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Discours de M. Raymond FORNI, Président de l'Assemblée nationale Cérémonie de clôture du concours de plaidoyers « Les combats de Victor Hugo » Hémicycle - Le 9 mars 2002

Madame le Ministre,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les députés,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, chers amis,

Soyez les bienvenus à l'Assemblée nationale, où j'ai grand plaisir à vous accueillir, à l'occasion de la cérémonie de clôture du concours de plaidoyers « Les combats de Victor Hugo ». Permettez-moi, tout d'abord, de vous dire ma fierté, et surtout mon émotion, de vous voir aujourd'hui réunis dans cet Hémicycle, à la place des représentants de la Nation, pour rendre un hommage solennel à celui qui fut un poète de génie et un écrivain visionnaire, mais aussi un homme politique engagé, un parlementaire respecté, un admirable serviteur de la République.

Nous ne pouvions certainement choisir meilleur endroit que l'Assemblée nationale pour commémorer le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo. Certes, l'Histoire a souvent bouleversé la géographie, l'architecture parlementaires, et ce n'est pas dans l'enceinte où vous êtes aujourd'hui rassemblés que le député Hugo siégea à trois reprises. Mais partout où sont les députés est l'Assemblée nationale, et son nom reste à jamais attaché à cette maison de la loi et de la démocratie, qui fut le théâtre de ses plus beaux combats.

« Ceux qui vivent sont ceux qui luttent », affirmait le chantre des temps modernes. De Paris à Villequier, de l'exil de Guernesey aux barricades de la Révolution, Victor Hugo n'a cessé de se battre pour le progrès et la vérité, la justice et la liberté. Mais, à mes yeux, jamais les causes qu'il porta et les batailles qu'il livra n'eurent autant de force et d'éclat qu'en ce lieu, l'âme de la Représentation nationale, le symbole du peuple souverain.

Deux siècles plus tard, l'Hémicycle résonne encore de ses paroles, solennelles et saisissantes, dont l'Histoire a conservé vivante l'éloquence du c_ur et de la raison. Cette enceinte vibre encore des mots inspirés et puissants du génie qui, mêlant toujours l'esprit et l'action, voulait que « la poésie ait la même devise que la politique : tolérance et liberté ». A cette tribune, le souffle de la voix, le lyrisme du verbe, la noblesse des idées, l'intensité de la passion, étaient ses plus belles armes, dédiées au plus grand des combats : la défense des idéaux civiques et républicains, la promotion des valeurs d'humanisme et de fraternité, que nous nous attachons à faire vivre ici chaque jour.

Figure mythique d'une génération éprise de modernité, guide prophétique d'une humanité en marche, Victor Hugo fut le témoin éclairé et l'acteur engagé de son époque. Pendant plus de cinquante ans, il l'accompagna si bien qu'il finit par l'incarner. Mais il n'écrivit pas seulement la légende de son siècle : il inscrivit son engagement dans l'horizon de l'Histoire, donnant à son _uvre une portée universelle.

Car c'est, je le crois, l'idéal de liberté qui inspira chacune de ses luttes : pour l'abolition de la peine de mort, pour l'émancipation des femmes et l'égalité des sexes, pour l'enfant et son droit à l'instruction, pour les Etats-Unis d'Europe, pour le suffrage universel, pour la laïcité, pour la liberté d'opinion et d'expression... en un mot pour la République, d'hier, du présent et de l'avenir, dont le principe est à lui seul le fondement et la condition de ces grandes causes.

Je suis donc particulièrement heureux que vous, jeunes lycéens de France, fassiez revivre aujourd'hui la voix et le message de Victor Hugo, pour témoigner, avec sincérité, sensibilité et générosité, de l'actualité de son engagement. Suivant le chemin tracé par le poète, reprenant le flambeau de ses batailles, vous avez choisi l'art du plaidoyer pour dire les attentes, les refus, les espoirs, les révoltes aussi, de votre génération. Vous avez choisi de mettre l'éloquence au service des idéaux qui doivent animer nos convictions et guider notre action.

Comme Victor Hugo, avec audace et courage, vous avez choisi de vous engager. A l'heure où l'on dit de la jeunesse qu'elle se désintéresse et de se détourne du débat public, ce choix vous honore et je vous en félicite vivement.

Je sais que vos professeurs vous ont accompagnés et guidés dans le travail que vous avez accompli. Je les en remercie et, à travers ceux qui sont aujourd'hui parmi nous, c'est à tous les enseignants que je veux dire mon admiration et ma gratitude, pour leur mérite et leur dévouement.

Je tiens, aussi, à saluer vos parents qui, en vous apprenant le partage des valeurs et des savoirs, vous préparent à vos futures responsabilités de citoyen. Je veux, enfin, adresser de chaleureux remerciements à tous les représentants du Ministère de l'Education nationale, dont l'engagement et la détermination ont grandement contribué au succès de ce concours, et tout particulièrement à Madame Hélène Waysbord, membre du jury et chargée de mission pour la commémoration du bicentenaire de Victor Hugo par le ministre Jack Lang.

Nous allons maintenant passer aux différents points de l'ordre du jour de cette séance. Dans un premier temps, je donnerai la parole à Monsieur Jean-Luc Mélenchon, Ministre délégué à l'enseignement professionnel, que je remercie pour sa présence. Puis nous écouterons les finalistes qui monteront à la tribune pour présenter leur plaidoyer. J'inviterai ensuite le jury, dont je salue respectueusement la Présidente, Madame Simone Veil, à se retirer pour délibérer.

Tous les lycéens présents dans l'Hémicycle pourront alors poser quelques questions à Monsieur Jean-Luc Mélenchon, ainsi qu'à moi-même. Au terme de la délibération, Madame Simone Veil fera connaître le choix du jury et distinguera les trois lauréats du concours.

Mais, quels que soient les résultats de cette finale, la victoire sera celle de tous ceux qui, comme Victor Hugo, mettent leurs mots au service de la justice et de la liberté ; de tous ceux qui donnent leur voix pour faire triompher la cause de l'humanité ; finalement de vous tous ici, aujourd'hui rassemblés dans cette même volonté. Nous sommes impatients de vous entendre.