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Hommage de Bernard ACCOYER à Mme Arlette FRANCO

Madame,

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs les députés,

Mes chers collègues,

Arlette FRANCO nous a quittés, elle si dynamique et qui nous a plongés dans une profonde tristesse. C’est à une femme de convictions que nous rendons hommage aujourd’hui. Une femme de convictions et d’action.

Sa force d’âme, vous l’avez connue comme moi.  « Le caractère, vertu des temps difficiles », comme le disait de Gaulle, elle n’en manquait pas. Et ce sont ses combats, jusqu’à son dernier, courageux et intime, contre la maladie, qui lui ont forgé ce caractère trempé et attachant. Ceux qui ont travaillé à ses côtés, dans son sillage, s’en souviendront toujours.

Femme de passions et d’engagement, Arlette Franco a eu plusieurs vies. Elle a surtout eu un destin. La « Dame de Canet » fut conseillère municipale pendant dix-huit ans avant d’être élue maire de Canet-en-Roussillon, en 1989. Ses administrés l’ont réélue en 1995, puis en 2001, au premier tour de scrutin, et encore en 2008. C’est 39 ans qu’elle aura consacrés à sa ville chérie et à ses habitants qui l’aimaient tant.

Arlette Franco a passé sa vie à « servir ». Servir, au sens noble du terme, servir la France, les autres, les Canétois en particulier qui appréciaient ses qualités d’écoute et sa ténacité. Arlette Franco était de ces élus de terrain qui comprennent leurs concitoyens, qui partagent leurs espoirs, leurs inquiétudes, et qui savent relayer leurs préoccupations : elle fut une élue locale au sens plein du terme, ne dissociant jamais l’humanité de l’efficacité.

Elue conseillère régionale du Languedoc-Roussillon en 1992, Arlette Franco est devenue vice-présidente du conseil régional en 1995. Elle le restera jusqu’en 1998.

C’est en 2002 qu’Arlette Franco est devenue députée des Pyrénées-Orientales, un mandat qui lui est renouvelé en 2007. Pour elle était alors venu le « temps de l’action », comme elle l’écrivait dans sa profession de foi, l’action législative au plan national.

A l’Assemblée, elle siégea au sein de la commission des Affaires économiques et de la Délégation pour l’Union européenne. Ouverte au monde, elle avait faite sienne l’idée européenne. En 2006, elle se rendit en Belgique pour une mission sur l’avenir du traité constitutionnel et sur la stratégie de l’élargissement. En 2007, c’est en Irlande qu’elle partit défendre le traité simplifié.

Qu’il s’agisse des retraites agricoles, des rapatriés, de la transmission d’entreprise ou des loisirs, aucun domaine ne resta étranger à son activité législative, même si elle s’est plus spécialement consacrée à un secteur d’activité pourvoyeur d’emplois et de devises, le tourisme. A Paris comme en Roussillon, elle s’est s’efforcée, avec succès, d’améliorer le cadre juridique dans lequel opèrent les professionnels de l’hôtellerie et des loisirs. En décembre 2002, c’est le Premier ministre qui lui confie une mission parlementaire sur la formation des métiers du tourisme. De 2007 à 2009, Arlette Franco préside le groupe du travail « Transports, tourisme et territoire » de la commission des Affaires économiques.

Au tourisme se sont ajoutés l’agriculture, l’hôtellerie, le commerce et l’artisanat. Ainsi Arlette Franco dépose-t-elle une proposition de loi, qui sera votée en 2005, sur le statut du conjoint collaborateur chez les artisans et les commerçants. Une avancée majeure dont les femmes d’artisans lui furent reconnaissantes.

Arlette Franco aimait la politique. Jusqu’au bout, elle s’est battue. Elle a rempli son mandat, avec vaillance, malgré la fatigue, malgré les épreuves. Je veux dire ici mon admiration, et celle de mes collègues, pour l’avoir vue assumer avec énergie ses responsabilités parlementaires.

Elle aimait la politique, celle du courage et du bon sens, la politique du cœur. Elle aimait aussi le sport. Nageuse de haut niveau, Arlette Franco a multiplié les activités dans le domaine sportif et fut notamment vice-présidente de la Fédération nationale de Natation. Impliquée dans la vie associative, au Canet comme dans les Pyrénées-Orientales, elle fit preuve d’un véritable militantisme pour la démocratisation des pratiques sportives.

Elle aimait aussi les belles lettres et la poésie. Femme de culture, Arlette Franco avait commencé sa carrière en enseignant et n’a jamais cessé d’aimer les mots. Ceux des autres, les grands, Victor Hugo ou Dostoïevski, ceux des enfants du pays aussi, Brassens ou Charles Dumont. Et puis les siens, les mots qu’elle nous a laissés il y a quelques semaines seulement, dans un livre d’entretiens écrit avec son collaborateur et ami Michel SITJA. Dans L’Or du Temps, Arlette Franco nous a livré ses illusions, ses tristesses, ses passions, nous laissant le testament moral d’une députée aux multiples talents.

Je ne me suis arrêté que sur quelques fragments d’une vie publique, d’un combat, ceux d’une femme militante et fidèle à ses engagements, digne et courageuse, qui a connu le siècle alors que la seconde guerre mondiale éclatait. La vie d’une gaulliste de cœur, fervente, constante. Des fragments d’une vie tout court, celle d’un être humain, qui loin des faux-semblants, nous a transmis un dernier message sans concessions, celui qu’on peut transmettre quand on a accompli sa destinée, l’essentiel : sa passion de la vie.

A sa fille Dominique, à son petits fils David, à ses arrières petits-enfants dont elle était si fière, à ses collaborateurs [Roger PLA et Savine BENARD], à sa famille et ses compagnons gaullistes, à ses amis du groupe UMP, au nom des députés de l’Assemblée nationale et en mon nom personnel, je présente mes condoléances attristées.