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9 mars 2002 : Bicentenaire de la naissance de Victor Hugo
Concours « Les combats de Victor Hugo »

Les plaidoyers des lycéens ...

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1er regroupement : Aix-Marseille – Nice /
Contre la peine de mort

Lycée Joliot-Curie d’Aubagne
Professeur : M. Nesta

Plaidoyer contre la peine de mort

Maud Tatry et Noémie Liers

"La peine de mort, ah, la peine de mort quelle horreur ! ! Quelle honte !

Comment peut-on associer cette infamie à la démocratie ? La peine de mort est punition et autoprotection, elle est aussi, de la part de la société, l’aveu de son incapacité à corriger au sens pédagogique.

Faisons ici référence à la loi judéo-chrétienne : " Tu ne tueras point. " Qui pourrait ne pas être d’accord ? Paradoxalement, la démocratie, c’est la liberté considérée comme une prérogative inhérente à tout être humain et grâce à laquelle il doit être en mesure d’assumer son destin. Allons donc, cela ne peut cohabiter !

Tuer un coupable ne changera pas notre société. Tuer un coupable n’apportera pas aux habitants un monde de paix, un monde sans violence ni aucun autre acte illicite. Tuer un coupable, ne nous rendra pas un monde parfait où tout est beau et chaleureux. Alors, pourquoi, tuer un coupable ? Interrogez-vous ? Je vous le demande.

Ne pensez-vous pas qu’emprisonner un malfaiteur le forcera à réfléchir, à penser au mal qu’il a commis et peut-être à se convertir à la morale ? Hugo argumentait déjà en ce sens, il y a un siècle et demi devant l’assemblée des élus.

Je sais bien qu’il y a des personnes qui commettent des crimes comme la pie qui vole sans répit, sans pensée, sans aucun souci de culpabilité et qui attisent la haine chez leurs concitoyens mais le mort n’apaisera en aucun cas cette haine, au contraire, elle l’alimentera et s’en alimentera.

En tuant le coupable, je vous le répète, on ne tue en aucun cas, le mal… Le coupable n’est pas le mal !

On s’abaisse plutôt et la société retourne alors en notre nom, à la loi du talion, celle-là même qui crie lâchement : " Œil pour œil, dent pour dent ".

" Tu ne tueras point " et " Tu ne feras pas tuer en ton nom ", a-t-on envie d’ajouter. Ce serait trop facile. Songez à ce dessin de presse de Serre, qui montre l’abattement à la chaîne de tous les bourreaux tour à tour, exécuteurs puis exécutés. Que l’on songe à la démocratie athénienne, mère de toute démocratie où l’on ne s’autorisait à punir que si l’on était certain de la culpabilité de l’accusé. Le châtiment infligé à l’accusé pouvait se retourner contre l’accusateur. Comment accepter de châtier, de blesser, de tuer, sans le risque d’être à son tour, puni de son erreur de jugement. Le système dans lequel nous enferme la peine de mort et son cortège de souffrance est perverti, nous pervertit, fait le jeu de nos perversions.

Par ailleurs, la peine de mort contrairement à la condamnation à la prison conduit à l’élimination définitive sans aucun espoir de retour du prisonnier. Des centaines de milliers de personnes exécutées sous un régime donné ont ensuite été déclarées innocentes à la faveur d’un changement… Certes l’erreur est humaine, dit-on ! Certes, mais on peut ne plus répéter cette erreur là en abolissant définitivement et en tous lieux la peine de mort. C’est le thème du film La Ligne verte où le Messie de Dieu a été condamné à mort bien que certaines personnes pouvaient témoigner de son innocence.

Je ne comprends pas comment on peut imaginer tuer un homme pour un crime. A-t-on déjà rencontré le diable sur terre ? Non, je vous le proclame, alors pourquoi tuer un être qui jusqu’à preuve du contraire ne peut être le mal, pas plus que le diable !

Certes, tuer, voler ou violer ne réclame aucune mansuétude mais ne réclame en aucun cas la mort. Dans le fait d’ôter la vie à un humain, il n’y a aucun signe de bien à l’échelle de la société, car tuer le coupable ne signifie pas tuer le mal ainsi que nous l’avons déjà dit ! On ne peut avoir recours à une exécution pour condamner un meurtre : l’exécution est elle-même un meurtre, qui plus est, infligé par une société qui se venge par procuration.

Condamner, exécuter, tuer, cela vous plaît-il ? Asseyez-vous sur cette chaise, penchez la tête en avant, dégagez votre veine… Ce n’est pas un homme que vous tuez, mais toute une famille, un groupe d’êtres humains qui ne se relèvera pas, qui matin, midi et soir pleurera son sang. Ce n’est pas votre problème si des yeux innocents, ceux d’un fils, d’un père, d’une mère sont noyés chaque minute de leur vie dans l’odieuse image qu’ils emportent avec eux. Levez la tête, regardez la mort en face (montrer à cet instant quelques photographies réelles de la peine de mort) quel choc pour une famille ! Imaginez la longue suite de cauchemars qui hanteront leurs jours et leurs nuits… Jusqu’à souhaiter pour eux aussi la mort comme délivrance. Pensez-vous honnêtement que tuer un condamné et sacrifier sa famille sur l’autel de la barbarie vaut mieux que l’enfermer… même à perpétuité pour qu’enfin renaisse l’espoir… encore et toujours.

Ainsi quelle que soit la raison invoquée par les états pour appliquer la peine de mort, l’idée qu’un gouvernement puisse justifier un châtiment aussi cruel que la mort est en contradiction avec le concept même des droits de l’homme. Les droits de l’homme, cela veut précisément dire que certains moyens ne doivent jamais être utilisés pour protéger la société, car leur usage constitue une violation des valeurs mêmes pour lesquelles la société mérite d’être protégée.

Nous voilà plongés dans l’insupportable paradoxe qui permet d’associer encore en certains lieux démocratie et peine de mort, justice et ignominie, bien-être et violence.

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2è regroupement : Amiens – Lille – Rouen /
Abolition de la peine de mort

Lycée André Maurois, 1, rue de Lorraine- BP 320-76503 Elbeuf Cedex
Madame Bebarki, professeur de Lettres

Plaidoyer contre la peine de mort

Charlotte Cordonnier, élève de première S3

Monsieur le recteur, Mesdames, Messieurs,

J’ai fait un rêve…
J’ai rêvé que la justice des hommes n’était plus une justice qui tue.
J’ai rêvé que, sans pour autant cautionner les crimes quels qu’ils soient, la société des hommes permettait aux criminels de s’amender.
J’ai rêvé que la justice était pour tous équitable.
J’ai rêvé que la peine de mort était universellement abolie.

Hélas, ce n’est qu’un rêve…enfin, pour le moment.
Les faits nous rappellent malheureusement que la réalité est tout autre.

Le 1er janvier 2002, donc il y a quelques jours, alors que nous fêtions certainement nous tous ici joyeusement le passage à la nouvelle année, trois Saoudiens ont eu la tête tranchée. Leur crime : être homosexuel.

Était-ce un crime, Mesdames, Messieurs ?

Autre exemple, assez récent : en Chine, le 20 avril dernier, 200 personnes sur 400 condamnés à mort ont été exécutées dans le cadre d’une grande campagne de lutte contre la criminalité dont le nom de code est " frapper fort ". Ces condamnés, arrêtés pour des délits mineurs ont été exécutés d’une balle dans la nuque et leur corps n’a pu être récupéré par les familles qu’après le règlement des frais de l’exécution.

l’Arabie Saoudite et la Chine ne sont malheureusement pas les seuls à pratiquer la peine capitale, mais ils ont le triste privilège d’appartenir au quatuor de tête, avec l’Iran et les États-Unis, responsables de près de 90% des exécutions en 2000.

Et oui, même les États-Unis, société démocratique, qui se veut de plus un exemple pour l’humanité, use de cet acte barbare qu’est la peine de mort pour soi-disant protéger ses citoyens des criminels jugés " irrécupérables ".

Il est pourtant infondé de dire que les personnes reconnues coupables d’homicides volontaires récidivent. Donc, l’idée qu’il faut exécuter un criminel pour empêcher une récidive n’est pas assez forte pour permettre ce meurtre.

Ajoutons que les exécutions pour l’exemple pratiquées par certains États ne font pas réfléchir les éventuels criminels sur ce qu’ils encourent, puisque la plupart des crimes sont commis sans préméditation.

La prison devrait y suffire et n’aurait surtout pas cet aspect irrévocable qu’a la mort.

Les cas de condamnés à mort pour meurtre qui ont vu leur peine commuée et dont la réinsertion fut réussie, voire exemplaire ne manque pas. Citons, par exemple, Jacques Lerouge, condamné en 1971 qui, après le BEPC, les baccalauréats C et B, a passé une licence de psychologie en prison, et est devenu chargé de mission, auprès de l’administration pénitentiaire. Citons encore Philippe Maurice qui ne doit la vie qu’à l’abolition de la peine de mort en France, et qui est devenu un historien émérite, spécialiste du Moyen Âge.

Dans ces conditions, la condamnation à mort n’est-elle pas plutôt une vengeance, une application de la loi du talion : " Tu donneras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main. "

La justice est pourtant faite pour punir les coupables et non pour venger les victimes. Et si un des objectifs de la société est de combattre ce qu’il y a de primitif en l’homme, ne se doit-elle pas de combattre la vengeance qui est un désir primitif ? N’est-il pas, en effet, choquant de voir assister les familles de victimes à l’exécution ou de voir celle-ci retransmise sur les écrans,

Et que penser d’une condamnation à mort dont la cause première serait la couleur de la peau, la race ou bien des idées différentes de celles du pouvoir en place.

Le calvaire que vit actuellement Mumia Abu Jamal relève de ce cas figure. En effet, Monsieur Abu Jamal est un homme noir, ancien militant des Blacks Panthers, accusé du meurtre d’un policier blanc, ce qu’il a toujours nié farouchement depuis 1981. Cependant, dans un délai de six mois, un procès doit se tenir et définir la nouvelle peine de l’accusé : peine d’emprisonnement à perpétuité ou, à nouveau, la peine de mort ! !

Aux États-Unis, être condamné à la peine capitale entraîne le passage dans le couloir de la mort pour une durée inconnue du condamné, l’isolant même de ses proches, ce qui ajoute alors une torture morale à la cruauté du châtiment. De plus, le procédé le plus utilisé maintenant pour exécuter les condamnés est l’injection létale, car il est dit " plus humain ". Cependant, on fait état de plusieurs cas ayant entraîné une agonie prolongée.

Mesdames et Messieurs, comment peut-on parler d’humanité ?

Alors qu’en 1997, la Chine a aboli la peine de mort pour les mineurs délinquants et que, récemment, le Pakistan lui a emboîté le pas, les États-Unis, quant à eux, au mépris de la Convention américaine des droits de l’homme, ainsi que la Convention internationale des droits de l’enfant, continuent de condamner des mineurs. Ils n’hésitent d’ailleurs pas non plus à appliquer la même sanction pour les handicapés mentaux.

Quels sentiments peut-on avoir à l’égard de ces États qui attachent si peu d’importance à la vie d’un enfant ou d’un déficient mental ?

Cette sentence est même devenue un argument électoral. Les hommes politiques tiennent à prouver leur intransigeance en matière de criminalité. Ainsi, en novembre 1994, George Bush junior a été élu gouverneur du Texas en proposant d’abaisser l’âge des exécutions : de 17 ans, il devait passer à 16 ans ! 

À cette époque, 80% de la population américaine était favorable à la peine de mort, convaincue de l’effet dissuasif de celle-ci. Or, aucune étude n’a pu prouver à ce jour la véracité de cette affirmation. Il a même mis en évidence une baisse du taux d’homicide dans plusieurs pays abolitionnistes.

Enfin, si le fait de tuer un homme fait d’un individu un criminel, alors un État qui exécute un de ses habitants est, par conséquent, lui aussi un État criminel. La peine de mort est donc un crime légal commandité par un État.

Celui-ci ne devrait-il pas alors répondre de ses actes devant la justice ?

Pour toutes ses raisons, je ne demanderai qu’une seule chose…

L’abolition…

Car, comme le disait Victor Hugo : " Un homme tué par un homme effraie la pensée, un homme tué par les hommes la consterne. "

Moi, je suis consternée.

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3è regroupement : Besançon – Dijon – Reims – Strasbourg /
Plaidoyer contre l'exploitation des enfants

Lycée Saint François de Sales
11, rue Général-Saussier
10000 TROYES

Contre l’exploitation des enfants

France LONGIN, Marion PIERRET,

16 ans, classe de première L

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent.

Victor Hugo, Mélancholia,
Les Contemplations.

C’était en 1856… du passé ! Du passé ? Hélas, non ! Aujourd’hui, en février 2002, dans le monde, des millions d’enfants ne sont pas respectés en tant qu’êtres humains. Or, l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme, proclamée par les Nations-Unies le 10 décembre 1948 affirme que " Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. "

Que constatons-nous ? Que beaucoup d’adultes bafouent le droit fondamental de tout être humain, lorsqu’il est le plus fragile.

N’est-il pas intolérable que les enfants soient maltraités, rejetés, privés d’affection et de soins – ce qui est pourtant le minimum vital ?

Combien d’enfants vivent dans la rue, se nourrissent de ce qu’ils trouvent dans les poubelles et les décharges, constituent des bandes et chapardent pour survivre ?

Combien subissent des sévices corporels ? Combien sont enfermés dans des " lits-cages " durant des journées entières sans recevoir une seule marque d’affection ?

Combien d’orphelins du fait des guerres sont victimes de pratiques épouvantables ?

Un exemple en Roumanie : regardez ce petit garçon qui sanglote. C’est Andrei, il a trois ans. Il pleure parce que le médecin vient d’entrer dans le dortoir et il sait ce qui l’attend. Ce médecin est demeuré adepte de vieilles méthodes du temps de Ceaucescu. Pour " soigner " les enfants, il considère que rien ne vaut une piqûre. Andrei est traumatisé par la grosse seringue en verre et en acier, à usages multiples, dont l’aiguille fait si mal quand elle pénètre dans la chair… La souffrance provoquée par ces piqûres à répétition a déjà paralysé les jambes d’Andrei. Cette aiguille colporte aussi le redoutable virus du sida qui infecte les orphelinats du pays.

Vous qui vivez dans un pays confortable, qui mangez à votre faim et vous endormez dans un lit douillet, trouvez-vous acceptable qu’on abandonne les enfants ? C’est inhumain, dites-vous ? Et pourtant, c’est courant en Chine. Les parents abandonnent leurs enfants, parce qu’ils y sont incités par les traditions et contraints par le gouvernement. En effet, depuis des siècles, la tradition privilégie le garçon, qui devra travailler dans la rizière et honorer les ancêtres. Les filles sont quantité négligeable. De plus, " la politique de l’enfant unique ", qui vise à réduire la population chinoise, rend la naissance d’une fille encore plus indésirable. Le résultat ? Une hausse des avortements et des abandons d’enfants. " Un million et demi de petites filles disparues " titre un quotidien chinois… et la situation s’aggrave régulièrement.

Cet enfer, Way Ling l’a vécu. Elle n’avait que quatre ans et demi, et luttait déjà contre le froid et la mort dans les montagnes du Nord de la Chine. Heureusement, elle a été recueillie, mais elle est loin d’être sauvée. Outre la détresse de l’abandon, elle souffre de déshydratation et de dénutrition. En Chine, la nourriture manque pourra-t-elle survivre ?

N’est-il pas intolérable que des enfants soient enlevés et achetés à leurs parents pour devenir esclaves ! oui esclaves au xxie siècle !

Par milliers, des enfants sont vendus à des organismes qui promettent de les sortir de leur pauvreté et de leur misère. En réalité, ils travailleront dans des usines. Usines comme on en trouve dans les pays en voie de développement, où la majeure partie des ouvriers sont des enfants. Usines délabrées, usines insalubres, où on travaille de jour comme de nuit dans une discrétion remarquable, loin du regard des autorités, puisqu’elles sont illégales. Les enfants y travaillent en moyenne de douze à seize heures par jour, pour un salaire minable.

Combien d’" enfants-machines " ? Ils lissent des tapis, fabriquent de minuscules pièces, assemblent des jouets, sous la menace du chef d’atelier qui crie, violente, injurie, frappe celui qui a perdu la cadence, trop rapide pour ses petites mains, celui qui a commis une erreur, celui à qui échappe un mot de trop ou un geste maladroit ?

Combien d’" enfants-mineurs " ? Voyez-les dans le ventre de la terre, où leur petite taille et leur agilité leur permettent d’extraire le minerai ou le métal précieux. Ils gagnent, en échange de l’or et de l’argent qu’ils rapportent un cancer du poumon et une promesse de vie dérisoire.

Des enfants sont traités comme des outils, comme des choses de petites choses, Cosette !

Quand un enfant choyé de nos pays réclame un jouet, on ne lui dit pas : " Tu sais, ton jouet, il a été fabriqué par des enfants de ton âge. Ils n’ont pas joué, eux, depuis longtemps ; ils n’ont guère mangé, ils ont travaillé sans que personne n’ait le souci de leur fatigue. " Il joue sans le savoir avec la vie d’un enfant qui pourrait être son frère… Attention ! " Exploiter n’est pas jouer " !

Autre forme d’esclavage, l’exploitation sexuelle.

Savez-vous combien d’enfants sont abusés, prostitués ?

Deux millions et demi dans le monde. Ces " enfants-objets " vendent leur corps si fragile et si pur.

Le Cambodge est une des plaques tournantes de ce commerce international de la honte. Pour aggraver la situation, selon une tradition tenace, on croit qu’un homme peut guérir d’une maladie sexuelle en couchant avec une fille impubère… Voilà de quoi, au nom de la santé, justifier des viols inqualifiables… et faire prospérer les réseaux pédophiles.

Voici Ohn, petit Gavroche de Pnomh Penh, qui vit dans la rue et n’a que ses clients pour l’aimer. Orphelin dès sa naissance, il ne sait ni son nom, ni son âge. Seize ans, peut-être ? Il attend, abattu, allongé sur le trottoir, dans la boue. Des mouches grouillent sur ses jambes maigres à faire peur. " Qui voudra de moi aujourd’hui ? Je suis trop sale. Si seulement un étranger s’approchait… Malgré tout, ils paient mieux que les locaux. " À quoi rêve-t-il, Ohn, en attendant un client pour pouvoir manger ? Il rêve d’être footballeur !

Et la petite Sophak ? Elle, elle a été achetée cinq cents dollars, puis vendue trois cents dollars pour une semaine. Quand elle a déjà " servi ", elle devient " marchandise usagée " et sa valeur est quasiment nulle.

Aurez-vous pitié comme nous de Mira ? Elle a treize ans, et elle témoigne, une fois sortie de l’enfer. " Il y a six mois, un homme m’a offert un poste d’employé de maison à Bombay. Je me suis retrouvée dans un bordel, exposée dans une cage, comme dans un zoo. Puisque je ne voulais pas me prostituer, on m’a emmenée dans une salle de torture… Mon patron m’a dit : " Je t’ai achetée, tu dois travailler… "

N’est-il pas intolérable aussi que des enfants soient enrôlés dans des conflits armés ? Transformés en " enfants-fusils ", ils tuent pour continuer à vivre. Ce drame ensanglante surtout les pays d’Afrique.

John a seize ans : fin de la scolarité obligatoire, pour un jeune Français . Pour lui, fin du massacre obligatoire : l’Armée populaire de libération du Soudan l’a enrôlé à six ans. Il a " joué à la guerre " pendant neuf ans : toujours le fusil à l’épaule. Il a vécu destructions, carnages, incendies ; il a vu mourir ses amis, il a dû tuer… " Beaucoup de mes amis sont morts à côté de moi. J’aurais voulu mourir avec eux tellement c’était affreux. Mais les soldats donnaient l’ordre de les venger. "

John fait partie des trois mille cinq cents " enfants-soldats " soudanais démobilisés par l’UNICEF en février 2001. Mais tant d’autres doivent encore tuer pour ne pas être tués !

Ces enfants torturés, exploités, épuisés ne savent pas que la vie est promesse. Elle est déjà pour eux un enfer. Pourront-ils en sortir un jour ? On peut craindre que non. Ils ne vont pas à l’école, ne savent ni lire ni écrire et n’ont pas les moyens d’échapper à leurs tortionnaires.

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4è regroupement : Bordeaux – Toulouse /
Plaidoyer contre l'exil politique

Lycée polyvalent rive gauche, avenue Jean Baylet- 31081 Toulouse Cedex
Madame BEL, professeur d’histoire et de géographie

Contre l’exil politique

Mohamed Sadouki et Abdelkader Boudjourès, élèves de première d’adaptation STT 14

Il m’arrive parfois de penser à vous…

Lorsque le doute m’atteint, les questionnements m’assaillent, le désespoir s’installe en moi, il m’arrive de repenser à vous. Le gouffre apparent entre ma jeunesse, ma naïveté, mon inexpérience et votre carrière, votre carrure, votre charisme, me rapproche pourtant de vous : vous avez la fougue inoxydable, l’audace éclatante de la réflexion.

" Le seul vrai lecteur, c’est le lecteur pensif "

Lorsque je vous lis, vos lignes me transportent dans un univers de pensées. Et pour le sujet qui m’incombe, vos vers, dans notre proximité intime, contiennent des solutions, sinon des ouvertures. Lorsque vous aviez vu " depuis deux ans, la république prise en traître saisie par ses ennemis, jetée à terre, liée, garrottée, bâillonnée ", lorsque le 2 décembre 1851 celui qu’alors vous aviez soutenu, porté au pouvoir, confisque cette république pour un coup d’État odieux pour devenir Napoléon III, votre combat se perpétue sur la route de l’exil : d’abord en Belgique, puis dans les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey. Cet exil là s’imposait à vous : aucune concession possible avec Napoléon le petit ! Qui est à jamais marqué de " signe infamant du liberticide " selon le mot de Jean Tulard.

" Le faux serment est un crime.

Le guet-apens est un crime.

La séquestration arbitraire est un crime.

La subornation des fonctionnaires publics est un crime.

La subornation des juges est un crime.

Le vol est un crime.

Le meurtre est un crime. "

Mais l’exil peut-il être toléré, peut-il être accepté, peut-il être envisagé comme indétournable ?

" S’il y avait de beaux exils, Jersey serait un exil charmant. "

Peut-on réellement se résigner devant cette idée d’exil… ?

En février dernier, je serrais ma mère dans mes bras… Au-delà, la salle d’embarquement, une vitre limpide. Et moi je ne voulais pas la libérer. Pourtant, de l’autre côté de la Méditerranée, il y avait ses parents. Cinq longues années avaient séparé leurs regards. Seule la perspective de ce bonheur, a pu permettre d’interrompre notre étreinte. En même temps, une angoisse terrible m’envahit. Le terminus du voyage : Médéa, fief des intégristes islamistes et de leurs exactions. C’est la raison pour laquelle tant d’Algériens de France hésitent à retourner sur la terre qu’ils aiment, et se sentent exilés.

Quand bien même la France représente une terre d’accueil conviviale, ma mère a subi un double exil. Dans les années 1970, ce fut l’exil économique, car comment qualifier autrement un déracinement de cette ampleur qui a pour seul but, la survie.

Dans les années 1990, au moment même où un retour était envisageable (Victor Hugo n’a-t-il pas passé près de vingt ans en exil !), comment qualifier autrement ce sentiment renouvelé de stationnement obligatoire, loin de son espace de cœur, à cause d’un ennemi fluide, innommable et cruel. Officiellement, rien ne nous interdit de rentrer chez nous, les papiers nous seraient attribués, excepté ce monstre insaisissable qu’on appelle terrorisme. Il y a d’ailleurs un consensus à ce sujet qui s’accorde à dire que, là-bas le terrorisme a une arme : la religion et un terrain d’application : la politique.

En revenant vers vous, je me dis que non !

Que l’exil ou plutôt ses motivations, est intolérable, mais que seul, le combat compte.

" Quoi que fassent ceux qui règnent chez eux par la violence et hors de chez eux par la menace, quoi que fassent ceux qui se croient les maîtres des peuples et qui ne sont que des tyrans des consciences, l’homme qui lutte pour la justice et la vérité trouverait toujours le moyen d’accomplir son devoir tout entier. "

Car c’est ce sentiment mêlé de justice et de vérité, piédestal de toute lutte, qui impose crédibilité et recevabilité. Or, pour le jeune adulte que je suis, cette attitude m’émeut, me touche, me concerne. Je vous perçois franc, persévérant et insoumis. Victor Hugo, vous l’indomptable, j’admire la valeur de vos combats et la justesse de vos mots pour le dire. Encore plus, je m’enthousiasme face à votre détermination et à votre conviction devant l’irrémédiable.

" Si on l’éteint, si on l’engloutit dans les ténèbres, le flambeau devient une voix, et l’on ne fait pas la nuit sur la parole ; si l’on met un bâillon à la bouche qui parle, la parole se change en lumière et l’on ne bâillonne pas la lumière. "

Votre écriture anime mon esprit : son message d’espoir est palpitant, brillant, puissant.

Comment le transcrire, lorsque je regarde ma mère au fond de son âme. La grande maison d’Algérie, le fruit du travail d’une vie et le symbole d’un retour tant désiré sera peut-être vendue…

Disparue cette réalisation, consécration ultime, tout comme indicible reste notre ennemi. Pour nous, Victor Hugo, le coupable était tout désigné. Pour nous même plus…

Vous, pour qui il semble subsister une telle interaction entre la vie et l’œuvre, une telle adéquation entre la pensée et l’action, apportez-moi une réponse !

" L’exil, c’est la goutte qui tombe.
Et perce lentement et lâchement punit.
C’est la peine infligée à l’innocent, au juste. "
Devons-nous nous résigner à être des innocents ?
" Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ".
Comment lutter contre cette mouvance ?
" Le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre. "

L’exil permet de se comprendre, de savoir qui l’on est. Parmi vos qualités, il en est une qui transparaît depuis cet exil : vous avez su tirer parti des circonstances comme si les épreuves de la vie permettaient de se corriger, de s’amender.

Votre ultime souhait n’était-il pas de mourir dans l’exil et d’avoir votre statue au seuil du xxe siècle.

Quelle transposition de cette expérience puis-je offrir à ma mère ?

Quels que soient les obstacles qui se sont dressés sur sa route, je la sens courageuse, obstinée pour accepter cet exil comme le gage du non-cautionnement de la racaille.

Mais jusqu’à quand ?

Votre acharnement, votre ténacité, vous avaient donné raison. La cohérence de votre parcours et la régularité de votre combat poussent à l’apologie… À tel point qu’il y a quelque chose d’intemporel dans votre personnalité.

Vous, le visionnaire, le " passeur de siècles ", vos idées chevauchent le temps, entre le XIXe siècle de leur formulation et le xxe siècle de la réalisation de certaines de vos prédictions comme l’abolition de la peine de mort ou bien les " États-Unis d’Europe ". Eh bien ! Le vingt et unième siècle sera-t-il le siècle libérateur des exilés, de tout bord, car auriez-vous pu imaginer sur ce thème de l’exil des ramifications aussi diaboliques ?

Humblement, même si ma rhétorique n’est pas la vôtre, je tenais à vous rendre hommage. Je continuerai à vous lire, car je me dis que, quelque part dans vos pages, il y a peut-être la réponse…

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5è regroupement : Caen – Nantes – Rennes /
La peine de mort

Lycée Victor Hugo,
16, rue de la Défense Passive
5132 Porte de Nacre
14070 CAEN Cedex 5
Professeur : Madame DECROUX

Plaidoyer contre la peine de mort

Amélie MICHAUX élève de première S

Mesdames, Messieurs,

La peine de mort ... Certes, le sujet n'est pas nouveau, certes, elle a été abolie en France, mais est-ce une bonne raison pour s'en désintéresser ? 46% des pays du monde la pratiquent toujours et tant qu'ils persisteront dans cette voie, nous ne pourrons pas nier le problème, nous n'aurons pas le droit de fermer les yeux, nous devrons continuer à lutter pour son abolition. La France est le pays des Droits de l'Homme, notre devoir à tous est donc de les faire respecter, à commencer par le plus important : le droit à la vie. C'est pour cette raison que j'ai d'abord choisi ce sujet, c'est pour cette raison que je m'adresse à vous aujourd'hui et c'est pour cette raison enfin qu'il faut se battre pour que cette pratique s'arrête.

Certains pensent que la peine de mort est dissuasive, que l'idée de cette " punition " suffit à effrayer les meurtriers. Ce n'est qu'une idée reçue ! Les pays l'ayant abolie n'ont pas connu d'augmentation de la criminalité ! Et de plus, pensons seulement à ceci : est-ce qu'une condamnation à un long internement ne paraît pas plus dissuasive qu'une exécution abrégeant les souffrances morales du coupable ?

Il est vrai que la peine de mort est la seule solution offrant un risque de récidive égal à zéro. Mais on ne peut raisonner ainsi ! Avec une telle politique tout serait terriblement limpide : pour éviter les accidents de voitures, interdisons les voitures ! Pour éviter les chutes, interdisons la marche ! Cela n'a rien à voir ? Mais c'est exactement la même chose ! On retire le permis aux chauffards, le temps qu'ils comprennent leurs fautes ? Eh bien, que les criminels suivent des thérapies en prison, afin de devenir meilleurs et de pouvoir se racheter ! Tout le monde a le droit à une deuxième chance : Vous, Moi, Eux ! Pour être plus pragmatique, j'ajouterai que les chiffres prouvent que nombreux sont ceux qui se rachètent et ne répètent plus leurs erreurs.

Depuis le début de mon discours, je tente d'expliquer que la peine de mort ne sert à rien, mais il serait facile de me répondre que l'abolir ne servirait à rien non plus et peut-être êtes-vous intimement convaincus que de toute façon la peine de mort est la seule "punition " envisageable pour les meurtriers. Et c'est pour cette raison que je dois vous rappeler que le condamné n'est pas forcément le coupable. Quand George.W.Bush prétend "qu'il vaut mieux exécuter un innocent que laisser un coupable dehors" et que j'apprends qu'aux États-Unis, un exécuté sur six est innocent, je ne peux que supplier les gens de pouvoir d'arrêter le massacre.

Certes, la peine de mort est "vieille comme le monde"... Elle a été pratiquée par chaque civilisation et en tout temps, mais ne suivons pas ces exemples archaïques et barbares qui appliquaient cette sentence pour de mauvaises raisons (si l'on peut penser qu'il en existe de bonnes...)- Déjà pendant l'Antiquité, les Romains infligeaient la peine de mort aux Chrétiens sous divers prétextes, car ils représentaient une menace intérieure. Ces mêmes Chrétiens qui plus tard, au Moyen-Age, la pratiqueront à leur tour dans un cadre assez similaire, puisqu'ilstenteront d'éliminer les protestants, les soi-disant sorciers, et autres laïques coupables d'hérésie. L'archaïsme n'est malheureusement pas lié à une époque. Aux États-Unis toujours, la majorité des exécutés font partie des minorités noires ou hispaniques. Notre société aurait donc plusieurs siècles de retard ? Je n'ose le croire et je fais mienne la phrase de Beccaria : " Le droit doit tabler sur la possibilité d'évolution et d'amélioration de la société et donc de l'individu. " Cette conception de la justice qui me semble être celle à appliquer, nous prouve que les criminels doivent pouvoir se racheter et elle réfute totalement la loi du Talion.

Le sujet devient plus délicat quand nous abordons les crimes inhumains, comme ceux liés à la pédophilie. Mais la société la société doit-elle aussi se montrer inhumaine que ses criminels ? Infliger la mort à un coupable est un exemple de violence et de réaction passionnelle pour la population, alors que la peine de mort est censée être un moyen de lutter contre ces réactions. La grandeur de l'homme est de dominer ses passions, ceci est bon pour vous comme pour moi, mais plus encore pour la justice qui doit montrer l'exemple et elle-même appliquer, d'un point de vue juridique, le principe mis en place par toutes les civilisations et depuis des millénaires, connu sous le nom d'un commandement simple : " Tu ne tueras point. "

Je comprends que vous puissiez penser qu'un enfant assassiné doit être vengé par la mort et que le sang du coupable paraît seul capable de laver ou de compenser celui de la victime, pour ses proches. Mais comme le disait Victor Hugo à son époque " se venger est de l'individu, punir est de Dieu ". Bien sûr, notre société laïque ne peut pas prendre à son compte cette affirmation mais en cherchant un peu plus loin le sens de cette phrase on en comprend mieux le sens : un homme qui pourrait décider de la vie ou de la mort d'un autre serait forcément un être supérieur . Or, vous pensez sans doute comme moi que tous les hommes sont égaux ? ...Le problème vient de là, et il est simple : l'homme éprouve le besoin de se venger - un sentiment humain - mais l'homme n'est pas parfait, qu'il s'agisse du criminel ou du juge. Certaines horreurs amènent spontanément l'homme vers une envie de vengeance, mais la loi doit le ramener
vers le droit chemin en lui interdisant d'assassiner les meurtriers grâce à l'excuse la plus instinctive, mais aussi la plus hypocrite qui soit : la peine de mort. La limite est très étroite entre le besoin de punir des fautifs et celui de se venger. Mais qui est capable de décider si telle ou telle punition est appropriée à tel ou tel cas ?

Il est évident qu'un coupable ne peut pas être laissé en liberté comme si de rien n'était, mais notre société doit oublier les punitions pour les remplacer par des traitements appropriés aux criminels qui leur permettront par la suite de devenir des hommes intègres comme Patrick Henry. La prison ne doit plus être punitive mais curative. Des thérapies doivent être organisées, des traitements proposés, des psychologues doivent suivre les malades (au sens propre du terme). Effectivement , c'est ce qui est prétendument déjà fait mais est-ce réellement le cas ? Les prisonniers sont-ils tous suivis et le sont-ils
convenablement ? Ne nous voilons pas la face...

Ai-je su vous démontrer tour à tour que la peine de mort était inutile, qu'elle ne convenait pas à notre société, qu'il y existait des solutions de remplacement, plus justes et, ce qui est pour moi un argument irréfutable, qu'elle comportait un risque énorme : celui de tuer des innocents. Est-ce que, malgré cela, certains de vous pourront persister dans cette position intolérable d'individu insensible ... Je vous prie de me répondre non. Je ne peux et ne veux pas croire qu'à notre époque, les Français ou les autres peuples dits civilisés restent des êtres barbares. C'est notre société qui doit s'efforcer de ne plus produire de criminels. J'espère vous avoir convaincus et je souhaite que, par la suite, vous vous engagerez dans mon combat : celui pour la vie.

Je vous remercie de votre attention

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6è regroupement : Clermont-Ferrand – Montpellier /
Et pourtant elles existent ! (amélioration de la condition des femmes).

Lycée Jean-François Champollion à Lattes
SP 701 classe de première (Bac professionnel Maintenance audio-visuelle et électronique)
Enseignant : Juliette Massat

Et pourtant, elles existent…

Saïd Belhoul El Fatmi, Damien Grandel

La femme donne la vie
Et la vie ne le lui rend pas.
Elles portent l’humanité
Mais aussi le fardeau du monde.

Elles sont les premières victimes de la guerre, subissent les pires sévices de la part de l’homme, sont en permanence victimes de violences conjugales, religieuses, politiques et sociales, physiques ou morales.

Comment se taire devant tant d’injustice ?
Ne poussons pas le vice,
Et des combats d’Hugo,
Reprenons le flambeau.
Qu’est-ce que le sexisme, le machisme, sinon une autre forme de racisme ?
La femme a été, et est encore souvent, dite " inférieure " : on l’appelle " sexe faible "
Elle a parfois le droit d’être belle, et n’a trop souvent que celui de se taire.

Elles sont battues, violées, opprimées, bafouées, dominées, manipulées, exploitées, utilisées, cloîtrées, brimées, bridées, mariées puis répudiées, excisées, infibulées, en un mot, trÈs maltraitées.

Olympe (de Gouge) guillotinée, Jeanne (d’Arc) brûlée, et Safya (Hussaini) lapi… Non ! Ne la lapidons pas !

Ces exemples parmi tant d’autres nous crèvent les yeux, mais on préfère les fermer.

Les faits sont là, les preuves sont accablantes, on sait que l’on est dans l’erreur, mais on attend toujours que le problème explose à la face du monde pour agir, qu’il nous explose à la face pour réagir.

On dit que la vie des femmes afghanes est insupportable, mais cela fait déjà plus de dix ans que cela dure !

Pour ces femmes, le 11 septembre 2001 fut-il une aubaine ? Est-ce normal ?

Leur vie est en train de changer, mais leur combat n’est pas fini, il ne fait que commencer…

Du jour au lendemain, on les autorise à quitter leur tchadri, mais on ne fait pas tomber celui-ci comme ici " la chemise ", ou là-bas les bouddhas. Alors peut-être préfèrent-elles le garder, ainsi elles se sentent protégées. Cela peut choquer, mais il faut savoir leur laisser le choix.

Imaginez un homme resté sous terre longtemps. Un jour il refait surface. Il aura du mal, au début, à revenir à l'air libre : elles auront du mal, au début, à revenir à la vie.

Elles essaient désormais de reconquérir le droit de sortir, de s’instruire, de travailler, pour se redécouvrir, se reconnaître, se retrouver, renaître et vivre, ou plutôt devrais-je dire " survivre " à ce cauchemar.

Des hommes les ont arrachées à leur travail, à leurs écoles, ils les ont cloîtrées et ont mis leurs visages en cage. Ils eurent tous les droits sur elles, et elles, aucun…

Quand comprendra-t-on enfin que nous avons une seule vie, un même endroit et une même liberté ?

Comme le disait Victor Hugo, " les femmes sont sur la terre " : oui, elles existent, aussi vrai que la terre tourne. Et pourtant…

Dites-le haut et fort, ne laissons personne les enterrer vivantes, laissons les exister ! Qui pourrait empêcher la terre de tourner, qui pourrait empêcher les femmes d’exister ?

Fatima fête aujourd’hui son quatorzième anniversaire. Son père lui offre un cadeau, le premier en quatorze ans. Elle ouvre une boîte en carton après avoir délicatement écarté le papier journal qui l’enveloppait. Son père lui dit alors : " À partir de maintenant, je ne veux plus te voir sortir sans çà. "

Tremblante de peur, elle obéit sans discuter.

Le lendemain au collège, elle sera montrée du doigt, convoquée chez le directeur et renvoyée chez elle. Arrivée à la maison, que croyez-vous qu’il arriva ? Rien de bon pour Fatima.

Ne cherchons pas à juger, mais quel lourd dilemme pour cette très jeune fille !

Obéir à son père lui ferme les portes de l’école, respecter le principe de laïcité la condamne aux yeux de son père. Que faire ? Elle est piégée.

Elle a quatorze ans : un âge important…

Dans certaines régions d’Afrique, la fidélité n’est pas d’actualité, tout au moins pour les hommes, car la polygamie règne. Par contre, si une femme commet l’adultère, elle sera humiliée, battue, bannie, et même tuée.

Mais pourquoi elle, et pas lui ? Safya Hussaini verra son sort réexaminé, ayant été condamnée à mort par lapidation pour adultère. Or, lui non plus n’était pas marié avec elle ! Selon elle, il l’aurait même violée ! Mais elle seule est condamnée, car la seule preuve requise par la Charia pour convaincre une personne d’adultère est la grossesse. Aucun homme ne peut donc être inculpé ! C’est bien là " Ce Qu’il Fallait Démontrer ".

Qui de l’œuf ou la poule est arrivé en premier ? Mon but n’est pas de passer du coq à l’âne, mais d’" extrapoler " : qui de l’homme ou la femme arriva en premier ? C’est une question impossible à trancher, mais pour certains, pas de doute : la femme qu’elle s’appelle Ève ou Pandora, est toujours seconde, issue de l’homme ou envoyée à lui en guise de punition, et sa curiosité perdra l’humanité. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit toujours coupable de quelque chose, si c’est là sa nature… Et l’on entend dire : " Bats ta femme, si tu ne sais pas pourquoi, elle le saura. " (Trois femmes meurent tous les quinze jours de violences conjugales.).

Mais depuis des lustres les hommes regardent les femmes de la même façon : elles reproduisent l’humanité, assurent leur descendance, et sont d’ailleurs formées pour faire de " bonnes épouses et de bonnes mères ", mais elles sont aussi " maîtresses de maison " : le travail de la ménagère, voilà leur seul métier ! L’art ménager, voilà leur seule activité ! La maison, voilà leur seul domaine !

Bien sûr, tout cela a bien changé, les hommes participent plus activement aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants (ils ont maintenant droit à deux semaines de congés pour s’occuper de leur nouveau-né), l’amélioration de la condition féminine est en évolution constante, mais il reste cette empreinte, des clichés persistent, véhiculés notamment par les médias.

En effet, les publicités pour les produits de nettoyage représentent toujours des femmes. Pourquoi pas des hommes ? Ils sont plutôt visibles dans des publicités pour des produits soi-disants plus " virils ". Tout cela n’est pas très valorisant pour l’image de la femme, et pourtant personne n’y fait vraiment attention…

De même, pourquoi les publicitaires emploient-ils de charmantes jeunes filles ? À mon avis, c’est pour pouvoir " profiter " de leurs atouts physiques. Quand pour vendre de l’électro-ménager, nous voyons – excusez-moi du terme – une véritable " bombe sexuelle ", cela n’a pas vraiment de rapport avec le produit lui-même !

Les femmes sont utilisées dans tous les domaines pour attirer les hommes : en boîte de nuit par exemple, les femmes ont le privilège de rentrer gratuitement : qu’est-ce que cela cache ?

L’exemple de " Loft story " est significatif : les candidats correspondaient tous à un certain type de " personnage ". Celle qui fut " élue " n’était pas la moins " sexy ".

Les femmes font monter l’audimat, grimper les entrées, vendre les produits, et sont utilisées dans ce but. On en oublie le respect.

En France, les mentalités ont bien changé depuis 1945 (date à laquelle les Françaises ont enfin pu voter), les femmes prennent du pouvoir, s’investissent davantage dans le pays, mais un manque d’harmonie subsiste : si une femme est élue présidente, n’aura-t-on pas une arrière-pensée pour dire qu’elle a été élue uniquement parce que c’est une femme ?

À l’époque de Victor Hugo, Aurore Dupin, pour pouvoir prétendre devenir écrivain, dut se faire passer pour un homme et prit pour nom de lettres " George ". C’était ingénieux, mais n’est-ce pas regrettable de devoir user de tels stratagèmes pour faire entendre sa voix ? C’est à croire que les femmes sont " illicites ". L’un d’entre nous a d’ailleurs fait un " bon mot " involontaire, très révélateur de l’étendue du problème, et dont nous allons vous faire part. Il a écrit : " De nos jours, la femme est pratiquement légalisée. " : il serait peut-être effectivement temps qu’elle le soit tout à fait.

" Femme tu m’as donné la vie, pour toi je donnerais mon âme, de l’homme tu as comblé les envies, dans mon cœur tu as allumé la flamme, calmé mes humeurs (…), je te rends honneur. "

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7è regroupement : Corse – Créteil – Paris – Versailles /
Plaidoyer contre la peine de mort

Lycée Gustave-Monod à Enghien-les-Bains
Madame Castel, professeur de Lettres classiques

Plaidoyer contre la peine de mort

Cécile Battais, élève de seconde 14

Mesdames, Messieurs les députés, en tant que porte-parole des jeunes de ce pays, je suis venue ici pour vous faire part de notre point de vue sur un châtiment qui ne devrait plus exister au xxie siècle : la peine de mort !

Dans tous les pays du monde et depuis des millénaires, la peine de mort a constitué le châtiment suprême. Lorsque les systèmes judiciaires se sont mis en place, elle a continué de représenter la peine exemplaire par excellence. Et de nos jours, de nombreux pays la pratiquent encore. Mais n’est-elle pas profondément inhumaine ? N’est-elle pas inutile ? N’est-elle pas illégale ? N’est-elle pas illégitime ?

Je pense que l’abolition de la peine de mort a représenté une avancée de la civilisation, une avancée sur le plan des valeurs humaines, dont notre République est porteuse mais aussi, une avancée sur le plan de la justice, qui s’est trouvée débarrassée des scories de la " loi du Talion " créant, parfois encore la confusion entre justice et vengeance !

Ne faudrait-il pas, Mesdames, Messieurs les députés, que les représentants de tous les pays d’Europe militent et œuvrent pour son abolition à l’échelle internationale ?

Je vous l’ai dit : la peine de mort est inhumaine !

Mesdames, Messieurs les députés, je voudrais commencer ce plaidoyer par un argument qui ne peut laisser personne indifférent. Pensez à la souffrance morale que la condamnation à mort inflige au " coupable ", à la torture qui l’accompagne.

Cette souffrance est sans doute la pire de toutes.

Imaginez-vous enfermé dans une cellule sans savoir quand la sentence sera exécutée ! Vous vous réveillez chaque matin persuadé que l’heure est venue pour vous de mourir ; vous vous dites que c’est peut-être aujourd’hui que le bourreau va venir vous chercher !

Imaginez-vous derrière les barreaux d’une cellule avec la peur de la mort au ventre ! Imaginez que ce sort est le vôtre, pendant des jours, des mois, des années.

N’est-ce pas cette souffrance que Victor Hugo dénonçait déjà dans son livre Le Dernier Jour d’un condamné ? Souffrance que l’on retrouve aussi dans le film très réaliste de Tim Robbins La Dernière Marche qui nous montre les derniers jours d’un condamné à mort aux États-Unis. Pour appliquer la peine de mort, il y a des méthodes que certains qualifient de " barbares " : la lapidation, la pendaison ou la guillotine.

Mais pour le condamné et ses proches, la chaise électrique, l’injection létale, sont-elles des méthodes plus douces ? Y a-t-il une méthode plus " acceptable " ?

Non, car la mort " punitive " s’accompagne toujours de la plus immonde torture ! Et au xxie siècle la peine de mort n’a rien perdu de sa barbarie. Dans certains pays les exécutions capitales se pratiquent même encore en public !

Car certains croient à une utilité sociale.

Certains prétendent qu’une société qui applique la peine capitale ne fait que défendre ses membres des crimes odieux de ses pires éléments. Or s’il est vrai que la peine de mort étouffe les ferments de révoltes politiques dans les régimes despotiques et totalitaires, personne n’a réussi à démontrer le caractère exemplaire des exécutions dans les pays démocratiques. Car il est prouvé statistiquement que le maintien de la peine de mort ne diminue pas la criminalité et que sa suppression ne l’augmente pas.

La peine de mort est inutile !

Mesdames, Messieurs les députés, je le répète la peine de mort est inhumaine, inutile, illégale. Certes la peine de mort prévue encore aujourd’hui dans les textes de lois de nombreux pays (aux États-Unis par exemple, 38 des 50 états la pratiquent) semble a priori une procédure légale !

Mais si l’on regarde bien, la peine de mort est un acte qui, viole la loi fondamentale de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme. Ce texte adopté en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies après les massacres nazis se la seconde Guerre mondiale,

Ce texte dit que : " Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. "

Alors Mesdames, Messieurs les députés je vous pose cette question : pourquoi certains pays qui se disent démocratiques violent-ils cette loi fondamentale en pratiquant encore la peine de mort ?

Cette peine qui porte atteinte à l’intégrité physique et morale de l’individu.

Illégale la peine de mort est aussi illégitime.

Qui sont les jurés pour condamner un homme à mort ?

Mesdames, Messieurs les députés, ce sont des hommes comme vous et moi qui sont appelés à remplir leur devoir de citoyen !

Ce sont de simples hommes qui un jour doivent décider de la vie ou de la mort de leurs semblables ! Mais ces hommes ont leurs convictions, leurs sentiments, leurs propres peurs. À la cour d’assises ne deviennent-ils pas eux aussi à leur tour ces jurés des criminels quand ils prennent la décision d’envoyer un homme à la mort !

Alors ce n’est pas la loi qui fonctionne, c’est la conviction subjective de chacun des jurés, Mesdames, Messieurs les députés, qui s’exprime.

Ce n’est pas alors la société qui réclame justice, mais ce sont des individus qui décident de la vie ou de la mort d’un de leurs semblables. Qui sont-ils pour le faire ?

D’autres jurés auraient peut-être déclaré l’accusé innocent !

Tout être humain a droit à l’erreur car nul n’est infaillible. Mais dans ce cas, l’erreur est irréversible. Les jurés doivent décider en leur âme et conscience de la vie ou de la mort d’autrui. S’ils se trompent, ils tueront un innocent.

Car le caractère irréversible de la peine de mort entraîne inévitablement l’exécution d’innocents. Prenez cet exemple que cite Amnesty International : l’Américain Troy Lee Jones, a été condamné à mort en 1982, pour le meurtre de Carolyn Grayson en Californie.

Avant le procès en première instance, l’avocat de Troy Jones n’a pas eu la possibilité de parler avec des témoins potentiels, d’obtenir le rapport de la police, ou de mener lui-même une investigation.

La Cour Suprême de Californie a donc estimé que Troy Jones devait bénéficier d’un autre procès au cours duquel il fut enfin déclaré innocent ! C’est donc quatorze ans plus tard en 1996 qu’il fut libéré !

Savez-vous que aux États-Unis, 13,4% des condamnés à mort depuis 1977 ont été reconnus innocents ?

Une société démocratique édicte des lois visant à organiser la vie en son sein pour que les valeurs fondamentales soient respectées à savoir la liberté, l’égalité et la fraternité.

Or la société donne à chacun la liberté mais elle ne donne pas la vie.

Elle ne crée pas les individus et n’a donc pas le droit de leur enlever cette vie qu’elle ne leur a pas donnée.

C’est également pour cette raison que la peine de mort est illégitime.

Retirer la liberté à un homme est le seul châtiment légitimement convenable.

Mesdames, Messieurs les députés, la peine de mort est inhumaine, c’est un acte de barbarie.

La peine de mort est inutile, elle ne diminue pas la criminalité. Elle est illégale, parce qu’elle ignore les principes mêmes de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Enfin elle est illégitime et antidémocratique, parce que nul n’est autorisé à tuer son prochain !

C’est pourquoi, Mesdames, Messieurs les députés je pense que la peine de mort au xxie siècle n’est pas seulement intolérable et révoltante mais qu’elle est aussi paradoxale et incompréhensible dans une société qui prétend intervenir pour la paix sur le plan mondial.

Je suis fière que la France ait aboli ce châtiment en 1981, même si j’ai de la peine à comprendre que l’on ait attendu si longtemps !

Mesdames, Messieurs les députés, ensemble luttons contre la peine de mort à travers le monde : la justice aura ainsi un visage plus humain !

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8è regroupement : Grenoble – Lyon – Nancy-Metz /
Abolition de la peine de mort

Lycée Saint-Louis, 22, rue Désiré-Claude-42300 Saint-Étienne Cedex 2

Madame Martel, professeur de Lettres

Plaidoyer contre la peine de mort

Laetitia Cohendet, élève de terminale S

Définition : l’abolition de la peine de consiste en la suppression d’un châtiment qui atteint le délinquant dans sa liberté et son droit d’exister, la sanction remplissant alors une fonction morale par sa nature expiatoire et une fonction utilitaire par son caractère intimidant.

Pourquoi ce thème ?

Aujourd’hui, dans le monde, la mort côtoie beaucoup d’entre nous à chaque instant. L’actualité en témoigne : les guerres au Proche-orient, les attentats commis aux États-Unis, les guerres civiles africaines… La mort, nous la recevons, mais nous la donnons, surtout ! La loi du talion régit encore bien des peuples. Nous nous comportons comme des enfants qui se rendent mutuellement leurs chiquenaudes. Tu as donné la mort, alors je dois te la donner à mon tour. Au nom de quel droit ? La condamnation à la mort, que celle-ci soit réglementée par la législation ou non, n’est ni plus ni moins un crime que des hommes estiment être en droit de perpétrer. Nous n’avons aucun droit de vie ou de mort sur autrui, nul d’entre nous n’a le pouvoir d’en juger. Et c’est pour cette raison que je plaiderais en faveur de l’abolition de la peine de mort.

" Tuer ou être tué ". C’est l’instinct de conservation qui guide les hommes, ce sont les hommes qui font appliquer la justice. Mais quelle justice ? Celle qui nous accorde le droit de disposer de la vie ou de la mort d’autrui ?

Depuis toujours, l’homme tue. Peut-être par plaisir, par obsession ou encore parce qu’il est en attente de plus de pouvoir… Toujours est-il qu’il tue en mettant assidûment au point de nouveaux dispositifs, certains plus barbares que d’autres. Mais la mort ne revêt-elle pas invariablement le même caractère ? C’est Dieu qui a créé l’homme, mais c’est l’homme qui se prend pour Dieu. Situation paradoxale… On en vient à se demander qui est le plus coupable dans l’histoire. Serait-ce le meurtrier ou ses bourreaux ? Car, si le premier a commis une faite, alors les seconds en sont deux fois moins excusables puisqu’ils en font autant !

Reconnaissez donc que donner la mort n’est une solution en rien.

Pourtant, objecteriez-vous, la peine de mort seule nous garantit un exemple convaincant qui sera en mesure de dissuader tout criminel en puissance. Cependant, les études montrent que les États ayant aboli la peine de mort n’ont pas enregistré de recrudescence de la criminalité. De même, il s’avère que la plupart des délits commis sont des crimes passionnels, les individus en question étant guidés par un brusque élan de leur inconscient. Dans ce cas précis, la théorie de l’intimidation ne vaut plus rien. Quant aux criminels de sang-froid, je doute que la mort les intimide réellement. Nous pourrions les comparer à des sportifs de haut niveau ou à des soldats qui, pour atteindre un but, ne reculent pas devant la mort, tout comme les terroristes.

Dans un second temps, il vous faut considérer le caractère psychologique de la peine de mort. En effet, pour le détenu, la condamnation à mort signifie que l’amendement et l’expiation ne sont pas envisageables. Ceci étant dit, alors certains hommes n’auraient pas le pouvoir de se racheter. Ils naîtraient criminels et mourraient criminels. il faudrait donc concevoir une classe sociale de criminels qui jamais ne seraient en mesure d’expier leurs fautes, puisqu’ils seraient, par leur naissance, par leur naissance, condamnés à aller à l’encontre de nos lois. Mais où allons-nous ? C’est une vision manichéenne, puérile que de considérer qu’un homme jamais ne pourra changer.

Cependant, me direz-vous, la peine de mort permet l’élimination totale et définitive d’un homme jugé responsable d’un crime si odieux dont seule la mort vengerait ses victimes. Aussi conviendrait-il d’en finir, afin qu’il ne cause plus aucun tort à la société. En définitif, la mort est un moyen établi et expéditif pour s’acquitter d’un être humain. Toutefois, ne peut-on considérer que la prison à perpétuité serait une solution moins radicale ? Et si, comme Victor Hugo l’a dit, " vous objectez qu’on peut s’échapper d’une prison, faîtes mieux votre ronde ".

Encore faut-il se demander si la peine de mort n’est pas un moyen pour l’État d’imposer sa force et son pouvoir. En effet, l’État dispose du citoyen jusqu’à lui ôter la vie, droit inaliénable qui lui a été conféré par la Déclaration des droits de l’homme. On ne peut plus alors considérer la Nation en tant que démocratie, mais comme État totalitaire.

De plus, à l’irrationalité de la peine de mort vient s’ajouter souvent l’absence de procès légaux. On constate ainsi que de nombreux procès dans le monde sont confiés à des avocats non qualifiés qui ne défendent pas le prévenu. La justice se transforme alors en injustice ! C’est bien sûr sans compter l’inégalité raciale qui sévit dans des nations telles que les États-Unis. Face à un tel manque de civisme d’une part, et de responsabilités d’autre part, je vais jusqu’à m’interroger sur de telles injustices qui, à l’issu de procès bâclés ou non existants, refusent aux prévenus la moindre chance de s’en sortir, et davantage encore si ceux-ci sont innocents ! Je vous demande enfin de considérer un dernier point : au xvie siècle déjà, Thomas More avait échafaudé une théorie particulièrement intéressante. pour enrayer le vol, il fallait, selon lui, non pas le punir de mort, mais au contraire, chercher à s’expliquer pourquoi le délit était commis et faire son possible pour que cette attitude régresse. Or, il me semble que cette théorie pourrait s’appliquer à la faute criminalité. Avant de s’évertuer à inventer des processus de mise à mort, ne vaudrait-il pas mieux réduire le libéralisme qui régit la détention d’armes et développer les aides psychologiques ?

Aussi, tous ces faits ayant été établis, je vous demande de reconsidérer le cas d’hommes semblables à vous et moi, et non pas de raisonner en bourreaux, mais en êtres sensés et justes.

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9è regroupement : Guadeloupe – Guyane – Martinique /
Contre l'exploitation des enfants

Lycée Rivière-des-Pères, Basse-Terre – Guadeloupe
Professeur coordonnateur : Madame LARA Christine, lettres modernes
Suppléant : Monsieur DORVILLE Paul, histoire-géographie

Contre l’exploitation des enfants.

Joëlle Lurel – Lorine Mourinet

Neuf mois d’attente dans la joie, la tristesse, le désespoir, le bonheur ou l’amour, pour donner naissance à un petit être innocent, fragile, dépendant de ses parents et des adultes censés le protéger et lui prodiguer l’amour.

Si certains ont la chance d’avoir dès leur berceau des parents qui les aiment, un toit pour s’abriter, de la nourriture, l’instruction et l’éducation, d’autres, nombreux, n’ont même pas de berceau.

Dès qu’ils sont en âge de comprendre, ou plutôt d’obéir, ils deviennent un instrument entre les mains de ces adultes supposés les protéger.

On peut distinguer différentes formes d’abus, pointer du doigt les responsables et les coupables et nous interroger sur la conduite à tenir pour que certains faits ne se reproduisent plus.

Aujourd’hui, il y a plus de 250 000 enfants, issus de familles rurales pauvres, qui n’ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins. Plus de la moitié de ces " souillons " sont des filles, amenées à accomplir toutes les tâches ménagères. Malgré leur jeune âge, ce sont elles qui s’occupent des adultes, alors que cette situation devrait être inversée. Elles entretiennent la maison et s’occupent des enfants. Elles sont souvent victimes de viol de la part des employeurs. Les jeunes garçons quant à eux, s’occupent de la terre, des ordures, de tâches ingrates et difficiles.

Les garçons et les filles, vendus par leurs parents dès leur plus jeune âge, sont voués souvent à la prostitution. Ils sont acteurs dans des spectacles pornographiques, se produisent en public, subissent des actes odieux. Ils sont brutalisés, violentés et subissent des traumatismes aux conséquences irréversibles. Ces êtres qui n’ont pas droit à l’enfance, n’atteignent pas l’âge adulte. Ils sont condamnés d’avance à cause de problèmes de santé, de grossesses précoces, des maladies sexuellement transmissibles. Et, si par chance, ils atteignent l’âge adulte, leur vie n’est qu’un cauchemar perpétuel et la société les condamne.

Trop d’enfants souffrent encore.

Les organisations non gouvernementales luttent contre ces fléaux, car il est inadmissible de laisser se perpétrer de tels crimes, de telles atrocités.

Mais, les enfants travaillent aussi dans les mines et sont chaque jour confrontés, à des produits dangereux ou à des outils qui leur sont inadaptés. Ils sont aussi amenés à utiliser des machines sans la moindre formation, sans la moindre expérience, mettant ainsi leur vie en danger.

Ils sont privés d’éclairage et d’aération, respirent la poussière, sont exposés continuellement à divers dangers. Ils sont obligés de travailler parfois plus de douze heures par jour.

Ils sont trop nombreux à combler l’insuffisance de la main-d’œuvre adulte, à rester des heures assis et enfermés dans une pièce pour produire des petits objets, des sandales, des ballons avec lesquels ils ne peuvent même pas jouer et qui sont revendus partout dans le monde.

Dans certains pays, le manque de soins, les traitements dégradants, le travail dur et inhumain rendent difficile, voire impossible toute scolarisation de ces petits qui, analphabètes, ne peuvent que continuer la vie qu’ils ont commencée.

L’esclavage est donc encore présent dans de nombreux pays.

Comment tolérer que tant d’enfants soient encore sous le joug d’adultes profitant de leur jeunesse ou de leur petitesse pour s’enrichir ! On crie haut et fort que l’esclavage est aboli. Mais l’est-il vraiment ?

L’exploitation des enfants se produit sous nos yeux, parfois nous l’ignorons, parfois nous feignons de l’ignorer, refusant de croire qu’autour de nous, de telles horreurs puissent exister.

Nous sommes au xxie siècle.

Personne ne devrait avoir le droit ni l’opportunité de faire travailler des enfants.

Personne ne devrait avoir le droit ni l’opportunité de faire souffrir les enfants.

Personne ne devrait avoir le droit ni l’opportunité de se servir des enfants pour satisfaire ses plaisirs pervers.

Mais tous, nous tous, avons le droit d’intervenir pour que les enfants ne soient plus exploités ni manipulés.

Les enfants ne sont pas seulement exploités hors de chez eux, ils le sont aussi à domicile.

Les enfants ne sont pas seulement exploités dans les pays pauvres, ils le sont aussi dans les pays riches.

Trop d’enfants paient la pauvreté de leurs parents.

Trop d’enfants sont privés d’éducation.

Trop d’enfants sont privés de nourriture.

Trop d’enfants sont abandonnés ou vendus.

Trop d’enfants…

Ils sont l’avenir de la société et nous pouvons, avec un peu de volonté, changer leur mode de vie et les rendre heureux.

Enfance, pureté et innocence bafouée : 300 000 jeunes âmes participent à des conflits armés.

Dès l’âge de dix ans, ils perdent leur candeur, peut-être croient-ils encore jouer à la guerre ? Mais la mort est présente… Après une courte formation au maniement des armes, ils sont lancés sur les fronts : ils participent à la guérilla, au djihad, aux guerres absurdes, tout simplement. Kidnappés, enrôlés, volontaires ou forcés, ils doivent se battre ou être fusillés, quand ils ne sont pas employés comme démineurs à cause de leurs petites mains. Et combien survivent au déclic précoce d’une mine ?

Espions fusillés ou combattants exécutés… Ils ne sont plus tout à fait des enfants, mais des ombres remplies de la haine des adultes. Si le jeune kidnappé éprouve de la peur, il sera drogué pour accomplir sa mission.

Cette forme d’exploitation n’écarte pas les filles qui représentent 30% des effectifs.

Mais qui sont ces enfants pour qui personne, à part les mères impuissantes, ne réclame justice ?

Des petites mains pleines de sang qui se tendent vers le monde, attendent et se retirent vides… Justice, justice pour leur innocence, justice pour leur vie gâchée, justice pour leur enfance volée.

Ce sont des enfants du malheur, ceux qui dans leurs villages doivent déjà survivre, ceux dont les familles éclatées par la guerre ou les famines, ne savent plus vers qui se tourner.

Ces milliers d’enfants dont le regard accuse…

Enfin il y a ceux qui ont survécu à la guerre, à la guérilla, à la lutte des adultes. Il y a ceux qui rentrent au village, blessés à tout jamais…

La malnutrition, l’effort physique, la peur, le choc, la drogue, les blessures, les infirmités, les mines antipersonnelles en font des pantins désœuvrés dont la société honteuse ne sait que faire…

De quoi sont-ils coupables ? Coupables d’être trop faibles pour choisir et dire " non " ?

L’article 3 de la convention 182 de l’Organisation internationale du Travail adopté par l’Assemblée Nationale dans sa séance du 5 avril 2001, définit " le recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans les conflits armés " comme une des pires formes du travail des enfants.

Depuis le 21 janvier 2000, le protocole facultatif de la convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies, a reconnu l’interdiction d’utiliser les enfants de moins de dix-huit ans dans les conflits armés.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Quand les hommes manquent à l’appel, on embrigade encore les enfants.

Quelles que soient les raisons évoquées pour expliquer cette forme d’esclavage honteux, aucune ne saurait justifier les horreurs que subissent ces enfants.

Voleur ici parce qu’il n’a pas les moyens de vivre ou parce qu’un plus âgé l’y oblige, vendeur de drogue par là parce qu’il ne peut faire autrement, prostituée ailleurs, parce que sa famille l’a vendue, ouvrier des grandes multinationales, parce que sa famille a des dettes, briquetier ou assembleur des petites pièces détachées parce qu’il a de petites mains plus agiles.

Battu, violé, humilié, l’enfant est trop souvent la victime désignée.

La déclaration des droits de l’enfant est souvent oubliée, refusée ou reniée, dans de nombreux pays.

Cela est inacceptable, et tout un chacun devrait dénoncer, les gouvernements devraient sévir, les parents devraient agir, la société devrait punir.

Tout cela doit changer car l’enfant a droit à ce qu’il y a de meilleur, car l’enfant est l’avenir de toute société, car il sera ce qu’on en fera et le monde en sera changé.

Tout cela doit changer pour que l’enfance continue d’exister avec ses espoirs, ses rires, ses joies et ses chagrins.

Tout cela doit cesser car l’enfant est sacré.

Sacré dans la mesure où aucun adulte ne devrait avoir le droit ou l’opportunité de lui ôter ce qu’il a de plus important : sa dignité.

Ce qu’il a de plus beau : son innocence.

Ce qu’il a de plus heureux : sa joie d’exister.

Et surtout, ce qu’il a de plus précieux : sa vie.

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10è regroupement : Limoges – Orléans-Tours – Poitiers /
A quand l'égalité entre les hommes et les femmes ?

Lycée Victor Hugo Poitiers
Professeur: M. MEZERETTE

Plaidoyer à deux voies féminines
À quand l’égalité entre hommes et femmes
 ?

Ornella Boutry et Leïla Nicole

La jeune fille :

En tant que jeune fille, je sais de la bouche même de mes maîtres que dès la déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’Assemblée nationale constituante du 26 avril 1789, il est écrit solennellement dans son article 1er que tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. C’est donc affirmer qu’aucune distinction d’aucune sorte ne doit être faite, ni de couleur, ni de sexe par exemple. Mais je sais aussi que dans la réalité de leur existence, ici ou là de par le monde, les femmes d’aujourd’hui sont bien loin d’être toutes traitées dans le respect total de leur personne. Alors je dis que lorsqu’elles pourront à égalité absolue avec les hommes, débattre ouvertement et en toute sécurité de leurs droits et devoirs, lorsqu’elles seront enfin délivrées du statut discriminatoire de " second sexe " et pire encore, de " sexe faible ", alors oui, on pourra parler d’un plus grand respect des " droits de l’homme ". Pour l’heure, il m’arrive d’avoir vraiment très peur de grandir, craignant de devenir, comme des millions de femmes, moi aussi, une femme condamnée à l’obéissance et même à la soumission.

La femme :

En tant que femme, crois bien que je te comprends. Je comprends tes attentes, tes rêves, tes volontés ; je comprends tes révoltes, tes indignations. Je te comprends quand tu parles avec les accents de la lutte pour une amélioration spectaculaire de la condition féminine, pour qu ‘elles ne soient plus des victimes tant dans leur vie de famille, qu’au travail ou dans leur vie de citoyenne.

La jeune fille :

Oui, car je sais de toute part combien les femmes sont souvent placées dans une subordination traditionnelle vis-à-vis des hommes, dans leur vie quotidienne, c’est-à-dire jour après jour, d’abord dans leur vie familiale, comme sœur, épouse ou mère.

N’est-il pas évident que, dans trop de pays, les femmes ne peuvent " vivre " sans l’aide de leur mari ; qu’il leur faut trouver auprès de lui l’argent pour le quotidien nécessaire à l’achat de nourriture et à l’entretien de la maison ?.. De plus, c’est déjà au sein de leur famille que de nombreuses femmes sont exposées à des violences pour lesquelles on les force à se taire, voire à se culpabiliser. Ainsi n’est ce pas par peur d’exposer leur communauté à la critique et à la condamnation que des femmes juives évitent soigneusement d’en parler ? Et l’excision ! N’est-elle pas une pratique coutumière au sein de nombreuses cultures qui entretiennent de cette façon l’infériorité de la femme, privée de l’intégrité de son corps dans ses vérités les plus intimes ? En vérité, même si je me refuse, par principe, à condamner les us et coutumes des différentes communautés souvent fières de leurs différences, je ne peux tenir de telles pratiques que comme des actes intolérables.

La femme :

Allons, prends courage. La femme est de plus en plus indépendante . Les violences et souffrances qu’elles subissent sont désormais dénoncées et tendent donc à diminuer. Oui, prends courage. L’éducation des femmes, malgré tout, progresse et avec ces progrès dans leur instruction naissent de plus fortes espérances et de plus nombreuses aspirations à un meilleur épanouissement. Alors oui, ces améliorations doivent continuer pour que tu acceptes de grandir jusqu’à devenir une femme digne, libre et épanouie dans son foyer, au travail, bref dans la société.

La jeune fille :

Précisément, l’accès à un emploi sûr et durable est encore beaucoup trop limité pour les femmes, y compris dans nos sociétés qui se targuent d’être développées et qui se prétendent non discriminatoires. Or c’est une évidence qui crève les yeux, il existe des discriminations pour l’accès aux métiers les plus gratifiants, aux rémunérations les plus élevées. N’est-ce pas vrai que, pour des qualifications de même nature et de même niveau, les salaires féminins et les perspectives de carrière sont notoirement inférieurs ? N’est-ce pas aussi très souvent sur le lieu de travail que les femmes subissent des harcèlements sexuels qui les contraignent à des soumissions déshonorantes ? Je sais aussi que des dizaines de milliers de jeunes femmes sont enchaînées dans des réseaux mafieux de prostitution qui font d’elles de vulgaires objets sexuels. Un tel marché sexuel de la femme est tout simplement ignoble.

La femme :

Comme toi je suis profondément indignée par tant de pratiques qui entretiennent dans la douleur l’infériorité et même l’humiliation des femmes. Mais, garde espoir ! Les inégalités devant le travail tendent à diminuer avec, par exemple, l’apparition de nouveaux métiers qui conviennent particulièrement aux femmes et qui leur offrent des responsabilités plus régulières, plus amples, plus élevées. Un jour, tu verras, les salaires pourront s’équilibrer, du moins, pour commencer, dans certains pays davantage ouverts aux principes démocratiques.

La jeune fille :

La démocratie est un joli mot, propre à faire rêver…

La femme :

Oui, c’est un joli mot propre à faire rêver, tu as raison. Mais c’est avec des mots qui font rêver que naît l’envie de combattre et de vaincre.

La jeune fille :

Mais enfin, comment oublier que, même dans les démocraties, les femmes ont très longtemps été privées du droit de vote et qu’aujourd’hui encore dans de nombreux pays, elles ne l’ont toujours pas. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un quart environ des pays n’accordent pas ce droit aux femmes !

Ainsi, malgré l’aide sincère apportée par des hommes, eux-mêmes parfois à l’avant-garde, les mentalités et les lois, quand elles évoluent, n’évoluent que très lentement. Comment ne pas s’attrister du si petit nombre de femmes siégeant dans les hautes assemblées d’État ou Internationales ? Alors, ai-je vraiment tort de dire qu’à ce jour hommes et femmes ne sont pas en situation d’égalité politique et institutionnelle ?

La femme :

Non, bien sûr, mais reconnais toutefois que parmi tant de disparités flagrantes, insupportables et souvent très anciennes, certaines choses, comme on se plaît à dire, ont évolué dans la bonne direction. Déjà les femmes ont ici ou là, de manière exemplaire, un certain pouvoir. On les voit ainsi faire progresser la défense de leurs points de vue, chercher les meilleures alliances, faire habilement le siège des médias ; d’aucunes écrivent des livres, et, en souvenir de Victor Hugo, les voici romancières, poétesses, essayistes, philosophes… D’autres se font comédiennes, chanteuses, bref artistes de mille manières et toutes ensemble font entendre leur voix de femmes sur la grande scène des espaces publics, nationaux et mondiaux.

La jeune fille :

C’est vrai ! oh oui comme c’est vrai. Ces voix de femmes, je les entends, moi aussi, comme j’entends toutes ces voix masculines qui les rejoignent pour les amplifier afin de leur donner les plus grandes chances de salut.

La femme :

Écoute bien leur voix, d’où qu’elles viennent des cinq continents. Elles parlent. Elles crient. Elles chantent. Et chantant, criant, parlant, toutes affirment leur farouche volonté d’élever toutes les femmes de la terre en faisant valoir leurs droits et en faisant d’abord reconnaître leur dignité.

La jeune fille :

J’entends leurs paroles. J’entends leurs cris. J’entends leurs larmes. J’entends leurs chants. J’entends leurs rires. Et je veux, moi, jeune fille française, me joindre aux femmes du monde entier en leur apportant mes paroles, mes cris, mes chants. Je veux qu’on écoute mes paroles, si je dis que la femme n’est pas la honte de l’humanité, que tout au contraire, elle peut en être une des plus belles fiertés. Je veux que partout on entende mes cris quand je crie " non " à l’exploitation des femmes réduites à l’obéissance !

Je veux qu’on se plaise à mes chants lorsque l’ivresse m’emporte et que mon cœur s’emplit de joie profonde quand certaines femmes accomplissent des exploits de bienveillance envers l’humanité, que d’autres démontrent par leurs actions illustres, sportives, culturelles, politiques, que la femme, partout au monde est un flambeau de l’humanité.

La femme :

Comme j’aime à te voir t’exalter ! N’est-ce pas, chez toi, la preuve d’un désir impétueux de confiance en l’avenir ?

La jeune fille :

Oui, j’en conviens, mon exaltation me réchauffe le cœur et il me faut avouer que bien des choses ont évolué dans de bonnes directions. Mais j’affirme haut et fort que de très graves problèmes persistent et qu’on est encore loin de l’égalité entre homme et femme et c’est cette égalité qui permettra à l’humanité tout entière de développer enfin les formes supérieures d’une civilisation proprement universelle.

La femme :

Assurément, si tout le monde prend conscience du problème, la condition féminine ne pourra que continuer à s’améliorer et, avec elle, celle de l’humanité. Alors toi, jeune lycéenne, toi, qui peut te réjouir d’être né sur un sol et sous un ciel soucieux de liberté, demain tu seras une femme de plus en plus libre, de plus en plus épanouie, de plus en plus reconnue dans ta dignité. Et, ce qui déjà sera vrai pour toi le sera plus encore pour tes filles, et pour les filles de tes filles jusqu’à ce que, partout au monde, la femme soit réellement l’égale de l’homme dans sa lutte pour l’avenir de l’humanité.

La jeune fille :

Je rêve déjà d’être grande. Je veux être femme.