Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

Ouverture du colloque "Quel avenir pour la jeunesse des Balkans ?"
à l'Assemblée nationale le mardi 23 mai 2000

Allocution de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs les députés,

Mesdames et Messieurs,

C'est une joie et un honneur particuliers de vous accueillir à l'Assemblée nationale à l'occasion du colloque : "Quel avenir pour la jeunesse des Balkans ?". Au cours des six derniers mois, les occasions n'ont pas manqué à notre maison pour manifester l'intérêt qu'elle porte à cette question et prendre une part active au projet tracé par la communauté internationale : en novembre dernier, un premier colloque sur les Balkans ; un mois après, la mission « Kosovo : une guerre d'exception » de la Commission de la Défense ; enfin, demain, l'audition d'Ibrahim Rugova, par la Commission des Affaires étrangères. Autant d'événements qui témoignent du soutien que nous apportons aux artisans de la paix.

Le moment qui nous réunit aujourd'hui est d'une autre nature : c'est à la jeunesse des Balkans que nous donnons la parole. Pour tous ici présents, députés et présidents de groupes d'amitié engagés dans cette zone, ce forum est une excellente occasion de mieux comprendre la situation actuelle et ses enjeux. Mais aussi d'entendre les craintes, les aspirations, les engagements des plus jeunes et d'inscrire notre action dans l'horizon qu'ils dessinent. Je tiens à remercier chaleureusement les participants de ce colloque : les intervenants et les étudiants, ceux qui sont venus spécialement à notre invitation ─ et à celle de l'association Transeuropéennes ─ et ceux, originaires des Balkans, qui vivent en France et suivent une formation universitaire dans nos plus prestigieuses filières. Vous le savez, votre témoignage nous est plus que précieux ; soyez assurés que nous enrichirons notre réflexion à la lumière de votre expérience et de vos attentes.

Vous avez vécu, vous, vos familles, vos amis, des heures sombres et douloureuses. Un an après, les progrès sont encore lents et fragiles et l'avenir politique de la région incertain. Mais votre présence ici atteste que l'heure n'est plus au fatalisme mais à la réconciliation et à la reconstruction. Vous incarnez la rupture avec un passé tragique, un siècle qui a laissé champ ouvert à la barbarie et aux atrocités. Vous portez l'espoir d'une génération éprise de justice, de tolérance, de fraternité. Je tiens à rendre hommage à la dignité et au courage exceptionnels de ceux qui, comme vous, luttent pour qu'à l'aube d'un nouveau millénaire, vos pays deviennent enfin une terre de liberté et de solidarité.

La communauté internationale, et plus particulièrement l'Union Européenne, doivent contribuer à cette _uvre de progrès : en proposant une aide matérielle et pratique aux populations mais aussi en encourageant l'apprentissage de la démocratie et de la citoyenneté. Les élites que vous êtes doivent également apporter leur concours à cette «européanisation des esprits ». Le projet est noble et grand ; le chemin sera long et difficile. Mais il n'y a pas de plus belle cause que celle de la liberté des peuples ; en répondant à ce défi, nous relevons tous les autres.

Chers amis, vous vous préparez ici à exercer là-bas les plus hautes responsabilités ; rien n'y sera fait sans vous. C'est à vous qu'il revient de tracer les contours de l'Europe de demain : une Europe sans frontières, fondée sur une identité et des valeurs communes. C'est à vous d'y faire vivre cet humanisme fécond, qui demeure le modèle intellectuel de notre continent ; vous êtes déjà nos interlocuteurs. Dans quelques années, vous serez nos partenaires. Nous sommes impatients de vous entendre.