CONVENTION SUR L’AVENIR DE L’EUROPE
Synthèse des débats de la session plénière du 5 juin 2003
Synthèse des débats de la session plénière des 30 et 31 mai 2003
Synthèse des débats de la session plénière des 15 et 16 mai 2003
Synthèse des débats de la session plénière des 24 et 25 avril 2003
Session plénière des 3 et 4 avril 2003
Session plénière supplémentaire du 5 mars 2003
Session plénière des 27 et 28 février 2003
Session plénière des 6 et 7 février 2003
Session plénière des 20 et 21 janvier 2003
Session plénière du 20 décembre 2002
Session plénière des 5 et 6 décembre 2002
Session plénière des 7 et 8 novembre 2002
Session plénière des 28 et 29 octobre 2002
Session plénière des 3 et 4 octobre 2002
Session plénière des 12 et 13 septembre 2002
Session plénière des 11 et 12 juillet 2002
Session plénière des 24 et 25 juin 2002
Session plénière des 6 et 7 juin 2002
Session plénière des 23 et 24 mai 2002
Session plénière des 15 et 16 avril 2002
Session plénière des 21 et 22 mars 2002
Session inaugurale des 28 février et 1er mars 2002
Synthèse des débats de la session plénière des 30 et 31 mai 2003
I
. INTRODUCTION
Le Président a brièvement présenté les documents qui ont été
transmis aux Conventionnels durant les jours précédant la session plénière.
Pour la première fois, les Conventionnels disposent d’une vue
d’ensemble du projet de la Constitution avec ses Parties I, II, III et
IV, ainsi que le préambule.
Le Président a indiqué que le Praesidium a procédé à une relecture
attentive et à certaines modifications
des textes initialement présentés afin de tenir compte des amendements
déposés par les Conventionnels. Le Président a décrit les principaux
changements apportés aux textes des articles.
En ce qui concerne les institutions, le texte n’a pas été modifié,
le Praesidium ayant considéré qu’étant donné le nombre, mais
surtout la nature des commentaires des conventionnels sur le texte, il
était opportun de consacrer davantage de temps à la réflexion sur ce
sujet.
Ensuite, le Président a présenté le programme de travail de la
Convention pour les semaines à venir. Afin de recueillir le maximum
d’éléments d’appréciation sur les questions institutionnelles, le
Praesidium a convenu que le Président, ainsi que les deux Vice-Présidents,
procéderaient à des consultations avec chacune des composantes de la
Convention le mercredi 4 juin. La session plénière du 5 et 6 juin
serait consacrée au débat sur la Partie I de la Constitution (à
l'exception des questions institutionnelles) afin de fournir au
Praesidium les indications nécessaires pour d’éventuelles
modifications ultérieures.
II.
DÉBAT SUR LES PROJETS DE TEXTES CONCERNANT LES COOPÉRATIONS RENFORCÉES
(CONV 723/03)
Propos introductifs
Le président a rappelé les traits principaux du mécanisme de la coopération
renforcée, créé par le traité d'Amsterdam, modifié par le traité
de Nice, mais qui n'a encore jamais été utilisé.
Les projets d'articles présentés par le Praesidium visent pour
l'essentiel à
simplifier la structure et la rédaction des dispositions actuelles sur
la coopération renforcée. Il s'agit de l'article 32 ter (32 b in
English), qui est devenu l'article I-43 dans la nouvelle numérotation.
D'autres dispositions figurent dans la partie III de la Constitution,
aux articles I à P, devenus les articles III-318 à III-325 dans la
nouvelle numérotation.
Le Praesidium a également proposé quelques modifications de fond
visant notamment à faciliter la procédure de déclenchement des coopérations
renforcées, et à renforcer le rôle de la Commission dans la gestion
de ces coopérations. La condition du dernier ressort a été quelque
peu clarifiée, et le seuil minimal de participation a été fixé à un
tiers des États membres, ce qui correspond à l'esprit du traité de
Nice qui l’avait fixé à huit États membres.
D'autre part, la référence à d'éventuelles conditions objectives de
participation tend à limiter le pouvoir discrétionnaire de la
Commission ou du Conseil à l'égard des demandes d'États membres qui
leur sont adressées pour participer à une coopération renforcée après
sa création, ce qui est davantage conforme au principe d'ouverture.
Parmi les amendements reçus, le Président a suggéré de ne pas
retenir celui transmis par un conventionnel proposant de supprimer ce mécanisme.
Il a souligné à cet égard les raisons qui ont motivé la création
d'un tel mécanisme, à savoir créer un instrument qui pourrait s'avérer
utile dans le long terme, notamment pour tenir compte de l'hétérogénéité
croissante des États membres de l'Union élargie. Ce mécanisme devrait
permettre à un groupe d’États membres l’agir dans le cadre de
l'Union, plutôt qu'en dehors, ce qui serait dans l'intérêt de l'Union
et de tous ses États membres. Il
a rappelé à cet égard le caractère ouvert et inclusif de la coopération
renforcée, qui est conçue comme un instrument d'intégration
progressive.
Quant
aux autres amendements, certains tendent à faciliter le recours aux
coopérations renforcées, notamment en abaissant le seuil minimal de
participation. Les autres au contraire, tendent à revenir aux textes du
traité de Nice. A la lumière de la discussion de ce jour, les
conventionnels auront l'occasion de soumettre d'autres amendements, le
secrétariat établira une fiche d'analyse, puis le Praesidium procédera
à la version finale des textes.
Dans l'ensemble, les projets d'articles ont été bien accueillis (sauf
par un conventionnel qui propose de supprimer toutes les dispositions
relatives à la coopération renforcée), en particulier en ce concerne
la simplification rédactionnelle de ceux-ci. L'argument selon lequel il
fallait favoriser le développement de coopérations entre certains États
membres dans le cadre de l'Union plutôt qu'en dehors de celui-ci a
souvent été avancé. Un autre argument en faveur de cet instrument est
son caractère inclusif, même
si l'un ou l'autre conventionnel ont insisté sur la liberté de choix
pour les États membres d'y participer ou non, et même, le cas échéant
de pouvoir s'en retirer.
De nombreux conventionnels ont néanmoins souligné que la coopération
renforcée ne devait pas constituer une alternative à la généralisation
du vote à la majorité qualifiée, en particulier dans le domaine de la
PESC, qui restait une priorité.
Sur le fond, plusieurs questions ont été soulevées.
Seuil minimal de participation :
Des avis divergents ont été émis à ce sujet. Certains ont soutenu la
proposition du Praesidium de le fixer à un tiers,
d'autres ont suggéré d'abaisser davantage ce seuil, notamment
dans le domaine de la PESD, d'autres de revenir au chiffre fixe de huit
États membres, à l'instar du traité de Nice, d'autres encore de
relever ce seuil à la moitié des États membres. Un conventionnel a
suggéré de ne pas fixer de seuil, celui-ci devant être décidé au
cas par cas, en fonction des domaines, par la même procédure que la
procédure d'autorisation initiale.
Procédure d'autorisation initiale :
Plusieurs conventionnels se sont prononcés en faveur de
l'assouplissement de la procédure d'autorisation initiale et du
renforcement du rôle de la Commission. En particulier, la Commission
devrait pouvoir, de sa propre initiative (sauf en matière de PESC),
proposer la création d'une coopération renforcée, indépendamment
d'une demande préalable formelle par certains États membres. En matière
de coopération policière et judiciaire pénale, un conventionnel a
suggéré, en revanche, que les États membres intéressés par une coopération
renforcée puissent en faire la demande au Conseil, indépendamment
d'une proposition de la Commission (et sans avis conforme du Parlement
européen), en particulier pour créer le parquet européen.
L'un ou l'autre, au contraire, ont prôné l'unanimité pour déclencher
une coopération renforcée.
Coopérations renforcées dans le domaine de la PESC :
Certains conventionnels se sont montrés sceptiques quant à la
possibilité d'engager une coopération renforcée dans le cadre de la
PESC au delà de la mise en oeuvre d'une action ou d'une position
commune, comme le prévoit le traité de Nice. Quelques uns ont rappelé
l'existence du mécanisme d'abstention constructive qui confère déjà
le type de flexibilité requis dans ce domaine. Quelques autres ont
souhaité revenir au traité de Nice en ce qui concerne la possibilité
d'évoquer la question du déclenchement d'une coopération renforcée
dans ce domaine devant le Conseil européen, statuant à l'unanimité.
Plusieurs conventionnels, au contraire, ont souligné l'importance de ne
pas limiter le champ d'action des coopérations renforcées dans le
cadre de la PESC, d'autant moins si le vote à l'unanimité demeure la règle.
Coopérations renforcées dans le domaine de la PESD :
Ce sujet a fait l'objet de nombreuses interventions, en sens différents.
Plusieurs ont approuvé le texte du Praesidium qui n'exclut pas le
domaine de la défense du champ d'application des coopérations renforcées,
mais dont les dispositions ne s'appliqueraient pas aux formes de coopération
spécifiques déjà prévues dans ce domaine (v. article I-40 et III-
205 à 209). Parmi ceux-ci, toutefois, certains voudraient ne pas
exclure d'emblée l'application des
dispositions sur les
coopérations renforcées en
ce qui concerne la création d'une agence
d'armement (article III-207),
tandis que d'autres souhaiteraient que seul le mécanisme général de
la coopération renforcée, en raison de son caractère plus inclusif,
s'applique en matière de défense, à l'exclusion des formes
spécifiques dans ce domaine
(en particulier pour la coopération "structurée",
article III-208, et la défense mutuelle, article III-209).
Certains conventionnels se sont en revanche opposés à toute forme de
flexibilité dans le domaine de la défense, qu'il s'agisse des coopérations
renforcées ou des autres formes spécifiques prévues à l'article
I-40)
Principe d'ouverture et condition de participation :
En ce qui concerne les éventuelles conditions de participation, l'un ou
l'autre conventionnel s'y sont montrés réticents, craignant que cela
n'affecte le principe d'ouverture. D'autres au contraire ont souligné
que ces conditions objectives, qui sont les mêmes au moment de la création
d'une coopération renforcée qu'à tout moment ultérieur, diminuent le
pouvoir discrétionnaire à l'égard des demandes de la participation
ultérieure, et dès lors renforcent le principe d'ouverture.
L'un ou l'autre conventionnel ont suggéré de prévoir un clause de
"cohésion" visant à aider les États membres qui, tout en
voulant participer, n'en seraient pas tout de suite capables.
III. DÉBAT SUR LES PROJETS DE TEXTES
CONCERNANT LA GOUVERNANCE ECONOMIQUE
The
President opened the discussion by presenting the text of the revised
articles on economic governance. These had been drawn up on the basis of the conclusions of
the Economic Governance
Working Group, taking into account also the subsequent debate in plenary
in November 2002, as well recommendations from the Working Group on
Simplification. The
President invited the Convention to include the issue of taxation in the
debate, since this had been part of the discussions in the Economic
Governance Working Group.
A large number of members of the Convention acknowledged that the draft
articles put forward by the Praesidium represented progress compared
with the current situation, even though some of them regretted that the
texts did not go further. A
number underlined that strengthening the provisions on economic policy
coordination was an essential part of a properly functioning Economic
and Monetary Union. A few
considered that the proposed texts were too ambitious, or at the limit
of what they could accept.
There were specific requests from a number of members of the Convention
for a greater role for both the Commission and the European Parliament
in economic policy coordination. Whilst
the proposal to move from a Commission recommendation to a proposal in
the article on the excessive deficit procedure was largely welcomed, a
large number of those who intervened on this subject wanted to include
this provision also in the procedures on the Broad Economic Policy
Guidelines. There was also a
call for a greater involvement of the European Parliament in the
elaboration of the Guidelines, principally through giving it the right
to be consulted. However
several members were opposed to extending the role of either the
Commission or the Parliament in these areas.
A number of speakers welcomed the proposed protocol on the Eurogroup,
though several commented that it was not really necessary.
Some wished to go further either by establishing a formal "Eurozone
ECOFIN" or by extending and clarifying the extent of the exclusive
decision-making powers of those Member States within the Eurozone.
A few speakers considered that the current proposal in Article
III-86 paragraph 3 for a limited extension to the decision-making powers
of the Eurozone countries was insufficiently clear.
Others considered that any such moves would be seen as divisive,
and should therefore be avoided.
There was a broad welcome from a number of speakers for the provisions
on the external representation of the Euro.
However several called for this provision to include an explicit
provision that this role should be given to the Commission.
A proposal was also made that this should rather be for the
President of the Eurogroup.
One speaker, subsequently supported by several others, called for a
permanent post combining the existing functions of Commissioner
responsible for Economic and Financial issues and ECOFIN chairman.
Several speakers referred to Part I of the Constitution.
Some proposed amending the text of Article I-14 on the
coordination of economic and employment policies, considering that it
still did not sufficiently reflect the fact that it was the Member
States who coordinate their policies.
Others called for the text to reflect a better balance between
economic and social policy.
A number of speakers welcomed the proposal to maintain the independent
status and existing functions of the European Central Bank.
However a few wished to see a widening of the mandate of the ECB
along the lines of that of the US Federal Reserve.
On taxation, a number of speakers regretted that the proposed text did
not provide for further extension of qualified majority voting.
Some expressed concern that the proposed text was even a
retrograde step compared with existing provisions. Several
speakers however underlined that any move to QMV in this area was
unacceptable; for some of them the text as put forward was unacceptable;
for others it was at the limit of what they could accept.
The President concluded the discussion by underlining that the text put
forward by the Praesidium had as far as possible taken into account the
differing views on the range of issues covered, including the specific
provisions applying to those Member States within the Eurogroup.
There was however certainly scope for improving the text, and the
Praesidium would look into how this might be done.
It would also look again at the draft articles on taxation,
taking into account the different points of view expressed during the
debate. In order to assist
it on this and other issues, the Praesidium would find it useful to have
contributions from the component groups.
IV.
DÉBAT SUR LES PROJETS DE TEXTES CONCERNANT LES RESSOURCES PROPRES ET LA
PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
Le
projet d'articles concernant les finances de l'Union tant dans la partie I
que dans la partie III de la Constitution a généralement reçu un bon
accueil, bien que sur certains points quelques difficultés subsistent.
Les principes budgétaires proposés par le Praesidium dans l'article 39
semblent faire l'objet d'un large consensus. Quelques conventionnels
voudraient un renforcement du principe relatif à la bonne gestion financière
et de son contrôle.
En ce qui concerne la procédure d'adoption du système des ressources
propres, quelques conventionnels s'opposent à la distinction de procédure,
prévue à l'article I-53, entre la fixation du plafond des ressources et
la création de nouvelles ressources d’une part, et les modalités des
ces ressources, d’autre part. Ces Conventionnels voudraient maintenir la
procédure actuelle pour l'ensemble. Pour d'autres conventionnels il
faudrait aller plus loin et supprimer l'exigence de ratification
nationale, voire passer à la majorité qualifiée l'ensemble des mesures
concernant les ressources et renforcer le rôle du Parlement européen
dans la procédure. Quelques conventionnels souhaiteraient que la
Constitution prévoie la possibilité de création de nouvelles ressources
à caractère fiscal. D'autres s'y sont opposés.
Certains orateurs se sont exprimés contre la mention du principe de
suffisance des moyens à l'article I-53. D'autres l'ont soutenu et
ont demandé en outre que l'idée d'équité soit introduite dans cet
article.
La formalisation des perspectives financières - le « cadre
financier pluriannuel » - en tant que cadre contraignant pour la
discipline budgétaire dans la Constitution, fait l’objet d’un large
consensus. Néanmoins, quelques divergences subsistent en ce qui concerne
la procédure. Quelques conventionnels proposent la procédure de codécision.
Quelques-uns estiment, en revanche, que c'est le Conseil qui doit décider
et cela, à l'unanimité. Certains conventionnels sont opposés à l'idée
de proroger la dernière année du cadre financier précédent lorsque le
nouveau cadre financier ne serait pas encore adopté á l'échéance du précédent.
En ce qui concerne la procédure
annuelle, la suppression de la distinction entre dépenses obligatoires et
non obligatoires, dans le conditions précisées par plusieurs
dispositions - formalisation du cadre financier dans la Constitution
(article I-54) et définition des dépenses juridiquement obligatoires
(III-315) - du projet de Constitution, semble faire l'objet de consensus.
La proposition de procédure annuel fait l'objet d'un large soutient. Néanmoins
quelques conventionnels préféreraient que, en cas de désaccord entre le
Conseil et le Parlement, soit inscrit au budget le montant le plus bas de
ceux proposés.
Quelques intervenants ont souhaité que des modalités spécifiques de
procédure soit prévues en ce qui concerne la politique étrangère et de
sécurité commune.
V. DÉBAT SUR LE PROJET DE LA
PARTIE II DE LA CONSTITUTION
L'intégration
de la Charte des droits fondamentaux et de son préambule dans la partie
II de la Constitution a reçu un large soutien de la part des
conventionnels, même si certains auraient préféré que la Charte
constitue la première partie, et d'autres qu’elle soit intégrée dans
un protocole annexé au traité.
Pour plusieurs conventionnels, les adaptations des clauses horizontales
finales de la Charte effectuées par le groupe de travail II, ainsi que la
mise à jour des explications du Praesidium constituent un condition
essentielle pour pouvoir accepter de lui conférer une valeur juridique.
Certains souhaiteraient également conférer une valeur juridique aux
explications elles-mêmes, ou à tout le moins y faire une référence
expresse dans le texte de la Constitution. M. Vitorino, le président du
groupe de travail sur la Charte, a indiqué que le travail de mise à jour
des explications de la Charte était en cours.
VI.
DÉBAT SUR LES PROJETS D'ARTICLES DE LA PARTIE III DE LA CONSTITUTION
Plusieurs conventionnels ont émis le souhait de pouvoir approfondir
davantage l'examen de certaines questions dans la partie III, notamment
sur un plan plus technique. Les
questions principales qui ont été soulevées lors de ce premier débat
sont les suivants :
Extension
du vote à la majorité qualifiée
Un des thèmes principaux qui a été abordé concerne l'extension du vote
à la majorité qualifiée. De nombreux conventionnels ont estimé que
l'extension opérée jusqu’ici n'était pas suffisante, certains
indiquant que les cas soumis à l'unanimité devraient être strictement
limités à des cas exceptionnels.
D'autres ont indiqué la nécessité de conserver l'unanimité dans l'une
ou l'autre politique, essentiellement en matière fiscale et sociale. Dans
ce contexte, quelques membres ont suggéré de prévoir un vote à majorité
qualifiée renforcée pour remplacer l'unanimité.
En matière de politique commerciale, certains
conventionnels ont insisté sur la nécessité de prévoir la négociation
et la conclusion des accords dans le domaine des services culturels et
audiovisuels, ainsi que des services d’éducation et de santé, à
l’unanimité. D’autres ont exprimé leur soutien à la proposition du
Praesidium, soulignant que des négociations efficaces de l’Union élargie
exigeaient une prise de décision à la majorité qualifiée.
Pour les décisions relevant du domaine de la PESC,
un certain nombre de Conventionnels ont déploré le maintien de
l'unanimité comme règle générale. Ils estiment que l'unanimité
affaiblit la capacité de l'Union de s'exprimer et d'agir sur la scène
internationale. Ces Conventionnels souhaiteraient que le vote à la
majorité qualifiée devienne la règle générale tout en prévoyant une
clause de sauvegarde pour éviter qu'un Etat Membre dont les intérêts
vitaux sont en jeu soit mis en position de minorité. D'autres
Conventionnels, sans remettre en cause la règle générale de l'unanimité,
ont plaidé en faveur d'une extension de la liste des cas où le Conseil,
par dérogation à la règle générale, peut adopter des décisions à la
majorité qualifiée ; notamment, quand le Conseil statue sur proposition
conjointe du Ministre des Affaires étrangères et de la Commission, quand
il adopte des décisions visant les mesures restrictives, et quand il
adopte des décisions concernant les actions de la PESC en dessous d'un
certain seuil financier. D'autres Conventionnels, par contre, ont estimé
que les propositions du Praesidium sur la procédure de prise de décision
dans le domaine PESC sont satisfaisantes et que les dispositions de
l'article III-196, paragraphe 3, permettent le passage à la majorité
qualifiée sans avoir recours à une modification du Traité.
Espace
de liberté, de sécurité et de justice
Sur les dispositions concernant l'espace de liberté ,
de sécurité et justice, les interventions des conventionnels ont été
plutôt positives. Toutefois, certains ont fait valoir qu'ils éprouvaient
encore des difficultés à accepter le recours à la procédure législative
ordinaire au sujet de l'établissement de règles minimales en matière de
procédure pénale. Plusieurs Conventionnels ont également fait valoir,
au sujet de l'article III-161 sur l'immigration, qu'ils souhaitaient que
la règle de l'unanimité
s'applique à l'accès au marché de travail (et dès lors à la sécurité
sociale) aux ressortissants de pays tiers résidant légalement dans le
territoire de l'Union. Certains Conventionnels ont manifesté leur désaccord
avec la disposition prévoyant la création d'un Parquet européen à
partir de l'Eurojust. Mais, d'autres ont estimé que cette dernière
disposition n'allait pas assez loin et qu'il fallait ouvrir la voie vers
une coopération renforcée, selon des modalités moins rigoureuses que
pour les coopérations renforcées en générale.
Certains conventionnels ont salué l'application de la règle de
l'unanimité au droit de la famille, la suppression de la procédure législative
ordinaire pour la responsabilité parentale, et la disposition prévoyant
la possibilité d'identifier à l'unanimité des aspects du droit de la
famille ayant une incidence transfrontalière susceptibles de faire
l'objet d'actes adoptés selon la procédure législative ordinaire.
Défense
En
ce qui concerne la politique de défense, certains conventionnels ont
exprimé leur réticence quant à l’inclusion dans la Constitution
d’une possibilité de coopération structurée en matière de capacités
militaires élevées en vue des missions les plus exigeantes, jugeant
notamment que son caractère devrait être plus ouvert. Certains autres,
en revanche, n’ont pas été favorable à la modification apportée au
texte des dispositions relatives à la coopération structurée concernant
le remplacement de la déclaration par le protocole. La possibilité
d’une coopération plus étroite en matière de défense mutuelle a également
fait l’objet de quelques réticences. Certains Conventionnels,
cependant, se sont félicités de l’inclusion de telles clauses dans la
Constitution.
Plusieurs orateurs ont exprimé leur satisfaction suite pour l’élargissement
de la portée de la clause de solidarité opérée par le Praesidium,
quelques uns souhaitant l’élargir encore davantage, par exemple aux
accidents quotidiens. D’autres ont exprimé des doutes sur la nécessité
de l’inclusion de la clause dans la Constitution.
Services
d'intérêt général
Plusieurs
conventionnels ont émis le souhait d'une reconnaissance plus franche de
l'importance des services d'intérêt général, certains souhaitant une
base juridique visant à les promouvoir. Certains
conventionnels ont précisé à cet égard que cette reconnaissance n'empêchait
nullement les autorités publiques de confier la gestion de ces services
au secteur privé.
Nouvelles bases juridiques
Les projets de nouvelles bases juridiques résultant du titre sur les compétences
de la partie I de la Constitution ont d'une manière générale été bien
accueillis. Il s'agit des bases juridiques concernant le sport, l'énergie,
la protection civile, la propriété intellectuelle, la coopération
administrative et l'espace. Certaines réserves ont été émises en ce
qui concerne la base juridique sur l'énergie. D'autres bases juridiques
supplémentaires ont été proposées, par exemple pour la coopération
transfrontalière, ou encore pour les statuts de la société européenne.
Euratom
Sur
le traité Euratom, certains Conventionnels ont indiqué qu'ils ne
pouvaient souscrire à la proposition du Praesidium de reprendre le traité
Euratom tel quel en ne procédant qu'à l'adaptation des dispositions
institutionnelles et financières dudit traité. Ils souhaitent que ce
traité soit modifié substantiellement et adapté à la situation
actuelle en prévoyant en particulier la procédure législative
ordinaire. D'autres Conventionnels ont en revanche fait valoir qu'il ne
semblait pas réaliste de procéder à une révision substantielle du
traité Euratom. Certains ont avancé l'idée de prévoir une clause de
rendez-vous pour modifier le traité Euratom, ou encore d'établir une
"susnset clause" qui mettrait un terme au traité à une date prédéterminée.
Autres
questions institutionnelles
Plusieurs conventionnels ont proposé d'améliorer l'accès direct des
citoyens à la Cour de justice (art. III-266), ainsi que de renforcer
la protection juridictionnelle dans le domaine de la PESC, ou encore en
matière d'asile (procédures d'urgence)
Un conventionnel a indiqué la nécessité de préciser dans la
Constitution les cas exceptionnels où le Conseil, et non la Commission,
adopte des règlements d'exécution, ainsi que le pouvoir réglementaire
de la Commission en ce qui concerne les exemptions par catégories.
Le
président a confirmé aux Conventionnels son intention d’organiser des
consultations avec « les composantes ». Elles auront lieu
mercredi, le 4 juin, à 9h30 avec les représentants des Parlements
Nationaux, à 15h00 avec les représentants des gouvernements, à 17h00
avec les représentants du Parlement Européen et à 19h00 avec les représentants
de la Commission.
____________________
ANNEXE
Session plénière vendredi 30 et samedi 31 mai 2003
LISTE DES ORATEURS
suivant
l'ordre des interventions
Vendredi 30 mai (11h00)
1.
Débat sur les projets de textes concernant les coopérations
renforcées
(CONV 723/03).
M. Pierre
LEQUILLER - France (Parlement)
M. Jozef OLEKSY - Pologne (Parlement)
Mme Lena HJELM-WALLEN - Suède (Gouvernement)
M. Andrew DUFF - Parlement européen
Mme Marietta GIANNAKOU - Grèce (Parlement)
M. Jari VILÉN - Finlande (Parlement)
M. Marco FOLLINI - Italie (Parlement)
M. Frans TIMMERMANS - Pays Bas (Parlement)
M. Peter SKAARUP - Danemark (Parlement)
(Carton bleu : Voggenhuber)
M. Jens-Peter BONDE - Parlement européen
M. Peter HAIN - Royaume Uni (Gouvernement)
M. Jelko KACIN - Slovénie (Parlement)
M. Kimmo KILJUNEN - Finlande (Parlement)
M. Michael FRENDO - Malte (Parlement)
M. Hubert HAENEL - France (Parlement)
M. René van der LINDEN - Pays Bas (Parlement)
M. Dick ROCHE - Irlande (Gouvernement)
M. Paraskevas AVGERINOS - Grèce (Parlement)
Mme Teija TIILIKAINEN - Finlande (Gouvernement)
M. Jan ZAHRADIL - Rép. Tchèque (Parlement)
M. Edmund WITTBRODT - Pologne (Parlement)
M. Proinsias DE ROSSA -
Irlande (Parlement)
M. Rytis MARTIKONIS - Lituanie (Gouvernement)
M. Göran LENNMARKER - Suède (Parlement)
M. Alexandru ATHANASIU - Roumanie (Parlement)
M. Eugen BÖSCH - Autriche (Parlement)
M. Tunne KELAM - Estonie(Parlement)
Mme Sandra KALNIETE - Lettonie (Gouvernement)
M. Joschka FISCHER – Allemagne (Gouvernement)
(Cartons bleus : Dini,
Voggenhuber)
M. Vytenis ANDRIUKAITIS - Lituanie (Parlement)
M. Luis MARINHO - Parlement européen
Mme Eduarda AZEVEDO - Portugal (Parlement)
M. Michel BARNIER - Commission
M. Josef ZIELENIEC - Rép. Tchèque (Parlement)
M. Ernani LOPES - Portugal (Gouvernement)
SUPPLÉANTS
M. Pierre CHEVALIER - Belgique (Gouvernement)
* suppléant M. Michel
M. Adrian SEVERIN - Roumanie (Parlement)
* suppléant M. Hasotti
Mme Pascale ANDREANI - France (Gouvernement)
* suppléante M. de VILLEPIN
M. Peter GOTTFRIED - Hongrie (Gouvernement)
*suppléant M. Balázs
Mme Pervenche BERES - Parlement européen
* suppléante M. Duhamel
(Carton bleu : Vitorino)
Vendredi 30 mai (15h00)
2.
Débat sur les projets de textes concernant
- la
gouvernance économique et
- les
ressources propres et la procédure budgétaire
(CONV 724/03, CONV 725/03, CONV 727/03)
M. Lamberto DINI - Italie (Parlement)
M. René van der LINDEN - Pays Bas (Parlement)
M. Hannes FARNLEITNER - Autriche (Gouvernement)
M. Jürgen MEYER - Allemagne (Parlement)
M. Jelko KACIN - Slovénie (Parlement)
M. Michel BARNIER - Commission
M. Andrew DUFF - Parlement européen
M. Gijs DE VRIES - Pays Bas (Gouvernement)
M. Sören LEKBERG - Suède (Parlement)
M. Caspar EINEM - Autriche (Parlement)
M. Ben FAYOT - Luxembourg (Parlement)
Mme Teija TIILIKAINEN - Finlande (Gouvernement)
M. Alain LAMASSOURE - Parlement européen
M. Gianfranco FINI - Italie (Gouvernement)
(Cartons bleus : Kauppi,
Katiforis, Kauffman, Bonde, Mendez de Vigo)
M. Josep BORRELL - Espagne (Parlement)
M. Proinsias DE ROSSA -
Irlande (Parlement)
M. Ernani LOPES - Portugal (Gouvernement)
Mme Sandra KALNIETE - Lettonie (Gouvernement)
M. Pierre LEQUILLER - France (Parlement)
M. Erwin TEUFEL - Allemagne
(Parlement)
M. Jens-Peter BONDE - Parlement européen
M. Peter HAIN - Royaume Uni (Gouvernement)
Mme Hanja MAIJ-WEGGEN - Parlement européen
(Cartons bleus : Dastis,
Wuermeling, Duff)
M. Dick ROCHE - Irlande (Gouvernement)
M. Klaus HAENSCH - Parlement européen
M. Rein LANG - Estonie(Parlement)
Mme Cristiana MUSCARDINI - Parlement européen
M. Kimmo KILJUNEN - Finlande (Parlement)
M. Göran LENNMARKER - Suède (Parlement)
M. Vytenis ANDRIUKAITIS - Lituanie (Parlement)
Mme Linda McAVAN - Parlement européen
Mme Hildegard PUWAK - Roumanie (Gouvernement)
M. Jan FIGEL - Rép. Slovaque (Parlement)
Mme Anne VAN LANCKER - Parlement européen
Mme Danuta HÜBNER - Pologne (Gouvernement)
M. Alberto COSTA - Portugal (Parlement)
M. Jari VILÉN - Finlande (Parlement)
M. John BRUTON - Irlande (Parlement)
Cartons bleus : Duff, Roche,
Van Lancker, MacCormick, Barnier)
SUPPLÉANTS
M. David O'SULLIVAN - Commission
* suppléant M. Vitorino
M. Hans-Martin BURY - Allemagne (Gouvernement)
* suppléant M. Fischer
Lord TOMLISON - Royaume Uni (Parlement)
* suppléant Mme Stuart
(Cartons bleus : Christophersen,
de Vries, Duhamel)
M. Pierre CHEVALIER - Belgique (Gouvernement)
* suppléant M. Michel
M. Carlos CARNERO - Parlement européen
* suppléant M. Marinho
Mme Lenka ROVNA - Rép. Tchèque (Gouvernement)
* suppléante M. Kohout
Mme Pervenche BERES - Parlement européen
* suppléante M. Duhamel
M. Adrian SEVERIN - Roumanie (Parlement)
* suppléant M. Hasotti
Mme Pascale ANDREANI - France (Gouvernement)
* suppléante M. De Villepin
M. Valdo SPINI - Italie (Parlement)
* suppléant M. Follini
M. Henrik HOLOLEI - Estonie (Gouvernement)
* suppléant M. Meri
M. Antonio NAZARE PEREIRA - Portugal (Parlement) * suppléant Mme Azevedo
(Cartons bleus : Barnier,
Fayot, Kiljunen, Lenmarker, Van Lancker)
OBSERVATEURS
M. Emilio GABAGLIO - Partenaires
sociaux
Samedi 31 mai
3.
Débat sur le projet des parties II et III de la Constitution
(CONV 725/03, CONV 726/03, CONV 727/03)
M. Hannes FARNLEITNER - Autriche (Gouvernement)
M. Jan FIGEL - Rép. Slovaque (Parlement)
Mme Anne VAN LANCKER - Parlement européen
M. Göran LENNMARKER - Suède (Parlement)
M. Ernani LOPES - Portugal (Gouvernement)
M. Kimmo KILJUNEN - Finlande (Parlement)
M. Antonio TAJANI - Parlement européen
M. Antonio VITORINO - Commission
M. Sören LEKBERG - Suède (Parlement)
Mme Teija TIILIKAINEN - Finlande (Gouvernement)
M. Pierre LEQUILLER - France (Parlement)
M. Dick ROCHE - Irlande (Gouvernement)
M. Hubert HAENEL - France (Parlement)
(Cartons bleus : Voggenhuber,
Fayot, Hain, Rack, Paciotti, Vitorino)
M. Andrew DUFF - Parlement européen
M. Pierre CHEVALLIER – Belgique (Gouvernement)
M. Jürgen MEYER - Allemagne (Parlement)
M. Peter HAIN - Royaume Uni (Gouvernement)
M. Olivier DUHAMEL - Parlement européen
M. Michel BARNIER - Commission
M. Aloiz PETERLE - Slovénie (Parlement)
Mme Hanja MAIJ-WEGGEN - Parlement européen
M. Proinsias DE ROSSA -
Irlande (Parlement)
M. Gianfranco FINI - Italie (Gouvernement)
M. Caspar EINEM - Autriche (Parlement)
M. Jelko KACIN - Slovénie (Parlement)
M. Elmar BROK - Parlement européen
Mme Sandra KALNIETE - Lettonie (Gouvernement)
(Cartons bleus : Beres, Kvist,
Carey, Lenmarker, Van der Linden, Barnier, Maij-Weggen, Roche, Van Lancker,
Thorning Schmidt, Gormley, Bruton)
M. Vytenis ANDRIUKAITIS - Lituanie (Parlement)
M. Erwin TEUFEL - Allemagne
(Parlement)
M. Alain LAMASSOURE - Parlement européen
M. Peter SERRACINO-INGLOTT - Malte (Gouvernement)
M. Panayiotis DEMETRIOU - Chypre (Parlement)
M. Lamberto DINI - Italie (Parlement)
M. Ben FAYOT - Luxembourg (Parlement)
M. Jan ZAHRADIL - Rép. Tchèque (Parlement)
M. Gijs DE VRIES - Pays Bas (Gouvernement)
Mme Eduarda AZEVEDO - Portugal (Parlement)
Mme Hildegard PUWAK - Roumanie (Gouvernement)
Mme Sylvia-Yvonne KAUFMANN - Parlement européen
SUPPLEANTS
M. Adrian SEVERIN - Roumanie (Parlement)
* suppléant M. Hasotti
M. Diego LOPEZ GARRIDO - Espagne (Parlement)
* suppléant M. Borrell
Mme Pascale ANDREANI - France (Gouvernement)
* suppléante M. De Villepin
M. Hans-Martin BURY - Allemagne (Gouvernement)
* suppléant M. Fischer
Mme Elena PACIOTTI - Parlement européen
* suppléante Mme McAvan
Mme Maria BERGER - Parlement européen
* suppléante M. Hänsch
M. Valdo SPINI - Italie (Parlement)
* suppléant M. Follini
M. Joachim WUERMELING - Parlement européen
* suppléant de M. Kirkhope
M. Eduard MAINONI - Autriche (Parlement)
* suppléant M. Bösch
Mme. Marta FOGLER - Pologne (Parlement)
* suppléante M. Oleksy
M. William ABITBOL - Parlement européen
* suppléant M. Bonde
M. Istvan SZENT-IVANY - Hongrie (Parlement)
* suppléant M. Vastagh
M. Esko HELLE - Finlande (Parlement)
* suppléant M. Vilén
(Carton bleu : Lennmarker, De
Rossa, Cisneros, Vilen)
OBSERVATEURS
M. Emilio GABAGLIO - Partenaires
sociaux
M. Josef CHABERT - Comité des régions
(Carton bleu : McLennan,
Dybkjaer, Wagener, Bonde)
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Synthèse des débats de la session plénière des 15 et 16 mai 2003
THE EUROPEAN CONVENTION The Secretariat |
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Brussels, 27 May 2003 (OR. en,fr) |
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CONV 748/03
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NOTE
Subject : |
Summary Report of the Plenary Session - Brussels, 15 and 16 May 2003 [1] |
1. Working method of the Convention during its last phase and consensus building process
(CONV 720/03 and 721/03)
Méthode de travail
Le Président a brièvement présenté l'ordre du jour de la séance plénière qui cette fois-ci a duré deux journées entières afin que la Convention ait plus de temps à consacrer au débat sur les Institutions et sur l'action extérieure de l'Union.
Avant de passer au débat sur ces deux sujets, le Président a présenté la méthode de travail qui conduira à l'élaboration d'un consensus. Avant la prochaine session du 30-31 mai, les membres de la Convention auront reçu le projet global de constitution. Cela permettra:
- d'examiner les dispositions sur les politiques auxquelles on a souvent renvoyé dans le cadre des débats sur la Partie I;
- de discuter de la nouvelle version de ces sections qui ont été révisées par le Praesidium à la lumière des débats en plénière;
- de débattre des nouvelles dispositions mises au point par le Praesidium pour mettre en oeuvre des groupes de travail ou des cercles de reflexion.
Le Président a insisté sur la nécessité d'intensifier pendant les deux premières semaines de juin le travail de la Convention, y compris à travers une présence plus forte des Conventionnels à Bruxelles afin de pouvoir continuer le travail également au sein des « familles politiques », des composantes et éventuellement de quelques cercles de discussion. Entre-temps, le Président et les deux Vice-Présidents procéderont à des consultations et le Praesidium procédera aussi souvent que possible à une évaluation des progrès accompli dans la voie du consensus.
Dans la brève discussion qui a suivi, plusieurs Conventionnels ont insisté sur la nécessité d'examiner en profondeur la Partie III de la Constitution. Certains ont marqué leur inquiétude quant à la possibilité d'accomplir ce travail dans les délais impartis à la Convention. Un Conventionnel a proposé que les membres de la Convention déposent des amendements au texte global et que ces amendements puissent être votés par la Convention.
En réponse à ces interventions, le Président a rappelé que la méthode de travail de la Convention établie par la déclaration de Laeken est celle du consensus et exclut le vote qui ne serait pas représentatif dans une assemblée ainsi composée. En ce qui concerne la Partie III de la Constitution, le Président a suggéré que si la difficulté de la finaliser dans les délais se concrétisait, la possibilité de poursuivre le travail uniquement sur cette partie pendant quelques semaines supplémentaires serait examinée.
2. Débat sur le projet d'articles sur les institutions (Part I - Title IV)
(CONV 691/03 et CONV 709/03)
Propos introductifs
Le Président dans son introduction liminaire a souligné le grand nombre d'amendements reçus par le Secrétariat sur le titre IV du projet de Constitution, auquel était joint un article qui trouverait sa place dans le titre VI consacré à la vie démocratique.
Le Président a rappelé que les articles sur les institutions de la première partie seront accompagnés par des dispositions à introduire dans la troisième partie. Certaines des remarques, observations ou propositions d'amendement déposées visaient à compléter et enrichir les textes présentés. Elles trouveront une réponse lorsque les articles de la seconde partie seront disponibles.
Le Président a en outre relevé que dans la masse de commentaires reçus on pouvait identifier deux types d'amendements :
Les premiers, les plus nombreux et les plus significatifs, ne remettaient pas en cause l'architecture d'ensemble du projet soumis par le Praesidium. Ils allaient dans le sens d'une clarification des dispositions proposées. Certains amélioraient sensiblement la rédaction retenue, par exemple en confortant ou précisant l'approche du Praesidium.
Le second type d'amendements, un peu moins nombreux que les premiers, mais représentant cependant un nombre significatif, revenaient, directement ou indirectement, à maintenir en l'état les textes actuels. Une telle demande avait été exprimée, de façon plus ou moins marquée, pour à peu près tous les articles les plus importants des dispositions institutionnelles, c'est à dire la composition du Parlement européen, le rôle et la présidence du Conseil européen, le calcul de la majorité qualifiée, le mode de désignation de la Commission, la désignation ou la composition de la Commission. Le Président s'est interrogé sur la compatibilité d'une telle approche de status quo avec le mandat que la Convention a reçu à Laeken. Il a rappelé certaines des questions avancées par les chefs d'État et de gouvernement, et a cité un certain nombre d'entre elles: "La première question à se poser est de savoir comment nous pouvons augmenter la légitimité démocratique et la transparence des institutions actuelles et elle vaut pour les trois institutions" ou "Comment peut-on renforcer l'autorité et l'efficacité de la Commission européenne ? " ou encore "Peut-on garder la rotation semestrielle du Conseil ?".
Le débat en session plénière a suscité de nombreuses prises de parole. Près de 90 Conventionnels ont pris part au débat auquel s'ajoutent les interventions au moyen des "cartons bleus". Le débat a été animé et riche d'enseignements. Il est possible de retenir un certain nombre de remarques générales avant d'examiner les points les plus souvent évoqués (pour la lisibilité de cette note les observations relatives au ministre des Affaires étrangères ont été regroupées avec celles sur le débat relatif à l'action extérieure de l'Union).
Remarques générales des Conventionnels
Un grand nombre de Conventionnels ont précédé leur intervention de remarques à caractère général ou exprimé certains principes. Parmi ceux-ci on peu relever :
Un nombre important de Conventionnels ont estimé que l'architecture institutionnelle d'ensemble devait respecter certains principes et parmi ceux-ci le principe de l'égalité entre États membres a été le plus souvent mentionné. La méthode communautaire a également été citée.
Nombre important de Conventionnels ont au cours de leurs interventions et de façon générale ou particulière manifesté leur attachement aux dispositions actuelles du traité, telles qu'elles sont issues du traité de Nice. Ils ont considéré qu'elles permettaient de répondre aux défis de l'Europe élargie et que les négociateurs d'alors avait atteint un compromis satisfaisant. Il a en outre été rappelé que les Parlements et les populations des pays candidats en cours ou avaient été récemment conduits à se prononcer, en vue de leur adhésion, sur les dispositions institutionnelles actuelles. Il était donc difficile de défendre aux yeux des opinions publiques de ces pays une modification en profondeur des dispositions institutionnelles. D'autres Conventionnels ont relevé pour leur part que la convocation de la Convention par les chefs d'État et de gouvernement et l'adoption de la déclaration de Laeken en décembre 2001, montraient que les résultats obtenus à Nice avaient été considérés comme insuffisants pour répondre au défi de l'élargissement.
Enfin, un certain nombre de Conventionnels ont souligné dans leurs interventions que la Convention abordait la phase la plus délicate et la plus importante de ses travaux. Ils ont appelé au succès de la Convention et estimé que celui-ci ne pourrait intervenir que si chaque Conventionnel s'efforçait de faire preuve à la fois d'esprit de compromis et d'ambition privilégiait la recherche d'une solution consensuelle acceptable par tous. Ces Conventionnels ont appelé leurs collègues à faire abstraction de leur position initiale liée à leur appartenance à telle ou telle institution, "petit ou grand pays", nationalité ou groupe politique pour privilégier le bien commun. Plusieurs Conventionnels ont mis en garde la Convention, car si la Convention se révélait incapable de parvenir à un accord global il serait illusoire de penser que la conférence intergouvernementale (CIG) qui suivrait y parviendrait davantage. L' Europe était à un carrefour.
Remarques relatives aux diverses propositions institutionnelles du Praesidium
La question du Conseil européen et de sa Présidence a été évoquée par la quasi-totalité des Conventionnels. La proposition du Praesidium d'une Présidence stable pour une période de deux ans et demi renouvelable une fois a reçu un soutien appuyé d'une partie importante des membres de la Convention. Ces Conventionnels ont jugé qu'elle répondait à un souci d'efficacité et de meilleure organisation du Conseil européen, institution qui, à la différence de la Commission ou du Parlement, ne bénéficiait pas actuellement d'une présidence continue. Ils ont répondu aux inquiétudes de leurs collègues que les fonctions d'un Président du Conseil européen permanent ne différaient pas des fonctions exercées actuellement sur la base de la rotation semestrielle. Un autre groupe de Conventionnels a plaidé pour le maintien de la rotation, considérant qu'elle répondait au principe de l'égalité des États et présentait l'avantage de renforcer le sentiment d'intégration européenne, à tour de rôle, lors de l'exercice du mandat de la Présidence. Un certain nombre de Conventionnels ont cherché à établir des ponts entre ses positions divergentes et avancé diverses propositions de synthèse. C'est ainsi qu'un Conventionnel, soutenu par plusieurs de ses collègues, a proposé que l'élection du Président du Conseil européen se fasse directement par les citoyens européens sans que ses fonctions soient modifiées. Ceci permettrait de renforcer ou de créer un véritable "demos européen". Plusieurs autres ont estimé qu'ils pourraient se rallier à l'idée d'un président permanent du Conseil européen à condition que la porte soit laissée ouverte afin qu'à l'avenir ses fonctions et celles de président de la Commission puissent être fusionnées. D'autres Conventionnels, sans remettre en cause les propositions du Praesidium, ont estimé qu'elles gagneraient à être précisées sur un certain nombre de sujet, en particulier s'agissant des fonctions du Président du Conseil européen en matière de politique étrangère. Ne risquaient-elles pas d'empiéter sur celles du Président de la Commission ou du futur ministre des Affaires étrangères ? La question de la structure administrative chargée d'appuyer un éventuel Président du Conseil européen a été parfois évoquée, certains Conventionnels mettant en garde contre tout risque de duplication. Plusieurs Conventionnels se sont interrogés sur la légitimité démocratique d'un Président du Conseil européen qui ne serait élu que par ses pairs.
Sur la composition de la Commission, les avis ont également été divergents et ce point figure parmi ceux les plus souvent évoqués. Un grand nombre de Conventionnels a plaidé en faveur du principe selon lequel la Commission devait comprendre au moins un national de chaque État membre. Il s'agissait d'un principe fondamental qui traduisait l'égalité entre États membres et permettait à chacun d'entre eux de considérer que sa "sensibilité particulière" était prise en compte. Le compromis atteint à Nice sur ce point devait également être respecté. Un autre groupe a plaidé en sens contraire et approuvé le principe d'une Commission réduite comme le proposait le Praesidium. Ces Conventionnels ont souligné que la Commission avait vocation à être le lieu où s'exprime l'intérêt général et non celui de la représentation des États. Il convenait de privilégier l'efficacité et le caractère propre de cette Institution. Certains redoutent qu'elle ne devienne dans la pratique, si le principe d'un Commissaire par État était conservé, une sorte de Comité des représentants permanents (Coreper). Certains Conventionnels qui défendent le principe d'un Commissaire par État ont estimé qu'ils pourraient accepter de se rallier à une Commission plus réduite en nombre si l'accès aux fonctions de Commissaires se faisait par "rotation égalitaire". D'autres ont proposé que les dispositions du Praesidium entrent en vigueur à l'issue d'une période transitoire à déterminer. Certains, répondant en particulier aux interrogations exprimées par certains Conventionnels originaires des pays candidats, ont fait valoir que dans la pratique, tel serait le cas, puisque la prochaine Commission qui entrera en fonction à compter de novembre 2004 sera régie selon les dispositions du traité de Nice. Certains ont suggéré qu'aucun plafond numérique ne figure dans la Constitution et que le Président soit libre de constituer son Collège.
La question de la nomination et de l'élection du président de la Commission a également été abordée par de nombreux Conventionnels. Plusieurs ont souhaité que le Parlement européen désigne directement le Président de la Commission et considéré que les propositions du Praesidium n'apportaient pas de changement par rapport à la situation actuelle. D'autres ont avancé ou présenté diverses propositions de compromis qui modifient les propositions du Praesidium sans les remettre en cause. Plusieurs Conventionnels ont plaidé pour que le Parlement européen puisse être dissous, automatiquement ou non, dans l'hypothèse où le Parlement européen adopterait une motion de censure à l'égard de la Commission.
La proposition du Praesidium figurant à l'article 17 ter sur la définition de la majorité qualifiée n'a pas fait l'objet de commentaires aussi nombreux que les points précédents. Un certain nombre de Conventionnels a cependant marqué son attachement au dispositif issu du traité de Nice et mis en garde contre une réouverture des difficiles compromis atteints alors. D'autres leur ont répondu que le mécanisme de vote de Nice était particulièrement compliqué et difficile à comprendre par les opinions publiques. Ils ont salué l'effort de simplification et de clarification accompli par le Praesidium dans ce domaine.
S'agissant du Conseil, l'essentiel des commentaires a porté sur la rotation semestrielle. Un groupe important de Conventionnels a demandé qu'elle soit conservée. Certains ont suggéré que les Présidences successives s'intègrent dans une programmation pluriannuelle afin de répondre aux
préoccupations de ceux qui soulignent les risques de rupture ou de changement de priorité d'une présidence à l'autre. Plusieurs Conventionnels ont suggéré que le Président de la Commission préside le Conseil des Affaires générales. S'agissant du nombre de formations du Conseil, les propositions du Praesidium ont été jugées trop restrictives par plusieurs Conventionnels qui ont estimé qu'il n'était pas nécessaire d'aller au-delà de la réduction opérée lors du Conseil européen de Séville.
La proposition de mettre en place une formation particulière du Conseil, appelé conseil législatif où l'ensemble de la législation serait délibérée, a également été controversée. Un certain nombre de Conventionnels, s'appuyant en particulier sur des prises de positions récentes des ministres de l'économie et des finances, ont estimé cette suggestion dangereuse car pour la cohésion européenne elle reviendrait à ce que les ministres spécialisés se désintéressent de la législation européenne. D'autres ont au contraire accueilli favorablement cette proposition au motif qu'elle introduirait un élément de coordination et de clarté nécessaire et bienvenu. Ils ont fait valoir que les ministres spécialisés pourront bien y siéger et que leur contribution sera essentielle. Enfin, répondant à une préoccupation exprimée, le Président a indiqué que le Conseil en formation législative ne siégerait pas en permanence, mais par session, ce qui permettrait au représentant de rang ministériel nommé par chaque État membre de conserver des liens avec sa capitale et d'y revenir régulièrement.
Le Parlement européen a été moins souvent évoqué. L'essentiel des commentaires a porté sur la perspective de la fixation d'un plafond. Un certa
Les organes de l'Union, le Comité économique et social et le Comité des Régions, ont été rarement évoqués par les Conventionnels à l'exception des Conventionnels disposant du statut d'observateurs et membres de ces organes. Dans leurs interventions, ces Conventionnels ont plaidé pour que ces organes, eu égard au rôle important qu'ils tiennent, selon eux, se voient reconnaître le statut plein et
entier d'institution et figurent donc à l'article 14. Cette revendication a été soutenue par certains membres de la Convention. à l'inverse, certains autres Conventionnels se sont interrogés sur l'utilité même des ces organes, estimant que leur contribution et leur valeur ajoutée aux travaux européens étaient sujettes à discussion. Un membre du Comité économique et social a estimé que l'organisme auquel il appartenait devait être cité avant le Comité des Régions au motif de son antériorité historique.
Sur la Cour de justice, les conventionnels ont reçu favorablement le projet d'article soumis par le Praesidium. Certains ont souligné, au sujet du mandat des juges et avocat généraux de la Cour, qu'un mandat unique plus long était de nature à renforcer la garantie d'indépendance, mais d'autres ont estimé que le système actuel fonctionne bien et devrait rester inchangé. Certains ont évoqué la possibilité de créer un recours spécifique dans la Constitution pour violation de la Charte des droits fondamentaux. Un conventionnel a souligné que la Cour de justice ne devrait pas être compétente au sujet d'actes adoptés dans le domaine de la PESC.
La Cour des comptes a été évoquée essentiellement sous l'angle de sa composition par certains Conventionnels. Ceux-ci ont plaidé pour un nombre réduit de membres, inférieur à 25 membres et composés de personnalité de haut niveau professionnel sans prendre en compte leur appartenance national.
3. Debate on draft articles on External Action
(CONV 685/03 and CONV 707/03)
in nombre de Conventionnels ont soutenu la proposition du Praesidium d'instaurer un plafond et de limiter à 700 le nombre de Parlementaires européens. Un conventionnel souhaitait que ce plafond soit fixé à un niveau inférieur, 600 ou 650. A l'inverse, d'autres Conventionnels ont demandé que le plafond de 732 introduit dans les dispositions de Nice soit maintenu. Plusieurs Conventionnels ont marqué leur souhait de conserver en l'état la répartition entre États membres fixée à Nice. Cette répartition était le fruit de compromis et il convenait de la conserver en l'état.
Un certain nombre de Conventionnels ont demandé que chaque institution puisse de façon indépendante décider librement du lieu de son siège. La situation actuelle où les sièges des institutions étaient répartis sur plusieurs lieux n'étaient, selon eux, pas satisfaisante.
La question de l'article X du titre VI relatif à un Congrès des peuples d'Europe a été peu évoquée par les Conventionnels. La plupart de ceux qui se sont exprimés à ce sujet l'ont fait dans un sens critique et ont demandé que cette proposition du Praesidium ne soit pas retenue. Ces Conventionnels ont estimé qu'elle revenait à créer une nouvelle institution, ce à quoi ils n'étaient pas favorables.
La Banque centrale européenne a fait l'objet d'un nombre réduit de commentaires. Certains conventionnels se sont toutefois interrogés sur la proposition du Praesidium de l'inclure parmi les institutions de l'Union à l'article 14. Certains Conventionnels, rappelant les conclusions du groupe sur la politique sociale, ont demandé que ses compétences ne soient pas limitées à la stabilité des prix mais couvrent également le soutien à la croissance économique et la lutte contre le chômage, sur le modèle de la banque centrale des États-Unis. Une Conventionnelle a estimé au contraire que le mandat actuel de la Banque centrale était satisfaisant et qu'il n'y avait pas lieu de le modifier.
Introduction
Vice President Dehaene introduced the debate on external action, and mentioned that nearly 850 amendments had been received on the draft articles.
The debate, in which more than 70 speakers took the floor, showed that the Convention broadly welcomed the draft texts on external action presented by the Praesidium. A large number of speakers recalled the importance for the Union to act collectively on the international stage in order
to promote common values and defend collective interests. A number of them underlined that Union action depended in the first place on political will and solidarity among Member States. At the same time, many acknowledged that the Constitution should seek to formulate mechanisms and institutional arrangements that promote convergence of views among Member States and foster effective decision making and a coherent use of instruments.
Members of the Convention felt that the new structure, which grouped all the legal basis in one title, helped to present a more coherent overview of the different instruments that the EU could use to act on the international stage. The Convention also acknowledged that the grouping of articles in one title of the Constitution did not entail a harmonisation of instruments and procedures, but that different modalities would continue to be applicable for the different policy areas within external action.
There was a broad consensus on the proposal to create an EU Minister of Foreign Affairs, who would combine functions in CFSP under the authority of the Council with responsibilities in other areas of external action managed by the Commission. There were however differences of views among members of the Convention as to the consequences of this institutional change on a number of issues, such as the role of the Commission in CFSP, external representation and the chairing of the Foreign Affairs Council. It was therefore agreed that the role of the Minister and his relation with the Commission and the Council needed to be worked out in more detail.
Some speakers proposed to include provisions for the establishment of an EU diplomatic service, with staff seconded from the Council secretariat, the Commission and the diplomatic services of Member States, which would work under the authority of the EU Minister of Foreign Affairs. A number of speakers indicated that they would prefer another title than "EU Minister of Foreign Affairs", suggesting "Secrétaire de l'Union", "EU external representative" or "Foreign Secretary of the Union".
Horizontal articles
As regards the horizontal article on principles and objectives of EU external action, several members of the Convention underlined the importance of ensuring coherence both within the area of external action and between this field and internal policies. Several members pointed in particular to the need to reflect in more direct terms the need to ensure that internal policies do not run contrary to development cooperation aims and recommended that the content of current
Article 178 TEC, which stipulates that the objectives of development cooperation should be taken into account in the implementation of policies that are likely to affect developing countries, be incorporated in the relevant paragraph of Article 1. Some members suggested additional objectives or principles that they wished to see included in the article, such as peace, solidarity between Members States, security of the Union, cultural diversity, or international cooperation in managing migration flows and in combating crime.
Members of the Convention agreed on the need to have dispositions in the Constitution, which would allow the Union to deploy instruments covering different fields of external action in pursuit of a common objective. The role of the European Council was highlighted in this respect. However, some members expressed strong reservations against the possibility for the EU Minister and the Commission to make joint proposals, and in particular to applying decision making by qualified majority voting to these joint proposals.
Common foreign and security policy
In general, members of the Convention welcomed provisions in the draft articles that encouraged Member States to consult and inform at EU level before taking a position on the international stage. This would help to create a "European reflex", reduce risks of confrontation on the international arena, and help forge common positions. Some felt that the provisions should be further reinforced, while others recalled that in the absence of an agreed position, Member States retained their competence to act on a national basis.
The main issue in with regard to CFSP concerned the decision making procedure. A large number of speakers felt that unanimity caused inertia in CFSP and argued in favour of making qualified majority voting (QMV) in the Council the general rule, except for decisions with military and defence implications which should be taken by unanimity. Different models were put forward. Some proposed that QMV should not apply to proposals that were not put forward by the EU Minister of Foreign Affairs. There was a general agreement that a Member State whose vital
interests were at stake, should be allowed to prevent a decision taken by voting. In such a situation the EU Minister should try to formulate a proposal acceptable to the Member State involved. As an alternative to QMV, some suggested that the Council take decisions by super qualified majority. Others saw merit in applying reinforced cooperation in all areas of CFSP, as a means to make it more pro-active.
Others speakers were opposed to making QMV the general rule and pointed out that the provisions in the current treaty for decision making by QMV were hardly ever used. They argued in favour of a better use of these provisions, as well as of the ones on constructive abstention. Forging of political will and convergence of views were in their view the key issues to making CFSP more effective. Some speakers proposed, as an alternative, to maintain unanimity as a general rule but to gradually increase the list of subjects to which QMV applied, starting by decisions on sanctions and on CFSP actions up to a certain financial ceiling to be set by the Council. In this respect the importance of the new clause which enabled the European Council to extend the use of QMV on CFSP decisions in the Council was highlighted.
With respect to the right of initiative in the area of CFSP, different positions were expressed. Some felt that the disposition which allowed the EU Minister to introduce a proposal jointly with the Commission was in contradiction with the proposed creation of a "double hatted" EU Minister. They argued that this would make CFSP proposals by the EU Minister subject to the principle of collegiality, which was contrary to the recommendation of working group VII on external action. Others considered that the Commission should retain the right of proposal.
These members of the Convention felt in any case that in was inappropriate to provide for QMV in case of joint COM/Minister proposal or CFSP.
On the issue of democratic control of CFSP, some members spoke in favour of reinforcing the role of the European parliament, while others requested that national parliaments should be associated as well. Vice President Dehaene informed that a reference to CFSP and ESDP would be included in the protocol on national parliaments.
Politique de sécurité et de défense commune
En ce qui concerne plus particulièrement les questions de la politique de sécurité et de défense commune, plusieurs conventionnels ont salué l'approche ambitieuse du Praesidium pour cette politique qui est cruciale pour la crédibilité de l'Union sur la scène internationale. Ainsi, de nombreux conventionnels ont applaudi le fait que la politique de sécurité et de défense commune fasse partie intégrante de la PESC, nombreux ont également insisté sur la nécessité que cette politique s'appuie sur des capacités militaires et civiles appropriées et suffisantes pour faire face aux missions qui lui sont imparties. Certains conventionnels ont également insisté sur la nécessité de maintenir des relations équilibrées avec l'Alliance atlantique et de respecter les engagements que certains Etats membres ont entrepris dans ce cadre.
Le besoin d'actualisation des missions dans lesquelles l'Union peut s'engager a été acclamé par plusieurs conventionnels, certains suggérant notamment l'inclusion dans ce cadre de la lutte contre le terrorisme à l'extérieure de l'Union.
A ce sujet, de nombreux conventionnels ont insisté sur le besoin de renforcer le niveau des capacités qui sont mises à la disposition de l'Union. Ainsi, l'idée de créer une Agence d'Armement ou des Capacités a retenu un large soutien de la part des Conventionnels, bien que l'un d'entre eux ait suggéré qu'elle ne devrait pas être chargée de l'évaluation des engagements capacitaires des Etats membres.
Plusieurs conventionnels ont accueilli avec satisfaction la possibilité d'une coopération structurée dans le domaine des capacités en vue des missions les plus exigeantes. Certains ont insisté à cet égard sur le fait qu'il est nécessaire de permettre à des coalitions des volontaires qui ont lieu actuellement en dehors du traité, d'agir dans le cadre de l'Union et avec son aval. Certains conventionnels ont cependant marqué leur inquiétude quant au caractère de cette coopération au cas ou elle serait trop fermée. Un conventionnel a considéré que l'inclusion d'une clause prévoyant la possibilité d'entreprendre des missions en dehors du cadre de l'Union n'était pas appropriée dans la Constitution. Quelques conventionnels ont suggéré qu'afin de rendre cette coopération plus inclusive, les dispositions de la coopération renforcée devraient pouvoir s'appliquer dans ce cas et plus généralement au domaine de la défense. D'autres ont proposé que les critères de capacités militaires soient établis par le Conseil et repris dans un protocole juridiquement contraignant. Un Conventionnel a suggéré que l'une des tâches de l'Agence d'Armement soit l'établissement de tels critères.
En ce qui concerne d'autres formes de flexibilité proposées, la plupart des conventionnels ont accueilli avec satisfaction la possibilité de la mise en oeuvre par certains Etats membres d'une mission décidée unanimement par le Conseil. Une telle disposition, permettra selon ceux-ci de constitutionnaliser une pratique pragmatique et qui est déjà en vigueur en dehors du traité. Un conventionnel a suggéré à cet égard que des Etats non membres de l'Union devraient pouvoir être invités à agir en commun avec les Etats membres de l'Union dans la réalisation de la mission.
Certains conventionnels ont également insisté sur la nécessité d'inclure dans la constitution une clause permettant la possibilité d'engagement de défense mutuelle entre les Etats membres. Pour ces conventionnels, la défense mutuelle est un élément clé de solidarité entre les citoyens et les Etats dont l'engagement existe par ailleurs entre la plupart, mais en dehors du traité. Il serait donc légitime de consacrer cet engagement dans la Constitution. D'autres cependant ont exprimé des réticences à l'inclusion de la défense mutuelle dans le cadre de l'Union en jugeant qu'un tel engagement risquerait de dupliquer les engagements que de nombreux Etats ont entrepris dans le
cadre de l'OTAN. D'autre part, certains Conventionnels ont exprimé leur inquiétude sur le préjudice qu'une telle clause pourrait porter au statut neutre ou non-aligné de certains Etats membres.
D'autres sujets ont également été invoqué par certains conventionnels, comme la question du financement des activités liées à la politique étrangère et de sécurité commune y compris de la politique de sécurité et de défense commune, quelques uns des conventionnels proposant qu'il se fasse dans le cadre du budget de l'Union.
D'autres éléments relatifs à la politique de sécurité et de défense commune ont également été invoqué comme la création d'une Union de sécurité et de défense.
Quelques Conventionnels ont également proposé d'inclure dans les dispositions relatives à l'action extérieure une plus forte présence des parlements nationaux qui dans le domaine de la défense.
Common commercial policy
A certain number of members of the Convention argued for the need for efficiency in the common commercial policy and the need to be able to adopt decisions by qualified majority in all areas, including the conclusion of all agreements, while some other members were of the view that trade in cultural and audiovisual services should continue to fall within the shared competence of the Union and Member States and that the negotiation of such agreements should thus continue to require the common accord of Member States. Several members considered that the role of the European Parliament should be further reinforced in the field of trade policy and argued that both negotiation mandates and the conclusion of agreements should be subject to the assent of the European Parliament. Some also underlined the need to keep the European Parliament fully informed throughout the negotiation process.
Development cooperation and humanitarian aid
In relation to the articles on development cooperation, several members of the Convention considered it essential that the specific objectives of poverty reduction, and eventually eradication,
be referred to in the specific sub-chapter devoted to development cooperation. Several members
furthermore argued in favour of the budgetisation of the European Development Fund, and requested that the reference to the specificity of the relations with ACP countries be deleted from Article 26. Some members expressed reservations about the proposal to establish a voluntary humanitarian peace corps, as suggested in Article 30 on humanitarian aid, and referred to the difficulty of the task of delivery of assistance in this field and the need for trained staff.
Restrictive measures
The articles on restrictive measures were raised by few. Some underlined the need to ensure respect for fundamental rights of individuals and compliance with internal law and raised the issue of jurisdictional control by the Court of Justice. Others suggested to widen the scope of the article to include visa restrictions.
International Agreements
As regards international agreements, most of the interventions concerned the role of the European Parliament in the negotiation and conclusion of agreements. Several members proposed to extend the consultation of the European Parliament to all phases of the procedure of negotiation and conclusion of international agreements.
On the external competence of the Union, some members of the Convention proposed to spell out in the Constitution that the Union is competent to conclude an international agreement each time this agreement contributes to the exercise of an internal competence.
Several members pleaded in favour of giving the Commission the mandate to negotiate international agreements except for agreement dealing exclusively with CFSP matters while other members were in favour of giving to the Commission the mandate to negotiate all agreements even those relating to CFSP. Others considered that the EU Minister should be in charge of the negotiations while others believed that this task should be attributed to the Presidency. Some interventions pleaded for an extension of the qualified majority voting for the procedure of conclusion of agreements in all areas.
Relations of the Union with international organisations
As regards the relations of the Union with international organisations, some considered that the Union should strive to become a member of international organisations, starting with the IFIs. Some argued for developing in further detail the provisions on the relations with international organisations, and certain suggested that the list of organisations referred to in Article 35 should include NATO.
Clause de solidarité
En ce qui concerne la clause de solidarité, nombreux conventionnels ont salué avec beaucoup de satisfaction l'inclusion de cette clause dans la Constitution en tant que fondamentale pour l'expression de la solidarité entre les Etats membres et les citoyens. Certains conventionnels ont à cet égard insisté sur un élargissement de la portée d'une telle clause à d'autres menaces ou dangers comme les catastrophes naturelle d'origine humaine ou naturelle. Le Vice-Président a précisé qu'il existe une disposition par ailleurs dans la Constitution (art. 15) prévoyant la protection contre les catastrophes parmi les mesures d'appui.
Conclusions
Vice President Dehaene concluded that the Convention welcomed the proposed new structure of the external action articles. He noted a broad support for the horizontal article on principles and objectives, as well as several requests to reinforce its paragraph on coherence.
He further noted a general consensus on the creation of an EU Minister of Foreign Affairs, although views on the implications of this institutional change diverged. This applied in particular to the right of initiative in CFSP. He indicated that the position of the Minister and his relationship with the Council and the Commission needed to be worked out in more detail.
On decision making in CFSP he noted on the one hand a demand for more QMV and on the other hand an opposition to move into that direction.
On security and defence policy, he noted that the Convention supported many proposals by the Praesidium, such as the inclusion of this policy as integral part of CFSP, the update of the Petersberg tasks and the creation of an Agency, while on other issues, such as mutual defence and different forms of flexibility, views were not entirely convergent.
Vice President Dehaene took note of the different points of view expressed with regard to the common commercial policy, with some wishing to abolish existing derogations, while others clearly requested that such derogations be maintained.
On development cooperation he noted that several speakers requested to specify in the related chapter the main policy objectives and to suppress the specific reference to the ACP countries.
With respect to international agreements, he noted that different views existed on who should negotiate on behalf of the Union, and that a number of speakers wished to extend the role of the European Parliament.
On the solidarity clause, the Vice-President took note of several requests to enlarge its scope also to natural or man-made disasters. He informed the Convention that a specific legal base for on civil protection would find their place elsewhere in the Constitution.
______________
ANNEX
List of speakers following order of intervention.
Plenary meeting 15 and 16 May 2003
LIST OF SPEAKERS
Thursday 15 May
Working method of the Convention during its last phase and consensus building process
(CONV 720/03 and 721/03)
(Blue cards: BERGER, BROK, BONDE, DUFF, DUHAMEL, MAJJ-WEGGEN, HEATHCOAT‑AMORY, TEUFEL, ROCHE, PAPANDREOU)
1. Mr Gianfranco FINI - Italy (Government)
2. Mr Alain LAMASSOURE - European Parliament
3. Mr Alberto COSTA - Portugal (Parliament)
4. Mr Dimitrij RUPEL - Slovenia (Government)
5. Mr Elmar BROK - European Parliament
6. Mr Caspar EINEM - Austria (Parliament)
7. Mr Jacques SANTER - Luxembourg (Government)
8. Mr Hubert HAENEL - France (Parliament)
9. Mr Josep BORRELL - Spain (Parliament)
10. Mr Georges PAPANDREOU - Greece (Government)
(Blue cards: SPINI, VOGGENHUBER, DINI, HOLOLEI, LEQUILLER, BRUTON)
11. Mr Josef ZIELENIEC - Czech Republic (Parliament)
12. Mr Michel BARNIER - Commission
13. Ms Anne VAN LANCKER - European Parliament
14. Mr Peter HAIN - United Kingdom (Government)
15. Mr Edmund WITTBRODT - Poland (Parliament)
16. Mr Jens-Peter BONDE - European Parliament
17. Mr Alfonso DASTIS - Spain (Government)
18. Mr Andrew DUFF - European Parliament
19. Mr Erwin TEUFEL - Germany (Parliament)
20. Ms Danuta HÜBNER - Poland (Government)
21. Mr Lamberto DINI - Italy (Parliament)
22. Ms Lena HJELM-WALLÉN - Sweden (Government)
23. Mr Olivier DUHAMEL - European Parliament
24. Mr Paraskevas AVGERINOS - Greece (Parliament)
25. Mr Frans TIMMERMANS - Netherlands (Parliament)
26. Mr Alojz PETERLE - Slovenia (Parliament)
27. Ms Teija TIILIKAINEN - Finland (Government)
28. Mr Jan FIGEL - Slovakia (Parliament)
29. Mr Rihards PIKS - Latvia (Parliament)
30. Mr Henrik Dam KRISTENSEN - Denmark (Parliament)
31. Ms Meglena KUNEVA - Bulgaria (Government)
32. Mr Andrew DUFF - European Parliament
33. Ms Hanja MAIJ-WEGGEN - European Parliament
34. Mr Kimmo KILJUNEN - Finland (Parliament)
35. Ms Helle THORNING SCHMIDT - European Parliament
36. Mr Timothy KIRKHOPE - European Parliament
37. Mr Jürgen MEYER - Germany (Parliament)
38. Mr Dick ROCHE - Ireland (Government)
39. Mr Göran LENNMARKER - Sweden (Parliament)
40. Ms Liene LIEPINA - Latvia (Parliament)
41. Mr Joschka FISCHER - Germany (Government)
42. Mr Marco FOLLINI - Italy (Parliament)
43. Mr Abdullah GÜL - Turkey (Government)
44. Mr António VITORINO - Commission
45. Mr Kimmo KILJUNEN - Finland (Parliament)
46. Lord Mac LENNAN OF ROGART - United Kingdom (Parliament)
47. Mr Reinhard RACK - European Parliament
48. Mr Olivier DUHAMEL - European Parliament
49. Ms Anne VAN LANCKER - European Parliament
50. Mr Hannes FARNLEITNER - Austria (Government)
51. Ms Eduarda AZEVEDO - Portugal (Parliament)
52. Mr Ben FAYOT - Luxembourg (Parliament)
53. Mr Jozef OLEKSY - Poland (Parliament)
54. Mr Ernâni LOPES - Portugal (Government)
55. Mr Panayotis DEMETRIOU - Cyprus (Parliament)
56. Mr. Peter HAIN - United Kingdom (Government)
57. Mr Alfonso DASTIS - Spain (Government)
58. Mr Dick ROCHE - Ireland (Government)
59. Mr Neil MacCORMICK - European Parliament
60. Mr William ABITBOL - European Parliament
61. Mr David HEATHCOAT-AMORY - United Kingdom (Parliament)
62. Mr Péter BALÁZS - Hungary (Government)
63. Mr Puiu HASOTTI - Romania (Parliament)
64. Mr Jari VILÉN Finland - (Parliament)
65. Mr Karel de GUCHT - Belgium (Parliament)
66. Mr Michael ATTALIDES - Cyprus (Government)
67. Mr Henning CHRISTOPHERSEN - Denmark (Government)
68. Mr Reinhard BÖSCH - Austria (Parliament)
69. Mr Peter SERRACINO-INGLOTT - Malta (Government)
70. Mr John BRUTON - Ireland (Parliament)
71. Ms Hildegard PUWAK - Romania (Government)
72. Mr József SZÁJER - Hungary (Parliament)
73. Ms Marietta GIANNAKOU - Greece (Parliament)
74. Mr Rytis MARTIKONIS - Lithuania (Government)
75. Ms Lone DYBKJAER - European Parliament
76. Mr Proinsias de ROSSA - Ireland (Parliament)
77. Ms. Cristiana MUSCARDINI - European Parliament
78. Mr Antonio TAJANI - European Parliament
79. Mr Kemal DERVIS - Turkey (Parliament)
80. Mr Jan KOHOUT - Czech Republic (Government)
81. Ms Cristiana MUSCARDINI - European Parliament
82. Mr Sören LEKBERG - Sweden (Parliament)
83. Ms Linda McAVAN - European Parliament
84. Mr Pierre LEQUILLER - France (Parliament)
85. Mr Josef CHABERT - (Committee of the Regions) Observer
86. Mr Vytenis ANDRIUKAITIS - Lithuania (Parliament)
87. Mr Proinsias DE ROSSA - Ireland (Parliament)
88. Mr Jelko KACIN - Slovenia (Parliament)
89. Mr Gabriel CISNEROS LABORDA - Spain (Parliament)
90. Mr Dominque de VILLEPIN - France (Government)
91. Mr Luis MARINHO - European Parliament
92. Ms Sandra KALNIETE - Latvia (Government)
93. Mr Algirdas GRICIUS - Lithuania (Parliament)
94. Mr Johannes VOGGENHUBER - European Parliament
(Blue cards: ALMEIDA-GARRETT, TOMLINSON, SEVERIN, HAIN)
Continuation of the debate on draft articles on Institutions (Part I - Title IV)
95. Mr Henrik HOLOLEI - Estonia (Government)
96. Mr Esko SEPPANEN - European Parliament
97. Mr Alexandre ARABADJIEV - Bulgaria (Parliament)
98. Mr Juraj MIGAS - Slovakia (Government)
99. Mr Reinhard RACK - European Parliament
100. Ms. Elena PACIOTTI - European Parliament
101. Mr Péter ECKSTEIN-KOVACS - Romania (Parliament)
102. Mr Roger BRIESCH - (Economic and Social Committee) Observer
103. Mr Manfred DAMMEYER - (Committee of the Regions) Observer
104. Ms Claude DU GRANDRUT - (Committee of the Regions) Observer
105. Mr Caspar EINEM - Austria (Parliament)
106. Ms Lone DYBKJAER - European Parliament
107. Mr Georgios KATIFORIS - Greece (Government)
108. Ms. Piia-Nora KAUPPI - European Parliament
109. Mr. Francesco SPERONI - Italy (Government)
110. Mr. Guilherme OLIVEIRA-MARTINS - Portugal (Parliament)
111. Mr René van der LINDEN - Netherlands (Parliament)
112. Mr Kimmo KILJUNEN - Finland (Parliament)
113. Mr Adrian SEVERIN - Romania (Parliament)
114. Ms Helle THORNING SCHMIDT - European Parliament
115. Mr Josef CHABERT - (Committee of the Regions) Observer
116. Mr George JACOBS - (European Social Partners) Observer
117. Mr Emilio GABAGLIO - (European Trade Union Confederation) Observer
118. Mr Manfred DAMMEYER - (Committee of the Regions) Observer
Debate on draft articles on External Action and Defence
(CONV 685/03 and CONV 707/03)
1. Ms Linda McAVAN - European Parliament
2. Mr Lamberto DINI - Italy (Parliament)
3. Mr Jan FIGEL - Slovakia (Parliament)
4. Mr Elmar BROK - European Parliament
5. Mr Antonio VITORINO - Commission
6. Mr Jürgen MEYER - Germany (Parliament)
7. Mr Gijs de VRIES - Netherlands (Government)
8. Mr Dominique de VILLEPIN - France (Government)
9. Mr Hannes FARNLEITNER - Austria (Government)
10. Ms Marietta GIANNAKOU - Greece (Parliament)
11. Mr Alfonso DASTIS - Spain (Government)
12. Mr Jozef OLEKSY - Poland (Parliament)
13. Mr Peter HAIN - United Kingdom (Government)
14. Mr Luis MARINHO - European Parliament
15. Mr Gianfranco FINI - Italy (Government)
16. Mr Jelko KACIN - Slovenia (Parliament)
(Blue cards: SPINI, BONDE, DUFF, Van EEKELEN)
17. Mr Hans Martin BURY - Germany (Government)
18. Ms Eduarda AZEVEDO - Portugal (Parliament)
19. Mr Gabriel CISNEROS LABORDA - Spain (Parliament)
20. Ms Danuta HÜBNER - Poland (Government)
21. Mr Göran LENNMARKER - Sweden (Parliament)
22. Mr Algirdas GRICIUS - Lithuania (Parliament)
23. Mr Dick ROCHE - Ireland (Government)
24. Ms Cristiana MUSCARDINI - European Parliament
25. Mr Henning CHRISTOPHERSEN - Denmark (Government)
26. Mr Pierre LEQUILLER - France (Parliament)
27. Ms Lena HJELM-WALLÉN - Sweden (Government)
28. Mr René van der LINDEN - Netherlands (Parliament)
29. Mr Andrew DUFF - European Parliament
30. Ms Sandra KALNIETE - Latvia (Government)
31. Mr Kimmo KILJUNEN - Finland (Parliament)
32. Mr Vytenis ANDRIUKAITIS - Lithuania (Parliament)
33. Mr Ernâni LOPES - Portugal (Government)
34. Ms Teija TIILIKAINEN - Finland (Government)
35. Mr Hubert HAENEL - France (Parliament)
36. Mr Jan KOHOUT - Czech Republic (Government)
(Blue cards: VOGGENHUBER, SEVERIN, BONDE, WUERMELING, HAIN, LENNMARKER, DINI)
37. Mr Rytis MARTIKONIS - Lithuania (Government)
38. Mr Eduard MAINONI - Austria (Parliament)
39. Mr Sören LEKBERG - Sweden (Parliament)
40. Mr Tunne KELAM - Estonia (Parliament)
41. Mr Jari VILÉN - Finland (Parliament)
42. Mr Dimitrij RUPEL - Slovenia (Government)
43. Mr Alain LAMASSOURE - European Parliament
44. Mr Caspar EINEM - Austria (Parliament)
45. Mr Puiu HASOTTI - Romania (Parliament)
46. Mr Louis MICHEL - Belgium (Government)
47. Ms Sylvia-Yvonne KAUFMANN - European Parliament
48. Mr Alberto COSTA - Portugal (Parliament)
49. Mr Antonio VITORINO - Commission
(Blue cards: MacCORMICK, LENNMARKER, McDONAGH)
50. Mr Carlos CARNERO - European Parliament
51. Mr William ABITBOL - European Parliament
52. Mr Henrik HOLOLEI - Estonia (Government)
53. Mr Oguz DEMIRALP - Turkey (Government)
(Blue cards: GORMLEY, Van LANCKER, PACIOTTI,LENMARKER, MACLENNAN, HAENEL, SCOTLAND)
54. Mr Diego LOPEZ GARRIDO - Spain (Parliament)
55. Ms Renée WAGENER - Luxembourg (Parliament)
(Blue cards: VITORINO, DUFF, HAENEL)
56. .Mr Jens-Peter BONDE - European Parliament
57. Mr Caspar EINEM - Austria (Parliament)
[1] A verbatim record of the plenary meeting is given on the website
www.european-convention.eu.int.
Convention
européenne
Session plénière des
3 et 4 avril 2003
Synthèse des débat
I.OUVERTURE DE LA SESSION
Le Vice-président Amato a ouvert la session en annonçant
que la session plénière de la mi-mai, consacrée au débat sur les projets de
textes "action extérieure" et "institutions" se tiendra au
moins sur deux jours entiers (15 mai
à partir de 10h00, et 16 mai, toute la journée) et qu’elle pourrait se
prolonger jusqu’au samedi (17 mai) matin en cas de besoin.
1. Débat sur le projet d'articles sur l'espace de
liberté, de sécurité et de justice
(CONV 614/03, CONV 644/03)
Le Vice-président Amato a introduit le débat en
soulignant que le Praesidium, en rédigeant ces projets de textes, avait
cherché à transcrire en articles de traité Constitutionnel le plus
fidèlement possible les conclusions du Groupe de travail X présidé par M.
Bruton. Ce groupe avait réussi à atteindre un compromis délicat et
équilibré que le Praesidim voulait préserver. Par conséquent, ces articles,
tout en rendant largement applicables les instruments et procédures de droit
commun, reconnaissent quelques spécificités du domaine, comme un droit
d'initiative des États membres ou un rôle particulier pour les parlements
nationaux. Le Vice-président a indiqué que l'on pourrait examiner à un stade
ultérieur si certaines dispositions, comme celles sur le Conseil européen ou
sur le contrôle de subsidiarité, devraient rester dans cette section ou
pourraient être déplacées vers une autre section de la Constitution. En
faisant référence à certains amendements visant à exiger encore l'unanimité
sur tout le domaine du 3ème pilier actuel, le Vice-président a dénoncé la
rigidité de cette règle dans une Union élargie, et a souligné le lien
construit par le Groupe de travail entre un effort très marqué de préciser et
limiter, notamment en matière pénale, les compétences de l'Union,
actuellement définies de manière vague, et l'introduction de la règle de la
majorité qualifiée pour ces mêmes compétences limitées. Enfin, le
Vice-président a relevé l'approche prudente préconisée par le Praesidium sur
la perspective d'un Parquet européen. Celui-ci pourrait être créé, à
l'unanimité et sans que la Constitution créée une obligation à cet égard,
à l’issue d'un processus de développement à partir d'Eurojust.
De manière générale, une large majorité des
intervenants a salué le caractère équilibré et la qualité rédactionnelle
des projets d’article du Praesidium, ainsi que le progrès important pour
l'établissement de l'espace de liberté, de sécurité et de justice qui en
résulterait, notamment avec la fusion des piliers et l'application des
instruments et procédures générales. Beaucoup ont souligné que ces articles
devraient permettre une grande avancée qui sera considérée comme cruciale
pour le succès de la Convention, dans son ensemble. En particulier, ces
intervenants ont plaidé pour que la règle de l'unanimité soit abandonnée,
considérant qu’il serait quasiment impossible dans une Union élargie à 25
membres d'agir dans ce domaine, et encore moins de satisfaire les fortes
attentes des citoyens. En matière de sécurité et de justice, ces
Conventionnels ont donc soutenu les propositions du Praesidium de rendre
applicable le vote à la majorité qualifiée ; certains ont suggéré que, le
cas échéant, une majorité renforcée ou une période de transition soit
utilisée dans certains domaines particulièrement sensibles. Un nombre très
limité de Conventionnels ont cependant préféré rester à la règle de
l'unanimité pour l'ensemble du domaine du 3ème pilier actuel.
Un nombre important de Conventionnels a demandé la
suppression de l'article 31 de la première partie de la Constitution, en
contestant des particularités ou en notant que ces particularités devraient,
de toute façon, être consacrées dans la deuxième partie. La critique
principale de ces Conventionnels était que cette disposition pourrait donner
l'impression que le troisième pilier actuel subsisterait malgré la fusion
annoncée. Certains autres Conventionnels ont cependant soutenu le maintien de
cet article ou ont présenté des propositions d'amendement rédactionnel à son
égard.
L'article 1 de la seconde partie, définissant les
objectifs et éléments principaux, n'a fait l'objet que de quelques suggestions
rédactionnelles. Le principe du respect des différents systèmes et traditions
juridiques, consacré dans cet article, a été salué dans plusieurs
interventions. Certains Conventionnels ont également insisté sur l'importance
particulière du principe de subsidiarité pour l'espace de liberté, de
sécurité et de justice.
L'article X de la seconde partie consacrée au rôle du
Conseil européen a fait l'objet de nombreuses observations de la part de
Conventionnels. Certains ont contesté que le Conseil européen joue un rôle
particulier dans le domaine de l'espace de liberté, de sécurité et de justice
(ELSJ) qu'il ne jouerait pas pareillement pour les autres domaines
d'intervention européenne. Ces Conventionnels demandent en conséquence la
suppression de cet article. Certains se sont inquiétés que le Conseil
européen ne puisse, par cette disposition, donner des "instructions ou des
injonctions" au législateur européen (Conseil et Parlement), au risque de
les déposséder de leurs pouvoirs. Il leur a été répondu que tel ne pouvait
être l'interprétation de la rédaction proposée par le Praesidium.
D'autres, les plus nombreux, ne contestent pas la réalité
de la fonction particulière du Conseil européen, mais s'interrogent s'il ne
serait pas préférable d'introduire cette disposition, non pas dans le chapitre
de la seconde partie du traité consacrée à l'ELSJ, mais dans l'article de la
première partie qui sera consacré au Conseil européen (article 15 de l'avant
projet diffusé en octobre dernier). D'autres rejettent cette suggestion, et
marquent leur attachement à ce que cette disposition figure dans le chapitre
consacré à l'ELSJ. Certains relèvent que la mention du rôle particulier du
Conseil européen dans ce domaine - indépendamment de l’endroit appropriée
pour une telle mention - fait partie du compromis d'ensemble, qui a rendu
possible la suppression de la construction en piliers. Ils ne souhaitent pas
revenir sur les éléments ayant conduit à ce compromis.
Plusieurs Conventionnels s'interrogent sur la disposition
prévue à l'article 3 sur le rôle des Parlements nationaux. Certains
suggèrent de la supprimer et de rendre applicable le seuil prévu d’un tiers
pour déclencher le mécanisme d'alerte précoce, au lieu du seuil plus faible
figurant dans le paragraphe 2. D'autres proposent que cette disposition trouve
sa place dans les protocoles sur les Parlements nationaux ou sur l'application
des principes de subsidiarité et de proportionnalité.
Toutefois, de nombreux Conventionnels ont défendu les
dispositions proposées par le Praesidium qui prennent en compte, selon eux,
correctement les conclusions du groupe de travail X. D'autres enfin considèrent
que les propositions ne sont pas suffisamment ambitieuses afin de protéger les
prérogatives des Parlements nationaux. Ils soumettent diverses propositions en
ce sens, en particulier la mise en place d'un contrôle commun d'Europol entre
le Parlement européen et les Parlements nationaux, sous la forme d'une
commission mixte.
L'article 4 sur les mécanismes d'évaluation a reçu dans
l'ensemble un accueil favorable, même si certains Conventionnels ont suggéré
sa suppression. Toutefois, plusieurs Conventionnels ont avancé diverses
propositions rédactionnelles tendant à en préciser la portée et les effets.
L'importance du mécanisme d'évaluation notamment dans le cadre de la
coopération judiciaire a été soulignée.
L'article 5 sur la coopération opérationnelle a été
bien reçu, très peu de Conventionnels ayant demandé sa suppression. De
nombreux Conventionnels ont marqué leur satisfaction sur la répartition
contenue entre la fonction exécutive (coopération opérationnelle) et la
fonction législative. Plusieurs de ces Conventionnels ont demandé que le
comité visé par cet article soit directement institué par la Constitution.
Les besoins, jugés importants, en matière de renforcement de la coopération
opérationnelle ont été soulignés à plusieurs reprises. Enfin, parmi les
Conventionnels qui se sont exprimés sur cette disposition, une très large
majorité a souhaité que le champ couvert par l'article 5 embrasse
explicitement la coopération liée au contrôle des frontières. Ces
Conventionnels ont considéré que le texte du Praesidium devait être précisé
dans ce sens.
S’agissant du droit d'initiative en faveur d'un groupe
d'États membres (article 8), tandis que quelques intervenants se sont opposés
à cette dérogation au monopole d’initiative de la Commission, plusieurs
autres Conventionnels ont insisté sur son maintien comme un élément crucial
du compromis élaboré par le Groupe de travail. Plusieurs Conventionnels ont
toutefois fait valoir qu'il conviendrait d'examiner comment ce droit
d’initiative pourrait être rendu compatible avec la procédure de
codécision, étant donné le rôle particulier de la Commission dans cette
procédure. Certains ont évoqué l'idée d'obliger la Commission de poursuivre,
en son nom, une initiative demandée par un groupe d'États membres, mais cette
idée a été rejetée par certains autres intervenants. Enfin, certains
Conventionnels ont proposé, soit de réduire le seuil minimal d'États requis
pour une initiative (par exemple, 1/5 des Etats membres), soit de l'augmenter
(à 1/3).
Plusieurs intervenants ont demandé la suppression de
l'article 9 (contrôle juridictionnel), en estimant que, dans l'intérêt du
respect du droit dans ce domaine sensible, le régime général de la
juridiction de la Cour devrait s'appliquer sans exclusion a priori de
compétence, et que, de toute façon, il était évident que la Cour ne
contrôlerait pas la proportionnalité des actions de la police nationale
conduites en vertu de leur droit national. Plusieurs autres Conventionnels ont
toutefois exigé qu'une clause sur les limites des compétences en cette
matière soit maintenue dans le texte, en précisant parfois qu'ils souhaitaient
revenir au libellé de l'article 35§5 TUE actuel.
Les articles relatifs aux politiques d'asile et
d'immigration, (articles 10, 11, 12 et 13 du projet du Praesidium) ont fait
l'objet de nombreuses interventions. Dans l’ensemble, ces dispositions ont
été jugées ambitieuses, mais reflétant de façon satisfaisante les
conclusions du groupe de travail, en particulier s'agissant de la
généralisation du vote à la majorité qualifiée. Les remarques ou
propositions de modification ont porté sur les points suivants :
- Plusieurs Conventionnels ont souhaité obtenir
confirmation que la notion de "frontières extérieures" figurant à
l'article 10 couvrait également les frontières maritimes et non les seules
frontières terrestres. Le vice-président de la Convention a confirmé que
telle était bien l'interprétation du Praesidium.
- Certains Conventionnels ont souhaité mieux exprimer que
la suppression des contrôles aux frontières intérieures n’excluait pas la
réintroduction exceptionnelle desdits contrôles, en cas de menace à l'ordre
public. La reprise dans le texte du projet de Constitution de la disposition
relative à ce droit (article 2 de la Convention de Schengen) a été proposée
par certains Conventionnels.
Concernant la rédaction prévoyant la
"l'établissement progressif d'un système commun de gestion intégrée des
frontières extérieures" figurant à l'article 10, plusieurs intervenants
ont souhaité que cette disposition permette explicitement, voire prévoit, la
mise en place d'un corps commun de garde-frontière, dôté, selon certains, de
vrais pouvoirs exécutifs. D'autres, peu nombreux, ont rejeté cette
perspective. D'autres enfin ont souligné que la mise en place d'une gestion
intégrée n'impliquait nullement, comme paraissaient le penser les intervenants
cités précédemment, que les fonctionnaires nationaux en charge de ce
contrôle changent de statut et deviennent des fonctionnaires européens. Telle
n'était pas l'objet de cette disposition. La responsabilité et la gestion du
contrôle des frontières extérieures continueraient à incomber aux États
membres, même dans le cadre d'un système commun intégré. Le statut
administratif des personnels n'en serait pas affecté.
-plusieurs Conventionnels ont marqué leur accord sur le
passage à la majorité qualifiée dans le domaine de l'asile, à condition que
la législation européenne ne puisse porter que sur des normes minimales.
D'autres, en marquant leur plein soutien au projet du Praesidium, ont fait
valoir qu'une telle suggestion n'était pas recevable car elle réduirait le
champ déjà couvert par la législation européenne. En outre, la suggestion
d'un Conventionnel de mieux exprimer la dimension externe de la politique
d'asile a reçu le soutien de plusieurs autres membres, sans que cela ne devrait
changer l'articulation du volet interne de cette politique.
-la question de l'immigration a également fait l'objet de
plusieurs interventions. Certains Conventionnels ont appelé de leurs vœux une
politique européenne comme ambitieuse. Toutefois, la question de savoir si la
base juridique pour la politique de l'immigration devait couvrir également
l'accès au travail a été controversée. Plusieurs Conventionnels ont demandé
que cette question relève de la compétence de chaque État membre, ou qu'elle
soit régie par la règle de l'unanimité. En outre, il a été souligné par
plusieurs intervenants que l'objet de cette politique ne pourrait être de fixer
des quotas d'immigration pour chaque État membre.
-certains Conventionnels ont contesté l'introduction du
principe de solidarité figurant à l'article 13. Ils ont jugé que cette
disposition dépassait le cadre de l'asile, l'immigration et les frontières.
D'autres se sont interrogés sur la portée pratique de ce concept de
"solidarité" ou ont demandé de le limiter à la solidarité
financière. Plusieurs autres Conventionnels ont toutefois souligné
l'importance de cet article et marqué leur attachement à ce qu’il soit
conservé.
En matière de coopération judiciaire dans le domaine du
droit civil, la principale question évoquée lors du débat était celle de
savoir dans quelle mesure le vote à la majorité qualifiée pourrait
s'appliquer pour des aspects touchant le droit de la famille. Beaucoup de
Conventionnels ont soutenu la règle de l’unanimité pour tous ces aspects,
tandis que d’autres ont revendiqué un passage généralisé à la majorité
qualifiée. Certains ont défendu l'approche de compromis du Praesidium, de ne
faire passer au vote à la majorité que la responsabilité parentale. Plusieurs
ont en outre remarqué qu'il conviendrait en tout cas de clarifier que le
paragraphe 3 ne s'applique que dans les limites de l'article tout entier sans
créer de compétence générale séparée pour le droit de famille. Enfin,
certains Conventionnels se sont exprimés en faveur d'une harmonisation du droit
civil matériel dans certains domaines à énumérer explicitement.
Quant aux articles 15, 16 et 17, de nombreux Conventionnels
ont marqué leur soutien en faveur de l'équilibre atteint par ces articles. Un
Conventionnel a cependant estimé que le bon équilibre entre la reconnaissance
mutuelle, dont il saluait la consécration constitutionnelle, et le
rapprochement des législations n'était pas encore parfait. Toutefois, outre
les quelques Conventionnels minoritaires qui ont réclamé l'unanimité pour
tout ce secteur (voir supra), il y avait également certains qui l'ont demandé
uniquement sur l'article 16 (droit de procédure pénale) ou uniquement sur des
"domaines centraux" du droit pénal. Cette position a été critiquée
par plusieurs autres intervenants. Plusieurs Conventionnels ont en outre
demandé que le rapprochement du droit de procédure pénale (l'article 16)
devrait être lié à une dimension transfrontalière afin d'exclure les aspects
purement internes de cette procédure. Certains Conventionnels ont plaidé pour
une disposition préservant les compétences des États membres pour conclure
des accords internationaux en matière de justice et de police.
L'article 17 relatif au rapprochement du droit pénal
matériel a été salué par de nombreux intervenants. Certains Conventionnels
ont demandé plus d'ambition dans cet article, notamment en visant
l'élaboration d'un "socle commun" et non seulement des règles
minimales. D'autres Conventionnels ont émis des réserves par rapport à la
portée du deuxième tiret de l'article 17 (qui permettrait le rapprochement
dans tous les domaines de criminalité affectant les politiques de l'Union):
pour eux ce tiret était trop large, et ils ont suggéré qu'une deuxième liste
de domaines de criminalité précise cette disposition. De manière générale,
une Conventionnelle a insisté sur le besoin de définir les compétences de
l'Union avec davantage de précision (il lui a été répondu que les articles
proposés atteindraient déjà une définition de compétences beaucoup plus
précise et étroite que les articles actuels).
Les articles sur Europol et Eurojust ont été positivement
accueillis, sous réserve de certaines suggestions de rédaction concernant la
description des tâches potentielles desdits organes (dans le paragraphe 2 des
articles respectifs). Toutefois, certains Conventionnels ont proposé de
renforcer ces articles en prévoyant que les tâches sont attribuées
directement par la Constitution, et non pas laissées à la discrétion du
législateur, comme prévu par ces articles du Praesidium. D'autres, en
revanche, ont demandé que l'extension des tâches d'Europol devrait être
soumise à l'unanimité.
La proposition concernant le Parquet européen (article 20)
a été l’occasion d’un débat particulièrement animé. Une série
d'intervenants ont exprimé leur opposition à cette proposition, et souligné
qu'ils n'étaient pas convaincus des besoins pratiques pour la création d’un
parquet ni de sa compatibilité avec les différents systèmes pénaux
nationaux. Ils considèrent qu’un développement d’Eurojust est suffisant.
Un nombre important de membres ont toutefois déclaré leur soutien à l'idée
d'un Parquet européen et, dans plusieurs cas, ont demandé que la création du
parquet soit inscrite comme une obligation résultant de la Constitution, voire,
que son établissement puisse se faire à la majorité qualifiée (renforcée
pour certains). Certains membres ont proposé de limiter cet organe à la
poursuite des cas de fraude contre les intérêts financiers de l'Union.
D'autres, en revanche, ont montré leur satisfaction avec la rédaction actuelle
qui laisse une grande liberté au législateur.
Dans ses conclusions, M. Bruton, président du Groupe de
travail X, a tout d'abord exprimé sa satisfaction avec l'accueil généralement
positif et constructif des membres vis-à-vis des propositions du Praesidium. Il
a ensuite rappelé que, si le bon endroit des dispositions sur le Conseil
européen et les parlements nationaux, y compris leur rôle dans les mécanismes
d'évaluation, pouvait encore être discuté, ces dispositions faisaient, en
substance, partie du compromis trouvé par le Groupe. Tout en confirmant le
principe même d'un droit d'initiative d'un groupe d'États membres ainsi que le
seuil d'un quart, selon lui "raisonnable", M. Bruton a reconnu qu'il
convient d’examiner comment la procédure de codécision pouvait fonctionner
dans ce contexte. Il a en outre souligné que l’objet de l’article 14§3
n'était pas d'envisager une vaste harmonisation du droit civil matériel, mais
que le Praesidium voulait surtout proposer une formule de compromis permettant
de mieux avancer sur le sujet spécifique de la responsabilité parentale.
Répondant aux critiques faites à l'article sur la procédure pénale, M.
Bruton a relevé que cet article ne visait de toute façon que des règles
minimales, et que l'audition d'experts par le Groupe avait révélé un besoin
pratique particulier de rapprochement de règles de procédure afin de pouvoir
mieux lutter contre le crime transfrontalier. Il a en outre estimé qu'une
formulation progressive de règles minimales en cette matière pourrait, un
jour, rendre l'idée du procureur européen moins controversée qu'elle ne l'est
aujourd'hui; il a ajouté que la voie moyenne proposée par le Praesidium de
créer une simple base juridique facultative, exercée à l'unanimité, lui
paraissait la bonne à la lumière du débat. M. Bruton s'est estimé satisfait
du net soutien sur l'article relatif au droit pénal matériel, tout en prenant
note avec attention de la préoccupation de ceux qui entendent mieux délimiter
le champ du deuxième tiret; le Praesidium devra examiner des solutions
possibles. En conclusion, M. Bruton a notamment salué le fait que presque tous
les représentants des gouvernements aient participé au débat de manière
particulièrement active et constructive.
2. Présentation de projets d'articles
La vie démocratique de l’Union
Le Vice-président Dehaene a présenté les projets
d’articles 33-37 qui devraient s’inscrire dans un effort d’établir plus
de transparence concernant les activités de l’Union et viseraient à
rapprocher les citoyens à l'Union, en instaurant un dialogue entre les
institutions et la société civile.
L’Union et son environnement proche
Le Vice–président Dehaene a présenté
le projet d’articles 42 sur l’union et son environnement proche. Il a
souligné la nature innovatrice de cet article qui visait à fixer un cadre pour
les relations futures entre l’Union et ses pays voisins basées sur des
accords bilatéraux.
L'appartenance à l'Union et les dispositions générales
et finales
Le Vice-président Dehaene a présenté les dispositions
relatives au Titre X de la Partie II de la Constitution sur l’appartenance à
l’Union ainsi que celles de la Partie III relative aux dispositions
générales et finales.
Il a attiré l’attention sur l’importance du Titre X
puisqu’il touche à tout ce qui concerne la qualité de membre de l’Union:
les conditions d’éligibilité et la procédure pour devenir membre de
l’Union, les motifs pour la
suspension des droits d’un Etat membre découlant de la Constitution, ainsi
que la procédure pour le retrait volontaire d’un État membre de l’Union.
Il a ajouté que ce titre incorpore deux nouveautés importantes par rapport aux
Traités actuels: il établit expressément les conditions d’éligibilité
pour être membre de l’Union ainsi que la possibilité de retrait volontaire
d’un membre de l’Union.
Le Vice-président s’est ensuite référé aux
dispositions de la Partie III, qui reprennent en partie des dispositions
générales et finales des traités actuels tout en introduisant quelques
modifications dans certaines d’entre elles, et qui ajoutent deux nouvelles
dispositions sur l’abrogation des traités actuels et sur la succession de la
nouvelle entité "Union européenne" à la Communauté européenne et
à l’ancienne Union européenne. Ce dernier ajout traduit dans le Traité le
souhait de la Convention que la Constitution ne se limite pas à modifier les
traités actuels, mais qu’elle les remplace.
Le Vice-président a indiqué que les articles présentés
aujourd’hui seront examinés par la Convention lors de sa session plénière
des 24 et 25 avril et que le délai pour envoyer les amendements est le 11 avril
prochain, afin qu'ils puissent être pris en compte dans la note d'analyse du
Secrétariat.
Enfin, le Vice-président à informé la plénière que le
Praesidium, après réflexion, a décidé de ne pas soumettre un projet de texte
sur la méthode ouverte de coordination. Le Praesidium est persuadé que la
coordination des politiques nationales est déjà prévue, en particulier, dans
les domaines d’action d’appui, comme le reflète le projet d’article 15.
Le Praesidium craint qu’un nouvel article général sur cette méthode ne
puisse affaiblir, au lieu de renforcer, la possibilité d’y avoir recours, et
qu’un tel article n’introduise un facteur de confusion dans la délimitation
des compétences entre l’Union et les États membres. Le Vice-président a
indiqué que le Praesidium est toutefois ouvert aux suggestions éventuelles des
Conventionnels.
3. Articles 38 à 40 : Les finances de l'Union
Introduction
M. Dehaene a introduit le débat en rappelant que le
Praesidium devra encore adapter le projet d'articles 38 à 40 à la lumière des
discussions en cours ainsi que des résultats du cercle de discussion sur la
procédure budgétaire présidé par M. Christophersen qui devait terminer ses
travaux ce même après-midi. Il a annoncé la création d'un nouveau cercle de
discussion sur les ressources propres présidé par
M. Méndez de Vigo (dont le mandat approuvé par le Praesidium a été
distribué au cours de la réunion, voir doc. CONV 654/03).
M. Dehaene a ensuite passé en revue les 69 amendements
présentés, qui expriment des positions très divergentes les unes des autres.
Il en a tiré, néanmoins, quelques conclusions :
-La proposition de formaliser dans la Constitution les
perspectives financières, qui fixeraient des plafonds obligatoires par
catégorie de dépense, en tant que cadre contraignant pour le budget annuel
semble faire l'objet d’un consensus.
-Les principes budgétaires proposés par le Praesidium
dans le projet d'article 39 ont été bien accueillis; certains proposent d'y
ajouter le principe de suffisance de moyens qui fait actuellement l'objet de
l'article 6 paragraphe 4 du Traité de l'Union.
-En matière de ressources propres, beaucoup d'amendements
proposent de laisser ouverte la possibilité de créer des impôts européens.
Mais le plus grand nombre des amendements concerne les
procédures de décision, que ce soit en matière de système de ressources
propres, de perspectives financières ou encore de budget annuel. Ils expriment
le plus souvent des points de vue contradictoires.
État des travaux au cercle sur la procédure budgétaire
Avant d'ouvrir le débat, M. Dehaene a demandé à M.
Christophersen de faire le point sur l'état d'avancement des travaux du cercle
de discussion sur la procédure budgétaire.
M. Christophersen a signalé qu'un consensus semblait se
dégager au sein du cercle sur l'inscription dans la Constitution des
perspectives financières qui deviendraient ainsi juridiquement obligatoires.
Ceci permettrait une simplification de la procédure budgétaire qui
impliquerait notamment la suppression des différences de procédure entre les
dépenses obligatoires (DO) et les dépenses non obligatoires (DNO).
Il a ensuite indiqué que le débat au sein du cercle a mis
en évidence l'existence de trois niveaux qui doivent être pris en compte
lorsque les modalités concrètes de l'inscription du "cadre
financier" (le cercle propose par ailleurs de changer la dénomination des
perspectives par "cadre financier pluriannuel") dans la Constitution
sont abordées. Il s'agit de savoir quelles dispositions relatives à ce
"cadre financier pluriannuel" sont à inclure dans la partie I de la
Constitution, quelles dispositions doivent être introduites dans la Partie II
et, enfin, ce qui doit être laissé au domaine du droit dérivé sous la forme
d'actes juridiques à adopter sur la base de la Constitution.
La majorité des membres estime que la partie I de la
Constitution doit contenir un article spécifique sur le "cadre
financier" qui devrait contenir les éléments suivants:
-il doit spécifier que le "cadre financier "
constitue un cadre contraignant pour le budget annuel;
-il doit inclure le principe selon lequel le "cadre
financier" fixe les montants contraignants des plafonds annuels des
crédits pour engagements par rubrique dans la limite des ressources propres de
l'Union;
-il doit également contenir la base juridique qui habilite
les Institutions à adopter pour une période donnée l'acte juridique qui
contient le "cadre financier" lui-même et, par conséquent, la
procédure de décision. Le cercle semble pencher en faveur d'une procédure
dont l'initiative reviendrait à la Commission mais qui constituerait une
exception aux conséquences de l'initiative de la Commission en matière de vote
au Conseil. Le Conseil, réuni au plus haut niveau politique, adopterait à la
majorité super-qualifiée, au cas où une telle majorité serait définie dans
la Constitution dans un contexte plus large, ou à la majorité qualifiée, la
loi sur le cadre financier pluriannuel. Il statuerait après avis conforme du
Parlement européen.
La partie II de la Constitution devrait contenir :
-Le principe selon lequel le "cadre financier"
établit non seulement le montant des plafonds annuels des crédits pour
engagements par rubrique, mais aussi le montant du plafond annuel des crédits
pour paiements. Le nombre des rubriques doit être limité sous peine de vider
de son contenu le budget annuel;
-le principe d'un instrument de flexibilité dont les
modalités seraient fixées par le "cadre" lui-même;
-la durée de la période couverte par le "cadre
financier" qui doit être d'au moins 5 années;
-un mécanisme pour remédier à l'échec éventuel de la
procédure d'adoption du "cadre" et qui pourrait consister en la
prorogation de la dernière année du "cadre" précédent;
-le principe selon lequel l'autorité budgétaire et la
Commission veillent à la disponibilité des moyens financiers nécessaires aux
dépenses permettant à l'Union de remplir ses obligations juridiques à
l'égard de tiers.
Ce groupe n'est pas encore parvenu à une conclusion
s’agissant de la procédure annuelle. Mais certains éléments qui pourraient
former la base d'un consensus semblent se dégager:
-La Commission présenterait le projet de budget; ce qui
implique notamment qu'elle pourrait modifier sa proposition jusqu'à la phase de
conciliation. Cela ne préjugerait pas des règles de vote au Conseil.
-La distinction entre dépenses obligatoires et non
obligatoires serait supprimée. Cette suppression serait subordonnée au
renforcement de la discipline budgétaire à travers la formalisation du
"cadre financier" dans la Constitution et, tout particulièrement, à
l'inscription du principe selon lequel l'autorité budgétaire et la Commission
veillent à la disponibilité des moyens financiers nécessaires permettant à
l'Union de remplir ses obligations juridiques à l'égard de tiers.
-La procédure doit formaliser les mécanismes de
concertation développés dans la pratique.
-La procédure peut être raccourcie : elle s’engagerait
le premier septembre et s’achèverait vers la mi-décembre. Elle comporterait
une seule lecture de chaque institution, Parlement et Conseil et une phase de
conciliation.
Le cercle est encore partagé sur la procédure à retenir
dans le cas où il n'y aurait pas d'accord entre les deux institutions.
Le débat
En ce qui concerne la procédure d'adoption du système des
ressources propres, les avis exprimés par les Conventionnels étaient partagés
entre ceux qui voudraient changer la procédure et ceux qui voudraient la
conserver en l’état. Un bon nombre de Conventionnels estime que le maintien
de la procédure actuelle qui exige non seulement l'unanimité au Conseil mais
aussi la ratification nationale pourrait mettre en danger la capacité de
l'Union de financer ses politiques à l'avenir. D'autres Conventionnels ont en
revanche défendu le maintien de la procédure actuelle pour sauvegarder en
particulier les compétences des parlements nationaux en la matière.
Beaucoup de Conventionnels sont en faveur d'un renforcement
du rôle du Parlement européen dans la procédure.
Ceux qui souhaitent un assouplissement de la procédure
d'adoption du système des ressources propres ont signalé que la procédure
actuelle ne semble pas adéquate pour permettre la création de nouvelles
ressources "véritablement" propres au-delà des contributions
nationales. Dans ce sens là, un certain nombre de Conventionnels a soutenu
l'idée d'ouvrir la possibilité d'établir des impôts européens. Quelques
intervenants ont proposé une double procédure: la procédure actuelle pour la
fixation du plafond des ressources et une procédure plus souple pour les autres
éléments du système de ressources. D'autres
se sont exprimés en faveur du maintien de la procédure actuelle: cela a permis
l'introduction de nouvelles ressources dans le passé.
La proposition du Praesidium de formaliser les perspectives
financières dans la Constitution fait l’objet d’un large consensus. Ces
perspectives fixeraient des plafonds de dépenses par rubrique qui deviendraient
un cadre juridiquement obligatoire pour le budget annuel. Les avis étaient
partagés en ce qui concerne la procédure. De nombreux intervenants ont estimé
que le Conseil devait avoir un rôle prépondérant dans la définition des
perspectives. Certains Conventionnels ont suggéré d'utiliser la procédure de
codécision. Quelques-uns estiment que le Conseil doit décider à l'unanimité
au moins les plafonds de dépense par rubrique.
Sur la durée des perspectives, plusieurs Conventionnels
souhaiteraient qu'elle coïncide avec le mandat politique du Parlement et de la
Commission.
Beaucoup de Conventionnels se sont déclarés en faveur de
la suppression de la distinction entre dépenses obligatoires et non
obligatoires. Pour un certain nombre d'entre eux, cette suppression est
néanmoins subordonnée à deux conditions : d’une part, les plafonds de
dépenses par rubrique devraient devenir juridiquement obligatoires par la
formalisation des perspectives financières dans la Constitution et, d’autre
part, le principe selon lequel le budget doit prévoir les crédits nécessaires
pour couvrir les obligations juridiques par rapport aux tiers devrait être
inscrit dans la Constitution.
Ces mêmes conditions permettraient, pour ces orateurs, que
la procédure annuelle soit simplifiée sur la base de la codécision. Par
ailleurs, un large consensus s'est dégagé en faveur de l'idée de restructurer
la procédure budgétaire annuelle sur la base d'une codécision simplifiée.
Néanmoins, des divergences sont apparues en ce qui concerne le mécanisme pour
trancher au cas où il n'y aurait pas d'accord entre le Parlement et le Conseil.
Certains souhaiteraient que le Parlement ait le dernier mot comme c'est le cas
dans la procédure actuelle pour les dépenses non obligatoires. D'autres ont
proposé que soit inscrit au budget le montant le plus bas de ceux proposés.
Quelques intervenants ont souhaité que des modalités
spécifiques de procédure soit prévues en ce qui concerne la politique
extérieure et de sécurité commune.
Certains ont défendu l'idée d'attribuer l'initiative à
la Commission tant en ce qui concerne les perspectives qu'en ce qui concerne le
budget annuel, sans pour autant préjuger des règles de prise de décision au
Conseil.
Un bon nombre de Conventionnels ont considéré qu'il y a
une logique d'ensemble dans les procédures budgétaires et que c'est dans le
cadre d'une telle logique que l'équilibre institutionnel doit être pris en
compte. Certains ont défendu une approche institutionnelle selon laquelle le
Conseil doit avoir le dernier mot en ce qui concerne les recettes et le
Parlement en ce qui concerne les dépenses.
Les principes budgétaires proposés par le Praesidium dans
l'article 39 semblent faire l'objet d'un large consensus. Néanmoins, certains
Conventionnels ont proposé d'y ajouter le principe de suffisance des moyens
couvert actuellement par le paragraphe 5 de l'article 6 TUE.
Certains intervenants ont insisté sur le principe d'unité
du budget et ont défendu la budgétisation du Fonds européen de
développement.
Conclusions
M. Dehaene a souligné que les Conventionnels avaient
confirmé par leurs interventions les mêmes
conclusions que l'on peut tirer des amendements présentés, notamment:
-en ce qui concerne le système des ressources propres,
beaucoup de Conventionnels s'inquiètent pour l'avenir du financement de l'Union
au cas où l'unanimité au Conseil et l'exigence de ratifications nationales
seraient maintenues. Pourtant quelques intervenants ont fermement défendu le
maintien de la procédure actuelle ;
-il y a consensus sur la proposition de formaliser les
perspectives financières dans la Constitution. Beaucoup d'orateurs souhaitent
que la durée du cadre financier coïncide avec le mandat des Institutions ;
-les principes budgétaires proposés semblent être
acceptés ;
-s’agissant de la procédure annuelle, une demande de
simplification a été exprimée. La distinction entre les dépenses
obligatoires et les dépenses non obligatoires semble pouvoir être abandonnée
sous certaines conditions. Des procédures spécifiques pourraient être
prévues pour la PESC.
4. Heure des questions
En réponse à des questions posées respectivement par M.
Fayot et M. Einem, le Vice-Président Dehaene a indiqué que :
-la rencontre entre le Président de la Convention et le
Conseil européen du 16 avril est celle qui était précédemment prévue pour
le 20 mars et qui avait dû être reportée à cause des événements
internationaux. Ces rencontres répondent au mandat de Laeken. Le Président
présente un rapport oral au Conseil européen. Celui-ci peut, par sa
discussion, apporter un éclairage utile, sans que cela comporte des «
directives » à la Convention;
-dans la phase finale de la Convention, lorsqu’il faudra bâtir un consensus sur l’ensemble du texte, il faudra mettre au point une nouvelle méthode de travail.
____
ANNEXE
Session plénière jeudi 3 et vendredi 4 avril 2003
LISTE DES ORATEURS
suivant l'ordre des interventions
Jeudi 3 avril
1.
Débat sur le projet d'articles relatifs à l'espace de liberté,
de sécurité et de justice
(CONV
614/03, CONV 644/03)
Mme Teija TIILIKAINEN - Finlande (Gouvernement)
M. Frans TIMMERMANS - Pays Bas (Parlement)
M. Jan KOHOUT - Rép. Tchèque (Gouvernement)
M. Alberto COSTA - Portugal (Parlement)
M. Dick ROCHE - Irlande (Gouvernement)
M. António VITORINO – Commission
M. Paraskevas AVGERINOS - Grèce (Parlement)
M. Peter HAIN - Royaume Uni (Gouvernement)
M. Andrew DUFF - Parlement européen
M. Alain LAMASSOURE - Parlement européen
(Carton
bleu : Voggenhuber, Abitbol, Meyer)
M. Rytis MARTIKONIS - Lituanie (Gouvernement)
Mme Marietta GIANNAKOU - Grèce (Parlement)
M. Timothy KIRKHOPE - Parlement européen
M. Oguz DEMIRALP - Turquie (Gouvernement)
M. Erwin TEUFEL - Allemagne (Parlement)
M. John CUSHNAHAN - Parlement européen
M. Göran LENNMARKER - Suède (Parlement)
Mme Neli KUTSKOVA- Bulgarie (Gouvernement)
(Cartons bleu: Gerhards,
Cushnahan,)
M. Esko HELLE - Finlande (Parlement)
M. George KATIFORIS - Grèce (Gouvernement)
M. Ben FAYOT - Luxembourg (Parlement)
M. Manuel LOBO ANTUNES - Portugal (Gouvernement)
M. Jürgen MEYER - Allemagne (Parlement)
Mme Danuta HÜBNER – Pologne (Gouvernement)
M. Gianfranco FINI - Italie (Gouvernement)
M. Hannes FARNLEITNER - Autriche (Gouvernement)
M. Franc HORVAT - Slovénie (Parlement)
M. René van der LINDEN - Pays Bas (Parlement)
(Cartons
bleu: Van Lancker, Mac Cormick, Mendez de Vigo, Badinter, Stuart)
M. Elmar BROK - Parlement européen
M. Dominique de VILLEPIN - France (Gouvernement)
M. Algirdas GRICIUS - Lituanie (Parlement)
M. Henning CHRISTOPHERSEN - Danemark (Gouvernement)
M. Jan FIGEL - Rép. Slovaque (Parlement)
M. Eugen BÖSCH - Autriche (Parlement)
M. Johannes VOGGENHUBER - Parlement européen
(Cartons bleu :
Maclennan of Rogart, Roche, Würmeling)
M. Peter SERRACINO-INGLOTT - Malte (Gouvernement)
Mme Hanja MAIJ-WEGGEN - Parlement européen
Mme Eduarda AZEVEDO - Portugal (Parlement)
M. Dimitij RUPEL - Slovénie (Gouvernement)
Mme Elena PACIOTTI - Parlement européen
M. Vytenis ANDRIUKAITIS - Lituanie (Parlement)
M. Edmund WITTBRODT - Pologne (Parlement)
M. Péter BALÁZS - Hongrie (Gouvernement)
Mme Sylvia-Yvonne KAUFMANN - Parlement européen
M. Pierre LEQUILLER - France (Parlement)
M. Puiu HASOTTI - Roumanie (Parlement)
(Cartons
bleu: Maclennan of Rogart, Teufel, MacCormick)
M. Joschka FISCHER - Allemagne (Gouvernement)
Mme Gisela STUART - Royaume Uni (Parlement)
M. Diego LÓPEZ GARRIDO - Espagne (Parlement)
M. Alfonso DASTIS - Espagne (Gouvernement)
Mme Cristiana MUSCARDINI -
Parlement européen
M. Rihards PIKS - Lettonie (Parlement)
M. Jens-Peter BONDE - Parlement européen
Mme Hildegard PUWAK - Roumanie (Gouvernement)
(Cartons
bleu: Roche, Lennmarker, van Eekelen, Duff, MacCormick)
Mme Lena HJELM-WALLÉN - Suède (Gouvernement)
M. Caspar EINEM - Autriche (Parlement)
M. Gijs de VRIES - Pays Bas (Gouvernement)
M. Antonio TAJANI - Parlement européen
M. Hubert HAENEL - France (Parlement)
Mme Anne VAN LANCKER - Parlement
européen
M. David HEATHCOAT-AMORY - Royaume Uni
(Parlement)
M. Henrik HOLOLEI - Estonie (Gouvernement)
M. Alexandru ATHANASIU - Roumanie (Parlement)
M. Sören LEKBERG - Suède (Parlement)
(Cartons
bleu: Vitorino, Christophersen, Würmeling, Peltomaki, Hain, MacCormick,
Dybkjaer, Meyer, Einem, Bruton)
Vendredi 4 avril
3. Débat sur le projet d'articles relatifs aux finances (CONV 602/03, CONV 643/03)
M. Henning CHRISTOPHERSEN - Danemark
(Gouvernement)
M. Pierre LEQUILLER - France (Parlement)
M. Alfonso DASTIS - Espagne (Gouvernement)
M. Andrew DUFF - Parlement européen
M. Jürgen MEYER - Allemagne (Parlement)
Mme Danuta HÜBNER - Pologne (Gouvernement)
M. Michel BARNIER - Commission
M. Elmar BROK - Parlement européen
M. Göran LENNMARKER - Suède (Parlement)
M. Alain LAMASSOURE - Parlement européen
Mme Hanja MAIJ-WEGGEN - Parlement européen
M. Hans Martin BURY - Allemagne (Gouvernement)
M. Josep BORRELL - Espagne (Parlement)
M. Peter HAIN - Royaume Uni (Gouvernement)
(Cartons
bleu : Tomlinson, Lennmarker, Fayot)
M. Valdo SPINI - Italie (Parlement)
M. Guntars KRASTS - Lettonie
(Parlement)
Filadelfio BASILE - Italie (Parlement)
M. Carlos CARNERO GONZÁLEZ - Parlement européen
M. Guilherme NAZARE PEREIRA - Portugal (Parlement)
M. Pierre CHEVALIER - Belgique (Gouvernement)
Mme Cristiana MUSCARDINI -
Parlement européen
M. Vytenis ANDRIUKAITIS - Lituanie (Parlement)
M. Roberts ZILE - Lettonie (Gouvernement)
M. Franc HORVAT - Slovénie (Parlement)
M. Erwin TEUFEL - Allemagne (Parlement)
Mme Lena HJELM-WALLÉN - Suède (Gouvernement)
M. Gijs de VRIES - Pays Bas (Gouvernement)
Mme Pascale ANDREANI - France (Gouvernement)
M. Manuel LOBO ANTUNES - Portugal (Gouvernement)
M. Sören LEKBERG - Suède (Parlement)
M. Esko SEPPÄNEN - Parlement européen
Mme Marta FOGLER - Pologne (Parlement)
Mme. Teija TIILIKAINEN - Finlande (Gouvernement)
M. Hannes FARNLEITNER - Autriche (Gouvernement)
(Cartons
bleu: Demetriou, Barnier)
______________________
Convention
européenne
Session plénière supplémentaire du 5
mars 2003
Synthèse des débats
Les conventionnels ont
examiné, mercredi 5 mars 2003 lors d'une session additionnelle à Bruxelles présidée
par le vice-président Giuliano Amato, les projets d'articles 8 à 16 du futur
traité constitutionnel. Compte tenu de la brièveté du délai de convocation
de cette session, seule une minorité de conventionnels a pu y participer. En
suivant la proposition de M. Amato, les conventionnels ont commencé par
discuter des principes (articles 8 et 9) avant d'aborder dans l'après-midi les
articles 10 à 16.
Nombreux ont été ceux qui ont surtout insisté sur la nécessité d'éviter
les redondances et d'aboutir à un texte clair et compréhensible pour le
citoyen. Plusieurs se sont ainsi élevés contre les multiples références à
la coopération loyale entre les institutions. De même certains ont souligné
qu'il existait déjà une référence au respect de l'identité nationale dans
l'article 2 et qu'il n'était pas utile de la répéter plus loin.
Le dialogue qui s'est instauré semble avoir permis de progresser sur plusieurs
points sensibles. Dans sa première intervention, Peter Hain (représentant du
gouvernement britannique) avait souhaité une définition plus précise de
l'attribution des compétences indiquant clairement que celles-ci sont conférées
à l'Union par les États membres et non par la Constitution et du droit
communautaire sur les droits nationaux. De même le parlementaire britannique
John Tomlinson lui a emboîté le pas en proposant une disposition claire et
concise indiquant que les compétences de l'Union proviennent d'un transfert de
souveraineté concédé par les États membres. Plusieurs ont indiqué que
l'article premier mentionne clairement que la future Constitution émane de la
volonté des États membres et de peuples.
Le représentant britannique a estimé que la mention de la primauté du droit
communautaire serait mal perçue par certains parlements nationaux et une partie
de l'opinion publique. A cela, une grande majorité de conventionnels ont estimé
que la discussion montrait clairement que tout le monde est d'accord avec la
primauté du droit européen et que, si elle peut susciter des réactions, il
appartient aux hommes politiques de s'en expliquer avec leurs concitoyens. Le
Commissaire Antonio Vitorino a ainsi estimé que cette primauté est la base du
système juridique et légal de la communauté depuis 50 ans. M. Jacques Floch a
également défendu le même point de vue. Le représentant britannique a accepté
l'idée d'une reformulation plutôt que d'une suppression de cette disposition.
Certains membres ont par ailleurs insisté sur la nécessité d'introduire le
principe de cohérence (entre les politiques) à l'article 8.
Plusieurs conventionnels ont exprimé des inquiétudes
quant aux rigidités que pourrait impliquer le catalogue de compétences proposé
par le présidium. L'utilisation des termes "compétences exclusives"
a aussi soulevé certaines interrogations et le Commissaire Virorino, en
soulignant que les États membres peuvent intervenir dans le cadre de
l'utilisation des compétences exclusives, a reconnu qu'un changement de désignation
pourrait être approprié. Certains ont proposé de parler de "compétences
communes".
Par ailleurs, selon le
représentant britannique la définition et la mise en œuvre d'une politique étrangère
commune ne doit pas être une "compétence" de l'Union européenne. Il
y aurait aussi "un danger"
à dresser une liste de compétences à l'article 11 (couvrant le marché intérieur
et la concurrence notamment) qui pourrait aboutir à "des incertitudes
juridiques". Il souhaiterait dans la foulée qu'il n'y ait pas du tout de
liste des "compétences partagées" à l'article 12, plutôt que des
listes qui seraient incomplètes et donc peu transparentes. Mme Pascale Andréani
a également insisté pour laisser la souplesse nécessaire au système de
classification des compétences.
Plusieurs conventionnels ont insisté pour que des décisions d'harmonisation
puissent être prises dans le domaine des compétences complémentaires.
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Convention
européenne
Session plénière des 27
et 28 février 2003
Synthèse des débats
La
Convention européenne a tenu sa seizième session plénière les jeudi 27 et
vendredi 28 février 2003. Cette session fut la première à se consacrer
à l’examen des articles de la future Constitution.
En ouverture, le Président Valéry Giscard d’Estaing est revenu sur le
contexte international actuel pour exprimer son regret vis-à-vis du manque de
coordination des gouvernements européens et de leurs divergences sur la scène
internationale. Il a encouragé les conventionnels à continuer leurs travaux
dans le cadre fixé, tout en rappelant que la meilleure des architectures
institutionnelles ne peut rien si la volonté politique des gouvernements est
absente.
Le débat s’est déroulé en quatre
temps : tout d’abord la discussion des articles 1 à 4, ensuite celle des
articles 5 à 7, puis des articles concernant les compétences de l’Union (8
à 16) et enfin la présentation du nouveau Titre V et de deux projets de
protocoles sur l’application des principes de subsidiarité et de
proportionnalité et sur le rôle des Parlements nationaux dans l’Union européenne,
rédigés par le Présidium.
I - Les articles 1 à 4 du projet de traité constitutionnel
1187
amendements ont été déposés à la Convention sur les 16 premiers articles,
dont 435 uniquement sur les trois premiers. Ces articles constituent la base de
la Constitution, portant sur la définition de l’Union européenne, ses
valeurs et ses objectifs.
Dans l’article premier, la référence à une gestion « fédérale »
des compétences de l’Union a suscité de nombreuses réactions
contradictoires. Les unes jugeant cette référence trop timide, les autres la
trouvant trop audacieuse. Toutefois, le Président Giscard d’Estaing a précisé
qu’il ne peut être nié que l’Union exerce « un mode de gestion fédérale »,
sans que celle-ci soit une fédération accomplie et a constaté à ce propos un
soutien majoritaire à la proposition de rédaction du præsidium.
La suppression de la référence à « une union sans cesse plus étroite »
a posé la question de l’objectif de la future Constitution. Celle-ci
doit-elle élaborer un système stable, qui pourra être modifié, ou poser une
démarche ? Le texte proposé par le Présidium tranche en faveur de la
première position, mais un certain nombre d’intervenants ont exprimé leur
attachement à la formulation originale du TUE.
Quelques amendements ont souhaité renforcer la référence au respect des
identités nationales dès l’article premier. Cette référence devant être
reprise dans le préambule et dans d’autres articles de la Constitution, le Présidium
a rappelé que ces amendements risquaient d’alourdir inutilement le
texte.
Si certains conventionnels ont abordé la question de la dénomination de
l’Union dès le premier article, ce débat n’a pas été approfondi et ne
devrait être réouvert qu’à la fin des travaux de la Convention, afin de
laisser le temps aux opinions publiques de s’exprimer à ce sujet.
Le deuxième article présente les valeurs de l’Union, mais il doit être
examiné en parallèle avec l’article 45 du futur Traité constitutionnel, qui
prévoie la suspension du droit d’appartenance à l’Union. Ces valeurs
doivent être juridiquement définissables pour permettre l’engagement d’une
procédure d'exclusion à l’encontre d’un État membre. Cet article ne peut
donc pas contenir de références à des valeurs indicatives, telles que la
solidarité.
Quelques amendements ont demandé l’inscription de valeurs telles que l’égalité,
la parité, la transparence ou le respect des entités régionales.
La quantité des amendements demandant ou refusant une référence expresse aux
valeurs religieuses de l’Europe ou à son patrimoine chrétien avait fait
craindre avant l’ouverture de la session l’enlisement des débats. Cette
question a été dans les faits peu abordée. Le Président Giscard d’Estaing
a cependant précisé qu’il serait fait référence à la question religieuse
au sein du futur préambule et que la déclaration sur le statut des Eglises
incluse dans le Traité d’Amsterdam serait conservée dans le futur Traité.
Le Présidium a affirmé sa réticence à inscrire toute référence à
l’identité religieuse dans l’article 2, celui-ci pouvant servir de base
juridique à un contentieux.
L’article 3, définissant les objectifs de l’Union, devra être complété
par la deuxième partie du futur Traité portant sur les politiques de
l’Union. Les amendements déposés pour cet article peuvent se regrouper par
thèmes sur les objectifs à rajouter : l’environnement, en plus de la référence
au développement durable, l’économie sociale de marché, le modèle social
européen, le plein emploi ou un haut niveau d’emploi, la cohésion
territoriale et la diversité linguistique.
Ces
articles concernent les droits fondamentaux et la citoyenneté de
l’Union.
Les conventionnels ont dans leur ensemble approuvé le principe de l’intégration
de la Charte dans le corps du Traité, dans une seconde partie. La proposition
de rejeter de la Charte dans un Protocole annexé au Traité a été très peu
soutenue.
La suppression de l’article 6 a fait l’objet de nombreux amendements, dans
la mesure où il est jugé redondant si le texte de la Charte est intégré au
Traité. Certains conventionnels ont estimé qu'une partie de l'article 7 (les
paragraphes 2 et 3) pourrait être supprimée.
Ce
titre III de la première partie s’appuie sur les conclusions du groupe de
travail «Compétences complémentaires», présidé par M. Christophersen. Il définit
les différents types de compétences de l’Union : les compétences
exclusives, partagées ou relevant du domaine de compétences des États membres
mais autorisant des mesures complémentaires de l'Union. Les conclusions du
groupe de travail ayant été largement soutenues par l’ensemble des
conventionnels, le débat a principalement porté sur la définition de ces compétences,
les amendements successifs proposant de nouvelles compétences ou en supprimant
d’autres.
D’après l’article 11, les compétences exclusives de l’Union sont les
suivantes : la libre circulation des personnes, marchandises, services et
capitaux, le marché intérieur, l’union douanière, la politique commerciale
commune, la politique monétaire, la conservation des ressources biologiques de
la mer (politique de la pêche).
Pour les compétences partagées, définies par l’article 12, de nombreux
amendements ont proposé l’inclusion de nouveaux domaines, sans qu’une
majorité ne se dégage autour d'ajouts spécifiques.
L’article 13 reprend la proposition du groupe de travail « compétences
complémentaires », en définissant des domaines d’action d’appui, où
l’Union ne mène que des actions de complément ou de coordination. Ces
domaines sont les suivants : l’emploi, l’industrie, l’éducation, la
formation professionnelle, la jeunesse, la culture, le sport, la protection
contre les catastrophes. Un certain nombre d’intervenants ont demandé la
suppression de l’emploi, mais l’ajout du tourisme parmi ces domaines.
Le Président de la Convention a présenté une nouvelle série d’articles concernant l’exercice des compétences de l’Union. Ces articles ont été rédigés conformément aux propositions du groupe de travail « Simplification ». Le nombre d’instruments est réduit et leur nom modifié, conformément au consensus qui s’est dégagé au sein de la Convention et à la recommandation du Parlement européen en faveur d’une hiérarchie des normes qui structure l’utilisation de ces différents instruments. Les trois piliers disparaissent prou céder la place à des procédures différenciées dans certains domaines (politique étrangère et de sécurité commune, politique de défense, politique en matière de police et de justice dans le domaine pénal). Les articles précisant les procédures appliquées à ces domaines spécifiques seront présentés avec la partie II de la Constitution.
Il définit 6 actes juridiques :
-
Deux types
d’actes législatifs : la loi et la loi-cadre européennes.
-
Deux types
d’actes non législatifs : le règlement et la décision européennes.
-
Deux types
d’actes dans effet contraignant : la recommandation et l’avis.
Ils sont adoptés par le législateur européen siégeant publiquement : le Conseil des ministres et le Parlement européen.
Le Conseil, la Commission et la BCE peuvent adopter ce type d’actes.
Ce nouveau type d’actes doit permettre au législateur de se concentrer sur la définition des principes généraux des politiques en déléguant les aspects techniques à la Commission. Le législateur peut cependant à tout moment révoquer la délégation.
Ces actes, les règlements européens d’exécution et les décisions européennes d’exécution, sont émis par la Commission ou par le Conseil selon les conditions prévues par le Traité.
Article 30 : Politique de défense commune
Article 31 : Politique en matière de police et de justice dans le domaine pénal
Cet article reprend les règles d’entrée en vigueur prévues par l’actuel Traité.
Protocole sur le respect de l’application des principes de subsidiarité et de proportionnalité
Ce protocole reprend les conclusions du premier groupe de travail « Subsidiarité ». Le mécanisme d’alerte précoce peut être activé par chaque Parlement national, laissant à chaque Etat le soin d’organiser la coordination interne entre les deux chambres s’il y a lieu. Le seuil de réexamen de sa proposition par la Commission est fixé à un tiers des Parlements nationaux. Le droit de saisine directe de la Cour n'est pas prévu pour les Parlements nationaux. Ils ne pourront ainsi introduire de recours devant la CJCE qu’en passant par l’intermédiaire de leur Etat membre.
Protocole sur le rôle des Parlements nationaux dans l’Union européenne
Lié étroitement au précédent, ce protocole reprend l’essentiel des propositions émises par le groupe de travail « Parlements nationaux », concernant l’information des Parlements nationaux. Le rapport annuel de la Cour des Comptes, l’ensemble des documents de la Commission (propositions législatives ou documents de consultation) ainsi que sa stratégie politique annuelle devront être automatiquement transmis en même temps au Parlement. Les résultats des délibérations du Conseil devraient également être communiqués simultanément aux gouvernements et aux Parlements nationaux.
* *
*
Ces nouveaux éléments
de la future Constitution ainsi que les amendements déposés par les
conventionnels seront débattus lors de la prochaine session plénière de la
Convention, les 17 et 18 mars 2003.
Le Titre VII, concernant les finances, et les premiers éléments de la deuxième
partie de la Constitution y seront également présentés.
Par ailleurs, deux sessions plénières supplémentaires
ont été prévues, les 5 et 26 mars 2003.
Convention
européenne
Session plénière du 6 et 7 février 2003
Synthèse des débats
La
Convention européenne a tenu sa quinzième session plénière les jeudi 6 et
vendredi 7 février 2003. Cette
session plénière s’est déroulée dans un contexte particulier, marqué par
les divisions de l’Europe au sujet de la guerre en Irak.
Deux débats étaient inscrits à l’ordre du jour fixé par le Présidium :
l’un sur les conclusions du groupe de travail « Europe sociale »
présidé par M. Katiforis, et l’autre sur la dimension régionale et locale
de la construction européenne. Le Président Valéry Giscard d’Estaing a également
rendu public le projet de texte des
articles 1 à 16 du Traité constitutionnel.
I – PRESENTATION DES PROJETS D’ARTICLES 1 A 16 DU TRAITE CONSTITUTIONNEL
Les membres de la Convention ont pris connaissance d’une proposition de
rédaction des seize premiers articles du futur Traité constitutionnel, tels
qu’ils ont été approuvés par le Présidium. Il ne s’agit à ce stade que
de propositions soumises aux amendements que les conventionnels pourront déposer
jusqu’au 17 février. Un débat aura lieu sur ces articles lors de la
prochaine session plénière des 27 et 28 février, au cours de laquelle une
nouvelle série d’articles sera soumise à la Convention.
Ces premiers articles s’inscrivent dans le cadre de l’architecture de
l’avant-projet de traité présenté à l’automne ; ils concernent les
titres I, II et III de la première partie, à savoir :
Titre I : Définition et objectifs de l’Union
Article 1 : Etablissement de l’Union
Article 2 : Valeurs de l’Union
Article 3 : Objectifs de l’Union
Article 4 : Personnalité juridique
Titre II : Droits fondamentaux et citoyenneté de l’Union
Article 5 : Droits fondamentaux
Article 6 : Non discrimination en raison de la citoyenneté
Article 7 : La citoyenneté de l’Union
Titre III : Les compétences de l’Union
Article 8 : Principes fondamentaux
Article 9 : Application des principes fondamentaux
Article 10 : Catégories de compétences
Article 11 : Compétences exclusives
Article 12 : Compétences partagées
Article 13 : Coordination des politiques économiques
Article 14 : Politique étrangère et de sécurité commune
Article 15 : Domaines d’action d’appui
Article 16 : Clause de flexibilité
Lors de sa présentation, le Président Valéry
Giscard d’Estaing a souligné la dimension « politique et symbolique »
de ces articles, dont la rédaction doit répondre à la double exigence de
simplicité et de solennité. Les dispositions sur les valeurs et les objectifs
énumèrent les principes fondamentaux de l’Union, et rappellent « la
volonté des peuples et des Etats d’Europe de bâtir leur avenir commun »
et la gestion « sur le mode fédéral »
de certaines compétences communes. On soulignera qu’aucune référence
religieuse n’est mentionnée dans l’énoncé des valeurs de l’Union. En ce
qui concerne la Charte des droits fondamentaux, il est prévu qu’elle soit intégrée
dans la Constitution sans pour autant que soit précisé, à ce stade, son
emplacement exact. S’agissant enfin des compétences, les articles proposés
clarifient la définition des compétences (exclusives, partagées, d’appui),
tout en prévoyant une « clause de
flexibilité » autorisant l’Union à intervenir si cela s’avère nécessaire
pour réaliser l’un des objectifs fixés par la Constitution.
Au cours du rapide échange de vues qui a suivi,
M. Peter Hain, représentant du gouvernement britannique, a fait part de
ses réserves et s’est déclaré « préoccupé »
par une rédaction qui, selon lui, ne reflète pas toujours les conclusions des
différents groupes de travail.
II – DEBAT SUR L’EUROPE SOCIALE
A la demande d’un nombre significatif de conventionnels, le Présidium
avait, en décembre, accepté la création d’un groupe de travail sur
l’Europe sociale. Présidé par M. Giorgos Katiforis, représentant du
gouvernement grec, le groupe a présenté ses conclusions ; celles-ci
portent essentiellement sur la définition des valeurs et
des objectifs de l’Union en matière sociale, sur l’exercice des compétences
dans ce domaine ainsi que sur les réformes envisageables des instruments et des
procédures.
Le rapport du groupe définit
une série d’objectifs sociaux qui devraient figurer dans le Traité
constitutionnel: promotion du plein emploi, justice sociale, développement
durable, cohésion économique, sociale et territoriale, niveau élevé de
protection sociale, service d’intérêt général de haute qualité,…
Un consensus s’est également dégagé pour renvoyer aux principes de
la Charte des droits fondamentaux de l’Union et reconnaître, parmi les
valeurs fondamentales de l’Union, la dignité humaine, ainsi que la justice
sociale, la solidarité et l’égalité, en particulier entre hommes et femme.
S’agissant des services d’intérêt général, le groupe propose de modifier
l’article 16 du TCE afin que l’Union puisse légiférer davantage dans ce
domaine. Il n’est cependant pas envisagé d’étendre les compétences de
l’Union en matière sociale, à l’exception du domaine de la santé
publique, plus précisément pour les risques transfrontières graves, les
maladies transmissibles, le bioterrorisme et les accords de l’OMS. En ce qui
concerne les instruments juridiques, si le rapport propose d’inscrire la
« méthode ouverte de coordination » dans la Constitution, il n’y
a pas eu de consensus sur l’extension du vote à la majorité qualifiée au
Conseil. Le groupe a considéré que le compromis obtenu à Nice devait être
conservé dans la future Constitution. Le Conseil pourrait donc décider à
l’unanimité de statuer sur certains sujets à la majorité qualifiée, selon
la procédure de codécision. Enfin, sur la place des partenaires sociaux, le
groupe a unanimement salué leur rôle et l’importance du dialogue social en
Europe. Ce rôle devrait être reconnu et, si possible, renforcé dans le futur
Traité constitutionnel.
Les conclusions du groupe de travail ont été généralement bien
accueillies par les membres de la Convention. Le débat qui a suivi a confirmé
le souhait d’inscrire les objectifs sociaux dans le futur Traité
constitutionnel, même si certains membres ont émis des réserves sur la référence
à la notion de « plein emploi » qui pourrait donner de faux espoirs
aux citoyens européens. L’extension des compétences de l’Union en matière
de santé publique a fait l’objet d’un consensus, certains ne manquant
pas de rappeler que l’Europe dispose déjà d’une compétence similaire pour
la santé…des animaux.
La question la plus difficile a porté sur l’extension de la majorité
qualifiée, où aucun consensus n’a été trouvé. Si de nombreux
conventionnels se sont exprimés en faveur d’une telle réforme, une minorité
active – menée notamment par les représentants britanniques – a fermement
plaidé en faveur du statu quo. A la recherche du compromis, certains ont évoqué
la possibilité de recourir à une majorité superqualifiée représentant 75%
des voix. S’agissant de la constitutionnalisation de la méthode ouverte
de coordination, plusieurs membres ont souligné le risque de rigidifier une
procédure qui ne fonctionne que parce qu’elle est souple. Le Président Valéry
Giscard d’Estaing a demandé au Vice-Président Giuilano Amato d’approfondir
cette question. Enfin, la place des services d’intérêt général n’a pas
fait l’objet d’un consensus permettant d’aller au-delà de ce qui est
proposé par le groupe de travail.
En concluant le débat, le Président Valéry Giscard d’Estaing a
notamment rappelé que la Convention ne disposait pas du mandat de se prononcer
sur le contenu des politiques sociales, mais seulement de celui d’établir le
cadre constitutionnel de ces politiques. Il a annoncé que le débat sur
l’Europe sociale se prolongera lors de l’examen en session plénière des
articles du traité constitutionnel s’y rattachant.
III – DEBAT SUR LA DIMENSION REGIONALE ET LOCALE DE LA CONSTRUCTION EUROPEENNE
Pour préparer ce débat, le Présidium avait adressé aux membres de la
Convention un document de synthèse établissant le cadre juridique actuel de
l’association des collectivités territoriales à la construction européenne,
ainsi que les pistes de réflexion pour d’éventuelles réformes.
Un consensus s’est dégagé pour impliquer davantage les collectivités
infra-étatiques au processus décisionnel européen, en reconnaissant
explicitement leur existence dans le futur Traité constitutionnel et en renforçant
les procédures de consultation. Il faut rappeler que les trois quarts des
programmes communautaires sont aujourd’hui gérés par les collectivités
territoriales. Sans remettre en cause l’organisation administrative de chaque
Etat, de nombreux conventionnels ont plaidé en faveur d’une politique de cohésion
territoriale, qui jette les bases juridiques nécessaires au développement
d’une véritable coopération transfrontalière. Plusieurs conventionnels ont
également souhaité que soit reconnues constitutionnellement les régions
ultrapériphériques, notamment pour France, les départements et territoires
d’Outre-mer.
Si les voix ont été nombreuses pour demander un renforcement du Comité des régions,
la plupart des intervenants ont dressé le constat de son manque de représentativité,
en raison des règles actuelles de composition. Alors que certains ont plaidé
en faveur d’une véritable institutionnalisation du Comité des régions, ( M.
Peter Hain a même proposé de le renommer « Assemblée » ou
« Congrès des régions »), d’autres se sont montrés plus réticents
à l’idée de créer une nouvelle institution, ce qui n’a pas permis l’émergence
d’un consensus.
S’agissant de l’association directe des régions à la construction européenne,
et de la faculté qui pourrait leur être reconnue de saisir la Cour de Justice
dans le cadre du contrôle de la subsidiarité, les débats ont révélé un
clivage persistant entre les représentants des Etats au sein desquels existent
des régions dotées de compétences législatives, et les pays de tradition
plus unitaire. Une voie de compromis
pourrait consister à accorder ce droit de saisine aux régions, par l’intermédiaire
du Comité des régions qui se verrait ainsi renforcé.
Par ce débat, la Convention a montré sa volonté de traiter un sujet trop
longtemps laissé à l’écart des problématiques institutionnelles. Si l’on
est encore loin du consensus sur les modalités précises d’association des régions
à la construction européenne, un large accord s’est néanmoins dessiné pour
apporter des réponses concrètes aux préoccupations des
100 000 collectivités qui composent le territoire de l’Union élargie.
IV – ECHANGE DE VUES SUR LA CRISE EN IRAK
Alors que la Convention européenne s’interroge sur le futur cadre
institutionnel de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), le
contexte international a largement pesé sur l’ambiance de cette session plénière.
Après que M. Ben Fayot, représentant du Parlement luxembourgeois, a demandé
à prendre la parole sur ce sujet, un échange de vue informel s’est tenu dans
la matinée du 7 février.
L’initiative prise par huit pays européens, au lendemain de la
position commune adoptée par le Conseil Affaires générales du 27 janvier, a
été critiquée par de nombreux intervenants. « Une
politique étrangère et de sécurité commune est hautement souhaitable mais à
l’heure actuelle, non seulement elle n’existe pas mais la manière dont les
choses se déroulent sont en recul par rapport aux dispositions du Traité. Les
comportements actuels sont en retrait par rapport aux engagements déjà pris et
cela m’inspire un double sentiment, le découragement mais aussi l’urgence
d’agir » a ainsi déclaré le Président Valéry Giscard
d’Estaing.
Sans porter de jugement sur le fond des positions exprimées, les
conventionnels se sont interrogés sur la méthode qui conduit à donner de
l’Europe l’image de la désunion sur la scène internationale. Beaucoup
d’intervenants n’ont pas manqué de souligner que l’initiative des huit était
contraire à l’article 11 du Traité sur l’Union européenne qui énonce que
« les Etats membres appuient
activement et sans réserve la politique extérieure et de sécurité commune
dans un esprit de loyauté et de solidarité mutuelle ». M. Jean-Luc
Dehaene, qui avait présidé le groupe de travail « Action extérieure »
de la Convention, en a déduit « qu’il n’y a pas une politique étrangère commune, mais tout au plus
des actions communes là où la volonté politique existe. Mais la volonté
politique ne se créé pas par décret ».
« Cette crise ne doit pas être considérée comme une défaite mais comme
un catalyseur qui doit engager la Convention à franchir un pas courageux »
a estimé M. Elmar Brok, représentant du Parlement européen. Quoi qu’il en
soit, la Convention devra être attentive à l’évolution de la situation
internationale et adapter ses propositions à l’analyse qu’elle fera d’une
nouvelle donne qui ne doit pas affaiblir la crédibilité de ses travaux.
V – COMMUNICATIONS DU PRESIDIUM
Le Président Valéry Giscard d’Estaing a informé
la Convention du mandat confié à un groupe d’experts désignés par les
Services juridiques pour la rédaction préparatoire de la seconde partie du
Traité constitutionnel.
La Convention a également eu confirmation de la création d’un « cercle
de discussion » sur le fonctionnement de la Cour de Justice, que présidera
M. Antonio Vitorino. Ce cercle devrait avoir une composition plus restreinte que
les groupes de travail et ses membres devront pouvoir y apporter une expertise
spécifique afin d’assurer l’efficacité et la rapidité des conclusions. La
composition de ce cercle sera rendue publique à l’issue du Présidium le 14 février
* *
*
La
prochaine session plénière de la Convention se tiendra les 27 et 28 février
2003. Un débat aura lieu sur les 16 premiers articles du Traité
constitutionnel et sur les amendements que les conventionnels auront déposé.
De nouveaux articles du Traité seront également présentés par le Présidium,
qui pourront à leur tour faire l’objet d’amendements.
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Convention
européenne
Session plénière du 20 et 21 janvier 2003
Synthèse des débats
La Convention européenne a tenu sa quatorzième session plénière les 20 et 21 janvier 2003. Cette session fut l’occasion d’un premier débat général sur l’architecture institutionnelle de l’Union. Un document préparatoire décrivant le fonctionnement actuel des cinq institutions principales - le Parlement, la Commission, le Conseil des ministres, la Cour de Justice et le Conseil européen – avait préalablement été adressé aux membres de la Convention.
I. PROPOS INTRODUCTIF DU PRESIDENT VALERY GISCARD D’ESTAING
Le Président
Valéry Giscard d’Estaing a informé la Convention de la procédure de rédaction
des articles du projet de Traité constitutionnel, tel qu’il en a été décidé
par le Présidium. Une première série
d’article sera soumise à l’examen des conventionnels lors de la prochaine
session plénière des 6 et 7 février 2003.
Rappelant les quatre catégories d’articles à traiter – ceux qu’il faut
conserver inchangés, ceux qu’il faut supprimer, ceux qu’il faut modifier et
ceux qu’il faut entièrement réécrire – il a donné des indications quant
à la méthode. S’agissant des articles qui demandent des ajustements
techniques, sans que leur contenu en soit modifié, un groupe d’experts
juridiques sera mis en place ; il devra rendre ses travaux d’ici à la
fin du mois de février, pour une transmission aux membres de la Convention. En
ce qui concerne les nouveaux articles, le travail de rédaction sera l’œuvre
du Présidium, avec l’appui de la Commission.
Le Président Valéry Giscard d’Estaing a ensuite présenté les enjeux du débat
sur le fonctionnement institutionnel de l’Union, qui constitue l’ordre du
jour de cette session plénière. La question de l’adaptation des institutions
aux nouveaux défis que l’Europe doit relever – élargissement et
approfondissement dans les domaines de la PESC, de la PESD et de la JAI –
ouvre à nouveau le débat sur la nature du projet européen. Celui-ci doit-il
être confédéral, fédéral ou mixte ? La grande diversité des Etats
membres, tant au niveau de leur population que de leurs traditions – en
comparaison avec ceux qui forment les Etats-Unis d’Amérique – rend
difficile l’équilibre entre la représentation des Etats et des citoyens,
ainsi que la référence à un système politique existant.
L’architecture institutionnelle actuelle comporte des éléments communs aux
deux modèles, fédéral et confédéral ; elle relève ainsi d’un système
mixte. A moyen terme, cependant, des compétences fédérales supplémentaires
pourraient émerger, notamment dans le domaine de la monnaie, de la justice et
des affaires étrangères. La réforme institutionnelle que proposera la
Convention devra ainsi indiquer l’orientation que devrait prendre l’Union
européenne dans les cinquante années à venir.
II. DEBAT SUR LE FONCTIONNEMENT DES INSTITUTIONS
La
proposition franco-allemande, rendue publique le 15 janvier, a fortement
influencé les débats, centrant la majorité des interventions sur la question
de la présidence du Conseil européen et le mode de désignation de la
Commission et d’élection de son président.
Un certain nombre de conventionnels n’a pas souhaité bouleverser l’équilibre
du triangle institutionnel, en ne renforçant pas un organe aux dépens d’un
autre. Dans ce cadre, la proposition de doter le Conseil européen d’un Président
stable pour une durée de deux ans et demi ou de cinq ans a été perçue par
quelques conventionnels comme une tentative d’affirmer les pouvoirs du Conseil
européen face à une Commission qui s’en trouverait affaiblie. L’existence
d’une double présidence a fait craindre le risque d’une concurrence qui
pourrait conduire à la paralysie du système institutionnel.
Si certains membres ont soutenu le principe d’une présidence stable du
Conseil, ils ont cependant souhaité
que les fonctions du Conseil européen et de son Président soient précisées.
Certains plaident en faveur d’un président aux pouvoirs symboliques, alors
que d’autres souhaitent que ce Président stable représente l’Union tant
sur le plan interne que sur la scène internationale.
Néanmoins, une majorité des représentants des « petits » Etats et
des pays candidats se sont fermement prononcés en faveur du maintien de la
rotation semestrielle de la présidence, qui constitue selon eux la meilleure
garantie de la représentation égalitaire des différents pays. Il en est de même
pour la composition de la Commission : un nombre significatif des représentants
de ces pays a plaidé pour le maintien d’un commissaire par Etat, la
Commission pouvant très bien fonctionner à 25 membres si elle est mieux
structurée.
Les opposants à la création d’un Président du Conseil européen ont fait
valoir des alternatives à la proposition franco-allemande. Une présidence collégiale
stable du Conseil pourrait permettre une représentation équilibrée des Etats
membres, tout en assurant la stabilité du système. Plusieurs membres ont
repris à leur compte la proposition d’une présidence unique du Conseil européen
et de la Commission. Cette formule devrait, selon ses partisans, éviter tout
risque de concurrence entre les organes et garantir une synergie au sein du
gouvernement de l’Union, tout en préservant l’équilibre du triangle
institutionnel.
La composition de la Commission et le mode d’élection de son Président ont
également occupé une place importante dans les débats. Si certains représentants
tiennent au maintien d’un commissaire par Etat membre, au nom du principe
d’une représentation égalitaire, d’autres estiment qu’une Commission à
25 ou 30 membres ne pourra pas fonctionner. Selon certaines formules, le Président
de la Commission pourrait lui-même décider de la composition du collège des
commissaires ; l’idée d’une hiérarchisation entre les
commissaires a également été évoquée.
En filigrane, c’est la question de l’indépendance de la Commission qui a été
soulevée. Une assez large majorité
s’est déclarée favorable à l’élection de son Président par le Parlement
européen, afin d’en assurer la légitimité démocratique et de renforcer la
transparence du fonctionnement institutionnel. Mais une telle option n’est pas
sans conséquences sur la politisation qu’elle engendre, et sur la neutralité
de la Commission en tant que garant de l’intérêt général européen.
Pour de nombreux conventionnels, cette politisation constitue cependant une étape
nécessaire vers l’émergence d’un véritable espace public européen. Afin
de réduire les risques d’une trop grande dépendance de la Commission à l’égard
d’une majorité politique, certains intervenants ont proposé l’élection
par une majorité qualifiée des 2/3 ou des 3/5e au sein du Parlement
européen. Cette tentative de compromis a néanmoins été critiquée par des
représentants du Parlement européen, qui craignent l’instauration d’un
consensus qui nuirait aux débats
parlementaires.
D’autres suggestions ont été émises, prévoyant que le Président de la
Commission pourrait être élu au suffrage universel direct, ou qu’un collège
regroupant des parlementaires nationaux et européens soit chargé de son élection.
S’agissant de la réforme du Parlement européen, elle n’a été que brièvement
évoquée. Sa représentativité démocratique devrait être améliorée, l’inégalité
de représentation des citoyens au sein de cette assemblée ayant été relevée
à plusieurs reprises reprises. Si le compromis de Nice sur la répartition des
sièges des députés européens ne semble pas devoir être remis en cause,
certains parlementaires ont appelé de leurs vœux la création de listes européennes
sur lesquelles les citoyens pourraient choisir certains de leurs députés. La
question de l’harmonisation des procédures électorales a également été évoquée.
III – SYNTHESE DU DEBAT PAR LE PRESIDENT VALERY GISCARD D’ESTAING
La
tenue de ce premier débat sur les problématiques institutionnelles a permis au
Président Valéry Giscard d’Estaing de formuler quelques remarques et de
tracer des perspectives.
Un consensus semble se dégager pour préserver l’équilibre du
triangle institutionnel. La Convention doit cependant proposer des solutions
innovantes et ne pourra se contenter du statu quo. L’extension de la codécision
recueille le soutien d’une majorité des conventionnels. Cependant, si
quelques exceptions sont évoquées, il conviendra de les préciser.
L’extension du vote à la majorité qualifiée au sein du Conseil
semble également faire l’objet d’un consensus, mais la question de la définition
de cette majorité qualifiée reste en suspens. De même la réorganisation du
Conseil pour une partie de ses attributions en Conseil législatif
doit faire l’objet de précisions, même si l’idée semble acquise pour
une large majorité de conventionnels.
La politisation de la Commission à travers l’élection de son Président
par le Parlement soulève différents problèmes. Il s’agit donc d’évaluer
cette proposition, émise à de nombreuses reprises, au regard des progrès ou
des inconvénients qu’elle peut apporter.
Dans cet esprit, certains membres ont proposé d’utiliser une grille de
concepts afin d’évaluer chaque proposition. Cinq critères ont été mentionnés :
la simplicité, l’efficacité, la démocratie, la double source de légitimité
de l’Union et le renforcement de l’équilibre institutionnel.
La question de la composition de la Commission pose un problème moins
immédiat, puisque la prochaine Commission sera désignée et composée selon
les règles fixées par le Traité de Nice, qui entrera en vigueur le 1er
février prochain. Les conventionnels devront cependant se poser la question de
l’organisation de la Commission lorsque l’Union sera composée de plus de 25
pays, alors que l’on n’identifie qu’une douzaine de portefeuilles de compétences.
En ce qui concerne le Conseil européen, le Président Valéry Giscard
d’Estaing a rappelé qu’il avait permis, dans les années soixante-dix et
quatre-vingts, de débloquer un certain nombre de situations. Jusqu’à présent
aucun conflit n’a eu lieu entre la présidence du Conseil européen et celle
de la Commission ; il faut donc s’interroger sur le fait de savoir en
quoi une présidence stable du Conseil européen changerait cette situation.
La question centrale reste celle de l’organisation du Conseil des ministres,
encore largement perfectible. Le fonctionnement du Conseil Affaires Générales
doit être réévalué, ainsi que la coordination qu’il assure entre les différents
conseils sectoriels.
La création d’un Ministre des Affaires étrangères a été évoquée
à plusieurs reprises, mais ses compétences et son mode de désignation sont
encore à préciser. De même, la réforme de la Cour de Justice a été très
peu évoquée ; le caractère technique de cette réforme, pourtant nécessaire
sous l’effet de l’élargissement, fera l’objet d’une réflexion dans le
cadre d’un « cercle de réflexion », composé d’un nombre
restreint de membres, représentant les différentes composantes de la
Convention. Ce cercle de réflexion soumettra alors ses conclusions à
l’ensemble de la Convention.
*
*
*
La prochaine session plénière
de la Convention aura lieu les 6 et 7 février 2003. Elle sera consacrée à un
débat sur les conclusions du groupe de travail «Europe sociale ». Un
second débat portera sur la dimension régionale et locale de l’Union européenne,
sur la base d’un document de travail qui sera adressé aux membres de la
Convention.
La discussion sur la réforme des institutions reprendra lors de la
session des 27 et 28 février, au cours de laquelle la Convention débattra également
de la rédaction des premiers articles du projet de Traité constitutionnel.
_________________
Convention
européenne
Session plénière du 20 décembre 2002
Synthèse des débats
La
Convention européenne a tenu sa treizième session plénière le vendredi 20 décembre
2002. Cette session a été ouverte par un propos introductif du Président Valéry
Gisacrd d’Estaing sur le programme de travail envisagé par le Présidium
jusqu’en juin 2003.
Les conventionnels ont ensuite débattu
des conclusions des groupes de travail « Action extérieure »
(groupe VII) et « Défense » (groupe VIII).
I. PRESENTATION DU PROGRAMME DE TRAVAIL PAR LE PRESIDENT GISCARD D’ESTAING
Le
Président a indiqué que la prochaine session de janvier 2003 serait consacrée
à une première discussion sur le fonctionnement des institutions, sur la base
d’un document qui sera transmis prochainement par le secrétariat. La première
session de février examinera le rapport du groupe de travail sur les questions
sociales et débattra du rôle des régions.
Parallèlement, le Présidium prépare la rédaction des articles du futur Traité.
Les articles des titres I, II et III seront présentés lors de la session de
janvier et discutés en février. Les articles relevant des titres V, VII et IX
seront présentés en février, ceux des titres IV, VI, VIII et X en mars/avril.
Ainsi, un projet de première partie du Traité sera disponible pour Pâques. La
troisième partie du traité devrait être disponible en avril.
Dans le même temps, le travail de rédaction sera engagé pour la seconde
partie du Traité, à partir d’une analyse des articles qui devront être
remplacés ou modifiés.
La rédaction des articles du Traité fera l’objet de propositions écrites
d’amendements si un accord assez large apparaît au cours du débat en plénière
sur l’article concerné. En revanche, si des désaccords apparaissent, des
groupes de discussion seront mis en place.
II. DEBAT SUR LES CONCLUSIONS DU GROUPE DE TRAVAIL RELATIONS EXTERIEURES
Jean–Luc
Dehaene, président du groupe de travail, a mentionné le souhait partagé par
l’ensemble des membres du groupe d’assurer une plus grande efficacité de
l’action extérieure de l’Union. Le groupe a proposé que les principes et
objectifs de cette politique soient définis dans le Traité. Il préconise que
la compétence de l’Union pour conclure des accords internationaux suive ses
compétences en interne. Il propose majoritairement que les fonctions de Haut
représentant et de Commissaire chargé des relations extérieures soient exercées
par la même personne, membre de la Commission mais bénéficiant d’un mandat
du Conseil. Le groupe préconise que le Conseil puisse décider à l’unanimité
d’étendre le champ des décisions prises à la majorité qualifiée. Une
grande majorité du groupe souhaite que la majorité qualifiée constitue la
seule procédure de décision dans le domaine des relations commerciales.
D’autres recommandations ont concerné le renforcement de la cohérence de la
représentation extérieure de l’Union, la politique de développement et le rôle
du Parlement européen.
Dans le débat qui a suivi la présentation des travaux du groupe, la grande
majorité des intervenants a accueilli favorablement les propositions faites et
a souligné l’importance pour les Etats membres d’un renforcement de leur
action commune dans ce domaine, afin de défendre les intérêts et les valeurs
de l’Europe dans le monde, en rappelant l’importance d’une véritable
volonté politique dans ce domaine.
La Convention a largement manifesté son accord sur les principes et objectifs
de l’action extérieure tels que proposés par le Groupe. Elle a souligné le
lien qui existe entre l’organisation institutionnelle et l’efficacité de
l’action extérieure. Elle a préconisé la création d’une formation spécifique
du Conseil consacrée à l’action extérieure et a confirmé la nécessité
d’assurer une coordination au sein de la Commission en matière de relations
extérieures.
Beaucoup d’intervenants se sont déclarés favorables à la création d’un
seul service chargé des relations extérieures ; certains ont souhaité
l’institution d’un service diplomatique commun.
Par ailleurs, la Convention a très majoritairement estimé qu’il convenait
d’utiliser la procédure de vote à la majorité qualifiée, de faire une plus
grande place à l’abstention constructive et d’autoriser le Conseil à étendre
l’utilisation de la majorité qualifiée. Une nette majorité a souhaité généraliser
la majorité qualifiée dans le domaine de la politique commerciale.
Plusieurs conventionnels ont souligné la nécessité de renforcer la cohérence
entre la politique de développement et les autres aspects de la politique extérieure.
L’importance de renforcer les possibilités de financement de la PESC a été
évoquée par beaucoup. De même, une large majorité a souhaité que le rôle
du Parlement européen soit accru dans ce domaine.
Le Président Pierre Lequiller a proposé l’institution d’un pacte de
convergence qui prévoirait que, dans un délai de cinq ans à compter de
l’entrée en vigueur du Traité constitutionnel, les Etats membres procèdent,
sur proposition du ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne,
à un examen complet du champ de la PESC, afin d’identifier les domaines où
ils peuvent, soit renforcer leur coopération, soit mener une politique commune.
Une grande majorité de conventionnels a souhaité que l’Union acquiert un
statut officiel dans les organisations internationales. Beaucoup ont préconisé
une représentation unique de l’Eurozone au sein des institutions financières
internationales.
Mais il n’y a pas eu de consensus sur la création d’un « double
chapeau » fusionnant les fonction du Haut représentant et de Commissaire
chargé des relations extérieures. Un grand nombre a considéré que cette
question devrait être réexaminée dans le contexte d’un débat
institutionnel plus large. Le Président Dehaene a souligné que la proposition
de « double chapeau » visait à concilier la nécessité de
maintenir une gestion différenciée de la PESC et des autres politiques
externes avec celle de renforcer la cohérence de l’ensemble des politiques
externes.
III. DEBAT SUR LES CONCLUSIONS DU GROUPE DE TRAVAIL DEFENSE
M.
Michel Barnier, président du groupe de travail, a souligné que les
recommandations du groupe reflètent la diversité des approches des Etats
membres sur les questions de défense. Il a notamment évoqué l’importance
des coopérations renforcées.
Dans le débat qui a suivi l’exposé du président du groupe de travail, la
grande majorité des conventionnels a exprimé son soutien aux conclusions du
groupe. Plusieurs orateurs ont souligné qu’il convenait de préciser dans le
Traité que les objectifs de la politique de défense ne revenaient pas à établir
une alliance militaire. Une grande majorité a soutenu la proposition faite par
le groupe d’actualiser les missions de Petersberg. Un large soutien s’est également
manifesté sur les recommandations visant à renforcer la gestion des crises, le
rôle du Haut représentant dans ce domaine et la création d’un fonds spécial.
Beaucoup ont insisté sur la nécessité de rendre les procédures de décision
plus souples dans ce domaine et, notamment, d’étendre à la défense la procédure
des coopérations renforcées.
Un très large soutien s’est manifesté pour la proposition d’une clause de
solidarité entraînant l’utilisation de tous les moyens d’action de
l’Union dans le but de venir au secours d’un Etat membre en cas d’attaque
terroriste, pour protéger les populations civiles et la démocratie. Plusieurs
ont souhaité que le Traité puisse inclure une clause de défense collective.
L’ensemble des intervenants s’est déclaré favorable à la création
d’une agence européenne d’armements et de recherche stratégique. Un large
soutien s’est par ailleurs manifesté pour l’institution d’un Conseil des
ministres de la défense.
Sur les aspects institutionnels, une large majorité a souhaité que le Haut
représentant reste responsable de la PESD. Beaucoup ont souligné
l’importance d’un contrôle parlementaire dans ce domaine, en indiquant
qu’il relevait d’abord des parlements nationaux. Quelques–uns ont souhaité
le renforcement du rôle du Parlement européen. Certains ont évoqué le
transfert des compétences de l’assemblée parlementaire de l’UEO au
Parlement européen.
_______________
La prochaine session plénière de la Convention aura lieu les 20 et 21 janvier 2003. L’ordre du jour fixé par le Présidium prévoit un débat général sur l’architecture institutionnelle de l’Union européenne.
__________________________________________________________________________________________________________________________________________
Convention
européenne
Session plénière des 5 et 6 décembre 2002
Synthèse des débats
La
Convention européenne a tenu sa douzième session plénière les jeudi 5
et vendredi 6 décembre 2002.
Cette session a été ouverte par la présentation, par le Président
Romano Prodi, de la seconde partie de la Communication de la Commission
européenne sur l’architecture institutionnelle de l’Union.
Les conventionnels ont ensuite débattu des conclusions des
groupes de travail sur la simplification des instruments et des procédures
(groupe IX) ainsi que sur l’espace de liberté, de sécurité et de
justice (groupe X). Le Vice-Président
Jean-Luc Dehaene et le Commissaire Michel Barnier ont par ailleurs présenté
les rapports d’étape de leurs groupes de travail respectifs « Action
extérieure » (groupe VII) et « Défense » (groupe VIII),
dont les conclusions seront débattues lors de la prochaine session plénière,
le 20 décembre.
I – PRESENTATION PAR M. ROMANO PRODI DE LA COMMUNICATION DE LA COMMISSION
Le Président Romano Prodi a présenté à la Convention une
communication de la Commission sur l’architecture institutionnelle de
l’Union, intitulée « Paix, liberté, Solidarité ». Il a
insisté, lors de son exposé, sur la préservation de l’équilibre du
triangle institutionnel qui représente les deux
sources de la légitimité européenne : celle
des peuples et celle des Etats.
Le Président de
la Commission a plaidé pour un renforcement du rôle du Parlement européen
dans les domaines législatif et budgétaire et s’est prononcé pour la généralisation de la règle du vote à la majorité qualifiée au
sein du Conseil des ministres ; il a souligné les avantages du
recours à la « double
majorité » impliquant des votes à la majorité des Etats
membres représentant la majorité de la population de l’Union européenne.
Il a ensuite indiqué que la Commission proposait de simplifier le
processus décisionnel en réduisant le nombre des instruments juridiques
et en élargissant le champ
d’application de la procédure de codécision
Puis il a prôné le renforcement du droit d’initiative de la
Commission afin que soit préservé l’intérêt général européen ;
le Président de la Commission devrait être élu par le Parlement européen
et confirmé par le Conseil européen, tandis que le collège des commissaires pourrait voir sa responsabilité mise en
cause tant par le Conseil que par le Parlement européen.
Dans le domaine de la politique étrangère, le Président Romano
Prodi a proposé la désignation d’un Secrétaire de l’Union, membre de la Commission, mais également
responsable devant le Conseil.
A l’issue de son exposé, le Président Romano Prodi a fait état, sans
le détailler, de l’avant-projet de Constitution élaboré par un groupe
d’experts de la Commission. Ce « document
de travail » (baptisé « Pénélope ») est
disponible sur le site Internet de la Commission européenne.
La communication du Président Romano Prodi n’a pas été suivie d’un
débat.
« Il n’y a rien de plus compliqué que la simplification
» : c’est en ces termes que M. Giuliano Amato a présenté à la
Convention les conclusions du groupe de travail qu’il a présidé sur le
thème de la simplification des instruments et des procédures.
Le rapport s’articule en deux parties : la première est
consacrée à la réduction du
nombre des instruments juridiques de l’Union et à l’instauration
d’une hiérarchie des normes européennes ; la seconde concerne la simplification
des procédures législatives et budgétaires.
S’agissant du nombre des instruments juridiques, le rapport
propose de le ramener à cinq: lois
cadre, lois, décisions, règlements et avis. Dans le 2e
pilier, les instruments existants seraient remplacés par des « décisions
PESC » et des « décisions
de mise en œuvre PESC » ; dans le 3e piliers,
les conventions seraient supprimées et les décisions cadre remplacées
par des lois-cadre.
Une
distinction plus nette entre les actes législatifs et les actes exécutifs
doit ainsi permettre la reconnaissance d’une véritable hiérarchie des
normes. Le groupe s’est prononcé en faveur de la création d’une
nouvelle catégorie d’actes, les « actes législatifs délégués » par lesquels le législateur
européen (Conseil des ministres ou Parlement) se verrait reconnaître la
possibilité de déléguer sa compétence à la Commission. Cette délégation
législative devrait cependant s’accompagner d’un droit
d’évocation (« call back ») permettant au législateur
de contrôler la mise en œuvre, par la Commission, de ce pouvoir législatif
délégué.
En ce qui concerne la simplification des procédures, le groupe plaide en
faveur de l’extension de la procédure de codécision, qui doit devenir la
procédure législative de droit commun de l’Union. Cette procédure
doit s’accompagner, dans une Europe élargie, de la généralisation du vote à la majorité qualifiée au Conseil, à
l’exception de certains sujets sensibles, qui devront néanmoins faire
l’objet d’une motivation objective. Le groupe propose la
suppression de la procédure de coopération qui devrait être remplacée
soit par la codécision, soit par la procédure de consultation, avec un
avis simple du Parlement européen. Quant à la procédure d’avis
conforme, elle devrait être strictement réservée à la ratification des
accords internationaux. Enfin, la procédure de consultation, prévoyant
un avis simple du Parlement européen, s’appliquerait aux questions de
mise en œuvre techniques de l’Union économique et monétaire.
Dans le domaine budgétaire, le rapport préconise un renforcement des prérogatives
du Parlement européen, ce qui implique une procédure
unique pour les dépenses obligatoires et non obligatoires. La procédure
budgétaire devrait se fonder sur une procédure de codécision simplifiée.
Le groupe recommande l’inscription
dans le Traité constitutionnel des principes généraux du droit budgétaire
communautaire : équilibre des recettes et des dépenses,
discipline budgétaire, suffisance des moyens, annualité du budget,
financement par des ressources propres et adoption préalable d’un acte
de base. Il est enfin proposé de recourir à un mécanisme de
programmation financière à moyen terme, coïncidant avec la durée du
mandat du Parlement européen et de la Commission.
En conclusion de son exposé, M. Amato a souligné l’importance de
renforcer la transparence du processus décisionnel européen, ce qui suppose une
meilleure consultation en amont de la prise de décision, ainsi que le
principe de publicité des débats du Conseil, dans sa formation législative.
Le débat qui a suivi la présentation du rapport a révélé un consensus
sur la plupart des recommandations du groupe. Une large majorité de
conventionnels a soutenu la généralisation de la codécision comme procédure
législative. Le principe de l’extension du vote à la majorité qualifiée
au Conseil a été approuvé, même si certains ont souligné la nécessité
de maintenir l’unanimité sur des sujets sensibles tels que, par
exemple, la politique agricole commune. La création d’une nouvelle catégorie
d’actes délégués a reçu un soutien réel, sans qu’apparaisse pour
autant de consensus ; plusieurs conventionnels ont en effet exprimé
leur crainte face à une confusion des pouvoirs qui résulterait de
l’entrée en vigueur de ces actes législatifs délégués.
S’agissant enfin de la procédure budgétaire, la suppression de la
distinction entre dépenses obligatoires fut, à quelques exceptions près,
généralement bien accueillie. En revanche, la proposition de conférer
une primauté au Parlement en ce qui concerne les dépenses a provoqué
des oppositions, le principal moyen pour contrôler lesdites dépenses étant
les perspectives financières. Si
plusieurs membres ont souhaité l’adoption de ces perspectives en codécision,
d’autres – moins nombreux – se sont prononcés pour leur maintien
sous le contrôle des Etats.
M.
John Bruton, a présenté les conclusions du groupe de travail « Liberté,
Sécurité, Justice » dont il a assuré la présidence.
Il a exposé les deux « règles
d’or » sur lesquelles se fondent les propositions du
groupe :
-
créer
un « cadre juridique commun »,
mettant fin à la séparation entre plusieurs piliers tout en maintenant
des procédures différenciées tenant compte des particularités du
secteur ;
-
opérer une
distinction claire entre les procédures
législatives, qui devraient être alignées sur les procédures générales
du droit communautaires, et les tâches
opérationnelles, qui doivent faire l’objet d’une coordination
renforcée.
Dans le domaine de l’asile
– qui relève du premier pilier – le rapport recommande le recours à
la codécision et à la majorité qualifiée et consacre le principe de
solidarité et de partage équitable des responsabilités. En ce qui
concerne la politique
d’immigration, il prône l’adoption d’une base juridique
nouvelle afin que l’Union « soit en mesure d’arrêter les
mesures d’encouragement et de soutien destinées à soutenir les efforts
consentis par les Etats membres pour promouvoir l’intégration des
ressortissants de pays tiers en situation de séjour irrégulier ».
La législation dans ce domaine devrait également être adoptée à la
majorité qualifiée et en codécision.
En matière de coopération judiciaire dans le domaine du droit
civil, le rapport préconise d’inscrire dans le Traité le principe de
reconnaissance mutuelle, et d’étendre la majorité qualifiée aux règles
relatives à la responsabilité parentale (le reste du droit de la famille
restant régi par l’unanimité).
M. Bruton a ensuite détaillé les recommandations du groupe de travail
concernant les procédures législatives relatives à la coopération
policière et judiciaire en matière pénale (domaines relevant du troisième
pilier actuel). Il est proposé de remplacer les actuelles décisions-cadres, décisions et positions
communes par des règlements, des directives et des décisions (ou les
instruments qui leur succèderont). Quant aux conventions, elles devraient
être supprimées. Le rapport
préconise également que le principe
de reconnaissance mutuelle des décisions judiciaires soit
formellement consacré dans le Traité, en tant que « pierre
angulaire de la coopération judiciaire ».
S’agissant du rapprochement du droit pénal matériel, la compétence
de l’Union devrait être liée à la dimension
transfrontalière d’une infraction (une liste de ces infractions
pourrait être incluse dans le traité), qui devrait également revêtir
un caractère « particulièrement grave ». La compétence de
l’Union serait également reconnue dans le cas d’une infraction
commise à l’encontre d’un intérêt commun européen qui fait lui-même
l’objet d’une politique commune de l’Union. Il apparaît enfin nécessaire
de fixer des normes minimales
communes pour la protection des droits des personnes.
M. Bruton a
ensuite exposé les enjeux d’une réforme des procédures législatives
visant à étendre la codécision et la majorité qualifiée à une série
de domaines, l’unanimité continuant à s’appliquer aux points les
plus sensibles. Le droit d’initiative resterait partagé entre la
Commission et les Etats membres, mais le lancement d’une initiative par derniers devrait recueillir
l’accord d’au moins au quart des Etats.
Evoquant l’intensification de la collaboration opérationnelle, M.
Bruton a plaidé en faveur d’une structure plus efficace, de haut niveau
technique, qui pourrait résulter de la fusion d’organes existants. Le
principe de solidarité, y compris financière, entre les Etats membres
devrait être affirmé pour la gestion des frontières extérieures,
et il est envisagé de mentionner la création, à plus long terme,
d’une unité commune de garde-frontières européens.
Une base juridique plus générale devrait être consacrée à Europol,
pour lui conférer des compétences ayant trait au renseignement, à la
coordination et à la réalisation d’enquêtes ainsi qu’à la
participation à des actions opérationnelles, les mesures coercitives
devant toujours être appliqués par les agents nationaux compétents. Les
compétences opérationnelles d’Eurojust devraient être étendues, de
manière à lui permettre d’engager et de coordonner des poursuites pénales,
de faciliter la coopération judiciaire et, éventuellement, de superviser
les futures activités d’enquêtes et opérationnelles d’Europol. Il
n’y a revanche pas eu d’accord au sein du groupe sur la création
d’un procureur européen, en dépit du soutien d’une majorité des
membres du groupe. Le rapport préconise par conséquent simplement de
renforcer - à moyen ou à long terme - les compétences d’Eurojust, qui
serait habilitée à intenter des actions devant les tribunaux nationaux
par un acte du Conseil adopté à l’unanimité (et non par le Traité
lui-même).
M. Bruton a enfin indiqué que le groupe s’était prononcé en faveur
d’une participation renforcée
des parlements nationaux, avec la tenue de conférences
interparlementaires spécialisées dans ce domaine, l’association à la
définition par le Conseil européen des orientations stratégiques de la
politique pénale européenne et, éventuellement, un mécanisme
spécifique d’« alerte précoce » si une initiative va à
l’encontre d’aspects fondamentaux du droit pénal national d’un Etat.
Le groupe estime enfin que la limitation de la compétence de la Cour de
justice n’est plus acceptable dans ce domaine, et que le régime général
de compétence devrait s’appliquer.
Les conclusions du rapport ont été bien accueillies
par la Convention, et le débat qui a suivi fut relativement consensuel.
Le principe du cadre unique et de la suppression des piliers a été salué
par la plupart des intervenants, de même que le passage à la codécision
et à la majorité qualifiée en matière d’asile, d’immigration, de
visas et de contrôle des frontières extérieures. L’affirmation d’un
principe de solidarité et de partage des responsabilités a aussi été
saluée.
Des divergences sont en revanche
apparues en ce qui concerne le droit d’initiative partagé, certains
intervenants lui préférant un droit exclusif au profit de la Commission.
Le passage à la majorité qualifiée en matière d’autorité parentale
a également suscité quelques oppositions, certains plaidant pour le
maintien de l’unanimité pour l’ensemble du droit de la famille.
L’inscription d’une liste d’infractions transnationales dans le
Traité a aussi été contestée pour sa rigidité, face à une criminalité
évolutive.
La création
d’un procureur ou d’un parquet européen a fait l’objet d’un long
débat, au cours duquel un clivage
très net est apparu entre continentaux et anglo-saxons. Une large
majorité s’est prononcée en faveur de l’inscription dans le Traité
du procureur européen ou, à tout le moins, d’un parquet européen développé
à partir d’Eurojust. Le président de la Convention européenne a
conclu, sur ce point, qu’il existe « une large majorité pour,
mais une opposition déterminée contre », et que la question de
savoir si un procureur européen doit être créé dans le Traité ou l’établir
par étapes à partir d’Eurojust devra être approfondie par un groupe
d’experts dont M. Bruton suivra les travaux.
M. Jean-Luc Dehaene a présenté à la Convention les conclusions
provisoires du groupe de travail qu’il préside sur le thème de
l’action extérieure de l’Union. Le rapport d’étape formule des
recommandations organisées en 12 points :
1 – Principes et objectifs de
l’action extérieure de l’Union : le groupe estime nécessaire
d’inclure dans le futur Traité constitutionnel un texte exposant les
principes généraux et les objectifs de la politique extérieure de
l’Union.
2 – Objectifs et intérêts spécifiques :
le groupe recommande que le Conseil européen adopte un plan stratégique
annuel définissant les objectifs de l’Union en matière de politique
extérieure, en cohérence avec les priorités stratégiques annuelles définies
par la Commission.
3 – Reconnaître à l’Union le
pouvoir de conclure des accords internationaux dans les domaines
relevant de sa compétence.
4 – Renforcer la cohérence et
l’efficacité de l’action extérieure de l’Union : le
groupe de travail propose la fusion des fonctions de Haut Représentant et
de Commissaire aux relations extérieures en une seule personne, le
« Représentant extérieur pour l’Europe ». Celui-ci serait
nommé par le Conseil européen, à la majorité qualifiée, avec
l’accord du Président de la Commission, et le soutien du Parlement
européen. Ce Représentant extérieur devrait être membre de la
Commission (avec le titre de Vice-Président) et recevrait un mandat du
Conseil, devant lequel il serait responsable.
5 – Renforcer la cohérence
interne des institutions : une formation du Conseil des
ministres, consacrée exclusivement aux relations extérieures, devrait être
distinguée du Conseil « Affaires générales ». Ce Conseil
pourrait être présidé par le « Représentant extérieur ».
6 – Renforcer la cohérence et
l’efficacité des services : un service commun, le « service
de l’action extérieure de l’Union » pourrait réunir les
services des relations extérieures de la Commission, du Secrétariat du
Conseil et des représentants des services diplomatiques des Etats
membres. Certains membres du groupe de travail proposent même la création
d’un service diplomatique unique de l’Union et d’une académie
diplomatique européenne.
7 – Instruments et processus de décision :
le groupe se prononce en faveur d’une extension du recours à la majorité
qualifiée, notamment au niveau des stratégies communes et des décisions.
Plusieurs membres ont suggéré de limiter les votes à
l’unanimité en ayant recours plus fréquemment à l’abstention
constructive.
8 – Politique de coopération et
de développement : une coordination renforcée avec les
politiques des Etats membres devrait être mise en œuvre et
l’allocation des subventions communautaires devrait être fondée sur
une stratégie à long terme, assortie de critères objectifs d’aide au
développement.
9 – Renforcement du contrôle
parlementaire sur la PESC et sur la PESD : l’information du
Parlement européen devrait être améliorée sur les sujets concernant la
PESC et des échanges de vues devrait avoir lieu plus fréquemment
entre les parlementaires nationaux et européens. La consultation du
Parlement européen pourrait également être étendue à la politique de
défense et de sécurité.
10 – Financement de la PESC :
la flexibilité budgétaire devrait être suffisante afin de permettre une
réaction rapide et efficace de l’Union dans le domaine des relations
extérieures. Le Représentant extérieur devrait pouvoir intervenir dans
la répartition du budget de la PESC.
11 – Accords internationaux :
le groupe suggère d’introduire dans le futur Traité constitutionnel un
article unique sur la négociation et la conclusion des accords
internationaux.
12 – Représentation extérieure :
les membres du groupe ont regretté le manque de clarté dans la représentation
extérieure actuelle de l’Union. Quelques membres ont plaidé en faveur
de la création d’une représentation extérieure unique de l’Union,
sans pour autant recueillir de soutiens suffisants au sein du groupe.
D’autres ou souhaité une représentation unique de l’Eurozone au sein
du FMI ; plus largement, certains membres ont proposé que l’Union
puisse adhérer aux diverses organisations internationales.
Le rapport final du groupe de travail « Action
extérieure » sera présenté à la Convention lors de la prochaine
session plénière du 20 décembre.
M. Michel Barnier a exposé à la Convention l’état
d’avancement des réflexions du groupe de travail qu’il préside sur
le thème de la défense. Soulignant l’importance d’une planification
efficace et de moyens suffisants, il a insisté sur une approche réaliste
confirmant le caractère
intergouvernemental de la politique européenne de la défense.
Mais face à l’apparition de nouvelles formes d’insécurité,
qui sortent des cadres conventionnels de la gestion des conflits et qui
touchent plus directement les citoyens dans leur vie quotidienne
(terrorisme, catastrophes naturelles ou humanitaires), les réponses à
apporter doivent dépasser le cadre strictement national.
A ce stade des travaux, les recommandations du groupe sont les
suivantes :
-
Accroître
la cohérence et l’efficacité du processus décisionnel en renforçant le pouvoir d’initiative du Haut Représentant
dans la gestion des crises.
-
Adapter
les structures institutionnelles de la PESD : une personnalité politique, placée sous l’autorité
du Conseil, devrait être habilitée à coordonner et à mener les actions
de l’Union.
-
Accroître
la solidarité européenne face aux nouvelles menaces : le groupe propose l’intégration d’une nouvelle clause de
solidarité au sein du futur Traité constitutionnel, afin de mobiliser
tous les instruments dont dispose l’Union pour prévenir la menace
terroriste, protéger les populations civiles et les institutions démocratiques.
-
Perfectionner
les missions de Petersberg :
les missions prévues par l’accord de Petersberg pourraient être complétées
par des missions de stabilisation et de prévention des conflits. Le
processus décisionnel pourrait être facilité en substituant, par
l’application de la règle de l’abstention constructive, le principe
du consentement à celui du consensus.
-
Créer
une agence européenne d’armement et de recherche stratégique : cette agence veillerait à l’harmonisation des
besoins opérationnels de l’Union. La nouvelle entité intégrerait les
coopérations existantes en matière d’armement et serait ouverte à
tous les Etats membres, voire à des pays tiers de l’Union européenne.
-
Créer
un Conseil des ministres de la Défense :
ce Conseil pourrait adopter des objectifs en fonction de l’évolution de
la situation internationale et surveillerait le respect des engagements
des Etats membres. Le Chef de l’agence européenne de l’armement, si
celle-ci venait à être créée, pourrait présenter un rapport annuel
devant ce Conseil.
Le rapport final du groupe de
travail « Défense » sera présenté à la Convention
lors de la prochaine session plénière du 20 décembre.
Le Président Valéry Giscard d’Estaing a rendu publique la
composition du groupe de travail sur l’Europe sociale, présidé par M.
Giorgios Katiforis et qui réunit soixante membres de la Convention.
Le mandat du groupe de travail, approuvé par le Présidium de la
Convention, s’articule autour des thèmes suivants :
-
les valeurs
essentielles de l’Union
-
les
objectifs généraux de l’Union
-
les compétences
de l’Union dans le domaine social
-
l’institutionnalisation
de la méthode ouverte de coordination
-
la
coordination économique et sociale
-
l’extension
de la codécision et de la majorité qualifiée aux matières sociales
-
le rôle
des partenaires sociaux
La première réunion du groupe de travail a eu lieu le vendredi 6 décembre à 13 heures, à l’issue de la session plénière de la Convention.
* *
La prochaine session plénière de la Convention se tiendra le 20 décembre. L’ordre du jour fixé par le Présidium prévoit un débat sur les rapports finaux des groupes de travail « Action extérieure » et « Défense ».
____________________________________________________________________________________________________________________________________________
Convention
européenne
Session plénière des 7 et 8 novembre 2002
Synthèse des débats
La Convention européenne
a tenu sa dixième session plénière les jeudi 5 et vendredi 6 novembre.
Les conventionnels ont débattu des conclusions des groupes de travail sur
la gouvernance économique et les compétences complémentaires, ainsi que
sur les premiers résultats des groupes de travail sur la
"simplification des instruments et des procédures" et sur "sécurité
et justice". Cette session fut aussi l’occasion de poursuivre le débat
engagé les 28 et 29 octobre sur l'avant projet de traité.
I – DÉBAT SUR LES CONCLUSIONS DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LA
GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE
M. Klaus Hänsch a présenté le rapport final du groupe dont il a dirigé
les travaux. Il a indiqué que le groupe avait "dégagé très peu de
consensus et beaucoup d'opinions divergentes". Il a précisé qu'un
accord était apparu au sein du groupe sur le maintien de la répartition
des compétences entre l'Union et les Etats membres, la compétence pour la
politique monétaire au sein de la zone Euro étant attribuée à l'Union et
gérée par la Banque centrale, et la compétence en matière de politique
économique restant de la responsabilité des Etats membres. Il y a eu un
accord au sein du groupe en faveur d'un renforcement et d'une amélioration
de la coordination en matière économique. En revanche, les moyens de cette
coordination ont été très discutés au sein du groupe. En ce qui concerne
l'Eurogroupe, une majorité du groupe de travail, tout en souhaitant son
maintien comme cadre de discussions informelles, a préconisé que les décisions
formelles de la zone Euro soient prises par le Conseil Ecofin, en réunissant
uniquement les Etats membres de la zone Euro. Le groupe a estimé que la
représentation extérieure de l'Eurogroupe devait être améliorée. Le
groupe a également discuté de l'insertion des éléments économiques et
sociaux dans les articles du traité relatifs aux objectifs de l'Union.
Dans le cadre du débat qui a suivi, une divergence est apparue entre
certains conventionnels plutôt favorables à un maintien du statu quo et
une majorité soutenant un renforcement des moyens de coordination. Des
lignes de quasi-consensus se sont néanmoins dégagées sur la nécessité
d'inclure les objectifs économiques et sociaux dans le Traité, et sur le
maintien de la répartition des compétences. En ce qui concerne la
coordination des politiques économiques, une majorité s'est déclarée
favorable à ce que la Commission puisse envoyer directement à l'Etat
membre concerné un premier avertissement sur la mise en œuvre des grandes
orientations de politique économique (GOPE). Quelques conventionnels ont
proposé que les GOPE ne soient plus de simples recommandations de la
Commission mais des propositions qui ne pourraient donc être modifiées qu'à
l'unanimité. Le Pacte de stabilité devrait, de l'avis quasi général,
rester un instrument politique et ne pas figurer dans le Traité. Une
majorité de Conventionnels ont souhaité que la Commission puisse adresser
un premier avertissement à l'Etat membre concerné par un déficit
excessif. Certains ont souhaité que, dans le cadre des phases ultérieures
de la procédure, le Conseil prenne ses décisions à la majorité qualifiée,
sur la base d'une proposition de la Commission.
En ce qui concerne la fiscalité, une majorité s'est déclarée favorable
à une extension du champ de la majorité qualifiée pour les taxes liées
au fonctionnement du marché intérieur. Une minorité, dont les
Britanniques, y est fortement opposée. Il n'y a pas eu d'accord sur
l'institutionnalisation de l'Eurogroupe. Certains ont suggéré qu'il prenne
la forme d'une coopération renforcée. Une orientation nette s'est dégagée
en faveur d'une représentation unique de la zone Euro sur le plan
international. L'inclusion dans le Traité de la méthode ouverte de
coordination a été préconisée par certains.
II – DÉBAT SUR L'EUROPE SOCIALE
Le débat sur l'Europe sociale a été engagé à partir d'une motion
demandant la création d'un groupe de travail dans ce domaine.
Les signataires de la motion souhaitent l'introduction dans le Traité
d'une clause horizontale permettant à l'Union d'agir plus efficacement en
matière sociale, l'extension de la majorité qualifiée et de la codécision
dans cette matière, des normes minimales dans le domaine du travail et de
la sécurité sociale.
La majorité des intervenants ont souligné l'importance des questions
sociales pour la Convention. Beaucoup ont souhaité le renforcement des
objectifs sociaux dans le Traité et ont préconisé l'inclusion de normes
minimales. L'importance du rôle des partenaires sociaux a été soulignée
par la majorité des intervenants. Une minorité (parlementaires
britanniques, et représentant du gouvernement suédois) se sont demandé si
la phase actuelle de stagnation économique et le contexte de l'élargissement
des exigences sociales au niveau européen.
Le Président Valéry Giscard d'Estaing a conclu qu'un consensus se dégageait
pour que les questions sociales soient incluses parmi les objectifs
principaux de l'union. Il a estimé qu'une large majorité était favorable
à la création d'un groupe de travail sur les questions sociales - qui
serait officialisé lors la prochaine session de début décembre - dont le
mandat porterait en particulier sur l'extension éventuelle des compétences
de l'Union dans ce domaine, l'idée d'une clause horizontale et le rôle des
partenaires sociaux.
III – DÉBAT SUR LE RAPPORT FINAL DU GROUPE DE TRAVAIL « COMPÉTENCES
COMPLÉMENTAIRES »
Le Président du groupe de travail sur les compétences complémentaires, M.
Henning Christophersen, a tout d'abord fait état des principales
conclusions du groupe. Il a indiqué que le groupe préconisait d'insérer
dans la première partie du Traité un titre distinct et unique consacré
aux compétences contenant une description succincte des compétences, la définition
des types de compétences, ainsi que les principes applicables à l'exercice
des compétences de l'Union. Le groupe a préconisé qu'aucun acte législatif
de l'Union ne peut être adopté au titre des compétences complémentaires
qu'il est proposé de requalifier "mesures d'appui". Le groupe a
par ailleurs évoqué le s principes devant
régir l'exercice des compétences de l'Union : attribution des compétences,
subsidiarité, proportionnalité, primauté du droit communautaire, mise en
œuvre au niveau national, solidarité et intérêt commun, respect des
identités nationales. Le "centre de gravité" d'une proposition
doit guider le choix de la base juridique (interférence entre compétences
fonctionnelles et compétences matérielles). L'article 308 doit être
maintenu, mais avec une procédure plus encadrée, et son application étendue
à tous les objectifs de l'Union.
L'approche proposée par le groupe a été largement critiquée lors du débat,
à l'exception des interventions des représentants britanniques, allemands,
et, à un moindre degré, autrichiens et nordiques, qui ont soutenu les
grandes lignes des propositions du groupe. Une majorité de conventionnels a
ainsi critiqué la proposition de reformulation de l'expression "une
Union sans cesse plus étroite" (Article 1 TUE). De nombreux
conventionnels ont par ailleurs exprimé leur désaccord avec l'idée d'insérer
dans le traité constitutionnel une "délimitation fondamentale des
compétences de l'Union", considérant qu'il s'agissait par ce biais de
remettre en avant la proposition d'un « catalogue des compétences »,
rejetée auparavant en plénière. Une large majorité s'est opposée à
l'idée d'établir un lien entre type de compétences et instruments, et
beaucoup se sont opposés à inclure la politique sociale ou la recherche
dans la liste des domaines de compétences complémentaires. Le renforcement
de l'encadrement de la procédure de l'article 308 a été critiqué par
beaucoup d'intervenants, ainsi que la clause de respect des identités
nationales.
En revanche, un consensus s'est dégagé autour de la proposition d'un titre
distinct dans le Traité couvrant les questions relatives aux compétences.
Le Président de séance, M. Jean-Luc Dehaene, a conclu que beaucoup de
points abordés par le groupe Christophersen restaient à éclaircir, à la
lumière du débat intervenu en plénière. Des éléments de réflexion
complémentaire pourront être apportés par le groupe sur la simplification
des traités.
IV – POURSUITE DU DÉBAT PRÉLIMINAIRE SUR L'AVANT PROJET DE TRAITÉ
CONSTITUTIONNEL
La suite du débat sur l'"architecture" du Traité a montré que
celle-ci était globalement bien accueillie, ainsi que son caractère
constitutionnel.
Parmi les commentaires spécifiques il convient de citer :
- la mise en valeur possible de l'Union des deux sources de légitimité
européennes, à travers l'idée du Congrès, et du mariage des approches
intergouvernementales et supranationales à travers la proposition d'une présidence
unique de l'Union ;
- la proposition selon laquelle la Convention devait élaborer l'ensemble du
Traité, y compris la deuxième partie ;
- l'Union devrait être définie non seulement comme union d'Etats, mais également
comme union de citoyens ;
- souhait de clarifier rapidement l'architecture institutionnelle :
l'ensemble du triangle institutionnel devrait être renforcé.
La proposition de Congrès a été de nouveau critiqué par beaucoup.
Certains ont évoqué l'idée selon laquelle il conviendrait de ne pas
mentionner le Congrès parmi les "institutions" mais dans une
autre partie du Traité, comme un forum destiné à accroître la
participation démocratique à la vie européenne.
Le Président a indiqué que le Présidium présenterait à la Convention à
partir de début 2003 des textes nourrissant le projet
d'"architecture", à partir des débats en plénière.
V – PRÉSENTATION DES TRAVAUX DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LA
« SIMPLIFICATION DES INSTRUMENTS ET DES PROCEDURES »
M. Guiliano Amato a présenté les premiers résultats de son groupe. Il a
souligné l'importance d'une simplification des instruments et des procédures
pour la vie démocratique en Europe. Il faut que les actes de même valeur
juridique disposent d'une même base de légitimité démocratique et donc
d'une même procédure. Il a souligné l'idée d'une extension de la codécision
- qui pourrait s'appeler "procédure législative" - et de la
simplification de la procédure de conciliation. S'agissant de la procédure
budgétaire il a évoqué la suppression de la distinction entre dépenses
obligatoires et non-obligatoires, qui bénéficie d'un soutien important au
sein du groupe. Il a noté qu'il convenait de déterminer qui - du Parlement
et du Conseil, -avait le dernier mot en matière de recettes et de dépense.
Le Président du groupe a noté que le nombre d'instruments pourrait être réduit
: loi‑cadre, loi, actes exécutifs, actes politiques. Il a enfin évoqué
la question de la séparation entre le législatif et l'exécutif.
Les conclusions du groupe seront présentées à la prochaine session plénière.
VI – PRÉSENTATION DES TRAVAUX DU GROUPE SUR L'"ESPACE DE
LIBERTÉ, DE SÉCURITÉ ET DE JUSTICE"
Le Président du groupe de travail, M. John Bruton, a souligné l'importance
du domaine concerné, et les attentes fortes des citoyens à ce sujet. Il a
considéré que pour les délits transfrontaliers - terrorisme, trafic de
personnes, de drogue, fraude, cybercriminalité - les Etats ne peuvent agir
isolément.
Parmi les principaux axes de travail du groupe le président a cité la coopération
judiciaire pénale - qui nécessite des normes minimales - l'importance de
la reconnaissance mutuelle des décisions, l'extension de la majorité
qualifiée. Le membres du groupes de travail se sont prononcés en faveur
d’un principe de solidarité financière en matière de gestion des frontières
extérieures de l’Union. Le groupe a également évoqué l'objectif d'un
procureur européen et la
question du contrôle politique des matières du 3ème pilier a été évoquée
au cours des interventions.
La prochaine session plénière de la Convention aura lieu les 5 et 6 décembre.
L’ordre du jour fixé par le Présidium prévoit un débat sur les
rapports finaux des groupes de travail « Justice et Affaires intérieures »
et « Simplification des instruments et des procédures ». Par
ailleurs, les présidents des groupes de travail « Action extérieure »
et « Défense » présenteront les orientations de leurs travaux.
Convention
européenne
Session plénière des 28 et 29 octobre 2002
Intervention de M. Pierre Lequiller lors de la session plénière de la Convention européenne sur ce site.
Synthèse des débats
La Convention européenne a tenu sa dixième session plénière les lundi 28 et mardi 29 octobre 2002. Cette session, particulièrement attendue, a marqué une étape importante dans le déroulement de nos travaux puisque le Président Valéry Giscard d’Estaing y a présenté un avant-projet de traité constitutionnel.
I – PRESENTATION D’UN AVANT-PROJET DE TRAITE CONSTITUTIONNEL
En
présentant, en ouverture de la session, un avant-projet de Traité
constitutionnel, le Président Valéry Giscard d'Estaing a
répondu à une demande formulée en juin dernier par la
Convention.
L’avant-projet s’articule en trois parties auxquelles viennent
s’ajouter des protocoles.
*L'architecture constitutionnelle et les institutions de l'Union
*Les politiques et la mise en œuvre des actions de l'Union
*Les dispositions générales et finales, assurant la continuité
juridique de l'Union.
Selon
cette architecture générale, le futur Traité constitutionnel
comporterait 414 articles, dont 205 devraient être repris intégralement
des traités existants, 136 devraient être légèrement modifiés et 73
articles réécrits, ou regroupés.
Un Traité unique devrait ainsi se substituer aux traités existants et
une entité nouvelle naîtrait de la fusion et de la modification des différents
traités de l'Union Européenne et de la Communauté européenne. Dans cet
esprit, le Président Valéry Giscard d'Estaing a proposé quatre noms
pour rebaptiser "l'Union" : "Communauté européenne",
"Union Européenne", "Etats-Unis d'Europe" ou
"Europe Unie". Il également suggéré une devise européenne,
qui pourrait être « liberté, justice, solidarité ».
Ce projet, bien plus qu'une simple structure, présente un nombre
important d'innovations constitutionnelles, parmi lesquelles il faut
mentionner :
la reconnaissance de la personnalité juridique de l'Union (article 4);
l’intégration de la Charte des droits fondamentaux (article 6) ;
la définition de catégories de compétences au sein de l'Union (Titre
III)
la fusion des trois piliers de l’Union et l’instauration d’un cadre
institutionnel unique. Seuls les domaines de la politique étrangère, de
la défense ainsi que le secteur de la police et des affaires intérieures
feraient l'objet de procédures particulières, définies par les articles
29, 30 et 31 ;
la création d'un Congrès des peuples d'Europe ;
une harmonisation des modes d'élection des parlementaires européens ;
le principe de publicité des délibérations du Parlement européen et du
Conseil des ministres, dans sa formation législative ;
le principe du financement de l’Union par des ressources propres ;
l’instauration d’une clause de retrait volontaire de l’Union européenne.
Cette "colonne vertébrale" présentée par le Président de la
Convention pose un cadre relativement général qui sera enrichi au fur et
à mesure des conclusions des différents groupes de travail et des débats
qui auront lieu en session plénière. Le Présidium envisage ainsi la rédaction
d'un premier projet de Traité
constitutionnel pour le début de l'année 2003.
L’avant-projet a été globalement bien accueilli par les
conventionnels, qui l’ont notamment qualifié "d'échafaudage
pertinent" (Elmar Brock) ou de "document bienvenu" (Hubert Haenel). La majorité des membres
s’est félicitée du respect de l’équilibre du triangle
institutionnel.
Néanmoins, la création de nouvelles institutions au sein de l'Union (Présidence
du Conseil, Congrès des peuples d’Europe) a soulevé certaines réticences,
émises essentiellement par des représentants du Parlement européen et
des « petits pays ». La suppression de la présidence
tournante du Conseil a été relativement critiquée tandis que l'idée
d'un Congrès a reçu un accueil réservé :
certains conventionnels l’ont nettement rejetée alors que
d'autres ont souhaité que ses fonctions soient précisées sans qu'aucune
compétence législative ne lui soit conférée.
Par ailleurs, un certain nombre de parlementaires ont signalé l'oubli au
sein du texte de l'Ombudsman européen et d’autres ont regretté
l'absence de référence aux parlements nationaux.
Aux différents points soulevés au cours du débat, le Président Valéry
Giscard d'Estaing a répondu que ce texte constituait un premier projet de
structure qui devait servir de cadre indicatif aux travaux de la
Convention. Il ne s’agit, à ce stade, que d’une discussion sur
l’architecture d’ensemble et non sur le contenu, qu’il appartiendra
à la Convention de préciser au fur et à mesure de ses travaux.
II – DEBAT SUR LE RAPPORT FINAL DU GROUPE DE TRAVAIL « PARLEMENTS NATIONAUX »
Mme
Gisela Stuart a présenté le rapport de son groupe de travail devant la
session plénière de la Convention. Ce rapport s’articule autour de
trois axes:
Le rôle des parlements nationaux en matière de contrôle des
gouvernements;
Le rôle des parlements nationaux dans le contrôle de l'application du
principe de subsidiarité ;
Le rôle et la fonction de la coopération multilatérale pour la
participation des parlements nationaux au niveau européen.
L'objectif de l'ensemble de ces propositions consiste à associer plus étroitement
les Parlements nationaux au processus de décision au sein de l'Union
européenne. Les propositions législatives et les documents de
consultation devraient être directement transmis par la Commission européenne
aux Parlements nationaux qui devraient pouvoir, s'ils le souhaitent, lui
faire part de leurs observations. La Commission devrait également leur présenter
son programme législatif annuel.
Une meilleure coordination des Parlements nationaux est indispensable pour
renforcer l’efficacité de leur contrôle. C’est dans cet esprit que
le groupe de travail préconise une renforcement de la COSAC, afin que
cette structure de coopération interparlementaire puisse pleinement
assurer son rôle de réseau d'échange et de coordination entre les
parlements.
La question de la création d'un Congrès, réunissant des représentants
des Parlements nationaux et du Parlement européen, a été débattue par
le groupe de travail mais devra être tranchée par la Convention elle-même.
Au cours du débat en séance plénière, de nombreux conventionnels ont
mis en garde contre la création d’une institution supplémentaire, tout
en reconnaissant – pour la plupart d’entre eux – la nécessité
d’approfondir cette idée de Congrès.
III – DEBAT SUR LE RAPPORT FINAL DU GROUPE DE TRAVAIL « CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX »
M.
Antonio Vitorino a présenté le rapport final de son groupe de travail en
mettant particulièrement l'accent sur les lacunes actuelles au niveau de
la protection juridique des citoyens, plaidant ainsi pour une réforme du
système de saisine à la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE).
M. Vitorino a rappelé qu'il appartenait à la session plénière de la
Convention de décider ou non de l'intégration de la Charte dans le futur
Traité constitutionnel, ainsi que de l'adhésion éventuelle de l'Union
à la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), le groupe
n'ayant vocation qu’à proposer des modalités techniques.
Le débat qui a suivi l’exposé de M. Vitorino a été marqué par un
net partage entre les deux options présentées par le groupe de travail
concernant l'intégration de la Charte. Une courte majorité se dégage
toutefois pour l'inclusion dans le futur Traité constitutionnel d'un
article faisant référence à la Charte. De nombreux intervenants se sont
cependant exprimés en faveur de l'autre option, qui intègre le texte intégral
de la Charte au Traité.
La proposition qui vise à faire du préambule de la Charte le préambule
du Traité constitutionnel a fait l’objet d’un large consensus.
Le statut des explications annexées à la Charte, celles du Présidium
de la Convention sur la Charte des droits fondamentaux ainsi que celles du
groupe de travail "Charte", a fait l'objet d'un débat au sein
de la Convention. Le président du groupe de travail, ainsi que certains
conventionnels ont souhaité que ces documents soient annexés à la
Charte, alors que d'autres conventionnels ne leur reconnaissent aucune
valeur juridique.
Au-delà de ces éléments, le principe de l'intégration de la Charte a
été accepté par l’ensemble des intervenants, et notamment par le représentant
du Gouvernement britannique, Peter Hain, qui a assuré l'accord de son
pays à condition que les modifications prévues par le groupe de travail
soient acceptées.
L'adhésion de l’Union à la CEDH a soulevé moins de remarques au sein
de la Convention. Un consensus semble se former autour de l'intégration
d'une clause au sein du futur Traité autorisant le Conseil à ouvrir les
négociations d'adhésion.
IV – EXPOSE DES CONCLUSIONS PROVISOIRE DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LA « GOUVERNANCE ECONOMIQUE DE L’UNION »
Le
groupe de travail présidé par M. Klaus Hänsch a rencontré un certain
nombre de difficultés qui ne lui permettent pas dégager un véritable
consensus sur des recommandations communes.
Le groupe a centré ses travaux sur les deux domaines de la politique monétaire
et de la politique économique, pour en dégager les réformes
institutionnelles nécessaires. L’absence d’accord d’ensemble a
conduit le groupe de travail à préconiser un relatif statut quo vis-à-vis
de la situation actuelle.
Le fonctionnement du Système Européen de Banques Centrales (SEBC), ainsi
que les statuts de la BCE n'ont pas été remis en cause par le groupe de
travail même si une partie du groupe a estimé que la transparence de ce
système pourrait être améliorée.
Les outils de la politique économique ont également été détaillés
par le groupe de travail : la méthode ouverte de coordination, les
grandes orientations de la politique économique (GOPE), le pacte de
stabilité et de croissance, les compétences en matière fiscale
de l'Union. Ces outils pourraient être perfectionnés et la
Commission devrait disposer de prérogatives renforcées pour leur mise en
œuvre.
Le groupe a enfin convenu que le Conseil des Ministres « Ecofin »
devrait être la seule enceinte de décision concernant les pays de la
zone euro, l'Eurogroupe n'étant qu'un organe de consultation.
Un nombre significatif de conventionnels a enfin souhaité mettre l'accent
sur la nécessité de faire plus explicitement référence aux politiques
sociales de l'Union. Cette question sera plus amplement développée lors
du débat prévu en session plénière les 7 et 8 novembre.
V – EXPOSE DES CONCLUSIONS PROVISOIRES DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LES « COMPETENCES COMPLEMENTAIRES »
Les
membres du groupe présidé par M. Henning Christophersen ont décidé de
recentrer leur mandat, en renommant leur objet d'étude "mesures
d'appui", terme qui leur a semblé plus adéquat. Ces mesures d'appui
s'appliquent aux domaines dans lesquels les Etats membres ont conservé
leurs compétences législatives, mais où l'Union vient soutenir et compléter
les politiques nationales, soit par des actes juridiques contraignants ou
non (programmes, résolutions, orientations) soit par un soutien
financier.
Si l'idée d'un catalogue détaillé des compétences de l'Union et des
Etats membres avait été écartée lors des débats préliminaires de la
Convention, le groupe de travail propose d'établir une délimitation
fondamentale des compétences de l'Union dans chaque domaine. Les compétences
exclusives de l'Union pourraient ainsi être renommées "compétences
de l'Union".
Le groupe de travail demande la création d'un chapitre au sein du futur
traité qui préciserait les cinq principes liés aux conditions
d'exercice des compétences : la subsidiarité, la proportionnalité, la
primauté du droit communautaire, la mise en œuvre et l'exécution au
niveau national et l'obligation de motiver les actes au regard de ces
principes. Cette proposition a ainsi été reprise à l'article 8 de
l’avant-projet de Traité constitutionnel.
La prochaine session plénière de la Convention aura lieu les 7 et 8
novembre. Le Présidium a fixé l’ordre du jour suivant :
Débat sur le rapport final des groupes de travail "Gouvernance économique"
et "Compétences complémentaires"
;
Présentation des premières conclusions des groupes de travail
"Simplification des instruments et des procédures" et "Sécurité
et Justice".
Le débat préliminaire sur l'avant projet d'architecture institutionnelle
sera également poursuivi.
Convention
européenne
Session plénière des 3 et 4 octobre 2002
Intervention de M. Pierre Lequiller lors de la session plénière de la Convention européenne sur ce site ou sur le site de la Convention.
Synthèse des débats
La 9ème session plénière de la Convention européenne
s’est déroulée à Bruxelles les 3 et 4 octobre 2002. Les débats ont
porté sur les conclusions de deux groupes de travail : l’un sur la
personnalité juridique de l’Union, présidé par M. Giuliano Amato, et
l’autre sur le contrôle du principe de subsidiarité, présidé par M.
Inigo Mendez de Vigo. Par ailleurs, les premières orientations des
groupes de travail sur l’intégration dans le traité de la Charte des
droits fondamentaux et sur le rôle des parlements nationaux ont été présentées
aux membres de la Convention.
Les sessions plénières sont désormais exclusivement consacrées à des
échanges de vue sur les propositions des différents groupes de travail.
Cette méthode, qui traduit une accélération des travaux de la
Convention, se révèle efficace pour dégager les points d’accord et
les divergences sur des orientations précises en permettant à chacun de
prendre position. Il appartiendra ensuite au Présidium, sur le fondement
des débats en plénière, d’élaborer un projet de synthèse, en tenant
compte de la diversité des opinions exprimées. Le Président Valéry
Giscard d’Estaing a par ailleurs indiqué qu’un projet de structure de
traité sera présenté lors de la prochaine session plénière des 28 et
29 octobre.
I – DEBAT SUR LES CONCLUSIONS DU GROUPE DE TRAVAIL « PERSONNALITE JURIDIQUE DE L’UNION »
Le vice-Président Giuliano Amato a présenté les conclusions du
groupe de travail qu’il préside sur la personnalité juridique de
l’Union. Il a tout d’abord dressé le constat de l’ambiguïté
actuelle sur le statut juridique de l’Union,
et a souligné qu’il était difficile pour les citoyens eux-mêmes
de comprendre quels sont leurs droits à l’égard de l’Union.
Pour remédier à cette ambiguïté, la reconnaissance explicite de
la personnalité juridique de l’Union devrait s’accompagner d’une
fusion avec la Communauté européenne, l’Union assumant alors les
obligations de la Communauté. L’Union européenne disposera dès lors
de la possibilité d’ester en justice mais, en contrepartie, pourra être
poursuivie devant les tribunaux. La fusion de l’Union avec la Communauté
suppose implicitement la fusion des traités.
De même, le maintien de la structure en piliers serait dépassé, ce qui
n’implique pas de supprimer la différenciation des procédures.
Par ailleurs, une distinction pourrait être établie entre un
volet constitutionnel et un volet reprenant l’acquis des politiques
communautaires, au sein du futur traité unique.
M. Giuliano Amato a ensuite souligné les principales conséquences
juridiques de l’octroi à l’Union de la personnalité juridique :
droit de conclure des traités, droit d’agir devant des instances
internationales, droit d’adhérer à des institutions internationales et
droit d’adhérer à des conventions internationales (notamment la
Convention européenne des droits de l’homme).
Concernant les relations extérieures, les recommandations du groupe
proposent que la conduite des négociations soit confiée à la Commission
ou à la présidence du Conseil des ministres, en fonction de l’objet de
l’accord. L’hypothèse d’une fusion entre le Haut Représentant et
le Commissaire chargé de l’action extérieure renforcerait la cohérence
du schéma envisagé. Par ailleurs, les actes relevant des titres V et VI
du traité devraient en principe être soumis à la CJCE.
Le débat qui s’est engagé à l’issue de l’exposé de M.
Giuliano Amato a fait apparaître un consensus sur les propositions du
groupe de travail consistant à ce que l’Union européenne
dispose d’une personnalité juridique unique se substituant à
celle des organisations existantes. Plusieurs intervenants ont souhaité
étendre cette fusion au traité Euratom. Il a par ailleurs été convenu
de confier au groupe de travail sur l’action extérieure présidé par
M. Jean-Luc Dehaene, le soin d’examiner les conséquences à tirer de la
personnalité juridique de l’Union en matière d’action extérieure.
Un nombre significatif de conventionnels s’est prononcé en faveur de la
fusion des piliers, dans le prolongement de la fusion des traités, tout
en souhaitant le maintien de procédures spécifiques selon les matières
traitées. Le Président Valéry Giscard d’Estaing a lui-même déclaré
que la fusion des traités rendrait anachronique le maintien de la
division en piliers mais que les procédures devraient restées différenciées,
reflétant ainsi la diversité des matières concernées.
II – DEBAT SUR LES CONCLUSIONS DU GROUPE DE TRAVAIL « SUBSIDIARITE »
M. Inigo Mendez de Vigo a présenté les conclusions
du groupe de travail qu’il préside sur le contrôle du principe de
subsidiarité. L’application de ce principe et les modalités de son
contrôle doivent être améliorées. Cependant le groupe a rejeté la création
d’un nouvel organe, considérant qu’il convient de ne pas aggraver la
complexité institutionnelle.
Les mécanismes de contrôle de la subsidiarité doivent prendre en compte
la double nature politique et juridictionnelle de ce principe.
C’est pourquoi le groupe propose un contrôle politique ex ante
puis, le cas échéant, un contrôle juridictionnel ex post. Il est proposé
d’associer directement et individuellement chaque Parlement national –
et plus précisément chaque chambre – à l’exercice de ce double
contrôle.
Les conclusions du groupe font apparaître trois
orientations principales :
Une meilleure prise en compte du principe de subsidiarité lors de
la phase d’élaboration et de proposition des actes législatifs :
la Commission devrait consulter le plus tôt possible l’ensemble des
acteurs concernés. Elle doit, lors de l’élaboration de ses
propositions législatives, justifier la prise en compte du principe de
subsidiarité par le biais d’une « fiche subsidiarité ». Le
programme législatif annuel de la Commission doit également être considéré
sous l’angle de la subsidiarité. La création d’un « Monsieur
Subsidiarité » au sein de la Commission a été proposée, mais
n’a pas retenu un soutien majoritaire.
L’instauration d’un mécanisme d’alerte précoce (contrôle
politique, ex ante) : le mécanisme d’alerte précoce permet aux
Parlements nationaux d’exercer un contrôle politique ex-ante de la
subsidiarité. Le groupe de travail propose ainsi que la Commission
adresse systématiquement et directement ses propositions législatives
aux parlements nationaux. Dans un délai de 6 semaines, chaque chambre
aurait la faculté d’émettre un avis motivé adressé directement à la
Commission européenne. Dans le cas où la Commission recevrait un nombre
significatif d’avis sur une proposition législative, elle serait alors
tenue de réexaminer sa position et pourrait soit modifier sa proposition,
soit la maintenir, soit la retirer.
L’ouverture d’un droit de saisine directe de la Cour de justice
par chaque assemblée (contrôle juridictionnel ex post) : seule une
assemblée ayant formulé un avis motivé dans le cadre du système
d’alerte précoce pourrait avoir le droit de saisir la Cour de Justice
une fois l’acte adopté, pour violation du principe de subsidiarité. Ce
droit de saisine pourrait également être ouvert au Comité des Régions,
pour les actes législatifs qui lui ont été soumis pour avis et pour
lesquels il a émis des objections concernant la subsidiarité. Le groupe
de travail a estimé que l’association directe des collectivités
territoriales au contrôle de la subsidiarité ne pouvait être retenue,
l’organisation territoriale interne relevant de la compétence de chaque
Etat membre.
Au cours du débat qui a suivi l’exposé de M. Inigo Mendez de Vigo,
plusieurs remarques ont été formulées. Si une large majorité de
conventionnels a salué la pertinence des propositions du groupe de
travail, et le caractère innovant du
mécanisme d’alerte précoce qui permet d’associer directement les
parlements nationaux au contrôle de la subsidiarité, des réserves ont
été émises sur les points suivants :
l’existence d’un lien entre le dépôt par une chambre d’un avis
motivé ex ante, et la possibilité qui lui serait reconnue de saisir ex
post la Cour de justice devrait être supprimée afin de ne pas encourager
les parlements nationaux à systématiser le dépôt d’avis motivés
dans le seul but de prendre date en vue d’un éventuel recours devant la
Cour de Justice ;
la fixation d’un seuil à partir duquel la Commission serait tenue de réexaminer
sa proposition risque d’altérer son pouvoir d’initiative ;
le droit de saisine reconnue à chaque chambre provoquerait une inégalité
de traitement entre les Parlements monocaméraux et bicaméraux, et peut
conduire à des prises de position contradictoires au sein d’un même
Parlement ;
l’hypothèse de confier le contrôle juridictionnel ex post à la Cour
de Justice des Communautés européennes a été contestée par plusieurs
conventionnels qui prônent la création d’un organe
politico-juridictionnel ad hoc s’inspirant, par exemple, du Conseil
constitutionnel français.
En conclusion de ce débat, le Président Valéry Giscard d’Estaing a
pris acte d’un large accord sur le principe d’un contrôle politique
ex ante fondé sur le mécanisme d’alerte précoce envisagé par le
groupe de travail. Mais la discussion reste ouverte sur les modalités
techniques de ce contrôle et le Présidium fera, le moment venu, des
propositions à la Convention.
III – PRESENTATION DES ORIENTATIONS DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LA CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX
M. Antonio Vitorino a dressé un rapport oral de l’état
d’avancement des travaux du groupe de travail qu’il préside sur
l’intégration de la Charte des droits fondamentaux dans le futur traité
constitutionnel. Il a fait part du consensus qui s’est dégagé au sein
de son groupe pour incorporer la Charte dans le traité, afin de la rendre
juridiquement contraignante. Une large majorité des membres souhaite que
l’insertion intervienne au début du traité, tandis qu’une minorité
est favorable à ce qu’il soit fait référence à la charte dans le
traité, mais que le texte de celle-ci ne figure qu’en annexe.
M. Antonio Vitorino a souligné la préoccupation des membres du
groupe pour que l’intégration de la charte n’altère pas la répartition
des compétences entre l’Union et les Etats membres. Si le groupe est
nettement favorable à l’adhésion de l’Union à la Convention européenne
des droits de l’homme (CEDH), cela ne doit en aucun cas altérer la
position individuelle des Etats membres à l’égard de la CEDH,
notamment en ce qui concerne les réserves qu’ils ont pu émettre à
l’égard de certaines dispositions de la Convention. Une adhésion de
l’Union à la CEDH permettrait un rapprochement des jurisprudences de la
Cour européenne des droits de l’homme et de la Cour de justice des
Communautés européennes.
Lors du débat qui a suivi l’exposé de M. Antonio Vitorino
(qualifié de « bonbon pour l’esprit » par le Président Valéry
Giscard d’Estaing), les interventions ont notamment porté sur le statut
du préambule de la Charte qui devrait, selon une majorité de
Conventionnels, constituer le préambule du futur traité constitutionnel.
Seule une minorité d’intervenants a souhaité rouvrir la négociation
sur le contenu de la Charte, tandis que plusieurs membres se sont interrogés
sur les modalités juridiques, pour l’avenir, de révision de la Charte.
Les conclusions définitives du groupe de travail seront exposées lors de la prochaine session plénière des 28 et 29 octobre 2002.
IV – PRESENTATION DES ORIENTATIONS DU GROUPE DE TRAVAIL SUR « LE ROLE DES PARLEMENTS NATIONAUX »
Mme Gisela Stuart a fait une présentation orale de
l’état d’avancement des travaux du groupe de travail qu’elle préside
sur le rôle des Parlements nationaux.
Les réflexions du groupe s’orientent dans trois directions :
Le rôle des Parlements nationaux dans le contrôle du principe de
subsidiarité : le groupe de travail approuve dans ses grandes lignes
les conclusions du groupe « subsidiarité » présidé par M.
Inigo Mendez de Vigo. Le mécanisme « d’alerte précoce »
est salué comme une innovation intéressante permettant, pour la première
fois, d’associer directement les Parlements nationaux à la construction
européenne. Cependant, certaines réserves sont formulées :
D’une part, la possibilité reconnue aux parlements nationaux
d’adresser un avis motivé à la Commission européenne, ne doit pas
conduire à restreindre le pouvoir d’initiative de celle-ci. Il faut
laisser à la Commission la liberté d’apprécier si elle doit ou non réviser
sa proposition législative et ne pas fixer de seuil à partir duquel la
Commission serait contrainte de retirer sa proposition.
D’autre part, la possibilité reconnue aux parlements nationaux de
saisir la Cour de justice dans le cadre d’un contrôle juridictionnel
ex-post ne doit pas être conditionnée par le dépôt en amont, d’un
avis motivé adressé à la Commission.
L’analyse des meilleures pratiques au sein de l’Union européenne et
parmi les pays candidats : depuis le mois de juillet, le groupe de
travail a procédé à une étude comparative des différents systèmes de
contrôle parlementaire des affaires européennes dans les pays membres de
l’Union et dans les pays
candidats, sur la base des rapports oraux et écrits réalisés par les
membres du groupe. La diversité des modalités du contrôle parlementaire
a été soulignée, le mécanisme le plus contraignant pour les
gouvernements étant celui des pays scandinaves (Danemark, Suède et
Finlande). Le groupe ne propose pas d’imposer un modèle unique – ce
qui serait contraire au principe de subsidiarité – mais d’intégrer
dans le traité des objectifs à atteindre, sur la base des meilleures
pratiques constatées. Dans cet esprit, le Protocole sur les Parlements
nationaux, annexé au traité d’Amsterdam, pourrait être révisé afin
d’y introduire l’obligation pour les gouvernements d’informer leurs
Parlements respectifs tout au long de la procédure d’élaboration des
actes communautaires. Il devrait également être proposé de rendre
publiques les réunions du Conseil des ministres, lorsque celui-ci se réunit
dans sa formation législative.
Le développement des structures et des mécanismes interparlementaires :
le groupe de travail a insisté sur la nécessité de renforcer le
dialogue et la coopération entre le Parlement européen et les parlements
nationaux, qui représentent deux légitimités plus complémentaires que
concurrentes. La Cosac doit être renforcée afin de permettre une mise en
réseau des parlements nationaux, susceptible d’améliorer les mécanismes
de contrôle. Si le groupe a un temps écarté l’hypothèse de la création
d’un Congrès (perçu comme l’instauration d’une troisième chambre
concurrente du Parlement européen), l’idée est désormais à l’ordre
du jour. Le Congrès, dont il convient de définir précisément la
composition et les compétences, ne serait pas une nouvelle institution,
mais une réunion périodique de délégués du Parlement européen et des
parlements nationaux.
En réaction à cet exposé, dont la qualité a été saluée par
l’ensemble des intervenants, les conventionnels ont marqué leur accord
sur l’objectif visant à améliorer, dans chaque Etat membre, le contrôle
parlementaire sur les gouvernements nationaux par un échange
d’informations et de bonnes pratiques. Mais surtout, le débat a été
marqué par la progression de l’idée d’un Congrès réunissant des
représentants du Parlement européen et des Parlements nationaux. Même
si ce Congrès reste à ce stade, selon les propos de M. Peter Hain (représentant
du gouvernement britannique) un « objet institutionnel non identifié »,
les intervenants ont souligné la nécessité d’approfondir, sans a
priori, la réflexion sur ce sujet. L’idée d’un « Congrès
des peuples d’Europe » avait été évoquée par le Président Valéry
Giscard dans la presse dans le courant de l’été ; « il faut
lui laisser le temps de faire son chemin », a-t-il déclaré en
marge de la session plénière.
V – MOTION SUR L’EUROPE SOCIALE
La Convention a débattu d’une motion présentée par 42
conventionnels, demandant un débat sur l’Europe sociale en session plénière
ainsi que la création d’un groupe de travail consacré à cette
question. La présentation de cette motion, défendue par Mme
Sylvia-Yvonne Kaufmann (représentante du Parlement européen), a été
suivie d’un échange de vues sur le périmètre du mandat de la
Convention et sur sa légitimité à traiter du contenu des politiques,
au-delà du sujet de la répartition des compétences. Mais les
co-signataires de la motion ont néanmoins insisté sur l’incompréhension
que ressentiraient les citoyens à l’égard d’une Convention traitant
de la gouvernance économique sans mener une réflexion parallèle sur
l’architecture d’un modèle social européen.
En réponse à cette demande, le Président Valéry Giscard
d’Estaing a proposé que la Convention débatte en plénière de
l’Europe sociale, à la suite de la présentation des conclusions du
rapport du groupe de travail présidé par M. Klaus Hänsch sur la
gouvernance économique. Ce n’est qu’à l’issue de ce débat ,
prévu le 8 novembre, qu’il sera décidé ou non de créer un groupe de
travail spécifiquement consacré au thème de l’Europe sociale.
La prochaine session plénière de la Convention aura lieu les 28
et 29 octobre. Cinq points figurent à l’ordre du jour provisoire établi
par le Présidium :
la présentation par le Présidium d’une première esquisse de la
structure du futur traité constitutionnel ;
un débat sur la Charte, sur la base du rapport du groupe de travail ;
un débat sur les parlements nationaux, sur la base du rapport du groupe
de travail ;
une présentation orale des orientations du groupe de travail sur les compétences
complémentaires ;
une présentation orale des orientations du groupe de travail sur la
gouvernance économique.
Convention
européenne
Session plénière des 12 et 13 septembre 2002
Document
de travail de la Convention relatif à la simplification des procédures
législatives.
Intervention
de M. Pierre Lequiller lors de la session plénière de la Convention
européenne.
Synthèse des débats
Pour sa session de rentrée, la Convention européenne a traité de la simplification des procédures législatives et des instruments juridiques de l’Union. Préalablement au débat général, le Président Valéry Giscard d’Estaing a souhaité apporter des précisions sur le calendrier de travail de la Convention et sur les initiatives du Présidium.
Un projet de structure de traité constitutionnel sera présenté lors de la session plénière des 28 et 29 octobre. Ce texte comportera vraisemblablement deux parties : la première de nature constitutionnelle, la seconde reprenant et consolidant l’acquis des traités en tenant compte des modifications induites par la première partie. Précisant que le Présidium ne s’était pas encore prononcé sur la forme juridique du futur traité constitutionnel, le Président Valéry Giscard d’Estaing a évoqué trois options : la consolidation des traités existants, leur codification ou leur fusion. Si l’option de la fusion est retenue, celle-ci ne pourrait cependant pas se résumer à une simple juxtaposition des textes. Le Président Valéry Giscard d’Estaing a alors indiqué que sa préférence allait vers un texte unique comportant plusieurs parties, et complété par des protocoles.
Les sessions plénières prévues jusqu’à la fin du mois de décembre devraient permettre d’étudier les propositions de l’ensemble des dix groupes de travail a présent constitués. Ces différents débats orienteront le Présidium qui devra bâtir une proposition de traité plus étoffée en vue de la session plénière du mois de janvier. Un calendrier de travail a par ailleurs été présenté, qui envisage de clore les travaux de la Convention en juin 2003.
Le Président Valéry Giscard d’Estaing a enfin souligné l’importance des contributions reçues, qu’elles émanent de groupes politiques ou de conventionnels et a rappelé son objectif d’avancer vers un consensus en évitant de « présenter un texte prématuré à tous ceux qui rêvent de le tailler en pièces et qui ont déjà sorti leurs couteaux »…
I – Débat général sur la simplification des procédures législatives et des instruments juridiques de l’Union.
D’une apparence technique, ce thème a rapidement fait apparaître sa dimension politique et donné lieu à un débat sur les moyens de renforcer l’efficacité décisionnelle des institutions européennes. Soulignant que la simplification n’est pas un objectif en soi, Peter Hain, représentant du gouvernement britannique, a estimé qu’il ne fallait pas sacrifier l’efficacité sur l’autel de la simplicité, rappelant que les citoyens ne s’intéressent pas à la procédure mais aux résultats.
Pour l’essentiel, les interventions ont porté sur :
- La réduction des instruments juridiques de l’Union et l’amorce
d’une hiérarchie des normes européennes.
Comparant la construction juridique européenne aux « cathédrales
construites à travers les siècles », le vice-Président de la
Convention Giuliano Amato a plaidé pour une diminution du nombre des
instruments juridiques à quelques catégories simples et claires. Chaque négociation
et chaque traité a ajouté sa procédure supplémentaire à l’édifice
européen, conduisant à une complexification accrue des mécanismes décisionnels.
Or le citoyen européen attend une plus grande clarté du vocabulaire et
un consensus s’est rapidement établi en faveur d’un changement de
l’appellation des normes européennes qui devraient prendre le nom de
« lois-cadres » et de « lois ».
Michel Barnier, représentant de la Commission, a implicitement suggéré
l’établissement d’une hiérarchie des normes en distinguant les
« lois européennes » pour les règlements, les « lois-cadres »
au lieu des directives et les « lois organiques » lorsqu’elles
ont un effet constitutionnel. Pour sa part, Pierre Lequiller a prôné une
distinction entre un traité constitutionnel unique, les lois européennes
et les règlements d’exécution pris par la Commission européenne sous le
double contrôle du Conseil et du Parlement européen.
Dans ce domaine de l’exécution des décisions communautaires, de nombreux
conventionnels ont insisté sur le besoin de simplifier les procédures de
comitologie en en réduisant sensiblement le nombre. Pour autant, Michel
Barnier a précisé que la Commission avait besoin de cette expertise
technique et que, dans la plupart des cas, la multiplication des comités résultait
de demandes formulées par les Etats membres.
-
L’extension de la procédure de codécision.
Il existe actuellement 22 procédures législatives différentes selon
les organes qui interviennent et 4 types de procédures d’implication du
Parlement européen. Cette différenciation résulte notamment de la
structure de l’Union en piliers ; mais un rapprochement voire une
fusion des piliers ne doit pas conduire à supprimer un particularisme
juridique rendu nécessaire pour la bonne marche de l’Union, notamment
dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune.
Dans les matières communautarisées, l’objectif d’une réduction du
nombre des procédures législatives doit permettre d’élargir le recours
à la codécision, qui doit devenir la procédure de « droit commun »
de l’Union, en plaçant le Conseil et le Parlement européen sur un pied
d’égalité. De nombreux conventionnels ont plaidé pour l’extension de
la codécision à la procédure budgétaire, et souhaité la suppression de
la distinction entre dépenses obligatoires (DO) et dépenses non
obligatoires (DNO).
Un consensus est enfin apparu sur l’opportunité de supprimer la procédure
de coopération instaurée par l’Acte unique européen, mais devenue obsolète
au regard de l’extension continue de la codécision.
C’est d’une façon plus générale un renforcement de l’élément
parlementaire qui a été prôné par les représentants du Parlement européen
et des Parlements nationaux, notamment dans les matières relevant des 2e
et 3e piliers, mais aussi dans les procédures de révision des
traités européens.
-
L’extension du vote à la majorité qualifiée.
Corollaire de la généralisation progressive de la procédure de codécision,
l’extension du vote à la majorité qualifiée au Conseil est apparue
comme une priorité pour un grand nombre de Conventionnels. Le maintien de
la règle de l’unanimité risque en effet de conduire l’Union élargie
à la paralysie décisionnelle. Henning Christophersen, représentant du
gouvernement danois, a même proposé d’abaisser les seuils actuels de
calcul de la majorité qualifiée et de la remplacer, dans certains cas, par
la majorité simple.
-
Le droit d’initiative de la Commission.
C’est sur ce thème que le débat fut le plus animé entre les
partisans de la méthode communautaire et ceux de la méthode
intergouvernementale, sans qu’intervienne un consensus. La demande d’un
partage du droit d’initiative a notamment été évoquée par des représentants
du Parlement européen qui estiment que si le Conseil des ministres s’est
octroyé un droit d’initiative dans les 2e et 3e
piliers, rien n’a été prévu pour le Parlement européen dont
l’association est jugée insuffisante. Hubert Haenel, représentant du Sénat
français, a quant à lui plaidé pour la reconnaissance d’un droit
d’initiative partagé dans le cas d’une communautarisation des 2e
et 3e piliers. Enfin, Gianfranco Fini, représentant du
gouvernement italien, s’est prononcé pour une « atténuation »
du monopole d’initiative de la Commission, tout en insistant sur le rôle
de médiateur qu’exerce cette institution en cas de désaccord entre le
Conseil et le Parlement. En réponse à ces interventions, Michel Barnier a
vivement réagi en soulignant que dans l’immense majorité des cas, la
Commission exerce en réalité son pouvoir d’initiative à la demande du
Conseil ou du Parlement européen. Affirmant que la Commission est « très
perméable à ce qui « vient de l’extérieur », il
s’est montré réticent à un partage du droit d’initiative qui, selon
lui, n’a pas fait ses preuves dans le 2e et 3e
piliers.
Ce débat général sur la simplification des instruments et des procédures
a ainsi permis de dégager un consensus tant sur la réduction du nombre
d’instruments et de procédures que sur une clarification du vocabulaire
juridique. Un accord est intervenu sur l’extension de la codécision et du
vote à la majorité qualifiée, même si les modalités précises de ces réformes
n’ont pas été évoquées. Il appartiendra au groupe de travail présidé
par M. Giuliano Amato sur la simplification des procédures législatives et
des instruments d’explorer les voies envisageables et de soumettre ses
conclusions à l’assemblée plénière de la Convention.
II – Présentation des rapports d’étape des groupes de travail « subsidiarité » et « personnalité juridique ».
A l’issue du débat général sur la simplification des procédures législatives et des instruments juridiques de l’Union, le Président Valéry Giscard d’Estaing a invité MM. Inigo Mendez de Vigo et Giuliano Amato a présenter un rapport d’étape de leur groupe de travail :
Exposé de M. Inigo Mendez de Vigo sur l’état d’avancement du
groupe de travail sur le contrôle du principe de subsidiarité.
Lors de son exposé, M. Mendez de Vigo a indiqué à la Convention que
son groupe de travail ne souhaitait pas la création d’un nouvel organe de
contrôle de la subsidiarité, qui ne ferait qu’ajouter à la complexité
du système institutionnel actuel. Il a revanche précisé les modalités du
mécanisme d’alerte rapide préconisé. L’innovation majeure consiste à
associer les Parlements nationaux, individuellement, au contrôle du
principe de subsidiarité en leur permettant d’adresser un avis motivé à
la Commission s’ils estiment que le principe de subsidiarité n’est pas
respecté. Si un nombre significatif de parlements adressent ce « carton
jaune », la Commission serait tenue de réexaminer sa proposition, et
pourrait la retirer, la modifier ou la maintenir. La mise en œuvre de cette
procédure aurait également pour effet positif d’assurer une information
continue des Parlements nationaux sur l’élaboration des textes
communautaires et l’état d’avancement des négociations, sans pour
autant leur accorder un droit de veto susceptible de bloquer le processus législatif.
Si, après l’adoption définitive de l’acte, un parlement national
estime malgré tout qu’il existe une violation du principe de subsidiarité,
il devrait pouvoir saisir directement la CJCE qui exercerait alors un contrôle
juridictionnel. En l’état actuel des travaux de groupe, il est proposé
de conditionner la possibilité reconnue à un Parlement national
d’exercer un recours juridictionnel au dépôt en amont, d’un avis motivé.
Sur ce point, le Président Valéry Giscard d’Estaing a mis en garde
contre la dérive qui pourrait résulter de ce lien entre le dépôt d’un
avis et la faculté d’exercer un recours devant la CJCE.
Le débat qui a suivi l’intervention de M. Mendez de Vigo a fait ressortir
un accord sur les principales orientations formulées : le mécanisme
envisagé permet en effet de combiner un contrôle politique a priori avec un contrôle juridictionnel a posteriori et associe directement les parlements nationaux sans
pour autant créer un nouvel organe. Cependant, des précisions devront être
apportées sur plusieurs points, notamment :
- l’élaboration d’une définition juridique de la subsidiarité, nécessaire
au contrôle juridictionnel de la CJCE,
- les délais de saisine,
- les conséquences de l’insécurité juridique liée au contrôle a
posteriori du principe de subsidiarité.
Exposé
de M. Giuliano Amato sur l’état d’avancement du groupe de travail sur
la personnalité juridique de l’Union.
M. Giuliano Amato a indiqué à la Convention que son groupe de travail
s’orientait vers une reconnaissance explicite de la personnalité
juridique de l’Union, suggérant implicitement une fusion de l’Union
européenne avec la Communauté européenne. Ceci, a-t-il déclaré, est nécessaire
pour lever l’ambiguïté actuelle sur le statut juridique de l’Union. Il
a alors insisté sur les effets bénéfiques d’une telle reconnaissance,
notamment quant aux relations entre l’Union européenne et les pays tiers ;
il en a souligné les conséquences puisque l’Union pourrait être citée
devant les tribunaux ou ester elle-même en justice. Il a enfin précisé
que l’abolition de la structure en piliers peut être envisagée sans
automatiquement aboutir à une communautarisation des matières concernées.
Réagissant aux propos de M. Amato, le Président Giscard d’Estaing
s’est interrogé sur la nature de cette personnalité juridique.
S’agirait-il d’un Etat ? d’une organisation internationale ?
ou d’un nouveau type de personnalité juridique ?
III – Création de 4 nouveaux groupes de travail.
Quatre nouveaux groupes de travail ont
été mis en place à l’occasion de cette 8e session plénière :
- « L’action extérieure de l’Union », présidé par M.
Jean-Luc Dehaene,
- « La Défense européenne », présidé par M. Michel Barnier,
- « La simplification des procédures législatives et des instruments »,
présidé par M. Giuliano Amato,
- « L’espace de liberté, de sécurité et de justive », présidé
par M. John Bruton.
Ces groupes de travail de la « deuxième vague », dont les mandats ont été transmis aux membres de la Convention, devront présenter leurs conclusions à la Convention avant la fin de l’année.
La prochaine session plénière de la Convention européenne aura lieu les jeudi 3 et vendredi 4 octobre. Elle sera consacrée à l’application du principe de subsidiarité et aux moyens de renforcer son contrôle.
Convention européenne
Compte rendu de la session des 11 et 12 juillet 2002
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1. Organisation des travaux et perspectives
Le Président Giscard d’Estaing a confirmé qu’une première " structure " de texte constitutionnel serait présentée par le Présidium à l’automne, fin octobre ou début novembre.
Quatre nouveaux groupes de travail ont été décidés (sécurité intérieure et justice, simplification des procédures législatives, politique étrangère, défense). Les groupes " subsidiarité " et " personnalité juridique " présenteront leur premières conclusions à la session de septembre ou début octobre.
La session des 12 et 13 septembre sera consacrée à la simplification des procédures législatives, et celle des 3 et 4 octobre au contrôle de la subsidiarité. Interrogé sur le terme des travaux de la Convention, le Président Giscard d’Estaing a répété que la Convention ne sacrifierait pas son " ambition à des contraintes de calendrier ".
2. Débat sur la politique extérieure
Un large consensus est apparu autour de la nécessité d’un renforcement de la politique extérieure commune. La grande majorité des propositions avancées a été dans le sens d’un renforcement par étapes du rôle des institutions communautaires et d’une plus grande cohérence institutionnelle, mais selon des mécanismes spécifiques et en tenant compte de l’importance du rôle des Etats dans ce domaine, et du fait qu’il ne s’agit pas de décisions de nature législative mais exécutive.
Le représentant de la Commission, M. Michel Barnier, a évoqué les objectifs qu’il convenait selon lui de poursuivre : convergence de vues progressive entre les Etats membres, dialogue entre les institutions aux différentes étapes de la procédure, défense permanente de l’intérêt communautaire par la Commission.
Puis, M. Pierre Moscovici, au nom du Gouvernement français, s’est déclaré partisan d’une " approche pragmatique et concrète " : comment définir l’intérêt commun ? à qui appartient l’initiative ? quelles procédures ?
Très peu d’orateurs se sont déclarés partisans d’un statu quo.
Le Président Pierre Lequiller a évoqué une déclaration annuelle de politique extérieure approuvée par les trois institutions de l’Union et un effort budgétaire accru.
Les moyens de répondre aux inconvénients que représente la dualité Haut représentant/Commissaire chargé des relations extérieures ont été largement débattus. Nombre d’interventions ont été dans le sens, soit d’une fusion des deux fonctions – sans que le rattachement à la Commission ne paraisse rallier une majorité –, soit d’un cumul de ces fonctions par une même personne disposant de la confiance du Conseil et de la Commission (G. Fini, P. Glotz). Certains (L. Michel, P. Hain, P. Glotz) ont proposé de renforcer les pouvoirs du Haut représentant (droit d’initiative, présidence du Conseil " Affaires générales " dans sa formation politique extérieure – ainsi que peut–être présidence du COPS).
S’agissant des règles de procédure, beaucoup d’intervenants se sont déclarés partisans d’un passage à la majorité qualifiée, la plupart souhaitant une évolution progressive et le maintien de certains garde–fous. Les " coopérations renforcées ", ou une autre formule permettant à un groupe de pays d’aller de l’avant, ont été évoqués par nombre d’orateurs.
Une majorité de conventionnels a par ailleurs souhaité une plus grande coordination des représentations diplomatiques et une fusion de certaines représentations au sein d’organisations internationales ( en commençant par exemple par le FMI ou la Banque mondiale, ce qui provoquerait le transfert de leur siège en Europe).
Le Président Giscard d’Estaing a considéré que la nécessité de l’octroi de la personnalité juridique à l’Union constituait une quasi évidence.
Beaucoup d’orateurs ont évoqué le renforcement souhaitable du contrôle parlementaire de la PESC (Parlement européen et/ou parlements nationaux).
Enfin il est apparu à nombre d’intervenants que l’augmentation des ressources financières de la PESC était nécessaire.
3. Débat sur la défense
En ce qui concerne les questions de défense, une majorité d’intervenants a souhaité un renforcement de la capacité d’action de l’Union afin que celle–ci puisse devenir un acteur crédible sur la scène mondiale.
Le commissaire Vitorino, rejoint par beaucoup de conventionnels, a souligné qu’il convenait d’abord de préciser les domaines d’intérêt communautaire et a ainsi évoqué l’industrie de l’armement, la politique de la recherche et du développement, la gestion des crises et la prévention des conflits. Plusieurs orateurs ont considéré qu’il était nécessaire d’établir un concept stratégique d’ensemble, associant les trois institutions, et beaucoup se sont déclarés partisans d’une révision des missions de Petersberg.
En ce qui concerne les procédures, nombre de conventionnels ont estimé qu’il convenait d’élargir le champ de la majorité qualifiée en intégrant la formule de l’" abstention constructive ". La formule des coopérations renforcées a été considérée par beaucoup comme devant être étendue au domaine de la défense. Certains ont évoqué l’intégration dans le traité des coopérations renforcées qui existent en dehors du traité (comme l’article 5 du traité de Bruxelles) ; le Président s’est déclaré partisan de cette intégration.
Beaucoup d’orateurs ont souligné que les décisions d’engagement de troupes doivent, au premier chef, relever de l a compétence des parlements nationaux.
Une majorité a considéré que les industries d’armement devraient être soumises aux règles du marché intérieur (réforme de l’article 296 du traité). L’utilisation possible des moyens de l’OTAN a été très majoritairement souhaitée, même si l’hypothèse d’actions autonomes a été considérée comme devant être intégrée.
Beaucoup ont évoqué la nécessité d’une augmentation des moyens financiers de l’Union dans ce domaine, certains un renforcement des budgets de défense des Etats.
4. Rapport de la Convention des jeunes
La " Convention des jeunes " a réuni les jeunes désignés par les conventionnels du 9 au 12 juillet. Le président de cette convention, M. Giacomo Filibeck, est venu samedi 12 juillet présenter les conclusions auxquelles les jeunes ont abouti.
Les conclusions de la Convention des jeunes, s’agissant de la réforme des institutions, ont ainsi abouti à des orientations renforçant d’une façon générale la dimension fédérale de l’Union.
Ellen Norby, vice–présidente de la Convention jeune, a indiqué que la majorité des conventionnels jeunes " veut une structure fédérale pour le futur de l'Union européenne ". Les jeunes conventionnels souhaitent des structures et des procédures beaucoup plus claires. Plus précisément, ils préconisent notamment : un catalogue de compétences exclusives et de compétences partagées entre l'Union européenne et les Etats membres ; plus de pouvoirs budgétaires et un droit d’initiative pour le Parlement européen ; un Conseil dont les débats soient publics et qui soit " une véritable seconde chambre " ; une Commission européenne " vrai exécutif européen " ; et une compétence générale de la Cour de justice sur tout ce qui concerne l'Union européenne.
Les jeunes conventionnels ont estimé dans leurs conclusions que " ni les citoyens en général ni eux–mêmes, les jeunes, ne comprennent qui est responsable de quelle politique dans le labyrinthe de la législation européenne ".
De manière plus générale, la Convention des jeunes a appelé à ce que l'Union européenne ne soit pas seulement une entité politique et économique mais aussi une entité sociale, qui encourage la citoyenneté active et la participation des jeunes.
" Il n’y aura pas de progrès global tant qu’il restera une division économique Nord–Sud " a déclaré la deuxième vice–présidente de la Convention des jeunes en présentant les résultats des travaux du groupe sur " l’Europe dans un monde globalisé ". La Convention des jeunes estime sur ce plan que pour jouer son rôle, l’Europe doit parler " d’une seule voix ", avec une politique extérieure qui soit de la seule compétence de l'Union européenne. Par contre, ils pensent qu’aucun Etat membre " ne doit être forcé à participer contre son gré à une structure de défense européenne ". Ils appellent l'Union européenne à respecter l’objectif de 0,7 % du PIB consacré à l’aide au développement. Ils demandent aussi que la PAC et les droits de douane soient revus pour ne plus opposer de barrière aux produits des pays pauvres. L’immigration est " un trait constitutif " de l'Union européenne, ont–ils souligné en souhaitant qu’une politique commune soit mise en place. Ils ont appelé les Quinze à apporter une attention particulière aux pays voisins de l'Union européenne.
Les conventionnels jeunes ont souhaité qu’une nouvelle Convention jeune soit organisée dans les prochains mois. Jean–Luc Dehaene, vice–président de la Convention, a indiqué qu’une décision sur ce point serait prise dans les prochaines semaines.
Convention
européenne
Session plénière des
lundi 24 et mardi 25 juin 2002
Synthèse des débats
* Rapport du Président Giscard d'Estaing sur la rencontre avec le Conseil européen à Séville
Le Président Valéry Giscard d'Estaing a indiqué avoir souligné auprès du Conseil européen que la composition de la Convention reflètait le caractère binaire de l'Union européenne et ses deux sources de légitimité : la source historico-identitaire, avec les gouvernements et les parlements nationaux et la source euro-continentale, avec le Parlement européen et les institutions européennes. Il a par ailleurs noté la grande qualité des contributions des conventionnels.
S'agissant des premiers enseignements que l'on peut tirer des travaux de la convention, le Président Valéry Giscard d'Estaing a précisé au Conseil européen qu'en matière de compétences, il n'y a pas eu de demande de compétences nouvelles en ce qui concerne la vie intérieure des Etats membres, à l'exception de la compétence sur l'action judiciaire et policière transfrontalière et une meilleure coordination en matière économique et financière. Il a noté par ailleurs qu'une demande forte visait au renforcement de la politique extérieure et de la présence internationale de l'Union. Il a indiqué que la mise en place d'un mécanisme de contrôle du principe de subsidiarité faisait l'objet d'un quasi-consensus.
En ce qui concerne l'objectif de simplification de
l'action de l'Union, le Président Giscard d'Estaing a indiqué que les
demandes exprimées portaient sur :
-une réduction significative du nombre de procédures
de décision ;
-pour la législation communautaire la généralisation
de la procédure de co-décision et du vote à la majorité qualifiée ;
-la simplification des appellations ;
-la simplification du traité.
Evoquant ensuite la demande de davantage d'efficacité et de démocratie dans la prise de décision, le Président Giscard d'Estaing, a considéré qu'il convenait de rapprocher les deux sources de légitimité démocratique de l'Union - celle des Parlements nationaux et celle du Parlement européen - qui doivent être vécues comme complémentaires et non comme antagonistes.
Le Président Valéry Giscard d'Estaing a souligné qu'il convenait de ne pas sacrifier la phase d'écoute, et de parvenir progressivement à une vue globale permettant une proposition équilibrée.
Il a enfin indiqué que le Conseil avait salué les travaux de la Convention d'une "approbation forte et chaleureuse" et a rappelé, en ce qui concerne la fin des travaux de la Convention, qu'il convenait de ne pas sacrifier la qualité de ses travaux à une contrainte de calendrier qui serait inadaptée.
* Ecoute de la société civile
La session consacrée à l'écoute de la société civile avait été précédée de réunions avec 8 groupes de contact correspondant aux thèmes structurant la session : Secteur social (présidé par Klaus Hänsch), Environnement (présidé par Georges Katiforis), Universités et laboratoires d'idées (présidé par Jean-Luc Dehaene), Régions et autorités locales (présidé par Ana Palacio), Droits de l'Homme (présidé par Antonio Vitorino), Développement (présidé par Henning Christophersen), Culture (présidé par Alojz Peterle).
M. Jean-Luc Dehaene, vice-président en charge du dialogue avec la société civile, a d'abord souligné la richesse des débats dans le cadre des groupes de contact, par le biais d'internet, ou encore à travers les débats nationaux.
Il a considéré qu'il était indispensable que ce dialogue se poursuive pendant toute la durée de la Convention.
Les débats de la session ont mis en exergue, au-delà
de la diversité des propositions thématiques, un certain nombre de
demandes générales, qui ont regroupé une forte majorité
d'intervenants :
- incorporation de la Charte des droits fondamentaux
dans le Traité (dans le même temps de nombreux intervenants se sont
déclarés partisans d'un enrichissement du texte) ;
- un processus de décision plus efficace
(co-décision, majorité qualifiée) ;
- consultation des organisations représentatives de la
société civile en amont du processus législatif ;
- renforcement de la méthode communautaire et une plus
grande transparence des débats, notamment de ceux qui se déroulent au
sein du Conseil ;
- un meilleur accès des citoyens à la CJCE.
Par ailleurs, l'ensemble des acteurs représentés s'est déclaré très désireux de poursuivre la discussion avec les conventionnels tout au long de la convention.
La discussion rassemblant
les acteurs du "secteur social" a fait ressortir
notamment les points suivants :
- une plus forte institutionnalisation du dialogue
social ;
- un renforcement du "modèle social
européen" ;
- la reconnaissance des services d'intérêt général
;
- la promotion d'une "gouvernance économique ;
- le souhait d'une Union des citoyens et le
renforcement du rôle du Comité Economique et social ;
- l'incorporation du principe de solidarité dans le
traité et une attention particulière vis-à-vis des exclus.
S'agissant des
discussions sur l'environnement il convient en particulier de noter
:
- le renforcement de l'enjeu environnemental dans le
texte de la Charte ;
- l'introduction de l'objectif du bien être animal
dans le Traité ;
- la remise en cause des objectifs du Traité Euratom ;
- la refonte de la PAC et l'intégration forte du
développement rural.
La session a ensuite
abordé la discussion avec les "Universités et laboratoires
d'idées". Les points évoqués ont été très divers. Il
convient de noter les aspects suivants évoqués par un, ou plusieurs, des
organes représentés :
- se baser en priorité sur les attentes citoyennes ;
- nécessité d'approfondir le caractère démocratique
des institutions (poids accru des parlements nationaux,
"démocratisation" de la Commission, développement des partis
politiques européens…) ;
- renforcement concomitant de la Commission et du
Conseil ;
- développement de la PESC et de "l'Europe
sociale", et augmentation conséquente du budget communautaire ;
- l'élection de la Commission par le Parlement
européen pourrait induire une position de subordination ; il vaut mieux
prévoir son élection au suffrage universel (J. Bruton) ;
- assurer la "parité" dans toutes les
politiques de l'Union.
Il a été convenu que, selon des modalités à déterminer, le monde académique continuerait à être associé aux travaux de la Convention.
La convention a
également abordé le thème "citoyens et institutions"
qui a fait notamment ressortir les idées et propositions suivantes :
- nécessité d'une Europe de la Culture (Fondation
Schumann) ;
- l'action européenne a consisté traditionnellement
en l'adoption de normes ; elle concerne à présent également et, de plus
en plus, le domaine opérationnel ;
- le Conseil ne peut devenir le "Gouvernement
européen" (impossibilité pour les membres du Conseil d'exercer
cette fonction à temps plein ; défense prioritaire de l'intérêt
national et non des intérêts communs ; pas de compte à rendre devant le
Parlement européen, mais devant les parlements nationaux ; institution la
plus divisée) ("Federalist voice") ;
- extension des droits citoyens aux personnes de pays
tiers résidant sur le sol de l'Union (association de lutte contre le
racisme) ;
- possibilité de saisine de la CJCE par le médiateur
lorsque des droits fondamentaux sont en cause ;
- inclusion du dialogue civil et social dans le Traité
;
- il faut s'attacher au contenu des politiques pour que
l'Europe soit populaire ; l'Europe souffre d'un défaut de lisibilité, il
faut promouvoir un espace politique européen ; il convient d'engager une
réforme ambitieuse des trois organes ; il faut par ailleurs pérenniser
le dialogue et envisager un référendum (P. Moscovici).
La matinée du 26 juin a
permis d'aborder en premier lieu les questions relevant du groupe "régions
et autorités locales" ; la discussion a en particulier porté
sur les points suivants :
- renforcement du rôle du Comité des régions (rang
d'institution, rôle en matière de contrôle de la subsidiarité,
renforcement du statut juridique des avis) (interventions des
représentants du Comité) ;
- garantir la démocratie participative à travers le
rôle des régions ;
- renforcement de l'application des principes de
subsidiarité et de proportionnalité.
La session a ensuite
abordé le thème des "droits de l'homme" et celui du
"développement", les points suivants on été évoqués
par divers intervenants :
-l'orientation vers une union politique intégrant la
protection des droits de l'homme dans toutes les politiques ;
-accès facilité à la CJCE, renforcement du rôle du
médiateur, plus grande transparence du fonctionnement des institutions ;
-l'introduction de la Charte dans le Traité est
indépendante de la question de l'adhésion de l'Union à la Convention
européenne des droits de l'homme, à laquelle l'Union devrait adhérer ;
-l'application des droits de l'homme dans l'Union, et
vis-à-vis du reste du monde, n'est pas rattachée à des responsabilités
concrètes de l'Union et n'est pas suffisamment effective ; il convient de
voir comment intégrer concrètement la protection des droits de l'homme
dans les politiques ;
- la Charte serait en retrait sur certains points par
rapport au droit positif (protection des droits économiques et sociaux,
distinction entre citoyens de l'Union, et ressortissants extérieurs…) ;
elle serait susceptible d'amélioration ;
-les ressources dédiées à l'aide au développement
doivent être augmentées.
Enfin le thème "Culture" a été
abordé par la Convention et la discussion a évoqué les idées suivantes
:
- l'importance de l'Europe de la culture, a été sous
estimée ; elle est indispensable à l'édification de l'Europe des
citoyens ;
- l'Union doit avoir un rôle complémentaire de celui
des Etats en matière de culture ;
- il convient de développer la prise de conscience de
l'appartenance des pays européens à une communauté culturelle fondée
sur des racines communes ;
- il faut développer les efforts communs en matière
d'éducation ; même chose pour la protection et la mise en valeur du
patrimoine ;
- il conviendrait de passer à la majorité qualifiée
en matière culturelle ;
- le respect de la diversité culturelle et le
pluralisme de l'information devraient être inscrits dans les dispositions
fondamentales des traités ;
- les citoyens de l'Union adhèreront à l'Europe s'ils
y voient une communauté de valeur.
Convention
européenne
Session plénière des jeudi 6 et
vendredi 7 juin
Ordre du jour de la session plénière des 6 et 7 juin :
http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00078f2.pdf
Espace de liberté, de sécurité et de justice : le rôle de l’Union
et des Etats membres
Questionnaire adressé par le Présidium aux membres de
la Convention :
http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00070f2.pdf
Note préparatoire établie par le secrétariat de la
Convention :
http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00069f2.pdf
Le rôle des Parlements nationaux dans l’architecture européenne
Contribution d’Alain Barrau, membre titulaire de la
Convention :
http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00084f2.pdf
Questionnaire adressé par le Présidium aux membres de
la Convention :
http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00068f2.pdf
Note préparatoire établie par le secrétariat de la
Convention :
http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00067f2.pdf
Synthèse des débats
La Convention européenne a tenu sa cinquième session plénière à Bruxelles, les 6 et 7 juin 2002. Deux débats figuraient à l’ordre du jour : l’un sur l’espace de liberté, de sécurité et de justice et l’autre sur le rôle des Parlements nationaux dans l’architecture européenne.
I – LE DEBAT SUR L’ESPACE DE LIBERTE, DE SECURITE ET DE JUSTICE
Les Conventionnels devaient se prononcer sur un questionnaire transmis par le Praesidium et réagir à une note de synthèse établie par le secrétariat de la Convention. Plusieurs orientations étaient formulées dans ce document, invitant les intervants à se prononcer notamment sur les problématiques d’une coopération plus étroite dans les domaines de la sécurité et de la justice, la répartition des compétences entre l’Union et les Etats membres, la simplification des instruments juridiques et la légitimité démocratique dans la prise de décision.
D’une façon générale, le débat a fait apparaître la volonté des Conventionnels de rendre l’action européenne plus lisible et plus efficace en matière d’espace de liberté, de sécurité et de justice, alors que les engagement pris en octobre 1999 lors du Conseil européen de Tampere ne semblent pas avoir été suivies de mesures concrètes.
La Convention s’est prononcée pour un renforcement du rôle de l’Union dans le domaine de la politique de sécurité et de justice. Au-delà de la nécessaire coopération entre les Etats membres, les Conventionnels ont souligné les enjeux d’une harmonisation progressive des législations nationales. Pour concilier liberté et sécurité, l’accent doit être mis sur le nécessaire contrôle démocratique afin de rendre les décisions européennes plus légitimes. Le développement des prérogatives d’Europol et d’Eurojust devra donc s’accompagner de mécanismes de contrôle qui pourraient être confiés au Parlement européen et aux Parlements nationaux. Un contrôle juridictionnel pourrait également être attribué à la Cour de Justice des Communautés européennes. En effet, l’exigence de sécurité – qui justifie pour la plupart des Conventionnels la création d’une police des frontières extérieures de l’Union – doit se concilier avec l’affirmation d’un espace de liberté fondé sur les valeurs européennes. Cela justifie, pour certains Conventionnels, l’intégration de la Charte des droits fondamentaux dans le futur traité constitutionnel de l’Union ; d’autres voix ont souhaité l’inclusion dans ce traité de la Convention de Genève sur le statut des réfugiés et l’adhésion de la Communauté à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme (CEDH).
Une majorité significative de Conventionnels a prôné la suppression des piliers, impliquant l’application de la méthode communautaire aux matières du 3ème pilier. Un débat s’est alors engagé quant à la pertinence de cette communautarisation, Hubert Haenel, représentant du Sénat à la Convention, faisant ainsi remarquer que la seule véritable avancée depuis le Conseil européen de Tampere, le mandat d’arrêt européen, a été réalisée dans les matières du 3ème pilier qui n’ont pas été communautarisées.
Un autre débat s’est développé entre les partisans d’une harmonisation des législations nationales et ceux d’une coopération plus étroite entre les Etats. Dans le domaine de la politique d’immigration, le député européen Timothy Kirkhope a ainsi plaidé pour la coopération plutôt que pour l’harmonisation ; il a en partie été rejoint dans son analyse par Peter Glotz, le représentant du gouvernement allemand, qui a souligné que la politique d’immigration devait tenir compte des taux de chômage variables selon les Etats. Le député européen Alain Lamassoure lui a répondu en critiquant " l’hypocrisie d’un système où la France regarde passer les clandestins à Sangatte tandis que le Royaume-Uni et l’Allemagne sont sous pression ". Sans qu’il y ait de véritable consensus sur la communautarisation du pilier " JAI " (les représentants du courant souverainiste faisant notamment part de leur franche hostilité à une telle option), les Conventionnels ont insisté sur le besoin de favoriser la reconnaissance et la confiance mutuelles entre les Etats membres.
En ce qui concerne les instruments juridiques dont dispose l’Union européenne, les Conventionnels se sont largements prononcés pour une simplification des procédures actuelles, trop nombreuses et peu efficaces comme le recours aux conventions dont les délais de ratification sont particulièrement longs. Plusieurs Conventionnels se sont prononcés en faveur du passage de l’unanimité à la majorité qualifiée, sans qu’apparaisse pour autant un véritable consensus sur ce sujet.
En conclusion, le Président Valéry Giscard d’Estaing a estimé que le terme de troisième " pilier " était inapproprié, et qu’il serait plus juste de parler de troisième " sujet ", le premier étant le marché unique et le deuxième la politique extérieure.
Il a alors annoncé la création prochaine d’un groupe de travail qui aura pour mandat d’étudier ce qui, au sein de la politique de justice et de sécurité, peut faire l’objet d’une communautarisation.
II – LE ROLE DES PARLEMENTS NATIONAUX DANS L’ARCHITECTURE EUROPEENNE
Le second débat de cette session plénière a porté sur le rôle des Parlements nationaux dans la future architecture institutionnelle de l’Union. Parmi la cinquantaine d’orateurs qui ont pris la parole, une très large majorité était issue de la composante des Parlements nationaux, mais aussi du Parlement européen.
Le débat a débuté avec l’intervention de Gisela Stuart, représentante du Parlement britannique, qui a présenté le mandat du nouveau groupe de travail qu’elle préside sur le rôle des Parlements nationaux. Puis, la discussion s’est engagée dans deux directions :
la façon dont les Parlements nationaux contrôlent l’activité européenne de leurs gouvernements dans les différents Etats de l’Union
Il existe des mécanismes de contrôle très variables d’un pays à l’autre de l’Union, allant du modèle scandinave de mandat de négociation confié au gouvernement à celui, moins formel, qui prévaut dans les pays latins. Même si les modalités du contrôle effectif dépendent du cadre constitutionnel de chaque Etat, les Conventionnels ont indiqué leur volonté de recenser les " meilleures pratiques " afin d’en tirer les enseignements utiles. Le constat fut clair : la législation européenne occupe une place croissante dans le travail des Parlements nationaux qui doivent, de ce fait, être davantage associées aux affaires européennes. C’est dans cet état d’esprit que le commissaire européen Michel Barnier a déclaré que " les parlementaires nationaux ne devaient pas être mis devant le fait européen accompli ".
Certains ont également souhaité que soient renforcés les moyens d’information mis à la disposition des Parlements nationaux. John Bruton, représentant du Parlement irlandais, a estimé qu’il fallait tirer le meilleur parti des nouvelles technologies en permettant aux Parlements nationaux d’auditionner régulièrement des membres du Parlement européen et de la Commission européenne grâce au système des vidéoconférences.
l’intégration des Parlements nationaux dans la future architecture institutionnelle de l’Union
Aucun des orateurs n’a proposé la création d’une seconde chambre composée de représentants des Parlements nationaux, considérant que cela ne ferait qu’ajouter à la complexité du système actuel. C’est donc davantage vers un perfectionnement des mécanismes existants que le débat s’est orienté. Plusieurs options ont été évoquées :
le renforcement de la Cosac, disposant d’un secrétariat permanent et dont les compétences pourraient notamment être élargies au contrôle de la subsidiarité ;
l’association de parlementaires nationaux au Conseil des ministres lorsque cette institution siège en formation législative ;
la création d’une commission permanente du Parlement européen, exclusivement composée de parlementaires nationaux ;
la réunion d’un Congrès composé de représentants du Parlement européen et des Parlements nationaux, compétent pour réviser les traités européens et pour élire le président de l’Union ;
la création d’un nouveau pilier du traité, dont les matières devraient être approuvées de manière interparlementaire par les seuls Parlements nationaux ;
l’institutionnalisation d’une Conférence des Présidents des Parlements nationaux, disposant d’un bureau permanent à Bruxelles.
Si aucune de ces propositions n’a fait l’objet d’un véritable consensus au stade actuel du débat, les Conventionnels se sont accordés sur la nécessité de parlementariser le système institutionnel de l’Union. Ecartant les querelles de légitimité entre Parlements nationaux et Parlement européen, les représentants des Parlements nationaux ont insisté sur la complémentarité de ces deux légitimités. La coopération entre les deux institutions doit être renforcée et des mesures devront être prises pour favoriser l’émergence d’un véritable espace politique européen, structuré par des partis politiques européens.
En conclusion, le Président Valéry Giscard d’Estaing s’est dit surpris par la tonalité des interventions qui n’ont préconisé que des ajustements techniques qui ne bouleversent pas les équilibres actuels. S’adressant à Gisela Stuart, il a souhaité que le groupe de travail sur les Parlements nationaux n’exclut pas des " initiatives plus dramatiques " au-delà des perfectionnement techniques évoqués par les Conventionnels, afin de répondre aux attentes des citoyens européens qui expriment une demande forte dans ce domaine.
III – CONSTITUTION DES GROUPES DE TRAVAIL
Le Praesidium a rendu publique la composition des six premiers groupes de travail dont deux d’entre eux (celui sur la subsidiarité présidé par M. Mendez de Vigo, et celui sur la gouvernance économique présidé par M. Hänsch) se sont réunis dès le vendredi 7 juin après-midi. La plupart de ces groupes devraient achever leurs travaux à la fin du mois de septembre afin que la Convention puisse rapidement débattre de leurs conclusions en session plénière. Seul le groupe consacré au rôle des Parlements nationaux devrait poursuivre ses travaux jusqu’à la fin du mois d’octobre.
A la suite du débat général sur l’espace de justice et de sécurité, et à la demande d’un nombre significatif de Conventionnels, le Président Valéry Giscard d’Estaing a annoncé la création de deux nouveaux groupes de travail : l’un sur " sécurité et justice " chargé notamment d’examiner la répartition des tâches entre l’Union et les Etats membres ainsi que leur exercice, et l’autre sur certains aspects de la politique étrangère commune. Ces deux groupes pourraient tenir leur réunion constitutive dans le courant du mois de juillet.
A l’issue des travaux de cette première série de huit groupes de travail, le Praesidium envisagerait la création de nouveaux groupes sur des problématiques plus institutionnelles : missions des différentes institutions, équilibre des pouvoirs, etc.
IV – RAPPORT DU PRESIDENT DE LA CONVENTION AU CONSEIL EUROPEEN DE SEVILLE DES 21 ET 22 JUIN 2002
Interrogé sur le contenu de son rapport au Conseil européen de Séville, le Président Valéry Giscard d’Estaing a précisé qu’il s’agira d’un " compte rendu oral ", consistant en une synthèse descriptive établissant un état des lieux de l’avancement des travaux de la Convention. Le Président a indiqué aux Conventionnels qu’il n’annoncera aucune proposition de fond lors de ce Conseil.
Il a par ailleurs assuré que le Conseil européen n’envisageait pas de se prononcer sur des sujets voisins de ceux de la Convention mais pourrait lui transmettre des " réflexions " sur la réforme de son fonctionnement.
Convention
européenne
Session plénière des jeudi 23 et
vendredi 24 mai 2002
Synthèse des débats
La quatrième session plénière de la Convention s’est déroulée à Bruxelles les jeudi 23 et vendredi 24 mai 2002. L’ordre du jour a porté, pour l’essentiel, sur l’exercice des compétences dévolues à l’Union européenne. A l’ouverture des travaux, le Président Valéry Giscard d’Estaing a salué la réception de deux contributions importantes : celle de la Commission européenne, d’une part, et celle du Parlement européen, d’autre part, qui vient d’adopter le rapport de M. Alain Lamassoure sur la délimitation des compétences entre l’Union et les Etats membres. Le Président Valéry Giscard d’Estaing a précisé que la Commission compléterait sa contribution à la fin de l’été par un second document et qu’il envisageait de demander à son Président, M. Romano Prodi, de venir en exposer les conclusions à l’automne, devant la Convention européenne.
I – LE DEBAT GENERAL SUR LA MANIERE DONT L’UNION EUROPEENNE REMPLIT SES MISSIONS : EFFICACITE ET LEGITIMITE
Chaque Conventionnel avait reçu, quelques jours avant la session plénière, deux notes préparatoires ainsi qu’un questionnaire les invitant à se prononcer sur les points suivants :
La délimitation actuelle des compéténces entre l’Union et les Etats membres correspond-elle aux missions de l’Union identifiées par la Convention ? Est-elle suffisamment claire ?
Pour un large majorité de Conventionnels, la
délimitation des compétences entre l’Union et les Etats membres
correspond, pour l’essentiel, aux missions identifiées par la
Convention ; mais ils ont confirmé leur volonté exprimée lors de
la précédente session d’ajouter aux missions de l’Union la
Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), la Politique de
défense ainsi que la Justice et les Affaires Intérieures (JAI).
Si les Conventionnels n’ont pas souhaité que soit
modifiée substantiellement la répartition actuelle des compétences
entre l’Union et les Etats membres, ils ont en revanche indiqué leur
désir de procéder à une réécriture des textes afin d’établir une
définition plus claire et plus opérationnelle des objectifs de l’Union
(article 3 TCE).
La plupart des orateurs ont insisté sur la
nécessité de conserver, à long terme, une réelle flexibilité dans
le partage des compétences. Pour satisfaire aux critères de
transparence et de démocratie, la procédure d’exercice de cette
flexibilité devrait se fonder sur un mécanisme de consultation des
Parlements nationaux et du Parlement européen.
Comment garantir le respect de la délimitation des compétences, des principes de subsidiarité et de proportionnalité ?
Il ne faut pas amplifier le problème posé par le respect de la délimitation des compétences, qui ne concernerait selon M. Jürgen Meyer, représentant du Bundestag, qu’environ 5% des textes européens. Pour autant, les procédures de contrôle des principes de subsidiarité et de proportionnalité doivent être renforcées et démocratisées. Plusieurs formules ont été évoquéees par les Conventionnels, qui ont pour point commun de faire intervenir les Parlements nationaux. Le débat a davantage porté sur les modalités concrètes de mise en œuvre de ce contrôle. Doit-il intervenir en amont et/ou en aval ? Doit-il relever d’un organe jurictionnel, politique ou mixte ? Au-delà des Etats, faut-il élargir le droit de saisine de ce nouvel organe aux régions à compétence législative ? Les interventions ont révélé la diversité des approches mais ont clairement indiqué la volonté de concevoir un nouveau mécanisme permettant un contrôle opérationnel des principes de subsidiarité et de proportionnalité.
Faut-il clarifier (ou réduire le nombre) les instruments dont dispose l’Union pour exercer ses compétences ?
D’un commun accord, les Conventionnels se sont prononcés en faveur d’une réduction significative des instruments dont dispose l’Union pour exercer ses compétences. L’attribution successive de nouvelles missions à l’Union a provoqué une multiplication des procédures qui engendre désormais une véritable confusion pour le citoyen qui l’analyse comme une dérive bureaucratique. A la réduction du nombre des instruments devrait correspondre une redéfinition de leurs appellations. Les notions des directive et de règlement sont ambigües car elles ne correspondent pas à des réalités nationales. Plusieurs Conventionnels, à commencer par le Président Valéry Giscard d’Estaing, ont ainsi plaidé pour un recours plus fréquent à des lois cadres fixant les principes et les orientations d’une législation dont les modalités de mise en œuvre devraient relever davantage du ressort des Etats.
Les procédures existantes de prise de décision, ainsi que le rôle que chaque institution y joue, sont-ils aptes à assurer la plus grande efficacité ?
D’un commun accord, les Conventionnel se sont
prononcés pour une simplification des procédures existantes. Lors de
son intervention, Mme Hanka Maij-Weggen, représentante du Parlement
européen, a en effet souligné l’existence de dix-huit procédures
décisionnelles différentes dans le premier pilier, cinq dans le second
et cinq dans le troisième.
Dans un souci de clarté et d’efficacité, l’idée
a été plusieurs fois évoquée de procéder à une abolition de la
structure en piliers (communautaire, PESC et JAI) de l’Union
européenne. Cette proposition figure notamment dans la contribution
présentée par la Commission européenne et développée par les
commissaires Antonio Vitorino et Michel Barnier. Mais à la proposition
de suppression des piliers, le Président Valéry Giscard d’Estaing a
souhaité apporter une réserve, estimant que " les
piliers n’ont pas été un recul mais un progrès. On a voulu faire
plus, sur la coopération judiciaire, sur la politique étrangère et on
a ajouté des piliers compte tenu des contraintes politiques. Ce n’est
pas une défiguration du système mais une évolution ".
Un débat s’est également engagé sur la
possibilité de retirer à la Commission, dans la perspective d’une
communautarisation des 2e et 3e piliers, le
monopole de son pouvoir d’initative. Plusieurs Conventionnels se sont
en effet prononcés pour un partage du pouvoir d’initative entre les
insitutions européennes allant même, pour certains, à reconnaître ce
droit d’initiative aux Parlements nationaux. Néanmoins, aucun
consensus n’est apparu à ce stade des débats et une ligne de
fracture semble même s’être dessinée entre les uns, qui souhaitent
une Commission forte conservant son monopole d’initative et les
autres, plus favorables à un rééquilibrage des pouvoirs entre les
différentes institutions européennes et nationales.
Les mécanismes actuels sont-ils aptes à garantir la légitimité démocratique de la prise de décision ?
A l’exception de quelques interventions isolées émanant du courant " eurosceptique ", la légitimité décisionnelle " formelle " de l’Union n’a pas été remise en cause : les décisions européennes sont prises sur une base légale et démocratique. En revanche, il a été admis que la perception de cette légitimité fait défaut auprès des citoyens. Ce constat a conduit le Président Valéry Giscard d’Estaing à déclarer que la légitimité démocratique constitue pour la Convention un sujet de réflexion à part entière dans la mesure où l'opinion publique le ressent. Il est donc apparu nécessaire de faire apparaître une visibilité démocratique plus grande, dans le cadre institutionnel actuel ou dans un cadre rénové.
II – LA CONSTITUTION DES GROUPES DE TRAVAIL
Lors de sa réunion du 8 mai 2002, le Praesidium a approuvé la création de six groupes de travail sur les thèmes suivants :
La subsidiarité, présidé par M. Mendez de Vigo
L’intégration de la charte des droits fondamentaux dans le traité, présidé par M. Vitorino
La personnalité juridique de l'Union, présidé par M. Amato
Le rôle des Parlements nationaux, présidé par Mme Stuart
Les compétences complémentaires, présidé par M. Christophersen
La coopération économique et financière au sein de l'Union, présidé par M. Hänsch
La création de nouveaux groupes devrait être annoncée dans les prochains semaines. Il est probable qu’ils seront également présidés par un membre du Praesidium, même si plusieurs Conventionnels ont plaidé – apparemment sans succès – pour que chaque groupe puisse désigner en son sein un rapporteur.
Le Président Valéry Giscard d’Estaing a ensuite rappelé les règles de composition des groupes, qui devront respecter les équilibres géographiques, politiques et de répartition entre hommes et femmes.
Puis, un débat s’est alors engagé sur le mandat et le rôle de ces groupes de travail. Au nom de l’ensemble des représentants des Parlements nationaux, M. Josep Borrell Fontelles, représentant du Parlement espagnol, a demandé au Praesidium de présenter " le plus rapidement possible " une liste complète des groupes de travail, afin que chaque Conventionnel puisse disposer d’une vision claire de la stratégie de la Convention. Cette liste devrait pouvoir être débattue et éventuellement amendée en plénière. Le President Valéry Giscard d’Estaing n’a pas répondu favorablement à cette demande, considérant que la décision de créer un groupe de travail était étroitement liée au déroulement des travaux en plénière. C’est dans cet esprit qu’il a précisé l’objectif de ces groupes de travail, " qui doivent faciliter le travail de la Convention, et non prendre sa place ". C’est ainsi que leur mandat devra nécessairement se limiter à des questions très spécifiques et techniques, excluant toute réflexion sur des problématiques politiques.
Les groupes – à l’exception de celui sur l’intégration de la Charte des droits fondamentaux – n’ont pas vocation a rédiger des textes juridiques prêts à être intégrés au futur traité constitutionnel, mais devront proposer des éclairages sur telle ou telle question soulevée en session plénière.
III – COMMUNICATION DE M. JEAN-LUC DEHAENE SUR LE FORUM ET LES PREPARATIFS EN VUE DE LA SESSION DE LA CONVENTION CONSACREE A LA SOCIETE CIVILE (24 et 25 juin 2002)
M. Jean-Luc Dehaene, vice-Président de la Convention, a indiqué aux membres de la Convention les modalités pratiques du déroulement de la session plénière de la Convention qui sera consacrée, les 24 et 25 juin, à l’audition de la société civile. Cette communication reprend, pour l’essentiel, les termes de la note 48/02 adressée aux Conventionnels le 13 mai 2002.
La quatrième session plénière a pris fin vendredi 24 mai 2002 à 13 heures. La prochaine session aura lieu les jeudi 6 et vendredi 7 juin 2002. Les Conventionnels débattront, selon l’ordre du jour prévisionnel établi par le Praesidium, de la JAI et du rôle des Parlements nationaux.
Convention
européenne
Session plénière des 15 et 16 avril 2002
Ordre du jour :
- Débat sur les missions de l'Union européenne
(Cf. note d'information du Praesidium sur la description du système
actuel de délimitation des compétences entre l'Union européenne et
les Etats membres : http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00017f2.pdf
).
- Point d'information sur l'organisation de la Convention de jeunes,
prévue en juillet 2002.
- Points divers.
- Contribution de M. Alain Barrau sur les mission de l'Union européenne.
Synthèse
des débats
Compte rendu par M. Alain Barrau de la session plénière de la Convention européenne
La Convention européenne a tenu sa troisième session plénière les lundi 15 et mardi 16 avril. L’ordre du jour fixé par le Présidium portait principalement sur les missions de l’Union européenne. Chaque conventionnel avait préalablement reçu deux documents émanant du secrétariat de la Convention : un questionnaire et une note descriptive du système actuel de répartition des compétences entre l’Union européenne et les Etats membres.
LE DEBAT GENERAL SUR LES MISSIONS DE L’UNION
86 orateurs se sont exprimés au cours du débat général qui s’est déroulé sur les deux jours de la session. Un grand nombre d’interventions ont souligné la nécessité de se fonder sur les besoins et les attentes des citoyens pour définir le périmètre des missions de l’Union, faisant notamment référence à l’" Eurobaromètre " établi par la Commission. Dans une société mondialisée, l’Europe doit se donner l’ambition et les moyens de jouer un rôle de premier plan au service de ses intérêts et de ses valeurs. En cinquante ans, elle a rempli avec succès les objectifs de paix et de prospérité économique fixés par les " Pères fondateurs ". Mais les défis d’aujourd’hui impliquent de compléter les missions existantes, notamment en matière d’emploi, de protection sociale et de développement durable. La prise en compte de ces missions doit s’appuyer sur la Charte des droits fondamentaux dont l’introduction dans le futur texte constitutif a fait l’objet d’un large consensus.
La question de l’Union politique a peu été abordée en tant que telle, s’agissant des objectifs, sauf pour souligner la nécessité de démocratiser le système institutionnel.
1 - Adapter les missions de l’Union aux évolutions du monde
Il n’est pas apparu de volonté de remise en cause des missions actuellement exercées par l’Union. En revanche, beaucoup d’intervenants ont estimé qu’au sein même des domaines dans lesquels l’Union est intervenue, des réajustements peuvent être nécessaires pour redonner des compétences aux Etats lorsque ceux-ci sont mieux placés pour agir. L’Union doit davantage se concentrer sur ses tâches essentielles.
S’agissant des renforcements des responsabilités de l’Union, deux directions principales ont été évoquées :
la politique extérieure commune : le contexte international actuel, marqué notamment par le conflit israélo-palestinien, témoigne de l’urgence des réformes à mener pour que l’Europe dispose des instruments lui permettant de parler et d’agir d’une seule voix sur la scène diplomatique mondiale. Le Président de la Convention, M. Valéry Giscard d’Estaing a, au cours d’une conférence de presse, souligné que le renforcement de la politique étrangère de l’Union européenne constituait la principale priorité exprimée par les conventionnels et a estimé qu’ils "ne pourront pas se séparer sans faire une proposition opérationnelle à cet égard ".
le renforcement des compétences de l’Union dans les matières impliquant des sujets " transfrontaliers " : en particulier le domaine de la sécurité et de la justice (lutte contre le terrorisme, crime organisé, trafics de drogue, la délinquance financière et le blanchiment d’argent), et l’environnement. Plusieurs intervenants représentant les pays candidats ont souhaité la mise en place d’un service commun de protection des frontières extérieures.
D’autres missions ont fait l’objet d’interventions convergentes, notamment dans le domaine de la politique économique. Il est apparu nécessaire à un nombre significatif de conventionnels de compléter la mise en place de l’euro par une coopération macroéconomique renforcée et structurée, incluant un volet budgétaire et fiscal. La question des ressources propres de l’Union et la création d’un " impôt européen " ont été évoquées. Plusieurs intervenants ont par ailleurs plaidé pour un renforcement de l’Europe sociale.
Les débats ont par ailleurs porté sur les domaines dans lesquels les nations doivent conserver la plénitude de leur souveraineté : ainsi, notamment, l’organisation territoriale interne, les services publics, la culture, l’éducation et la formation professionnelle. Pour autant, le refus de transferts de compétences dans ces domaines ne doit pas être considéré comme un obstacle à une action d’accompagnement de l’Union.
2 – Identifier des critères de répartition des compétences
Les débats ont mis en valeur trois critères de répartition : la subsidiarité, la proportionnalité et la solidarité. Le critère de la subsidiarité est celui qui a fait l’objet du plus grand nombre d’interventions dont la majorité a insisté sur la nécessité de donner un contenu juridique et politique à une notion actuellement trop floue, donc inopérante. Dans cet esprit, la répartition des compétences doit être plus simple et plus lisible pour permettre aux citoyens de connaître et de juger les actions de l’Union.
Un contrôle efficace de la répartition des compétences, mi-politique, mi-juridique, suppose la création d’un organe nouveau qui pourrait être composé notamment de parlementaires nationaux, ou l’attribution de cette fonction à une institution existante comme la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE), ou encore une structure juridique nouvelle. Plusieurs formules ont été esquissées mais aucune orientation claire ne peut être dégagée à ce stade des débats. Il ressort néanmoins que les Parlements nationaux ont un rôle central à jouer dans le contrôle de la subsidiarité.
Plusieurs conventionnels ont souligné la légitimité de l’Europe à intervenir lorsque son action apporte une " valeur ajoutée ", une " plus-value ". Mais l’Union doit remplir ses missions avec mesure et ne pas agir de façon disproportionnée par rapport aux objectifs poursuivis.
3 – Définir un cadre juridique adapté et évolutif
Pour une forte majorité de conventionnels, la clarification de la répartition des compétences entre l’Union et les Etats membres ne doit pas se traduire par l’établissement d’un catalogue de compétences, artificiel du fait notamment de l’importance des compétences partagées, et forcément rigide. La préférence est allée vers une reconnaissance des compétences définies dans les traités d’attribution – qui incluent des compétences par " objectifs " -, toutes les autres devant demeurer " par défaut " du ressort des Etats. L’Union dispose de compétences d’attribution.
Le Président Giscard d’Estaing a annoncé que le secrétariat de la Convention allait néanmoins s’efforcer d’établir un projet de listes de compétences, afin d’examiner comment une telle approche pouvait s’articuler.
Il ne s’agit pas de définir les compétences une fois pour toutes. Un consensus s’est dégagé sur l’intérêt d’un système évolutif autorisant des modifications selon une procédure qui reste à déterminer. A cet effet, plusieurs conventionnels ont souhaité que certaines dispositions des traités soient soumises à une procédure de révision plus souple permettant de moduler plus facilement la répartition des compétences.
Le Président Giscard d’Estaing a évoqué, lors de sa conférence de presse, le rôle des parlements nationaux en ce qui concerne les révisions " constitutionnelles " et a indiqué qu’il ferait une proposition à ce propos.
La structure actuelle des traités par piliers a été par ailleurs mise en cause par plusieurs intervenants.
Il faut enfin souligner que certains thèmes n’ont été, de façon inattendue, que très peu ou pas abordés lors du débat général. C’est le cas notamment de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD), du recours aux coopérations renforcées, du contexte de l’élargissement, des politiques structurelles et de cohésion, de la politique agricole.
L’ORGANISATION D’UNE CONVENTION DE JEUNES
Le Président Valéry Giscard d’Estaing a confirmé la tenue d’une Convention de jeunes du 9 au 12 juillet 2002, qui réunira 210 participants âgés de 18 à 25 ans. Il a insisté sur la limité d’âge retenue pour que cette Convention soit réellement composée de jeunes européens qui devront être issus d’horizons variés. Il appartient à chaque membre titulaire et suppléant de désigner librement son " homologue " jeune avant le 5 juin.
La Convention de jeunes, au sein de laquelle il ne sera pas fait de distinction entre suppléant et titulaire, élira son bureau et désignera un rapporteur qui présentera des conclusions devant la Convention européenne, le 11 ou le 12 juillet.
Les Conventionnels ont témoigné leur intérêt pour cette initiative du Présidium qui devrait apporter un éclairage très instructif pour la poursuite des travaux de la Convention quant aux attentes et la perception qu’ont les jeunes de l’Union. Il est convenu, à l’issue de la Convention de jeunes, de réfléchir à la façon de poursuivre ce dialogue avec la jeunesse, notamment par l’intermédiaire du site Web de la Convention.
POINTS DIVERS
1 – Calendrier de travail
La prochaine session plénière, les jeudi 23 et vendredi 24 mai, sera consacrée à l’exercice des mission de l’Union européenne, sous le double aspect de légitimité et d’efficacité. De même que pour la précédente session, le Présidium adressera dans les prochains jours un questionnaire aux Conventionnels qui servira de trame au déroulement du débat général.
Les deux sessions plénières du mois de juin (les 6 et 7, et les 24 et 25) seront consacrées aux attentes de la société civile.
Le programme de travail de l’automne pourrait être présenté dès le mois de mai.
2 – Organisation des travaux
Les réunions des représentants des Parlements nationaux et des Gouvernements nationaux, qui se sont déroulées avant l’ouverture de la session plénière, ont fait l’objet d’un débat au cours duquel s’est affirmée la nécessité de constituer au plus vite des groupes de travail au sein de la Convention. Le Présidium devrait aborder cette question lors de sa prochaine réunion, prévue le 25 avril. Des demandes ont été formulées sur certains thèmes précis : l’acquis communautaire, les compétences et la subsidiarité. La constitution de groupes de travail devrait permettre d’engager les débats sur des textes.
Convention
européenne
Session plénière des 21
et 22 mars 2002
Ordre du jour de la session plénière : http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00005f2.pdf ]
Synthèse
des débats
Compte rendu par M. Alain Barrau de la session plénière de la Convention européenne
La Convention européenne a tenu sa deuxième session plénière jeudi 21 et vendredi 22 mars 2002 à Bruxelles. L’ordre du jour a consisté, pour l’essentiel, en un débat général sur les attentes des conventionnels et en l’adoption des " méthodes de travail " (nouvelle formulation du règlement intérieur).
LE DEBAT GENERAL D’ORIENTATION
Plus de 80 orateurs se sont exprimés au cours du débat général d’orientation, qui a duré près de sept heures. Sont intervenus des représentants de l’ensemble des composantes (Gouvernements, Parlements nationaux, Parlement européen, Commision européenne, observateurs) dont 26 représentants des pays candidats.
Parmi les points évoqués, on peut retenir un
consensus autour des éléments suivants :
- Davantage de transparence dans le fonctionnement de l’Union
- Des institutions plus légitimes qui permettent de
passer de l’Europe de la diplomatie à l’Europe de la démocratie
- Renforcer le rôle des régions qui aparaissent comme
le relais le plus pertinent entre les citoyens et les institutions de l’Union
- Promouvoir les valeurs de paix et de liberté,
préserver le pluralisme et les différences culturelles qui sont la
richesse de l’Europe
- Mieux assurer le respect du principe de subsidiarité
- Faire de l’Europe autre chose qu’une vaste zone
de libre échange
- Répondre au besoin de sécurité exprimé par les
citoyens en donnant à l’Europe les moyens d’une action efficace dans
les domaines de la lutte contre la criminalité organisée, la drogue, le
blanchiment de l’argent sale, etc.
- Promouvoir un véritable modèle social européen et
faire de l’Europe une zone de prospérité économique et de création d’emplois.
- La place de l’Europe dans le monde : relever
le défi de la mondialisation en passant du statut de puissance régionale
à celui de puissance mondiale et renforcer la crédibilité de l’Europe
politique sur la scène internationale
J’ai, lors de mon intervention, insisté sur les
points suivants :
- Les enjeux de la réunification du continent
européen
- La nécessité de procéder à une vérification de
ce que nous voulons faire ensemble en Europe
- L’importance de démocratiser et de politiser le
débat européen pour le rendre plus accessible aux citoyens de l’Union
- L’importance d’un Traité social européen, dont
j’ai décliné les principaux thèmes lors d’une Conférence de presse
organisée avant l’ouverture de la session plénière.
A l’issue du débat général, les points suivants de l’ordre du jour ont été examinés :
LES DEMANDES DES REPRESENTANTS DES PAYS CANDIDATS
Les revendications des pays candidats portent sur deux
points :
- L’obtention d’un ou deux représentants au
Praesidium
- La possibilité de s’exprimer dans sa langue
maternelle et de faire traduire les documents de travail dans les langues
des pays candidats
Le Praesidium a fait part de son accord pour que les pays candidats désignent un représentant au Praesidium (et non pas deux) qui aurait le statut " d’invité " et non de " membre associé " comme le souhaitaient les représentants des pays candidats. Cet invité pourrait participer à tous les travaux du Praesidium sans pour autant pouvoir prendre part aux votes éventuels. Il s’agit, pour le Président Giscard d’Estaing, d’une proposition qui va au-delà de la Déclaration de Laeken, laquelle ne prévoit pas la participation des pays candidats au Praesidium.
Les représentants des Pays candidats se sont réunis le jeudi soir et le vendredi à l’issue de la session plénière, afin de se mettre d’accord sur une procédure de désignation de leur représentant au Praesidium. Il est acquis que ce représentant sera un membre titulaire représentant le Parlement d’un pays candidat. Les candidatures peuvent être adressées jusqu’au 4 avril, et la désignation se fera le lundi 15 avril au matin, par les représentants des pays candidats qui voteront à bulletin secret.
Concernant les langues, le Président Giscard d’Estaing a soulevé les difficultés techniques et financières liées à la demande des pays candidats. Il a toutefois annoncé que le Praesidium examinerait la proposition faite par le représentant du Gouvernement Letton (M. Gundars Krasts) consistant à permettre aux représentants des pays candidats de s’exprimer dans leur langue maternelle avec traduction dans une langue de l’Union (probablement l’anglais), aux frais des pays candidats.
L’ADOPTION DES METHODES DE TRAVAIL
Les méthodes de travail (anciennement " règlement intérieur ") devaient initialement être adoptées lors de la session inaugurale de la Convention, le 28 février.
L’insatisfaction provoquée par le premier projet de règlement intérieur, qui faisait du Praesidium le véritable gouvernement de la Convention en déniant tout pouvoir à la séance plénière, a conduit à différer son adoption. A la demande des représentants des Parlements nationaux et du Parlement européen, un délai a été accordé pour déposer des amendements.
Les représentants des Parlements nationaux avaient, dès le 28 février, désigné un rapporteur chargé de collecter et d’établir une synthèse des amendements. M Ben Fayot, représentant du Parlement Luxembourgeois a ainsi transmis au Praesidium une série d’amendements au nom des Parlements nationaux. En tout, 347 amendements ont été déposés par l’ensemble des Conventionnels (dont environ 300 à l’initiative des représentants des Parlements nationaux).
Dans un nouveau projet de méthodes de travail, le Praesdium a largement tenu compte des observations que nous avions formulées – j’ai moi-même déposé une série d’amendements – afin de rééquilibrer les pouvoirs entre le Praesidium et la session plénière. Les principales avancées portent sur la convocation de la session plénière à la demande des Conventionnels, la fixation de l’ordre du jour et l’assouplissement du statut des suppléants.
Lors de la réunion des représentants des Parlements
nationaux (qui s’est tenue le jeudi matin avant la session plénière de
la Convention), il a été décidé par consensus d’accepter ce nouveau
projet de méthodes de travail, en demandant toutefois à M. Ben Fayot d’assortir
notre acceptation des réserves suivantes :
- La contradition de l’article 5 sur le statut des
suppléants qui ne permet à un suppléant de prendre la parole que si le
titulaire qu’il représente est absent pour une journée entière (et
non pour tout ou partie d’une session, comme mentionné à l’alinéa 1er
de l’article 5)
- La question des langues
- La possibilité pour les pays candidats de disposer d’un
représentant au Praesidium
- L’imprécision du terme " à la demande d’un nombre
significatif de membres " mentionné à plusieurs reprises et
son remplacement par " un tiers des membres "
- La composition du secrétariat de la Convention, qui
devrait être ouvert à un fonctionnaire issu des Parlements nationaux.
En session plénière, les Conventionnels ont fait part de leur volonté de ne pas s’attarder sur les questions de procédure, afin que la Convention entre le plus rapidement possible dans les questions de fond. Les méthodes de travail ont ainsi fait l’objet d’un consensus, d’autant plus qu’elles contiennent une disposition qui prévoit un éventuel réexamen.
LA FIXATION DE L’ORDRE DU JOUR DES PROCHAINES SESSIONS PLENIERES
Le Président Giscard d’Estaing a indiqué que la session plénière des 15 et 16 avril portera sur les " missions de l’Union " et que le Secrétariat de la Convention préparera pour cette discussion un document informatif sur l’état actuel des compétences de l’Union.
La session suivante, les 23 et 24 mai, portera plus précisément sur la manière d’exercer ces missions, c’est-à-dire sur la répartition des compétences. Un document " juridique et politique " sera élaboré par le Secrétariat de la Convention et servira de base au débat en séance plénière.
LE FORUM DE LA SOCIETE CIVILE
M. Jean-Luc Dehaene, vice-Président chargé des relations avec la société civile, a fait état de ses contacts avec les représentants de la société civile et de l’organisation du Forum. Il a indiqué que la séance d’écoute de la société civile aura lieu les 6 et 7 juin, et non les 15 et 16 avril comme prévu initialement, afin de permettre aux participants au Forum de réagir aux premiers travaux de la Convention sur le thème de la répartion des compétences.
Je souhaite, en ce qui me concerne, établir un échange permanent avec la société civile, pendant la durée des travaux de la Convention. Il existe désormais une rubrique spéciale " Convention " sur le site Internet de l’Assemblée nationale qui permet d’obtenir toutes les informations utiles sur la préparation et le déroulement des sessions plénières de la Convention. Un forum sur l’avenir de l’Europe permet également aux internautes de déposer des contributions.
J’ai par ailleurs adressé un questionnaire à l’ensemble des paricipants aux " Assises " et aux " Mardis de l’Europe " afin de recueillir leurs positions sur les principaux sujets qui seront prochainement abordés par la Convention. Je leur adresserai un questionnaire avant chaque session plénière et une synthèse des réponses sera réalisée et mise en ligne sur notre site Internet.
LA REUNION D’UNE CONVENTION DE JEUNES
Le Président Giscard d’Estaing a annoncé la convocation d’une Convention de jeunes, probablement les 9 et 10 juillet prochains, à la veille de la session plénière des 11 et 12 juillet. Il s’agirait de jeunes européens de 18 à 25 ans, choisis par les composantes de la Convention, au prorata de leur représentation.
Le financement, modeste, sera assuré par la Commission avec le soutien logistique du secrétariat de la Convention et du Parlement européen.
Convention
européenne
Session inaugurale des 28
février et 1er mars 2002
Discours prononcés lors de la session inaugurale: http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00004f2.pdf
& suite de la session inaugurale de la Convention: http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/02/cv00/00007f2.pdf
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