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27/04/2004 - Éloge funèbre de Monsieur Claude GIRARD

Il était notre collègue, mais il était aussi notre ami et, pour certains d'entre nous, un "compagnon" fidèle et exemplaire. Claude Girard avait placé sa vie sous le signe du combat. Le combat de sa famille d'abord et de ses parents qui élevèrent leurs onze enfants à Emagny, dans le Doubs, sur une terre difficile touchée par les profondes transformations du monde rural.

Son combat pour son département du Doubs auquel il était passionnément attaché, dont il connaissait toutes les routes, tous les chemins qu'il parcourait inlassablement à moto, son combat pour son idéal politique, pour le gaullisme au service duquel il s'engagea dès l'âge de 15 ans, en participant aux manifestations du 30 mai 1968.

Son dernier il l'a perdu après plusieurs mois d'une lutte acharnée dans laquelle il puisa l'énergie nécessaire pour exercer pleinement et jusqu'à son dernier souffle les responsabilités que lui avaient confiées ses concitoyens.

Nous nous inclinons devant celui qui fut pour nous un collègue unanimement respecté, devant le parcours remarquable de cet élu exemplaire de la République.

C'est par l'exercice de responsabilités départementales que Claude Girard était entré en politique il y a 22 ans. Sa victoire aux élections cantonales lui valut d'entrer au Conseil général du Doubs dont il accepta, en 1985, de présider la Commission de l'agriculture, de l'aménagement rural, de l'environnement et du logement.

Fort de cette expérience, Claude Girard fut appelé, en 1988, à la vice-présidence du Conseil général chargé de l'agriculture, de l'environnement et du logement puis, à partir de 1992, des affaires sociales et du logement. Le 24 juin 1999, il fut élu Président du Conseil général. Les cinq années pendant lesquelles il exerça cette responsabilité furent pour l'assemblée départementale cinq années de modernisation et d'adaptation aux réalités d'un département devenu plus urbain. Claude Girard sut, par son dynamisme et son charisme, mobiliser les agents du Conseil général au service de cette ambition.

Sa passion pour le développement et l'aménagement du territoire le conduisit, entre 1998 et 2002, vers le Conseil régional de Franche-Comté, dont il fut vice-président chargé du développement économique. Il y mena, avec tant d'autres parlementaires présents sur ces bancs, le combat des infrastructures et du désenclavement.

La fidélité de Claude Girard à son département, à sa région ne se sépare pas de son engagement politique national. Son adhésion au gaullisme, son aspiration à la construction d'une société libre et solidaire l'ont conduit à adhérer au Rassemblement pour la République dans les jours qui suivirent la fondation de ce mouvement.

Son implication dans la vie politique nationale marquée du sceau d'une loyauté sans faille à l'égard du Président de la République, son goût pour les batailles politiques difficiles le conduisirent à se présenter aux élections législatives. Il fut élu en 1993, puis en 2002. Il devint alors ce parlementaire actif que nous avons tous apprécié pour sa solidité et sa pugnacité.

Dès son entrée au Palais Bourbon, Claude Girard accepta la charge de rapporteur du budget de l'insertion et du handicap. Sa connaissance du monde agricole et des collectivités locales conduisit le Gouvernement à lui confier, en 1996, une mission portant sur le développement de l'habitat en milieu rural. Son retour au Parlement, en 2002, après une éclipse qui ne fit naître en lui aucune amertume mais renforça sa combativité, lui permit de travailler à l'un des grands chantiers ouverts par le Président de la République et qui lui tenait particulièrement à cœur : l'insertion des handicapés. Il remit au Secrétaire d'État chargé de l'insertion des handicapés, le 16 février dernier, quelques semaines seulement avant sa mort, un rapport préconisant notamment l'ouverture de maisons départementales du handicap destinées à devenir des guichets uniques à la disposition de tous les handicapés, quel que soit leur âge ou la nature de leur handicap. De nombreuses propositions élaborées dans ce rapport sont reprises dans le projet de loi relatif au handicap qui sera prochainement discuté dans cet hémicycle.

Claude Girard était de ces hommes publics qui placent leur action au service des autres dans le souci de promouvoir une société solidaire, capable de rendre aux plus faibles, à ceux que la vie a durement éprouvés, leur dignité et leur juste place.

Pour beaucoup d'entre nous, Claude Girard fut un exemple. Il l'est demeuré jusqu'à l'extrémité de ses forces, jusqu'à ses derniers jours au cours desquels il sut trouver l'énergie de présider encore les réunions et commissions de l'assemblée qu'il présidait.

Sur tous les bancs de cet hémicycle, l'heure est aujourd'hui au recueillement et à la mémoire. A son épouse Martine, à ses fils Damien, Maxime et Charles, à ses proches, à ses collègues du Conseil général, aux fonctionnaires du Conseil général, j'exprime notre profonde tristesse et notre solidarité dans l'épreuve qu'ils traversent.