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8ème Parlement des Enfants

dans l'hémicycle le samedi 19 mai 2001

Discours de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Ministre,

Mesdemoiselles et Messieurs les députés juniors,

Chers enfants, chers amis,

Je vous souhaite la bienvenue à l'Assemblée nationale. Permettez-moi tout d'abord de vous dire le plaisir que j'ai à vous accueillir aujourd'hui dans cet hémicycle où les enfants sont conviés, chaque année, à nous faire partager les aspirations et les engagements de leur génération.

Votre présence atteste que l'initiative de réunir un Parlement des Enfants est devenue, au fil des ans, un grand rendez-vous citoyen pour tous les enfants de France, dont vous êtes les ambassadeurs. En sept ans, plus de quatre mille enfants ont siégé, comme vous le faites aujourd'hui, à la place des députés de leur circonscription, pour adopter une proposition de loi qu'ils avaient eux-mêmes élaborée.

Nous avons eu l'occasion, avec mes collègues parlementaires, de faire voter par la Représentation nationale quatre propositions que vos camarades avaient retenues les années précédentes. Je souhaite vivement que celle pour laquelle vous allez vous déterminer dans quelques instants connaîtra le même destin et deviendra une loi de la République.

Depuis 1994, ce sont plus de cent dix mille élèves qui, sur les bancs de l'école de la République, ont participé à cette formidable école de la citoyenneté, que nous nous attachons à faire vivre sur les bancs de cet hémicycle. Nous pouvons, je le crois, être fiers de ce bilan !

Comme vos prédécesseurs, chers députés juniors, vous allez contribuer à tracer aujourd'hui le chemin à suivre pour répondre aux enjeux de demain. Parmi les thèmes qui retiennent particulièrement votre attention, les questions relatives à la sécurité routière reviennent souvent. Vous avez raison d'y être sensibles. Je crois, comme vous, qu'il faut continuer de promouvoir une action, résolue et concrète, pour favoriser l'information des automobilistes - notamment les plus jeunes - et la prévention sur les routes.

A cet égard, j'ai le plaisir de vous informer que Monsieur Jean-Claude Gayssot, Ministre de l'Equipement, des Transports et du Logement, recevra prochainement, à son Ministère, les députés juniors qui ont présenté les quatre propositions relatives à la sécurité routière, que vous avez examinées en commission ce matin.

Soyez assurés que nous, citoyens et élus, saurons entendre et relayer les attentes et les espoirs que vous avez exprimés. Nous n'avons pas le droit de vous décevoir.

A cet égard, je tiens à saluer et à remercier les parents qui vous ont accompagnés aujourd'hui. En vous enseignant le partage des richesses, des savoirs, des valeurs, ils vous préparent remarquablement à vos futures responsabilités civiques. J'y vois le fondement d'une attitude authentiquement républicaine et je les en félicite vivement. Rien n'est plus essentiel pour l'avenir de notre démocratie.

Je souhaite également rendre un hommage particulier à vos instituteurs, qui vous ont aidés et guidés tout au long de l'année pour préparer cette séance à l'Assemblée nationale. Certains d'entre eux sont aujourd'hui parmi nous et je les salue chaleureusement. Mais au-delà de celles et ceux qui sont présents, je veux dire mon admiration et ma gratitude à tous les enseignants, qui font vivre la République du mérite et de l'égalité. Nous savons tous la beauté et la difficulté de leur mission ; eux, doivent savoir combien notre reconnaissance est grande.

L'éducation à la responsabilité et à la citoyenneté relève d'abord des parents et des professeurs. Mais au-delà du cadre de la famille et de l'école, l'apprentissage des principes républicains doit mobiliser la nation tout entière. A ce titre, nous, parlementaires, devons contribuer à la formation civique des jeunes et les intéresser à la vie de la cité, dont ils seront demain les acteurs. Nous devons être à leur écoute pour préparer l'avenir de notre pays, avec eux et pour eux.

Je suis heureux que le Parlement des Enfants vous donne aujourd'hui l'occasion d'être écoutés et entendus. J'ai pu observer ce matin, au sein des commissions de travail, que vous aviez exprimé les projets qui vous tiennent à coeur, en faisant preuve d'une intelligence et d'un sérieux exemplaires. Vous avez réfléchi, échangé, débattu, proposé, dans le l'écoute et le respect de l'autre. Avec enthousiasme. Avec conviction. Avec générosité. Bravo !

Je souhaite que cette aventure unique vous paraisse intéressante et enrichissante pour vous-mêmes ; qu'elle vous permette, aussi, de comprendre que la vie politique n'est pas toujours ce que l'on raconte ou ce que l'on montre à l'extérieur de cette enceinte.

Chers amis, je souffre parfois de l'image que les Français ont de notre Assemblée. Aujourd'hui, les institutions sont trop souvent considérées comme éloignées des préoccupations des citoyens ; beaucoup de gens ont tendance à s'en désintéresser ou à s'en détourner. Pourtant, la crédibilité des nos institutions dépend d'abord de l'adhésion des citoyens et de la confiance qu'ils accordent à leurs élus.

Chers députés juniors, en votant aujourd'hui une proposition de loi, vous faites l'expérience du travail parlementaire. Vous pouvez éprouver la noblesse et la grandeur du rôle du député, dont la mission est d'entendre et de faire entendre la voix de ses concitoyens, de réaliser la volonté de la nation. Vous devez comprendre que, sans l'engagement et la détermination des ces femmes et de ces hommes, l'action politique n'aurait aucun relais, c'est-à-dire aucune efficacité.

Alors, dites-le à vos familles, à vos amis ! Témoignez de cette réalité trop souvent méconnue, comme je le fais moi-même depuis plusieurs semaines, en allant régulièrement en province à la rencontre des Français, jeunes et moins jeunes, pour leur expliquer le travail des parlementaires et le rôle du Parlement. Témoigner, c'est enseigner. Et enseigner, c'est convaincre.

Voilà, chers amis, quelques réflexions qui me tiennent à coeur, comme à tous ceux, je crois, qui ont le sens de l'intérêt général et la passion de la chose publique. Nous allons maintenant passer aux différents points de l'ordre du jour de notre séance.

Dans un premier temps, Monsieur Jean-Jack Queyranne, Ministre des Relations avec le Parlement, que je salue, vous adressera quelques mots. Puis, vous pourrez nous poser à chacun deux questions ; nous y répondrons avec objectivité et sincérité. Madame Carole Bouquet, Présidente de l'association « Les voix de l'enfant », que je suis heureux de saluer et que je remercie pour sa lumineuse présence, rappellera ensuite les thèmes que vous avez développés lors des travaux préparatoires de cette séance, et qui ont particulièrement retenu l'attention du jury national, dont elle est la porte-parole.

Je demanderai alors aux trois rapporteurs de présenter les propositions que vous avez retenues ce matin en commission. Vous devrez voter pour celle que vous voulez retenir. N'oubliez pas que vous ne choisissez pas seulement pour vous-mêmes mais que vous allez vous déterminer pour ce qui deviendra peut-être une loi de la République française.

Chers députés juniors, j'espère que vous garderez de cette journée le meilleur souvenir et la conviction que les lois votées ici sont votre avenir. Par vos rêves et vos espoirs, par vos refus aussi, vous faites déjà vivre notre démocratie. Nous sommes impatients de vous entendre.