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Inauguration de l'exposition « Figures de paix »
à l'Assemblée nationale le mercredi 12 décembre 2001

Discours de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Messieurs les ministres,

Messieurs les ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Soyez les bienvenus à l'Assemblée nationale, où j'ai grand plaisir à vous accueillir à l'occasion de l'inauguration de l'exposition « Figures de paix ». Je crois qu'on ne pouvait trouver meilleur endroit que cette maison de la loi, où bat le coeur de notre démocratie. Parce qu'il est un élu de la nation, le député est naturellement le défenseur des Droits de l'Homme et du citoyen, partout où ils sont menacés. La représentation nationale est dans son rôle lorsqu'elle accompagne la marche de la liberté, lorsqu'elle met sa parole et son action au service des valeurs humanistes qui fondent notre République.

L'urgence qu'il y a à défendre les opprimés, à dénoncer les atteintes intolérables aux principes universels de 1789, à combattre les conflits qui nous plongent dans l'insoutenable barbarie, n'a pas disparu. Au contraire.

Le progrès ne saurait avoir raison de notre vigilance et de notre détermination. C'est pourquoi, en ce jour où notre institution, par cette exposition, commémore le centenaire du Prix Nobel de la Paix, je tiens à saluer l'action exemplaire de l'association « Figures de paix », présidée par Madame Jacqueline Franjou, et la remercier chaleureusement pour son dévouement et son engagement.

Vous avez fait des idéaux démocratiques et républicains les plus belles armes de votre action. Il était donc naturel que l'Assemblée nationale vous apporte son soutien, en exposant sur les grilles du Palais-Bourbon les portraits des lauréats vivants du Prix Nobel de la Paix, réalisés par Madame Micheline Pelletier. Je tiens à lui rendre un hommage particulier, elle qui a sillonné le monde pour rencontrer ces femmes et ces hommes qui luttent avec ferveur contre la haine, contre la guerre, contre la mort. Pour saisir, en un cliché, la force et la beauté d'âme de ceux qui, avec courage et audace, servent admirablement la cause de la paix. Pour témoigner des valeurs d'humanisme et de fraternité qui président à leur combat sur les cinq continents.

Ces valeurs, l'Assemblée nationale s'attache à les incarner, en traduisant dans la loi les idées généreuses de justice, de tolérance, de solidarité. A l'heure où l'on célèbre le centenaire du Prix Nobel de la Paix, je veux rappeler que Frédéric Passy, l'un des deux premiers lauréats, distingués en 1901 avec Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge internationale, était député. Un député qui voulait « interdire la guerre ». A l'aube d'un conflit qui allait déchirer l'Europe entière, l'ambition de ce pacifiste pouvait certainement paraître utopique. Mais n'oublions pas que les progrès d'aujourd'hui sont souvent nés des rêves d'hier, aussi insensés et chimériques qu'ils aient pu alors paraître.

C'était certainement la conviction d'Alfred Nobel qui affirmait qu' « avec la lumière et le bien-être, la plupart des maux disparaîtraient ». Il avait souhaité, dans son testament, que soit institué un prix pour « récompenser les hommes de bonne volonté oeuvrant pour faire progresser l'humanité ». Chaque visage des lauréats immortalisés par Micheline Pelletier illustre cette aspiration incessante à la paix et à la liberté ; cette recherche d'un nouvel ordre fondé sur la coopération internationale, sur le droit et la solidarité. Car lorsque les crises sont mondiales, les initiatives ne sauraient être exclusivement nationales. La communauté internationale doit être en mesure d'agir efficacement pour mettre un terme à l'arbitraire, à la violence, à la barbarie. Rien n'est plus actuel, rien n'est plus essentiel.

J'y vois l'un des fondements du choix du jury du Nobel 2001, qui a conjointement distingué, il y a deux jours, l'Organisation des Nations-Unies et son Secrétaire général, Monsieur Kofi Annan, en hommage à leur action commune pour la justice et la paix entre les peuples. Le jury a manifestement souhaité délivrer un message d'actualité, autant qu'une promesse d'espoir. Je me réjouis que ce prix consacre le rôle irremplaçable que jouent les Nations-Unies, qui sont la seule organisation ayant la légitimité suffisante pour relever les défis du maintien de la paix dans le monde.

C'est aujourd'hui avec beaucoup d'émotion, de tristesse aussi, que je pose mon regard sur les photographies de Shimon Pérès et Yasser Arafat, tous deux lauréats, avec Itzhak Rabin, du Prix Nobel en 1994. Ces portraits nous rappellent combien chacun avait fait des gestes courageux en direction de l'autre, qui permettaient d'espérer un événement attendu depuis plus de cinquante ans : la paix entre Israël et l'Etat de Palestine.

Les images terribles de l'affrontement sanglant qui déchire à nouveau ces deux peuples témoignent de la nécessité de rétablir au Proche-Orient les conditions de la paix, qui est, à mes yeux, autant un devoir international qu'un impératif moral. Cela est plus difficile que jamais et, malgré tout, c'est plus indispensable que jamais.

Mesdames et Messieurs, j'ai la conviction que pour relever ce défi, nous devons mettre toute notre intelligence et toute notre volonté au service de la paix. Ainsi pourrons-nous, ensemble, bâtir un monde plus juste et plus solidaire, qui scellera le triomphe de la liberté et du droit. C'est le vu que je forme aujourd'hui ; ce doit être notre projet pour demain.