Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

    Déjeuner offert en l'honneur du Prince Norodom Ranariddh,
    Président de l'Assemblée nationale du Royaume du Cambodge,
    à l'Hôtel de Lassay le jeudi 21 juin 2001

    Allocution de M. Raymond FORNI,
    Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Président, cher Norodom Ranariddh,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs,

Mes chers Amis,

Je voudrais, Monsieur le Président, vous dire tout le plaisir que mes collègues députés et moi-même avons à vous accueillir, vous et votre délégation, aujourd'hui à l'Assemblée nationale.

La France et le Cambodge ont su, depuis des années, nouer et cultiver des liens de plus en plus étroits, fondés sur l'amitié, le respect mutuel et le souvenir d'un passé commun. Notre amitié est ancienne et je n'oublie pas que l'Ecole française d'Extrême-Orient, dont votre père le roi Sihanouk est membre d'honneur, fêtera cette année à Phnom Penh son centième anniversaire.

Cette amitié s'épanouit aujourd'hui dans un dialogue riche et confiant. Elle confirme la dimension universelle de la Francophonie et traduit la volonté de la France d'être davantage présente sur le continent asiatique.

Qu'il me soit permis, Monsieur le Président, de rendre hommage à votre engagement et à votre apport personnels dans le rapprochement entre nos deux Assemblées et nos deux peuples ; vous qui n'avez cessé de placer les relations franco-cambodgiennes au coeur des relations internationales de votre Assemblée, pour en faire un modèle de relations interparlementaires.

Je tiens à saluer également les Présidents des groupes d'amitié de nos deux Assemblées, Mme Norodom Vacheahra et M. Guy-Michel Chauveau, infatigables artisans de notre coopération parlementaire bilatérale.

Votre visite est l'occasion pour nos deux Assemblées d'affirmer leur volonté d'inscrire dans la durée notre coopération bilatérale, puisque nous avons signé hier ensemble un accord de coopération technique.

La signature de cet accord nous aura permis, au-delà de l'examen des actions en cours, de procéder à une évaluation, une mise en perspective de notre coopération pour les années à venir, et sans vouloir en reprendre tous les articles, qui ont été examinés hier, je voudrais relever deux éléments qui me paraissent importants :

- D'abord, et ceci me paraît fondamental, le rôle essentiel de la formation des fonctionnaires parlementaires a été souligné dans cet accord, et ceci doit concerner tous les agents de notre Assemblée : les administrateurs bien sûr mais aussi les rédacteurs des débats ou encore les secrétaires des débats. Les agents de l'Assemblée nationale sont en effet désireux de partager leur expérience et de la mettre au service de Parlements moins anciens que le nôtre et qui se trouvent souvent démunis de moyens et de références. Je tiens à saluer leur engagement en ce sens et me réjouis qu'ils puissent ainsi oeuvrer au développement d'un parlementarisme sans frontières.

- Je veux souligner aussi la mise en oeuvre d'un programme de coopération. Plusieurs thèmes ont été sélectionnés, notamment l'organisation de séminaires juridiques, la fourniture d'ouvrages de droit ou encore de documents techniques. Il y aura une procédure très rigoureuse de sélection et de suivi, en partenariat, s'appuyant sur la mobilisation durable des compétences dans les deux Assemblées.

La signature d'un tel accord aura aussi permis, de manière solennelle, de consacrer le rôle indispensable des Assemblées parlementaires dans la coopération franco-cambodgienne.

Elle aura, d'autre part, renforcé la mise en cohérence des divers instruments de notre coopération pour l'inscrire dans la durée. Je tiens à vous dire que le choix de l'Assemblée nationale comme partenaire privilégié de votre Assemblée est pour nous un signe très important.

Je crois que nous devons en effet être conscients que nos deux Assemblées ont vocation à oeuvrer, plus résolument que jamais, pour que s'affirme le rôle des Parlements dans le rapprochement entre nos peuples. La diplomatie parlementaire vient ainsi compléter et enrichir la politique de coopération bilatérale conduite par nos gouvernements respectifs. Elle est aujourd'hui, j'en suis convaincu, un élément irremplaçable de la coopération franco-cambodgienne.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

L'Etat de droit au Cambodge est en bonne voie, il est un horizon proche. Si longtemps troublé et chaotique, le Cambodge a enfin retrouvé au cours de ces dernières années toute la place qui lui revient au sein de la communauté internationale. Il a retrouvé son siège à l'ONU et a été admis au sein de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est.

Et si la mémoire des horreurs d'un génocide encore proche demeure à fleur de peau, le peuple cambodgien a su dominer sa peur pour décider de juger les responsables de crimes contre l'humanité sans pour autant recourir à la peine de mort. Je rends hommage à son courage, à sa lucidité, à sa maturité et à celle de votre Assemblée, qui a su voter le 2 janvier dernier, une loi contre l'impunité mais pour une justice qui ne soit pas mortelle.

Puisse l'ensemble des pays d'Asie s'inspirer de votre exemple et abolir la peine capitale partout où elle est encore pratiquée !

La consolidation de l'Etat de droit, la modernisation de l'économie, l'esprit d'ouverture et de tolérance qui animent aujourd'hui la société cambodgienne ne peuvent que stimuler fortement le développement de notre coopération parlementaire et nous en sommes heureux.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Avant de clore mon propos, je tiens à vous redire ma joie de vous accueillir parmi nous, à vous réitérer mes remerciements pour votre participation au Congrès mondial des abolitionnistes à Strasbourg demain et à vous faire part de toute la confiance que nous avons dans l'avenir de nos relations.