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03/10/2006 - Éloge funèbre de Monsieur Gérard Léonard, député de Meurthe-et-Moselle

Monsieur le Ministre,

Mes chers collègues,

Madame,

Le 6 juin dernier miné par les effets d'une terrible maladie combattue pendant des mois avec discrétion, dignité et courage, Gérard LÉONARD nous quittait.

Gérard LÉONARD fut notre collègue, pour certain d'entre nous notre compagnon et notre ami.

En prononçant son nom et son prénom, nombreuses sont les images qui reviennent à nos mémoires.

Personnalité attachante par la force de conviction qu'il manifestait, par sa simplicité quotidienne et par sa sincérité permanente qu'il avait mis très tôt au service d'un engagement politique au sein du mouvement gaulliste, Gérard LÉONARD incarnait ce qu'un de ses collègues de l'université de Nancy II appelait « l'esprit lorrain », c'est-à-dire des convictions et un engagement déterminé qui se nourrissaient à la fois d'un attachement sentimental, viscéral à la France et à une certaine idée de la France et d'un humanisme chrétien qui place l'homme au centre de tout projet politique et lui faisait rechercher en toute chose justice, équité et humanité. Ses interventions sur les questions de sécurité et d'immigration, mais également dans le débat sur les sujets de bioéthique en portent la marque.

Il s'inscrivait dans la lignée d'hommes politiques éminents qui marquèrent l'histoire de la Lorraine et de la France depuis la fin du XIXème siècle.

Député de la Nation, élu de la 2ème circonscription de Meurthe et Moselle pendant près de 15 ans, Gérard LÉONARD s'est forgé une solide réputation de technicien du droit, matière qu'il avait enseigné à la Faculté de Droit et de Sciences économiques de Nancy et, surtout, de spécialiste des questions de sécurité, de police et de justice sans pour autant délaisser les questions relatives à la gestion des collectivités locales.

C'est à la Commission des lois, où il siégea à partir de 1990, qu'il donna toute la mesure de son talent.

Il rapporta à de nombreuses reprises de grands textes législatifs comme le projet de loi d'orientation et de programmation sur la sécurité en 1993 - 1995, le projet de loi sur le renforcement de la lutte contre le travail clandestin, celui sur l'adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité ou, plus près de nous, celui sur le traitement de la récidive des infractions pénales.

Il fut, surtout, depuis 1990 le rapporteur pour avis du budget du ministère de l'Intérieur. Il était ainsi devenu, au fil des ans, un parfait connaisseur de ce ministère et de tous ses arcanes, et fut à ce titre l'interlocuteur et le conseiller, toujours écouté, parfois redouté des ministres de l'Intérieur successifs.

C'est la connaissance de ce ministère et la maîtrise des questions qui en relevaient qui justifièrent sa nomination à la commission nationale de déontologie de la sécurité et au conseil d'administration de l'Institut national des Hautes Etudes de Sécurité dont il avait été l'auditeur en 1997.

Mais son activité parlementaire ne peut pas se réduire à cette seule fonction législative.

Gérard LÉONARD fut aussi un Président du groupe d'amitié France Liban particulièrement actif. Les liens qu'il entretenait avec ce pays étaient nombreux, fréquents et étroits.

Il éprouvait pour ce petit coin de terre francophone une véritable passion. Il en suivait les péripéties avec attention et la violence dont ce pays était si fréquemment la victime le blessait profondément.

Gérard LÉONARD puisait sa force de son engagement politique, la pertinence de sa réflexion politique dans un enracinement local.

Pendant près de vingt ans maire de Saint-Max, vice-président de la Communauté Urbaine du Grand Nancy, mais, également, conseiller régional et vice-président du Conseil Régional de 1992 à 2002, il savait combien l'écoute de ses concitoyens était nécessaire aux politiques. C'est de la vérité des uns et des autres qu'il forge sa propre vérité.

Il aimait sa ville de Saint-Max éperdument et n'a cessé de vouloir la développer et l'embellir, en prenant soin de le faire en harmonie avec la commune de Nancy toute proche et l'agglomération nancéenne elle-même au cœur de la Lorraine.

Pour lui, ses mandats de maire, de vice président de la Communauté urbaine et de Conseiller régional étaient en quelque sorte complémentaires, pour servir au mieux ses administrés.

Ecouter, servir, aider, accompagner, développer telles étaient les missions qu'il s'était assignées dans l'exercice de ses différents mandats. Je crois que celles et ceux qui cherchent aujourd'hui à briguer les suffrages gagneraient à s'inspirer de son exemple.

Avec Gérard LÉONARD, nous avons perdu un collègue, un compagnon et un ami, Saint-Max et la Lorraine un élu local exemplaire, l'Assemblée nationale un parlementaire chevronné, estimé et respecté.

Je voudrais redire en notre nom à tous, à son épouse, à ses deux fils, à sa mère et à toute sa famille notre peine et notre sympathie et les assurer de tout notre soutien dans l'épreuve qu'ils traversent.