Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

Remise des « décibels d'or »
à l'Assemblée nationale le mercredi 13 décembre 2000

Accueil des participants par M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Mesdames, Messieurs,

Lorsque Jean-Pierre Blazy, Président du Conseil national du bruit, mais aussi député du Val d'Oise, m'a demandé il y a quelques mois si je pouvais vous accueillir ici, à la présidence de l'Assemblée nationale, pour la remise des « décibels d'or » aux lauréats du concours organisé depuis 10 ans et ouvert pour la première fois à des candidats européens, je n'ai pas hésité une seconde.

Je vous remercie tous d'être présents ce soir, élus, représentants d'associations, d'administrations, professionnels, journalistes, et je tiens à saluer tout particulièrement M. Didier Gosuin, ministre de l'environnement de la région Bruxelles-capitale, ainsi que M. Prudencio Perera, directeur de la qualité de l'environnement et des ressources naturelles à la Commission européenne.

Après ces deux journées de colloque, bien remplies, j'aurais pu, en vous invitant à réfléchir à la finalité de votre travail, vous proposer de limiter mon intervention à une minute de silence.

Cela aurait sûrement été apprécié mais, rassurez-vous, je serai cependant bref et je cantonnerai mes remarques, techniques, remarques du député que je suis aussi, à trois motifs de satisfaction :

- satisfaction que le Conseil national du bruit, créé en 1982, travaille, et travaille bien. Votre colloque en est la preuve et, connaissant Jean-Pierre Blazy, je peux vous dire que je n'avais pas la moindre inquiétude ;

- satisfaction que le Parlement ait adopté il y a un an et demi la loi créant l'ACNUSA -Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires-, dont je salue amicalement le Président, Roger Léron. La question du bruit des avions concerne des zones urbaines et périurbaines très importantes, des circonscriptions entières -n'est-ce pas Jean-Pierre Blazy. Cette autorité devrait permettre d'aborder dans de bonnes conditions des problèmes complexes souvent douloureux et sources de nombreux litiges ;

- enfin, troisième satisfaction, celle de voir bientôt se traduire dans les faits la directive européenne relative à l'évaluation et à la gestion du bruit. Il y a déjà 4 ans que la Commission a présenté son « livre vert » sur la lutte contre le bruit. Les directives sont toujours longues à élaborer, surtout quand elles traitent de sujets encore mal connus : aujourd'hui, nous voyons où nous allons pour celle qui a concentré l'essentiel de vos débats de ces deux derniers jours, et je m'en félicite.

Mais le bruit est un phénomène un peu particulier, fait d'émotions difficiles à cerner ou à mesurer, et je voudrais vous donner quelques impressions de Président de l'Assemblée nationale, en quelque sorte un apport aux débats sur le bruit à partir de mon expérience personnelle. Et je veux parler, bien sûr, des moments de chahut dans l'hémicycle que, comme mes prédécesseurs, je peine parfois à maîtriser.

Et puis, contrastant avec ces moments souvent médiatisés, il en est d'autres qui sont faits d'un silence étonnant, beaucoup moins connus. Je pense par exemple à ces jours étranges où l'Assemblée bruisse, travaille comme la machine bien huilée qu'elle est.

Et puis, il y a aussi des moments magiques, lorsque les députés sont en séance et qu'il y a un vrai débat, où des convictions s'affrontent ; alors, les conversations privées s'arrêtent, chacun écoute. On comprendra que j'évoque à cet instant le rapporteur que je fus du projet de loi abolissant la peine de mort. Je pense aussi à des moments moins graves que j'ai vécus lors des premiers débats sur les projets de loi sur la bioéthique, à l'automne 1992. Il m'est alors arrivé de présider à 6 heures du matin, après une nuit complète de discussion, devant un hémicycle comble, attentif et silencieux. Ces silences là valent de l'or et l'on éprouve alors une grande fierté d'être à notre place.

Tout cela pourrait mériter quelques développements philosophiques, sur les silences, les bruissements, les vacarmes, leurs contrastes et la manière dont nous les percevons, les bruits de voisinages qui, même légers, peuvent être insupportables, et les bruits de liesses, qui sont une image de bonheur. Arrêtons-nous là. Je cède la parole à Jean-Pierre Blazy, avant que nous ne procédions à la remise des décibels d'or. Je vous en remercie.