N° 1112
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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 8 octobre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
AU NOM DE LA COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES, FAMILIALES ET SOCIALES (1) SUR LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n°1078)
TOME XII
EMPLOI ET SOLIDARITÉ
VILLE ET INTÉGRATION
PAR M. Roland CARRAZ
Député.
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(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.
La commission des affaires culturelles, familiales et sociales est composée de : M. Jean Le Garrec, président ; MM. René Couanau, Jean-Michel Dubernard, Jean-Paul Durieux, Maxime Gremetz, vice-présidents ; Mme Odette Grzegrzulka, MM. Denis Jacquat, Noël Mamère, Patrice Martin-Lalande, secrétaires ; MM. Yvon Abiven, Bernard Accoyer, Mme Sylvie Andrieux, MM. André Aschieri, Gautier Audinot, Mme Roselyne Bachelot-Narquin, MM. Jean-Paul Bacquet, Jean-Pierre Baeumler, Pierre-Christophe Baguet, Jean Bardet, Jean-Claude Bateux, Jean-Claude Beauchaud, Mmes Huguette Bello, Yvette Benayoun-Nakache, MM. Patrick Bloche, Alain Bocquet, Mme Marie-Thérèse Boisseau, MM. Jean-Claude Boulard, Bruno Bourg-Broc, Mme Christine Boutin, MM. Jean-Paul Bret, Victor Brial, Yves Bur, Alain Calmat, Pierre Carassus, Pierre Cardo, Roland Carraz, Mmes Véronique Carrion-Bastok, Odette Casanova, MM. Jean-Charles Cavaillé, Bernard Charles, Jean-Marc Chavanne, Jean-François Chossy, Mme Marie-Françoise Clergeau, MM. Georges Colombier, François Cornut-Gentille, Mme Martine David, MM. Bernard Davoine, Lucien Degauchy, Marcel Dehoux, Jean Delobel, Jean-Jacques Denis, Mme Monique Denise, MM. Franck Dhersin, Dominique Dord, Mme Brigitte Douay, MM. Guy Drut, Nicolas Dupont-Aignan, Yves Durand, René Dutin, Christian Estrosi, Claude Evin, Jean Falala, Jean-Pierre Foucher, Jean-Louis Fousseret, Michel Françaix, Mme Jacqueline Fraysse, MM. Yves Fromion, Germain Gengenwin, Mmes Catherine Génisson, Dominique Gillot, MM. Jean-Pierre Giran, Michel Giraud, Jean Glavany, Gaëtan Gorce, François Goulard, Jean-Claude Guibal, Mme Paulette Guinchard-Kunstler, M. Francis Hammel, Mme Cécile Helle, MM. Pierre Hellier, Michel Herbillon, Guy Hermier, Mmes Françoise Imbert, Muguette Jacquaint, MM. Maurice Janetti, Serge Janquin, Armand Jung, Bertrand Kern, Christian Kert, Jacques Kossowski, Mme Conchita Lacuey, MM. Jacques Lafleur, Robert Lamy, Edouard Landrain, Pierre Lasbordes, Mme Jacqueline Lazard, MM. Maurice Leroy, Patrick Leroy, Maurice Ligot, Gérard Lindeperg, Patrick Malavieille, Mme Gilberte Marin-Moskovitz, MM. Didier Mathus, Jean-François Mattei, Mme Hélène Mignon, MM. Jean-Claude Mignon, Renaud Muselier, Philippe Nauche, Henri Nayrou, Alain Néri, Yves Nicolin, Bernard Outin, Dominique Paillé, Michel Pajon, Michel Péricard, Mme Geneviève Perrin-Gaillard, MM. Bernard Perrut, Pierre Petit, Mme Catherine Picard, MM. Jean Pontier, Jean-Luc Préel, Alfred Recours, Gilles de Robien, François Rochebloine, Marcel Rogemont, Yves Rome, Jean Rouger, Rudy Salles, André Schneider, Patrick Sève, Michel Tamaya, Pascal Terrasse, Gérard Terrier, Mmes Marisol Touraine, Odette Trupin, MM. Anicet Turinay, Jean Ueberschlag, Jean Valleix, Emile Vernaudon, Philippe Vuilque, Jean-Jacques Weber, Mme Marie-Jo Zimmermann.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 5
I.- UN BILAN LARGEMENT POSITIF 7
A. DES INSTANCES DE LA VILLE RÉNOVÉES 7
1. Un ministre pour conduire la politique de la ville 8
2. Le Conseil national des villes et la Délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain sont redynamisés 9
a) Le Conseil national des villes 9
b) La Délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain 10
3. Un conseil de sécurité intérieur réorienté 10
4. LInstitut de la ville, nouvelle mémoire de la ville 15
B. DES MISSIONS RICHES DENSEIGNEMENT 15
1. Le rapport de M. Jean-Pierre Sueur, Demain, la ville 16
2. Le rapport sur une meilleure répartition géographique des forces de sécurité publique 17
3. Le rapport sur les réponses à la délinquance des mineurs 18
C. UNE LÉGISLATION REFONDATRICE DU PACTE RÉPUBLICAIN 20
1. Intégration 20
a) La loi n° 97-1027 du 10 novembre 1997 relative à linscription doffice des personnes âgées de dix-huit ans sur les listes électorales 20
b) La loi n° 98-170 du 16 mars 1998 relative à la nationalité 20
c) La loi n° 98-349 du 11 mai 1998 relative à lentrée et au séjour des étrangers en France et au droit dasile 21
2. Emploi et lutte contre les exclusions 23
a) La loi n° 97-940 du 16 octobre 1997 relative au développement dactivités pour lemploi des jeunes 23
b) La loi n° 98-657 du 29 juillet 1998 dorientation relative à la lutte contre les exclusions 24
II.- UN EFFORT BUDGÉTAIRE EN PROGRESSION SPECTACULAIRE 25
A. LES CRÉDITS DE LA VILLE 25
1. Un budget à la hauteur des enjeux 25
2. Les autres ressources 30
B. DES CRÉDITS DAUTRES MINISTÈRES CONCERNENT LA VILLE 33
1. La politique de la ville de léducation nationale 33
2. Limplication du ministère de la justice dans la politique de la ville 34
C. LES CRÉDITS DE LINTÉGRATION 36
1. Des crédits adaptés 38
2. Une politique renouvelée 38
III.- VERS UNE MAÎTRISE DES LEVIERS DU POUVOIR URBAIN 41
A. ASSURER LA SÉCURITÉ 41
B. CONFORTER LAUTONOMIE FINANCIÈRE DES COLLECTIVITÉS 41
1. Recibler la dotation de solidarité urbaine 42
a) Une dotation qui nest pas à la hauteur des enjeux 42
b) Une majoration exceptionnelle pour 1999 44
2. Réguler les concours financiers de lEtat 44
C. DE NOUVEAUX OUTILS FINANCIERS 45
1. Le refinancement des communes surendettées 46
2. Les nouveaux prêts de la Caisse des dépôts et consignations 47
TRAVAUX DE LA COMMISSION 49
I.- AUDITION DU MINISTRE 49
II.- EXAMEN DES CRÉDITS 63
INTRODUCTION
Avant même dexaminer les crédits de la ville pour 1999 et de se féliciter des hausses exceptionnelles dont ils bénéficient, il convient de saluer la rigueur de la méthodologie suivie par le Gouvernement pour relancer la politique de la ville.
Tout en préservant intacte sa capacité dintervention - cétait lobjet des crédits adoptés lan dernier - il sest donné dabord le temps de la réflexion.
Les missions confiées à M. Jean-Pierre Sueur sur la ville de demain, à Mme Christine Lazerges et M. Jean-Pierre Balduyck sur les réponses à la délinquance des mineurs, à M. Jean-Jacques Hyest et au rapporteur sur le nécessaire redéploiement des forces de sécurité sur le territoire relèvent de cette logique.
Le temps de la réorganisation et des décisions est aussi intervenu, comme lattestent la création du ministère délégué à la ville, confié à M. Claude Bartolone et lordre du jour du comité interministériel des villes du 30 juin 1998.
Avec ladoption des crédits qui lui sont nécessaires, le temps de laction peut commencer.
I.- UN BILAN LARGEMENT POSITIF
Linsécurité qui règne dans les quartiers relégués et leurs écoles touchent plus particulièrement les populations les plus défavorisées au point de mettre en péril le pacte républicain sur lequel repose la société française.
Cest pourquoi le Gouvernement accorde une importance de plus en plus grande aux moyens dont il dote sa politique de la ville et à lattention quil porte à sa mise en uvre.
A cet égard, le bilan de laction menée depuis bientôt deux ans et demi, avec une montée en puissance très nette durant ces douze derniers mois, est largement positif.
Leffort porte aussi bien sur lorganisation des services publics en charge du dossier, les expérimentations de mesures nouvelles de forte amplitude, la mobilisation plus pertinente des services, des personnels et des moyens existants. Il se traduit par les hausses budgétaires dune importance rarement égalée inscrites dans le projet de loi de finances.
Au-delà des mesures spécifiques au traitement direct des problèmes des quartiers, la politique sociale conduite par le Gouvernement dans le domaine de lemploi et de la lutte contre les exclusions sattaque en profondeur aux origines de la dérive de nos villes.
De la même manière, la redéfinition de certaines règles relatives à la citoyenneté ou au séjour des personnes étrangères sera déterminante pour relancer les processus dintégration.
Concernant des domaines aux tendances aussi lourdes, les résultats seront forcément lents, mais lenjeu a ceci de particulier quil ne peut cependant être question déchouer.
Il peut paraître banal de juger complexes certaines organisations administratives, le dispositif concernant la ville néchappe pas à cette règle. Il sest pourtant enrichi, à juste titre, cette année, dun échelon hiérarchique supplémentaire, tandis quune nouvelle instance, chargée de rassembler les connaissances et les savoir-faire relatifs à la politique de la ville est mise à lessai. Par ailleurs, la composition du Conseil national des villes (CNV) et de la Délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain (DIV) a été renouvelée en même temps que le champ de leur mission a été élargi.
Les souhaits quexprimait lan dernier le rapporteur sur la nécessité de densifier limpulsion gouvernementale ont été suivis.
La présence dune autorité politique focalisant les énergies montre que linstauration dun ministère délégué nentraîne pas un alourdissement de la chaîne hiérarchique. Elle permet de fédérer les actions de tous les secteurs gouvernementaux sous lautorité dune personnalité politique qui peut sy consacrer à temps plein tout en ayant le poids nécessaire pour être un interlocuteur entendu.
Le décret n° 98-242 du 2 avril 1998 relatif aux attributions déléguées au ministre de la ville précise que M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, exerce par délégation de la ministre de lemploi et de la solidarité les attributions de celles-ci relatives à la ville. Il dispose de la délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain (DIV) et en tant que de besoin, des directions et services des autres ministères qui concourent à la préparation et à la mise en uvre de la politique de la ville. Il a autorité sur la délégation générale à lemploi et à la formation professionnelle, la direction générale de la santé, la direction de laction sociale, la direction de la population et des migrations, la délégation interministérielle à linsertion sociale et professionnelle des jeunes en difficulté et il dispose de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Il peut présider le comité interministériel des villes (CIV) qui prend les décisions relatives à la politique de la ville, arrête les orientations, définit les programmes et répartit les moyens. A cet égard, le comité interministériel qui sest tenu le 30 juin dernier est particulièrement important puisquil fixe les quatre objectifs de la nouvelle politique de la ville :
- garantir le pacte républicain sur tout le territoire ;
- renforcer la cohésion sociale dans les villes,
- mobiliser autour dun projet collectif impliquant tous les acteurs exerçant une responsabilité vers la politique de la ville,
- et construire un nouvel espace démocratique avec les habitants.
Le Conseil national des villes (CNV) et la Délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain (DIV) sont tous deux des organismes de niveau national dans la composition, les moyens ou les missions viennent dêtre remis à jour pour mieux sadapter aux nouveaux besoins.
Instance de propositions à lélaboration de la politique de la ville, le CNV procède à des études et des recherches principalement dans les domaines suivants : la lutte contre les processus dexclusion, la définition de nouvelles collaborations entre lEtat et ses partenaires, la prévention de la délinquance et lévolution de la ville. Il publie chaque année un rapport destiné à linformation du public.
Par arrêté du 16 juin 1998, sa composition a été renouvelée. Il comprend vingt-cinq élus nationaux ou locaux et quinze personnalités qualifiées désignés par le Premier ministre. Plus représentatif, le nouveau conseil devrait être un lieu de débat politique ouvert, critique et prospectif sur la politique de la ville.
Lors de linstallation du nouveau conseil, le Premier ministre a exprimé qu à côté de la DIV il revient au CNV dorganiser une véritable confrontation entre les logiques de lEtat, des élus les besoins des professionnels et les aspirations des populations... il doit animer au niveau local et national le débat et la réflexion sur la politique de la ville sur le long comme sur le court terme. Je souhaite que le conseil soit un lieu de débat et de partage des expériences ; ainsi, il pourra jouer son rôle dévaluation, de repérage des évolutions... il ramènera toutes ces interpellations vers les pouvoirs publics et facilitera le renouvellement de laction publique en direction des villes... .
Reprenant ces propos pour définir le rôle du CNV, le CIV de juin 1998 a, en outre, décidé que le CNV devait engager une réflexion sur les modalités dassociations et de consultation formelle des habitants dans le cadre des articles L. 2143-2 et L. 2142-1 du code général des collectivités territoriales relatif aux conseils de quartier ; par ailleurs, il est prévu que la DIV et le CNV organiseront conjointement un séminaire national sur la prévention et la sécurité.
Administration de mission, la DIV est un service exclusivement consacré à la politique de la ville. Elle est organisée autour de six départements techniques coordonnés par un secrétaire général.
Elle dispose dun centre de ressources et dun service de communication et du logement. Par décision du 15 mai 1998, du ministre du léquipement, des transports et du logement, son effectif vient dêtre porté à 100 agents grâce à six mises à disposition de fonctionnaires de lEtat et au transfert de 5 000 points prélevés sur différents ministères. Toutefois, 84 postes seulement sont actuellement pourvus. Les vacances seront comblées en fonction des missions qui seront confiées à la DIV. Par ailleurs, Mme Claude Brevan, nouvelle déléguée interministérielle à la ville depuis le ber août, est mandatée pour présider un comité des directeurs de la politique de la ville afin dassurer la mise en uvre et le suivi des décisions prises par le CI entre les réunions du comité.
Créé à lorigine pour prendre les mesures de sécurité publique quimposaient les attentats à la bombe au début des années 80, le conseil de sécurité intérieur a été à nouveau réuni pour tenter de faire face à linsécurité croissante qui sévit dans les quartiers relégués et dans certaines écoles.
De nombreux secteurs de laction gouvernementale devant être mobilisés, il rassemble, sous lautorité du Premier ministre, des membres permanents auxquels peuvent se joindre dautres ministres concernés par les problèmes abordés.
Sont membres permanents les ministres de la justice, de lintérieur, de la défense, de léconomie et des finances et de lindustrie et le secrétaire détat chargé du budget.
Ont participé en outre aux séances des 8 juin et 12 octobre derniers la ministre de lemploi et de la solidarité, le ministre délégué à la ville, le ministre de léducation nationale, de la recherche et de la technologie et le ministre délégué à lenseignement scolaire et, pour la dernière réunion, le secrétaire dEtat à la santé. Le relevé des décisions prises par le CSI au cours de ces dernières réunions montre que les pouvoirs publics - contrairement à une idée reçue - ne baissent pas les bras. La méconnaissance par le public du travail accompli tendrait en revanche à prouver quun effort de communication devait parallèlement être accompli.
Au cours de la réunion du 8 juin, ont été prises des décisions relatives à lenvironnement des jeunes, à la réponse systématique rapide et limpide quil convient de donner à chaque acte de délinquance et au plan daction gouvernemental territorialisé.
Il sagit, dans une dizaine de départements, dévaluer les relations entre la justice et les conseils généraux en matière de protection de lenfance, de mettre en place des classes relais, détablir des conventions départementales pour la prévention des violences scolaires, dexploiter les résultats dune enquête sur la santé mentale des adolescents et la protection judiciaire de la jeunesse, et de former les personnels dans 26 départements prioritaires où la délinquance est la plus forte et de la convention avec lAssociation AGIR-ABCD pour laccompagnement vers lemploi de jeunes confiés à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
La circulaire de politique pénale en matière de délinquance juvénile en date du 15 juillet 1998 met laccent sur la nécessité :
- dapporter une réponse rapide aux premiers faits de délinquance en ayant recours aux délégués du Président de la République spécialisés en matière de mineurs - leur effectif devant passer de 117 à 200 fin 1999 - ;
- de développer les mesures de réparation ;
- dassurer une continuité de laction éducative ;
- daméliorer les conditions dincarcération ;
- dassocier davantage les familles et lensemble des acteurs concernés par la délinquance juvénile.
Un premier bilan dapplication de la circulaire du 15 juillet 1998 a été demandé aux parquets pour le 15 octobre dernier.
Dores et déjà, il est permis daffirmer que si la répression lors des vols, des actes de vandalisme, des dégradations et des violences commis lors des premières manifestations de lycéens du 5 octobre dernier a été rapide, puisque les jugements ont été rendus dans les trente-six heures qui ont suivi les faits, sa crédibilité, en revanche, a été largement amoindrie du fait quune vingtaine de coupables seulement ont pu être punis. Or, manifestement, de nombreux auteurs des faits les plus graves nont pas pu être appréhendés par les forces de lordre, renforçant tant auprès de lopinion publique que des coupables un fort sentiment dimpuissance de la part de lautorité publique. Fort heureusement, le dispositif dencadrement de la seconde journée de manifestation a pu effacer cette fâcheuse impression.
Sagissant de la réorganisation du dispositif daccueil des mineurs délinquants, des propositions de modification du code de lorganisation judiciaire visant à assurer une spécialisation effective des magistrats du parquet et des juges dinstruction sont en cours au ministère de la justice, une cellule de coordination de laccueil durgence entre PJJ et secteur associatif est mise en place dans chacun des 26 départements prioritaires. 150 emplois nouveaux dont 110 éducateurs sont créés. Deux centres éducatifs renforcés sont maintenus, tandis que huit autres nouveaux projets sont à létude. La capacité de placement familial a été augmentée de 40 places en 1998, tandis que 75 autres sont programmées pour 1999.
Il est prévu enfin de créer ou daménager des petits quartiers dans les maisons darrêt réservées aux mineurs et jeunes majeurs, de réexaminer la carte de ces quartiers et, en collaboration avec ladministration pénitentiaire, de former le personnel qui y est affecté.
La lutte contre la délinquance des mineurs nécessite de mieux coordonner lintervention de tous les ministères dans le cadre dactions territorialisées et ciblées. Au plan des méthodes, on note que :
- la compétence des brigades des mineurs de la police nationale sera étendue au traitement des actes commis par les mineurs en milieu scolaire dans les 26 départements prioritaires et le nombre des brigades de prévention de la délinquance juvénile de la gendarmerie sera porté de 10 à 20 dès cette année ;
- un correspondant local police-jeunes chargé de tenir le tableau de bord de la délinquance des mineurs sera nommé dans chaque circonscription de sécurité publique ;
- un référent police-jeunes , officier de police ou cadre de la fonction publique sera en charge de la coordination et de linformation au niveau départemental, tandis que la gendarmerie adoptera un dispositif similaire ;
- les personnels de police et de gendarmerie feront lobjet dun effort massif de formation aux problèmes posés par les mineurs :
- les vice-présidents des tribunaux pour enfants seront en charge des conseillers délégués à la protection de lenfance, pour lesquels des postes de magistrats et de juges pour enfants seront créés, assurant la coordination.
Les missions de la PJJ vont évoluer en particulier pour mieux prendre en charge les mineurs les plus difficiles, participer à des actions dévaluation, de formation et de prévention. Des moyens supplémentaires, une déconcentration accentuée et la réforme, en vue dune action plus territorialisée, du statut des directeurs territoriaux sont prévus.
La mise en uvre du plan de lutte territorialisée contre la délinquance a pour base une géographie prioritaire et sinscrit dans une logique de programmation pluriannuelle, engagé sur tout ce territoire mais les moyens seront néanmoins prioritairement concentrés dans les villes des 26 départements prioritaires.
Le dispositif sappuie sur une coordination de laction du préfet, du procureur et des autorités académiques, en liaison avec les conseils communaux de prévention de la délinquance (CCPD) et les groupes locaux de traitement de la délinquance.
Préfets, procureurs et recteurs établissent un plan daction, dans le cadre des contrats locaux de sécurité portant notamment sur la prévention à lécole, la soutien aux parents, le recrutement et la formation de bénévoles comme délégués du procureur et pour assister les éducateurs professionnels, des délégués à la liberté surveillée pour suivre les mineurs faisant lobjet de mesures judiciaires.
La lutte contre les trafics de drogue et la toxicomanie fait partie également des objectifs du plan.
Enfin, une concertation est engagée avec les conseils généraux pour tout ce qui relève de la protection de lenfance, en particulier pour lhébergement.
Lordre du jour du conseil de sécurité intérieur du 12 octobre a porté sur trois points :
- lévaluation des contrats locaux de sécurité lancés par la circulaire du 28 octobre 1997 ;
- le suivi des décisions du conseil relatives à la délinquance des mineurs ;
- la mise en place dun groupe de travail chargé de réfléchir à lélaboration dune véritable politique publique daide aux victimes.
En ce qui concerne le premier point, une circulaire interministérielle, tirant les conséquences des contacts effectués sur le terrain, sera très prochainement diffusée. Elle proposera des avenants pour améliorer les contrats, y associer les conseils généraux et mobiliser certains services dEtat, en particulier les DDAS pour la lutte contre les toxicomanies et lalcoolémie ainsi que les agences régionales dhospitalisation pour quelles intègrent dans leur schéma dorganisation les dispositions relatives à la psychiatrie infanto-juvénile. Il est également prévu que le ministre délégué à la ville proposera un protocole simplifié de concertation pour améliorer larticulation entre politique de la ville et contrats locaux de sécurité. Laffectation des moyens fera lobjet dune hiérarchisation des priorités et lanimation des contrats locaux de sécurité va être dynamisée : la mise en place de la cellule danimation présidée par le préfet, le vice-président étant un magistrat, permettra des échanges dexpérimentation et la diffusion doutils méthodologiques auprès des acteurs locaux.
Les 26 départements prioritaires feront lobjet dune réunion particulière présidée par les ministres et rassemblant leurs préfets, leurs procureurs et leurs recteurs.
Enfin, il est prévu dengager une réflexion sur les actions nouvelles à conduire en matière de prévention, de mode dintervention de la police nationale et sur la participation de la justice.
Le suivi du programme de lutte contre la délinquance des mineurs arrêté le 8 juin a permis de constater la mise en place de nouvelles classes relais -dont le nombre devrait atteindre lobjectif de 100 classes prévu pour la fin de janvier -, la création dans une dizaine de départements prioritaires dune nouvelle cellule daccueil durgence pour le placement de mineurs délinquants en fin de semaine ainsi quune hausse remarquable des mesures de réparation (+ 1 000) ordonnées par les magistrats.
Sur ce dernier point, il convient de signaler que le Premier ministre adresse aux préfets, procureurs généraux et recteurs, dans les jours prochains une circulaire qui insiste tout particulièrement sur la nécessité de donner une réponse systématique à chaque fait répréhensible commis par un mineur.
Létude relative à la mise en uvre dune véritable politique publique daide aux victimes demandée par le Premier ministre dans son discours prononcé à Villepinte a été confiée à un groupe de travail présidé par un maire et assisté dun magistrat qui exercera les fonctions de rapporteur. Le cahier des charges du groupe de travail sera axé sur les trois directions suivantes :
- recenser, évaluer et comparer les dispositifs daide aux victimes relevant de laction publique ;
- proposer une articulation entre ces différents services, au plan local comme au plan national, en veillant à la coordination des actions ;
- développer linformation des victimes.
Par ailleurs, dans le cadre des mesures destinées à assurer une sécurité égale pour tous et portant sur lensemble du territoire, il a été décidé de poursuivre certaines actions de fonds. A cet égard, une mission de consultation et de coordination sur lorganisation des forces de sécurité avec laffectation prioritaire des moyens dans les zones où la délinquance est la plus forte et la réorganisation des services de police et de gendarmerie - chère au rapporteur - a été confiée à M. Guy Fougier.
Le comité interministériel des villes (CIV) du 30 juin dernier a décidé la création, en lien avec les associations délus locaux, dun Institut de la ville ayant pour vocation essentielle de rassembler, de valoriser et de diffuser les connaissances et les savoir-faire.
Une mission de préfiguration a été confiée à M. Georges Cavalier, ingénieur général des ponts et chaussées. LInstitut pourra éventuellement prendre part à lévaluation des politiques publiques afférentes à la ville, mettre au point des programmes de formation de haut niveau et organiser des colloques nationaux et internationaux sur la ville.
Plus quune mémoire active de la ville, lInstitut devra évoluer de manière interactive puisque son action devra, en outre, sarticuler avec les centres de ressources qui existent déjà dont celui de la DIV et les cinq nouveaux centres régionaux de ressources dont la création a été également décidée au cours du même CIV.
Arrivé au terme des contrats de ville, et avant de lancer de nouvelles actions, il était temps de prendre le temps de la réflexion . Cest pourquoi, soucieux dentreprendre une politique de la ville qui puisse mettre fin à une quinzaine dannées dintervention sans réussite probante, le Gouvernement a souhaité pouvoir disposer à la fois dun état des lieux précis des problèmes des villes et de propositions sur les orientations quil conviendrait de suivre pour adapter les villes au siècle qui vient.
Cette mission a été confiée par Mme Martine Aubry, ministre de lemploi et de la solidarité à M. Jean-Pierre Sueur, maire dOrléans.
Par ailleurs, lurgence que représente la restauration de la sécurité, en particulier dans les zones urbaines les plus défavorisées, et sans laquelle rien ne peut être entrepris, a conduit M. Lionel Jospin, premier ministre, à confier à des parlementaires des missions danalyse et de propositions.
La première, qui porte sur le traitement de la délinquance des mineurs a été confié à Mme Christine Lazerges, députée de lHérault et M. Jean-Pierre Balduyck, député du Nord.
La seconde a trait à la nouvelle répartition des forces de police et de gendarmerie sur le territoire nationale. Elle a été confiée à M. Jean-Jacques Hyest, sénateur de Seine-et-Marne et au rapporteur.
Les conclusions des deux premiers rapports ont pu donner lieu à un début dapplication. En revanche, le déplacement de commissariats de police ou de poste de gendarmerie préconisé dans le dernier suscite des inquiétudes dans les communes concernées. Le Gouvernement a, en conséquence, décidé de prolonger la période de consultation jusquà la fin de lannée.
Le rapport de M. Jean-Pierre Sueur dresse un bilan de la politique de la ville de ces quinze derniers années, en dégage les problématiques et formule 50 propositions dont sinspirent largement les décisions prises par le dernier conseil interministériel des villes du 30 juin dernier.
Parmi les propositions les plus importantes, il convient de noter celles qui suivent :
- donner plus dampleur à la politique de la ville qui fait lobjet dune loi de programmation sur dix ans avec des moyens annuels équivalents à ceux engagés pour les emplois-jeunes (n° 1 et 19) ;
- prévoir la participation démocratique des habitants (n° 2) pour bâtir la ville de demain ;
- inscrire les opérations de reconstructions démolitions dans un cadre plus large que les quartiers (n° 4) ;
- élever le niveau pertinent de décision à lagglomération autour de laquelle sorganise lélection au suffrage universel de son assemblée, des transferts de compétences sociales, urbaines, fiscales (taxe professionnelle) (n° 4 à 11) et les contrats dagglomération (n° 30) ;
- substituer la multimodalité au tout automobile en intervenant dans les transports en commun en site propre (n° 14) ;
- renforcer les pouvoirs propres et le caractère interministériel du ministère chargé de la ville (n°s 17 et 18) ;
- réévaluer les rôles de la DIV et du CNV (n°s 47 et 48) ;
- créer des structures de recherche et de statistique de connaissances sur la ville (n° 49 et 50) ;
- réviser le financement des communes (DSU, DGF) (n° 20) établir de nouveaux prêts de la CDC à taux bonifiés (n° 22) et augmenter la contribution des régions (n° 21) ;
- réorienter la participation de lEurope (n° 23) ;
- rééquilibrer loffre de services publics dans les zones défavorisés (n° 33) ;
- rénover la politique de limmobilier : réhabiliter la loi dorientation pour la ville pour relancer la mixité sociale, établir des plans locaux dhabitation (PLH) intercommunaux, restaurer les copropriétés dégradées (n°s 34 à 37) ;
- restaurer la sécurité par ladaptation de la police aux réalités du terrain et un renforcement de la prévention de la délinquance (n°s 37 et 38) ;
- relancer linsertion et la rénovation urbaine par léconomique (n°s 39 et 40) ;
- rétablir la chaîne éducative et la chaîne sanitaire (n°s 41 et 43).
En conclusion de la mission conduite conjointement avec M. Jean-Jacques Hyest, sénateur de Seine-et-Marne, il apparaît clairement que les forces de sécurité publique ayant bien évidemment pour mission essentielle de faire baisser la délinquance de voie publique, objectif pour lequel elles ont une obligation de résultat, toute réforme de ses deux composantes, police et gendarmerie, lui est subordonnée.
Les 65 propositions recensées par la mission peuvent, comme lont fait leurs auteurs, être groupées selon trois orientations principales :
- donner une priorité absolue dans la répartition des effectifs dans les régions les plus touchées par la délinquance, - cest le cas de la grande couronne parisienne - des grandes agglomérations dépourvues et du pourtour méditerranéen ;
- modifier leur mode de fonctionnement pour ladapter aux besoins ;
- systématiser le partenariat et la collaboration entre ces deux institutions comme avec les administrations et les élus.
Des solutions de bon sens simposeront donc à lévidence :
- La police doit se retirer des petites agglomérations pour se concentrer sur les grandes zones urbaines.
- La gendarmerie doit prendre en charge ces villes et intensifier son action dans les zones péri-urbaines.
- Les deux institutions doivent, dune part accentuer leur coopération, dautre part faire évoluer leurs doctrines et leurs modes dorganisation, pour offrir à nos concitoyens une meilleure sécurité.
- Les politiques de partenariat au niveau national et local doivent saffirmer. En particulier, une politique pénale et préventive plus efficace et plus cohérente doit être mise en uvre.
- En contrepartie du redéploiement des forces de police et de gendarmerie, il est indispensable dadapter leurs moyens de fonctionnement et déquipement à leur nouvelle mission.
- La concertation et la communication avec les personnels comme les élus doivent être, en toute transparence, renforcée.
Le rapport remis en avril dernier par Mme Christine Lazerges et M. Jean-Pierre Balduyck repose sur le constat que la délinquance des mineurs est un phénomène ancien et qui suscite toujours linquiétude. En revanche, sa progression rapide en quantité et en gravité ainsi que le rajeunissement des délinquants sont des faits nouveaux qui nécessitent une réponse globale. Elle sera le fait dune politique publique denvergure répondant à deux types dobjectifs.
Le premier consiste à mobiliser les acteurs de la socialisation pour agir en amont de la délinquance.
En aval, il est nécessaire daffirmer la responsabilité du mineur : il appartient à la police et à la gendarmerie, ainsi quà la justice, de renouveler leurs réponses.
Les 135 réponses formulées par les auteurs ont été en grande partie reprises lors du conseil de sécurité intérieur du 8 juin dernier et ont fait lobjet de décisions prises lors du CIV du 30 juin dont les prolongements budgétaires ont été inscrits dans le projet de loi de finances.
Pour ce qui a trait à la prévention, elles concernent essentiellement :
- les parents, à qui il est nécessaire dapprendre leur rôle et leur responsabilité ;
- léducation nationale qui dispose déjà doutils adaptés mais quil convient de porter à hauteur des besoins ;
- les départements dont les services daide sociale à lenfance et de suivi de la santé mentale des adolescents doivent être également mis à niveau ;
- les collectivités territoriales à travers les conseils de prévention de la délinquance et le bon usage des dispositifs demploi pour lesquels ils sont ciblés ;
- les proposition portant sur le second volet - police, gendarmerie et justice - sont bien évidemment les plus nombreuses :
- concernant la police et la gendarmerie, il sagit de former les personnels et dadapter les structures à la délinquance des mineurs, daccélérer le redéploiement des forces de sécurité dans les zones sensibles et de développer une police de proximité, de doter la police de moyens supplémentaires pour accélérer le travail de police judiciaire et interpeller à brève échéance les auteurs.
Les mesures liées à la justice privilégient le développement dune justice de proximité, plus rapide, apportant une réponse systématique à chaque acte de délinquance. Il est recommandé de renforcer leffectif des juges pour enfants, de réorganiser les juridictions pour mineurs, dutiliser toutes les possibilités de lordonnance du 2 février 1945 et de mettre en jeu tous les moyens juridiques dont peuvent disposer les parquets qui doivent par ailleurs définir une politique pénale harmonisée pour tout le territoire. Les moyens de la protection judiciaire de la jeunesse en charge de lexécution des mesures de justice à légard des mineurs doivent être considérablement renforcées et ses missions redéfinies. Les conditions dincarcération doivent aussi subir des transformations radicales, le temps de détention devant être consacré à la réinsertion.
Enfin, les capacités daccueil et dhébergement doivent être multipliées, quil sagisse de laccueil familial, des internats ou des centres à encadrement éducatif renforcé pour des séjours dits de rupture .
Lactivité parlementaire, particulièrement dense au cours de la dernière session, a permis dadopter des textes essentiels pour que soit déclenchée la réforme du processus républicain de progrès social et dintégration qui semblait avoir disparu depuis bientôt 25 ans.
Les dispositions, de portée générale, de la loi relative à la réduction du temps de travail et de la loi dorientation de lutte contre les exclusions favoriseront lintégration par léconomique tandis que trois autres lois renforçant lintégration par laccès à la nationalité, à la citoyenneté et au droit au séjour et à lasile sont également intervenues depuis lautomne dernier.
Cette loi, qui répond aussi à un souhait du Président de la République, est un élément du Pacte républicain proposé par le Premier ministre à loccasion de la déclaration de politique générale de juin 1997. Cette réforme consiste en linscription automatique des jeunes antérieurement à leur majorité sur les listes électorales de leurs communes et vise à une forme de conscience républicaine citoyenne au sein dune population qui paraissait séloigner de plus en plus dune telle démarche.
Lentrée en vigueur, le 1er septembre dernier, des nouvelles dispositions de la loi n° 98-170 du 16 mars 1998 relatives à lacquisition de la nationalité française sont largement inspirées des propositions retenues par M. Patrick Weil, membre du Haut conseil à lintégration en juillet 1997.
Elle va permettre aux 25 000 enfants qui chaque année naissent en France de parents étrangers et ont vocation à devenir français, déviter de rester étrangers sans le vouloir expressément.
Combinant droit du sol, quelle renforce, et droit du sang, qui est une tradition du droit français de la nationalité, le texte réintroduit la plupart des dispositions relatives à la loi du 22 juillet 1993, en supprimant notamment la manifestation de volonté : le droit des parents étrangers dobtenir la nationalité française pour leurs enfants mineurs est rétabli à partir de leur treizième anniversaire tandis que la suppression du double droit du sol pour les jeunes danciennes colonies françaises autres que lAlgérie est maintenu. La principale mesure porte sur lautomaticité de lacquisition de la nationalité française à la majorité dès lors que lenfant aura vécu en France pendant cinq ans depuis lâge de onze ans mais cette restriction tombe pour tout mineur né de parents étrangers qui incorpore danciens Français en qualité dengagés.
La nationalité française acquise automatiquement peut être refusée à condition de faire la preuve davoir la nationalité dun Etat étranger.
Par ailleurs, la loi assouplit les conditions daccès à la nationalité française :
- le délai dacquisition par mariage est ramené de deux ans à un an ;
- la condition de résidence en France pour un enfant adopté par un Français habitant à létranger est supprimée ;
- le délai de naturalisation cinq ans de résidence en France est supprimé pour les étrangers bénéficiant du statut de réfugié politique. Le délai dinstruction est limité à 18 mois, pouvant être prolongé dune seule période de 3 mois et les refus sont motivés par ladministration ;
- la preuve de la nationalité française est facilitée : la délivrance du premier certificat de nationalité figure sur lacte de naissance dont les extraits listent les mentions relatives à la nationalité ;
- un titre didentité républicain délivré à tout mineur né en France de parents étrangers titulaires dune carte de séjour suivie de justificatif didentité aussi bien pour la circulation à lintérieur des frontières européennes que pour les actes courants de la vie quotidienne.
La dernière loi est relative à lentrée et au séjour des étrangers en France et au droit dasile.
Les modifications quapporte cette loi à la législation antérieure portent essentiellement aux visas dont le refus doit dans certains cas être motivé, aux titres de séjour dont le nombre est augmenté, au regroupement familial dont les conditions seront assouplies et au droit dasile.
La loi énonce neuf nouvelles exceptions au principe de non-motivation du refus de visa. Elles concernent principalement les membres de la famille, les personnes résidant en France, le regroupement familial, les travailleurs autorisé à exercer une activité salariée en France et les étudiants suivant des études supérieures.
La loi crée de nouveaux titres de séjour précisant la qualité de résident : retraités, scientifiques, profession artistique et culturelle, vie privée et familiale. Le bénéfice de certaines cartes de séjour temporaires délivrées de plein droit est en outre étendu. Il concerne entre autres le regroupement à caractère familial, les étrangers dont létat de santé nécessite des soins indispensables qui ne sont pas dispensés dans le pays dorigine, et ceux qui ont fait leur scolarité en France.
La délivrance de plein droit de la carte de résident nest plus subordonnée à une entrée régulière sur le territoire français, ni à la résidence habituelle en France au moment de la demande.
La commission du titre de séjour remplace la commission du séjour des étrangers. Elle est saisie par le préfet quand il envisage de refuser de délivrer ou de renouveler une carte de séjour temporaire ou une carte de résident. Le regroupement familial est facilité : le délai de résidence régulière est réduit de deux ans à un an et les enfants du conjoint peuvent sous certaines conditions vivre en France. Si les ressources du couple sont supérieures au SMIC, ladministration ne peut invoquer leur insuffisance pour refuser le regroupement tandis que le logement pris en compte sera celui dont le demandeur bénéficiera à la date dentrée de sa famille.
Les dispositions concernant le droit dasile étendent la reconnaissance de la qualité de réfugié à toute personne persécutée pour son engagement pour la liberté visée par le préambule de la Constitution de 1946 : Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit dasile sur les territoires de la République . En outre, le ministère de lintérieur peut accorder à un étranger lasile territorial quand la qualité de réfugié ne lui a pas été reconnue.
En contrepartie, tout en réunissant les proches, il est créé une nouvelle incrimination relative à laide à lentrée ou au séjour irrégulier. Par ailleurs, les droits de défense des personnes reconduites à la frontière sont renforcés et les critères dexpulsion assouplis.
Enfin parmi les dispositions les plus controversées de lancienne législation il faut saluer la disparition du certificat dhébergement, de linterdiction administrative du territoire et de lajournement avec rétention judiciaire.
La clarté du dispositif adopté nexclut pas une mise en uvre délicate sur le plan humain. La fermeté, dans le respect strict de la loi, est cependant nécessaire pour la réussite de lintégration des populations concernées.
Lemploi est la préoccupation majeure des Français. Cest même la pierre dachoppement de lédifice social. Reposent sur lui la richesse de la nation et celles des individus en même temps quil donne un sens à leur rôle dans la société. Il sert encore de ressource principale pour financer la solidarité et la mutualisation des risque de la vie. A lopposé, le chômage qui, à linstar de nombreux pays européens, frappe notre économie, entre pour une bonne part dans la relégation dont souffre une partie de la population et, en conséquence, dans celles de certaines de nos villes.
Deux lois qui peuvent être considérées comme apportant une contribution majeure à la resocialisation des populations concernées ont été adoptées. Lune, promulguée il y a un an, vise à donner un emploi à un grand nombre de jeunes gens, lautre, adoptée cet été, a pour objet de lutter contre les exclusions.
Lobjet de la loi est de promouvoir le développement dactivités créatrices demploi pour les jeunes, répondant à des besoins émergeants ou non satisfaits et présentant un caractère dutilité sociale, notamment dans les domaines des activités sportives, culturelles, éducatives denvironnement et de proximité.
150 000 emplois jeunes auront été créés dici la fin de lannée pour des jeunes de préférence sans qualification âgés de 18 à 26 ans, et jusquà 30 ans pour des handicapés ou sous certaines conditions. Cet effectif sera porté à 250 000 fin 1999.
Engagés au terme dun contrat à durée déterminée pour cinq ans pour un emploi à temps plein, ils sont rémunérés jusquà 120 % du SMIC. Leurs employeurs sont lÉtat, les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les autres personnes morales de droit public, les organismes privés à but non lucratif ou les personnes morales chargées de la gestion dun service public.
Pour chaque contrat, laide de lÉtat sélève à 92 000 F par an pour 60 mois.
Par ailleurs, tout risque de substitution à un emploi marchand a été écarté.
Au-delà du fait quil sagit de réduire le chômage et en particulier le chômage des jeunes dont le taux était particulièrement élevé au moment de ladoption de la loi, les fonctions occupées ont une utilité sociale indéniable qui sinscrit en soutien de la politique de la ville. Il en est ainsi des 40 000 emplois jeunes affectés dans les écoles, en particulier dans les ZEP, au 15 000 emplois jeunes rémunérés par la jeunesse et les sports ou des 20 000 autres rejoignant la police nationale.
Il peut paraître plus pertinent dévoquer la loi dorientation contre les exclusions dans le cadre de lavis budgétaire relatif à la solidarité nationale et à la lutte contre les exclusions.
Toutefois, il convient de souligner la contribution de cette loi à la restauration de la paix dans les quartiers dans la mesure où elle pourra jouer un rôle préventif.
Les mesures relatives au soutien des familles surendettées ou appauvries par manque de ressources couvrent les besoins essentiels de la vie courante. Il sagit du maintien au logement, des minima insaisissables sur rémunération, prestations familiales ou prestations en matière de lassurance maladie, des fournitures minimales deau, délectricité et de téléphone, du rétablissement des bourses de collège ou du traitement du surendettement. Elles permettront à certaines familles de ne pas être disloquées par le drame de lexpulsion ou du placement éventuel des enfants.
Lamélioration des conditions de vie, certes à un niveau extrêmement modeste, des familles qui plongeaient dans lexclusion est indispensable pour assurer correctement leur rôle parental déducation et peut, à ce titre, éviter que leurs enfants ne viennent un jour gonfler les troupes de la délinquance.
II.- UN EFFORT BUDGÉTAIRE EN PROGRESSION SPECTACULAIRE
Du fait de la restauration dun ministère de la ville avec la nomination de M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville auprès de Mme Martine Aubry, ministre de lemploi et de la solidarité, les crédits de la politique de la ville pour 1999, sont à nouveau réunis dans une seul agrégat (01- Politique de la ville et du développement social urbain) et font lobjet dun bleu indépendant Emploi et solidarité III - ville .
En revanche, les crédits de lintégration ne sont pas cette année présentés isolément puisquils sont rassemblés avec les crédits destinés à la lutte contre lexclusion inscrits dans lagrégat 05 et publiés dans le bleu Emploi et solidarité II.- Santé et solidarité .
Il est rare que lexamen du budget du secteur ministériel quil est en charge de contrôler soit autant motif à satisfaire un rapporteur parlementaire que le projet de finances peut lêtre pour les crédits de la politique de la ville qui bénéficient, pour 1999, de la plus forte progression.
Mais, au-delà même des chiffres, le premier sujet de satisfaction réside dans le fait quaucun gel ou annulation de crédit na obéré courant 1998 laction du ministère. Les craintes quexprimait sur ce point le rapporteur lannée dernière furent donc, fort heureusement, sans fondement.
Tirant le bilan de plus de quinze années dinterventions et se basant sur les conclusions du rapport de M. Jean-Pierre Sueur, le conseil interministériel des villes du 30 juin 1998 a décidé dorienter la politique de la ville selon quatre objectifs :
- garantir le pacte républicain sur tout le territoire,
- renforcer la cohésion sociale dans les villes,
- mobiliser autour dun projet collectif,
- construire un nouvel espace démocratique avec les habitants.
Une telle ambition a bien évidemment pour corollaire la mise à disposition de moyens renforcés tant au plan du fonctionnement que celui du financement.
Rassemblés dans le tableau ci-contre, les crédits spécifiques de la ville progressent, en crédits de paiement - les plus significatifs car leur existence est nettement moins aléatoire que celle des autorisations de programmes -, de près du tiers et atteignent ainsi le montant hautement symbolique du milliard de francs.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS VILLE
ENTRE 1997 et 1998 (agrégat 01)
Chapitres
et
articles
|
|
LFI 97
|
PLFI 98
|
Mesures
acquises
|
Mesures
nouvelles
|
Total pour 1999
|
% PLF/99/PLF/98
|
Chapitres et articles
|
Titre III
|
MOYENS DES SERVICES
|
|
|
|
|
|
|
|
34-60
|
Information, réalisation et diffusion
de publications (ancien)
|
|
|
|
|
|
|
|
10-01
|
Politique de la ville et du développement social urbain (ancien)
|
4 000 000
|
0
|
|
|
|
|
|
|
Total du chapitre
|
4 000 000
|
0
|
|
|
|
|
|
37-60
|
Moyens de fonctionnement des services en charge de la politique de la ville
|
|
|
|
|
|
|
37-60
|
10-07
|
Délégation interministérielle à la ville
et au développement social urbain
|
13 000 000
|
13 000 000
|
13 000 000
|
+ 6 870 000
|
19 870 000
|
+ 52,9
|
10-01
|
20-07
|
Dépenses nationales danimation
|
2 000 000
|
0
|
|
|
|
|
20-01
|
30-07
|
Actions déconcentrées danimation (ancien)
|
3 950 000
|
0
|
|
|
|
|
|
40-07
|
Remboursement des frais de soins des appelés ville en quartiers urbains
|
-
|
2 000 000
|
2 000 000
|
- 500 000
|
1 500 000
|
- 25,0
|
40-01
|
50-07
|
Communication
|
-
|
3 400 000
|
3 400 000
|
+ 1 600 000
|
5 500 000
|
+ 47,0
|
50-01
|
|
Total du chapitre
|
18 950 000
|
18 400 000
|
18 400 000
|
+ 7 970 000
|
26 370 000
|
+ 43,3
|
|
37-82
|
Dépenses déconcentrées de modernisation et danimation de la politique de la ville
|
|
|
|
|
|
|
37-82
|
10-07
|
Projets de service public de quartier
|
81 000 000
|
63 500 000
|
63 500 000
|
+ 10 000 000
|
73 500 000
|
+ 15,7
|
10-01
|
20-07
|
Dépenses déconcentrées danimation
|
|
4 100 000
|
4 100 000
|
+ 10 000 000
|
14 100 000
|
+ 344
|
20-01
|
|
Total du chapitre
|
81 000 000
|
67 600 000
|
67 600 000
|
+ 20 000 000
|
87 600 000
|
+ 29,6
|
|
Titre IV
|
INTERVENTIONS PUBLIQUES
Action sociale, assistance et solidarité
|
|
|
|
|
|
|
|
46-60
|
Interventions en faveur de la politique de la ville et du développement social urbain
|
|
|
|
|
|
|
46-60
|
10-07
|
Contrats de ville, programmes daménagement concertés du territoire (PACT-Urbains) et autres actions
|
337 260 000
|
373 520 000
|
373 520 000
|
+ 156 480 000
|
530 000 000
|
+ 41,9
|
10-01
|
20-02
|
Initiatives concourant à la mise en uvre de la politique de la ville (ancien)
|
15 500 000
|
0
|
|
|
|
|
|
30-07
|
Partenariat national
|
10 820 000
|
8 280 000
|
8 280 000
|
+ 20 000
|
8 300 000
|
+ 0,2
|
30-01
|
40-02
|
Actions de prévention de la délinquance (ancien)
|
25 575 000
|
0
|
|
|
|
|
|
50-07
|
Opérations ville, vie, vacances
|
44 000 000
|
45 000 000
|
45 000 000
|
+ 5 000 000
|
50 000 000
|
+ 11,1
|
50-01
|
60-07
|
Subventions pour la modernisation des services publics de quartiers
|
|
|
10 000 000
|
+ 13 500 000
|
23 500 000
|
+ 235
|
60-01
|
|
Grands projets urbains
|
|
|
|
+ 45 000 000
|
45 000 000
|
-
|
70-01
|
|
Total du chapitre
|
433 155 000
|
436 800 000
|
436 800 000
|
+ 220 000 000
|
656 800 000
|
+ 50,4
|
|
|
Total général des dépenses ordinaires (DO)
|
537 105 000
|
522 800 000
|
522 800 000
|
|
770 770 000
|
+ 47,4
|
|
|
Investissements exécutés par lEtat -
Equipements administratifs et divers
|
|
|
CP
Services
votés 1999
|
|
|
|
Titre V
|
57-71
|
Politique de la ville et du développement
social urbain : études et assistance technique
|
|
|
AP
demandées pour 1999
|
|
|
|
57-71
|
10-07
|
Politique de la ville et du développement social urbain CP
|
3 670 000
|
4 000 000
|
4 000 000
|
+ 12 000 000
|
16 000 000
|
+ 400
|
10-01
|
|
|
4 170 000
|
2 000 000
|
18 000 000
|
|
18 000 000
|
+ 900
|
|
|
Totaux pour le chapitre CP
|
3 670 000
|
4 000 000
|
4 000 000
|
12 000 000
|
16 000 000
|
|
|
|
|
4 170 000
|
2 000 000
|
18 000 000
|
|
18 000 000
|
|
|
Titre VI
|
Subventions et investissements accordés par lEtat
Equipements administratifs et divers
|
|
|
CP
Services
votés 1999
|
|
|
|
Titre VI
|
67-10
|
Politique de la ville et du développement
social urbain
|
|
|
AP
demandées pour 1999
|
|
|
|
67-10
|
10-07
|
Fonds social urbain : opérations déconcentrées CP
|
120 025 000
|
110 000 000
|
52 000 000
|
+ 45 000 000
|
97 000 000
|
- 13,4
|
10-01
|
|
|
202 025 000
|
170 000 000
|
150 000 000
|
|
150 000 000
|
- 133
|
|
20-07
|
Contrats de ville, programmes daménagement concertés du territoire (PACT Urbains) et autres conventions CP
|
150 000 000
|
63 000 000
|
30 000 000
|
+ 33 300 000
|
63 300 000
|
+ 0,5
|
20-01
|
|
|
111 000 000
|
111 000 000
|
111 000 000
|
|
111 000 000
|
0
|
|
30-07
|
Grands projets urbains et établissements publics de restructuration urbaine CP
|
43 500 000
|
44 000 000
|
11 430 000
|
+ 28 570 000
|
40 000 000
|
- 10,0
|
30-01
|
|
|
90 000 000
|
90 000 000
|
95 230 000
|
|
95 230 000
|
+ 5,8
|
|
40-07
|
Fonds social urbain : opérations non
déconcentrées CP
|
-
|
10 000 000
|
3 930 000
|
+ 9 000 000
|
12 930 000
|
+ 29,3
|
40-01
|
|
|
|
30 000 000
|
30 000 000
|
|
30 000 000
|
0
|
|
|
Totaux pour le chapitre CP
|
313 525 000
|
227 000 000
|
97 360 000
|
115 870 000
|
213 230 000
|
- 6,5
|
|
|
|
403 025 000
|
401 000 000
|
386 230 000
|
|
386 230 000
|
-3,8
|
|
|
Total général des crédits de paiement CP
|
317 195 000
|
231 000 000
|
101 360 000
|
127 870 000
|
229 230 000
|
- 0,8
|
|
|
Total général des autorisations de
programmes AP
|
407 195 000
|
403 000 000
|
404 230 000
|
|
404 230 000
|
+ 0,3
|
|
|
Total des moyens de paiement (DO + CP)
|
854 300 000
|
753 800 000
|
|
|
1 000 000 000
|
+ 32,7
|
|
|
Total des moyens dengagements (DO + AP)
|
944 300 000
|
925 800 000
|
|
|
1 175 000 000
|
+ 26,9
|
|
Les crédits de fonctionnement du titre III bénéficient de 28 millions de francs supplémentaires (+ 32,5 %) répartis de la manière suivante :
- 6,9 millions de francs viennent renforcer les moyens de la Délégation interministérielle à la ville (DIV) et du Conseil national des villes (CNV) (+ 53 %) qui développera son centre de ressource propre tandis que cinq centres régionaux seront créés en même temps quun Institut de la ville destinés à rassembler, échanger et diffuser les informations relative à la politique de la ville.
Par ailleurs, le renforcement des moyens mis à disposition du CNV est destiné à permettre au Conseil de mieux jouer son rôle de consultation, de proposition et de suivi.
- Les crédits de communication et de diffusion sont abondés de 1,6 million de francs, afin notamment délaborer les supports méthodologiques nécessaires aux évaluations et à la diffusion de leurs résultats.
- Une mesure nouvelle de 10 millions de francs est prévue en faveur des dépenses déconcentrées danimation pour financer des programmes interministériels de formation des agents de lÉtat, notamment dans la perspective de la préparation des nouveaux contrats de ville,
- 10 millions de francs sont également inscrits pour développer les actions damélioration de laccès aux services en particulier par la mise en place de plates-formes prévues dans les projets de service public de quartier.
- Seuls les crédits destinés au remboursement des frais de soins des appelés ville sont revus à la baisse (- 500 000 francs) afin de prendre en compte la réduction des effectifs du contingent.
Au titre IV, les crédits de subvention progressent de moitié, soit une augmentation de 220 millions de francs ainsi répartie :
- 156,5 millions de francs viennent compléter les dotations dores et déjà inscrites aux contrats de ville qui sont prorogés dun an.
Cette enveloppe est destinée à financer des actions nouvelles ou à compléter la prise en charge des contrats anciens qui sont prorogés dun an.
- Une dotation nouvelle de 45 millions est ouverte en faveur des communes rencontrant des difficultés à réaliser les grands projets urbains dans lesquels elles se sont engagées.
- 13,5 millions de francs supplémentaires viennent augmenter les subventions versées aux organismes publics participant à un projet de service public de quartier portant ainsi à 23,5 millions de francs le total des ou mesures nouvelles concernant laide au service public.
- Lopération ville, vie, vacances bénéficie dune mesures nouvelle de 5 millions de francs.
Les crédits détudes et de paiement, assistance technique pour la ville (article 10.01, chapitre 57-71 du tire V) sont multipliés par 4. Ils permettront de financer les études nécessaires :
- au lancement des nouveaux contrats de ville,
- à lévolution des grands projets urbains qui devront mieux intégrer toutes les composantes dune politique de la ville plus globale,
- à laménagement des sites pilotes.
Ces crédits sont caractérisés par leur souplesse et leur modernité en termes de financement public. Déconcentrés, fongibles, sans fléchage excessif, ils sont à la disposition des préfets. Cependant, volatiles, ils ne seront pas renouvelés.
La diminution des subventions dinvestissements accordées par lÉtat pour les équipements administratifs (titre VI) (6,5 % en crédits de paiement) tient compte de la sous-consommation au cours dexercices antérieurs des crédits qui ont fait lobjet de reports successifs.
Ces dotations regroupent les aides accordées aux projets inscrits aux contrats de ville et aux opérations de restructuration urbaines prévues dans les grands projets urbains, ainsi que les moyens alloués au fonds social urbain.
Létat récapitulatif de leffort financier consacré à la politique des villes et du développement social urbain public en application de larticle 115 de la loi de finances pour 1990 rend mieux compte cette année de lampleur des moyens engagés puisque, pour la première fois, la contribution des collectivités territoriales y est recensée.
Cet effort public global consacré à la politique de la ville progresse de près de 30 %, de 24 milliards de francs en 1998 à plus de 31 milliards en 1999.
Evolution de leffort financier public global consacré à la politique de la ville et du développement social urbain
(en millions de francs)
|
1997
|
1998
|
1999
|
%
99/98
|
A. Crédits spécifiques ville
|
1 368,42
|
1 389,16
|
1 660,13
|
19,5
|
|
1 514,10
|
1 131,62
|
1 108,62
|
- 2,1
|
|
948,00
|
1 067,00
|
993,00
|
- 7,5
|
|
4 846,32
|
7 102,35
|
9 913,30
|
39,6
|
|
2 822,20
|
2 991,14
|
3 900,00
|
30,4
|
|
11 499,04
|
13 681,27
|
17 575,05
|
28,5
|
B. Dépenses fiscales et compensations
|
1 830,10
|
2 559,13
|
2 612,60
|
2,1
|
|
13 329,141
|
16 240,40
|
20 187,65
|
24,3
|
C. Fonds européens concourant à la politique de développement social urbain
|
1 124,00
|
1 046,00
|
1 075,00
|
2,8
|
D. Intervention de la Caisse des dépôts et consignations
|
4 050,00
|
4 100,00
|
6 900,00
|
68,3
|
|
18 503,14
|
21 386,40
|
28 162,65
|
31,7
|
E. Contribution des collectivités territoriales (1)
|
2 344,36
|
2 500,00
|
3 100,00
|
24,0
|
|
20 847,50
|
23 886,40
|
31 262,65
|
30,9
|
(1) Annexes financières des contrats de ville Source : jaune budgétaire
Cet effort sappuie notamment sur :
- la contribution des différents ministères qui passent de 9,3 milliards de francs en 1998 à plus de 12 milliards de francs en 1999. La plupart des ministères augmentent leur participation et notamment le ministère de lemploi et de la solidarité (4,7 milliards de francs avec notamment les emplois-jeunes pour les quartiers et la loi exclusion), léducation nationale (2,5 milliards de francs) et lintérieur (1,2 milliard de francs) ;
- la solidarité urbaine dont les dotations en faveur des collectivités locales augmentent à 3,9 milliards de francs grâce à une hausse de 1 milliard de francs de la dotation de solidarité urbaine (DSU). Cette augmentation des la DSU aux communes pauvres permettra de mieux accompagner les actions des contrats de ville ;
- les dépenses fiscales et de compensation qui comptabilisent les exonérations accordées aux zones franches urbaines et aux zones de redynamisation urbaine ;
- les fonds structurels européens représentent plus dun milliard de francs et assurent dorénavant une contribution régulière et essentielle à de nombreuses actions ;
- les concours de la Caisse des dépôts et consignations augmentent de 2,8 milliards de francs auxquels il faut associer les deux enveloppes exceptionnelles de prêts de 10 milliards pour trois ans, destinés aux projets urbains et aux opérations de reconstruction-démolition, ainsi que le doublement des fonds propres consacrés au renouvellement urbain (300 millions de francs au lieu de 150) ;
- la contribution des collectivités locales dont la participation en 1999 aux contrats de ville devrait passe de 2,5 milliards à 3,1 milliards de francs grâce à leffet de levier de la DSU.
La politique de la ville na pratiquement pas de secteur dintervention propre. Elle met en musique de nombreux instruments qui recouvrent tous les domaines de la vie quotidienne. Cest pourquoi tous les ministères, même celui des affaires étrangères et de la coopération à lexception peut-être de celui des anciens combattants participent au moins financièrement aux actions destinées aux quartiers difficiles. Pour schématiser, on trouve parmi eux et en première ligne léducation nationale, en charge de former les futurs citoyens et, à lautre bout de la chaîne, la justice pour dissuader, punir et tenter de remettre dans le droit chemin ceux dont le parcours a dévié.
Considérant que léducation est un facteur dintégration et de lutte contre lexclusion, en particulier dans les quartiers en difficulté, le CIV du 30 juin a fixé un grand nombre dorientations à léducation nationale, comme la prévention de la violence et lapprentissage de la citoyenneté, le soutien aux parents et à lencadrement scolaire et éducatif, louverture des locaux en dehors des heures scolaires, le suivi sanitaire des élèves de la petite enfance à ladolescence, linsertion professionnelle ou encore la remise en état des écoles maternelles situées dans les communes les plus pauvres.
Pour ce faire, il est prévu de relancer la politique déducation prioritaire : les informations et, parmi elles, celles relatives aux expériences locales réussies seront mises en réseau. Au plan des effectifs, 3 050 enseignants du second degré, 250 conseillers principaux déducation et 616 emplois non enseignants dont 30 médecins, 185 infirmières et autant dassistantes sociales viendront en 1999 renforcer considérablement lencadrement des élèves dâge scolaire en ZEP. Par ailleurs, des mesures indemnitaires, pour un montant de près de 36 millions de francs (sujétion spéciale et tarifications indiciaires) sont inscrites pour les personnels affectés aux ZEP portant, pour 1999, à plus de 2 milliards de francs les crédits spécifiques pour les ZEP.
Le dispositif mis en place dans le cadre du plan violence en conseil des ministres le 5 novembre 1997 et développé depuis le 1er janvier 1998 dans dix sites expérimentaux des six académies les plus exposées se précise. 300 emplois dinfirmiers et autant dassistantes sociales, 21 postes dattachés de direction et 79 de conseillers principal déducation ont été créés à cet effet tandis que près de 10 000 emplois-jeunes leur sont affectés. 344 établissements ouvriront en 1998 leurs portes pendant les vacances et les jours de congés inclus dans lannée scolaire contre 210 en 1997 et 164 en 1996. La dotation prévue pour 1999 sélève à plus de 22 millions de francs, en progression de près de 60 %. Lobjectif de cette opération est de faire des établissements scolaires un lieu daccueil pour les enfants et les jeunes qui vivent dans des contextes culturels et économiques très dégradés. Ils y apprennent à se déterminer à travers les activités quils choisissent et à gérer le temps et lespace, lexpérience montrant que leur rapport avec lécole sen trouve modifié de manière positive et que leur parcours scolaire en est souvent amélioré.
Les priorités et les orientations du conseil de sécurité intérieure du 8 juin et du conseil interministériel de la ville du 30 juin derniers qui recoupent la compétence du ministère de la justice sont de trois ordres :
- développer la justice de proximité ;
- lutter contre la délinquance, en particulier celle des mineurs ;
- adopter et diversifier les prises en charge.
Lampleur de la délinquance, surtout du fait des mineurs, la nécessité dy répondre plus rapidement ont conduit le Gouvernement à proposer des mesures budgétaires sans précédent. Le ministère de la justice bénéficie, dans le cadre de ce projet de loi de finances, du plus fort contingent de créations de postes avec 930 emplois nouveaux, signe de limportance quil convient de donner à la restauration dune fonction régalienne de lEtat par essence : rendre la justice. Leffectif de personnel de surveillance augmente de 220 postes, gage dun meilleur encadrement des détenus en particulier les jeunes qui par ailleurs seront progressivement incarcérés dans de petites unités de 20 à 25 places. Il est en effet important déviter une mixité avec les délinquants chevronnés qui fait que le temps dincarcération sapparente davantage à un stage de formation à la criminalité et à la récidive quà une période consacrée au retour à la vie normale. La construction de six nouvelles prisons dici deux ans, en remplacement dinstallations vétustes ou pour faire face au surpeuplement conduira à des conditions demprisonnement plus décentes. Participent à ce progrès également les investissement relatifs à léquipement sanitaire qui permettront déquiper chaque cellule dune douche individuelle - sait-on que les douches collectives des prisons sont devenues des lieux de non-droit absolu depuis que le personnel de surveillance a renoncé à y intervenir ?
78 postes socio-éducatifs renforceront leffectif destiné au suivi de probation et de réinsertion des détenus, tandis que des crédits de fonctionnement leur permettant de se déplacer pour assurer correctement leurs missions seront remis à niveau. La protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) bénéficiera dun renfort de 150 emplois nouveaux, dont 120 éducateurs affectés dans les 26 départements prioritaires. Ce nombre, en net progrès par rapport à la situation actuelle, reste cependant insuffisant au regard des 500 créations de postes que préconise Mme Lazerges et M. Balduyck dans leur rapport sur la prévention et le traitement de la délinquance des mineurs.
La nécessité de rapprocher la justice de la population concernée (victimes et délinquants) est à lorigine du concept des maisons de la justice et du droit dont limplantation se poursuit. 29 seront en place fin 1998, 7 autres sont à létude pour lan prochain.
Instituées par une circulaire du 19 mai 1993, elles ont pour vocation principale de favoriser laction judiciaire et de contribuer au développement des mesures alternatives telles que la médiation pénale ou la réparation pour les mineurs. Elles sont créées dans le cadre dune convention liant les autorités judiciaires, le préfet, le barreau et une ou plusieurs collectivités territoriales et sont placées sous lautorité dun magistrat coordinateur. Leur fonctionnement repose sur un cofinancement et une répartition des charges fixée par la circulaire. Il existe également des structures plus légères nommées antennes de justice .
Le traitement des affaires de délinquance des mineurs par une justice de proximité pourra être mieux assuré aussi grâce au recrutement de 200 nouveaux délégués du procureur qui sajouteront aux 117 actuellement en poste.
Lamélioration du suivi médico-psychologique fait aussi partie du programme pour 1999 du ministère de la justice. A ce titre, des consultations de pédo-psychiatrie dans certains des 26 départements prioritaires sont prévues. A cet effet, 6 postes de psychologues, et autant dinfirmiers sont créés et un crédit supplémentaire de 3 millions de francs servira à la rémunération des vacations des médecins-psychiatres.
Au plan de lhébergement, 15 millions de francs permettront den augmenter la capacité, particulièrement dans les départements prioritaires. Il sagit de laccueil durgence ouvert 7 jours sur 7, du placement familial, des foyers ou des dispositifs éducatifs renforcés pour des séjours de rupture pour les mineurs les plus difficiles nécessitant la présence permanente déducateurs et des classes-relais pour les jeunes déscolarisés (10 classes pour 100 à 150 mineurs).
Enfin, des mesures indemnitaires concernant, en particulier, les personnels dinsertion et de probation, mais aussi le personnel de surveillance pénitentiaire et celui de certains services administratifs sont inscrits dans le budget à hauteur de 12 millions de francs.
Les crédits intégration ne sont pas présentés cette année dans un agrégat spécifique mais sont regroupés dans le bleu (Emploi et solidarité II - Santé et solidarité) avec les crédits prévus pour la lutte contre lexclusion.
Il peut paraître comme nétant pas illogique dagréger dune part les moyens mobilisés pour lintégration des populations dorigine étrangère dans la communauté française et, dautre part, ceux qui ont pour objet déviter quune fraction de celle-ci ne sen trouve progressivement écartée car elles ont en général la pauvreté comme caractéristique commune.
Toutefois, si les mesures de lutte contre lexclusion peuvent être indifférenciées à légard de lune ou de lautre catégorie, les crédits dintégration ont un objectif suffisamment ciblés pour justifier une présentation distincte.
Par ailleurs, suivant en cela la recommandation faite par le rapporteur lan passé, ne figurent plus dans lagrégat des crédits destinés à la lutte contre les toxicomanies dont ce nétait pas la place.
A structure constante, les crédits reproduits sur le tableau ci-après sont en progression de plus de 23 millions soit en hausse de 6,3 % dans un contexte de progression du budget général de lÉtat de 2,3 %.
Ces augmentations permettent de mettre en oeuvre la politique dintégration et daccueil rétablie depuis un an et qui vient dêtre renouvelée lors du conseil des ministres du 21 octobre dernier.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS INTÉGRATION
depuis 1997
Chapitres
|
|
LFI 97
|
PLF 98
|
Mesures votées 1999
|
Mesures nouvelles 99
|
Total 1999
|
PLF 99
% PLF 98
|
46-23
|
Dépenses daide sociale obligatoire
|
|
|
|
|
|
|
art. 21
|
Centres dhébergement et de réadaptation sociale pour les réfugiés
|
287 310 000
|
294 710 000
|
294 710 000
|
+ 9 270 000
|
303 980 000
|
+ 3,1
|
47-15
|
Programmes et dispositifs de lutte contre les toxicomanies
|
|
|
|
|
|
|
art. 50
|
Action en faveur des toxicomanes et de leurs familles (nouveau)
|
7 000 000
|
13 000 000
|
|
|
|
|
art. 60
|
Actions en faveur des toxicomanes et de leurs familles : dépenses déconcentrées
|
49 689 779
|
49 689 779
|
|
|
|
|
|
Total du chapitre
|
56 689 779
|
62 689 779
|
294 710 000
|
9 270 000
|
303 980 000
|
+ 3,1 *
|
47-81
|
Population et migrations. Interventions de lEtat
|
|
|
|
|
|
|
art. 20
|
Actions en matière de population et dintégration des migrants étrangers et des réfugiés : dépenses non déconcentrées
|
40 335 000
|
39 500 000
|
39 500 000
|
- 11 200 000
|
28 300 000
|
- 39,6
|
art. 30
|
Actions en matière de population et dintégration des migrants étrangers et des réfugiés : dépenses déconcentrées
|
19 000 000
|
19 500 000
|
19 500 000
|
+ 11 200 000
|
30 700 000
|
+ 57,4
|
art. 40
|
Allocations dattente et aides financières diverses pour les réfugiés et demandeurs dasile
|
32 000 000
|
18 000 000
|
18 000 000
|
+ 14 000 000
|
32 000 000
|
+ 77,8
|
|
Total du chapitre
|
91 335 000
|
77 000 000
|
77 000 000
|
+ 14 000 000
|
91 000 000
|
+ 18,2
|
|
Totaux généraux pour lagrégat
|
435 334 779
|
434 399 779
|
371 710 000
|
+ 23 270 000
|
394 980 000
|
+ 6,3 *
|
* à structure égale
Les crédits inscrits à larticle 21 du chapitre 46-23 sont destinés aux centres dhébergement et de réadaptation sociale pour les réfugiés. Ils atteindront 304 millions de francs, laugmentation de 9,3 millions de francs (+ 3,1 %) étant prévu pour créer 100 places (5,7 millions de francs) et au financement de la progression du taux directeur (3,6 millions de francs).
Les interventions de portée générale, inscrites aux articles 20 et 30 du chapitre 47-81, resteront stables en 1999, soit un montant de 59 millions de francs destiné aux contrats dagglomération et à des actions daccompagnement social. Cette stabilité recouvre, en réalité, une déconcentration importante de 11,2 millions de francs (18,6 %) des crédits consacrés aux contrats locaux pour laccueil et lintégration et aux observatoires régionaux de lintégration.
Par ailleurs les allocations dattente et différentes aides financières pour les réfugiés et demandeurs dasile financées sur larticle 40 du même chapitre retrouvent avec une hausse de près de 78 % leur niveau de 1997, la baisse enregistrée lan dernier correspondant à lutilisation de crédits disponibles.
La promulgation des lois sur le séjour des étrangers, le droit dasile et laccès à la nationalité ayant permis de reconstituer le socle républicain sur lequel repose le mécanisme dintégration, la France peut désormais renouer avec la tradition daccueil qui lui a permis de senrichir des immigrations quelle a connues et qui sont une constante de son histoire.
Il paraît cependant nécessaire, compte tenu des difficultés rencontrées et des manifestations de xénophobe et de racisme qui se développent en particulier pendant les périodes de crise économique, à la fois dassouplir les critères et de supprimer les dysfonctionnements.
Mme Martine Aubry, ministre de lemploi et de la solidarité a présenté en conseil des ministres du 21 octobre dernier les trois priorités constituant la nouvelle ligne de la politique dintégration du Gouvernement. Il sagit daméliorer laccueil, de lutter contre les discriminations et de faire évoluer les procédures de naturalisation.
En premier lieu, il convient de disposer dinstruments de mesure et dévaluation permettant de guider les décisions publiques.
Dans ce but, un rapport dont la rédaction a été confiée à M. Jean-Michel Belorgey, sur ladéquation des structures administratives à lobjectif de lutte contre les discriminations, sera remis au Gouvernement en février 1999.
Par ailleurs, un groupe détude sur les discriminations (GED) associant administrations, chercheurs et acteurs sociaux est créé en vue dobserver, danalyser et de sensibiliser le public sur les discriminations raciales.
Constitué en groupement dintérêt public avec un budget propre et doté de la personnalité morale, il disposera dune certaine marge dautonomie pour mener ses investigations et communiquer le résultat de ses recherches.
Laccueil sera réformé. Laccueil personnalisé destiné jusquà maintenant aux familles arrivant en France dans le cadre du regroupement familial est étendu aux familles de réfugiés et les personnes déjà présentes en France et qui seront rejointes par leur famille sont invitées à une rencontre avec le service public de laccueil. La mise en place de points daccueil, testée dans le Rhône et en Seine-Saint-Denis, sera développée en 1999 dans les dix départements les plus concernés tandis que les plans départementaux daccueil seront étendus à lensemble du territoire.
La lutte contre les discriminations sera menée dans le monde du travail et le domaine du logement. Il sagit de développer des opérations de parrainage tandis quune charte nationale du parrainage sera signée avec les francs réseaux demployeurs. LANPE et linspection du travail relaieront laction du Gouvernement dans les départements. Il sera procédé à une analyse exhaustive des différentes professions dont lexercice est interdit en droit aux étrangers, pour supprimer les interdictions qui ne sont plus justifiées. En dernier lieu, cette lutte sera inscrite dans les lignes directrices pour lemploi pour 1999, qui seront adoptées au niveau européen en décembre prochain.
Dans le domaine du logement, les besoins réels - en particulier familiaux - feront, en vue dune meilleure prise en compte, lobjet dune enquête menée par la commission interministérielle pour le logement des populations immigrées (CLIPI). Les moyens nécessaires au passage des 140 000 personnes vivant dans les foyers pour travailleurs immigrés vers le logement de droit commun seront progressivement engagés tout en respectant lobjectif de mixité sociale poursuivi dans le cadre de la politique de la ville.
Le troisième point est relatif à lacquisition de la nationalité française et à ladaptation de la politique des naturalisations aux évolutions de la société.
Leffort portera essentiellement sur la réduction des délais de réponse de ladministration aux demandes de naturalisation qui devront passer de plus de 24 mois à 18 mois.
Par ailleurs, les critères dappréciation qui sont actuellement appliqués par les services chargés de traiter les dossiers de naturalisation sont fixés par une circulaire du 27 avril 1995.
Quatre domaines devront évoluer :
- lappréciation sur la stabilité de résidence en France sera portée en fonction dun faisceau dindices favorables au demandeur ;
- celle relative à linsertion professionnelle tiendra compte du parcours personnel du demandeur, des efforts dinsertion quil aura accompli et de son dynamisme ;
- les critères dintégration sociale et culturelle seront également appliqués ;
- la motivation des décisions défavorable sera améliorée.
III.- VERS UNE MAÎTRISE DES LEVIERS DU POUVOIR URBAIN
Le maire est lélu le plus proche du terrain sans avoir pour autant une maîtrise des moyens nécessaire à laccomplissement de son mandat.
La sécurité sur la voie publique dans les quartiers relève du pouvoir de la justice et des forces de sécurité sur lesquelles, à lexception de la police municipale sil en existe une et des cas prévus par les règles du droit administratif, il nexerce bien évidemment aucune autorité.
La politique de la ville, même dans un cadre élargi à la communauté urbaine, à lagglomération ou au bassin nécessite des moyens financiers qui peuvent être trop lourds pour certains budgets municipaux.
Les mesures annoncées lors du dernier conseil de sécurité intérieur, qui sinspirent largement des conclusions du colloque de Villepinte doctobre 1997 et du rapport remis par Mme Christine Lazerges et M. Jean-Pierre Balduyck sur les réponses à la délinquance des mineurs ont déjà été traduites dans le projet de loi de finances, en particulier dans les crédits de la justice et de la protection judiciaire de la jeunesse, comme dans les textes dapplication.
Par ailleurs, la réforme de la police et de la gendarmerie, sur laquelle le Premier ministre, lors de sa visite à lécole des officiers de la gendarmerie de Melun le 26 octobre dernier, vient de réaffirmer sa détermination, prendra nécessairement sa part dans la lutte contre linsécurité. Dans lattente et pour répondre aux besoins en équipements et matériels des forces de police, une mesure budgétaire pour 400 millions de francs vient dêtre décidée.
Cest donc avec un certain optimisme sur les moyens mis en uvre pour restaurer la paix civile dans les villes que nous pouvons aborder les années à venir.
De la même façon que la solidarité à légard des individus en détresse économique et sociale relève de la collectivité, les communes pauvres qui ont en charge de ces mêmes personnes, devraient pouvoir disposer de ressources adaptées en niveau et pérennisées pour remplir efficacement leur rôle.
La détermination du montant de la DSU relève dun mécanisme complexe qui ne permet cependant pas de fournir un soutien financier suffisant aux communes les plus exposées aux problèmes sociaux. Le CIV du 30 juin dernier a décidé daugmenter fortement la DSU pour 1999, mais sans remettre en cause ses modalités de calcul et dattribution.
La DSU a été instituée pour aider les communes confrontées à une insuffisance de ressources et à des charges sociales élevées par la loi du 13 mai 1991.
Elle a été modifiée par la loi n° 93-1436 du 31 décembre 1993, portant réforme de la dotation globale de fonctionnement qui avait introduit un indice déligibilité sur la base de critères du potentiel fiscal, de logement social, de bénéficiaires daides personnalisées au logement et du revenu moyen par habitant. Cet indice synthétique de charges et de ressources permettait de classer les communes de plus de 10 000 habitants en quatre quartiles dont trois éligibles à la DSU, lattribution revenant à chaque commune étant pondéré par un coefficient allant de 1,5 à 0,5 correspondant à chaque quartile.
Par ailleurs, la DSU est devenue, avec la dotation de solidarité rurale et la dotation servant à financer lintercommunalité, la troisième composante de la dotation daménagement. Cette dernière constitue, avec la dotation forfaitaire, la dotation globale de fonctionnement.
La loi n° 96-241 du 26 mai 1996 portant diverses dispositions relatives aux concours financiers de lEtat aux collectivités territoriales et aux mécanismes de solidarité financière entre collectivités territoriales a majoré la prise en compte des bénéficiaires daide au logement, critère plus représentatif des charges sociales supportées par les communes, supprimé des effets de seuils dattribution en remplaçant le coefficient multiplicateur de 1,5 à 0,5 par un coefficient linéaire variant de 2,5 à 0,5 et institué un mécanisme de garantie pour les communes devenues inéligibles.
Actuellement, 679 communes représentant les trois premiers quartiles sur les quatre que constituent les 905 communes de plus de 10 000 habitants retenus selon la valeur décroissante de lindice synthétique, perçoivent la DSU. Il convient dajouter à ce nombre les 101 communes de 5 000 à 9 999 habitants qui sont également attributaires de la DSU.
Le tableau ci-dessous représente les données concernant la première et la dernière commune éligible à la DSU comparées à lensemble des communes de plus de 10 000 habitants.
Il met en évidence en premier lieu quil y a une proportionnalité inverse entre potentiel fiscal des habitants et part de logements sociaux. En outre, il montre quil y a une grande dispersion des communes concernées quil sagisse du critère relatif au potentiel fiscal (1 à 4,4) à la part des logements sociaux (1 à 23) ou au revenu par habitant (1 à 2).
Données 1998
|
PF/habitant
|
Part des logements sociaux
|
Part des bénéficiaires dallocation logement
|
Revenu
/habitant
|
Première commune éligible
(indice le plus élevé)
|
723,89 F
|
85,06 %
|
73,37 %
|
24 272,03 F
|
Dernière commune éligible
(indice le plus faible)
|
3 201,47 F
|
3,70 %
|
51,53 %
|
49 208,52 F
|
Moyenne des communes de
10 000 habitants et plus
|
4 032,52 F
|
23,43 %
|
62,82 %
|
48 910,99 F
|
source : jaune budgétaire
En revanche, la dispersion de la DSU proprement dite telle quelle apparaît dans le tableau qui suit met en évidence leffet amplificateur du coefficient linéaire appliqué depuis 1996 mais dans une moindre mesure que lan dernier, puisque la dotation par habitant varie de 1 à 22,4 en 1998 contre 1 à 28,8 en 1997.
Dispersion de la DSU
|
1997
|
1998
|
Dotation moyenne par habitant
|
92,53 F
|
95,22 F
|
Dotation la plus élevée
|
370,87 F
|
385,62 F
|
Dotation la plus faible
|
12,86 F
|
17,21 F
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Malgré la correction apportée par lindice synthétique de charges et de ressources, la DSU paraît comme étant peu sélective au regard des charges éminemment lourdes que représentent directement et surtout indirectement les parcs de logements sociaux, et diluée entre trop de communes.
Le rapporteur, qui sinquiétait déjà lan dernier de linadaptation de la DSU à compenser réellement le poids des charges sociales des communes pauvres, souhaite souligner une fois encore linsuffisance des crédits qui leur sont alloués. Il est permis en effet de sinterroger sur la répartition actuelle DGF/DSU. La première, forfaitaire est attribuée à toutes les communes sans modulation liée à leurs richesses ou leurs besoins. Son montant sest élevé à 106 613 millions de francs en 1998, la seconde à 2 188 millions de francs, soit 2 % de la DGF. Il y a incontestablement là une piste de réflexion à ne pas négliger.
La sortie du pacte de stabilité qui limitait lévolution du montant total des concours financiers de lEtat pour les collectivités locales à celle des prix, saccompagne dune majoration exceptionnelle de la DSU de 500 millions de francs par ans pendant trois ans, durée du pacte de solidarité et de croissance qui régit désormais cette même enveloppe.
Compte tenu de la forte progression de la DGF en 1999, le montant total de la DSU pour 1999 devrait être supérieur de près dun milliard de francs à celui de 1998.
Lexamen en séance de larticle 40 du projet de loi de finances qui tend à réformer le montant des concours financiers de lÉtat aux collectivités locales a permis, une fois encore, de souligner les difficultés financières auxquelles sont confrontées les communes, la complexité des mécanismes des financements de lÉtat et la nécessité de pouvoir disposer de ressources stabilisées.
Figée jusquen 1998, dans le cadre du pacte de stabilité, lenveloppe dite normée des dotations doit désormais progresser pour les trois prochaines années selon un pacte dit de solidarité et de croissance qui prendra en compte une fraction du taux dévolution du produit intérieur brut sélevant progressivement à 15 %, 25 % et 33 %.
Les dotations, dites actives parce quindexées, qui composent cette enveloppe névoluent pas selon les mêmes règles.
La dotation globale de fonctionnement progressera dun taux égal à la somme du taux dévolution des prix à la consommation hors tabac et de la moitié de la croissance du produit intérieur brut en volume (PIB). Il en est de même pour la dotation de lélu local, la dotation spéciale instituteurs, les dotations de financement des transferts de compétence et la dotation globale de décentralisation.
En revanche, les dotations de lÉtat au fonds national de péréquation évolueront comme les recettes fiscales de lÉtat, les dotations déquipements comme la dotation globale déquipement (DGE) et les dotations déquipement scolaire comme la formation brute de capital fixe des administrations publiques.
La dernière dentre elles, la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP), sert de valeur dajustement à lenveloppe normée. Elle ne rembourse donc pas intégralement aux communes les pertes de recette de taxe professionnelle résultant de mesures législatives dallégement de cette taxe.
En période de croissance, la hausse du montant de la somme de ces dotations progresse plus que le taux prévu par le pacte de croissance. Pour 1999, la DCTP subit en conséquence une diminution de 11,12 %. Il était toutefois prévu de moduler la baisse de la DCTP, à hauteur des deux tiers, pour les communes qui perçoivent la DSU, la diminution moyenne étant ainsi ramenée à 7,41 %.
Pour autant, certaines communes qui perçoivent un montant élevé de DCTP pouvaient subir une perte considérable de recettes, pouvant dépasser laugmentation de lensemble des dotations perçues.
Au cours de lexamen de larticle 40 du projet de loi, ladoption en séance publique de lamendement n° 562 du Gouvernement a permis déviter aux communes les plus pauvres, cest-à-dire celles qui perçoivent la dotation de solidarité urbaine ainsi que celles qui sont exigibles à la dotation de solidarité rurale pour la fraction dite bourgs centre , de ne pas subir de diminution de DCTP pendant toute la durée du pacte.
Au-delà du dénouement heureux de cet imbroglio budgétaire, il semble nécessaire quune réflexion soit conduite pour établir un système cohérent des concours financiers de lEtat.
La participation aux opérations urbaines entreprises dans le cadre des contrats de ville reste inaccessible aux communes dont les ressources sont insuffisantes et pour lesquelles des moyens financiers spécifiques sont nécessaires.
En ce qui concerne le financement par emprunts, le CIV du 30 juin a décidé daugmenter considérablement le volume dintervention de la caisse des dépôts et consignations.
Aussi faibles soient-elles pour certaines dentre elles, la participation financière de chacune des parties qui souscrivent un contrat est une caractéristique généralisée dans les opérations conduites conjointement entre lÉtat et les collectivités locales. Chaque souscripteur est responsabilisé puisquil a à rendre compte du bon usage et de la pertinence des fonds engagés tandis quil est tenu dhonorer ses engagements sans lesquels le projet ne pourrait aboutir.
Toutefois, faute de moyens financiers suffisants, des communes peuvent ne pas être en mesure de participer à des opérations urbaines soit parce que leur capacité dendettement est déjà obérée par des remboursements demprunts précédents, soit parce que leurs ressources sont insuffisantes pour faire face à lamortissement du nouveau prêt. Dune part, une telle situation peut compromettre la réalisation dune opération concernant plusieurs communes, dautre part, il est toujours extrêmement regrettable que, faute de pouvoir financer les 10 % nécessaires pour participer à la réalisation dune opération dont pourraient bénéficier les habitants dune commune, les 90 % offerts par les financeurs extérieurs ne puissent être utilisés.
Par ailleurs, la renégociation des taux dintérêts des emprunts en cours, maintenant achevée, a permis durant un certain temps de dégager de nouvelles capacités de financement. Cependant, si le niveau des taux actuels ne permet plus, en tout état de cause, de dégager des marges aussi substantielles, il les rend très attractifs et facilite une relance des investissements urbains.
Il est paradoxal que certaines communes ne puissent pas profiter de ces deux éléments favorables taux dintérêt faibles et aide extérieure massive .
Linscription au titre IV (crédits de fonctionnement) du budget de la ville dune ligne nouvelle de 45 millions de francs destinés à aider les communes les plus pauvres engagées dans un grand projet urbain pour quelles puissent rembourser des emprunts souscrits à cette occasion, est une novation qui ouvre des perspectives très intéressantes. Toutefois, il faut être bien conscient que la transposition de cette mesure à léchelle des besoins de financement des opérations de rénovation urbaine de nombreuses communes nécessiterait des moyens beaucoup plus importants.
Force est de conclure sur lidée que la solution réside en partie dans une augmentation des ressources propres des communes les plus pauvres et, au risque de se répéter, dans une réforme profonde de la DSU.
La relance de la politique de la ville nécessite des moyens financiers importants. Sur la base de ce constat, tiré des conclusions du rapport de M. Jean-Pierre Sueur, le CIV du 30 juin dernier a décidé que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) accompagnerait laction gouvernementale par un élargissement considérable des enveloppes de prêts quelle destine, en tant que banquier attitré des collectivités locales, aux opérations menées dans le cadre de la politique de la ville.
La convention triennale conclue le 8 octobre dernier entre lÉtat et la CDC précise les conditions dintervention de la caisse, la nature et le montant des enveloppes de prêts quelle pourra accorder. Deux types de prêts seront développés.
Les premiers, sur fonds propres, seront renouvelés pour trois ans.
Il sagit, dune part, à raison de 300 millions de francs par an (au lieu de 150 auparavant) du programme de développement urbain destiné à soutenir les initiatives locales, notamment en matière de renouvellement urbain, et dautre part, pour un même montant annuel du programme de développement dentreprises dans les quartiers et de soutien à lemploi.
Les seconds, au titre des fonds dépargne, représentent deux enveloppes de 10 milliards chacune, sommes quil convient de comparer à lenveloppe de 3,5 milliards ouverte en 1989 pour financer les prêts projets urbains (PPU) et à celle de 5 milliards de francs prévue dans le cadre du Pacte de relance pour la ville. Ces deux enveloppes seront mises à disposition des collectivités locales et des organismes HLM.
La première enveloppe de 10 milliards de francs permettra daccorder des prêts dits de reconstructions démolitions à taux dintérêt bonifié de 3,8 % indexé sur le livret A, destinés à financer des reconstructions, des restructurations du bâti ou des démolitions ainsi que les aménagements urbains liés à ces programmes. La durée de ces prêts pourra être portée à 25 ans pour les opérations les plus lourdes. Les conditions demploi de cette enveloppe de prêts seront précisées par une circulaire interministérielle qui sera diffusée à la fin du mois doctobre 1998. La comité chargé du suivi de la mise en uvre de ces prêts est composé de représentants de la DIV, de la Direction générale de lurbanisme, de lhabitat et de la construction et de la Caisse des dépôts et consignations.
La deuxième enveloppe, du même montant, servira à des prêts projets urbains (PPU) à taux dintérêt de 4,3 % aussi indexé sur le livret A. Leur durée pourra être portée à 20 ans et, exceptionnellement, à 25 ans. Ils sont réservés à des opérations de revalorisation urbaine, sociale et économique des quartiers en difficulté. Le comité dengagement des PPU, dont lobjet et la composition sont maintenus, assure la programmation des prêts, ainsi que le suivi et lévaluation de leurs engagements.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I.- AUDITION DU MINISTRE
La commission a entendu M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville auprès de la ministre de lemploi et de la solidarité, sur les crédits de la ville et de lintégration au cors de sa séance du mardi 6 octobre 1998.
M. Claude Bartolone a rappelé que le comité interministériel des villes du 30 juin 1998, présidé par le Premier ministre, avait assigné un nouvel horizon à la politique de la ville. Tirant le bilan de quinze ans de cette politique, il a souhaité quune nouvelle ambition pour les villes, où vivront bientôt huit Français sur dix, se dessine. Il convient de reconstruire, avec les habitants, des villes morcelées par trente ans d'urbanisme des grands ensembles et trente ans de crise. Repenser et bâtir la ville comme un territoire de mixité sociale et urbaine, un lieu d'échanges et de bien vivre, une ville faite pour l'homme est un des chantiers du XXIème siècle. L'enjeu consiste en outre à enrayer la montée de l'intolérance, à renouveler la confiance des citoyens à l'égard du projet démocratique et de l'action publique et à lutter contre l'abstention et l'extrémisme.
La crise urbaine est aussi marquée par la violence et l'insécurité dans les cités, dans les écoles, les transports et les centres commerciaux. On ne peut quêtre inquiet devant la montée des violences urbaines, aujourd'hui plus diffuses mais aussi plus fréquentes et plus dangereuses. Les incivilités et les délits commis par des enfants, des adolescents et de jeunes adultes ont un impact qui non seulement met en cause le droit à la sécurité de la population mais contribue aussi à une image négative qui rend plus difficile encore l'intégration des quartiers relégués dans la ville et l'insertion sociale et professionnelle de leurs habitants.
La politique de la ville doit aussi prendre en compte dautres réalités, notamment celle de quartiers jeunes, en mouvement, riches d'initiatives et de solidarités, dont l'appétit d'intégration et la soif de reconnaissance sont, par exemple, apparus à l'occasion de la Coupe du monde de football.
Les réponses à ces différents enjeux passent nécessairement par une approche politique globale et de long terme, qui tire parti des potentiels et des volontés de chaque territoire.
Cet effort de longue haleine doit être engagé sans tarder, car si les frémissements de la croissance s'arrêtent à l'entrée des quartiers, le fossé entre les deux France s'élargira et l'idéal républicain laissera la place au communautarisme des ghettos. Ceci est dautant plus vrai que cette population défavorisée peut comprendre quelle subit les effets dune crise généralisée. En revanche, dès lors quapparaît une reprise de la croissance économique, que la télévision diffuse une image du bonheur par la consommation, les habitants des quartiers défavorisés admettent mal quune amélioration de la situation économique ne les touche pas.
Le Parlement a montré sa détermination en votant des textes aussi importants que les emplois-jeunes ou la loi exclusion. Le gouvernement a engagé des programmes majeurs comme les contrats locaux de sécurité, la réforme des ZEP ou la baisse de la TVA pour le logement social. Il convient maintenant de développer les mécanismes de concertation, de veiller à la coordination des acteurs sur le terrain et à légalité de tous devant les services publics.
LEtat doit en particulier afficher sa détermination à assurer légalité devant le service public afin de garantir le respect des valeurs et principes républicains, sur tout le territoire et répondre ainsi aux principales préoccupations des habitants : l'éducation, la sécurité, l'emploi. Telles seront les priorités du gouvernement pour la période 1998-1999. La réalisation de ces objectifs passe par un développement de la déconcentration, notamment pour mieux assurer la coordination des administrations, par la décentralisation - il convient que les régions et les départements soient davantage associés à la mise en oeuvre de la politique de la ville et quun meilleur partage de la fiscalité locale soit établi - et par le développement dune véritable démocratie. Il est important, par égard pour les populations, de veiller à ce que les annonces soient bien suivies deffet. Les projets interrompus conduisent en effet les populations à ressentir un véritable sentiment dabandon menant à la désespérance, à labstention, voire à lextrémisme. Cela suppose une transformation profonde des pratiques publiques, afin de faire adhérer et participer les habitants aux projets qui les concernent, d'accepter leurs interpellations et de soutenir leurs initiatives.
Les ambitions du Gouvernement ont un coût, que M. Jean-Pierre Sueur avait estimé à 35 milliards par an pendant dix ans. Le projet de loi de finances pour 1999 propose d'entamer l'effort dès cette année, afin de témoigner de la volonté de l'Etat et préparer la montée en puissance des actions à partir de lan 2000. Ceci implique en outre un projet de loi sur lintercommunalité, une augmentation de la dotation de solidarité urbaine et une réforme des contingents daide sociale.
Lambition du ministère de la ville nest pas de faire à la place des autres, mais de faire ensemble. A cet égard les moyens dont il dispose ne représentent quune faible part de leffort national consacré à la politique de la ville qui bénéficie des interventions dautres ministères.
La politique de la ville, selon le mot de Jean-Pierre Chevènement, ne doit pas être lalibi de labsence de politiques ministérielles ou locales au profit des habitants des quartiers en difficulté. Son efficacité dépend des crédits en provenance de différents ministères, mais également de lUnion européenne et des collectivités locales.
Grâce à leur extrême souplesse sur le plan local et à leur caractère pluriannuel, les crédits spécifiques de la ville sont le ciment indispensable de milliers de projets portés chaque année par les acteurs de terrain. Ces projets devront à lavenir sinscrire dans une véritable logique de projet, au niveau des quartiers, des villes et des agglomérations et ne plus rester dans une logique de guichet, qui plus est tatillon. Les milieux associatifs se plaignent dailleurs à jute titre du retard avec lequel certaines subventions leur parviennent.
Laugmentation de plus de 32 % des crédits spécifiques, sans précédent depuis la création dun ministère de la ville, est le signal de la mobilisation générale. Le cap du milliard de francs dans le projet de loi de finances est un symbole fort et le budget bénéficiera en outre de 485 millions de francs supplémentaires en provenance notamment du fonds daménagement de la région Ile-de-France (FARIF) et des différents ministères contributeurs au fonds interministériel dintervention pour la ville (FIV).
Lannée 1999 ne sera donc pas une année de transition, mais une année dexpérimentations concrètes pour préparer une génération plus ambitieuse de contrats de ville (2000-2006) qui, conclus pour les mêmes périodes que les contrats de plan Etat-régions, permettront notamment de coordonner les différentes actions dans le domaine des grandes infrastructures et des transports.
Trois types de priorités sont retenus pour 1999.
Le premier volet sera lanimation de la nouvelle politique de la ville, en augmentation de 86 %. Un important effort de conception et danimation est nécessaire pour changer léchelle de la politique de la ville. Les capacités danimation, de formation, dingénierie et de recherche seront donc renforcées au sein de la délégation interministérielle à la ville (DIV), du conseil national des villes (CNV), du futur Institut pour la ville, ou encore des futurs centres de ressources régionaux dont la création sera encouragée. LInstitut pour la ville a vocation à devenir un lieu déchanges dexpériences et de points de vues entre les associations, les élus locaux et les divers acteurs de terrain. Il est temps, aujourdhui, daller au-delà de la phase des expérimentations pour laisser place à de véritables projets structurés.
Le volet principal sera le soutien des initiatives locales et des expérimentations. Lessentiel des moyens supplémentaires, en augmentation de 30 % en 1999, sera affecté au financement dactions menées dans le cadre des contrats de ville ou des grands projets urbains, conformément aux orientations décidées par le conseil interministériel du 30 juin dernier. Les actions concerneront prioritairement lemploi, la sécurité et léducation qui correspondent aux préoccupations majeures des habitants.
Il est à noter par ailleurs que :
- Les crédits dinvestissement accompagneront des opérations exemplaires de construction-démolition (et non de simples démolitions).
- Les initiatives en matière de gestion urbaine de proximité et le développement de nouvelles formes de participation des habitants seront également soutenues, avant dêtre reprises à grande échelle dans les futurs contrats de ville. Il convient de souligner quaujourdhui près de 80 % de la politique de la ville se réalisent à un échelon décentralisé. Les diverses actions prévues dans le cadre de cette politique doivent sadapter localement et avec la plus grande souplesse, en fonction des habitudes et des pratiques qui se sont développées sur place.
- Une nouvelle ligne budgétaire, dotée de 45 millions de francs, facilitera le financement des investissements des communes impliquées dans un grand projet urbain.
- Les opérations ville-vie-vacances bénéficieront de crédits supplémentaires pour les territoires et les publics les plus en difficulté.
- Une attention particulière sera apportée en 1999 aux seize sites pilotes de métropole et doutre-mer annoncés le 11 septembre dernier à Lille, ainsi quà tous ceux qui souhaitent aller plus loin et plus vite dans la mise en uvre de la nouvelle ambition pour les villes.
Les sites pilotes permettront en particulier dexpérimenter un nouveau cadre contractuel, simple et efficace, impliquant tous les acteurs locaux dans lélaboration et la mise en uvre dun projet de développement solidaire, adapté à lidentité de chaque territoire. Ce projet devra permettre de combiner des interventions de proximité sur les territoires jugés prioritaires, sans pour autant les stigmatiser, dans le cadre dune action intercommunale ou mettant en jeu lagglomération. Lexistence dune réelle volonté politique de coopération intercommunale a été déterminante dans le choix des sites pilotes, car on ne peut espérer désenclaver des quartiers et introduire plus de mixité sociale et urbaine si lon ne se donne pas les moyens dagir ensemble particulièrement en matière dhabitat, de développement économique ou de transports. Cest lun des enjeux principaux de la prochaine génération de contrats de ville.
Le troisième volet concernera légalité devant les services publics, pour laquelle des crédits en augmentation de 32 % permettront de dégager des moyens spécifiques. Une réflexion approfondie sera conduite dans les mois qui viennent, en partenariat avec les collectivités territoriales ou dautres prestataires comme la Poste, sur le nombre et la qualité des services publics en place dans les quartiers en difficulté. Il est aujourdhui nécessaire de favoriser leur modernisation.
Le jaune budgétaire , qui retrace lensemble de leffort de lEtat en faveur de la politique de la ville, recense plus de 23 milliards de francs de concours divers consacrés à la ville en 1998. Cet effort sera porté en 1999 à 31 milliards de francs, lobjectif de 35 milliards de francs du rapport Sueur devant être atteint à mi-chemin des futurs contrats de ville.
En voici les composantes majeures :
- Limplication forte de tous les ministères concernés devrait se traduire par une augmentation de près de 3 milliards en 1999. Elle concerne les emplois-jeunes, dont des adjoints de sécurité ou des aides-éducateurs, qui seront essentiellement déployés dans les quartiers en difficulté. Dautres mesures importantes contenues dans le projet de loi contre les exclusions ou dans le cadre de la relance des ZEP sont également à signaler.
- Le coût, important, des exonérations fiscales et sociales consenties dans le cadre des zones franches urbaines (ZFU) et des zones de redynamisation urbaine (ZRU) atteindra 2,6 milliards de francs.
- Les concours de la Caisse des dépôts et consignations, quil sagisse de ses interventions sur fonds dépargne ou sur fonds propres, seront en augmentation de près de 3 milliards de francs. Une convention avec lEtat fixera prochainement les priorités dutilisation du programme de renouvellement urbain qui passera de 150 à 300 millions de francs par an, et des deux enveloppes exceptionnelles de 10 milliards de francs pour trois ans, qui serviront aux projets urbains et aux opérations de reconstruction-démolition.
- La sortie du pacte de stabilité a mis en évidence la nécessité de décentraliser davantage la politique de la ville. Laugmentation de 1 milliard de francs dès 1999 de la dotation de solidarité urbaine (DSU) permettra aux communes les plus pauvres, qui sont souvent celles qui ont le plus de charges, de mieux assumer leurs responsabilités et leurs ambitions en la matière.
Signe dune plus grande implication des communes, des départements et des régions dans la politique de la ville, la progression des crédits pour les contrats de ville actuels, dont 1999 sera la dernière année dexécution, est de lordre de 500 millions de francs.
Enfin, avec plus de 1 milliard de francs, la participation des fonds structurels européens est devenue une composante très importante de la politique de la ville. La réforme en cours de ces fonds doit être loccasion pour la France de promouvoir le principe dune intervention plus soutenue de lEurope en faveur des villes. Aux évolutions urbaines qui placent en effet nos voisins devant les mêmes défis, doivent correspondre souvent désormais des réponses plus fortes et concertées de la part de lUnion européenne. LEurope construira aussi sa légitimité en démontrant quelle améliore la vie quotidienne de millions de citoyens.
En conclusion, M. Claude Bartolone a insisté sur limportance dune vaste mobilisation autour de lenjeu de la ville de demain, et sur la nécessité dy consacrer un effort financier plus important. Mais cette mobilisation ne doit pas conduire à tourner le dos au monde rural, à opposer les habitants des campagnes à ceux des villes. Cest à léquilibre global du territoire que doit concourir la politique de la ville, pour que les agglomérations urbaines, conçues comme des espaces de mixité urbaine, soient des moteurs de développement et de progrès social.
Le président Jean Le Garrec a formulé les observations suivantes :
- Lanalyse selon laquelle rien nest pire que le sentiment dabandon, surtout lorsque la situation générale du pays saméliore, est particulièrement pertinente.
- On peut sinterroger sur la participation du ministère de léducation nationale à la politique de la ville qui ne peut être quinterministérielle.
- La commission sera très attentive aux modalités de mise en uvre des programmes TRACE.
- Le projet de loi annoncé relatif à lhabitat et à lurbanisme témoigne de limportance des problèmes de logement, qui constituent la principale priorité de laction gouvernementale après lemploi. Il faudra en particulier veiller à ce que les architectes et les urbanistes soient étroitement associés aux opérations de constructions-démolitions qui ont été annoncées.
M. Roland Carraz, rapporteur pour avis des crédits de la ville, a souligné que les annonces faites par le ministre confirmaient que la mécanique de la politique de la ville est aujourdhui bien enclenchée. Après le discours de Villepinte et la présentation du rapport Sueur, la nomination dun ministre délégué, les mesures décidées lors du conseil interministériel des villes du 30 juin dernier et la réforme du Conseil national des villes témoignent de lampleur de laction engagée.
Les principales orientations présentées, qui consistent à garantir le pacte républicain sur tout le territoire, à renforcer la cohésion sociale dans les villes, à mobiliser autour dun projet collectif et à construire la démocratie dans nos villes doivent être approuvées. Les décisions déjà prises ou annoncées, comme la prorogation des contrats de ville ou les expérimentations prévues dans seize sites pilotes, vont dans le bon sens. La traduction en termes budgétaires de leffort engagé est particulièrement sensible puisque les crédits propres au ministère de la ville augmentent de 32 % pour atteindre le montant symbolique du milliard de francs et le total des crédits consacrés à la ville de 22 %. Lamélioration du financement des contrats de ville ainsi que laugmentation des crédits du Fonds social urbain (FSU), de modernisation des services publics de quartier et de la Délégation interministérielle à la ville (DIV) doivent également être salués.
Le rapporteur pour avis a ensuite présenté les observations suivantes :
- La sécurité est une préoccupation quotidienne des maires et constitue également une condition indispensable au retour de la démocratie dans les quartiers défavorisés, ce qui justifie des demandes deffectifs supplémentaires. De ce point de vue, la concertation en cours sur les modalités du redéploiement des effectifs respectifs de la police et de la gendarmerie doit se poursuivre. Il faut souligner que ce redéploiement na pas pour objectif unique de fermer des commissariats et quil devrait au contraire permettre den créer là où cela est particulièrement nécessaire.
- Limportance de lurbanisme commercial dans la vie des quartiers défavorisés doit être soulignée. LEtablissement public national daménagement et de restructuration des espaces commerciaux (EPARECA) constitue un instrument très important qui doit être doté de moyens à la hauteur des besoins constatés.
- La reconquête des villes par lEtat républicain suppose une meilleure présence des administrations de lEtat dans les quartiers défavorisés. Dans cette optique, des expériences pilotes de déconcentration administrative devraient être envisagées.
- Il serait utile dobtenir des précisions sur les modalités nouvelles délaboration et de mise en uvre des contrats de ville qui seront expérimentées dans les seize sites pilotes retenus.
- Si laugmentation de un milliard de francs de la dotation de solidarité urbaine (DSU) constitue un effort significatif qui doit être signalé, il convient de veiller à ce que les ressources nouvelles ainsi apportées aux communes concernées ne soient pas remises en cause par le biais de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP).
- Les ressources des fonds structurels européens doivent pouvoir bénéficier non seulement aux campagnes mais aussi aux villes.
- Lévaluation de lefficacité des instruments de la politique de la ville en termes de créations demplois doit également prendre en compte les emplois dont ces instruments ont permis le maintien, notamment dans les zones franches.
En réponse, M. Claude Bartolone a apporté les éléments suivants :
- Les engagements forts pris par le Premier ministre lors de la réunion du Conseil interministériel des villes du 30 juin dernier ont permis de faire avancer nombre de dossiers. Léducation est une composante essentielle de lintégration dans les villes. Lorsquune famille se voit proposer un nouveau logement, elle tient compte des caractéristiques de celui-ci mais aussi des infrastructures et des écoles existant dans le quartier concerné. Même si le logement quelle occupe actuellement en centre ville est en très mauvais état, cette famille aura tendance à refuser le nouveau logement qui lui est proposé si elle a en quelque sorte le sentiment dêtre assignée en résidence dans le quartier correspondant. A cet égard, lécole constitue un pôle de peuplement. De plus, elle doit impérativement être un lieu de sécurité pour devenir un facteur de réussite. Dans cet esprit, les ministres de la ville et de léducation nationale travaillent ensemble sur la question des réseaux prioritaires déducation.
- La poursuite du développement des emplois jeunes et le programme TRACE doivent permettre de donner la chance à tous les jeunes de montrer leurs talents et dêtre acteurs et non plus spectateurs de leur propre vie. Ce nest quen gagnant la bataille de lemploi quil sera possible de revitaliser les villes. Pour la réalisation du programme TRACE en particulier, les conseils régionaux devront assumer leur responsabilité en matière de formation.
- En ce qui concerne lhabitat et lurbanisation, il sagit de revoir avec M. Louis Besson, ministre du logement, les dispositifs de la loi dorientation sur la ville. La rénovation urbaine doit être menée en dépassant le traditionnel anathème jeté sur les architectes et urbanistes.
- Sagissant de lurbanisme commercial, la priorité a été donnée au maintien des activités. A ce titre, lEPARECA, dont lobjectif est de restaurer la situation dun certain nombre de copropriétés commerciales et artisanales situées dans les aires dintervention de la politique de la ville quand il ny a pas de repreneur privé, est doté dun capital de 130 millions de francs et dune capacité demprunt identique. Il est dirigé par des personnes connaissant particulièrement bien les problèmes, avec M. Laurent Cathala comme président et Mme Brabant, déléguée interministérielle à la ville, comme vice-présidente.
- Concernant la reconquête des villes par la présence des services publics, il est important de favoriser les échanges entre quartiers en apportant des éléments de vie, comme lemploi et la culture. Linstallation dantennes de service public dans les quartiers défavorisés doit permettre de redynamiser ces échanges.
- Lobjectif des seize sites pilotes est de mener des expériences innovantes qui seront ensuite généralisées et consolidées. Il sagit à la fois de simplifier les procédures administratives, dassouplir les modes de financement pour les rendre plus opérationnels et de sortir de la logique des quartiers prioritaires.
- En ce qui concerne la DSU, un geste fort a été fait avec son augmentation dun milliard de francs. Cet effort significatif doit toutefois concerner toutes les communes. Il faut à tout prix éviter que certaines aient au bout du compte un solde négatif.
- Les fonds structurels européens contribuent significativement à la politique de la ville et il est très important dobtenir, dans le cadre des négociations communautaires, le maintien de leur montant.
- Il nest pas souhaitable de supprimer les zones franches urbaines car il est une mauvaise politique de changer doutils tous les trois ans. Lapproche économique de ces zones a permis dassocier de nouveaux acteurs à la politique de la ville, notamment les chambres consulaires. Quant à lestimation de la réalité et du coût des emplois créés dans ces zones, il faut attendre le rapport que les trois inspections générales : lIGAS, lIGF et lIGA doivent remettre à la fin du mois doctobre 1998.
M. Denis Jacquat a évoqué les points suivants :
- Il est impératif de favoriser la réussite de la politique de lemploi. Force est de constater que les CES sont embauchés pour des périodes de plus en plus courtes et que les renouvellements deviennent très difficiles. De même, il existe une sélection par les diplômes pour les emplois-jeunes. De ce fait, on ne donne pas toutes leurs chances aux jeunes les plus défavorisés.
- La préoccupation de sécurité poursuivie par la politique de la ville doit sappuyer sur deux volets : la prévention tout dabord avec une augmentation nécessaire du nombre de travailleurs sociaux, la répression ensuite avec le problème que pose la faiblesse des peines infligées aux jeunes mineurs délinquants et particulièrement aux multirécidivistes.
- Il serait souhaitable de clarifier les concepts en ce qui concerne la partie éducative de la politique de la ville, car on ne comprend pas toujours bien pourquoi les zones sensibles ne sont pas classées en zones déducation prioritaire.
- En ce qui concerne les opérations de démolition-reconstruction, on est passé du quantitatif dans les années 60 au qualitatif aujourdhui. Il serait donc souhaitable daccorder un bonus financier aux collectivités locales qui mettent effectivement en uvre les trois volets de la politique de la ville, à savoir emploi, sécurité et éducation.
- Les zones franches urbaines ont au moins permis de maintenir les emplois existants et il faut donc apprécier leur efficacité sur la durée.
M. Edouard Landrain après avoir rappelé au ministre que son prédécesseur disposait de crédits dans les domaines culturels et sportifs, sest étonné de ne pas retrouver dans la liste générale des crédits qui lui sont délégués ceux des ministères de la culture et de la jeunesse et des sports.
M. Maurice Leroy, après sêtre félicité que laction du ministre de la ville sinscrive dans la continuité de celle de ces prédécesseurs, a fait les observations suivantes :
- En matière de sécurité, un redéploiement consistant dune manière générale à réaffecter dans des quartiers difficiles des policiers en fin de carrière venant de secteurs tranquilles nest pas une solution. Il convient de recruter des policiers formés et motivés à ces actions.
- Sagissant des contrats de ville, le délai de versement des subventions aux associations continue de les placer dans des situation dextrême précarité, une partie des sommes versées étant consacrée au paiement des agios dus aux retards. La reconnaissance du rôle, fondamental, de maillage des quartiers quassument les associations implique le respect du principe posé par le pacte de relance pour la ville : 3 mois de contractualisation, 3 ans de financement.
- La création dun Institut sur la ville est une bonne mesure si elle permet le regroupement de réflexions et détudes éparpillées et cloisonnées, afin de doter la politique de la ville dune boîte à outils identique à celle qui a conduit au succès de laménagement urbain à New-York.
- Il est impératif que les départements qui gèrent le RMI, laction sociale, le Fonds de solidarité logement et une partie des actions en matière déducation soient associés à la politique de la ville.
- Lintervention publique doit pouvoir être harmonisée afin de tendre au guichet unique que préconisait Hubert Dubedout.
- Les sous-préfets chargés de la ville doivent disposer dun véritable pouvoir dans leurs secteur, et non le partager avec les secrétaires généraux des préfectures et les directions départementales de léquipement (DDE).
M. Jean-Claude Mignon après sêtre interrogé sur les critères de sélection des sites pilotes, a fait part des réflexions suivantes :
- En matière de projets urbains, lincitation publique continue de porter sur les réhabilitations des bâtiments ce qui semble contradictoire avec le programme de reconstruction-démolition présenté comme avec lobjectif de dédensification des quartiers.
- Il existe un grand contraste entre les programmes des ministres et linertie de leurs administrations ; les délais intervenant entre la programmation des actions et leur réalisation effective sont beaucoup trop longs ;
- 98 % de la population scolaire participe aux programmes daménagement du temps scolaire, les engagements du ministère de la jeunesse et des sports dans lorganisation du temps extra-scolaire doivent donc être tenus ;
- La mise en place des contrats locaux de sécurité ne doit pas empêcher les communes non contractantes de bénéficier du droit à la sécurité.
Mme Yvette Benayoun-Nakache après sêtre réjouie du succès du Mondial qui se traduit par un afflux dinscriptions auprès des association sportives, a souhaité quelles puissent bénéficier de moyens financiers à la hauteur de leurs nouveaux besoins.
M. Yves Rome sest félicité de la mise en place du programme de reconstruction-démolition qui est la traduction, pour la ville, dune politique sinscrivant dans la durée.
M. René Couanau après avoir fait part de sa volonté de nuancer les appréciations très positives portées sur le programme daction du ministre de la ville a souhaité que soit précisés les axes de la redynamisation des sites pilotes retenus en matière de contrat de ville et la coordination des périmètres daction.
Il a ensuite fait part des réflexions suivantes :
- Sagissant des contrats de ville, ils supposent le respect des engagements de lEtat qui y est partie, en particulier pour les zones déducation prioritaires. Ils doivent également enrichir les contrats de plan Etat-régions, or lexpérience de la région Bretagne, qui possède un réseau de villes conséquent, ne montre pas un travail quelconque dans ce sens.
- Les contrats locaux de sécurité supposent, eux aussi, des engagements réciproques de lEtat comme des communes. Leur intérêt est donc limité si lapport de lEtat est faible.
- Larticulation du développement des emplois-jeunes et de la politique de la ville nest pas satisfaisante. En effet, créés dans des secteurs non couverts par les recrutements habituels demplois locaux, ils ne sadressent pas aux jeunes peu qualifiés. Il conviendrait de modifier la réglementation afin dautoriser les collectivités locales à recruter et à former durablement des jeunes sur des emplois traditionnels.
Mme Dominique Gillot sest félicité que M. Claude Bartolone souhaite faire participer lensemble des habitants, en fonction de leurs spécificités et de leur particularités, à la vie et à lévolution de leur commune. Dans cette logique, les parents constituent un ensemble dhabitants à particularité forte. Leur rôle nest pas toujours facile en milieu urbain, et tout particulièrement dans des environnements défavorisés et des quartiers en difficulté. La politique de la ville, dans son volet éducatif et préventif, participe très clairement de la politique familiale rénovée développée en juin dernier par le Premier ministre devant la conférence nationale de la famille. Il serait donc intéressant de connaître les mesures spécifiquement destinées à la famille et aux parents qui seront mises en oeuvre par le ministère de la ville.
M. Michel Pajon a formulé les observations suivantes :
- Lemploi, léducation et le maintien des services publics dans les quartiers en difficulté sont très certainement des enjeux et des objectifs importants, mais celui de la sécurité doit primer sur tout le reste car un climat permanent de violence et dinsécurité réduit à néant toute action sociale mise en uvre par ailleurs. Il est donc absolument nécessaire que la justice trouve rapidement un mode de réponse adapté à ce problème.
- En ce qui concerne laction de lEPARECA, il existe de très nombreux cas où ils suffirait de quelques mesures et actions ponctuelles pour éviter de tomber dans une situation de ghetto commercial . Bien souvent cependant, en raison des modalités complexes de propriété des lieux et des locaux, comme par exemple pour les centre commerciaux situés sur des dalles, les travaux dentretien ne sont pas réalisés et les commerçants finissent par fermer boutique ou bien par céder leur place à des communautés plus résistantes.
- Si lintercommunalité peut avoir un intérêt sur différents sujets, en raison notamment de sa flexibilité, elle reste relativement inopérante en matière de logement social, les intérêts des villes et des quartiers étant trop spécifiques pour autoriser des coopérations volontaires entre collectivités et une répartition équilibrée des logements sociaux sur le territoire. LEtat doit donc simpliquer directement pour faire en sorte que les logements sociaux ne soient plus construits là où il y en existe déjà et que la mixité de lhabitat soit préservée ou restaurée. Les élus locaux doivent par ailleurs se voir reconnu le pouvoir dattribution des logements afin de ne plus orienter des familles particulièrement difficiles vers des habitats comportant déjà un certain nombre de cas sociaux.
En réponse aux différents intervenants, M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville auprès de la ministre de lemploi et de la solidarité, a donné les informations suivantes :
- Lemploi est un élément essentiel de la politique de la ville et demeure la première préoccupation du Gouvernement. La question du niveau de sélection des emplois-jeunes est particulièrement importante et lon doit se féliciter que le taux dembauche de jeunes de niveau inférieur au bac soit passé de 27 % en début dannée à 31 % aujourdhui. Le fait que les embauches par les collectivités locales commencent à se multiplier nest dailleurs par étranger à cette amélioration, car les autorités locales ont bien à lesprit cette préoccupation. Instruction a, en tout cas, été donnée aux préfets afin daccroître leur vigilance sur cette question.
- Il convient en effet de faire attention à lutilisation des contrats emploi-solidarité (CES) car le risque existe de voir apparaître une population condamnée aux CES à répétition.
- Laccélération du programme des maisons de la justice et du droit devrait contribuer à lamélioration de la prise en charge de la délinquance.
- Les contrats de ville sont destinés en priorité à sortir dune logique de zones dites sensibles , et donc identifiées comme à risque par les habitants, pour entrer dans une démarche de projet et de responsabilité partagée de lEtat, des collectivités locales et des habitants.
- Si le ministère souhaite que les démolitions de logements sociaux soient précédées dune concertation entre offices de HLM et communes voisines, cest avant tout pour éviter que léviction de populations jugées difficiles soit organisée par le biais dune démolition sauvage, qui conduit à les installer sur un autre territoire et permet ensuite de reconstruire des logements que lon propose à dautre personnes moins marquées . Pour évaluer la nécessité et les conséquences dune démolition, il convient de tenir compte de toutes les données disponibles et de prendre en compte chaque situation y compris le fait que certains ensembles doivent effectivement être démolis car plus personne ne veut y habiter afin de parvenir à une meilleure répartition géographique des logements sociaux et une préservation de la mixité de lhabitat.
- Certains effets pervers des zones franches urbaines (ZFU) doivent être pris en compte : limplantation des entreprises dans ces zones peut être fictive, être consécutive à une délocalisation ou bien le prétexte à un développement de leurs activités en dehors de la zone franche.
- Sagissant des relations entre la politique de la ville et le sport, une initiative commune des deux ministères devrait prochainement permettre de prolonger lesprit de la Coupe du monde dans certains quartiers notamment. La participation financière du ministère de la Jeunesse et des sports à la politique de la ville sélève à 44 millions de francs, consacrés essentiellement aux contrats de ville, et à 33 millions pour le FIV. Celle du ministère de la culture est respectivement de 42 et 60 millions, auxquels sajoutent 92 millions destinés à des actions spécifiques.
- Concernant les contrats locaux de sécurité, il nest nullement question de pénaliser celles des villes qui ne sen doteront pas. En revanche, celles qui sengageront dans ce cadre devront mener une réflexion indispensable relative aux heures dintervention des forces de police. Ces équipes doivent être davantage mobilisées durant les périodes où les délits et actes de délinquance ont le plus de chance de se produire dun point de vue statistique.
- Il est certain que la politique de la ville devrait davantage associer les départements. Le cas des Hauts-de-Seine doit être salué comme une expérience exemplaire.
- Sagissant des sous-préfets de ville, il convient de mieux définir à lavenir leur profil et de conduire une réflexion relative à la durée doccupation dans ce type de poste. Ceux-ci ont vocation à devenir des éléments importants de coordination des actions de lEtat en matière de politique de la ville.
- Il est indispensable de mieux lier la signature des contrats de ville à celle des contrats de plan Etat-région.
- Il convient de ne pas culpabiliser les parents en difficulté, qui doivent être aidés dans leur rôle éducatif. A titre dexemple, le programme mis en place dans les écoles de Tourcoing et tendant à favoriser les liens entre lécole et les parents a permis dobserver une diminution de labsentéisme, du nombre dactes dincivilité et un investissement accru des parents dans le suivi scolaire de leurs enfants. Pour conforter les parents dans leur responsabilité éducative, il est prévu, par convention avec la DIV et différentes associations familiales, dont la Fédération des écoles des parents et lUNAF, de créer un réseau dassociations daide aux parents.
- En ce qui concerne le financement, la mutualisation des financements publics permettrait de ne pas trop flécher les crédits et ainsi de dépenser la totalité des enveloppes. Toutefois, ce dispositif devrait saccompagner dune évaluation systématique tous les deux ou trois ans.
II.- EXAMEN DES CRÉDITS
Conformément aux conclusions du rapporteur pour avis, la commission a ensuite donné un avis favorable à ladoption des crédits de la ville et de lintégration pour 1999.
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