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08/04/2003 - Allocution à l'occasion de l'éloge funèbre de M. Jean-Marc Chavanne

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mes chers collègues,
Madame,

Le 11 mars dernier, notre ami et collègue Jean-Marc Chavanne nous quittait, sa maladie, contre laquelle il avait lutté courageusement jusqu'au bout, triomphait.

Avec Jean-Marc Chavanne disparaît un élu de la Nation comme la République sait les forger. Un homme respectueux des autres et attentif à eux ; une personnalité toujours accessible, disponible, un député soucieux, d'abord, de servir son pays.

Jean-Marc Chavanne a été appelé à devenir député, par des circonstances qu'il n'a pas cherchées à provoquer mais qui se sont imposées à lui.

Et il a accompli son mandat, du premier au dernier jour, comme il avait assumé toutes les fonctions que le suffrage universel lui avait confiées : avec humilité, avec sérieux, avec fidélité aux convictions gaullistes qui n'avaient jamais cessé de l'habiter.

Jean-Marc Chavanne connaissait trop en effet, les aléas de la vie politique pour ne pas la considérer avec une sagesse qu'il nous faut méditer. Il refusait obstinément d'y voir un métier ou une carrière, il la regardait comme une forme élevée du service de nos concitoyens.

Et depuis 1978, date à laquelle il est sollicité pour se présenter au conseil municipal de Saint-Jeoire, ce goût, cette passion de se mettre à la disposition de la collectivité ne le quittera plus. Maire de Saint-Jeoire, en 1980, il donnera à cette commune de Haute-Savoie un nouvel essor, qui lui vaudra d'y être ensuite systématiquement réélu. Conseiller général du Canton de Saint-Jeoire à compter de 1985, il y laissera le souvenir d'un élu sur lequel on peut compter, exerçant avec détermination ses fonctions de Président de la Commission Education, Formation, Université et Transports scolaires, puis de Vice-président chargé de l'Education et de la Formation du Conseil général.

Ses fonctions d'élu local suffisaient amplement à cet enfant de Haute-Savoie qu'était Jean-Marc Chavanne : à ce fils d'agriculteur de montagne né dans une famille de 10 enfants où il avait puisé, pour toute une vie, le sens du devoir, du travail bien fait, de l'honnêteté et de la loyauté ; à cet amoureux de sa terre natale sur laquelle, à l'exception d'une héroïque guerre d'Algérie qui le marquera à jamais, il effectuera la majeure partie d'une existence professionnelle dédiée à l'entreprise d'abord, puis à l'assurance.

Une nouvelle - et déterminante - étape de son itinéraire politique l'attendait cependant, puisqu'en 1988, Pierre Mazeaud alors député de la 5ème circonscription de Haute-Savoie, lui demande de devenir son suppléant, mission dont il s'acquittera avec une conscience aiguë de ses devoirs. Le député qu'il deviendra en 1998 sera brillamment réélu en 2002, preuve, s'il en était besoin, de son enracinement et de ses qualités propres.

Car Jean-Marc Chavanne avait su, au fil des années, développé des liens de confiance avec la population qu'il représentait à l'Assemblée nationale, parce qu'il savait écouter, dialoguer, et parce qu'il savait rassembler, dès lors que l'intérêt général était en jeu.

De la même manière qu'il avait su au Palais Bourbon, dans les deux commissions où il siégea, celle des affaires culturelles, familiales et sociales d'abord, celle de la défense nationale ensuite, gagner l'estime et le respect de tous et de toutes.

Nous retiendrons de lui, au-delà de ses appartenances partisanes, de sa fidélité à sa terre d'élection, de son patriotisme sincère et désintéressé, l'image d'un homme qui répondait présent quand on avait besoin de lui, qui ne se dérobait pas lorsqu'il était sollicité, qui s'effaçait derrière les causes qu'il avait choisies de défendre.

Mesdames et messieurs, chers collègues, en pensant avec affection à ses proches, à sa famille, à son épouse Suzanne, comme à ses enfants Bruno et Eric, à qui j'adresse les condoléances émues et sincères de notre Assemblée, je vous demande de bien vouloir vous recueillir à la mémoire de Jean-Marc Chavanne.