Accueil > Archives de la XIIe législature > Discours de M. Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale

21/11/2003 - Ouverture du Forum économique franco-roumain

Monsieur le Président de la République,
Messieurs les Ministres,
Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux de vous recevoir à l'Assemblée nationale et d'ouvrir avec vous ce Forum économique franco-roumain dont l'objet est de mieux faire connaître la Roumanie aux Français et d'illustrer le dynamisme remarquable de nos relations économiques.

Est-il réellement nécessaire de mieux faire connaître aux Français un pays qui nous est aussi proche et depuis si longtemps ?

Proches par le cœur et l'esprit, nous le sommes sans aucun doute : je n'insisterai pas, tant ils sont évidents, sur l'enrichissement mutuel que nous devons à tant d'artistes et intellectuels, Tristan Tzara, Brancusi, Anna de Noailles, Cioran, Ionesco et bien d'autres encore, sur le goût de la culture et de la langue françaises dont le peuple roumain nous honore, sans lesquels ni la France ni la Roumanie ne seraient tout à fait elles-mêmes. La présence ici d'une soixantaine de jeunes Roumains élèves de nos meilleures grandes écoles atteste de cet attrait toujours renouvelé.

L'intensité du dialogue politique que nos deux pays entretiennent, tout particulièrement depuis la fin de 1989, est donc dans la nature des choses et nourrit une grande proximité dans nos visions des affaires du monde. Je ne ferai pas le décompte, tant ils sont nombreux, des déplacements effectués à Paris et à Bucarest par les Chefs d'Etat et de gouvernement, les ministres et les parlementaires de nos deux pays. Je relèverai seulement que votre visite constitue, je crois, votre septième déplacement à Paris et témoigne de votre attachement personnel à une relation bilatérale privilégiée.

Nous y sommes particulièrement sensibles et vous nous donnez ainsi l'occasion de vous réitérer avec force notre souhait de voir la Roumanie rejoindre la famille européenne. Quand bien même la candidature de votre pays s'inscrit, avec la candidature de la Bulgarie, dans un calendrier spécifique, elle n'en relève pas moins du processus d'élargissement en cours, et la France, vous le savez, ne vous a pas ménagé, depuis 1997 et à chaque étape, son soutien politique ni son appui opérationnel : ne sommes-nous pas, avec 34 jumelages institutionnels du programme Phare, votre premier partenaire pour la préparation de votre adhésion ?

C'est dire combien nous partageons votre objectif, que l'Union européenne a également fait sien, d'une adhésion effective au début de l'année 2007. Y parvenir demandera certes un engagement sans faille et nous savons l'effort que devra encore accomplir le peuple roumain pour franchir des étapes que nous avons parcourues en plusieurs décennies. Mais nous nous félicitons des progrès considérables déjà réalisés, qui nous donnent confiance dans la volonté et la capacité des autorités roumaines d'accélérer les réformes et de les appliquer.

Monsieur le Président de la République,

Je me demandais, il y a quelques instants, s'il était nécessaire de mieux faire connaître aux Français un pays qui nous était si proche.

Je répondrai oui, certainement, car la marche vers l'adhésion et les réformes qui la préparent façonnent progressivement une Roumanie nouvelle, et ouvrent de nouvelles perspectives à nos relations.

Certes, il est difficile d'être plus proche que nous le sommes déjà dans nos relations politiques ou culturelles, mais il est un domaine où, si beaucoup a déjà été fait, de grandes marges de progrès existent : c'est celui des relations économiques.

Il n'y a pas si longtemps, la France n'était encore que le cinquième investisseur étranger en Roumanie : elle se trouve au premier rang aujourd'hui avec un stock d'investissement de 1,5 milliard d'euros, c'est dire le chemin parcouru, et ces dernières années ont encore vu plusieurs grandes entreprises françaises, Michelin, Eurocopter ou Carrefour, rejoindre France Télécom, Lafarge, Renault ou la Société générale.

Dans le même temps, les échanges commerciaux ont presque doublé depuis 1999 et font de la France le quatrième fournisseur de la Roumanie et son troisième client.

Le progrès est donc très sensible; il reste cependant en deçà de nos capacités respectives : il n'y a pas de raison objective, en effet, pour que nous fassions deux ou trois fois moins bien que certains de nos partenaires de l'Union européenne.

La France dispose en effet d'un savoir-faire reconnu et d'entreprises très performantes dans les domaines les plus divers, automobile, chimie, pharmacie, agro-alimentaire, équipements domestiques, transports, énergie, communication, secteurs de pointe à haut niveau technologique.

La Roumanie ne manque pas non plus d'atouts, avec près de 23 millions d'habitants, un riche potentiel agricole, des ressources minières importantes, une longue tradition d'excellence dans la formation de ses cadres, chercheurs, ingénieurs ou techniciens.

Elle connaît un taux de croissance élevé pour la troisième année consécutive, une inflation en réduction constante, et devrait pouvoir réunir prochainement les conditions économiques de l'adhésion : elle offre donc aux opérateurs économiques des perspectives très positives, que renforcent les mesures déjà prises ou que les autorités veulent encore prendre pour améliorer l'environnement des affaires en termes de transparence, de fiabilité et de stabilité.

Les conditions me semblent donc réunies pour faire franchir une nouvelle étape à nos relations économiques et commerciales. Le public nombreux que réunit ce Forum nous permet d'être optimiste et je ne doute pas qu'en partageant leurs analyses, leurs expériences et leur expertise, les intervenants sauront convaincre de nouvelles entreprises françaises de regarder à leur tour vers la Roumanie.

Je souhaite donc adresser mes remerciements les plus chaleureux aux organisateurs, la chambre de commerce, d'agriculture et d'industrie française en Roumanie, la chambre de commerce franco-roumaine à Paris, les conseillers du commerce extérieur de la France, nos deux ambassades et, bien sûr, le groupe d'amitié de l'Assemblée nationale et son président, M. Jean-Pierre Dufau, ainsi que M. Christian Kert qui ont su prendre cette initiative particulièrement opportune.

Je vous remercie enfin, Monsieur le Président de la République, d'avoir bien voulu honorer cette manifestation de votre présence, de marquer ainsi le prix que vous attachez à la coopération franco-roumaine et de mettre l'institution parlementaire au cœur de cette coopération. C'est avec le plus grand intérêt que nous allons vous entendre.