Christian Pierret a indiqué que le projet de loi de finances pour 1999 se caractérise par une légère progression des crédits à l’industrie, qui doit permettre de conforter les priorités que le Gouvernement s’est fixées et de relancer la politique de maîtrise de l’énergie et de développement des énergies de substitution.

A structure constante, les moyens de paiement se montent à 15,3 milliards de francs, en progression de 1,1 % par rapport à 1998, et les autorisations de programme à 5,6 milliards de francs (+ 1,5 % par rapport à l’année dernière). La réduction apparente des crédits disponibles (16,4 milliards de francs en 1998) est liée à des variations d’imputation budgétaire : la nouvelle organisation du ministère de l’économie et des finances conduit à regrouper au sein d’une même section les crédits de personnel et de fonctionnement de son administration (ce qui représente une réduction optique des crédits de 1,6 milliard de francs) alors que la budgétisation du fonds de soutien aux hydrocarbures conduit, au contraire, à l’inscription au budget de 280 millions de francs supplémentaires. A structure constante, le budget pour 1999 atteint en réalité 16,6 milliards de francs en moyens de paiement.

Ce budget se caractérise à la fois par son dynamisme – les crédits consacrés à la recherche, à l’innovation, à la formation, à la modernisation et au développement industriel augmentent de 6,5 % – et par la volonté de préparer l’avenir, puisque les moyens alloués à l’investissement et à la formation en représentent désormais 40 %.

En matière de recherche industrielle et de soutien à l’innovation, M. Christian Pierret a souligné que les autorisations de programme seront portées en 1999 à 1,8 milliard de francs, en légère croissance par rapport aux moyens disponibles en 1998. Les actions engagées l’année dernière et contribuant au développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication seront poursuivies, qu’il s’agisse du programme « société de l’information » (doté de 300 millions de francs en 1998) ou du réseau national de recherches en télécommunications. Le ministre a toutefois indiqué son souhait de voir l’effort public recentré sur les entreprises de petite taille et sur des soutiens financiers mieux identifiés.

L’agence nationale pour la valorisation de la recherche (ANVAR) voit ses capacités d’intervention reconduites à hauteur de 1,4 milliard de francs environ, grâce à 800 millions de francs d’autorisations de programme nouvelles.

Les crédits affectés au CEA, en forte progression (+ 15 %), doivent lui permettre d’accroître la part du financement budgétaire dans ses programmes civils.

En matière de développement des petites et moyennes industries (PMI), l’année 1999 s’inscrit dans la continuité de l’effort consenti l’année dernière : 470 millions de francs en autorisations de programme sont disponibles pour soutenir le développement industriel des PMI, le programme ATOUT de diffusion des technologies est doté de 212 millions de francs en autorisations de programme alors que 50 millions de francs d’autorisations de programme seront alloués à la promotion des nouveaux outils de communication dans les PMI (Internet).

L’aide à la reconversion des régions affectées par le déclin des industries traditionnelles n’est pas négligée. Les moyens du Fonds pour l’industrialisation de la Lorraine (FIL) et les crédits de politique industrielle (hors comité interministériel de restructuration industrielle) sont reconduits à des niveaux satisfaisants (80 millions de francs et 85 millions de francs respectivement). Si la dotation au Fonds d’industrialisation des bassins miniers (FIBM) est effectivement ajustée, cette diminution ne devrait pas affecter la réalité de ses interventions compte tenu de la rapidité d’engagement des crédits. Une réforme des procédures de financement apparaît toutefois souhaitable pour lui donner un nouvel élan. Enfin, le programme « après mines » est modernisé par la mise en place d’un dispositif de surveillance et de prévention des affaissements miniers : 5 millions de francs sont inscrits à ce titre au chapitre 44-81 du projet de loi de finances.

Le soutien au système de formation constitue un axe majeur d’une politique volontaire de développement industriel. Un effort significatif sera réalisé en 1999 en faveur des écoles d’ingénieurs : progression des subventions d’équipement de 3 %, hausse des bourses d’élèves de 11,5 % et création de huit emplois dans les écoles des mines, augmentation de la dotation à SUPELEC de 8 %, reévaluation de 4,1 %.des moyens alloués aux écoles des télécommunications.

Ce budget est également marqué par le souci de conforter les missions régaliennes de l’Etat.

Les moyens consacrés au secteur des télécommunications et à la gestion des fréquences sont mis à niveau : les crédits de l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) progressent de 5,8% par rapport à 1998 alors que l’Agence nationale des fréquences (ANFR) bénéficie d’une croissance substantielle de ses ressources, tant en fonctionnement (+ 4,2 %) qu’en crédits de paiement (+ 9,6 %).

L’Etat a souscrit une série d’engagements dans le cadre du contrat d’objectifs et de progrès signé en juin 1998 avec La Poste. La stabilisation de la charge des retraites, qui n’ont augmenté que de 0,8 % en 1998 au lieu de 3,5 % en tendance, doit permettre d’alléger les charges d’exploitation pesant sur l’opérateur public. La contribution au titre du transport de la presse, maintenue à hauteur de 1,85 milliard de francs pour 1999, autorise la poursuite de la réduction du déficit de cette activité.

Le ministre a également mentionné l’effort particulier en faveur de la modernisation du système français de métrologie, qui se traduit par le renforcement des moyens du bureau national de métrologie (+ 19 %) et par la création à l’école des mines de Douai d’un cycle de formation spécialisé en métrologie.

La maîtrise de l’énergie et le développement des énergies renouvelables sont relancés. Le programme annoncé par le Premier ministre au mois de février dernier est mis en œuvre afin de rééquilibrer la politique énergétique nationale, le nucléaire ayant néanmoins vocation à conserver une place prééminente dans la production d’électricité.

Une partie des recettes issues de la nouvelle fiscalité écologique (taxe générale sur les activités polluantes : TGAP), soit environ 170 millions de francs, sera affectée à des actions relevant du ministère de l’industrie, ce qui doit permettre de tripler les moyens alloués à l’ADEME.

Le ministre a conclu en soulignant la continuation de l’effort public en faveur de l’industrie, après une année 1998 marquée par une forte progression des crédits (+ 3,8 %) en rupture avec la tendance antérieure.

Le Gouvernement se donne ainsi les moyens financiers nécessaires à une politique volontariste qui se décline aujourd’hui autour de trois axes principaux : le soutien aux secteurs à fort potentiel de croissance, l’amélioration de l’environnement des entreprises et l’accompagnement des nécessaires restructurations industrielles.

M. Claude Billard, rapporteur pour avis des crédits de l’industrie, a demandé sur quelle ligne budgétaire seront inscrits les crédits de 300 millions de francs affectés au programme « société de l’information ».

M. Gabriel Montcharmont, rapporteur pour avis des crédits des postes et télécommunications, a indiqué que les crédits du secrétariat d’Etat à l’industrie spécifiquement destinés aux postes et télécommunications s’élèveraient à 2,66 milliards de francs en 1999, ce qui représente une croissance de 1,34 % par rapport à 1998. Cette augmentation serait plus élevée si l’on prenait en compte les crédits, figurant dans le budget des charges communes, destinés à stabiliser les charges de retraites supportées par La Poste (dont la croissance du coût est évaluée à environ 600 millions de francs par an).

Il a attiré l’attention sur l’environnement de plus en plus concurrentiel dans lequel est plongée La Poste, comme France Télécom. En effet, environ 40 % du chiffre d’affaires total de La Poste sont réalisés sur des marchés ouverts à la concurrence. Les concurrents de La Poste, y compris dans le secteur du courrier et des colis, sont particulièrement compétitifs ; ainsi, le chiffre d’affaires que réalise DHL en France est le double de celui réalisé par Chronopost.

Le rapporteur pour avis s’est félicité de la conclusion du contrat d’objectifs et de progrès qui traduit un réengagement financier de l’Etat en faveur de La Poste. Il exprime le refus d’utiliser le prix du timbre de la lettre ordinaire comme variable d’ajustements des comptes de La Poste ; il prévoit un effort sans précédent de l’Etat en matière de financement des pensions des fonctionnaires retraités de La Poste, charge qui consommait jusqu’à présent les gains de productivité dégagés annuellement par La Poste et qui croissait de 600 millions de francs chaque année en moyenne ; il stabilise la contribution de l’Etat au transport postal de la presse et prévoit, grâce à l’intervention de la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications, son relèvement à 1,9 milliard de francs pour 2000 et 2001 ; il améliore la gestion des fonds déposés sur les CCP en la confiant pour partie à La Poste.

En matière de présence postale sur le territoire, M. Gabriel Montcharmont a considéré que la création, prévue par le contrat d’objectifs et de progrès, de commissions départementales constituait un progrès, bien que contrairement à l’avis de la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications, aucune dotation budgétaire n’ait été prévue pour le fonctionnement de ces commissions.

En matière de gestion des personnels de La Poste, il a donné acte des efforts de réduction de la précarité de plusieurs milliers de contractuels, mais a regretté que La Poste soit exclue du bénéfice des aides à la réduction du temps de travail.

Il a ensuite interrogé le ministre sur la transposition de la directive postale du 15 décembre 1997, qu’il a jugé indispensable et urgente.

Concernant le secteur des télécommunications, il a fait observer la multiplication des procédures contentieuses qui souligne l’âpreté de la concurrence entre les opérateurs. Il a interrogé le ministre sur deux sujets relatifs au service public :

– en matière de recherche, France Télécom respecte son cahier des charges en consacrant plus de 4 % de son chiffre d’affaires aux dépenses de recherche et développement, mais la consistance de son engagement dans le réseau national de recherche en télécommunications est difficile à apprécier, de même que le contenu de la recherche d’intérêt général menée par le centre national d’études des télécommunications (CNET) ;

– les mesures de réorganisation du réseau des cabines publiques de France Télécom soulèvent de vives inquiétudes auprès des élus ruraux, notamment dans les zones à très faible densité de population.

En réponse aux rapporteurs pour avis, le ministre a apporté les précisions suivantes :

– les crédits du programme « société de l’information » sont inclus dans le chapitre 66-01 consacré au développement de la recherche industrielle et à l’innovation ;

– il faut réaffirmer la nécessité de conforter la présence de La Poste dans les zones rurales en déshérence et dans les quartiers en difficulté. L’existence de points de contacts postaux est un élément fondamental de la présence de l’Etat et du sentiment de l’appartenance à la communauté nationale ;

– les commissions départementales prévues par le contrat d’objectifs et de progrès devraient être mises en place à partir du mois de novembre 1998 par les préfets, qui ont reçu des instructions en ce sens. Ces commissions seront composées d’élus et de représentants de La Poste. Toute modification du réseau des points de contact postaux devra être précédée d’une consultation de la commission départementale, qui disposera d’un délai de six mois pour effectuer ses travaux, en particulier l’audition des élus locaux directement concernés, pendant lequel La Poste ne pourra fermer aucun point de contact. Les commissions seront donc saisies de propositions de réorganisation présentées par La Poste ; le secrétaire d’Etat à l’industrie considèrera comme inacceptable toute mesure de réorganisation qui n’aura pas été précédée d’une concertation avec les élus dans le cadre de ces commissions. Ce mécanisme devrait mettre fin aux décisions unilatérales de réaménagement du réseau postal notifiées par La Poste aux communes sans véritable dialogue ;

– la conduite d’un dialogue social doit constituer un mode normal de fonctionnement interne de La Poste. Il doit parvenir à réduire la durée du temps de travail dans les services opérationnels et fonctionnels. Cette réduction doit s’accompagner d’embauches car la solution de l’accroissement des heures supplémentaires effectuées par les agents de La Poste est inacceptable. Il faut donc que la direction de l’exploitant public négocie la réduction–aménagement du temps de travail, qui s’applique à La Poste. Cette réduction-aménagement du temps de travail doit cependant avoir des déclinaisons locales permettant d’adapter cet objectif au terrain ;

– les textes en matière d’implantation des cabines publiques de téléphone doivent être respectés. Le cahier des charges de France Télécom impose la présence d’une cabine téléphonique dans chaque commune, et dans les communes dont la population est comprise entre 1 000 et 10 000 habitants, il doit y avoir un publiphone par tranche de 1 500 habitants au-dessus du premier millier. Le nombre total de cabines téléphoniques implantées en France a progressé mais ces règles quantitatives doivent être toujours respectées ;

– le réseau national de recherche en télécommunications vise à mettre en relation et assurer une coordination entre le CNET, l’institut national de recherche en informatique et automatique (INRIA), des laboratoires privés, des laboratoires d’entreprises, etc. Le rapport annuel de France Télécom a évalué à 5,4 milliards de francs le total des dépenses de recherche et développement du groupe. En matière de recherche d’intérêt général, il faut indiquer que France Télécom accepte dans certains cas de conduire des travaux importants. Mais ceux-ci auront tendance à diminuer dans l’avenir. Il faut cependant éviter d’affaiblir la puissance de recherche du CNET ;

– le projet de loi de transposition de la directive postale du 15 décembre 1997 est en préparation. Il sera bref et sera examiné après la discussion du projet de loi de transposition de la directive européenne concernant le secteur de l’électricité, qui devrait être débattu en séance publique à l’Assemblée nationale en février ou en mars prochain. Ce dernier projet de loi proposera une approche globale de la politique énergétique de la France.

M. Christian Bataille a observé avec intérêt que les crédits de l’industrie enregistrent pour 1999 une progression, certes modérée, mais qui intervient dans un contexte de faible inflation. Il a par ailleurs noté que le Gouvernement manifeste dans ce projet de budget sa volonté de préserver les choix technologiques faits depuis plusieurs décennies en faveur de la croissance et de l’emploi, le fondement de cette politique étant très probablement « l’alliance de la République et de la science ».

M. Christian Bataille a rappelé que le Premier ministre, le ministre de l’économie et des finances et le secrétaire d’Etat à l’industrie lui-même ont évoqué à plusieurs reprises l’organisation d’un débat au Parlement sur la politique de l’énergie. Il a souhaité savoir quelles étaient les intentions du Gouvernement en la matière.

M. Christian Bataille s’est ensuite félicité de l’accroissement de 15 % des crédits prévus pour le CEA. Il a souhaité savoir, en ce qui concerne EDF, si le Gouvernement envisageait le recours au combustible Mox pour huit réacteurs supplémentaires, notant qu’EDF envisageait à terme de « moxer » vingt-huit réacteurs.

Il a estimé que l’EPR, véritable outil industriel du futur, constitue une chance pour la France, qui doit lui permettre d’être présente sur les marchés mondiaux. M. Christian Bataille a demandé à M. Christian Pierret quel site d’implantation le Gouvernement envisageait pour le réacteur tête de série ; il a estimé que ce dernier doit impérativement être construit en France. Il a demandé également des précisions sur les laboratoires souterrains de recherche et fait part de ses inquiétudes en matière de fabrication du combustible ; les sites français de COMUREX (Pierrelatte, les sites de l’Aude) doivent être protégés à cet égard contre la concurrence due à l’arrivée de combustibles militaires russes, car le maintien d’emplois est en jeu.

M. Claude Gaillard a estimé que le budget de l’industrie pour 1999 ne présentait pas de problèmes majeurs mais a émis des doutes sur la stratégie industrielle du secrétaire d’Etat, indiquant que les réorganisations administratives prévues dans ce secteur n’étaient pas de nature à le rassurer. Il a souhaité savoir quelles seraient les conséquences pour EDF et GDF de l’ouverture à la concurrence, quelles étaient les complémentarités de ces deux entreprises, si le CNET disposerait à l’avenir d’un carnet de commandes comparable à celui qui était le sien naguère en matière de recherche et il a souligné, précisément sur ce thème de la recherche, qu’il serait difficile de définir une stratégie industrielle d’ensemble. Il a jugé enfin que l’instauration de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) pouvait avoir des effets pervers, au moins pour notre politique de l’eau, car elle pourrait entraîner la disparition des agences de bassin.

M. François Brottes a salué le volontarisme de la politique du secrétaire d’Etat. Il a fait remarquer qu’aussi bien La Poste que France Télécom devaient concilier les exigences du service public « à la française » et celles du service universel et que ces deux entreprises devaient concilier également les besoins du développement industriel et commercial avec ceux de l’aménagement du territoire. S’agissant de la mise en place de cabines téléphoniques, il a donné acte des mesures figurant dans le cahier des charges de France Télécom, mais a relevé que l’élément important dans les zones de montagne était la distance séparant la cabine téléphonique des habitations. M. François Brottes a jugé positive l’existence de commissions départementales pour la présence postale, mais a demandé au ministre comment pouvait s’opérer la conciliation des fonds structurels européens réaménagés avec le service universel à l’échelle européenne.

En réponse aux différents intervenants, le ministre a apporté les précisions suivantes :

– les dépenses de recherche-développement de France Télécom peuvent être évaluées à 6,1 milliards de francs en 1997 et non 5,4 milliards de francs, ce qui représente 4,5 % du chiffre d’affaires de la maison mère. France Télécom s’orientera de plus en plus vers une recherche sur les produits, les services et les métiers directement liés à l’objet social de l’entreprise ;

– la proposition de M. François Brottes d’inscrire dans le cahier des charges de France Télécom une règle de densité ou d’espacement des cabines téléphoniques dans les zones à faible densité de population mérite d’être étudiée. Le secrétariat d’Etat va y réfléchir en concertation avec la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications ;

– coordonner les règles de fonctionnement des fonds structurels européens avec les règles du service universel, c’est-à-dire établir une liaison organique entre ces fonds et les règles du maintien et du développement du service public, est particulièrement difficile car les zones éligibles aux fonds structurels vont être réduites de même que l’intensité des interventions du FEDER. La négociation en cours est très délicate, notamment avec les Allemands qui ont des positions très différentes de celles des Français.

II.— AUDITION DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION SUPÉRIEURE DU SERVICE PUBLIC DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS

Après l’audition du secrétaire d’Etat, la commission a entendu M. Jacques Guyard, président de la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications.

M. Jacques Guyard a indiqué en préambule que la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications (CSSPPT) existait depuis huit ans mais que c’était la première fois que le rapport annuel qu’elle est chargée d’établir donnait lieu à débat devant la commission de la production et des échanges. Il a souligné que ce débat lui paraissait d’autant plus justifié que la CSSPPT, par sa composition et ses missions, s’inscrit dans la perspective du renforcement du contrôle parlementaire sur le respect du service public et de l’intérêt national par des entreprises ou opérateurs publics exerçant leur activité dans le secteur concurrentiel. C’est déjà le cas pour La Poste et France Télécom, ce le sera demain pour EDF, GDF ou d’autres établissements publics.

La CSSPPT participe, au nom du Parlement, au contrôle de la qualité du service public des postes et télécommunications ; elle est consultée sur toutes les décisions relatives à ces domaines. Ainsi, le contrat de plan signé entre l’Etat et La Poste en juin 1998 n’est pas soumis à l’approbation du Parlement mais la CSSPPT a été consultée sur son contenu au cours de sa négociation et a émis des réserves sur certains points. Elle considère par ailleurs que le Gouvernement doit préserver une capacité d’intervention dans le secteur des télécommunications par rapport à l’Autorité de régulation des télécommunications (ART), notamment dans le cadre des négociations européennes et internationales où le secrétaire d’Etat ne dispose pas de moyens d’expertise suffisants face aux autres gouvernements.

Ses domaines d’intervention se caractérisent par une évolution très rapide des technologies que la réglementation n’a pas prise en compte, qu’il s’agisse d’Internet ou de la convergence des téléphonies fixe et mobile. Le rôle de la CSSPPT est de proposer les adaptations nécessaires mais aussi de veiller au respect des missions d’intérêt général que sont la recherche et la formation.

En outre, la Commission est guidée par le souci de ne pas pénaliser l’opérateur placé en situation de concurrence. Ainsi, elle s’est prononcée contre le projet de décret prévoyant une procédure d’aide sociale pour l’accès au téléphone des personnes les plus démunies, estimant que le coût de gestion de cette procédure serait supérieur à la prestation offerte.

Les priorités de la CSSPPT pour 1998-1999 dans le secteur des télécommunications seront l’examen des questions posées par l’accès de nouveaux opérateurs à la « boucle locale », la portabilité des numéros prévue par la loi mais dont l’impact sur les coûts de fidélisation de la clientèle est très élevé, ainsi que la convergence fixe-mobile. En outre, il faudrait régler le problème récurrent du régime dérogatoire de la taxe professionnelle acquittée par France Télécom.

Quant au secteur postal, la CSSPPT s’est attachée à défendre la qualité du service public lors des discussions portant sur le contrat de plan, en particulier le maintien le plus large possible du secteur réservé afin de préserver la capacité d’acheminement du courrier sur l’ensemble du territoire dans le délai de J + 1. Le deuxième grand chantier est la transposition de la directive postale adoptée le 15 décembre 1997. La CSSPPT a attiré l’attention du Gouvernement sur les risques d’une non-transposition de ce texte à la date prévue, c’est-à-dire le 10 février prochain, en ce qui concerne le maintien d’un secteur réservé.

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Conformément aux conclusions de M. Gabriel Montcharmont, rapporteur pour avis, la commission a émis un avis favorable à l’adoption des crédits des postes et télécommunications pour 1999.

() 2,634 milliards de francs au titre de la péréquation géographique et 1,756 milliard pour le déséquilibre de la structure tarifaire.

() La Poste a décroché le marché du traitement des questionnaires du recensement de la population de 1999.

() Traitement de fichiers numérisés (surtout des factures) pour expédition par La Poste de courriers papier comme s’ils émanaient de l’entreprise cliente.

() Les frais terminaux en vigueur au sein de l’UPU sont calculés de manière forfaitaire : la base de calcul est un prix de 27,40 F par kilo, soit 54,8 centimes pour une lettre de 20 grammes. Ce tarif a été déterminé à la majorité des voix des 190 pays membres, sans référence aux coûts de distribution.

Au sein de la Conférence européenne des postes et télécommunications, les frais terminaux ont été fixés à 1,30 F pour une lettre ordinaire du premier échelon de poids.

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