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7/01/2004 - Rencontre annuelle des membres de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques avec les membres de son Conseil scientifique

Monsieur le Président de l'Office,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs les Académiciens,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mes chers amis,

Je suis particulièrement heureux d'ouvrir votre rencontre annuelle entre les membres de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques et les membres de son Conseil scientifique.

Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter la cordiale bienvenue, ici à l'Assemblée nationale, et de vous souhaiter, puisqu'il en est encore temps, mes vœux les plus chaleureux pour cette année 2004.

Cette année 2004 commence d'ailleurs très bien pour notre Office, avec ce colloque, si j'en juge par la qualité de notre assemblée ici réunie et par la hauteur des propos qui ne manqueront pas d'y être tenus.

Je suis impressionné, non seulement par les éminentes compétences que regroupe le Conseil scientifique de notre Office. Mais impressionné, je le suis aussi et principalement par la volonté qu'il exprime de traduire toute la diversité du champ scientifique et technologique.

C'est un tour de force, tant l'exhaustivité en la matière n'existe pas car la science ne cesse d'évoluer. C'est le signe d'une ouverture de notre Office sur la société civile. C'est la preuve surtout d'un dialogue de très haut niveau sur des dossiers très complexes, un dialogue où le législateur a souhaité manifester dès la création de l'Office par la loi du 8 juillet 1983, à la suite d'un vote unanime du Parlement, sa volonté de voter la loi en toute connaissance de causes, quelle que soit précisément la complexité des questions abordées dans notre hémicycle.

En premier lieu je souhaite remercier toutes les personnalités sollicitées qui ont accepté de faire partie du conseil scientifique de notre Office. Elles rendent service au Parlement et, à travers lui, elles rendent service à la France.

De par la diversité de vos compétences, Mesdames et Messieurs, vous contribuez à conforter les missions essentielles de l'Office. Vous permettez à notre Office de répondre à sa raison d'être de constituer un intermédiaire entre le monde politique et le monde de la recherche.

En second lieu, je souhaite rendre hommage ce soir à tous mes collègues députés et sénateurs qui ont accepté de siéger au sein de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Les élus que nous sommes se doivent toujours d'être à l'écoute des milieux scientifiques et de la recherche. Nous devons sans cesse avoir à l'esprit cette sollicitude des avis les plus autorisés et les plus experts.

Je salue tout d'abord l'action du Président Claude Birraux et sa manière exemplaire de conduire efficacement les travaux de l'Office dans le droit chemin de son éthique. J'associe, d'ailleurs, à cet hommage, M. Jean-Yves Le Déault, M. Henri Revol et tous ses prédécesseurs.

Quelle est cette éthique ? Il s'agit, de la même exigence de vérité, comme dans la démarche scientifique, de la quête d'objectivité . Il s'agit, de placer nos rapports sous le signe du respect et de la tolérance. Il s'agit, enfin de protéger l'Office des querelles et d'en faire le cénacle du débat dans toute sa sérénité et avec toute la hauteur de vue intellectuelle requise.

L'Office représente une structure originale au sein du Parlement. Cette originalité, cette singularité, il nous revient de la préserver, car c'est toute la richesse de vos échanges qui se reflètent dans les divers rapports publiés par l'Office. J'en veux pour preuve le caractère consensuel de presque toutes les décisions de l'Office prises le plus souvent à l'unanimité. J'en veux aussi pour preuve un Office devenu un interlocuteur reconnu de la communauté scientifique, même au niveau international.

Le consensus n'est pas toujours possible, nous autres hommes politiques sommes bien placés pour le savoir ! On pourrait même aller jusqu'à extrapoler en définissant la démocratie comme étant une absence de consensus qui s'exprime concrètement, physiquement, sur les bancs de notre hémicycle avec une majorité et une opposition.

L'absence de consensus est, certes, une des évidences mêmes du débat parlementaire. Mais toute la force de notre Office et de son conseil scientifique, toute la singularité dont je parlais tout à l'heure, résident précisément dans cette volonté unanime d'éclairer le Parlement en toute indépendance sur des questions très pointues.

Cette indépendance d'esprit, nous en avons besoin chaque jour davantage et le législateur plus que tout autre citoyen.

Les titres de vos rapports expriment souvent de manière éloquente toute la difficulté et toute l'utilité d'un éclairage objectif du législateur sur toutes ces questions que d'aucuns qualifieraient un peu rapidement de "questions de spécialistes". Mais questions de spécialistes ne veut pas dire questions réservées aux seuls spécialistes !

Et de fait, l'une des vertus les plus exemplaires de notre Office réside dans cette volonté de réaffirmer la prééminence du politique dans toute sa noblesse, quel que soit le caractère parfois ardu du débat parlementaire. Le spécialiste ou l'expert éclaire et conseille, le politique élu par le peuple décide. Surtout quand nos votes engagent les génération futures.

Cher Président Birraux,
Mes chers amis,

Ouvrir vos travaux, c'est vous dire d'abord toute ma joie d'être en votre compagnie.

Mais c'est aussi et principalement vous exprimer la grande fierté de toute l'Assemblée nationale de posséder un tel outil de travail. Cette fierté, je l'éprouve en m'exprimant devant des spécialistes aussi éminents. Une assemblée regroupant d'éminents spécialistes qui acceptent de mettre leurs compétences au service de la démocratie. Soyez en profondément remerciés.

Pour marquer toute l'importance de la place, à mes yeux, de l'Office dans le fonctionnement de nos institutions je forme le vœu que nous puissions prochainement célébrer avec toute la solennité qui s'impose près de 20 années d'existence de l'Office.

Enfin et aussi, je forme le vœu, en guise de conclusion, de voir se poursuivre et s'intensifier le dialogue entre le politique et le scientifique. La France et nos sociétés modernes en ont grandement besoin. Nous avons besoin de ces passerelles et nous avons l'outil que constitue l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques.

A nous, politiques, d'en faire bon usage grâce à la diversité des saisines. A vous, experts et scientifiques, d'y contribuer en l'approfondissant de vos connaissances.

Je vous remercie.