N° 1114
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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 8 octobre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
AU NOM DE LA COMMISSION DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES FORCES ARMÉES (1) , SUR LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n° 1078).
TOME V
DÉFENSE
MARINE
PAR M. Jean-Yves LE DRIAN,
Député.
(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.
La commission de la défense nationale et des forces armées est composée de :
M. Paul Quilès, président ; MM. Didier Boulaud, Michel Voisin, Jean-Claude Sandrier, vice-présidents ; MM. Robert Gaïa, Pierre Lellouche, Mme Martine Lignières-Cassou, secrétaires ; MM. Jean-Marc Ayrault, Jacques Baumel, Jean-Louis Bernard, André Berthol, Jean-Yves Besselat, Bernard Birsinger, Jacques Blanc, Jean-Marie Bockel, Loïc Bouvard, Jean-Pierre Braine, Philippe Briand, Jean Briane, Antoine Carré, Bernard Cazeneuve, Gérard Charasse, Guy-Michel Chauveau, Alain Clary, Charles Cova, Michel Dasseux, Jean-Louis Debré, François Deluga, Claude Desbons, Philippe Douste-Blazy, Jean-Pierre Dupont, François Fillon, Christian Franqueville, Roger Franzoni, Yann Galut, René Galy-Dejean, Roland Garrigues, Henri de Gastines, Bernard Grasset, Elie Hoarau, François Hollande, François Huwart, Jean-Noël Kerdraon, François Lamy, Pierre-Claude Lanfranca, Jean-Yves Le Drian, Georges Lemoine, François Liberti, Jean-Pierre Marché, Franck Marlin, Jean Marsaudon, Christian Martin, Marius Masse, Gilbert Meyer, Michel Meylan, Jean Michel, Charles Miossec, Alain Moyne-Bressand, Arthur Paecht, Jean-Claude Perez, Robert Poujade, Michel Sainte-Marie, Bernard Seux, Guy Teissier, André Vauchez, Philippe de Villiers, Jean-Claude Viollet, Pierre-André Wiltzer, Kofi Yamgnane.
S O M M A I R E
Pages
INTRODUCTION 5
I. UNE CONTRAINTE BUDGÉTAIRE PARTIELLEMENT LEVÉE 7
A. LÉVOLUTION GLOBALE DES DOTATIONS 7
B. LES MODIFICATIONS DE STRUCTURE ET DE NOMENCLATURE 8
II. LA PRIORITÉ ACCORDÉE À LA PROFESSIONNALISATION DANS
LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT 11
A. LA POURSUITE DE LA PROFESSIONNALISATION 11
1. La nécessité de répondre à plusieurs défis 11
2. Le bilan de la gestion des personnels 12
a) La troisième étape de la professionnalisation 12
b) Les difficultés de gestion non résolues 14
B. UN DÉSÉQUILIBRE CROISSANT DES DOTATIONS DE FONCTIONNEMENT 16
1. La progression des rémunérations et charges sociales 16
2. Une réduction significative des dépenses courantes de fonctionnement 19
III. LA SITUATION DES PROGRAMMES DÉQUIPEMENT 23
A. LES CAUSES ET LES CONSÉQUENCES DE LA REVUE
DE PROGRAMMES POUR LA MARINE 23
1. Vers un nouveau modèle ? 23
a) Les excès de la régulation budgétaire 23
b) Les décisions de la revue de programmes 24
2. La traduction budgétaire : une évolution contrastée des
dotations 25
B. LE MAINTIEN DES CAPACITÉS OPÉRATIONNELLES MAJEURES 29
1. La préservation des capacités de la FOST 29
a) Les sous-marins nucléaires lanceurs dengins 29
b) Les missiles stratégiques 31
c) Les sous-marins dattaque futurs 31
2. La constitution dun nouveau groupe aéronaval 32
a) La mise en service du porte-avions nucléaire 32
b) La disponibilité du groupe aéronaval 33
2. Le renouvellement de laéronautique embarquée 35
a) Laéronautique embarquée 35
b) Le programme Rafale 36
c) Les avions de guet aérien 37
C. LES INQUIÉTUDES POUR LAVENIR 38
1. Une flotte de surface vieillissante 38
a) Les frégates de souveraineté La Fayette 39
b) La définition dune nouvelle génération de TCD 39
2. Les programmes en coopération 40
a) Les frégates Horizon 40
b) Le programme darmement PAAMS 42
c) Le missile antinavire futur 43
IV. LIMPÉRIEUSE RÉFORME DES CONSTRUCTIONS NAVALES 45
A. LES ÉVOLUTIONS RÉCENTES 45
1. Les réformes de structure 45
2. Ladaptation des effectifs au plan de charge 46
a) Un phénomène dune ampleur exceptionnelle 47
b) Des conséquences sociales et professionnelles considérables 49
B. LES AMÉLIORATIONS INDISPENSABLES 50
1. Alléger les contraintes de la gestion actuelle 50
a) Les procédures de gestion 50
b) La conquête de nouveaux débouchés 51
2. La mission daccompagnement de la réforme de la DCN 53
TRAVAUX EN COMMISSION 55
I. AUDITION DE M. ALAIN RICHARD, MINISTRE DE LA DÉFENSE 55
II. AUDITION DE lAMIRAL JEAN-CHARLES LEFEBVRE, CHEF
DÉTAT-MAJOR DE LA MARINE 70
III. EXAMEN DE LAVIS 78
ANNEXE : OBSERVATION DE LA COMMISSION 85
Mesdames, Messieurs,
Lannée dernière, le budget de la Marine que le Ministre de la Défense, M. Alain Richard, définissait comme le meilleur compromis possible entre les exigences et les nécessités subissait des contraintes qui permettaient tout juste de respecter les objectifs de la programmation, notamment la professionnalisation. Votre rapporteur avait alors souligné les incertitudes sur la modernisation des forces et les capacités opérationnelles qui en découlaient car il était légitime de sinterroger sur les conséquences à terme des perturbations de lexécution budgétaire.
La loi de finances initiale pour 1999 se situe dans un autre contexte. Elle a été préparée par la revue de programmes, exercice exemplaire et audacieux dadaptation qui a remis à plat chaque programme et cherché à justifier le modèle darmée. Un compromis a été trouvé entre lassurance de flux financiers à moyen terme et la nécessité dun décalage avec la programmation militaire. Lengagement du Gouvernement a été respecté puisque les dotations en capital pour léquipement militaire ont été garanties au niveau annoncé de 86 milliards de francs pour lensemble du budget de la Défense.
Le budget se situe en net retrait par rapport à la programmation militaire et na pas entièrement résorbé lencoche réalisée en 1998. Sans doute vaut-il mieux obtenir des crédits à un niveau inférieur en loi de finances initiale mais être assuré de les obtenir au même niveau en exécution budgétaire.
Tout nest cependant pas parfait. Des turpitudes budgétaires demeurent. La plupart concernent les crédits de recherche duale et les rémunérations et charges sociales des personnels qui contraignent le titre III. Leffet immédiat est de chercher à compenser ces contraintes en utilisant le titre V. Cest ainsi quun nouveau transfert de charges vise lentretien programmé du matériel.
Si les engagements de flux financiers perdurent, la Marine aura obtenu une meilleure lisibilité sur quelques années. Votre rapporteur est moins persuadé de cette transparence à court terme car lappréciation des crédits est rendue difficile par les changements de référentiel et de nomenclature budgétaires ainsi que par la modification du périmètre entre la Marine et la DGA.
*
Alors que les dotations de fonctionnement, légèrement en retrait, resteront globalement conformes à la priorité accordée à la professionnalisation, le rétablissement de flux financiers plus cohérents pour les dotations en capital compensera les déséquilibres des exercices précédents, même si certaines difficultés affecteront encore les crédits dentretien programmé des matériels et les programmes déquipement.
I. UNE CONTRAINTE BUDGÉTAIRE PARTIELLEMENT LEVÉE
Les décisions de la revue de programmes annoncées par le ministre de la défense en avril dernier prévoient, pour la Marine, le redressement des dépenses en capital à un niveau stabilisé pour les quatre dernières annuités de la programmation et un ensemble de 3,9 milliards de francs déconomies. Lévolution globale du budget de la Marine apparaît ainsi plus favorable que celui en cours dexécution.
Les modifications de structure et de nomenclature budgétaires compliquent cependant la lecture et lanalyse du projet de loi de finances initiale sans véritablement remettre en cause léquilibre des dotations.
· Le projet de budget pour 1999 prévoit 33,933 milliards de francs pour la Marine, ce qui correspond à une augmentation globale de 3,96 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Celle-ci est donc supérieure à lévolution de lensemble du budget de la défense hors pensions (+ 2,9 %).
Votre rapporteur ne peut que se féliciter du léger redressement de la part de la Marine dans le budget de la défense qui croît à 17,85 % en loi de finances initiale et rompt ainsi avec une tendance décennale à lérosion. En raison de lévolution des menaces et des missions prioritaires confiées à la Marine, il est justifié que le budget de la Marine soit aussi important.
· Si la répartition entre les titres -12,907 milliards de francs pour le titre III (soit 38,14 %) et 21,026 milliards de francs pour les titres V et VI (soit 61,96%)- correspond à la nature de la Marine qui est essentiellement une armée déquipement, lévolution de chaque titre apparaît à nouveau différenciée.
Alors que les crédits de fonctionnement connaissent une réduction de 1,36 % (soit 2,53 % en francs constants), les dépenses en capital progressent de 32,1 % pour les autorisations de programmes et de 7,5 % pour les crédits de paiement (soit 6,3 % en francs constants).
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ÉVOLUTION DU BUDGET DE LA MARINE EN LOI DE FINANCES INITIALE
|
(crédits de paiement, en millions de francs courants)
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|
Budget Marine
|
Budget Défense
(hors pensions)
|
Part Marine
|
LFI
|
Crédits
|
Évolution
|
Crédits
|
Évolution
|
dans le budget
|
|
|
en francs
|
en %
|
|
en francs
|
en %
|
de la Défense
|
1993
|
38 658
|
32
|
0,08
|
197 916
|
2 648
|
1,36
|
19,53
|
1994
|
37 169
|
- 1 489
|
- 3,86
|
193 828
|
- 4 096
|
- 2,07
|
19,18
|
1995
|
36 723
|
- 445
|
- 1,20
|
194 261
|
388
|
0,22
|
18,90
|
1996
|
35 173
|
- 1 550
|
- 4,22
|
189 592
|
- 4 669
|
- 2,40
|
18,55
|
1997
|
35 532
|
+ 359
|
+ 1,02
|
190 922
|
1 330
|
+ 0,70
|
18,61
|
1998
|
32 641
|
- 2891
|
-8,14
|
184 722
|
- 6 200
|
- 3,3
|
17,7
|
1999*
|
33 933
|
+ 1292
|
3,96
|
190
|
+ 6
|
+ 2,9
|
17,85
|
* Projet de loi de finances
|
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|
|
|
(en millions de francs)
|
|
Crédits votés 1998
|
projet 1999
|
Évolution en %
|
|
AP(1)
|
CP(2)
|
AP(1)
|
CP(2)
|
AP(1)
|
CP(2)
|
Titre III
|
729
|
13 085,749
|
545,554
|
12 907,486
|
- 25,16 %
|
- 1,36 %
|
Titre V
|
18 098,9
|
19 548,940
|
23 907,9
|
21 019,4
|
+ 32,1 %
|
+ 7,5 %
|
Titre VI
|
6,1
|
6,07
|
6,1
|
6,1
|
-
|
-
|
Sous-total dépenses en capital
|
18 105
|
19 555,01
|
23 914
|
21 025,5
|
+ 32,1 %
|
+ 7,5 %
|
Total
|
18 834
|
32 640,759
|
24 459,554
|
33 933,986
|
+ 25,9 %
|
+ 3,96 %
|
(1) AP : autorisations de programme
(2) CP : crédits de paiement
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· Après la profonde réforme opérée dans le budget 1998, le titre III na subi quune légère modification de structure qui a pour but disoler les dépenses de rémunérations et charges sociales (RCS) liées aux volontaires. Lobjectif est dévaluer leur impact sur le budget. Deux chapitres sont créés, le 31-61 pour les rémunérations principales et le 31-62 pour les indemnités accessoires. En outre, larticle 31-31 60 (ancienne nomenclature) a été réparti sur deux articles distincts : le 31-31 60 pour les rémunérations principales et le 31-32 60 pour les rémunérations accessoires.
La réduction globale du titre III atteint 2,5 % en francs constants ou 1,5 % en francs et structure constants. Cette baisse est à rapprocher de celles intervenues pour 1997 (2,19 %) et pour 1998 (1%).
Deux modifications affectent le périmètre des crédits :
le bilan de la budgétisation des services étatiques de la DCN, permet didentifier des ajustements au profit de la Marine à hauteur de 28 millions de francs ;
par ailleurs, lentretien programmé des matériels (EPM) est concerné par un transfert de charge de 150 millions de francs du titre III vers le titre V.
· De même, lévolution des titres V et VI est différente selon la base de référence. En termes de loi de finances initiale, la hausse atteint 28 % pour les autorisations de programme et 7,5 % pour les crédits de paiement en francs courants. A périmètre constant, elle nest que de 5,24 % pour les crédits de paiement ce qui correspond seulement à une résorption de moitié de lencoche de 10 % réalisée dans la préparation du budget pour 1998.
Les dotations en capital subissent une perte de contenu physique évaluée à 355 millions de francs par le Chef dEtat-major de la Marine et due à trois modifications importantes :
deux concernent des changements de structure. La plus importante est liée à linscription de crédits du BCRD pour 219 millions de francs. La deuxième correspond au transfert de charges dentretien programmé des matériels (EPM) de 150 millions de francs ; en fait, une partie de ce transfert est mutualisée entre les Armées ce qui réduit la nouvelle charge pour le titre V de la Marine à 97 millions de francs ;
laugmentation de 14 à 25 % de la part patronale de cotisations au fonds de pension des ouvriers dEtat représente pour la Marine 35 millions de francs et constitue directement une nouvelle charge qui simputera sur les programmes de construction ou de réparation.
Par ailleurs, un transfert de charges dimmobilisations de lex-DCN étatique porte sur environ 688 millions de francs (dont 368 millions de francs en investissements et 320 millions de francs de maintien en condition). La Marine a dû prendre pour une large part ce transfert sous enveloppe puisque les transferts de compensation en provenance du titre V de la DGA ne sélèvent quà 192 millions de francs. Le différend avec la DGA nest pas encore réglé car la Marine refuse de budgéter des dotations correspondant aux 320 millions de francs de maintenance.
· Le titre V subit une refonte assez complète. La nouvelle nomenclature générale se caractérise par le passage de huit à neuf du nombre de chapitres budgétaires, un nouveau chapitre identifiant de manière spécifique les programmes communs et interarmées.
Cinq différences majeures par rapport à la situation actuelle portent sur :
le regroupement des crédits relatifs au développement et aux fabrications dun même programme ;
lextension du chapitre Nucléaire à lensemble des forces nucléaires ;
lélargissement du chapitre Espace aux programmes et systèmes dinformation et de communication ;
la distinction entre les crédits dentretien programmé des matériels (EPM) proprement dits et les dotations liées au soutien des forces.
Plusieurs programmes majeurs sont ainsi identifiés sur des articles spécifiques. Cest notamment le cas du satellite successeur de Syracuse II, du SNLE-NG, du Rafale, du NH 90, des missiles MICA et SCALP EG, des programmes darmement FSAF, MU 90 et PAAMS, des frégates Horizon et La Fayette ainsi que du porte-avions nucléaire.
II. LA PRIORITÉ ACCORDÉE À LA PROFESSIONNALISATION DANS LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
Lévolution actuelle de la Marine dans la phase de transition nécessite de répondre à de multiples défis :
la réduction générale du format de 20 % oblige tout dabord à désarmer avant terme des bâtiments disposant encore dun certain potentiel. En 1997, la Marine a procédé au désarmement anticipé de neuf unités (le porte-avions Clemenceau, la frégate Aconit, laviso Detroyat, les sous-marins diesel Agosta et Sirene, les bâtiments de soutien Durance, Rhône et Rance). Le mouvement a continué en 1998 avec le désarmement de neuf unités (dont deux sous-marins diesel Psyché et Beveziers, un chasseur de mines Cérès, deux remorqueurs et deux transports de rades). En 1999, quatorze bâtiments sont concernés pour un total de 24 364 tonnes (le SNLE LIndomptable, la frégate Duguay-Trouin, trois avisos A 69, deux bâtiments dexpérimentations et dessais Berry et Ile dOléron, quatre remorqueurs et trois vedettes).
La conduite de la professionnalisation donne la priorité aux forces projetables donc au remplacement des appelés embarqués. Cest ainsi que 789 appelés ont été remplacés sur les bâtiments en 1997 ; 643 devraient lêtre en 1998 et il est prévu que 682 le soient en 1999 ;
une déflation des personnels dont la réduction globale de 19,2 % sur les six ans de la programmation militaire masque une évolution différenciée, le nombre de personnels civils devant connaître une forte progression (environ 5 100 postes soit + 89 %) alors quest envisagée pour les effectifs militaires une diminution sans précédent (- 18 500 postes soit - 9,2 %), liée à la disparition progressive du service militaire (près de 3 000 appelés du service national par an) ;
la restructuration de la Délégation générale à larmement et en particulier de la Direction des constructions navales, conduit la Marine à accueillir une part importante de personnel en sureffectif ;
La professionnalisation de la Marine est paradoxale puisque larrivée de personnels civils fera chuter le taux des personnels à statut militaire denviron 91 % en 1996 à 80 % en 2002 et que, si la part des militaires dactive dans les effectifs augmentera de 65,1 % en 1996 à 76,32 % en 2002, elle saccompagnera dune diminution du nombre de militaires dactive en valeur absolue.
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RAPPEL DES EFFECTIFS PROGRAMMÉS DANS LA MARINE
|
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Évolution 1996/2002
|
Part en 2002
|
Militaires dactive
|
45 477
|
45 612
|
45 501
|
45 342
|
44 600
|
43 858
|
43 095
|
- 5,2 %
|
76,32 %
|
JSN (1)
|
17 906
|
14 700
|
11 500
|
8 300
|
5 100
|
1 900
|
1 775
|
- 90,0 %
|
3,14 %
|
Total Militaires
|
63 383
|
60 312
|
57 001
|
53 642
|
49 700
|
45 758
|
44 870
|
- 29,2 %
|
79,46 %
|
Civils
|
6 495
|
7 256
|
8 209
|
9 232
|
10 514
|
11 494
|
11 594
|
+ 89,0 %
|
20,54 %
|
Total
|
69 878
|
67 568
|
65 210
|
62 874
|
60 214
|
57 252
|
56 464
|
- 19,2 %
|
100,00 %
|
(1) Jeunes du service national
|
Si les effectifs militaires sont conformes aux objectifs de la loi de programmation militaire, la réalisation reste déficitaire pour les ouvriers (environ 900) et les fonctionnaires (150).
a) La troisième étape de la professionnalisation
· La professionnalisation conduira en 1999 à la disparition de 3 392 emplois militaires, dont 3 340 emplois dappelés, et à la création de 948 emplois civils. Conformément à la déflation prévue par la programmation militaire, la Marine perdra 5,5 % de ses effectifs militaires. Compte tenu du nombre de personnels civils, le rythme de décroissance des effectifs totaux est un peu inférieur (- 3,53 %). Sur trois ans, de 1996 à 1999, la Marine aura cependant perdu près de 10 000 personnels militaires.
· Les mesures de transformation de postes dactive concernent :
la création de 21 postes dofficiers (dont 1 capitaine de vaisseau, 6 capitaines de frégate ou de corvette, 14 lieutenants ou enseignes de vaisseau) qui ne permettra pas de combler les retards, notamment dans les organismes interarmées où la Marine est quelquefois sous-représentée, mais daméliorer le taux dencadrement et de pallier la disparition de 85 postes dofficiers du contingent ;
la suppression de 198 postes dofficiers mariniers (6 majors, 23 maîtres principaux, 38 maîtres, 47 premiers-maîtres, 83 seconds-maîtres). Cette catégorie connaît des déséquilibres internes qui sont liés aux modifications de structure de la Marine et au désarmement dunités.
La déflation de 3 340 postes dappelés, dun niveau supérieur à celle de lexercice 1997, est obtenue par la suppression de 1 000 postes dans les formations des armées et la professionnalisation de 2 000 autres (dont 593 postes embarqués). Parallèlement sont créés 140 emplois de volontaires.
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ÉVOLUTION DES EFFECTIFS BUDGÉTAIRES
|
Catégories de personnel
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
(projet)
|
Evolution
1998-1999
|
Officiers
|
4 844
|
4 916
|
4 985
|
5 006
|
+ 21
|
Officiers mariniers
|
32 530
|
32 784
|
32 605
|
32 392
|
- 213
|
Quartiers-maîtres et matelots
|
8 103
|
7 928
|
7 928
|
7 928
|
0
|
Appelés du contingent
|
17 906
|
14 698
|
11 498
|
8 158
|
- 3 340
|
Volontaires
|
-
|
-
|
-
|
140
|
+ 140
|
Sous-total
|
63 383
|
60 326
|
57 016
|
53 624
|
- 3 392
|
Personnels civils
|
-
|
7 258
|
8 179
|
9 040
|
+ 861
|
Total
|
-
|
67 584
|
65 195
|
62 664
|
- 2 531
|
Ces effectifs incluent les gendarmes maritimes et excluent les effectifs non budgétaires.
|
Il est à souligner que leffectif des quartiers-maîtres et des matelots engagés reste identique à celui de 1997 et de 1998. En fait, cette stabilisation dissimule les premiers recrutements sur contrats courts dont lobjectif est double : dune durée non renouvelable de deux ans, ils permettent de pourvoir des emplois dexécutant dans des domaines qui noffrent pas de perspectives de carrière et de proposer un premier emploi à des jeunes qualifiés.
Après deux exercices de sureffectifs, les effectifs moyens réalisés devraient être inférieurs aux effectifs budgétaires en 1998 car la gestion sest révélée plus fine.
b) Les difficultés de gestion non résolues
· Lune des premières difficultés concernant la gestion des personnels est de préserver léquilibre entre les flux de recrutement et de départs, volontaires ou provoqués.
Le tableau suivant illustre lévolution du recrutement des officiers en fonction de leur origine.
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ÉVOLUTION DU RECRUTEMENT DES OFFICIERS PAR ORIGINE
|
|
1996
|
1997
|
1998(1)
|
1999(1)
|
Officiers de Marine
Ecole navale
Ecole militaire de la flotte
|
75
29
|
77
28
|
80
25
|
80
25
|
Officiers spécialisés de la Marine
Ecole militaire de la flotte
Choix
Titres
|
34
7
|
32
4
|
31
20
5
|
30
20
5
|
ORSA
|
133
|
87
|
|
|
Total
|
278
|
228
|
161
|
160
|
(1) Prévisions de la Direction des personnels militaires DPMM
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Le ralentissement des départs volontaires, constaté depuis 1992, sest stabilisé en 1996 pour les personnels officiers et dans une moindre mesure pour le personnel non officier. Il est essentiellement lié à la conjoncture économique et au plan de revalorisation indiciaire des carrières.
Dans la mesure où les promotions dépendent des vacances de poste et où seuls des départs suffisants garantissent lavancement, le ralentissement des départs a eu des effets directs sur lévolution des carrières et le recrutement dans les écoles. Il conduit à des reports dans les tableaux davancement, à une sévérité accrue dans la politique de renouvellement des contrats, à une augmentation du nombre de lieutenants de vaisseau et de capitaines de frégates hors créneaux .
Si cette tendance nest pas corrigée, la Marine se trouvera confrontée au vieillissement de ses cadres, à des difficultés de recrutement et à laugmentation des rémunérations et charges sociales due au seul glissement-vieillesse-technicité (GVT). Cest pourquoi, il est impératif que les mesures dincitation au départ et daccompagnement soient maintenues.
De nombreux reclassements dofficiers mariniers sont nécessaires. Or, ils sont délicats à réaliser lorsque les spécialités professionnelles sont spécifiques, comme dans laéronautique navale ou les forces sous-marines. Laction des services spécialisés dans la reconversion des personnels, notamment le SAIRM, est essentielle : son action a permis linsertion de 61 officiers et 794 sous-officiers en 1996, de 95 officiers et de 933 sous-officiers en 1997.
Dans le cadre de la loi n° 96-1111 du 19 décembre 1996 relative aux mesures en faveur du personnel militaire, la Marine a accordé 332 pécules en 1997 et 403 en 1998 (à 77 majors, 196 maîtres principaux et 130 premiers maîtres) pour un montant total de 111,3 millions de francs. Ces attributions correspondent à un quart des candidatures utiles cest-à-dire de candidatures remplissant les conditions prévues par la loi et appartenant aux spécialités prioritaires. Le pécule moyen est denviron 276 241 francs.
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DÉPARTS DU PERSONNEL
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Officiers
|
Equipages de la flotte
|
Marins de
|
Total
|
Année
|
(1)
|
Officiers mariniers
|
Equipage
|
ports
|
(2)
|
1992
|
193
|
1 629
|
707
|
273
|
2 609
|
1993
|
158
|
1 465
|
545
|
233
|
2 243
|
1994
|
125
|
1 311
|
904
|
235
|
2 450
|
1995
|
173
|
1 925
|
783
|
225
|
2.933
|
1996
|
162
|
1 866
|
580
|
208
|
2 654
|
1997
|
183
|
2 091
|
271
|
223
|
2 585
|
1998
|
163
|
2 200
|
700
|
200
|
3100
|
1999 (3)
|
205
|
|
|
|
3 300
|
(1) Départs volontaires et involontaires
(2) Total équipages et marins des ports
(3) Prévisions
|
· Lautre difficulté de la gestion des personnels tient au reclassement du personnel de la DCN. Le plan de déflation prévoit le départ denviron un millier de personnes par an. La Marine sest impliquée totalement dans cette démarche et a émis 2 129 fiches de poste sur un éventail demplois aussi large que possible.
Lintégration réalisée en 1997 a été satisfaisante, tant au plan des recrutements quà celui de lintégration dans les forces. Lobjectif de reclassement concernait 785 personnes dont 149 avec mobilité géographique. Au total, ce sont en réalité 841 agents qui ont été reclassés dont 722 ouvriers et 119 fonctionnaires ou agents contractuels. 88 % ont été affectés dans des établissements de la Marine, ce qui représente, à peu de choses près, la part de la mobilité de proximité.
Pour cette année, lobjectif de reclassement des personnels de la DCN vers les états-majors et services communs sélevait à 555 personnes dont 420 pour la Marine. Au 1 octobre 1998, 145 agents de la DCN ont été effectivement reclassés. Ce ralentissement témoigne des difficultés et des limites de lexercice.
Les difficultés sont liées à linadéquation géographique et professionnelle entre la ressource offerte par la DCN et les besoins de la Marine, tant au niveau des sites que des qualifications. Le problème de mobilité géographique est particulièrement fort là où la Marine dispose de peu ou pas dinfrastructures comme à Cherbourg ou à Lorient. Mais le manque dadéquation des métiers de la construction ou de la réparation navale aux emplois de la Marine est également patent.
Les chiffres dévolution globale du titre III ne permettent pas dapprécier les variations selon les chapitres. La progression des rémunérations et charges sociales sopère au détriment des dépenses de fonctionnement (hors RCS et hors EPM).
De même que les rémunérations et charges sociales (RCS) avaient légèrement augmenté de 1,76 % en 1998, le projet de budget pour 1999 enregistre une progression de 1,86 % en francs courants qui correspond aux besoins de la professionnalisation. Il prévoit une première dotation de 5 millions de francs liée aux opérations extérieures.
La part des RCS dans le titre III continue à croître : après avoir représenté plus des trois quarts des dépenses de fonctionnement en 1997 et 1998, celles-ci atteindront 80 % du titre III en 1999. Les mêmes facteurs continuent à expliquer une telle évolution :
la déflation des effectifs concerne en priorité les appelés (3340 postes supprimés) et lincidence budgétaire des mesures deffectifs est évaluée à 80,1 millions de francs ;
au contraire, la poursuite de lamélioration de la situation des personnels dans le cadre de la programmation et lévolution démographique nécessitent 227,7 millions de francs pour les revalorisations indemnitaires et 40,2 millions de francs pour lajustement aux besoins et transferts.
Le Chef détat-major de la Marine a souligné que les rémunérations et charges sociales (RCS) de la Marine étaient contraintes par des facteurs extérieurs, notamment la revalorisation des rémunérations des agents publics qui sapplique de manière automatique aux militaires (la valeur du point dindice coûtera 106,3 millions de francs au titre de 1998 et 36,6 millions de francs au titre de 1999).
Le projet de budget pour 1999 nenvisage pas de mesures spécifiques propres à la Marine.
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|
PRINCIPALES MESURES DE RÉMUNÉRATION PRÉVUES
DANS LE PROJET DE BUDGET POUR 1999
|
(en millions de francs)
|
Revalorisations indemnitaires
|
227,7
|
dont indemnité pour charges militaires
|
9,7
|
dont accords salariaux
|
59,5
|
dont revalorisation des rémunérations publiques
au titre de 1998
au titre de 1999
|
106,3
36,6
|
Ajustement aux besoins et transferts RCS
|
40,2
|
dont ajustement aux besoins de crédits
|
- 35
|
dont création de lindemnité de perte de pouvoir dachat
|
60,8
|
dont provisions et mesures diverses
|
14,4
|
|
|
|
|
|
ÉVOLUTION DES DOTATIONS DE FONCTIONNEMENT TITRE III
|
(en millions de francs)
|
Chapitre et articles
|
Intitulé
|
Crédits votés 98
|
Crédits demandés 99
|
Évolution en %
|
31-31 (50/60 et 93)
31-32 (50)
31-32 (60) nouveau
31-41 (30)
31-61 (30) nouveau
31-62 (30) nouveau
31-96 (93)
33-90 (83)
33-91 (83)
|
Personnels militaires - Rémunérations
Personnels militaires - Indemnités
Personnels militaires - Indemnités
Personnels appelés
Volontaires - Rémunérations
Volontaires - Indemnités
Autres rémunérations (pécules)
Cotisations sociales
Prestations sociales
|
6 197,270
2 587,395
200,074
85,143
613,276
393,801
|
6 329,82
2 675,352
13,411
145,243
7,85
1,15
86,628
628,125
376,847
|
+ 2,14 %
+ 3,29 %
- 27,4 %
+ 0,57 %
|
Sous-total RCS
|
10 076,959
|
10 264,426
|
+ 1,86 %
|
34-05
|
Fonctionnement
|
1 740,033
|
1 620,821
|
- 7,35 %
|
34-10 (30)
|
Alimentation
|
557,382
|
463,988
|
- 16,75 %
|
34-20 (31)
34-20 (32)
34-20 (33)
34-20 (35)
|
Entretien de la flotte
Munitions
Matériels divers
Matériels aériens
|
397,372
227,049
15,065
59,191
|
262,749
227,049
15,065
40,691
|
- 33,88 %
-
-
- 31,25 %
|
Sous-total 34-20
|
698,677
|
545,554
|
- 21,92 %
|
36-01 (50)
|
Musée de la Marine
|
12,698
|
12,698
|
-
|
Sous-total fonctionnement
|
3 008,790
|
2 643,061
|
- 12,1 %
|
Total
|
13 085,749
|
12 907,487
|
- 1,36 %
|
Dans leur acception la plus large, les crédits de fonctionnement hors RCS comprennent lalimentation, les carburants, le fonctionnement courant des unités et la partie de lentretien programmé des matériels figurant au titre III.
Parallèlement à lévolution des rémunérations et charges sociales, les crédits de fonctionnement, hors RCS, sur les chapitres 34-05, 34-10 (30) et 34-20 (31, 32, 33 et 35) devraient à nouveau diminuer de 366 millions de francs, passant de 3 008,79 à 2 643,061 millions de francs, soit une baisse de 12,16 % en francs courants ou 13,2 % en francs constants.
En fait, à structure budgétaire constante, la réduction concerne 270,7 millions de francs et nest que de 9,3 % en francs courants. Trois phénomènes modifient en effet le périmètre des dépenses : le transfert de charges au titre V de 150 millions de francs liés à lentretien programmé des matériels ; un transfert à la DGA de 12 millions de francs correspondant à des dépenses ne relevant plus du compte de commerce et la régularisation de la répartition des effectifs entre la Marine et la DGA portant sur 40 millions de francs.
A ces divers mouvements sajoute un transfert de charges résultant de la décision de confier à la Marine le gouvernorat des crédits relatifs aux immobilisations des services étatiques de la DCN (installations nucléaires à terre, pyrotechnie et installations portuaires). Le Chef dEtat-major de la Marine, lAmiral Jean-Charles Lefebvre, a émis la crainte que la Marine nait à supporter une charge directe de 150 millions de francs sur son budget pour linvestissement, lentretien et le fonctionnement de ces installations.
La réduction globale recouvre en fait des évolutions différentes :
certains crédits connaissent des effets mécaniques liés à lévolution du format. Il en est ainsi des dépenses dalimentation des personnels (réduction de 32,1 millions de francs), des produits pétroliers (réduction de 23,9 millions de francs) ou du fonctionnement (pour 39,5 millions de francs) ;
les dotations en carburants et en combustibles diminuent de 73 millions de francs soit 15,6 % en raison dhypothèses économiques favorables sur le prix du baril et la valeur du dollar (13,99 dollars le baril, soit 83,94 francs). Les dépenses supplémentaires liées aux opérations extérieures sont estimées à 5 millions de francs en 1998 et seront supportées sur les dotations initiales au détriment du recomplètement des stocks. Labattement imposé aux produits pétroliers naura pas de conséquence sur lactivité des forces à condition que les hypothèses ayant servi à létablissement des coûts soient vérifiées ;
le fonctionnement courant des unités sera contraint en 1999 puisque le montant des dotations (1,239 milliard de francs) est en diminution de 3,6 % par rapport à 1998. Cette évolution soulèvera des difficultés surtout pour les postes budgétaires structurellement sous-dotés et sans relation avec les effectifs, comme lentretien immobilier, les locations ou une partie des frais de déplacement.
· Linquiétude la plus vive reste cependant liée aux crédits dentretien programmé des matériels. Ceux-ci sont répartis entre les titres III et V pour de nombreuses raisons : sont affectés aux dépenses de fonctionnement une partie de lentretien non programmé, le combustible nucléaire, les charges de stockage et les rechanges courants de matériel, le titre V finançant davantage lentretien programmé lourd, notamment les IPER des sous-marins et des bâtiments de surface, mais aussi (ce quil est plus difficile à comprendre) des dépenses liées à lapprovisionnement et à la gestion des rechanges.
Le tableau suivant permet de comparer lensemble des dotations.
Lensemble des crédits destinés à la FOST, à la flotte classique, à laéronautique et aux munitions progressera légèrement de 5,301 à 5,546 milliards de francs pour les autorisations de programme (soit + 8,6 %) et de 5,546 à 5,693 milliards de francs pour les crédits de paiement (soit + 2,6 %). A lintérieur de cette enveloppe globale, les crédits dentretien programmé FOST restent stables, les crédits hors FOST augmentent de 15,5 % et lentretien aéronautique régresse de 15 %.
· De manière générale, les coûts de maintenance sont de plus en plus élevés en raison de laugmentation des dépenses de main doeuvre à un taux similaire à celui du PIB, du vieillissement des bâtiments (porte-avions ou frégates lance-missiles), de la complexité technique des unités les plus récentes et de la mise en oeuvre dinstallations nucléaires.
Face à la réduction des crédits et à la nécessité de préserver les programmes opérationnels, la Marine a été obligée de réduire le volume des travaux effectués, dallonger les délais entre les carénages ou dabandonner le concept dentretien préventif. Mais ces décisions ont des effets pervers sur les plans économique et opérationnel.
Dune part, les IPER qui ne seront pas effectuées en 1998 devront être financées en 1999 : le problème est donc simplement décalé. De plus, ces reports non seulement entraînent des surcoûts liés aux risques davaries et à la difficulté de bénéficier deffet de chantier mais sont à lorigine de décalages en cascade . Par exemple, labsence dentretien sur le Duquesne en 1998 oblige à opérer lIPER en 1999 au moment où le Suffren devrait rentrer aussi en réparation. Les IPER des frégates Montcalm et Cassard sont reportées en 1999, celles du CMT Andromède et du SMD La Praya reportées en 2000.
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|
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|
CRÉDITS DENTRETIEN PROGRAMMÉ DES MATÉRIELS EPM
|
(en millions de francs)
|
|
1998(1)
|
1999(2)
|
Evolution en %
|
|
AP
|
CP
|
AP
|
CP
|
AP
|
CP
|
Entretien flotte (hors FOST), munitions et matériels divers
Titre III
Chapitre 34-05-30
Chapitre 34-20 31
Chapitre 34-20 32
Chapitre 34-20 33
|
424
231
15
|
98
397,4
227
15,06
|
284
231
17
|
88
263
227
15
|
- 33 %
-
13 %
|
- 10 %
- 34 %
-
-
|
Sous-total
|
670
|
737
|
533
|
593
|
- 20 %
|
- 20 %
|
Titre V
Chapitre 53-80 67
|
2 200,76
|
1 894,25
|
2 437
|
2 446
|
+ 11 %
|
+ 29 %
|
Total
|
2 870,76
|
2 631,25
|
2 969
|
3 039
|
3,4 %
|
15,5 %
|
|
|
|
|
|
|
|
Entretien aéronautique
Titre III
Chapitre 34-20 35
Titre V
Chapitre 55-21-31
Chapitre 55-21-32
|
59
1 321,75
153,67
|
59,19
1 510,81
155,69
|
45
1 345
156
|
41
1 271
155
|
- 24 %
+ 2 %
+ 1 %
|
- 31 %
- 16 %
- 1 %
|
Total
|
1 534,42
|
1 725,69
|
1 546
|
1 467
|
+ 1 %
|
- 15 %
|
|
|
|
|
|
|
|
Entretien FOST
Titre V
Chapitre 51-71-32
|
896
|
1 188
|
1 245
|
1 188
|
+ 39 %
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
Total EPM
|
5 301
|
5 546
|
5 759
|
5 693
|
+ 8,6 %
|
+ 2,6 %
|
(1) Loi de finances
(2) Projet de loi de finances initiale
|
III. LA SITUATION DES PROGRAMMES DÉQUIPEMENT
Les mesures de régulation sur les trois derniers exercices ont abouti à ce que les dépenses réelles soient inférieures de près de 8 % aux dotations initiales. La revue de programmes a pris acte du décrochage des crédits par rapport aux annuités de la programmation militaire et a conforté un niveau dengagements financiers plus réalistes.
a) Les excès de la régulation budgétaire
Limportance des annulations dautorisations de programme et de crédits de paiement sur les titres V et VI de la Marine est rappelée dans le tableau suivant.
De plus, les gels de crédits ont anticipé sur les annulations. Ils ont porté sur 1 227 millions de francs en autorisations de programme et sur 1 685 millions de francs en crédits de paiement au cours de lexercice 1995. En 1996, ils ont atteint 932 millions de francs avant dêtre transformés en annulations. En 1997, la Marine a dû geler un montant de crédits de paiement identique à celui des reports de lexercice 1996 (pour 1 067 millions de francs).
|
|
|
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|
ANNULATIONS DE CRÉDITS BUDGÉTAIRES
|
|
Autorisations de programme
|
Crédits de paiement
|
Exercice
|
En millions de francs
|
En % du budget
|
En millions de francs
|
En % du budget
|
1995
|
4 821
|
21,41 %
|
2 600
|
11,33 %
|
1996
|
2 089
|
9,67 %
|
2 027
|
9,52 %
|
1997
|
2 847
|
13,72 %
|
1 318
|
5,91 %
|
1998
|
949
|
5,24 %
|
853
|
4,36 %
|
Sur longue période, létalement des programmes dû aux régulations et aux annulations réduit les possibilités de financement des investissements en générant des surcoûts et saccompagnent de décisions dont la rationalité économique peut être mise en doute. Non seulement, la Marine doit acquitter des pénalités de retard et des intérêts moratoires qui obèrent les ressources. Mais la sous-activité des établissements de construction navale oblige à faire supporter les charges fixes sur une moindre production industrielle donc à renchérir les coûts. Les conséquences opérationnelles sont particulièrement importantes car les mesures détalement des programmes réduisent le suivi des matériels en service, conduisent à un vieillissement de la flotte, retardent les mises à niveau technologique voire immobilisent les équipements dont la maintenance ne peut être assurée.
Les réductions de crédits par rapport au référentiel actualisé de la loi de programmation militaire ne permettaient plus à la Marine de rallier le modèle 2015 même sous un schéma dégradé . La correspondance entre les moyens et les missions ne pouvait plus être absolue comme lattestaient de nombreux exemples. Le risque était ainsi grand dune lente dégradation dun outil qui aurait conduit à interrompre ou à abandonner des missions et qui, dans certaines situations, ne permettait plus lexcellence.
b) Les décisions de la revue de programmes
· Les décisions prises à loccasion de la revue de programmes se traduisent par une économie de 3,898 milliards de francs sur le titre V de la Marine de 1999 à 2002. Les mesures essentielles sont rappelées dans le tableau suivant.
Aucune de ces décisions ne remet en cause le modèle de Marine 2015 dans la mesure où les termes mêmes de la loi de programmation militaire sont respectés. Ainsi une analyse par grandes fonctions montre que :
la FOST est préservée si le quatrième SNLE-NG est commandé en 2000 et mis directement au standard M 51 ;
lhypothèse financière dun titre V à hauteur de 85 milliards de francs (valeur 1998) permet de constituer un groupe aéronaval mais sans deuxième porte-avions ;
un équilibre est trouvé entre les constructions neuves de navires et les fabrications aéronautiques ;
une meilleure cohérence des programmes darmement est recherchée.
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|
PRINCIPALES ÉCONOMIES RÉALISÉES
SUR LES PROGRAMMES DÉQUIPEMENT DE LA MARINE
DANS LE CADRE DE LA REVUE DE PROGRAMMES
|
(en millions de francs)
|
Programmes concernés
|
Economies réalisées
|
Aménagement du calendrier des programmes de la FOST
|
653
|
Retrait définitif de service du Foch dès 1999
|
|
Désarmement de la flottille Alizé
|
235
|
Aménagement du programme Hawkeye
|
194
|
Nouvelle politique dacquisition du NTCD
|
616
|
Retrait du programme Milas à lissue de son développement
|
214
|
Abandon du développement de la future torpille lourde
|
228
|
Retard du programme BHO
|
71
|
Retard de la livraison du standard F2 du Rafale
|
369
|
Réduction des crédits dEPM et dinfrastructures de lordre de 5 %
|
1 317
|
Les tableaux suivants essayent de synthétiser pour les titres V et VI de la Marine les grands agrégats budgétaires. Le changement de nomenclature du titre V incite à une double présentation afin de mieux cerner les évolutions.
La variation des dotations en capital diffère fortement selon les chapitres, voire les articles.
· La diminution des crédits de paiement destinés aux études amont Espace (ancien chapitre 51-60, articles 52 et 91) porte sur 14 millions de francs et succède à la réduction intervenue en 1998. Elle marque une pause dans les programmes spatiaux dans lattente de nouvelles décisions. Au contraire, lensemble des articles (31, 34, 35 et 36) du nouvel article 51-61 qui progresse de 31 % en crédits de paiement témoigne du nouveau concept où les études et les développements dun même programme sont rassemblés.
· Par contre, la forte augmentation des autres crédits détudes inscrits au chapitre 51-80 sélève à près de 900 millions de francs de crédits de paiement et correspond au démarrage du développement de certains grands programmes (programme darmement PAAMS, sous-marin dattaque futur SMAF, frégate Horizon). Elle pérennise le transfert à la DGA du gouvernorat des études amont (164 millions de francs dautorisations de programme et 239 millions de francs de crédits de paiement).
· Les dépenses dinfrastructures et dacquisitions immobilières (+ 6,21 % en crédits de paiement) retrouvent le niveau des exercices 1996 et 1997 après la diminution mesurée de 1998 et permettront de financer les travaux de reconstruction et lentretien immobilier courant.
· Les articles consacrés aux fabrications prennent en compte les mesures arrêtées par la revue de programmes (retards ou arrêts de programmes) et lentrée en fin de production de grands programmes comme les frégates La Fayette, le TCD Sirocco ou les avions de patrouille maritime Atlantique 2.
La ligne consacrée aux crédits de restructuration de la DCN connaît une forte augmentation de 137,4 % en crédits de paiement car la dotation prévue a été abondée de dotations supplémentaires afin de se rapprocher des besoins réels.
Lagrégat concernant la FOST subit une réduction de 2,5 % qui correspond à la stabilisation des crédits après la forte réduction de 25,6 % opérée en 1998.
Dans lancienne nomenclature, la diminution globale de lagrégat Fabrications classiques de 7,5 % correspond à larrivée en fin de production de programmes (frégate n °5, TCD Sirocco) alors que le financement des programmes suivants na pas atteint un rythme optimal. De même, les fabrications aéronautiques connaissent une réduction de 11,4 % en relation avec la décroissance des programmes Panther et Atlantique 2, et au décalage du Rafale. En réalité, dans la nouvelle nomenclature, les crédits de larticle 53-81 ((Equipements Marine) semblent progresser de 6,2 %.
Lagrégat Munitions augmente de 25 % car des opérations significatives pour la Marine sont relancées (production de la torpille MU 90, industrialisation des missiles Aster 15, sécurisation des missiles embarqués sur le Charles de Gaulle).
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|
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|
|
ÉVOLUTION DES DOTATIONS EN CAPITAL (ancienne nomenclature)
|
(en millions de francs)
|
|
Autorisations de programme
|
Crédits de paiement
|
Chapitres et articles
|
1998(1)
|
1999(2)
|
1998(1)
|
1999(2)
|
Évolution
|
Titre V
|
|
|
|
|
|
51-60 (52 et 91) Espace
|
45
|
47
|
86
|
72
|
- 16,3 %
|
51-80 Autres études
|
2 622
|
3 971
|
1 802
|
2 799
|
+ 55,32 %
|
53-80 Fabrications
dont FOST (64)
dont Flotte hors FOST (61,62 et 65)
dont Aéronautique (71, 73, 75 et 78)
dont fabrications diverses
dont EPM Flotte (67)
dont EPM Aéronautique (69 et 74)
dont Munitions (79, 81 et 82)
dont Restructurations DCN (94)
|
14 736
3 480
2 331
2 283
641
2 201
1 475
1 633
454
|
19 086
3 252
4 468
3 024
1 058
2 437
2 411
1 184
1 079
|
16 953
4 236
2 905
4 034
598
1 894
1 667
937
454
|
17 399
4 130
2 706
3 574
691
2 446
1 426
1 175
1 079
|
+ 2,61 %
- 2,5 %
- 6,9 %
- 11,4 %
+ 15,6 %
+ 29,1 %
- 14,4 %
+ 25,5 %
+ 137,4 %
|
54-40 Infrastructures (71, 74, 75 et 76)
|
697
|
803
|
708
|
752
|
+ 6,2 %
|
|
18 101
|
22 908
|
19 549
|
21 019
|
+ 7,5 %
|
Titre VI
6710 Subventions (40)
|
6
|
6
|
6
|
6
|
|
Total dotations
|
18 107
|
23 914
|
19 555
|
21 026
|
+ 7,5 %
|
(1) Loi de finances
(2) Projet de loi de finances initiale
|
|
|
|
|
|
|
ÉVOLUTION DES DOTATIONS EN CAPITAL (nouvelle nomenclature)
|
(en millions de francs)
|
|
Autorisations de programme
|
Crédits de paiement
|
Chapitres et articles
|
1998(1)
|
1999(2)
|
1998(1)
|
1999(2)
|
Évolution
|
Titre V
|
|
|
|
|
|
51-61 (31, 34, 35 et 36) Espace
|
666
|
674
|
473
|
619
|
+ 31 %
|
51-71 (31 à 35, 64) Dissuasion
|
3 480
|
3 521
|
4 236
|
4 130
|
- 2,5 %
|
52-81 Autres études
|
14
|
25
|
18
|
20
|
+ 11 %
|
53-71 Equipements interarmées
|
1 438
|
2 464
|
2 642
|
2 485
|
- 6 %
|
53-81 Equipements marine
|
6 582
|
9 936
|
6 196
|
6 797
|
+9,7 %
|
54-41 Infrastructures (35,36 et 37)
|
662
|
755
|
664
|
705
|
+ 6,2 %
|
55-11 Soutien des forces
|
1 604
|
2 550
|
1 749
|
2 391
|
+ 36,7 %
|
55-21 EPM
|
3 676
|
3 957
|
3 561
|
3 872
|
+ 8,7%
|
|
18 107
|
23 914
|
19 555
|
21 020
|
+ 7,5 %
|
Titre VI
6710 Subventions (40)
|
6
|
6
|
6
|
6
|
-
|
Total dotations
|
18 107
|
23 914
|
19 555
|
21 026
|
+ 7,5 %
|
(1) Loi de finances
(2) Projet de loi de finances initiale
|
Les crédits affectés par le projet de budget 1999 à la force océanique stratégique FOST sélèvent à 3 251 millions de francs en autorisations de programme et 4 124 millions de francs en crédits de paiement. Ils diminuent ainsi en crédits de paiement de 3,7 % en volume par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Cette réduction fait suite à celle constatée en 1998 (25,6 % par rapport à lexercice précédent). La part de la FOST dans les dépenses déquipement continue à se réduire et ne représente plus que 19,6 % de lensemble des dotations en capital.
a) Les sous-marins nucléaires lanceurs dengins SNLE
Le programme de SNLE-NG, lancé en 1987, prévoyait la réalisation dune série de six submersibles de type Le Triomphant. Dès 1991, il a été limité à quatre exemplaires dont trois sont effectivement commandés.
La loi de programmation militaire a confirmé lobjectif de disposer de quatre sous-marins dans le cycle opérationnel, cest-à-dire à une capacité de maintenir un et si nécessaire deux SNLE en permanence à la mer. Mais elle sest accompagnée de labandon du missile S4 et dun report de cinq ans dans la mise en service du missile de nouvelle génération.
La revue de programmes a réorienté ces décisions, entraînant :
le retard de six mois de ladmission au service actif du Vigilant ce qui suppose la prolongation du maintien en service dun SNLE de la génération précédente ;
laccélération de ladaptation des SNLE-NG au missile M 51 et la livraison du 4ème SNLE-Ng en 2008, directement dans la version M 51.
Les deux décisions sont liées dans la mesure où léconomie réalisée (le dernier SNLE-NG devait initialement être livré au standard M 45 puis adapté au standard M 51) permet lavancement du programme du missile.
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CALENDRIER DES COMMANDES ET DES LIVRAISONS
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SNLE-NG
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Commande
|
Essais
|
Service actif
|
Le Triomphant
|
18 juin 1987
|
1er juillet 1994
|
21 mars 1997
|
Le Téméraire
|
18 octobre 1989
|
août 1998
|
août 1999
|
Le Vigilant
|
27 mai 1993
|
juillet 2003
|
juillet 2004
|
N° 4
|
2000
|
juillet 2007
|
juillet 2008
|
En raison de difficultés techniques liées aux technologies innovantes mises en oeuvre ou incidents techniques mais surtout des réductions de crédits, le calendrier initial a subi des retards et la mise en service des premiers exemplaires a été décalée :
le Triomphant, commandé en 1987, a été admis au service actif le 21 mars dernier (trente-deux mois de décalage) ;
les essais du Téméraire, commandé en octobre 1989, ont débuté en août 1998 et autoriseront une entrée en service actif en 1999, soit dix ans après sa commande (vingt et un mois de décalage) ;
ladmission au service actif du Vigilant, commandé en mai 1993, a été retardée, une première fois de six mois, une deuxième fois, en 1996, de deux années. Il ne sera admis au service actif quen juillet 2004 (quatre ans et demi de décalage) ;
la commande du n° 4, prévue initialement pour 1996 a été reportée en 2000 pour une admission au service actif en juillet 2008 (quatre ans et huit mois de décalage).
Les reports successifs du programme entraînent le maintien en service de deux SNLE de type lInflexible, directement construit au standard M4, jusquen 1999 pour lun, 2004 pour lautre.
Le coût total du programme de quatre SNLE-NG est estimé à près de 80 milliards de francs en francs courants. La loi de programmation militaire a prévu 16 milliards de francs de crédits de paiement sur la période 1997-2002. Mais létalement du programme nest pas sans incidences sur les coûts et le cumul des dépassements a atteint les 9,3 milliards de francs. Cest pourquoi certaines économies sont recherchées, notamment dans la réduction des durées dessais à la mer et la négociation des contrats.
Le projet de budget pour 1999 inscrit 1,079 milliards de francs dautorisations de programme et 2,158 milliards de francs de crédits de paiement pour les dépenses liées au programme SNLE-NG.
b) Les missiles stratégiques
· Le programme de modernisation des missiles balistiques vise à équiper les SNLE-NG de la version M 45 dès leur entrée en service. Les M 45 diffèrent du M 4 par les aides à la pénétration et par la nature de la tête nucléaire (TN 75). La mise en service est intervenue en mars 1997 sur le Triomphant. Les dotations en missile M 4 seront progressivement retirées du service.
· La nécessité de remplacer les M 45 pour crédibiliser la FOST a conduit en 1992 à lancer le développement dun nouveau missile, le M 5. Sinscrivant dans le concept de stricte suffisance, ce programme a été réorienté vers une version M 51, dont la portée sera de lordre de 6 000 kilomètres et qui sera capable demporter à partir de 2015 des têtes nucléaires de nouvelle génération (TNO).
Le coût total du développement du programme pour trois dotations de seize missiles est estimé à près de 30 milliards de francs (valeur 1998), y compris les dépenses déjà effectuées au titre du programme M 5. Il a été prévu daffecter à ce programme près de 10 milliards de francs au cours de la période de programmation. Une baisse de près de 22 % par rapport au coût envisagé pour le développement du M 5 a été obtenue grâce à une simplification de la logique de développement et à un engagement des principaux industriels (Aérospatiale et SNPE).
Le développement du programme est doté de 1 450 millions de francs de crédits de paiement dans le projet de budget pour 1999.
c) Les sous-marins dattaque futurs (SMAF)
Les sous-marins dattaque futurs à propulsion nucléaire sont destinés à remplacer les six unités Rubis à lhorizon 2010 pour des missions de lutte anti-sous-marine et antinavire. Le premier de la série pourrait être commandé en 2001 et livré en 2010.
La fiche de caractéristiques militaires a été émise en décembre 1996 et le dossier de faisabilité est en cours de constitution.
Le programme est soumis au concept de coût-objectif afin den maîtriser les coûts. Il est prévu daffecter 166 millions de francs de crédits de paiement à son développement dans le projet de budget pour 1999.
Le groupe aéronaval constitue lélément majeur de la capacité de projection et daction de la Marine. Depuis vingt ans, il a participé à toutes les missions importantes et a appareillé à chaque fois dans des conditions dalerte. La loi de programmation militaire en a fait lélément central de la politique déquipement de la Marine.
a) La mise en service du porte-avions nucléaire
Lune des décisions les plus importantes de la loi de programmation militaire 1997-2002 puis de la revue de programmes a été de confirmer la mise en service opérationnel du Charles-de-Gaulle au plus tard le 31 décembre 1999. Pourtant, quarante-cinq mois de décalage successifs ont été enregistrés depuis le début de la construction (trente mois en 1989, six mois en 1993, six mois en 1996, trois mois en 1997-1998) et ont obligé à un prolongement du Foch jusquen 2000. Un délai dun an sera nécessaire entre la première sortie à la mer et ladmission au service actif.
Les difficultés rencontrées sur la propulsion nucléaire et les circuits hydrauliques ont été résolues. Mais certains équipements, qui ne sont pourtant pas les plus modernes comme la fait remarquer lAmiral Jean-Charles Lefebvre lors de son audition devant la Commission de la Défense nationale, doivent être fiabilisés.
Sur un coût total estimé à près de 19,514 milliards de francs valeur 1998 (développement et industrialisation compris), plus de 16,5 milliards de francs de crédits de paiement ont déjà été consommés. Hors développement, le Charles-de-Gaulle aura coûté 13 milliards de francs. Le projet de budget pour 1999 a inscrit 11 millions de francs dautorisations de programme -ce qui montre que le programme se termine- et 1 312,9 millions de francs de crédits de paiement sur un article spécifique (chapitre 53-81, article 71).
b) La disponibilité du groupe aéronaval
(1) Les incertitudes sur la disponibilité
· Le modèle retenu par la Marine comporte deux porte-avions, aussi a-t-elle essayé de conserver ce modèle aussi longtemps que possible. Comme les réductions budgétaires en 1996 et en 1997 ont contraint à retirer le Clemenceau du service actif et que les retards dans la construction du Charles-de-Gaulle ont prolongé le Foch jusquà son retrait en 2000, la Marine avait envisagé de mettre le Foch en veilleuse , ce qui supposait un entretien constant et la présence dun équipage de 400 personnes à bord. Le bâtiment aurait été réactivé pour la première indisponibilité de longue durée du porte-avions nucléaire en 2004 ou 2005.
La revue de programmes a renoncé à loption de deux porte-avions puisque les conditions financières ne sont plus réunies : le prolongement du Foch a été annulé car jugé non prioritaire compte tenu de sa valeur militaire. Les économies ainsi réalisées sur lentretien, léquipage et la flottille dAlizés sélèvent à près de 400 millions de francs sur la fin de la période de programmation.
Les conséquences opérationnelles de cette décision sont immédiates. La Marine a renoncé à une permanence à la mer lors de la première IPER du Charles-de-Gaulle en 2004-2005. Ce sera la première fois depuis la Guerre dIndochine que notre pays sera ainsi privé du groupe aéronaval. Si on ajoute à cela que, pendant deux années de 2000 à 2002, le groupe ne pourra pas intervenir dans des zones où existe une menace aérienne grave en raison du retrait des Crusader et du retard de la première flottille Rafale en version intercepteurs car, malgré la présence des avions de surveillance Hawkeye, le porte-avions ne devra pas être exposé, il faut être conscient que depuis le retrait du Foch fin 1999 à la dotation complète en Rafale en 2010, la disponibilité maximale du groupe aéronaval ne sera pas assurée.
Certes, les crises impliquant le groupe aéronaval sont progressives et les entretiens courants ne sont pas incompatibles avec une réelle disponibilité (les délais dappareillage sont compris entre trois et dix jours). Mais lexistence dun seul porte-avions en service réduira encore plus longtemps la disponibilité si on considère que la deuxième IPER majeure retiendra le bâtiment deux ans en réparation vers 2010-2011. La France a fait un pari politique majeur sur les menaces.
(2) Quelle hypothèse pour le second porte-aéronefs ?
La commande dun deuxième porte-avions apparaît indispensable si on ne redéfinit pas les missions de la Marine.
La loi de programmation militaire a reporté la commande du deuxième porte-avions au-delà de 2002 et a envisagé celui-ci à lhorizon de la planification vers 2015 sous réserve que les conditions économiques le permettent . Elle a cependant prévu 200 millions de francs pour financer des études et le choix du mode de propulsion. Jusquà présent, lidée était de construire une réplique du Charles de Gaulle au coût marginal de fabrication. LEtat-major de la Marine a évolué et estime à présent que le second porte-avions, sil existe, ne sera pas forcément nucléaire. En attendant la décision qui pourrait intervenir en 2003, lexpérience de trois années de service opérationnel du Charles de Gaulle sera essentielle, tant en ce qui concerne la propulsion du navire que lévolution de la doctrine demploi.
Les futures plates-formes aéronavales seront très différentes des concepts actuels. Les conclusions de la Strategic Defense Review, menées par le Ministère britannique de la défense, ont conforté la mission de projection de la Marine et ont préconisé la constitution dun groupe aéronaval à deux porte-avions, mais la Grande-Bretagne semble plutôt envisager un système rustique doté dun équipage réduit. Le projet CVX des Etats-Unis séloigne des modèles actuels ; le projet davion polyvalent JSF (joint strike fighter) devient compatible avec un porte-aéronefs de 20 000 tonnes.
LEtat-major de la Marine reste apparemment ouvert à de nouveaux concepts et considère quun répit de trois ans lui est accordé pour réfléchir au type de plate-forme et davions embarqués.
a) Laéronautique embarquée
|
|
|
|
|
COMPOSITION DE LAÉRONAUTIQUE EMBARQUÉE
(au 1er juillet 1998)
|
|
En parc
|
En ligne
|
Age moyen
|
Année de retrait du service
|
Aviation embarquée
|
|
|
|
|
|
11
|
7
|
33 ans 10 mois
|
fin 1999
|
|
52
|
24
|
18 ans 3 mois
|
2007-2010
|
|
5
|
2
|
34 ans
|
2000
|
|
9
|
7
|
37 ans 10 mois
|
2000
|
Hélicoptères
|
|
|
|
|
|
16
|
10
|
28 ans 5 mois
|
2004-2007
|
|
33
|
21
|
17 ans 5 mois
|
2003-2012
|
|
3
|
3
|
8 ans 8 mois
|
2018-2022
|
|
5
|
4
|
15 ans 11 mois
|
2018-2022
|
|
30
|
25
|
-
|
1999-2008
|
|
15
|
12
|
2 ans 8 mois
|
-
|
· Comme le montre le tableau ci-dessus, le réaménagement du calendrier imposé par la revue de programmes reste compatible avec le retrait définitif des derniers Crusader en 1999, des Alizés et des Etendard IV PM en 2000, et la modernisation du parc des Super-Etendard qui sachève. Les deux derniers appareils modernisés de la série de 52, emportant le radar Anémone et capables de mettre en oeuvre des armements guidés laser, devraient être livrés au deuxième semestre 2001. Ils seront relevés par les Rafale entre 2005 et 2012.
· Lune des innovations les plus marquantes de laéronautique a consisté à équiper dhélicoptères tous les bâtiments de surface de nouvelle génération afin dassurer des missions diverses : lutte anti-sous-marine et antinavire à partir de frégates, transport, soutien à la mer, liaisons logistiques, service public et formation. Les bâtiments de soutien sont aménagés pour recevoir des hélicoptères légers (2 tonnes) et les frégates des hélicoptères de combat moyen-lourd (4 à 9 tonnes).
Les besoins en équipement sont estimés à environ 99 hélicoptères :
le besoin de 27 appareils de la classe 9 tonnes, dont 14 pour la lutte anti-sous-marine et 13 équipés pour le transport et le sauvetage, a justifié le programme NH 90 qui intéresse sept armées de quatre pays (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas).
Le premier prototype poursuit ses essais débutés en décembre 1995. Le deuxième prototype a effectué son premier vol en mars 1997. Le troisième prototype commencera ses essais à la fin de lannée. Les retards liés à la sélection des équipements ont décalé la phase de développement jusquen 2002. La loi de programmation militaire a prévu la poursuite du développement des versions Terre et Marine. Le contrat dindustrialisation sera notifié début 1999 et une première commande de 11 appareils sera confirmée dici 2002. Les livraisons interviendront de 2005 à 2011 au rythme de 4 appareils par an.
Bien que le contrat de développement, à prix fixe, nait pas été renégocié, plusieurs dispositions ont été prises pour réduire les coûts dindustrialisation et de production des appareils : cest particulièrement le cas pour les versions logistique et sauvetage qui disposeront de capacités simplifiées. Le projet de budget a prévu 360 millions de francs dautorisations de programme et 209 millions de francs de crédits de paiement pour lensemble du programme ;
le besoin en hélicoptères de combat de classe 4 tonnes (24 exemplaires) est satisfait par lacquisition de 15 Panther entre 1993 et 1997. Au cours de la prochaine décennie, neuf autres appareils seront commandés pour équiper les navires qui remplaceront les avisos et les frégates antimissiles de classe Suffren ;
le parc dhélicoptères légers de soutien sera composé de Dauphin et dune nouvelle génération remplaçant les Alouette III mais dont la définition na pas encore été arrêtée.
b) Le programme Rafale
La Marine a un réel et immédiat besoin de ce programme qui vise à remplacer trois types davions en service (Crusader, Super-Etendard et Etendard IV PM). Les principaux programmes associés concernent :
le moteur SNECMA M88-2 ;
pour les capteurs, le radar à balayage électronique RBE2, le système de guerre électronique SPECTRA, le système optronique frontal OSF ;
pour les armements, les missiles MAGIC 2 et MICA, les missiles air-sol SCALP et AASM INS, le missile air-surface ANF.
· En raison de son coût et de son importance, le programme davions Rafale a été particulièrement touché par la programmation militaire : la cible a été ramenée de 86 à 60 exemplaires (soit deux groupes aériens de 30 appareils). La revue de programmes a également revu la politique dindustrialisation et a lissé le calendrier. Le premier appareil sera livré à la Marine en 2001 et la première flottille de 10 appareils en standard F1 (seulement anti-aérien) sera constituée fin 2002, deux autres appareils étant différés mais livrés directement au standard F2 (anti-aérien et air-sol en partie).
Il est à souligner quau cours des trois années 1996, 1997 et 1998 aucun Rafale na été commandé. La commande groupée de 48 appareils (dont 15 rafale M) non passée en 1997 a été transformée en une commande de 48 appareils comprenant 28 fermes (dont 7 rafale M) et 20 en option (dont 8 Rafale M). La décision na pas encore été notifiée par le Ministre de la défense car elle fait partie des négociations sur la restructuration des industries de défense, notamment dans le rapprochement de Dassault-Aviation avec le nouvel ensemble Matra-Aérospatiale.
Sur la base de 60 appareils, le prix unitaire est évalué à 450 millions de francs en intégrant les dépenses de développement ou 328 millions de francs en les excluant. Le projet de budget pour 1999 a inscrit au titre de ce programme 1 107 millions de francs dautorisations de programme et 2 191 millions de francs de crédits de paiement (dont 1 859 millions de francs pour la production sur un article spécifique chapitre 53-71, article 31).
c) Les avions de guet aérien
· La défense aérienne du porte-avions nucléaire a justifié le programme dacquisition davions de guet embarqués E-2C Hawkeye. Ces appareils de 25 tonnes sont dotés de systèmes de détection et didentification à grande distance et sont indispensables au déploiement du groupe aéronaval.
Initialement, 4 avions devaient être commandés à la société américaine Northrop Grumman pour un coût de 6,8 milliards de francs (avec une valeur du dollar à 6 francs). La loi de programmation militaire a réduit la cible initiale à trois appareils dont deux ont déjà été commandés en 1995 et seront livrés, lun fin 1998, lautre début 1999, en cohérence avec la mise en service actif du Charles-de-Gaulle. La commande du troisième exemplaire a été reportée à 2001 pour une livraison en 2003.
La procédure dacquisition a permis de bénéficier de la logistique de la marine américaine lors des négociations avec lindustriel dans la mesure où un contrat groupé a été signé.
Sur un coût total estimé en 1998 à environ 6 milliards de francs, près de 2,5 milliards de francs de crédits de paiement ont déjà été dépensés au bénéfice de ce programme pour lequel le projet de budget prévoit 996 millions de francs de crédits de paiement.
Sont actuellement en service dans la Marine :
le porte-hélicoptères Jeanne dArc ;
4 frégates antiaériennes ou lance-missiles ;
10 frégates anti-sous-marines F-67 et F-70 ;
9 frégates de deuxième rang (dont 3 La Fayette et 6 Floréal) et 16 Avisos ;
4 TCD ;
13 chasseurs de mines tripartites et 3 bâtiments remorqueurs de sonar ;
4 pétroliers-ravitailleurs ;
4 bâtiments de soutien logistique ;
23 patrouilleurs de service public ou de police en mer ;
5 bâtiments de transport léger ;
28 navires auxiliaires de divers tonnages.
Après la livraison en 1998 du TCD Sirocco, le dernier programme important permettant de renouveler la flotte de surface dans le cadre de la programmation et de la revue de programmes concerne les frégates de souveraineté.
Cest pourquoi lâge moyen de la flotte de surface, qui est actuellement de 17 ans alors quil devrait se situer entre 12 et 15 ans de manière optimale, devrait baisser de manière temporaire avec le désarmement anticipé de bâtiments anciens, avant de remonter jusquen 2010.
a) Les frégates de souveraineté La Fayette
· Dans le domaine de la prévention et du contrôle des crises, après la livraison de la dernière frégate de type Floréal en 1994, leffort de renouvellement des capacités de vigilance et de souveraineté sappuie sur le programme de frégates légères type La Fayette. Le premier bâtiment a été admis en 1996 au service actif ; le Surcouf et le Courbet ont rallié les forces en 1997. La frégate n °4 Aconit sera admise au service actif début 1999.
La réduction des ressources prévues par la loi de programmation militaire a conduit à limiter à cinq le nombre dexemplaires de la série et à renoncer au sixième. Le maintien de la frégate n° 5 a conservé à létablissement de Lorient un plan de charges qui, sinon, aurait été catastrophique. Mais les retards de six mois pour la frégate n° 4 et de deux ans pour la frégate n° 5 qui ne sera admise au service actif quen 2002 obligeront à maintenir en service plus longtemps des avisos peu adaptés aux missions et à lentretien coûteux.
Le projet de loi de finances initiale pour 1999 prévoit 367,1 millions de francs dautorisations de programme et 663,7 millions de francs de crédits de paiement pour ce programme sur larticle spécifique 69 du chapitre 53-81.
· Deux programmes directement inspirés des frégates type La Fayette ont donné lieu à des contrats à lexportation, lun avec Taiwan (contrat Bali-Bravo de six bâtiments commandés en 1993 qui ont tous été livrés), lautre avec lArabie saoudite (contrat Sawari II signé en 1997 pour deux bâtiments).
b) La définition dune nouvelle génération de TCD
Le concept de transports de chalands de débarquement a évolué et les TCD sont devenus des bâtiments polyvalents (de plus de 11 000 tonnes) capables de transporter et de mettre à terre des forces dintervention. Le modèle de Marine 2015 comprend quatre bâtiments de ce type. Le Siroco livré en mai dernier est venu compléter la série de type Foudre. Mais les deux unités les plus anciennes, lOuragan et lOrage, doivent être remplacées respectivement en 2004 et 2006. Cest pourquoi la commande de deux bâtiments supplémentaires a été programmée.
Les futurs navires seront cependant dune conception différente de celle de la Foudre. Les études de définition se poursuivront jusquau début de lannée prochaine. Elles sont guidées par deux objectifs :
ladaptation des nouveaux TCD aux doctrines amphibies. Le nouveau bâtiment devra avoir une capacité de commandement (cest-à-dire accueillir un état-major interarmées), être interopérable et sintégrer dans une force amphibie. Mais lEtat-major de la Marine ne sest pas encore prononcé sur la capacité en hélicoptères ou la présence ou non de chalands de débarquement ;
la limitation des coûts. Lenveloppe budgétaire a été fixée à 3 milliards de francs pour deux unités, y compris les frais de développement, contre 1,945 milliard de francs valeur 97 pour le Siroco. La réalisation se fera sous la contrainte des coûts-objectifs. La démarche comparative souhaitée par la DGA analyse la réalisation de bâtiments similaires, notamment en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Elle prendra également en compte des éléments de comparaison nationale, un chantier civil privé ayant effectué une proposition de prix intéressante.
Mais il serait judicieux de construire les bâtiments dans létablissement de Brest de la DCN quitte à ce que certaines parties soient sous-traitées si la DCN sestime moins compétitive afin de respecter les coûts objectifs.
a) Les frégates Horizon
· Le programme Horizon, réalisé en coopération avec le Royaume-Uni et lItalie, vise à remplacer les frégates antimissiles Suffren et Duquesne, et à équiper la Marine dunités modernes de défense antiaérienne, en particulier au sein du groupe aéronaval. Il sagit de bâtiments de combat de plus de 6 000 tonnes qui mettront en oeuvre un hélicoptère NH 90 et seront équipés du système darmes PAAMS assurant lautodéfense antimissile et la défense à moyenne portée. Cest donc un projet ambitieux qui représente lun des principaux programmes menés dans le cadre de la coopération européenne.
· Le programme Horizon souffre de quelques incertitudes :
le premier MOU (memorandum of understanding) a été signé le 11 juillet 1994 par les Ministres de la Défense. Il prévoyait que le développement commencerait dix-huit mois plus tard. Or, deux ans après ce délai, les Britanniques, exigeants sur les performances et les critères de défense antiaérienne, nétaient toujours pas daccord sur les spécifications. Le 21 mars 1996, les Ministres de la Défense ont signé un supplément au MOU permettant de lancer la phase de définition qui durera vingt-sept mois. Si laccord sur la configuration du système nest pas modifié et si aucun partenaire du projet ne modifie ses besoins militaires, un second arrangement technique sera signé à la fin de lannée pour lancer le développement et la construction des premiers de série ;
la stratégie dacquisition repose sur la volonté de sengager sur le long terme et de faciliter la restructuration du secteur industriel. Léquipe intégrée de management, le JPO (Joint Project Office), dispose dune réelle délégation dautorité et cherche à utiliser les solutions techniques existantes avant de développer des innovations coûteuses.
Le maître doeuvre industriel du programme, IJVC (International joint venture company), comprenait DCN-International pour la France, Orizzante Spa pour lItalie et GEC-Marine pour la Grande-Bretagne. Il a sélectionné deux consortiums pour chaque sous-système majeur (SENIT, SIC et guerre électronique). Mais ces consortiums sont perturbés par les restructurations industrielles au niveau européen ; cest ainsi que GEC Marconi, qui a retardé le projet en souhaitant imposer un autre type de radar, sest retiré de la compétition. Le dépouillement doffres dont le montant est supérieur au coût fixé entraînera de nouvelles négociations ;
seuls deux exemplaires ont été inscrits pour la France dans la loi de programmation militaire au lieu de quatre exprimés dans le besoin initial. Or le partage industriel est lié au nombre de navires envisagés. Il est certain que les Britanniques ne pourront pas acquérir 12 bâtiments comme ils en affichent lintention. Dailleurs, ils nenvisagent que 4 frégates à lhorizon 2007. De même lItalie, après avoir évoqué une commande de 6 exemplaires, nen a programmé quun seul financièrement pour 2005. Pourtant leffet dannonce est primordial car il conditionne le partage industriel entre les pays.
Sur un coût global de 12,4 milliards de francs pour la part française, la programmation militaire a prévu 5,235 milliards de francs pour le programme pendant la période 1997-2002, ce qui ne permettra la commande que de deux exemplaires et la livraison du premier en 2005. Dans le projet de budget pour 1999, sont inscrits 4 106,5 millions de francs dautorisations de programme et 510,4 millions de francs de crédits de paiement sur larticle individualisé 68 du chapitre 53-81 ;
le retard dans le développement et la construction est peu compatible avec létat des deux frégates Duquesne et Suffren qui sont à bout de souffle et ne pourront pas être maintenues au-delà de 2005. De plus, la Marine ne dispose dune garantie de soutien logistique du système antiaérien Tartar que jusquen 2005 et le système PAAMS devra alors être disponible pour rénover les frégates antiaériennes Cassard et Jean Bart à moins que ne soit acquis un système américain.
Il est absolument nécessaire que ce programme aboutisse. Un échec aurait des conséquences sur la coopération européenne et entre les Marines. Les frégates Horizon constituent une chance pour la restructuration des chantiers de construction navale et pour la mise en oeuvre dun partage de compétences au niveau international.
b) Le programme darmements PAAMS
· Le programme PAAMS est dérivé du système de défense de zone SAMP/N (sol-air moyenne portée/version navale) initialement compris dans le programme franco-italien FSAF (Famille sol-air futur). Il est destiné aux frégates Horizon mais pourrait également équiper les frégates antiaériennes de précédente génération.
Le système repose sur un radar multifonctions Arabel, des lanceurs verticaux et des missiles Aster 15 et 30. Les missiles Aster sont développés en coopération par Aérospatiale, Thomson-CSF et Alenia. Dotés des solutions technologiques les plus avancées, ils constituent un programme structurant pour les industries européennes. La France et lItalie ont choisi le radar EMPAR, le Royaume-Uni a souhaité développer un radar SAMPSON. Le memorandum of understanding a été signé en mars 1996. En mai 1997 a eu lieu la signature du contrat de phase 2 mais les Britanniques ne se sont pas encore prononcés de manière définitive sur la nature du missile à courte portée. La notification du contrat global tripartite pourrait intervenir dici la fin de cette année.
La maîtrise doeuvre du programme est assurée par EUROPAAMS, filiale de droit français des sociétés GIE EUROSAM et UKAMS.
Le projet de budget pour 1999 a inscrit 476 millions de francs dautorisations de programme et 356 millions de francs de crédits de paiement pour la phase de développement sur larticle spécifique 72 du chapitre 53-81.
c) Le missile antinavire futur (ANF)
Le missile antinavire futur ANF est destiné à remplacer vers 2005 la famille Exocet, dont les performances vont décroître, et à équiper les bâtiments de nouvelle génération, notamment les frégates Horizon et les sous-marins dattaque futurs SMAF.
La capacité de pénétration du missile ANF dépendra de sa vitesse. Or, la maîtrise de la technologie du statoréacteur est assurée par Aérospatiale qui a proposé de développer le missile supersonique ANF en bénéficiant de la concordance technique avec le programme VESTA (vecteur à statoréacteur), lié au missile nucléaire ASMPA.
Ce programme constitue un enjeu technologique et économique majeur pour lindustrie française et européenne des missiles. Une stratégie de partenariat avec des industriels européens est mise en oeuvre pour diminuer les coûts de développement.
La loi de programmation militaire a prévu des crédits en faveur de ce programme en fin de période. Afin de couvrir les besoins de développement, la loi de finances initiale pour 1999 prévoit 292 millions de francs dautorisations de programmes et 139 millions de francs de crédits de paiement.
IV. LIMPÉRIEUSE RÉFORME DES CONSTRUCTIONS NAVALES
Même si certains chantiers civils participent à la réalisation ou à lentretien des bâtiments pour la Marine, la construction et la réparation navales militaires sont essentiellement assurées par la Direction des constructions navales (DCN).
Les objectifs fixés par le ministère de la Défense dès 1996 structurent le plan de réforme de la DGA et prolongent les efforts effectués depuis dix ans quant à la réduction progressive des effectifs et à lévolution des structures, compte tenu des enjeux industriels et stratégiques. Ces efforts doivent être poursuivis et complétés par une réflexion plus globale et plus profonde.
Les structures de la DCN se sont modernisées. Dune part, a été créée en 1991 une société de droit privé DCN-International dont lEtat est lunique actionnaire et qui est chargée de développer les exportations, dapporter une souplesse à lexécution des contrats et de nouer des alliances industrielles ou commerciales. Dautre part, la séparation des activités étatiques et industrielles, entreprise en 1992, sest poursuivie dans le cadre de la réforme des structures de la DGA. Le décret n° 97-35 du 17 janvier 1997 a créé deux services distincts et a redéployé les services communs.
Les services étatiques des programmes navals (environ 2 000 personnes) qui assurent les missions de planification, dexpertise et de suivi des programmes ont été rattachés à la Direction des systèmes darmes (DAS) de la DGA pour les fonctions de maîtrise douvrage tandis que les centres dessais ont rejoint la direction des centres dexpertise et dessais (DCE). Le service industriel, qui gère près de 17 000 personnes sur huit sites, est maître doeuvre de la conception, de la construction, de lintégration et de la conduite des projets industriels.
Dans la pratique, limbrication des sites et des infrastructures ne permet pas de séparer avec clarté les personnels et les services. Des liens étroits demeurent entre les structures. Ils sont dailleurs indispensables en raison des synergies indispensables et de la nécessaire intégration de certaines fonctions comme le retour dexpérience.
· La séparation sest traduite par la budgétisation de la partie étatique de la DCN et la séparation comptable des activités qui a abouti à la clôture des commandes étatiques en compte de commerce au 31 décembre 1997. Ne relèvent plus du compte de commerce que les établissements industriels et quatre centres dessais. Les installations non-industrielles ont été transférées à la DGA étatique et les stocks redéployés. Cette séparation a eu lieu à enveloppe constante et est apparue neutre du point de vue budgétaire. Mais des ajustements restent nécessaires entre les périmètres de lEtat-major de la Marine et de la DGA.
Les deux tableaux suivants fournissent plusieurs indications pour estimer lévolution du plan de charges de la DCN dans son ensemble et celle de ses différents établissements.
Dès la fin des travaux de programmation en 1996, un nouveau processus dadaptation des effectifs aux prévisions de baisse de plan de charge a été engagé car lessentiel des difficultés dans les principaux sites de la DCN était lié à la diminution du nombre dheures productives : 24 millions réalisés en 1996 ; 22,1 en 1997 ; 18,8 millions en 1998 ; environ 17 millions programmés pour 1999.
Les répartitions entre établissements sont insuffisantes pour permettre les ajustements. En effet, les aléas des calendriers comme la difficulté de gérer des programmes complexes expliquent quau moment où se dégrade le nombre global dheures productives, les établissements connaissent provisoirement des situations diversifiées, en raison, par exemple, de contrats à lexportation (sous-marins Agosta à Cherbourg, frégates du contrat Mouette à Toulon) ou de diversifications (plates-formes offshore à Brest).
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PRINCIPAUX CHANTIERS EN COURS
DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE LA DCN (au 1er octobre 1998)
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Nom
|
Commande
|
Mise sur cale
|
Admission
au service
actif
|
Heures de
travail
(en milliers)
|
Chantier
|
SNLE-NG n° 2
Le Téméraire
|
1989
|
1990
|
1999
|
11 600
|
Cherbourg
|
SNLE-NG n° 3
Le Vigilant
|
1993
|
1997
|
2003
|
10 900
|
Cherbourg
|
Porte-avions nucléaire
Charles-de-Gaulle
|
1986
|
1989
|
fin 1999
|
16 450
|
Brest
|
Frégate Aconit
|
1992
|
1996
|
1999
|
1 435
|
Lorient
|
Frégate Guépratte
|
1992
|
1997
|
2002
|
1 435
|
Lorient
|
(Source : ministère de la Défense - DCN)
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PLAN DE CHARGE DES ÉTABLISSEMENTS
|
(en milliers dheures de production)
|
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
estimation
|
1999
prévision
|
2000
prévisions
|
Brest
|
7 235
|
7537
|
7 310
|
5 800
|
5 440
|
3 530
|
Cherbourg
|
3 788
|
3 915
|
4 299
|
3 900
|
2 950
|
2 600
|
Lorient
|
4 887
|
3 932
|
2 847
|
2 780
|
2 320
|
2 950
|
Toulon
|
3 921
|
4 468
|
4 070
|
3 220
|
3 410
|
3 030
|
Indret
|
2 005
|
2 081
|
1 330
|
1 644
|
1 250
|
900
|
Ruelle
|
1 105
|
1 063
|
1 012
|
900
|
770
|
590
|
St-Tropez
|
276
|
274
|
230
|
(1)
|
(1)
|
|
Papeete
|
382
|
363
|
379
|
310
|
280
|
230
|
Ingénierie
|
564
|
626
|
574
|
580
|
580
|
550
|
Total
|
23 885
|
23 985
|
22 135
|
18 820
|
17000
|
14 380
|
(1) DCN-Ingénierie comprend Saint-Tropez à partir de 1998
(Source : ministère de la Défense - DCN))
|
a) Un phénomène dune ampleur exceptionnelle
La déflation des effectifs dans les établissements de la DCN constitue une évolution majeure depuis dix ans. Elle a précédé la réforme des structures puisque 6 000 emplois ont disparu du milieu des années 80 au milieu des années 90. Comme le montre le tableau suivant, le rythme de réduction pour la seule partie industrielle a même atteint 30 % de 1993 à 1998, soit 6 % par an.
Les comparaisons en tendance ne peuvent être effectuées que sur les effectifs pris en compte par le compte de commerce (dits ECC), en général supérieurs aux effectifs nets réalisés (dits ENCR). En fait, il est toujours difficile de connaître les effectifs des établissements car de multiples modes de comptabilisation existent. Pour les exercices 1998 et 1999, les données correspondent aux effectifs budgétaires du compte de commerce cest-à-dire aux personnels de la DCN proprement dite et à ceux de quatre établissements transférés à la DCE en janvier 1997 (Gesma, Gerbam, CTSN et Bassin dessais des carènes). De plus, la DGA fixe à la DCN des effectifs autorisés mais on constate que les effectifs réalisés sont légèrement supérieurs (les sureffectifs sont estimés à 117 personnes en 1998).
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ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DES ÉTABLISSEMENTS
(au sens deffectifs à la charge du compte de commerce)
|
|
1993
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
estimation
|
Evolution
1993-1998
|
Brest
|
6 224
|
5 823
|
5 595
|
4 980
|
4 500
|
- 27,7 %
|
Cherbourg
|
4 318
|
4 039
|
3 950
|
3 648
|
3 350
|
- 22,4 %
|
Lorient
|
3 305
|
3 005
|
2 786
|
2 515
|
2 260
|
- 31,6 %
|
Toulon
|
4 703
|
4 345
|
4 057
|
3 777
|
3 170
|
- 32,6 %
|
Indret
|
1 939
|
1 534
|
1 484
|
1 384
|
1 280
|
- 34 %
|
Ruelle
|
1 496
|
1 373
|
1 312
|
1 193
|
1 030
|
- 31,2 %
|
St-Tropez
|
566
|
529
|
502
|
432
|
(1)
|
|
Papeete
|
400
|
366
|
332
|
284
|
270
|
- 29 %
|
Ingénierie
|
840
|
825
|
842
|
865
|
1 200
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total (2)
|
28 401
|
24 600
|
23 660
|
21 790
|
18 553 (3)
|
- 34,7 %
|
(Source : ministère de la Défense-DCN)
(1) DCN Ingénierie comprend les effectifs de St-Tropez à partir de 1998
(2) Autre série statistique portant sur des effectifs réalisés et incluant les effectifs du siège
(3) Environ 2 000 emplois transférés du compte de commerce en zone budgétaire
|
La réduction prévue en 1998 pour les effectifs autorisés concerne près de 2 000 personnes, soit 10,4 %. Lampleur du phénomène mérite dêtre soulignée.
· Devant la réduction du plan de charges, la tendance immédiate est de rapatrier la sous-traitance à lintérieur des établissements et dutiliser dans les différents bassins demploi le taux de sous-traitance comme variable dajustement. Cest pourquoi, ce taux, qui correspond au rapport de la charge sous-traitée (en sous-traitance interne et en sous-traitance externe) sur la charge pilotée (production de létablissement et charge sous-traitée) est en nette régression pour tous les établissements, particulièrement dans les bassins de Brest, Indret et Toulon. La réduction brutale de la part de la sous-traitance interne (STI) est également révélatrice de la dégradation des plans dactivité et de la récupération de tâches par la DCN.
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Établissement
|
Taux de sous-traitance
|
Investissement
(en millions de francs)
|
|
1997
(réalisation)
|
1998
(estimation)
|
1998
|
1999
|
Brest
|
38 %
|
27 %
|
19,8
|
59
|
Cherbourg
|
31 %
|
29 %
|
32,4
|
28
|
Indret
|
23 %
|
23 %
|
14
|
14
|
Lorient
|
29 %
|
29 %
|
35,7
|
42
|
Ruelle
|
8 %
|
4 %
|
13,9
|
14
|
Saint-Tropez
|
NC
|
NC
|
|
|
Toulon
|
35 %
|
23 %
|
56
|
59
|
Papeete
|
19 %
|
25 %
|
4,6
|
4
|
Autres
|
NC
|
NC
|
66,1
|
70
|
Total
|
32 %
|
25 %
|
242,5
|
290
|
(Source : DCN, modifié) NC : chiffres non communiqués
|
b) Des conséquences sociales et professionnelles considérables
· Limportance de la réduction des effectifs nétait pas compatible avec les seuls départs naturels estimés à environ 1 800 sur la période de programmation. Cest la raison pour laquelle de multiples mesures dincitation ont été prises.
Plusieurs instructions concernent les congés de fin dactivité, les aides à la création dentreprise, la cessation anticipée dactivité pour les personnels fonctionnaires ou contractuels voire les départs volontaires.
Mais la disposition la plus innovante vise les personnels sous statut ouvrier. Le décret n° 96-394 du 7 mai 1996 concerne le dégagement des cadres des ouvriers âgés dau moins 55 ans. Il a été complété par le décret n° 98-358 du 12 mai 1998 qui autorise, jusquen 2000, le dégagement des cadres des personnels à statut ouvrier âgés de 52 ans ou plus et de moins de 55 ans. Les personnels qui totalisent 37 ans et demi dannuités bénéficient dune retraite à effet immédiat. Les autres reçoivent jusquà lâge de 60 ans une allocation unique dégressive qui leur assure un complément de ressources mais cette allocation et la pension sont plafonnées au niveau du salaire dactivité.
· Privilégier une vision comptable comporte cependant des risques car les mesures quelle inspire peuvent ne préserver ni les compétences ni la transmission des savoir-faire. En effet, lajustement des effectifs par les mesures dâge ne tient pas compte de lidentification des métiers indispensables qui détermine, pour chaque site et pour chaque métier, les seuils critiques en deçà desquels des menaces pèsent sur lavenir industriel. Cest pourquoi le dégagement des cadres à 52 ans est conditionné par le volontariat de lintéressé et laccord de la DCN.
Par ailleurs, la gestion des effectifs doit reposer sur un repyramidage donc sur le recrutement de jeunes, leur formation et leur expérience garantissant le maintien des compétences et la mise en oeuvre de nouvelles technologies.
Lévolution actuelle de la DCN ne remet en cause ni son statut de ni celui de ses personnels. Cette volonté, répétée par le Ministre de la Défense, doit être soulignée. Toutefois, cette option nécessite daller jusquau bout des évolutions qui sont possibles dans le cadre juridique actuel, notamment pour assouplir les méthodes de gestion sur lesquelles votre Rapporteur est déjà intervenu et pour promouvoir une nouvelle approche. Cest dailleurs le sens de la mission daccompagnement de la réforme de la DCN.
a) Les procédures de gestion
Les règles actuelles de gestion comportent des inconvénients. Le recours aux dispositions de passation des marchés auxquelles est soumise la DCN nest pas adapté à la nature des activités industrielles. Cest en particulier le cas pour les procédures dappel doffres qui deviennent peu compatibles avec les marchés à lexportation.
Plusieurs solutions ont été recherchées pour assouplir les procédures applicables dans le respect de la réglementation actuelle des marchés publics. Elles sinspirent du régime des opérateurs de réseaux (dans les secteurs de leau, de lénergie, des transports et des communications) qui ouvre davantage la voie aux marchés négociés. Cest ainsi quont été envisagées les possibilités de choisir entre la procédure dappel doffres et celle de marchés négociés après mise en concurrence, de nouer des accords de partenariat avec des fournisseurs ou dutiliser un système de qualification des fournisseurs.
La parution dun nouveau code des marchés publics fournissait loccasion dintroduire des dispositions plus favorables pour la DCN. Mais la Commission centrale des marchés na pas repris celles-ci dans un décret particulier.
Une autre possibilité aurait été de constituer une commission spécialisée pour les marchés de la DCN afin de mieux prendre en compte les préoccupations industrielles et de réduire les délais, surtout lorsque les produits utilisés nentrent pas dans la catégorie des matériels de guerre ou sont liés à des contrats à lexportation.
Votre rapporteur ne peut que regretter quaucun progrès nait été enregistré et que le respect de procédures trop strictes reste imposé à la DCN. LEtat doit être conscient quil ne peut exiger une réforme profonde et une amélioration de lefficacité tout en maintenant parallèlement des règles contraignantes.
b) La conquête de nouveaux débouchés
La conquête de nouveaux débouchés passe par louverture à linternational et la diversification. Mais les limites inhérentes à ces exercices dans les conditions précitées conduisent à relativiser les objectifs.
· Suite aux travaux du groupe de réflexion sur lavenir de la DCN et aux deux rapports qui ont été successivement présentés en 1996, la DCN sest fixé, pour la recherche de débouchés à lexportation, un objectif ambitieux de 20 à 30 % du marché mondial dans les dix ans à venir, ce qui correspond à un enjeu de plus de 3 milliards de francs par an.
Plusieurs contrats importants ont été signés depuis sept ans : six frégates La Fayette pour Taiwan (Bali-Bravo), maintenance des frégates du programme Sawari I et trois frégates Sawari II pour lArabie Saoudite (Mouette), trois sous-marins Agosta pour le Pakistan, modernisation du système de combat Senit sur des patrouilleurs norvégiens en collaboration avec le chantier Konsberg, cinq chasseurs de mines type Circé pour la Turquie, deux sous-marins à propulsion conventionnelle Scorpène pour le Chili, en coopération avec le chantier espagnol Bazan.
· La diversification des marchés ou des produits constitue une approche différente. Elle vise à la conquête de nouveaux marchés (civils ou militaires) dans des domaines qui ne sont pas directement liés aux productions mais reposent sur le coeur des compétences humaines et technologiques des établissements. Elle passe par la valorisation de technologies duales comme les produits en composites à Lorient, les structures mécanosoudées à Brest ou la micro-mécanique à Ruelle.
Lobjectif fixé à la diversification est moindre car elle ne permettra jamais de compenser la baisse dactivités et restera une activité marginale. La voie la plus significative actuellement est loffshore. Le site de Brest a rénové ou construit deux plates-formes pétrolières de forage offshore.
· Lamélioration des capacités de DCN-International est restreinte par de multiples limites.
Le capital social de DCN-International, à lorigine de 8 millions de francs, a été porté à 102,8 millions de francs par lacquisition de 7 % du capital de la Sofresa et de 16 % de celui de la Sofma. Les fonds propres atteignent 400 millions de francs. Par ailleurs, une réserve statutaire de 210 millions de francs est en place depuis 1994. Mais le soutien financier de lEtat reste essentiel notamment pour les cautions de restitution car les fabrications de la DCN ne bénéficient pas encore de la garantie COFACE.
Actuellement, DCN-International prélève une commission de 3 % sur les montants financiers des contrats à lexportation. Même si le prélèvement forfaitaire en faveur du fisc se réduit de 50 à 33 %, DCN-International ne dispose pas dune marge financière importante. Par ailleurs, louverture sur linternational suppose la réalisation dalliances industrielles, donc des participations, ou la création de filiales communes (quil faut doter en capital). Le système des GIE nest plus suffisant ni adapté. Il correspondait à un système de partage de travail et ne permettra pas des alliances lourdes. De plus les contrats comportent des dispositions sur les compensations qui nécessitent des capacités financières.
La reprise des excédents sur le contrat Bali-Bravo, opéré par la loi de finances rectificative de 1997 à hauteur de 1 400 millions de francs, illustre une contradiction majeure : les excédents financiers sur certains contrats ne peuvent être transférés aux opérations déficitaires. Les résultats ne peuvent pas même être affectés sur décision du conseil de gestion, ne serait-ce quaux études amont indispensables aux contrats à lexportation futurs. Mais il est fait reproche à la DCN de perdre de largent sur certains contrats alors que la décision de les signer a été avant tout politique et on sétonne quelle ne puisse compenser des pertes occasionnées ici par des gains opérés ailleurs.
· En dehors du fait que les exportations de matériels navals militaires ne sont pas envisageables si elles doivent saccompagner de transferts de technologies, dautres phénomènes restreignent les possibilités de conquête des marchés.
Le marché mondial correspond peu aux produits en service dans la Marine et se situe en marge du domaine habituel de la DCN : il est parfois difficile de convaincre les clients lorsque les navires proposés ne sont pas en service ou nont pas encore été construits (cest la difficulté majeure des offres de nouveaux sous-marins Scorpène), ou lorsquils souhaitent des bâtiments robustes et peu armés de 1 000 à 1 500 tonnes.
De manière générale, la restructuration et la modernisation de la DCN et, dans une moindre mesure des chantiers civils, sont plus subies quanticipées. Il y a aujourdhui une absence de lisibilité à long terme sur ce que doit être la construction navale civile et militaire dans notre pays. Cest le résultat dune gestion courante en fonction des crises et de labsence de définition dune stratégie. La contrainte sur les acteurs provient autant de labsence de perspectives que de la crise conjoncturelle.
Les objectifs de la mission daccompagnement de la réforme de la DCN, créée par larrêté du 2 juin 1998 et confiée à M Jean-Louis Moynot, sont multiples. Il sagit :
délargir le processus de réorganisation de la DCN (...) et de recommander les plans daction appropriés ;
de rechercher une structuration globale de la coopération industrielle entre la DCN et ses principaux partenaires (...) ;
détudier lorganisation interne des établissements en matière industrielle, sociale et économique ainsi que leurs relations avec la direction centrale et de proposer les évolutions opportunes ainsi que les modalités éventuelles .
La mission est chargée de présenter un rapport qui devrait être remis dans les prochaines semaines. Il est à souhaiter que celui-ci tienne compte de la situation conjoncturelle (baisse des plans de charge) et structurelle (les éléments juridiques et économiques sont-ils adaptés ?).
· Par ailleurs, à la fin de lannée dernière, le Ministre de la défense a demandé à la DCN délaborer un plan dentreprise qui sinscrit dans un cadre déterminé :
la spécialisation des établissements dans les métiers stratégiques et la croissance de la sous-traitance globale des autres activités ;
le renforcement des synergies entre les principales activités que constituent la construction neuve, le maintien en condition et les systèmes de combat ;
le renforcement de lefficacité et de la cohérence des fonctions transversales (comptabilité, finances, ressources humaines, achats, action commerciale).
Ainsi, il semble nécessaire de préciser, deux ans après son lancement, le périmètre et le calendrier du plan de progrès DCN 2000 et de présenter une véritable stratégie industrielle.
Les deux exercices sont liés. La mission daccompagnement participe aux discussions et aux travaux internes à la DCN pour lélaboration du plan dentreprise.
TRAVAUX EN COMMISSION
I. AUDITION DE M. ALAIN RICHARD, MINISTRE DE LA DÉFENSE
La Commission de la Défense a entendu, le 9 septembre 1998, M. Alain Richard, Ministre de la Défense, sur le projet de loi de finances pour 1999.
Accueillant le Ministre de la Défense, le Président Paul Quilès a rappelé que la Commission de la Défense était particulièrement attentive aux conditions de la professionnalisation, au retour des crédits déquipement à un niveau permettant de mener à bien le programme de modernisation des forces ainsi quà lamélioration de la transparence et de la lisibilité du budget de la Défense, en loi de finances initiale comme en exécution.
Le Ministre de la Défense a présenté les principales orientations du budget de la Défense contenues dans le projet de loi de finances pour 1999, adopté le 9 septembre 1998 par le Conseil des Ministres. Il a rappelé que le budget de lexercice précédent avait fait de la poursuite de la réforme des armées et de la professionnalisation sa priorité et sétait traduit, dune part, par une conformité du titre III aux objectifs fixés dans la loi de programmation et, dautre part, par une réduction temporaire des crédits déquipement par rapport à cette même loi, en raison des contraintes de lassainissement des finances publiques.
Il a relevé que les difficultés entraînées par cette réduction des ressources disponibles pour léquipement des armées ne pouvaient être surmontées quà la condition dun réexamen densemble de la cohérence des choix financiers de la loi de programmation militaire, constat qui avait présidé à la revue de programmes et donné lieu, en conséquence, à un ajustement des flux financiers prévus. Il a dailleurs souligné que le projet de loi de finances pour 1999 appliquait les conclusions de la revue de programmes concernant les crédits déquipement, tout en répondant à une vision à long terme des besoins de la défense. Il sest également félicité des conditions délaboration du budget de la Défense, qui navait pas nécessité le recours à larbitrage du Premier Ministre, en ajoutant que la nouvelle présentation des crédits portait la marque dun effort de clarification comptable répondant notamment aux souhaits réitérés de la Commission de la Défense.
M. Alain Richard a ensuite présenté les principaux chiffres du projet de loi de finances pour 1999. Il a indiqué que le titre III, dun montant de 104 milliards de francs, progressait de 240 millions de francs par rapport à la loi de finances initiale pour 1998, concédant que ce montant aurait été plus élevé si lon avait appliqué les règles générales dindexation mais soulignant quil restait conforme aux objectifs de la programmation. Quant aux crédits des titres V et VI, il a déclaré quils sétabliraient à 86 milliards de francs, ce qui, par rapport aux 81 milliards de francs du budget voté de 1998, représentait une augmentation dautant plus forte en termes réels que la valeur des achats déquipements militaires avait tendance à suivre lévolution de lindice des prix industriels, nettement inférieure à celle de lindice des prix. Il a indiqué quau total, les crédits militaires hors pensions progresseraient de 2,9 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998.
Le Ministre de la Défense a souligné que le projet de budget permettait de poursuivre la professionnalisation des forces, qui perdraient en 1999 un peu plus de 30 000 appelés et 2 690 sous-officiers, le nombre dofficiers demeurant globalement stable, alors que seraient créés environ 16 000 emplois, soit, notamment, 8 400 militaires du rang, 4 750 volontaires, dont 3 000 dans la Gendarmerie, et 1 900 emplois civils. Il a fait observer que la baisse de 9 % des crédits de fonctionnement, corrélée à lévolution des effectifs, namputait pas le pouvoir dachat du titre III, des économies non pénalisantes ayant été rendues possibles en 1999, notamment par lévolution du prix du pétrole ou par laugmentation des ressources extrabudgétaires du Service de santé des armées.
Sagissant des crédits déquipement du budget de la Défense, le Ministre de la Défense a souligné que leur évolution marquait un rattrapage par rapport à la précédente loi de finances et traduisait les conclusions tirées de la revue de programmes. Il a fait observer que les ressources affectées à la dissuasion se trouvaient confortées, le programme de SNLE de nouvelle génération se poursuivant normalement, avec ladmission au service actif du deuxième SNLE-Ng en juillet 1999 et un objectif de mise en service du dernier SNLE-Ng en 2008. Evoquant les crédits consacrés à lespace, il a rappelé le caractère prioritaire du programme Hélios II et indiqué, sagissant du programme Trimilsatcom, que la décision de retrait britannique du 12 août 1998 nentravait pas la coopération entre la France et lAllemagne dans ce domaine, les deux partenaires ayant décidé de modifier, en les simplifiant, certaines spécifications du programme.
En ce qui concerne les armements conventionnels, il a indiqué que lannée 1999 verrait la poursuite des livraisons de chars Leclerc, à raison de 33 exemplaires, le lancement du programme VBCI réalisé en collaboration avec la Grande-Bretagne et lAllemagne, lentrée dans la phase de fabrication du programme Tigre, la livraison du premier Rafale Marine, du deuxième Hawkeye, le lancement du programme de TCD de nouvelle génération et la poursuite du programme dhélicoptère NH-90. Il a également fait valoir que, pour la Gendarmerie, les délais déquipement du programme Rubis seraient respectés puisque, fin 1999, 85 départements seraient équipés, ce qui permettait dêtre désormais sûr de lachèvement du programme à la fin de lannée 2000.
M. Alain Richard a également fait remarquer que leffort du ministère de la Défense en matière de recherche et développement dépasserait 21 milliards de francs en 1999 contre 19,6 dans la loi de finances initiale pour 1998.
Il a indiqué par ailleurs que près dun milliard de francs seraient consacrés à laccompagnement économique des restructurations sous la forme de dotations du Fonds pour les restructurations de la Défense (FRED) et du Fonds dadaptation industrielle (FAI), destinées à financer laccompagnement économique et social des restructurations, tandis que les aides au départ et à la mobilité, accordées dans le cadre de la professionnalisation, représenteraient plus de 1,8 milliard de francs. Sur ce dernier point, il a fait observer que, conformément à la loi de programmation, les crédits relatifs aux pécules connaîtraient leur première baisse puisquils se monteraient à 810 millions de francs au lieu de 900 en 1998. Il a ajouté quaprès la réalisation complète des prévisions de départ pour 1998, ce montant devrait assurer le départ aidé de 900 officiers et 2 000 sous-officiers en 1999.
Evoquant les restructurations industrielles, le Ministre a indiqué que les efforts de la DGA produisaient désormais leurs fruits en matière de coûts et de délais et mis laccent sur le dialogue mené avec les industriels de la défense. Sur le point plus précis des relations de la DGA avec les PME-PMI, il a fait observer que, désormais, de nouveaux moyens, notamment en personnel, seraient affectés spécifiquement à cette tâche.
Le Ministre de la Défense a alors analysé la participation du budget de son département à la politique générale du Gouvernement en faveur de lemploi, de la sécurité intérieure et de la construction européenne.
Sagissant de la politique de lemploi, il a souligné à nouveau que le ministère allait ouvrir en 1999 de lordre de 16 000 recrutements dont plus de 13 000 de militaires du rang et de volontaires, cest-à-dire des emplois destinés à des jeunes de qualification moyenne et faible. Il a ajouté que 15 millions de francs seraient consacrés à laccompagnement social des jeunes sans emploi en fin de contrat et rappelé que le ministère prenait sa part des efforts de relèvement des rémunérations les plus basses, quil sagisse de celles des militaires ou de celles des personnels civils.
Sagissant de leffort en matière de sécurité intérieure, il a précisé quen relève des appelés, 3 000 volontaires allaient être recrutés par la Gendarmerie en 1999 en complément des 800 recrutés par anticipation dans les prochaines semaines. Il a toutefois fait observer que leffort en faveur des effectifs de la Gendarmerie engendrerait en contrepartie un alourdissement des charges de formation, consécutif, notamment, à laccroissement du nombre de départs à la retraite dans les prochaines années, de 2 000 à 4 000 par an. Il a ajouté que le renforcement des effectifs de la Gendarmerie dautoroute serait néanmoins poursuivi pour tenir compte de laccroissement du kilométrage autoroutier et annoncé que, dans le cadre du programme de renouvellement des hélicoptères Alouette III, la première commande dhélicoptères biturbines allait être passée.
M. Alain Richard a alors décrit la part prise par le ministère de la Défense à la politique européenne du Gouvernement. Il a fait ressortir la participation accrue de la France au développement dune industrie de défense européenne compétitive et attiré lattention sur la signature du traité instituant lOCCAR. Sur ce point, il a fait remarquer la forte volonté des signataires de déléguer à lOCCAR la gestion de nouveaux programmes, indiquant que les Britanniques avaient fait part de leur intention de porter à 40 % la part des programmes européens dans leurs acquisitions.
Il a également souligné que la France faisait pleinement appel aux crédits de reconversion de lUnion européenne (fonds KONVER et Objectif 2).
En conclusion, il a indiqué que le projet de budget pour 1999 marquait une nouvelle étape dans la modernisation et ladaptation de nos capacités de défense tout en contribuant efficacement à la mise en oeuvre des grands objectifs du Gouvernement. Il a également mis laccent sur lefficacité des armées dans laccomplissement de leurs missions extérieures, puisque lannée 1998 avait vu, outre la conduite dopérations sur divers théâtres, la mise en oeuvre de plusieurs interventions dévacuation de nos ressortissants, tout en rendant hommage aux qualités dont elles faisaient preuve dans lexercice de leurs missions intérieures. Evoquant la participation du ministère de la Défense à la sécurité de la Coupe du Monde de football, il a à ce propos tenu à rendre hommage au gendarme Nivel, symbole du dévouement et de lefficacité des armées dans lensemble de leurs missions.
Rappelant que larrêté dannulation et le décret davance du 21 août 1998 avaient réduit de 3,8 milliards de francs les crédits déquipement de lexercice 1998 et ouvert sur le même exercice un crédit de 3,8 milliards de francs en vue de couvrir des charges de personnel, notamment au titre des opérations extérieures, le Président Paul Quilès sest demandé si, dans la mesure où une bonne partie de ces opérations pouvait être prévue en début dexercice, une provision ne pourrait pas être instituée en loi de finances initiale pour faire face aux charges quelles entraînent, ce qui permettrait ainsi un meilleur contrôle parlementaire.
Remarquant également quune partie des crédits ouverts par le décret davance semblait destinée à remédier à linsuffisance des dotations initiales pour la rémunération des VSL (volontaires service long), il sest demandé si cet ajustement ne traduisait pas certaines dérives en matière de rémunérations et sest interrogé sur leur perpétuation en 1999.
Abordant alors la réforme destinée à rapprocher la comptabilité des investissements du ministère de la Défense de celle des ministères civils, il a souhaité savoir si lon pouvait en attendre une plus grande conformité des autorisations de programme du budget de la Défense à la définition qui en est faite par lordonnance de 1959 relative aux lois de finances, soulignant quune telle amélioration faciliterait le contrôle parlementaire des dépenses en capital, grâce notamment à linscription dans le fascicule budgétaire de la Défense déchéanciers véritablement significatifs des crédits de paiement. Il a également demandé dans quelles conditions le montant en autorisations de programme des nouvelles opérations budgétaires dinvestissement ainsi que leur échéancier en crédits de paiement seraient portés à la connaissance des rapporteurs budgétaires.
Enfin, sagissant des commandes groupées, il a souhaité savoir si leur montant en était connu et si elles feraient lobjet dune individualisation au sein du fascicule budgétaire de la Défense.
M. Alain Richard a apporté les éléments dinformation suivants :
le décret davance qui porte sur 3,8 milliards de francs couvre en partie (1 milliard de francs) les surcoûts liés aux opérations extérieures. Il ouvre également des dotations supplémentaires pour assainir la situation des chapitres de rémunérations, afin déviter des tensions de trésorerie avant le collectif budgétaire prévu en novembre prochain ;
environ 300 millions de francs de crédits provisionnels avaient été inscrits pour la première fois dans le projet de budget pour 1998 pour couvrir une part des surcoûts entraînés par les opérations extérieures. Dune part, il est difficile dévaluer à lavance lampleur de ces surcoûts. Dautre part, cette provision, souhaitée par le Ministre de la Défense, doit rester modérée et ne saurait dépasser à terme un milliard de francs ;
le débat politique avec le Parlement sur les opérations extérieures se déroule habituellement au moment de lexamen de la loi de finances rectificative de fin dannée mais il serait souhaitable que le Ministre de la Défense vienne, dès le printemps, présenter les principales dépenses liées à ces opérations ;
les VSL permettent daccompagner la professionnalisation. Parce quil na pas été possible dinscrire en 1998 des postes de volontaires pour pallier la disparition des appelés, les armées ont été autorisées à recourir à des VSL en anticipation de larrivée des volontaires ;
la couverture du décret davance repose sur des annulations de crédits déquipement. Mais ces annulations seront compensées par une autorisation de consommer un montant équivalent de crédits de report de lexercice 1997 sur lexercice 1998 afin de garantir la capacité de dépenses du ministère de la Défense pour lexercice en cours ;
la mise en oeuvre au sein du ministère de la Défense de la nouvelle comptabilité spéciale des investissements (CSI) sest traduite par des retards de paiement au détriment des fournisseurs, en particulier des PME, et lapplication de la réforme de la nomenclature budgétaire prévue par le projet de loi de finances pour 1999 risque dentraîner des conséquences de même nature. Les retards provoqués par lintroduction de la CSI devraient toutefois être rattrapés dici quelques mois afin que la consommation des crédits approche, à la fin de lexercice 1998, les montants inscrits en loi de finances initiale ;
la présentation du budget pour 1999 se place dans la cohérence des demandes des commissions parlementaires. Elle fait passer de 7 à 8 le nombre de chapitres du ministère de la Défense et permet, notamment, de détailler, dans le chapitre des fabrications, 25 articles, correspondant chacun à un grand programme ;
cinq commandes groupées de matériels pour un montant dengagements denviron 11 milliards de francs ont été lancées en 1997 et deux nouvelles commandes de ce type seront sans doute attribuées en 1999. Le Gouvernement ne pourra confirmer publiquement la commande groupée des 48 Rafale quen 1999 car, si lessentiel de la négociation est effectué, il reste certaines questions à régler avant la signature définitive du contrat.
Après sêtre félicité de laugmentation des titres V et VI en loi de finances initiale et des efforts effectués dans certains domaines, en particulier dans ladéquation des autorisations de programme et des crédits de paiement, M. Arthur Paecht a émis la crainte que la loi de finances rectificative pour 1998 ne vienne à nouveau amputer les crédits déquipement pour abonder les dépenses liées aux opérations extérieures. Ayant estimé ambitieux lobjectif de fabriquer en coopération européenne près de 40 % des programmes en valeur, il sest interrogé sur la nature de lidentité européenne de défense qui soutiendra le développement de lOCCAR. Enfin, il a évoqué lélaboration du nouveau concept stratégique de lAlliance atlantique et a souhaité obtenir des informations complémentaires sur la participation de la France aux structures intégrées alliées.
M. Jean-Yves Le Drian sest étonné que le projet de budget pour 1999 prévoie le lancement du développement de deux frégates Horizon dans la mesure où il navait pas eu connaissance que des progrès significatifs avaient été récemment accomplis dans la définition des spécifications de ce programme en coopération trilatérale. Evoquant la réforme de la DCN, il a souhaité avoir des précisions sur la méthode et le calendrier retenus par le ministère de la Défense.
Estimant quil ressortait des propos du Ministre de la Défense que laugmentation du titre III ne correspondait pas à celle du coût de la vie, M. Michel Voisin a souhaité que leffort entrepris en faveur de la professionnalisation ne soit pas terni par une altération de la qualité de vie des personnels militaires. Notant quune dotation supplémentaire de 40 millions de francs était affectée aux réserves, il a demandé quel était létat davancement des travaux délaboration du projet de loi les concernant. Sagissant de la réorganisation des services de police et de Gendarmerie, il a indiqué que la réforme annoncée avait soulevé, notamment dans la zone périurbaine de Lyon, de vives protestations de la part des élus locaux et des populations qui craignent quil sensuive une altération des conditions de sécurité et a regretté quelle nait été précédée daucune véritable consultation préalable. Evoquant lannonce de la double commande de 80 hélicoptères Tigre faite à la suite de la rencontre des Ministres de la Défense à Berlin, il a souhaité savoir si ces commandes avaient été notifiées à lindustriel. Enfin, il sest inquiété du maintien des effectifs et des spécificités de la Légion étrangère ainsi que des troupes de marine.
M. René Galy-Dejean a fait part de sa satisfaction au regard dun budget quil a considéré comme une assez bonne surprise, après les résultats de la revue de programmes, et indiqué quil portait des appréciations également positives sur la politique suivie en matière de restructuration industrielle. Il a toutefois regretté que les négociations avec le ministère du Budget naient pu permettre dobtenir une augmentation du montant des crédits militaires et en particulier de ceux du titre III, en rapport avec lamélioration sensible des recettes fiscales. Rappelant que le contexte international avait sensiblement évolué dans le domaine de la prolifération nucléaire et balistique depuis lélaboration du précédent budget, il a souhaité savoir si cette situation avait été prise en compte dans la fixation des orientations budgétaires concernant la dissuasion et si le Ministre avait pu constater lémergence dune prise de conscience européenne en ce domaine.
Après avoir fait valoir que laugmentation des crédits de la Défense pour 1999 était conforme aux engagements précédents du Gouvernement et que le projet de budget reflétait la priorité accordée à lemploi, M. Yann Galut a fait part de ses préoccupations quant à lavenir de GIAT-Industries, en ce qui concerne notamment le secteur armes et munitions, la nature de la participation française au VBCI, et plusieurs incertitudes relatives à la revalorisation des matériels dartillerie de type 155 AUF 1 ou aux commandes portant sur le système Minotaur et les tourelles dhélicoptères. Il a noté avec satisfaction laccroissement des crédits de recherche-développement, qui lui a paru témoigner du souci de préserver lavenir des industries françaises de défense et a souhaité savoir quels moyens pouvaient être accordés, dans le cadre de cet effort, à des programmes tels que le VEXTRA, lartillerie future des chars de combat et les munitions intelligentes. Sagissant des aides à la diversification des entreprises de défense, il a souhaité savoir quelle avait été laffectation des crédits inscrits à ce titre dans le budget pour 1998. Il sest enfin félicité de lannonce de la prochaine commande pluriannuelle de 48 Rafale et des engagements pris en faveur du programme ATF, tout en indiquant que parmi les trois options évoquées par le Ministre, il souhaitait que celle proposée par Airbus Industrie soit privilégiée.
M. Georges Lemoine sest félicité que le projet de budget de la Défense pour 1999 vienne atténuer certaines inquiétudes concernant les moyens alloués à la Gendarmerie, notamment en matière de volontariat. Se déclarant satisfait à cet égard de louverture, par anticipation, de 800 postes de volontaires en 1998 et des objectifs de recrutement fixés pour 1999, il a toutefois fait état des difficultés que pourrait soulever, dans les brigades, la durée de formation de ces personnels, nettement supérieure à celle des actuels gendarmes auxiliaires. Il a ensuite évoqué les nombreuses inquiétudes suscitées, chez les élus, par le rapport de MM. Roland Carraz et Jean-Jacques Hyest. Il a plaidé en faveur dune information accrue des élus locaux sur les propositions énoncées dans ce rapport, dont il a souligné quil avait été peu lu et estimé que lintervention du Directeur général de la Gendarmerie nationale devant le congrès des maires de France, au mois de novembre, pourrait participer de cette meilleure information. Après sêtre félicité des perspectives dachèvement du programme Rubis, il a soulevé la question des conditions de vie et des casernements, qui risquait dêtre rendue plus difficile par larrivée des volontaires. Il a enfin interrogé le Ministre sur la contribution des sociétés autoroutières au financement des pelotons de gendarmerie dautoroute.
M. Jean-Claude Sandrier sest déclaré gêné pour approuver le projet de budget, de la même façon que les membres de lopposition sétaient trouvés gênés pour le critiquer. Il a précisé que son analyse concernant la loi de programmation militaire était inchangée et a exprimé son désaccord avec une politique de défense principalement fondée sur des objectifs de projection. Il a souligné en revanche que le concept de défense nationale gardait toute sa validité et que sa mise en oeuvre supposait de revaloriser les forces et équipements classiques. Il a estimé en outre que la journée dappel de préparation à la défense ne suffirait pas à insuffler aux jeunes lesprit de défense. Il a ensuite interrogé le Ministre sur les résultats de la campagne de recrutement de lArmée de terre et, sagissant des crédits déquipement, sur leur taux de consommation en 1998. Après avoir demandé au Ministre de faire le point sur les nouvelles infrastructures, il sest interrogé sur létat actuel de la coopération européenne pour la réalisation du programme Hélios II. Il sest également déclaré inquiet de la politique industrielle suivie dans le secteur de la défense, relevant quelle était largement inspirée par le souci dinstaurer une défense européenne. Il sest à ce propos interrogé sur lévolution de la politique de coopération suivie par nos partenaires britanniques et allemands en matière de défense, notamment à légard des Etats-Unis. Il sest enfin demandé sil était prudent de programmer la fin du système armes et munitions de GIAT-Industries, avant de demander que le plan de restructuration de cette entreprise soit revu en fonction dautres objectifs que ceux qui ont été retenus par le Gouvernement.
Remarquant que plusieurs des questions posées avaient trait aux orientations de la politique générale de défense de la France, M. Alain Richard a proposé que leur examen ait lieu en séance publique, à loccasion du débat sur les crédits militaires, de sorte quils puissent faire lobjet dune discussion plus approfondie.
Il a également suggéré que la Commission de la Défense tienne un débat spécifique sur la politique industrielle dans le secteur de la défense et sest déclaré disposé à y contribuer.
Il a en outre apporté les éléments de réponse suivants :
les dépenses liées aux opérations extérieures sont, par nature, affectées dun fort coefficient dincertitude en début dexercice ; en 1999, elles seront sans doute en réduction par rapport à 1998 du fait, notamment, de la fermeture des bases françaises en République centrafricaine ;
le programme Horizon sera bien lancé en 1999 ; en effet, la définition de ses besoins par la Grande-Bretagne, principal acheteur, a beaucoup évolué et sest considérablement rapprochée de celle de la France ;
la réforme de la DCN est une réforme en profondeur qui doit donc être conduite sur le long terme. La DCN doit conserver une place éminente au sein de lindustrie de défense européenne de demain. Pour cela, il a été demandé à sa direction de recueillir des avis diversifiés avant de formuler ses propositions en vue dune réforme et dun plan dentreprise. Cette réflexion prend nécessairement du temps. Le plan dentreprise quelle élaborera devra permettre à la DCN de répondre aux demandes de la Marine et de trouver des marchés, dans des conditions économiques saines ;
la hausse des rémunérations et charges sociales, au sein du titre III, est de 2,9 %. Elle inclut donc des accroissements de pouvoir dachat. Mais elle pèse indéniablement sur les moyens de fonctionnement. Les tensions sur les crédits de fonctionnement naffecteraient la qualité de vie que des personnels logés. Or, sur ce point, sans doute du fait de lingéniosité des chefs de corps, il napparaît pas quon aille vers une situation réellement difficile. De plus, les jeunes engagés sont tous en début de contrat et il nest pas certain quils souhaiteront, à lavenir, continuer à être logés à la caserne ; il convient donc dêtre prudent dans la construction des casernements de manière à éviter les surcapacités ;
le ministère de la Défense a bénéficié dune amélioration spécifique de ses crédits de fonctionnement, due notamment à la réforme du financement du fonds de pension des ouvriers dEtat. Celui-ci connaissait un déficit structurel apuré a posteriori par une subvention. A la suite dune proposition du ministère des Finances, ce déficit sera désormais financé par les cotisations des employeurs. Cette réforme, appliquée de façon plafonnée, aboutit à transférer 300 millions de francs de cotisations du titre III vers les établissements employeurs des ouvriers dEtat, notamment la DCN ;
en ce qui concerne les modifications du partage de compétence territoriale entre la Police et la Gendarmerie, les propositions envoyées aux préfets feront lobjet de négociations et ne présagent pas des décisions finales ;
les besoins, plus importants en zones urbaines périphériques, sont mieux satisfaits par un travail collectif des brigades ;
le reversement des sociétés concessionnaires dautoroutes à la Gendarmerie par la procédure du fonds de concours a été déclaré non conforme à lordonnance organique relative aux lois de finances. Pour compenser ce fonds de concours, un peu plus de 500 millions de francs ont été inscrits en crédits budgétaires dans la loi de finances initiale pour 1998. Le projet de budget pour 1999 fait lobjet dune procédure analogue ;
la consommation de lensemble des crédits déquipement devrait dépasser 95 % des dotations initiales pour lexercice en cours ;
la commande des 80 hélicoptères Tigre sera notifiée à lindustriel avant la fin de lannée ;
il est de lintérêt de GIAT-Industries de participer au programme VBCI qui concerne près de 2 000 commandes à terme et dont la France pourrait recevoir près de 30 % de part industrielle, même si les négociations de prix ne sont pas terminées. Au contraire, pour linstant aucun marché assuré nexiste à lexportation pour le programme VEXTRA dans la situation économique très difficile que connaît larmement terrestre. Quant à lartillerie future des chars de combat, il sagit dun domaine auquel des crédits de recherche seront affectés ;
les crédits du FRED et du FAI dont la consommation est satisfaisante permettent une bonne mise en place des programmes de diversification économique et daccompagnement social ;
les partenaires du consortium Airbus doivent faire une proposition crédible et compétitive en termes de prix pour remporter le marché de lavion de transport militaire européen. Sil est nécessaire de tenir compte des intérêts économiques et industriels européens dans le choix des coopérations, il nest pas non plus politiquement souhaitable de fermer a priori la porte à toute coopération avec Antonov ;
la réponse favorable de lEspagne au programme Hélios II, dont le calendrier de réalisation est maintenu, permet de le poursuivre dans un cadre de coopération européenne. LItalie qui effectue dimportants efforts déconomie budgétaire na pas encore fourni de réponse. Dautres partenaires sont par ailleurs envisageables. Les pays intéressés pourront sabonner au programme en cours de réalisation ;
les recrutements dengagés de lArmée de terre se déroulent dans de bonnes conditions, grâce à lamélioration des conditions de rémunération des personnels et à limage positive que donne cette armée dans sa démarche de professionnalisation, notamment en matière de formation et dintégration sociale ;
la professionnalisation des armées suppose la remise en cause des spécificités de certaines armes de lArmée de terre et il apparaît nécessaire de faire comprendre tant à la Légion étrangère quaux Troupes de Marine que laccroissement global des capacités opérationnelles des forces constitue une garantie importante pour la Nation.
M. Bernard Grasset a souligné le courage dont avait fait preuve le Gouvernement en modifiant la carte de répartition des zones de Police et de Gendarmerie, apportant ainsi une réponse à une question très ancienne que les gouvernements précédents avaient toujours hésité à aborder. Il a fait part du trouble suscité chez un certain nombre de maires de sa circonscription par les confidences du Directeur général de la Gendarmerie, concernant lemploi de ses personnels, parues dans un supplément dun grand journal parisien. Il sest félicité du dépôt prochain dun projet de loi sur les réserves, qui constituent un élément essentiel du lien entre la Nation et ses Armées et a souhaité quà lavenir le recrutement dans les sessions régionales de lIHEDN soit moins élitiste. Après avoir estimé que les spécificités de certaines armes telles que les troupes de Marine devaient être préservées, il sest prononcé en faveur du maintien du Service militaire adapté, dont il a souligné quil apportait, dans les DOM-TOM, une contribution essentielle au resserrement des liens entre les Armées et la population. Relevant la diminution de 16 % des crédits de paiement consacrés à lEspace, dont il a déclaré comprendre les raisons, il a insisté sur la nécessité de préserver lavenir en accordant une priorité au programme de satellite radar Horus.
M. Pierre Lellouche a tout dabord convenu que le projet de budget apparaissait optiquement meilleur que celui de lannée en cours, estimé que les restructurations industrielles engagées pouvaient être considérées comme satisfaisantes et jugé courageuse la politique menée par le Ministre de la Défense pour restructurer les arsenaux. Il a résumé son appréciation en déclarant que le libéral quil était se réjouissait de ces orientations. Il a également insisté sur la nécessité dinstituer un mode approprié de financement des opérations extérieures, excluant toute ponction sur les crédits déquipement pénalisant, en cours dexercice, la politique déquipement des forces armées. Soulignant lintérêt du volontariat du service national en entreprise, il a souhaité savoir si le Gouvernement entendait proposer au Parlement son maintien. Il sest par ailleurs inquiété de la répartition des officiers, sous-officiers et militaires du rang au sein des armées, notant que la professionnalisation avait pour effet de créer un déséquilibre important en faveur des gradés par rapport aux hommes du rang. Enfin, rappelant quil avait saisi la présidence de lAssemblée nationale de la nécessité dune réflexion parlementaire sur la pertinence du concept de dissuasion au regard de lévolution géostratégique liée aux essais nucléaires indiens et pakistanais, il a fait part de sa stupéfaction quant au manque dintérêt suscité par sa demande. Il sest enfin interrogé sur la cohérence des choix financiers effectués, dans le projet de budget pour 1999, en faveur des différents systèmes de forces face à une menace aujourdhui très évolutive et sest demandé si une réflexion suffisante avait été conduite sur le modèle darmée dont la France avait à présent besoin.
Le Président Paul Quilès a indiqué que le bureau de la Commission, dont M. Pierre Lellouche est membre, devait se réunir la semaine prochaine pour examiner notamment sa proposition. Il a par ailleurs rappelé les propos de M. Arthur Paecht et ceux du Ministre, évoquant les travaux de lOTAN relatifs au nouveau concept stratégique de cette organisation, et souligné que les conclusions de ces travaux ne seront pas sans incidences sur nos propres réflexions nationales en matière de politique de défense. Enfin, il a observé que lanalyse des menaces et des besoins militaires de la France était déjà contenue dans le Livre Blanc et la loi de programmation militaire, quune majorité de membres de la Commission, dont certains appartenaient à lopposition, navaient pas souhaité remettre en cause.
M. Guy-Michel Chauveau sest félicité du projet de budget, quil a considéré comme le meilleur depuis plusieurs années. Il a plaidé en faveur dune maîtrise des dépenses du titre III, condition nécessaire à la préservation des crédits de recherche et développement. Il a également souhaité savoir sil avait été procédé à une réorganisation des dispositifs de formation, pour mieux les adapter aux spécificités des personnels engagés. Il a également demandé quelles étaient les mesures de reconversion des engagés prévues. Sagissant de la politique industrielle menée par le Gouvernement, il sest déclaré pleinement satisfait des décisions prises depuis quinze mois, souhaitant que toutes les grandes entreprises du secteur y participent. Se félicitant de la nomination dun coordinateur des restructurations au niveau national, il a souligné la nécessité dune évaluation de leur impact, site par site.
M. Jean-Noël Kerdraon, rappelant que la revue des programmes avait fixé à lan 2000 le lancement du programme de nouveau transport de chaland de débarquement (TCD), a demandé au Ministre de la Défense de confirmer quil était avancé dun an. Sagissant des programmes en coopération, il a évoqué les divergences entre la France et lItalie dans le choix du sonar destiné à équiper le NH 90, non sans estimer que celui proposé par Thomson-Marconi semblait de meilleure qualité. De même, il a souhaité que le choix du sonar du chasseur de mines tripartite soriente vers le produit proposé par cette même société, dont 300 emplois étaient en jeu sur un effectif de 400.
Félicitant le Ministre, non pour son budget, quil a estimé critiquable mais pour lhabileté avec laquelle il lavait présenté, M. Yves Fromion, usant de la faculté que larticle 38 du Règlement confère aux députés dassister aux réunions des commissions dont ils ne sont pas membres, a indiqué que, pour sa part, il avait toujours estimé quil fallait maintenir lactuelle loi de programmation militaire, fruit dun débat approfondi. Il a même regretté que la loi de programmation militaire initiale nait pas été appliquée plus fidèlement encore, évoquant notamment le retard que la France risquait de prendre dans le domaine de laéromobilité avec un parc dhélicoptères qui allait passer de 600 environ à 350 ou 370 en 2010. Il a également demandé au Ministre des informations sur labandon du département munitions de GIAT-Industries et sur les perspectives dexportation du char Leclerc. Il la enfin interrogé sur lappel de préparation à la défense.
Le Ministre de la Défense a apporté les éléments de réponse suivants :
il a convenu que laccès à lIHEDN, notamment à ses sessions régionales, devait être élargi ;
le SMA (service militaire adapté) fonctionne de manière satisfaisante. Le souhait de la Polynésie française de se voir attribuer directement les crédits correspondants pour organiser elle-même la formation des jeunes pourrait cependant créer une disparité de situation entre les différents départements et territoires, qui rendrait le dispositif plus difficile à maintenir ;
lobjectif de construction dun satellite dobservation radar nest pas abandonné mais il est sans doute opportun dattendre que les évolutions technologiques en cours permettent de latteindre à moindre coût ;
la dissuasion a, jusquici, été surtout laffaire du Chef de lEtat ; cest sans doute la raison pour laquelle la nécessité dun débat parlementaire nest pas apparue pressante ;
le taux dencadrement dune armée professionnelle est toujours supérieur à celui dune armée de conscription. Par ailleurs, lanalyse des taux dencadrement doit tenir compte de la structure des grades de la Gendarmerie, puisque les gendarmes sont tous sous-officiers ;
la professionnalisation va indiscutablement engendrer des tensions sur la part relative des crédits du titre III et du titre V, dici à la fin de la programmation ; un risque de glissement existe. Ce sera lun des points à évoquer lors de la préparation de la prochaine loi de programmation;
il y a des gains defficacité à faire en matière de formation. Ils passent notamment par des regroupements décoles. Sagissant du recrutement, lune des clefs du succès sera effectivement la réussite de la reconversion des engagés et sa perception correcte par le public ;
en matière dindustrie aéronautique, le pas essentiel est la fusion entre les sociétés Aérospatiale et Matra : en revanche, sagissant de la position de la société Dassault au sein de lindustrie européenne, il est encore possible de se laisser un temps de réflexion ;
le souci de préserver le plus grand nombre de sites et de maintenir une activité industrielle dans les bassins demploi a joué un rôle essentiel dans lélaboration du plan de restructuration de GIAT-Industries ;
en ce qui concerne le TCD, le besoin est avéré : il sagit dun outil de projection précieux quil ne faut pas trop tarder à réaliser. Des négociations devront toutefois sengager avec la DCN en vue de sa construction, notamment sur la question des prix ;
dans les mois qui viennent, il faudra résoudre les divergences entre lItalie et la France à propos du sonar Thomson-Marconi ;
dès lors quon est en accord avec les objectifs fixés par la loi de programmation militaire, il convient de se tenir à celle-ci ;
la réduction en cours du nombre dhélicoptères laissera à la France un nombre dappareils dont les capacités seront toutefois hors de comparaison avec celles des matériels quils remplaceront ; laéromobilité reste un concept essentiel dans la doctrine demploi de lArmée de terre ;
le plan de réduction des capacités du secteur des munitions de GIAT-Industries répond aux besoins dadaptation de lentreprise qui ne peut produire que ce quelle est en mesure de vendre dans des conditions économiques normales. Sagissant de lachat de chars Leclerc par lArabie Saoudite, le Gouvernement ne sen désintéresse pas ; il est cependant trop tôt pour formuler des commentaires à ce sujet ;
sagissant de lappel de préparation à la défense, il est organisé avec rigueur. De plus, aujourdhui, la vision quont les jeunes de la Défense est positive. Ces éléments permettent de penser que la nouvelle formule sera un succès ;
en ce qui concerne les réserves, la concertation est en bonne voie et le Premier Ministre a annoncé devant lIHEDN que le projet de loi les concernant serait déposé sur le bureau dune des Assemblées avant la fin de lannée ;
pour réformer le partage de compétence entre Police et Gendarmerie, il fallait bien partir dun point de départ, susceptible de constituer une base de discussion. Des instructions ont été envoyées aux préfets pour rappeler que cest là précisément la fonction du rapport Carraz-Hyest qui na donc pas vocation à être transposé sur le terrain dans son intégralité.
II. AUDITION DE LAMIRAL JEAN-CHARLES LEFEBVRE, CHEF DÉTAT-MAJOR DE LA MARINE
La Commission de la Défense a entendu, le 21 octobre 1998, lAmiral Jean-Charles Lefebvre, Chef détat-major de la Marine.
Après avoir souligné sa satisfaction de voir la présentation du budget de la Défense toujours débarrassée des adjonctions de fonds de concours et de reports, lAmiral Jean-Charles Lefebvre a regretté que la lisibilité offerte par la loi de programmation militaire soit amoindrie par les modifications du périmètre des crédits. Il a alors rappelé que la programmation militaire contenait quatre grands défis pour la Marine : la réduction générale du format, la diminution des effectifs, la rapidité de la professionnalisation, due au nombre important des unités susceptibles dêtre déployées outre-mer, et la restructuration de la Direction des constructions navales (DCN) qui impose laccueil dune part importante de ses personnels en surnombre.
Il a précisé que le titre V subissait une perte nette de contenu physique de 355 millions de francs, par rapport à lannuité fixée à la suite de la revue de programmes, en raison notamment de linscription de crédits du budget civil de recherche et développement (BCRD), de laugmentation de 14 à 25 % de la part patronale de cotisation au fonds de pension des ouvriers dEtat et dun transfert de charges dentretien programmé du matériel à partir du titre III. Il a émis la crainte que la décision de confier à la Marine le gouvernorat des crédits destinés aux immobilisations de la partie étatique des constructions navales ne loblige à supporter, dune part, une charge directe de 150 millions de francs, dautre part, des augmentations de coût sur les programmes.
Après avoir indiqué quavec un montant de crédits de paiement de 33,933 milliards de francs le projet de budget de la Marine représentait 17,9 % du total des crédits militaires hors pensions, lAmiral Jean-Charles Lefebvre a souligné que limportance relative des dotations en capital (62 %) par rapport aux dépenses de fonctionnement (38 %) montrait que la Marine était une armée déquipement. Il a alors relevé que la réduction de 1,6 % des crédits du titre III en volume et à structure constante conduisait à une compression des dépenses de fonctionnement courant sous leffet de la hausse des rémunérations et charges sociales.
LAmiral Jean-Charles Lefebvre a souligné à ce propos que les dépenses de fonctionnement, hors rémunérations, charges sociales et entretien programmé des matériels, diminuaient de 241 millions de francs en raison de la déflation des effectifs, de lévolution du cours du pétrole et de la valeur du dollar, mais aussi dune ponction de 71 millions de francs opérée lors des discussions budgétaires. Le déficit structurel constaté pour certaines catégories de dépenses de fonctionnement ne pourra plus être financé par les moyens existant sur dautres postes. LAmiral Jean-Charles Lefebvre a exprimé la crainte de devoir en conséquence financer ces dépenses inéluctables par des ponctions sur les ressources prévues pour les combustibles ou lentretien programmé des matériels (EPM), ce qui obligerait la Marine à envisager une réduction dactivité générale ou le report dopérations dentretien majeur de certains bâtiments.
Soulignant que lévolution des effectifs militaires de la Marine respectait les objectifs de la programmation, lAmiral Jean-Charles Lefebvre a fait observer que, pour le personnel civil, les effectifs réalisés étaient en revanche déficitaires de 900 ouvriers et de 150 fonctionnaires. Ces vacances de postes sont dues à la limitation générale de lembauche des ouvriers et au net ralentissement des transferts de personnels civils en provenance de la DCN. Alors que le total des transferts avait atteint 751 personnes en 1997, seuls 145 reclassements seront réalisés en 1988 malgré un objectif annoncé de 420.
LAmiral Jean-Charles Lefebvre a par ailleurs souligné quil avait veillé à préserver autant que possible les crédits dentretien programmé des matériels des titres III et V qui avaient globalement subi un abattement forfaitaire de 5 % lors de la revue des programmes. Il a ajouté que toute réduction supplémentaire comportait le risque de casser loutil.
Relevant avec satisfaction que des programmes importants pour la Marine, comme lhélicoptère NH 90, la frégate Horizon ou le sous-marin dattaque futur (SMAF), restaient inchangés, le Chef détat-major de la Marine a présenté les principaux aménagements décidés à la suite de la revue des programmes : le décalage de six mois du SNLE-NG n° 3, lalignement des calendriers du SNLE-NG n° 4 et du missile stratégique M 51, la modification de la date de livraison des Rafale, qui ne remet pas en cause la constitution de la première flottille en 2002, lannulation du missile porte-torpille Milas, dont le développement sera néanmoins mené à terme en application de laccord passé avec lItalie et labandon, sous la contrainte budgétaire du concept de quasi-permanence du groupe aéronaval. Il a estimé quon était désormais à la limite de rupture des capacités. Il a confirmé les retraits de service anticipés de certains bâtiments, afin de rejoindre le modèle prévu pour 2015, et la poursuite des restructurations qui concernent essentiellement les organismes de soutien et denvironnement des forces, ainsi que les centres de formation. Il a cité, à cet égard, la suppression de larrondissement maritime de Lorient à partir de 2001 et la fermeture du centre de formation maritime dHourtin.
LAmiral Jean-Charles Lefebvre a ensuite détaillé la réforme de la nomenclature budgétaire du titre V, les crédits de la Marine autrefois regroupés en quatre chapitres étant désormais répartis en huit chapitres et certains articles identifiant de manière spécifique les crédits affectés à certains programmes importants. Il a enfin présenté une carte des interventions des forces aéronavales françaises dans le monde, soulignant quaucune de leurs missions navait été modifiée.
Le président Paul Quilès a souhaité savoir ce que la Marine attendait pour son équipement naval de la réforme de la DCN. Il a également interrogé lAmiral Jean-Charles Lefebvre sur le programme Horizon, évoquant notamment les inquiétudes actuelles concernant lavenir de la coopération européenne dont ce programme fait lobjet. Enfin, il a demandé si les difficultés techniques liées notamment au système de propulsion du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle et à son système hydraulique étaient en voie de résolution et quelles en seraient les conséquences financières.
M. Charles Cova, évoquant le réexamen de la politique de défense (Strategic Defence Review) auquel vient de procéder le Gouvernement britannique, a fait observer quil avait conclu à la nécessité dun groupe aéronaval à deux porte-avions. Il sest demandé si ce choix ne devait pas nous conduire à approfondir notre coopération avec la Grande-Bretagne, dune part, et, à nous inciter, dautre part, à doter la Marine dun second porte-avions. Il a ensuite souhaité connaître lévolution du moral des personnels civils et militaires de la Marine. Evoquant le développement des carrières courtes, lié à la professionnalisation, il a demandé à lAmiral Jean-Charles Lefebvre si la Marine parvenait à recruter dans ces conditions des personnels dont les compétences étaient en adéquation avec ses besoins. Enfin, sagissant du transfert des personnels de la DCN vers la Marine, il a souhaité savoir si tous les postes inscrits à ce titre dans le budget de 1998 seraient pourvus et, si, là encore, les compétences seraient en adéquation avec les besoins.
M. Jean-Yves Besselat, soulignant limportance de la présence de la Marine française dans le monde, a fait observer que, dans le cadre du nouveau format darmée professionnalisée, sa contribution aux capacités dintervention était décisive. Rappelant que le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle ne serait pas disponible en toutes circonstances, mais environ les deux tiers du temps, il a estimé que, si la France souhaitait garantir la permanence dune présence forte dans le monde, il était nécessaire de lancer la mise en chantier dun second porte-avions. Il a ajouté à ce propos que, si la menace frontale avait disparu, il convenait désormais de disposer des moyens de participer à la gestion des crises susceptibles de survenir, notamment en raison des bouleversements économiques que connaît le monde contemporain. Il a fait observer, en outre, quen termes industriels, la décision de construction dun second porte-avions nucléaire permettrait de maintenir les capacités détudes et les savoir-faire existants. Il a également souligné quelle assurerait le maintien de la charge de travail de larsenal de Brest et des 10 000 emplois concernés par un tel projet. Il a, en outre, observé que de meilleures perspectives dactivité de la DCN favoriseraient le nécessaire rapprochement des chantiers navals civils et militaires quil est difficile dorganiser en période de crise.
Ayant rappelé que les commandes liées au programme NTCD seraient notifiées en 1999, M. Jean-Noël Kerdraon a souhaité connaître la date de livraison du premier bâtiment et ses principales caractéristiques techniques. Il a également interrogé le Chef détat-major de la Marine sur léventuel remplacement de la Jeanne dArc qui, à plus de trente ans, se prépare à partir à nouveau en mer au mois de novembre.
M. Jean-Yves Le Drian a demandé des précisions sur lâge moyen de la flotte de surface et sur son évolution attendue, compte tenu des programmes de renouvellement en cours ou en projet.
Notant que lAmiral Jean-Charles Lefebvre avait, dans ses propos et non sans tristesse, évoqué une réduction dactivité générale , un risque de casser loutil et une limite de rupture de capacité , M. René Galy-Dejean a fait observer que, malgré les réductions de moyens qui suscitaient ces jugements, les missions de la Marine étaient inchangées. Il a, en conséquence, souhaité savoir à partir de quel moment lAmiral Jean-Charles Lefebvre considérerait que la Marine ne serait plus à même dassurer ses missions et quels changements devraient alors être apportés à leur contenu.
M. Robert Poujade a interrogé le Chef détat-major de la Marine sur la modernisation des frégates antiaériennes.
M. Michel Voisin a souhaité savoir quel bilan pouvait être fait de lapplication par la Marine des dispositions instituant un pécule dans le cadre de laccompagnement de la professionnalisation.
LAmiral Jean-Charles Lefebvre a apporté les éléments de réponse suivants :
la Marine attend beaucoup de la réforme de la Direction des constructions navales, avec laquelle elle entretient des relations anciennes et étroites, tant en raison de la proximité des personnels de lune et de lautre qui sont appelés à se côtoyer en permanence, que de leur implantation géographique, marquée par limbrication très étroite des installations portuaires. Quelle que soit lévolution de la DCN, elle restera fortement liée à la Marine, les deux institutions étant obligées de coopérer dans de nombreux domaines, par exemple en matière daction sociale ou de politique du logement ;
sagissant de la réforme de la DCN, elle ne met pas en cause son statut mais vise à améliorer son fonctionnement pour lui permettre dassurer un meilleur service tant en termes quantitatifs que qualitatifs. La séparation des activités industrielles et étatiques de la DCN a permis de clarifier les missions de la direction en distinguant le rôle de donneur dordre pour le compte de lEtat et les fonctions de production qui relèvent désormais dune logique dentreprise ;
la rénovation du lien entre la DCN et la Marine est fondée sur la contractualisation, notamment en matière de coût, qui rompt avec le mode de fonctionnement en régie quavait jusqualors connu la direction et avec la pratique des coûts constatés. Cette nouvelle approche doit permettre une baisse du coût des productions de la DCN qui est non seulement nécessaire au regard de la bosse de financement des programmes au-delà de 2002 mais qui constitue une des conditions indispensables de la réalisation du second porte-avions ;
cette année, les crédits consacrés à lentretien de la flotte seront égaux à ceux destinés à son renouvellement, ce qui constitue un indice dalerte qui manifeste, à la fois, le vieillissement des bâtiments et linsuffisance de leffort de constructions neuves. Néanmoins, lentretien des bâtiments ne dépend pas seulement du volume des crédits qui lui sont consacrés mais aussi de lorganisation et de la qualité des travaux ;
le programme Horizon, très ambitieux, représente lun des principaux programmes menés dans le cadre dune coopération européenne. Le degré dexigence technique de ce programme est très élevé, plus encore après que les Britanniques ont demandé lajout de spécifications supplémentaires. Dans ces conditions, il est normal que la mise en uvre de la coopération soit difficile. Sagissant de létat davancement du programme, létape actuelle est cruciale. Le dépouillement doffres supérieures au coût fixé devra entraîner des négociations prenant en compte à la fois les contraintes financières et les besoins opérationnels. La date de mise en service de la première frégate est fixée à 2004, le Suffren et le Duquesne étant retirés à partir de cette date. Le calendrier, bien que serré, évolue conformément aux prévisions ;
quand léchéance de lachèvement dun bâtiment est lointaine, une date de mise en service doit être fixée pour fournir une référence et un objectif aux entreprises ; en revanche, quand léchéance est proche, la date de mise en service se constate : cest le moment où les essais sont achevés et où le bâtiment est prêt. Le Charles de Gaulle est en ce moment en phase dessai. De lordre de 2 000 entreprises ont été associées à sa construction. Déterminer avec précision une date de mise en service est impossible. La date dadmission au service actif avait été fixée à juillet 1999 par la loi de programmation. A la suite de la revue des programmes, elle a été décalée de quatre mois. Lachèvement du bâtiment est prévu désormais pour la fin 1999. Cependant, un délai minimum dun an est nécessaire entre la première sortie à la mer et ladmission au service actif. Le bâtiment prendra la mer lorsque le Délégué général pour larmement et le Chef détat-major de la Marine jugeront quil est apte à le faire. A lheure actuelle, certains équipements ne sont pas complètement fiabilisés alors quils ne sont pas forcément les plus modernes. Mais laffaire est maîtrisée et il sagit dune question de semaines ;
les conclusions de la Strategic Defence Review de la Marine britannique confortent la Marine nationale dans ses analyses. Elles font apparaître en effet que les marines occidentales ont aujourdhui la maîtrise des mers, quil leur est possible de baisser leur garde, notamment en matière de lutte anti-sous-marine -ce qui justifie labandon du Milas-, que leurs missions se rapprochent de la terre, ce qui rend les navires plus vulnérables et quelles interviennent de plus en plus dans des conditions interarmées et multinationales qui nécessitent linteropérabilité. La Strategic Defence Review a aussi conclu que la mission principale est désormais la projection de force et elle a préconisé la constitution dun groupe aéronaval permanent avec deux porte-avions ;
la Strategic Defence Review pourrait avoir des conséquences sur la définition du second porte-avions français. Jusquici, lidée était de construire une réplique du Charles de Gaulle, au coût marginal de la fabrication et en profitant des études déjà faites. Or, il sera impossible dignorer les très nombreuses études que les Britanniques vont entreprendre. De plus, labsence de ressources financières prévues pour un second porte-avions jusquen 2002 ne permet pas denvisager le lancement dun programme dun second porte-avions quen 2003 pour une admission au service actif en 2010 ou 2012 ;
les marins français ont compris que les modèles avaient changé, que les évolutions industrielles les amenaient à participer davantage à lentretien des navires et que la professionnalisation conduisait à des carrières plus courtes. Létat desprit est bon. En revanche, le moral est atteint car la gestion de carrière qui leur est proposée les inquiète. En effet, le jeune homme qui entre dans la Marine pourra, moins que par le passé, obtenir un renouvellement de son contrat entre 8 et 11 ans et poursuivre son activité jusquà 15 ans de service, remplissant ainsi les conditions pour obtenir une pension. La moyenne dâge dans la Marine est de 31 ans. Il sera indispensable, lorsque la professionnalisation sera achevée, de maintenir une moyenne dâge du même ordre, notamment pour des raisons de technicité et de disponibilité. Les carrières courtes ont donc vocation à se développer. Or les deux tiers des officiers mariniers sont actuellement sous contrat. Une carrière longue ne pourra dans ces conditions être offerte à tous ;
la Marine compte 45 500 militaires. Une entreprise de cette taille recruterait 1 200 personnes par an ; la Marine, du fait des carrières courtes, en embauche 2 500, ce qui impose une gestion fine des flux dentrées comme de sorties ;
en matière de recrutement, la Marine dispose de 2,5 dossiers sérieux de candidature pour un poste ; il ny a donc pas lieu dêtre inquiet. Toutefois, le maintien dun flux suffisant de candidatures suppose des mesures efficaces de reconversion ;
la Marine comporte actuellement 6 500 civils ; la loi de programmation lui en attribue 11 000. Létat desprit des civils de la Marine est excellent. Le personnel de la DCN qui la ralliée lan dernier est satisfait. Le délai de rémission de deux mois laissé aux intéressés pour réintégrer la DCN na guère été utilisé ;
si le transfert du personnel de la DGA vers la Marine a connu une période faste en 1997 permettant de dégager un sureffectif de 151 emplois début 1998, force est de constater que lannonce au printemps dernier dun dispositif de dégagement des cadres par mesure dâge à 52 ans la considérablement freiné, 143 personnes ayant été recrutées sur 420 emplois offerts. Il importe dans ces conditions que la Marine puisse embaucher rapidement de manière directe les effectifs civils dont elle a un besoin pressant pour assurer sa logistique de fonctionnement courant. Dans cette optique, lautorisation obtenue par le Ministre de la Défense de recruter 500 personnes dont 120 pour la Marine a représenté une bouffée doxygène. Le Chef détat-major de la Marine a insisté sur la nécessité dhonorer les postes budgétaires inscrits dans la loi, qui est lune des conditions de réussite de la professionnalisation ;
le plan de charge de Brest est déjà partiellement assuré par les activités traditionnelles de larsenal, maintien en capacité opérationnelle de la FOST et de la flotte. Les deux NTCD inscrits dans la programmation devraient entrer en service en 2004 et 2006. La Marine, en liaison avec létat-major des armées et lArmée de terre, aborde la phase dévaluation des caractéristiques de ces bâtiments, qui doivent satisfaire à des critères interarmées : accueil dun état-major interarmées, développement de la capacité daéromobilité, conception dune drome originale pouvant accueillir des embarcations sur coussin dair susceptibles daborder les plages aux configurations les plus diverses. Ces bâtiments futurs devraient être différents de ceux de la série Foudre et un bâtiment de ce type pourrait éventuellement remplacer la Jeanne dArc dans sa mission de bâtiment décole ;
lâge de la flotte constitue un indicateur important pour déterminer létat densemble dune marine. La durée de vie dun navire est denviron 25 ans à 30 ans. En conséquence, lâge moyen optimal se situe entre 12 et 15 ans. Or celui de la Marine nationale est actuellement de 17 ans. Le désarmement anticipé du Foch et de quelques autres bâtiments devrait entraîner un rajeunissement temporaire, mais la situation ne devrait saméliorer réellement quaprès 2009 avec le remplacement des frégates anti-sous-marines. Ce vieillissement sexplique notamment par la priorité accordée à laéronautique avec les programmes Hawkeye, Rafale et Atlantique 2 ;
les missions de la Marine sont nominalement les mêmes, toutefois, compte tenu de la diminution du nombre de bâtiments, il lui est désormais impossible de garantir une présence permanente sur les théâtres dactivité. De garantie, la permanence est devenue négociée ;
la question de la modernisation des bâtiments de défense aérienne se pose à lhorizon 2004-2005, quand il sagira de remplacer le Suffren et le Duquesne dont le système Masurca ne pourra être prolongé et soit de remplacer, soit de moderniser les Cassard et Jean Bart. En ce qui concerne le système antiaérien qui équipe le Jean Bart et le Cassard, la Marine bénéficie dune garantie de soutien logistique américain jusquen 2005, ce qui permet denvisager une durée de vie de ces deux bâtiments sétendant jusquà lhorizon 2008 ;
lenveloppe destinée aux pécules était denviron 120 millions de francs en 1998. Elle a permis dattribuer près de 300 pécules, répondant ainsi favorablement à près de 40 % des demandes. Les critères dattribution ont été établis par létat-major en fonction des impératifs de gestion des ressources humaines, ce quen règle générale le personnel a compris. Dans la logique du principe de dégressivité du pécule, lenveloppe 1999 est en baisse et le nombre des pécules attribués devrait lui aussi enregistrer une diminution.
III. EXAMEN DE LAVIS
La Commission de la Défense sest réunie le 21 octobre 1998, sous la présidence de M. Paul Quilès, Président, pour examiner les crédits du ministère de la Défense pour 1999 consacrés à la Marine, sur le rapport M. Jean-Yves Le Drian, rapporteur pour avis.
M. Jean-Yves Le Drian a indiqué que lAmiral Jean-Charles Lefebvre, ayant présenté ce matin les grandes lignes du projet de budget pour 1999, il souhaitait faire part des observations qui lui semblaient essentielles.
Il a dabord fait observer que la contrainte budgétaire était partiellement levée, mais il a remarqué que les crédits se situaient toujours en retrait par rapport à la programmation militaire et navait pas résorbé lencoche faite en 1998. De plus, comme les autres armées, la Marine est affectée des mêmes turpitudes budgétaires et connaît notamment un transfert sur le titre V de charges dentretien programmé des matériels (EPM). La progression des crédits de près de 4 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998 représente un léger redressement qui a pour effet de desserrer les contraintes sur les programmes déquipement.
M. Jean-Yves Le Drian a alors souligné que la priorité accordée à la professionnalisation se reflétait dans la progression des rémunérations et charges sociales et la déflation des effectifs (3 392), notamment dappelés (3 340), ainsi que dans la création de 948 emplois civils. Il a rappelé que la Marine devrait cependant répondre à deux défis spécifiques :
la réduction du format de 20 % oblige à désarmer avant terme des bâtiments et à professionnaliser en priorité les forces projetables, donc à remplacer les appelés embarqués ;
le rythme dintégration du personnel en provenance de la DCN sest fortement ralenti en 1998, ce qui témoigne des difficultés de lexercice, notamment pour des raisons dinadéquation géographique et professionnelle.
La progression des rémunérations et charges sociales de près de 1,3 % sopère au détriment des dépenses courantes de fonctionnement des unités. La diminution de ces dernières (12,16 %) est en partie liée à la réduction des effectifs et du format. Mais certains postes budgétaires restent structurellement sous-dotés comme lentretien immobilier, les locations ou les frais de déplacement.
Après avoir fait remarquer que les décisions de la revue des programmes ne remettaient pas en cause les missions de la Marine et la cohérence de son format et que lessentiel des économies provenait dun réaménagement des calendriers et dun désarmement anticipé déquipements, M. Jean-Yves Le Drian a indiqué que les capacités de la FOST seraient préservées avec la livraison en 2008 du quatrième SNLE-NG directement équipé du missile M51, dont le programme serait ainsi avancé. La constitution du nouveau groupe aéronaval se poursuivra avec ladmission au service actif du Charles de Gaulle en 1999, lacquisition du troisième Hawkeye et la livraison du premier Rafale Marine en 2001.
Il a alors fait part de plusieurs interrogations :
la disponibilité du groupe aéronaval est amoindrie par le retrait du Foch en 2001 et le retard de la première flottille Rafale en version intercepteur. De plus, à deux reprises, les indisponibilités périodiques pour entretien et réparation (IPER) immobiliseront le Charles de Gaulle, une première fois vers 2004-2005, une deuxième fois vers 2010-2011. La disponibilité du groupe ne sera donc pas assurée pendant ces périodes ; la commande dun second porte-avions apparaît dès lors indispensable si les missions de la Marine ne sont pas redéfinies ; les trois années dexpérimentation du Charles de Gaulle seront importantes pour définir le nouveau type de porte-aéronefs souhaitable ;
lâge moyen de la flotte de surface est compris entre 17 et 18 ans, son vieillissement est en outre inéluctable puisque le dernier programme de renouvellement des bâtiments concerne les frégates de souveraineté Lafayette, dont le numéro 4 sera admis au service actif en 1999 et le numéro 5 en 2002. La définition dune nouvelle génération de TCD nest pas achevée en raison des réflexions en cours sur les doctrines amphibies et du souci de la DGA dobtenir une construction à coût-objectif. Le vieillissement des bâtiments a par ailleurs un effet immédiat sur les dépenses dEPM ;
lincertitude demeure sur la réalisation du programme de frégates antiaériennes Horizon dont le déroulement apparaît paradoxal. Dun côté, la décision de lancer lindustrialisation devrait être prise dici la fin de lannée, ce qui semble confirmer laccord des trois partenaires sur la phase de définition. Pourtant larchitecture du projet na jamais paru aussi incertaine en raison, non seulement des restructurations affectant les entreprises partenaires et de la modification de la composition des consortiums candidats, mais aussi dun partage industriel difficile à réaliser.
M. Jean-Yves Le Drian a souligné que la réforme de la Direction des constructions navales (DCN) se poursuivait avec la séparation comptable de ses services étatiques et industriels et ladaptation des effectifs de ses différents établissements au plan de charge. Lampleur de cette adaptation mérite dêtre relevée, puisque, de 1993 à 1998, 30 % des emplois ont été supprimés. Les conséquences sociales et professionnelles en sont considérables : les objectifs de déflation ont nécessité des mesures dâge exceptionnelles à 55 ans et à 52 ans et comportent par ailleurs le risque dune réelle perte de compétences.
M. Jean-Yves Le Drian a estimé que lapprofondissement de la réforme de la DCN était indispensable pour accroître la lisibilité du projet industriel et regretté que la modification des procédures de gestion nait pu être menée à terme comme il lestimait souhaitable. Il appartient désormais au plan dentreprise demandé par le Ministre de la Défense à la DCN fin 1997 de donner des perspectives cohérentes à court et moyen termes afin de préciser le périmètre et le calendrier des activités de construction et de réparation navales. Il a déploré que les recommandations faites en 1998 par la Commission de la Défense nationale naient pas été suivies deffet et a proposé de les renouveler.
Félicitant le rapporteur pour avis pour lacuité de son diagnostic, M. Arthur Paecht la interrogé sur le groupe aéronaval. Il sest interrogé sur sa disponibilité réelle, lestimation donnée par lAmiral Jean-Charles Lefebvre dun taux des deux tiers lui paraissant optimiste et a souligné lincohérence des choix faits en la matière. Concernant les avions de guet aérien embarqués Hawkeye, il a estimé de la même façon que la possession de seulement deux de ces appareils obérait leur capacité opérationnelle, qui ne peut être pleinement atteinte quà partir de trois unités.
Concernant la conception dun éventuel second porte-avions, il sest étonné de la remise en question de la propulsion nucléaire et de la conduite détudes sur dautres techniques. Il a fait observer à ce propos que, dune part, la France ne disposait plus des savoir-faire nécessaires et que, dautre part, un tel choix serait plus onéreux que celui de la fabrication dun porte-avions à propulsion nucléaire, alors même quil importe de tenir compte des contraintes de la bosse de financement des programmes après 2002. Il a jugé que lon sengageait sur une mauvaise voie et a souhaité connaître le montant et le contenu des études engagées sur le porte-avions à propulsion classique.
Soulignant son attachement à la dissuasion dont il a considéré quelle reposait essentiellement sur la FOST, M. Bernard Cazeneuve a souhaité que lattention du Gouvernement soit attirée sur la nécessité de respecter les engagements budgétaires et industriels pris lors de la revue des programmes concernant le quatrième SNLE-NG et le sous-marin dattaque futur. Sagissant du quatrième SNLE-NG, il a rappelé quil avait été décidé de retarder sa mise en service de façon à la faire coïncider avec celle du missile M51 ; concernant le programme de sous-marin dattaque futur, il a souhaité, sans mettre en doute la volonté du Gouvernement dentreprendre ce programme, que la représentation nationale obtienne des garanties sur un volume significatif détudes. Se déclarant en accord avec le paragraphe de lobservation proposée par M. Jean-Yves Le Drian relatif à lautorisation dembauche de civils par la Marine, il a fait remarquer quil pourrait être également proposé, lors du débat en séance publique, que les postes vacants soient ouverts aux personnels des entreprises de sous-traitance internes à la DCN.
M. René Galy-Dejean a relevé que le projet de budget de la Marine pour 1999 était, par rapport à celui des autres armées, le moins bon, soulignant notamment que le transfert des crédits dEPM du titre III vers le titre V obérait les possibilités de nouvelles commandes, sans améliorer lentretien pour autant. Abordant à son tour la question de la nature de la propulsion du second porte-avions, il a fait observer que les besoins de la Marine en la matière dépendraient de lévolution des missions du groupe aéronaval, selon quelles sorientent davantage vers la protection des côtes nationales, des missions à létranger, de courte durée ou menées conjointement avec dautres pays, ou plutôt vers des interventions sur des théâtres lointains nécessitant une autonomie importante.
Faisant part de son adhésion totale au paragraphe de lobservation proposée par le rapporteur pour avis relative à lautorisation dembauche de civils par la Marine, M. Jean-Noël Kerdraon a fait observer que la DCN non plus nétait pas autorisée à recruter, ce qui entraînait des pertes de compétence technique. Il a ensuite souligné la nécessité dêtre attentif au reclassement des personnels engagés, lors de leur retour à la vie civile, seuls 20 % dentre eux étant susceptibles, dans un système darmée professionnelle, datteindre les quinze années de service leur permettant de bénéficier de leurs droits à la retraite, contre les deux tiers actuellement.
M. Antoine Carré a estimé que la qualité du rapport pour avis présenté par M. Jean-Yves Le Drian ne suffisait pas à faire apparaître comme bon un budget qui ne létait pas.
M. Jean-Yves Le Drian a apporté les éléments de réponse suivants :
il est certain que, dans lattente de la mise en service du second porte-avions, la disponibilité du groupe aéronaval sera plus faible, notamment à cause des IPER. De plus le retard du programme Rafale amoindrira temporairement ses capacités. Il sagit toutefois dun risque pris par la loi de programmation militaire elle-même ;
un second porte-avions est nécessaire si lon souhaite que la Marine conserve la place qui est la sienne, un porte-avions unique, même complètement équipé, comme cela sera le cas en 2010, nétant opérationnel que les deux tiers du temps ;
sagissant du quatrième SNLE-NG et du sous-marin dattaque futur, il convient effectivement de souligner la nécessité de respecter le calendrier prévu par la loi de programmation militaire et la revue des programmes. Les études sur le sous-marin dattaque futur ont commencé en 1998 et la première commande interviendra en 2001. Quant à la commande du quatrième SNLE-NG, elle aura lieu en 2000 ;
les salariés des entreprises de sous-traitance de la DCN peuvent dores et déjà postuler à des emplois proposés par la Marine. Mais là aussi existe un problème dinadéquation entre les besoins de la Marine et les profils de ces candidats ;
des débats ont également lieu aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne sur la nature de la propulsion des porte-avions futurs. Il semble que lon soriente vers le choix de plates-formes moins élaborées que celles qui existent actuellement. Il convient de prendre le temps de la réflexion sur ce sujet ;
cest la première fois depuis plusieurs années que la part du budget de la Marine dans le budget total des armées ne baisse pas.
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La Commission de la Défense sest réunie à nouveau le 28 octobre 1998, sous la présidence de M. Paul Quilès, Président, pour procéder au vote sur lensemble des crédits de la Défense pour 1999.
Elle a tout dabord adopté à lunanimité deux observations, lune présentée par M. Jean-Yves Le Drian, rapporteur pour avis des crédits de la Marine, relative à la gestion et à la politique dembauche de la DCN, lautre, par M. Charles Cova relative à la situation des sous-lieutenants retraités et des veuves allocataires.
M. Michel Voisin a souligné que, si le projet de budget de la Défense pour 1999 avait dabord paru favorable, une analyse approfondie des dotations montrait quil était présenté en trompe loeil. Il a alors indiqué que le groupe UDF réservait son vote sur ces crédits.
M. Guy-Michel Chauveau a estimé quil convenait de se féliciter du niveau des dotations budgétaires compte tenu de la situation de lexercice 1998 et des circonstances économiques et financières. Il a indiqué que le groupe socialiste voterait les crédits de la Défense.
Après avoir considéré que le projet de budget pour 1999 se caractérisait par de fortes contraintes soulignées par la plupart des Chefs détat-major, M. Charles Cova a fait observer que la hausse de 6,2 % des crédits déquipement nétait pas à la hauteur des ambitions de la loi de programmation militaire. Il a émis le voeu que lexécution budgétaire soit conforme aux dotations initiales, notamment pour les 25 programmes darmement dont les dotations sont individualisées. Il a rappelé que le Général Philippe Mercier, Chef détat-major de lArmée de terre, avait estimé que les crédits déquipement ne pouvaient plus être entamés quà la marge sauf à créer de véritables ruptures capacitaires, et que, si le Chef détat-major de lArmée de lair avait fait preuve dun optimisme réconfortant sur le niveau des crédits de fonctionnement, les Chefs détat-major des deux autres armées avaient tiré le signal dalarme . Le Chef détat-major de la Marine avait évoqué avec inquiétude la réduction dactivité générale, fait état dun risque de casser loutil et souligné que la Marine était à la limite de la rupture de capacité alors que ses missions ne sont pas diminuées, et quil est impossible de prévoir les nécessités opérationnelles qui pourraient surgir. M. Charles Cova a également rappelé que le Chef détat-major de lArmée de terre avait mis laccent sur la réduction sévère des crédits de fonctionnement dont il a souligné quelle entraînerait une baisse draconienne des objectifs de soutien et dactivité, même sil a jugé par ailleurs que le projet de budget lui permettait de poursuivre la refondation de son armée. Enfin, il a rappelé linquiétude exprimée par le rapporteur pour avis des crédits de la Gendarmerie nationale, M. Georges Lemoine, à légard de la faiblesse du titre III.
M. Charles Cova a alors estimé que, si le projet de budget pour 1999 témoignait dun léger redressement par rapport à 1998, lextrême contrainte financière quil établissait entraînerait une réduction des objectifs de soutien et dactivité et ramènerait au concept de disponibilité différée pour certaines unités. Il a indiqué que le groupe RPR sabstiendrait sur les crédits de la Défense.
Se déclarant en accord avec les propos tenus par M. Charles Cova, M. Guy Teissier a souligné les difficultés que soulevaient certaines réductions de dotations, notamment liées au fonctionnement courant, et a estimé que le budget de la Défense, outil opérationnel, risquait de devenir un outil opératoire. Il a indiqué que le groupe DL voterait contre les crédits de la Défense.
La Commission de la Défense a alors donné un avis favorable à ladoption des crédits de la Défense pour 1999, les commissaires appartenant au groupe DL votant contre, ceux du groupe RPR sabstenant et ceux du groupe UDF ne prenant pas part au vote.
ANNEXE
OBSERVATION DE LA COMMISSION DE LA DÉFENSE
La Commission de la Défense rappelle le souhait quelle avait formulé en 1998 que la réforme de la DCN puisse bénéficier de tous les instruments nécessaires dans les cadres juridiques actuels. En particulier, elle estime souhaitable dadapter la procédure dappel doffres aux spécificités industrielles et commerciales des constructions navales.
Elle regrette que les bénéfices réalisés par la société DCN-International sur les contrats à lexportation ne puissent ni être utilisés pour des études préparatoires ni compenser les pertes sur dautres contrats.
Elle souhaite que soit levée la restriction dembauche par les armées de personnels civils, les droits ouverts ne pouvant tous être satisfaits par les personnels en provenance de la DCN, et que les postes de première nécessité soient pourvus lorsque les compétences ne peuvent être trouvées parmi les personnels en sureffectif de la DGA.
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