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Ouverture de la séance annuelle du Parlement des Enfants
le samedi 27 mai 2000 à l'Assemblée nationale

Discours de M. Raymond FORNI

Président de l'Assemblée nationale

Mesdemoiselles et Messieurs les députés-juniors,

Chers enfants, chers amis,

Je vous souhaite la bienvenue à l'Assemblée nationale. C'est un grand plaisir, non seulement pour moi mais aussi pour tous les députés, de vous accueillir dans cet hémicycle où bat le coeur de notre démocratie. J'espère que vous n'êtes pas trop impressionnés par le faste et la solennité de ce palais républicain ; cette enceinte est avant tout un lieu où l'on réfléchit, où l'on débat, où l'on travaille. C'est ce que nous allons faire ensemble au cours de cette séance.

Vous siégez aujourd'hui à la place des députés de vos circonscriptions. De même qu'ils sont les représentants de la Nation française, vous êtes les ambassadeurs de vos écoles et de tous les enfants de France. Comme les parlementaires, vous avez formulé des suggestions, discuté des propositions de loi que vous avez retenues, et, dans quelques instants, vous voterez pour celle qui vous paraît être la meilleure. Je souhaite qu'elle fasse prochainement l'objet d'une loi de la République, adoptée par les députés adultes. Ce sera la dernière étape du long et remarquable travail que vous avez accompli. Je souhaite qu'il vous ait paru intéressant et enrichissant.

Je suis heureux que vous puissiez prendre librement la parole aujourd'hui, pour nous poser les questions qui vous préoccupent, nous faire entendre les attentes et les engagements de votre génération. Vos professeurs ont pris une part active aux travaux préparatoires de cette séance ; ils vous ont accompagnés, guidés, soutenus. Je les en remercie et, à travers eux, ce sont tous les enseignants dont je salue la qualité et le dévouement. L'éducation est la vraie richesse d'une
nation ; la République est grande quand elle éduque les citoyens et favorise l'égalité des chances. Rappeler ces vérités, c'est dire la beauté et la difficulté de la mission que nous confions aux instituteurs et aux professeurs de nos établissements. Le premier sentiment que nous devons avoir à leur égard est la reconnaissance ; ils la méritent.

Je tiens également à remercier chaleureusement les parents qui vous ont accompagnés, car c'est d'abord auprès d'eux, dans vos familles, que vous faites l'apprentissage de la citoyenneté. Rien n'est plus important pour l'avenir de notre démocratie que de préparer les enfants à leurs responsabilités de citoyen. Aujourd'hui, chers députés-juniors, en votant une loi que vous avez élaborée, vous en faites la première expérience. Cela n'a rien d'un jeu et j'ai pu observer ce matin, au sein des commissions de travail, que vous aviez fait preuve d'un grand sérieux. J'ai été particulièrement frappé par l'intelligence, la générosité, l'enthousiasme que vous avez manifestés, mais aussi par votre souci d'être concrets. Vous nous indiquez les pistes à suivre pour répondre aux enjeux de demain, pour bâtir la société du XXIème siècle. J'espère que les adultes ne décevront pas vos espérances.

Parmi les thèmes qui retiennent particulièrement votre attention, les questions relatives à la santé et à l'environnement reviennent souvent. Je crois, comme vous, qu'il faut sans tarder mettre en oeuvre une action résolue et concrète pour la sauvegarde de l'environnement et la préservation de la qualité de vie. Dans le mouvement du progrès scientifique et technique qu'il faut encourager, l'homme ne doit pas perdre sa sagesse ni négliger ses responsabilités. Cela doit être aussi le cas dans le domaine des nouvelles technologies, qui font l'objet de nombreuses suggestions de votre part. Vous demandez qu'elles soient accessibles au plus grand nombre. Vous avez raison. Il me semble essentiel que tous les enfants puissent acquérir la maîtrise de ces outils ─ notamment l'Internet ─ qui offrent de nouvelles façons d'apprendre, donnent accès à de nouveaux savoirs et permettent de surmonter les barrières géographiques et sociales. L'école est évidemment au coeur de ces évolutions et c'est avec raison que vous soulignez la nécessité de recevoir une éducation de qualité, ouverte à tous, qui privilégie l'épanouissement personnel et favorise le pluralisme culturel.

Vous souhaitez une société plus juste, plus solidaire, plus fraternelle, qui incarne les valeurs qui fondent notre République. Vous rappelez avec force qu'elle ne sera possible sans une lutte active et vigilante contre toutes les formes de violences, particulièrement celles qui sont infligées aux enfants. L'Assemblée nationale est très attentive aux droits des plus jeunes et contribue activement à ce que les enfants soient considérés comme des personnes investies de droits respectés. L'an dernier, vos camarades avaient adopté un texte visant à renforcer le rôle de l'école dans la prévention et la détection des faits de mauvais traitements à des enfants. Je suis heureux de vous informer que cette proposition de loi a été votée par les députés le 7 décembre 1999. Elle fait donc partie des lois de la République dues à votre initiative comme ce fut le cas pour la loi sur les « fratries » du 30 décembre 1996, publiée au Journal Officiel de la République Française du 1er janvier 1997, et pour la loi du 14 mai 1998 « sur les droits de l'enfant orphelin à participer au conseil de famille », publiée au Journal Officiel du 19 mai 1998.

Autre point d'importance : à l'initiative de l'Assemblée nationale, une autorité indépendante vient d'être créée pour garantir l'application concrète des droits des enfants. C'est Madame Claire Brisset, qui est parmi nous et que je suis heureux de saluer, qui a été nommée "Défenseure des Enfants", il y a quelques semaines. Comme l'indique ce beau nom, elle sera pour tous les jeunes une interlocutrice, un recours, une médiatrice qui leur permettra de mieux connaître leurs droits, contribuera à les faire respecter davantage et portera leur parole auprès des adultes. Comme vous le voyez, cette maison est celle de toutes et tous les citoyens. Soyez assurés que l'on y travaille pour chacun et surtout pour vous, qui serez les adultes de demain.

Nous allons maintenant passer aux différents points de l'ordre du jour de notre séance. Dans un premier temps, vous allez poser vos questions à Monsieur le Ministre de l'Education Nationale, que je salue, ainsi qu'à moi-même ; nous y répondrons, bien sûr avec sincérité. M. Jack Lang vous adressera ensuite quelques mots, puis les rapporteurs présenteront les trois propositions de loi que vous avez retenues ce matin. Enfin, vous voterez pour celle qui a votre préférence et j'espère qu'elle deviendra prochainement, comme ce fut le cas les années précédentes, une loi de la République française. Après la proclamation du vote, nous remettrons les prix aux classes dont la proposition a été sélectionnée par le jury national et nous mettrons un terme à notre séance.

J'espère que vous garderez de cette journée un excellent souvenir. Je souhaite qu'elle vous ait permis de mieux connaître les enjeux du débat public, les institutions de notre République et la vie de notre démocratie. N'oubliez pas que cette maison est aussi la vôtre, et qu'elle vous sera toujours ouverte.

Bon travail, chers députés-juniors.