AU NOM DE LA COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LA LÉGISLATION ET DE L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE DE LA RÉPUBLIQUE (1) SUR LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n° 1078),
TOME IV
INTÉRIEUR
COLLECTIVITÉS LOCALES
PAR M. RENÉ DOSIÈRE,
Député.
La commission des Lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République est composée de : Mme Catherine Tasca, présidente ; MM. Pierre Albertini, Gérard Gouzes, Mme Christine Lazerges, vice-présidents ; MM. Richard Cazenave, André Gerin, Arnaud Montebourg, secrétaires ; MM. Léo Andy, Léon Bertrand, Emile Blessig, Jean-Louis Borloo, Patrick Braouezec, Mme Frédérique Bredin, MM. Jacques Brunhes, Michel Buillard, Dominique Bussereau, Christophe Caresche, Patrice Carvalho, Mme Nicole Catala, MM. Olivier de Chazeaux, Pascal Clément, Jean Codognès, François Colcombet, Michel Crépeau, François Cuillandre, Henri Cuq, Jacky Darne, Camille Darsières, Jean-Claude Decagny, Bernard Derosier, Marc Dolez, Renaud Donnedieu de Vabres, René Dosière, Julien Dray, Renaud Dutreil, Mme Nicole Feidt, MM. Jacques Floch, Raymond Forni, Pierre Frogier, Claude Goasguen, Louis Guédon, Guy Hascoët, Philippe Houillon, Michel Hunault, Henry Jean-Baptiste, Jérôme Lambert, Mme Claudine Ledoux, MM. Jean-Antoine Léonetti, Bruno Le Roux, Mme Raymonde Le Texier, MM. Jacques Limouzy, Thierry Mariani, Louis Mermaz, Jean-Pierre Michel, Ernest Moutoussamy, Henri Nallet, Mme Véronique Neiertz, MM. Robert Pandraud, Christian Paul, Vincent Peillon, Dominique Perben, Henri Plagnol, Didier Quentin, Bernard Roman, Gilbert Roseau, José Rossi, Frantz Taittinger, André Thien Ah Koon, Jean Tiberi, Alain Tourret, André Vallini, Alain Vidalies, Jean-Luc Warsmann.
INTRODUCTION 5
I. DU PACTE DE STABILITÉ AU CONTRAT DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITÉ 7
A. UN NOUVEAU CADRE POUR LES RELATIONS FINANCIERES ÉTAT-COLLECTIVITES LOCALES 7
1. La sortie du pacte de stabilité 7
2. Les principes du contrat de croissance et de solidarité 8
B. LES ÉVOLUTIONS PRÉVUES POUR 1999 9
1. Les dotations sous enveloppe 9
a) Les dotations de fonctionnement 9
b) Les dotations déquipement 11
c) Les dotations de transfert de compétences 11
d) La dotation de compensation de la taxe professionnelle (hors la fraction réduction pour embauche ou investissement) 12
2. Les dotations hors enveloppe 14
a) Le fonds de compensation de la T.V.A. (F.C.T.V.A.) 14
b) Les amendes forfaitaires de la police de la circulation 14
c) Les subventions et comptes spéciaux du Trésor 14
d) Les compensations dexonérations et dégrèvements législatifs 14
II. QUELLE MODERNISATION DE LA FISCALITÉ LOCALE ? 16
A. LA RÉFORME DE LA TAXE PROFESSIONNELLE 16
B. LES DROITS DE MUTATION 20
1. La suppression de la taxe additionnelle régionale aux droits de mutation 20
2. La diminution des droits départementaux de mutation à titre onéreux des immeubles 21
C. INTENSIFIER LA PÉRÉQUATION 21
1. Le rôle péréquateur des dotations de lEtat 21
a) La dotation globale de fonctionnement 21
b) Le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle 23
c) Le fonds national de péréquation 24
d) Les écarts entre les différentes strates de communes 25
e) Le fonds de correction des déséquilibres régionaux 28
III. LES RÉFORMES INSTITUTIONNELLES 31
A. LA RÉFORME DE LINTERCOMMUNALITÉ 31
B. LA RÉFORME DE LAMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE 35
C. LASSAINISSEMENT DU SYSTÈME DES INTERVENTIONS ÉCONOMIQUES 36
D. LES COLLECTIVITÉS LOCALES ET LES EMPLOIS JEUNES 38
IV. LA DÉCENTRALISATION EN QUESTION 39
CONCLUSION 41
AUDITION de M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de lEtat et de la décentralisation, sur les crédits de son ministère 43
MESDAMES, MESSIEURS,
Si lannée 1999 ne sannonce pas comme celle du grand soir de la fiscalité locale, elle nen marque pas moins un tournant important. La sortie du pacte de stabilité impliquait en effet que les règles dévolution des concours financiers de lEtat soient redéfinis : le nouveau contrat de croissance et de solidarité intègre pour cette raison la croissance du P.I.B. dans le calcul de la progression des dotations sous enveloppe. Dans le même temps, le Gouvernement a engagé la réforme de la taxe professionnelle, en supprimant, sur une période de cinq ans, la part salariale de lassiette. La perte de recettes qui en résulte pour les collectivités fait lobjet dune compensation. Au cours de lexamen de la première partie de la loi de finances, lAssemblée a approuvé ce dispositif.
Dautres réformes importantes sont par ailleurs sur le point dêtre soumises au Parlement, telle la réforme de laménagement du territoire et celle de lintercommunalité, qui doit permettre lextension du régime de la taxe professionnelle unique dagglomération, sans oublier le projet de loi sur le mode délection et le fonctionnement des conseils régionaux, en cours dexamen, ainsi que les textes sur la limitation du cumul des mandats. En outre, le Gouvernement a annoncé sa volonté dappliquer la révision des évaluations cadastrales, engagée par loi du 30 juillet 1990, dont la mise en uvre a été retardée depuis lors. Compte tenu des conséquences qui en résulteront pour les contribuables, votre rapporteur insiste sur la nécessité, pour lAssemblée, de disposer du temps nécessaire à un examen approfondi. Cest pourquoi il souhaite que cette mise en uvre soit le fait dun projet de loi spécifique et nintervienne pas, comme on la annoncé, dans le cadre de la loi de finances rectificative. Dautres dispositions de la loi de finances concernent les collectivités, comme la suppression de la taxe régionale de 1,60 % sur les droits de mutation à titre onéreux et la diminution de la part départementale sur ces mêmes droits. Ces deux dispositions ont pour objet de diminuer le coût dacquisition des immeubles, sensiblement plus élevé dans notre pays. Sagissant de recettes des collectivités locales, une compensation est prévue.
Cest dire lampleur des réformes qui vont modifier, souvent de manière sensible, le visage des collectivités. Après limmobilisme qui a caractérisé, en ce domaine, la législature précédente, le Gouvernement marque sa volonté de modernisation de notre système local.
Pour autant, les tendances lourdes des finances locales demeurent : opacité, complexité excessive et multiplication des systèmes de financement croisés, caractère fictif de lévaluation de certaines bases se conjuguent avec la part croissante assurée par lEtat dans le financement des collectivités.
Le présent avis entend présenter le nouveau cadre financier unissant lEtat à ces collectivités, tout en soulignant les risques de dérive de notre système de finances locales, marqué par la substitution croissante du contribuable national au contribuable local, alors même que lactualité de la décentralisation est particulièrement riche et souligne le rôle stratégique des collectivités territoriales, que ce soit en matière demploi ou daménagement du territoire.
*
* *
Lannée 1999 marquera le remplacement du pacte de stabilité, qui avait été imposé aux collectivités locales, par linstauration du contrat de croissance et de solidarité institué après une concertation approfondie entre lEtat et les représentants de ces collectivités. Ce contrat met un terme à lindexation des concours de lEtat sur la seule hausse des prix en liant désormais leur évolution avec la progression de la croissance. Ce nouveau cadre des relations financières entre lEtat et les collectivités locales maintient la distinction précédemment opérée entre dotations sous enveloppe et dotations hors enveloppe.
Compte tenu de la décision prise par lAssemblée nationale daugmenter de 15 % à 20 % la part de progression du P.I.B. prise en compte dans lévolution de la dotation sous enveloppe, celle-ci augmentera de + 4,05%, soit + 1,82% à enveloppe constante.
Quant aux dotations hors enveloppe, elles connaissent une forte croissance, par suite de lapparition des compensations liées à la réforme fiscale relative à la taxe professionnelle et aux droits de mutation. Le rapprochement avec lannée précédente nest donc pas significatif.
Au total, en 1999, les relations financières entre lEtat et les collectivités porteront sur une somme qui, pour la première fois, dépassera en crédits de paiement et hors fiscalité transférée 300 milliards de francs. Cest en 1991 que la barre des 200 milliards était dépassée.
Mis en place en 1996 le pacte de stabilité avait été imposé de manière unilatérale aux élus locaux qui navaient pas été associés à sa conception et à sa mise en uvre. Ce pacte, qui avait certes lavantage de garantir aux collectivités la prévisibilité du niveau des principaux concours de lEtat, a en définitive joué en leur défaveur du fait dune stagnation de leurs ressources en raison dune conjoncture atone. Lindexation sur les seuls prix de près des deux tiers des dotations de lEtat a ainsi eu pour conséquence de priver les collectivités des ressources supplémentaires dues à la croissance économique.
Dans un contexte général de montée des dépenses des collectivités locales, cest le plus souvent la fiscalité locale et lemprunt qui ont servi de variables dajustement.
Pour ces raisons, le pacte de stabilité devait être remplacé par un système liant la progression des concours de lEtat avec la croissance du produit intérieur brut. Le nouveau système mis en place garantit ainsi à la fois la stabilité de la dépense globale effectuée par lEtat au titre des finances locales, la possibilité dune gestion prévisionnelle pour les collectivités locales et la prise en compte de la progression de la croissance.
Ces principes ont été présentés par le Premier ministre le 9 juillet 1998 à lissue dune importante phase de concertation associant le Gouvernement, le Parlement et les représentants des élus locaux.
· Le nouveau système doit permettre aux collectivités de mener une gestion prévisionnelle de leurs budgets par la programmation pluriannuelle de lévolution des dotations de lEtat : à ce titre le contrat de croissance et de solidarité est institué pour un délai de trois ans sétalant de 1999 à 2001.
· La diversité de la situation financière des collectivités implique de maintenir la distinction entre les dotations sous enveloppe et les dotations hors enveloppe, telle quelle était définie dans lancien pacte. En revanche, lindexation de cette enveloppe ne se limitera plus au seul indice prévisionnel des prix, mais prendra en compte une fraction croissante du P.I.B. (20 % en 1999 à la suite de ladoption dun amendement du Gouvernement à larticle 40 de la première partie du projet de loi de finances ; 25 % en 2000 et 33 % en 2001).
· La péréquation est, dans le même temps, accrue. Alors que dans le précédent pacte la diminution de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (D.C.T.P.) hors réduction pour embauche et investissement (R.E.I.) était mécaniquement appliquée à lensemble des collectivités, le Gouvernement propose que, désormais, la baisse de D.C.T.P. soit liée à la situation financière des collectivités. LAssemblée nationale, en première lecture, a renforcé ce dispositif. Ainsi, les collectivités éligibles à la dotation de solidarité urbaine (D.S.U.), ce qui implique les communes doutre-mer, assimilées à des communes bénéficiant de la D.S.U., à la dotation bourgs-centre de la dotation de solidarité rurale (D.S.R.), les départements éligibles à la dotation de fonctionnement minimale et les régions éligibles au fonds de correction des déséquilibres régionaux subiront une diminution de la D.C.T.P. limitée à 50 % de la baisse globale. En outre, pour les communes bénéficiant de la D.S.U., la perte de D.C.T.P. sera intégralement compensée par un prélèvement sur le fonds national de péréquation de taxe professionnelle. Par ailleurs, la D.S.U. enregistrera, hors contrat de croissance, un abondement de 500 millions de francs pendant trois ans.
Le périmètre du nouveau contrat de croissance et de solidarité regroupera les dotations actives de lEtat dotation globale de fonctionnement (D.G.F.), dotation spéciale instituteurs (D.S.I.), dotation particulière élu local, dotations de lEtat au fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (F.N.P.T.P.) et au fonds national de péréquation (F.N.P.), dotation globale déquipement (D.G.E.), dotations générales de décentralisation (D.G.D., D.G.D. affectée à la Corse, D.G.D. de formation professionnelle) ainsi que les dotations déquipement scolaire des départements et des régions. Alors que les règles dindexation propres à ces différentes dotations restent inchangées, la D.C.T.P. conserve, hors sa R.E.I., sa fonction de variable dajustement au sein de lenveloppe normée.
Lensemble des concours budgétaires de lEtat au profit des collectivités locales atteindra en 1999 la somme de 301 milliards de francs. Cette masse se répartit dans le cadre du nouveau contrat de croissance et de solidarité entre concours sous enveloppe et concours hors enveloppe.
La dotation globale de fonctionnement (D.G.F.)
Conformément à larticle L. 1613-1 du code général des collectivités territoriales, la D.G.F. progresse comme lindice prévisionnel des prix à la consommation des ménages hors tabac de lannée de versement, estimé à 1,2 % pour 1999, majoré de la moitié du taux de croissance du P.I.B., estimé quant à lui à 3,1 % pour 1998, soit un taux de 2,75 % pour 1999.
En application de ce même article L. 1613-1 du code général des collectivités territoriales, cet indice sapplique à une D.G.F. recalée, cest-à-dire recalculée en fonction des derniers indices économiques connus. En 1998, le recalage porte sur le seul indice des prix qui est de 0,8 % alors quil avait été estimé à 1,3 %. Le montant de la D.G.F. à indexer est donc de 106.613 millions de francs.
Par ailleurs, larticle L. 1613-2 du code général des collectivités territoriales dispose que la D.G.F. de lexercice précédent fait lobjet dune régularisation lorsque les indices économiques utilisés pour calculer la progression de la D.G.F. sont différents des indices réels tels quils sont constatés en juillet. La régularisation de la D.G.F. pour 1997 sélève à moins 256,53 millions de francs, lindice des prix ayant été de 1,1 % et non de 1,3 %, comme prévu dans la loi de finances pour 1997. Cette régularisation simpute sur le montant de la D.G.F. à inscrire en loi de finances initiale pour 1999.
La D.G.F. 1999 sétablit donc à 109.289 millions de francs en 1999, contre 106.333 millions de francs en loi de finances initiale 1998, soit une progression de 2,78 %.
La dotation spéciale instituteur (D.S.I.)
La D.S.I. évolue comme la D.G.F. de loi de finances initiale à loi de finances initiale, soit + 2,78 %. Toutefois, elle sétablit en 1999 à 2.602 millions de francs contre 2.723 millions de francs en 1998, soit une réduction de 4,44 % à la suite de la prise en compte de la baisse du nombre dayants-droit en raison de lintégration progressive des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles.
Les dotations de lEtat au fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (F.N.P.T.P.) et à la majoration du fonds national de péréquation (F.N.P.)
Les dotations de lEtat versées au F.N.P.T.P. et à la majoration du F.N.P. évoluent comme les recettes fiscales nettes de lEtat, soit + 5,88 % en 1999. Hors cotisation de péréquation, dont le montant nest pas encore connu, les ressources du fonds atteignent 3.381 millions de francs, contre 2.892 millions de francs en 1998, soit une progression de 16,90 %. Cette forte progression est liée à labondement provenant du retour de la fiscalité locale de France Télécom et de la Poste qui bénéficie au F.N.P.T.P. Il sélève à 1.733 millions de francs en 1999. Toutefois, la compensation dune partie des exonérations de la taxe professionnelle prévue par la loi sur la ville est imputée sur ce fonds, mais à hauteur seulement de laccroissement de ce retour de fiscalité de France Télécom et de la Poste par rapport à lannée précédente (soit 397 millions de francs en 1999), le surplus éventuel étant pris en charge directement par lEtat.
En conséquence, le F.N.P.T.P. sera majoré de 1.336 millions de francs en 1999 (1.733 millions de francs - 397 millions de francs).
La dotation de lEtat alimentant la majoration F.N.P. connaît quant à elle une progression de 5,88 % pour se monter à 677 millions de francs en 1999 contre 639 millions de francs en 1998.
la dotation particulière élu local
Indexée comme la D.G.F., la dotation particulière élu local se monte à 273 millions de francs en 1999, contre 266 millions de francs en 1998, soit une progression de 2,78 %.
la dotation globale déquipement (D.G.E.) des communes et des départements
La D.G.E. des communes et des départements est indexée sur la formation brute de capital fixe des administrations publiques (F.B.C.F.) et sélève à 5.299 millions de francs en 1999, contre 5.105 millions de francs en 1998, soit + 3,8 %.
la dotation régionale déquipement scolaire (D.R.E.S.) et dotation départementale des collèges (D.D.E.C.)
Ces deux dotations évoluent également comme la F.B.C.F. (soit + 3,8 %) et passent de 4.947 millions de francs en 1998 à 5.152 millions de francs en 1999, soit une progression de 4,14 %, en raison dun abondement de 17 millions de francs lié au retour dans le droit commun, prévu par larticle L. 5534-19 du code général des collectivités territoriales, de la D.G.E. des syndicats dagglomérations nouvelles au 31 décembre 1998.
la dotation générale de décentralisation (D.G.D.)
La D.G.D. évolue comme la D.G.F. réelle (soit + 2,78 %). Elle se monte toutefois à 16.762 millions de francs en 1999 (dont 1.340 millions de francs au titre de la D.G.D. Corse), contre 15.896 millions de francs en 1998, soit une progression de 5,44 % en raison de la compensation de lextension de la taxe à lessieu, prévue par larticle 87 de la loi du 8 juillet 1998 portant diverses dispositions dordre économique et financier.
La loi quinquennale du 20 décembre 1993 relative au travail, à lemploi et à la formation professionnelle a prévu le transfert aux régions, le 1er janvier 1999, des actions préqualifiantes de formation, à ce titre, la D.G.D. formation professionnelle connaît un fort accroissement. Elle passe à 7.899 millions de francs en 1999 contre 5.088 millions de francs en 1998 (soit + 55,26 %).
Cette dotation constitue la variable dajustement de lenveloppe dite normée définie par le nouveau contrat de croissance et de solidarité : son montant définitif est obtenu par soustraction du montant de lensemble de lenveloppe normée lui-même calculé à partir de lindice des prix hors tabac et dune fraction de lévolution du P.I.B. et du montant atteint par les autres dotations. Dans le projet de loi de finances soumis à lAssemblée, cette dotation devait diminuer de 11,12 % en 1999 et atteindre 12,03 milliards de francs. Le relèvement de 15 % à 20 % de la fraction du P.I.B. prise en compte pour le calcul du montant de lenveloppe normée a pour conséquence mécanique une majoration de la D.C.T.P. de 244 millions de francs, soit un total de 12,282 milliards de francs, ce qui limite la baisse à 9,3 % par rapport à 1998.
De plus, conformément aux principes retenus par le contrat de croissance et de solidarité, la réduction de la D.C.T.P. sera modulée afin de tenir compte de la situation des collectivités les plus démunies comme on la indiqué plus haut : communes éligibles à la D.S.U., départements attributaires de la dotation de fonctionnement minimale et régions destinataires du fonds de correction de des déséquilibres régionaux. Pour ces collectivités, la baisse sera limitée aux deux tiers de la diminution moyenne, soit 7,41 % pour 1999.
Lexamen du projet de loi de finances par lAssemblée a permis de compléter le dispositif par plusieurs amendements : les communes bénéficiaires de la fraction bourgs-centre de la dotation de solidarité rurale bénéficieront également de cette modulation et celle-ci sera ramenée pour lensemble des collectivités concernées à la moitié seulement de la diminution moyenne, soit 4,65 % pour 1999. Une nouvelle part de la seconde fraction du F.N.P.T.P. sera par ailleurs attribuée aux communes éligibles à la D.S.U. ou à la fraction bourgs-centre de la D.S.R. : cette nouvelle attribution permettra de maintenir le niveau de la D.C.T.P. perçue en 1998.
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PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1999
DOTATION SOUS ENVELOPPE DE LÉTAT EN FAVEUR DES COLLECTIVITÉS LOCALES
(en millions de francs)
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L.F.I. 1998
révisée
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P.L.F. 1999
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Évolution
1998/1997
(en %)
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Évolution 1999/1998 à structure constance (en %)
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1.1. Dotation globale de fonctionnement (1)
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106.613
|
109.289
|
2,51
|
2,75
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1.2 Majoration de la dotation de solidarité urbaine (*)
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500
|
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1.3 Dotation spéciale instituteurs (2)
|
2.723
|
2.602
|
- 4,44
|
2,78
|
1.4 Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (part État)
|
2.892
|
3.381
|
16,90
|
5,88
|
1.5 Fonds national de péréquation (majoration)
|
639
|
677
|
5,88
|
5,88
|
1.6 Dotation élu local
|
266
|
273
|
2,78
|
2,78
|
1.7 Dotation globale déquipement des départements (AP)
|
2.641
|
2.741
|
3,80
|
3,80
|
1.8 Dotation globale déquipement des communes (AP)
|
2.464
|
2.558
|
3,80
|
3,80
|
1.9 Dotation générale de décentralisation (3)
|
14.593
|
15.422
|
5,68
|
2,78
|
1.10 Dotation générale de décentralisation Corse (3)
|
1.303
|
1.340
|
2,84
|
2,78
|
1.11 Dotation de décentralisation formation professionnelle (4)
|
5.088
|
7.899
|
55,26
|
2,78
|
1.12 Dotation régionale déquipement scolaire (AP) (5)
|
3.310
|
3.443
|
4,01
|
3,80
|
1.13 Dotation départementale déquipement des collèges (AP) (5)
|
1.637
|
1.709
|
4,41
|
3,80
|
1.14 Dotation de compensation de la taxe professionnelle (hors REI)
|
13.543
|
12.038
|
- 11,11
|
- 9,31
|
|
157.713
|
163.872
|
3,91 (6)
|
1,82 (7)
|
(*) hors enveloppe normée. (1) D.G.F. 1998 recalée et D.G.F. 1999 L.F.I. après régularisation. (2) de L.F.I. à L.F.I. avec prise en compte de lintégration dans le corps de professeurs des collèges. (3) dont crédits culture et compensation de lextension de la taxe à lessieu prévue par la loi portant D.D.O.E.F. du 8 juillet 1998. (4) dont 2.670 millions de francs correspondant au transfert aux régions du solde de compétences liées aux actions préqualifiantes. (5) inclus lextinction de la D.G.E. des S.A.N. à hauteur de 17 millions de francs. (6) Soit 4,05 % en tenant compte des amendements adoptés par lAssemblée nationale lors de lexamen de la première partie. (7) Chiffres tenant compte des amendements adoptés par lAssemblée nationale lors de lexamen de la première partie.
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Le F.C.T.V.A. est la principale contribution de lEtat aux dépenses dinvestissement des collectivités locales et constitue un droit ouvert à ces dernières. Son montant prévisionnel inscrit en loi de finances pour 1999 sélève à 20,5 milliards de francs, contre 20 milliards de francs en 1998 correspondant au montant consommé en 1998, soit une augmentation de 2,5 %.
Le produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation sélève à 2 milliards de francs en 1999, contre 1.950 millions de francs en 1998, soit une augmentation de 2,5 %.
Les subventions de fonctionnement des différents ministères se montent à 7.062 millions de francs en 1999, contre 6.540 millions de francs en 1998, soit une progression de 7,98 %. La diminution des subventions déquipement nest pas significative à ce stade de la procédure budgétaire. Elle résulte de la non prise en compte des crédits du chapitre 67-51, dont linscription seffectue en fin de discussion budgétaire.
Les comptes spéciaux du Trésor connaissent eux une baisse de 4,19 % et se montent en 1999 à 1.288 millions de francs contre 1.344 millions de francs en 1998 du fait principalement de la réduction des crédits ouverts au titre du Fonds national de développement du sport (F.N.D.S.) compensée pour partie par laccroissement des subventions versées par le ministère de la jeunesse et des sports.
Les dotations de compensation dexonération et de dégrèvements de fiscalité locale enregistrent une hausse très sensible, puisquils dépasseront, pour la première fois, le montant de la D.G.F. Cette hausse de près de 20 milliards résulte de la réforme fiscale envisagée (T.P. et droits de mutation). A législation constante, on enregistrerait une stabilité, voire une légère baisse sexpliquant par la diminution de la D.C.T.P., par la suppression partielle de la R.E.I. et par laugmentation des dégrèvements prévus en matière de taxe professionnelle).
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ÉVOLUTION DES CONCOURS DE LÉTAT AUX COLLECTIVITÉS LOCALES EN EXÉCUTION
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(en millions de francs courants)
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1994
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1995
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1996
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1997
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1998
révisé
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PLF 1999
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I. Dotations et subventions de fonctionnement
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Dotation globale de fonctionnement
|
98.144
|
99.812
|
103.576
|
104.882
|
106.333
|
109.789
|
Dotation spéciale pour le logement des instituteurs
|
3.125
|
3.024
|
2.982
|
2.862
|
2.723
|
2.602
|
Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle
|
1.296
|
1.385
|
1.797
|
1.788
|
2.892
|
3.381
|
Fonds national de péréquation
|
|
569
|
616
|
612
|
639
|
677
|
Dotation élu local
|
250
|
250
|
259
|
262
|
266
|
273
|
Autres subventions
|
4.773
|
4.829
|
4.664
|
6.681
|
6.540
|
7.062
|
|
107.589
|
109.869
|
113.894
|
117.087
|
119.393
|
123.784
|
II. Dotations et subventions déquipement
|
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(5.895)
|
(6.089)
|
(5.689)
|
(4.980)
|
(5.105)
|
(5.299)
|
|
5.582
|
5.848
|
5.474
|
4.932
|
5.058
|
5.230
|
|
23.192
|
21.775
|
21.828
|
20.250
|
20.000
|
20.500
|
|
1.507
|
1.166
|
1.669
|
1.788
|
1.950
|
2.000
|
|
(6.781)
|
(5.027)
|
(5.051)
|
(5.434)
|
(4.659)
|
(4.105)
|
|
5.119
|
4.736
|
4.753
|
6.871
|
4.423
|
3.933
|
|
37.375
|
34.057
|
34.237
|
32.452
|
31.714
|
31.904
|
|
35.400
|
33.525
|
33.724
|
33.841
|
31.431
|
31.663
|
III. Compensation financière des transferts de compétence de lEtat aux collectivités locales
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Dotations budgétaires :
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16.449
|
16.792
|
17.624
|
14.521
|
14.593
|
15.422
|
|
1.155
|
1.221
|
1.267
|
1.285
|
1.303
|
1.340
|
|
3.818
|
4.726
|
4.950
|
5.018
|
5.088
|
7.899
|
|
(2.947)
|
(3.044)
|
(3.157)
|
(3.229)
|
(3.310)
|
(3.443)
|
|
2.835
|
2.955
|
3.069
|
3.161
|
3.247
|
3.347
|
|
(1.458)
|
(1.506)
|
(1.562)
|
(1.598)
|
(1.637)
|
(1.710)
|
|
1.403
|
1.462
|
1.518
|
1.564
|
1.606
|
1.659
|
|
25.827
|
27.289
|
28.560
|
25.651
|
25.931
|
29.814
|
|
25.660
|
27.156
|
28.428
|
25.549
|
25.837
|
29.667
|
IV. Compensation dexonération et de dégrèvements législatifs
|
|
|
|
|
|
|
Compensation taxe professionnelle (f)
|
18.257
|
18.564
|
17.785
|
19.070
|
17.898
|
26.330
|
(dont D.C.T.P. sous enveloppe)
|
14.759
|
15.258
|
14.430
|
14.710
|
13.543
|
12.038
|
Compensation taxes foncières
|
3.446
|
3.741
|
4.047
|
3.980
|
3.470
|
3.698
|
Compensation taxe dhabitation
|
6.153
|
6.598
|
6.897
|
7.100
|
7.290
|
7.300
|
Divers dégrèvements législatifs
|
47.871
|
53.405
|
55.485
|
60.100
|
59.400
|
61.100
|
Autres compensations (g)
|
|
2.834
|
3.149
|
230
|
8.922
|
17.620
|
|
75.727
|
85.142
|
87.363
|
90.480
|
96.980
|
116.048
|
|
246.518
|
256.338
|
265.498
|
265.670
|
274.018
|
301.550
|
|
244.376
|
257.778
|
266.775
|
266.997
|
273.641
|
301.162
|
(a) Autorisations de programme.
(b) Crédits de paiement.
(c) Dépenses ordinaires et autorisations de programme : moyens dengagement .
(d) Dépenses ordinaires et crédits de paiement.
(e) Hors provision technique de 1 milliard de francs liée à lécrêtement des départements surfiscalisés, afin déviter un double compte (article 4 de la loi n° 84-1209 du 29 décembre 1984).
(f) Pour le P.L.F. 1999, 11.800 sur les 26.330 au titre de la réforme de la taxe professionnelle.
(g) A partir de 1988, prise en compte de ladmission en non-valeur et en 1989 compensation des droits de mutation.
|
II. QUELLE MODERNISATION DE LA FISCALITÉ LOCALE ?
Désireux de contribuer à la modernisation, ô combien nécessaire, de notre système fiscal local, la commission des finances avait chargé notre collègue Edmond Hervé dun rapport sur ce sujet, auquel votre rapporteur a été associé. Ce rapport a été publié sous le titre Pour une modernisation de la fiscalité locale (n° 1066). Il formulait deux propositions : sagissant de la taxe professionnelle, le rapport soulignait les risques dun changement dassiette et se prononçait en faveur dun taux unique de taxe professionnelle dans toutes les agglomérations de plus de 100.000 habitants. Concernant la taxe dhabitation, le rapport proposait de modifier la base dimposition par la prise en compte partielle ou totale des revenus des habitants.
Le Gouvernement a fait un autre choix. Il a décidé de supprimer la partie salaires de lassiette de la taxe professionnelle, renvoyant linstauration dun taux unique de cette taxe dans le cadre du projet de loi sur lintercommunalité. Sagissant de la taxe dhabitation et de la taxe foncière sur les propriétés bâties il a prévu de mettre en application la révision des évaluations cadastrales.
La taxe professionnelle constitue la première recette fiscale des collectivités locales avec un montant de 178 milliards de francs (sur un produit global des quatre taxes directes de 343,8 milliards, chiffres de 1997).
Après avoir augmenté, sa part dans les produits fiscaux sest stabilisée :
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|
|
|
RÉPARTITION DU PRODUIT FISCAL PERÇU ENTRE LES QUATRE TAXES
|
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1980
|
1994
|
1997
|
Foncier non bâti
|
5.7
|
2.6
|
2.1
|
Foncier bâti
|
21.4
|
23.9
|
24.3
|
Taxe dhabitation
|
23.8
|
22.1
|
21.8
|
Taxe professionnelle
|
49.1
|
51.4
|
51.8
|
Ensemble
|
100
|
100
|
100
|
Les compensations de lEtat sont prises en compte.
|
Il y a peu, le Conseil des impôts constatait dans le rapport remis au Président de la République en 1997 que si la nature dun bon impôt est dêtre large dans son assiette, modéré dans son taux, proportionné aux capacités contributives des contribuables, compréhensible par ces derniers et aisément recouvrable par ladministration, force est de reconnaître que la taxe professionnelle ne répond aujourdhui à aucune de ces conditions .
De fait, limpôt qui devait succéder à la patente en 1975 a connu de nombreuses modifications législatives qui sont venues altérer sa lisibilité, par suite de la mise en place de correctifs apportés aux bases ou au montant des cotisations dues. Dans le même temps, le montant du produit de la taxe professionnelle pris en charge par lEtat na cessé de progresser du fait des compensations et dégrèvements qui représentent 37 % du produit perçu par les collectivités locales. Enfin, la taxe professionnelle est à lorigine dimportantes inégalités de richesse fiscale entre les collectivités locales, insuffisamment corrigées par les mécanismes péréquateurs existants.
La réforme proposée par le Gouvernement a été guidée par un constat simple : les salaires constituant 35 % de lassiette globale de la taxe, celle-ci exerce un effet dissuasif à lembauche dès lors que la cotisation de taxe professionnelle acquittée par lemployeur augmente lorsquil recrute du personnel. Actuellement, la taxe professionnelle se caractérise par la coexistence de quatre assiettes différentes :
une assiette forfaitaire reposant sur la valeur locative des immobilisations et une fraction (18 %) de la masse salariale. Cette assiette sapplique à la majorité des assujettis ;
une assiette purement foncière pour les redevables dont le chiffre daffaires est inférieur à un million de francs (400.000 F pour un prestataire de services) ;
une assiette prenant en compte une part des recettes à la place des salaires, pour les titulaires de bénéfices non commerciaux, les agents daffaires et les intermédiaires de commerce employant moins de cinq salariés ; les professions libérales entrent dans cette catégorie ;
une assiette valeur ajoutée applicable en matière de plafonnement (près de 45 % des entreprises soumises au régime réel dimposition soit 287.000 en 1997) et dimposition minimale (504 entreprises concernées soit 0,08 %).
La suppression dans lassiette de la composante salaires interviendra de manière progressive :
100.000 francs de réduction en base par redevable et par commune sera accordée la première année, ce qui revient à ne pas taxer 550.000 francs de salaires ;
300.000 francs pour la deuxième année, ce qui équivaut à ne pas taxer 1.670.000 francs de salaires ;
ce mécanisme sera poursuivi jusquà la suppression totale de la part salaires la cinquième année.
Cette réforme permettra de supprimer, dès la première année, la part salaire pour plus de 820.000 établissements concernés, soit près de 70 % des établissements redevables de la taxe professionnelle au titre des salaires versés. Les P.M.E. devraient donc logiquement être les premiers bénéficiaires de ce nouveau dispositif. Sa montée en puissance favorisera lensemble des activités de main duvre comme les services, le bâtiment et le commerce.
Les services du ministre de lEconomie et des Finances chiffrent ainsi à 25.000 le nombre demplois supplémentaires créés du fait de cette mesure pour 1999 et à plus de 100.000 à terme (1).
Dans le même temps, dautres mesures complémentaires doivent permettre de réduire les inégalités fiscales dues à la base dimposition à la taxe professionnelle :
la cotisation minimale de taxe professionnelle sera progressivement relevée pour les entreprises dont le chiffre daffaires est supérieur à 50 millions de francs de 0,35 % de la valeur ajoutée à 1 % en 1999, 1,25 % en 2000 et 1,5 % en 2001 ;
la pérennisation des niveaux de plafonnement de la cotisation de taxe professionnelle au-delà duquel lEtat prend en charge cette cotisation est envisagée ; ces seuils sont les suivants : 3,5 % de la valeur ajoutée pour les entreprises dont le chiffre daffaires est inférieur à 140 millions de francs, 3,8 % pour les entreprises dont le chiffre daffaires est compris entre 140 et 500 millions de francs et 4 % pour les entreprises dont le chiffre daffaires est supérieur à 500 millions de francs ;
la cotisation de péréquation due par les entreprises qui sont installées dans les communes où les taux de taxe professionnelle sont inférieurs à la moyenne nationale sera progressivement majorée afin de doubler le produit de cette cotisation ;
la réduction accordée pour embauche et investissement sera diminuée lannée prochaine et supprimée en 2000 du fait de lentrée en vigueur du nouveau régime de calcul des bases de taxe professionnelle.
Ces mesures doivent donc permettre de réduire les inégalités relatives à lassiette de la taxe en faisant contribuer à la réforme les entreprises les plus faiblement imposées au titre de la taxe professionnelle, ce qui ramènera le coût de la réforme pour lEtat à 7,2 milliards de francs en 1999.
|
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COÛT BRUT ET NET DE LA RÉFORME DE LA TAXE PROFESSIONNELLE
(en milliards de francs)
|
Coût brut (dont 1,2 milliards de francs dassiette et de dégrèvement) 13
|
Economies induites directement
|
Gain sur le plafonnement en fonction de la valeur ajoutée 2,8
|
par la réduction des bases
|
Gain sur les dégrèvements 0,3
|
dimposition
|
Impact sur la suppression de la part salaire sur la R.E.I. 0,5
|
Recettes
|
Augmentation de la cotisation de péréquation 0,9
|
fiscales
|
Augmentation de la cotisation minimale 0,8
|
supplémentaires
|
Impact de la modification du seuil de la R.E.I. 0,5
|
Coût net 7,2
|
Cette réforme trouvera par ailleurs un prolongement avec la mise en place de la taxe professionnelle unique dagglomération prévue par le prochain projet de loi relatif à lintercommunalité. Dores et déjà lexistence de structures intercommunales à fiscalité propre constitue un moyen de remédier à lémiettement communal et à ses conséquences en terme dinégalité fiscale. Cette politique devrait être renforcée par lobligation faite dans le futur projet de loi relatif à lintercommunalité aux communautés dagglomération, aux nouvelles communautés urbaines et aux communautés urbaines anciennes élargissant leurs compétences, dadopter le régime de la taxe professionnelle unique. Pour les anciennes communautés urbaines ce régime restera optionnel et la taxe professionnelle de zone sera maintenue dans les seules communautés urbaines ayant opté pour ce régime avant lentrée en vigueur de la nouvelle loi. Enfin, toutes les communautés de communes devraient conserver la possibilité dopter pour la taxe professionnelle unique, sans bénéficier dans ce cas de la possibilité dun complément de ressources.
Lensemble des groupements à taxe professionnelle unique bénéficieront de la règle de déliaison à la baisse des taux : sous certaines conditions les taux de taxe professionnelle ne devront plus nécessairement suivre à la baisse les taux communaux des taxes frappant les ménages. Enfin, la péréquation locale sera renforcée avec la possibilité pour les établissements publics de coopération intercommunale ayant opté pour la taxe professionnelle unique (T.P.U.) dinstituer une dotation de solidarité selon des critères définis par leurs soins.
Cette réforme de la taxe professionnelle présente toutefois linconvénient daccroître la tendance permanente de substitution du contribuable national au contribuable local. A terme, près de 60 % du produit de la taxe professionnelle sera financé par lEtat contre moins de 40 % avant la réforme. Elle napporte en outre quune réponse très partielle à la question de linégalité des taux dans la mesure où lémiettement communal demeurera malgré la promotion de lintercommunalité.
Soucieux de réduire le coût des mutations immobilières, le gouvernement propose deux dispositions qui concernent directement les collectivités locales.
Cette taxe régionale, dont le taux plafond atteint par toutes les régions depuis plusieurs années sélève à 1,60 %, sélève à 5,3 milliards de francs et représente 13 % des recettes fiscales des régions (20 à 23 % en Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte dAzur, 6 à 8 % en Limousin, Auvergne, Nord-Pas-de-Calais).
Dans une volonté péréquatrice, lAssemblée, en première lecture, a modulé la compensation versée aux régions. Lorsque la recette encaissée à ce titre en 1997 est inférieure à 59 F par habitant, la compensation est intégrale. Lorsque la recette est supérieure à 59 F, la compensation fera lobjet dun ticket modérateur de 5 % (Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte dAzur, Languedoc-Roussillon, Aquitaine, Haute-Normandie notamment sont dans ce cas).
Léconomie ainsi réalisée (240 millions) permet de financer laugmentation de la croissance de la dotation sous enveloppe. La dotation de compensation sélèvera donc à 5 milliards.
Sagissant dun impôt transféré aux départements dans le cadre de la décentralisation, en application de larticle 99-11 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983, la compensation financière doit seffectuer selon les modalités prévues à loccasion du transfert, codifiées à larticle L. 1614-5 du code général des collectivités territoriales.
Elle sera donc intégrale et évaluée collectivité par collectivité, après avis de la commission consultative de lévaluation des charges.
Le crédit de 3,3 milliards, inscrit au chapitre 41-56 du budget du ministère de lIntérieur est donc susceptible dêtre complété si nécessaire : le droit départemental denregistrement et la taxe de publicité foncière sélèvent à 20,5 milliards en 1997.
La réforme de la taxe professionnelle rappelle les difficultés du système de péréquation mis en uvre dans les finances locales. En effet, avec la décentralisation, le problème des inégalités en terme de potentiel fiscal et de taux de prélèvement sest posé de manière accrue. Dans ce cadre la politique de péréquation mise en uvre vise à réduire les inégalités entre collectivités, en modulant les dotations de lEtat en fonction de leur situation ou en redistribuant en partie la ressource fiscale.
Cest principalement la dotation globale de fonctionnement qui joue le rôle dinstrument de péréquation au sein des divers concours de lEtat. Depuis 1994, la part de la D.G.F. consacrée à la péréquation a ainsi crû de 6,39 % à 9,27 % en 1998. Dans ce cadre, lévolution de la D.G.F. des groupements et le développement des dotations de solidarité urbaine et rurale marquent un souci renforcé de diminuer les inégalités entre collectivités.
Lincitation au regroupement intercommunal par lattribution dune dotation attribuée pour lessentiel sur des critères tenant compte des écarts de richesse entre groupements contribue ainsi à encourager la mutualisation des charges et des ressources sur des territoires plus vastes que celui de la cellule communale : cette dotation est ainsi passée de 2,7 milliards en 1992, soit près de 3 % de la D.G.F., à 5,3 milliards en 1998, soit 5,3 % de la D.G.F.
Dans le même temps, au sein de la D.G.F. des départements, la péréquation représente 55 % des crédits répartis : la première part intègre les écarts de potentiel fiscal entre départements, la seconde est répartie proportionnellement aux impôts perçus par chaque département au titre des deux taxes foncières et de la taxe dhabitation. Les départements les plus défavorisés peuvent en outre bénéficier de la dotation de fonctionnement minimale, qui vise à renforcer la solidarité interdépartementale en intégrant linsuffisance de la richesse fiscale.
Le tableau suivant permet de mieux cerner limportance des masses financières destinées à la péréquation au sein de la D.G.F. :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(en millions de francs)
|
|
1994
|
1995
|
%
|
1996
|
%
|
1997
|
%
|
1998
|
%
|
D.G.F. Totale
|
98.143,5 0
|
99.811,9 4
|
1,70
|
103.576,0 0
|
3,77
|
104.881,9 7
|
1,26
|
106.333,4 0
|
1,38
|
Dotation de solidarité urbaine
|
1.260,00
|
1.420,22
|
12,72
|
2.120,60
|
49,31
|
2.165,00
|
2,09
|
2.274,85
|
5,07
|
Dotation de solidarité rurale
|
1.026,56
|
1.300,22
|
26,66
|
1.564,00
|
20,29
|
1.640,32
|
4,88
|
1.770,16
|
7,92
|
D.G.F. des groupements
|
3.765,23
|
4.168,58
|
10,71
|
4.661,40
|
11,82
|
5.018,73
|
7,67
|
5.286,66
|
5,34
|
Dotation de fonctionnement minimale
|
214,97
|
254,90
|
18,57
|
384,97
|
51,03
|
424,97
|
10,39
|
524,03
|
23,31
|
TOTAL
|
6.266,77
|
7.143,92
|
14,00
|
8.730,97
|
22,22
|
9.249,02
|
5,93
|
9.855,69
|
6,56
|
% de péréquation
|
6,39
|
7,16
|
|
8,43
|
|
8,82
|
|
9,27
|
|
Si la D.G.F. assure lessentiel des mécanismes de péréquation au titre des concours de lEtat, celle-ci est également assurée de manière plus ciblée par la dotation de solidarité urbaine, la dotation de solidarité rurale et le fonds national de péréquation.
Sagissant de la dotation de solidarité urbaine (D.S.U.), répartie selon des critères intégrant les disparités de richesse au niveau territorial, elle connaîtra un abondement supplémentaire de 500 millions de francs pendant trois ans afin de répondre à la baisse de la dotation de compensation de la taxe professionnelle consécutive à lentrée en vigueur du nouveau contrat de croissance et de solidarité. Dans le même temps la dotation de solidarité rurale et le fonds national de péréquation ont permis daccroître leffort à légard des communes rurales, alors que les mécanismes de correction des déséquilibres interrégionaux continuent leur montée en puissance.
Ce fonds a pour objectif la correction des inégalités entre collectivités locales du fait des disparités de ressources fiscales. De nombreuses dispositions successives ont modifié les ressources et les mécanismes de répartition des sommes collectées.
Le F.N.P.T.P. est alimenté par quatre ressources : deux dotations de lEtat, lune indexée sur lindice de variation des recettes fiscales nettes de lEtat, lautre finançant la dotation de développement rural ; lexcédent de fiscalité locale de La Poste et France Télécom versé directement à lEtat depuis la loi du 2 juillet 1990 relative à lorganisation du service public de la Poste et des télécommunications ; le produit de la cotisation nationale de péréquation de la taxe professionnelle.
Le F.N.P.T.P. devrait atteindre 3,38 milliards de francs soit une progression de 16,91 % par rapport au montant de la loi de finances pour 1998. Cette forte progression sexplique par le versement de lexcédent de fiscalité opéré par La Poste et France Télécom : à structure constante, le fonds progresse de + 5,88 %, ce qui correspond à lévolution prévisionnelle des recettes fiscales nettes de lEtat.
Sagissant de la répartition des recettes du fonds, plusieurs lois ont prévu les critères déligibilité et les modes dattribution :
la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996 relative à la mise en uvre du pacte de relance pour la ville a prévu que le F.N.P.T.P. devait compenser la perte de recettes pour les collectivités locales résultant des exonérations de taxe professionnelle pour les entreprises simplantant dans les zones franches et dans les zones de redynamisation urbaine ;
la loi du 4 février 1995 dorientation pour laménagement et le développement du territoire a partagé le F.N.P.T.P. en deux fractions : la première compense les pertes que les communes ou leurs groupements peuvent enregistrer au titre de leurs bases dimposition de la taxe professionnelle ; lautre part est attribuée aux communes connaissant des difficultés financières.
La première fraction du F.N.P.T.P. est répartie au titre de la dotation de développement rural entre communes (25 % des crédits) et groupements éligibles (75 % des crédits). En 1998, 31.535 communes sont éligibles à la D.D.R. soit 4 communes de moins quen 1997. Quatre départements comptent moins de 100 communes éligibles, tandis que 17 départements en comptent plus de 500. On citera pour mémoire le Pas-de-Calais (795), lAisne (766), la Somme (724), la Seine-Maritime (679), la Côte-dOr (669) et la Moselle (673).
La seconde fraction vise à compenser les pertes de bases de taxe professionnelle subies par les communes et les groupements de communes à fiscalité propre. Depuis 1995 cette fraction se partage entre une première part et une part résiduelle. La première part ne peut excéder depuis le collectif budgétaire du 29 décembre 1997 un total de 27 % des ressources de la seconde fraction. Pour 1998 au niveau national, les crédits disponibles ont été fixés à 953,448 millions de francs. La part résiduelle est attribuée aux communes connaissant des difficultés financières et dont le budget a été transmis à la chambre régionale des comptes. Le comité des finances locales a fixé cette part à 3 millions de francs compte tenu des faibles demandes des années précédentes.
La compensation des pertes de recette au titre de la baisse de la dotation de compensation de la taxe professionnelle pour les communes éligibles à la D.S.U. et aux communes bénéficiant de la fraction bourgs-centre de la D.S.R. prévue dans le cadre du contrat de croissance et de solidarité se fera par la création dune seconde part au sein de cette seconde fraction. Les pertes sont estimées à 380 millions de francs en 1999.
Ce fonds est de création récente puisquil a été institué par la loi du 4 février 1995 dorientation pour laménagement du territoire. Il est alimenté par deux ressources :
la première provient de la seconde fraction du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, après soustraction des montants de la première part et de la part résiduelle ; elle assure la péréquation de la richesse fiscale entre collectivités en fonction de leur potentiel fiscal et de leur effort fiscal ;
la seconde a été alimentée en 1995 par le gel partiel de la progression de la D.C.T.P. des communes et son montant est indexé sur les recettes fiscales nettes de lEtat ; elle est attribuée aux communes de moins de 200.000 habitants éligibles à la première fraction sur des critères spécifiques de potentiel fiscal basé sur la seule taxe professionnelle.
Pour 1998, 15.414 communes sont éligibles aux deux fractions, élevant ainsi la dotation moyenne à 127.273 F par habitant contre 109.318 F en 1997. La dotation moyenne par habitant varie de plus de 140 F dans les premières strates correspondant aux communes rurales, à 79.063 F pour les communes de 100.000 à 199.999 habitants.
Lanalyse des écarts entre les diverses strates de communes aboutit à un double constat : les écarts de dotation forfaitaire en faveur des communes de moins de 10.000 habitants tendent à se réduire et les charges des communes de plus de dix mille habitants sont davantage prises en compte.
Le montant de la dotation forfaitaire par habitant connaît des écarts importants suivant la démographie de la commune : ces écarts peuvent atteindre jusquà 83 % entre la strate des communes comprise entre 500 à 999 habitants et celle de plus de 200.000 habitants. Alors que les communes de moins de 10.000 habitants représentent 50,69 % de la population nationale, elles reçoivent 40,3 % du total de la dotation forfaitaire. Il convient de noter que pour les communes rurales, la situation sest partiellement amélioré du fait de la création de la dotation de solidarité rurale en 1994, de la réforme de la part principale de la seconde fraction du F.N.P.T.P. et de la création du fonds national de péréquation qui bénéficie davantage aux communes rurales quaux communes urbaines. Lécart maximal entre les strates ne cesse ainsi de diminuer depuis 1986, puisquil est passé de 1 à 2,2 à cette date, à 1,71 en 1998. Toutes dotations confondues, les communes de moins de 10.000 habitants perçoivent au total 41,7 % des concours financiers de lEtat. Votre rapporteur souligne néanmoins la dispersion qui caractérise leffort fait en faveur des communes rurales : ainsi en 1998, 4.067 communes ont été éligibles à la première fraction de la D.S.R., 33.639 à la fraction péréquation, 15.414 aux deux fractions du fonds national de péréquation.
Pour les communes de plus de 10.000 habitants la mise en place dun indice de ressources et de charges permet de déterminer léligibilité des communes à la D.S.U. : le potentiel fiscal et le revenu moyen par habitant sont ainsi mis en balance avec la part des logements sociaux dans chaque commune ainsi que la proportion de la population bénéficiaire de laide au logement. Un mécanisme similaire est mis en uvre pour la répartition du fonds de solidarité entre les communes de la région Ile-de-France.
Au total, le montant des dotations par habitant est inversement proportionnel à la richesse des communes et plus la commune est défavorisée, plus la part du F.N.P., de la D.S.U. et de la D.S.R. est importante dans les concours financiers de lEtat. Celle-ci atteint :
19,2 % pour les communes dont le potentiel fiscal par habitant est inférieur à 25 % du potentiel fiscal moyen par habitant de la strate ;
18,9 % pour les communes dont le potentiel fiscal par habitant est compris entre 25 et 50 % du potentiel fiscal moyen par habitant de la strate ;
13,6 % pour les communes dont le potentiel fiscal par habitant est compris entre 50 et 75 % du potentiel fiscal moyen par habitant de la strate ;
7,2 % pour les communes dont le potentiel fiscal par habitant est compris entre 75 et 100 % du potentiel fiscal moyen par habitant de la strate ;
2,4 % pour les communes dont le potentiel fiscal par habitant est supérieur au potentiel fiscal moyen par habitant de la strate.
A titre illustratif le tableau ci-joint permet de comparer la répartition du fonds national de péréquation entre 1998 et 1997 par strate de population :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
FONDS NATIONAL DE PÉRÉQUATION 1998
COMPARAISON DE LA RÉPARTITION 1998 PAR RAPPORT À 1997
|
Strate de population
|
Nombre de communes
éligibles PP FNP
|
Nombre de communes
bénéficiaires PP FNP (1)
|
Nombre de communes
bénéficiaires majoration (1)
|
Nombre de communes
bénéficiaires PP FNP
et majoration
|
Nombre de communes
à la garantie
|
|
1997
|
1998
|
Variation
|
1997
|
1998
|
Variation
|
1997
|
1998
|
Variation
|
1997
|
1998
|
Variation
|
1997
|
1998
|
Variation
|
0 à 499 habitants
|
9.449
|
9.648
|
2,11 %
|
9.170
|
9.372
|
2,20 %
|
8.089
|
8.043
|
- 0,57 %
|
7.974
|
7.958
|
- 0,20 %
|
497
|
560
|
12,68 %
|
500 à 999 habitants
|
3.817
|
3.885
|
1,78 %
|
3.817
|
3.885
|
1,78 %
|
3.365
|
3.423
|
1,72 %
|
3.365
|
3.423
|
1,72 %
|
257
|
203
|
- 21,01 %
|
1.000 à 1.999 habitants
|
2.377
|
2.398
|
0,88 %
|
2.377
|
2.398
|
0,88 %
|
2.049
|
2.077
|
1,37 %
|
2.049
|
2.077
|
1,37 %
|
155
|
101
|
- 34,84 %
|
2.000 à 3.499 habitants
|
1.049
|
1.069
|
1,91 %
|
1.049
|
1.069
|
1,91 %
|
884
|
898
|
1,58 %
|
884
|
898
|
1,58 %
|
66
|
36
|
- 45,45 %
|
3.500 à 4.999 habitants
|
419
|
423
|
0,95 %
|
419
|
423
|
0,95 %
|
345
|
347
|
0,58 %
|
345
|
347
|
0,58 %
|
27
|
15
|
-44,44 %
|
 
5.000 à 7.499 habitants
|
353
|
355
|
0,57 %
|
353
|
355
|
0,57 %
|
283
|
290
|
2,47 %
|
283
|
290
|
2,47 %
|
18
|
12
|
-33,33 %
|
7.500 à 9.999 habitants
|
164
|
161
|
- 1,83 %
|
164
|
161
|
- 1,83 %
|
126
|
123
|
- 2,38 %
|
126
|
123
|
- 2,38 %
|
9
|
10
|
11,11 %
|
10.000 à 14.999 habitants
|
149
|
149
|
|
149
|
149
|
|
101
|
103
|
1,98 %
|
101
|
103
|
1,98 %
|
6
|
7
|
16,67 %
|
15.000 à 19.999 habitants
|
81
|
81
|
- 1,23 %
|
81
|
80
|
- 1,23 %
|
55
|
54
|
- 1,82 %
|
55
|
54
|
- 1,82 %
|
1
|
5
|
400,00 %
|
20.000 à 34.999 habitants
|
110
|
110
|
- 0,91 %
|
110
|
109
|
- 0,91 %
|
69
|
70
|
1,45 %
|
69
|
70
|
1,45 %
|
3
|
2
|
- 33,33 %
|
35.000 à 49.999 habitants
|
55
|
55
|
3,64 %
|
55
|
57
|
|
36
|
38
|
|
36
|
38
|
|
3
|
6
|
100,00 %
|
50.000 à 74.999 habitants
|
32
|
32
|
|
32
|
32
|
|
20
|
20
|
|
20
|
20
|
|
1
|
|
|
75.000 à 99.999 habitants
|
9
|
9
|
|
9
|
9
|
|
5
|
6
|
20,00 %
|
5
|
6
|
20,00 %
|
|
|
|
100.000 à 199.999 habitants
|
11
|
11
|
|
11
|
11
|
|
7
|
7
|
|
7
|
7
|
|
|
|
|
200.000 habitants et plus
|
10
|
10
|
|
10
|
10
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
18.085
|
18.396
|
1,72 %
|
17.806
|
18.120
|
1,76 %
|
15.434
|
15.499
|
0,42 %
|
15.319
|
15.414
|
0,62 %
|
1.043
|
957
|
- 8,25 %
|
(1) Les communes bénéficiaires de la part principale du F.N.P. et de la majoration sont celles qui perçoivent une attribution supérieure à 2.000 F.
|
Institué par larticle 64 de la loi dorientation n° 92-125 du 6 février 1992 relative à ladministration territoriale de la République, le fonds de correction des déséquilibres régionaux est alimenté par un prélèvement sur les recettes de certaines régions et bénéficie aux régions les moins favorisées. Les règles de répartition sont largement fondées sur la notion de potentiel fiscal intégrant depuis la loi n° 95-115 du 4 février 1995 dorientation pour laménagement et le développement du territoire les compensations servies par lEtat à raison des exonérations ou réductions des bases de fiscalité directe.
Lassiette de la contribution au fonds de compensation des déséquilibres interrégionaux est constituée des dépenses totales des régions les plus riches. Les collectivités candidates à la régionalisation des transports ferroviaires en application de la loi n° 97-135 du 13 février 1997 portant création de létablissement public réseau ferré de France voient leurs dépenses dans ce domaine exclues de lassiette du calcul de la contribution au fonds. Cette exonération nintervient que dans la limite de la compensation financière allouée par lEtat.
Les recettes du fonds proviennent dun prélèvement de recettes fiscales des régions contributives dont le montant est fonction dun certain pourcentage des dépenses régionales totales constatées dans le compte administratif de lexercice [n-2]. La région Ile-de-France est le premier contributeur : son prélèvement représente 70 % des ressources du fonds. Le conseil régional dIle-de-France nayant pas adopté le compte administratif pour 1996, larticle 109 de la loi de 2 juillet 1998 portant diverses dispositions dordre économique et financier a complété larticle L. 1612-12 du code général des collectivités territoriales en vue de permettre la substitution du préfet au président de région après avis de la chambre régionale des comptes.
Les régions contributives sont celles dont le potentiel fiscal par habitant est supérieur au potentiel fiscal moyen par habitant et dont le taux de chômage est inférieur au taux de chômage national. Cinq régions remplissent la première condition Ile-de-France, Alsace, Rhône-Alpes, Haute-Normandie et Provence-Alpes-Côte dazur les deux dernières étant exclues du fait de leur taux de chômage.
Le prélèvement est égal à :
1 % des dépenses totales de la région lorsque lécart du potentiel fiscal de la région au potentiel fiscal moyen est inférieur à 5 % ;
1,5 % lorsque cet écart est compris entre 5 et 20 % (Alsace et Rhône-Alpes en 1998) ;
2 % lorsque cet écart est supérieur à 20 % (Ile-de-France en 1998).
Les ressources totales du fonds se sont élevées en 1998 à 389,1 millions de francs contre 351,3 millions en 1997, soit une progression de 10,77 %. Les contributions se répartissent de la manière suivante :
Ile-de-France : 277 millions de francs ;
Rhône-Alpes : 88,5 millions de francs ;
Alsace : 23,7 millions de francs.
Les régions bénéficiaires doivent avoir un potentiel fiscal par habitant inférieur dau moins 15 % au potentiel fiscal élargi moyen par habitant de lensemble des régions. Comme en 1997, quatorze régions ont été déclarées éligibles. Le fonds est réparti entre régions de métropole et régions doutre-mer sur des critères intégrant la population, le potentiel fiscal et leffort fiscal par habitant.
Le tableau suivant retrace les mouvements de fonds entre régions contributrices et régions attributaires :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
FONDS DE CORRECTION DES DÉSÉQUILIBRES RÉGIONAUX
|
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
|
|
|
|
RÉGIONS
|
Montant
|
F/habitant
|
Montant
|
F/habitant
|
Montant
|
F/habitant
|
Montant
|
F/habitant
|
Montant
|
F/habitant
|
Évolution
1995/94
|
Évolution
1996/96
|
Évolution
1997/96
|
Évolution
1998/97
|
TOTAL
|
314.591.219
|
15,96
|
345.839.552
|
17,54
|
372.184.238
|
18,88
|
351.276.226
|
15,61
|
389.113.114
|
17,35
|
9,93 %
|
7,62 %
|
5,62 %
|
10,77 %
|
Prélèvements
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Alsace
|
14.372.328
|
8,85
|
16.275.800
|
10,02
|
22.097.451
|
13,60
|
22.579.436
|
13,90
|
23.651.180
|
14,76
|
13,24 %
|
35,77 %
|
2,18 %
|
4,75 %
|
Ile-de-France
|
236.690.033
|
22,2
|
263.850.642
|
24,75
|
274.930.208
|
25,79
|
255.058.658
|
23,93
|
276.994.288
|
25,98
|
11,48 %
|
4,20 %
|
7,23 %
|
8,60 %
|
Rhône-Alpes
|
63.528.858
|
11,87
|
65.713.110
|
12,28
|
75.156.580
|
14,05
|
73.638.132
|
13,76
|
88.467.646
|
16,74
|
3,44%
|
14,37 %
|
2,02 %
|
20,14 %
|
Attribution
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
 
Aquitaine
|
|
|
|
|
|
|
29.761.565
|
10,64
|
33.405.042
|
11,94
|
|
|
|
12,24 %
|
Auvergne
|
27.416.122
|
20,75
|
30.011.669
|
22,72
|
32.767.820
|
24,80
|
28.669.520
|
21,70
|
32.256.700
|
24,39
|
9,47 %
|
9,18%
|
12,51 %
|
12,51 %
|
Bretagne
|
30.120.970.
|
10,77
|
34.638.321
|
12,39
|
37.138.871
|
13,28
|
32.232.458
|
11,53
|
35.189.320
|
12,57
|
15,00 %
|
7,22%
|
13,21 %
|
9,17 %
|
Corse
|
36.816.357
|
147,05
|
39.561.607
|
158,01
|
42.679.998
|
170,47
|
36.687.951
|
146,53
|
40.730.262
|
162,51
|
7,46 %
|
7,88%
|
14,04 %
|
11,02 %
|
Languedoc-Roussillon
|
25.802.244
|
12,20
|
31.106.695
|
14,71
|
34.002.351
|
16,08
|
29.755.142
|
14,07
|
32.797.189
|
15,49
|
20,56 %
|
9,31%
|
12,49 %
|
10,22 %
|
Limousin
|
30.200.657
|
41,78
|
32.363.694
|
44,77
|
35.301.163
|
48,84
|
31.286.446
|
43,28
|
35.419.326
|
48,95
|
7,16 %
|
9,08%
|
11,37 %
|
13,21 %
|
Midi-Pyrénées
|
37.046.045
|
15,24
|
42.583.304
|
17,52
|
46.280.187
|
19,04
|
39.412.618
|
16,21
|
43.310.332
|
17,80
|
14,95 %
|
8,68%
|
14,84 %
|
9,89 %
|
Nord-Pas-de-Calais
|
44.881.091
|
11,32
|
43.787.273
|
11,04
|
45.315.121
|
11,43
|
38.961.862
|
9,83
|
43.164.660
|
10,87
|
2,44 %
|
3,49%
|
14,02 %
|
10,79 %
|
Pays-de-la-Loire
|
29.798.574
|
9,74
|
33.692.713
|
11,01
|
36.107.380
|
11,80
|
31.463.430
|
10,29
|
34.656.528
|
11,32
|
13,07 %
|
7,17%
|
12,86 %
|
10,14 %
|
Poitou-Charentes
|
29.225.905
|
18,32
|
32.498.297
|
20,37
|
35.045.569
|
21,97
|
30.275.994
|
18,98
|
32.963.980
|
20,64
|
11,20 %
|
7,84%
|
13,61 %
|
8,88 %
|
Guadeloupe
|
4.518.286
|
11,68
|
4.955.249
|
12,80
|
5.962.457
|
15,41
|
5.062.403
|
13,08
|
5.778.106
|
16,03
|
9,67 %
|
20,33%
|
15,10 %
|
14,14 %
|
Guyane
|
2.599.172
|
22,66
|
2.351.577
|
20,51
|
2.247.560
|
19,60
|
1.778.320
|
15,51
|
1.926.513
|
18,03
|
9,53 %
|
4,42%
|
20,88 %
|
8,33 %
|
Martinique
|
3.854.758
|
10,72
|
5.441.623
|
15,13
|
8.307.551
|
23,10
|
6.449.170
|
17,94
|
7.443.203
|
22,22
|
41,17 %
|
52,67%
|
22,37 %
|
15,41 %
|
Réunion
|
12.311.038
|
20,59
|
12.847.530
|
21,49
|
11.028.211
|
18,45
|
9.479.347
|
15,86
|
10.073.953
|
18,09
|
4,36 %
|
14,16%
|
14,04 %
|
6,27 %
|
Sil est malaisé de tirer un bilan de la politique de péréquation, on pourra néanmoins reconnaître que le système actuel permet de corriger les inégalités les plus criantes et de promouvoir la solidarité entre les collectivités. Cette péréquation est toutefois insuffisante? tant les inégalités territoriales sont fortes. Aussi lamélioration du système de péréquation doit-il être poursuivi sans que le système des relations financières entre lEtat et les collectivités locales ne soit excessivement alourdi et compliqué.
Sagissant de la péréquation entre lEtat et les collectivités locales, celle-ci est limitée du fait de la volonté de réduire les déficits publics, ce qui aboutit à enserrer les dotations péréquatrices (D.G.F., D.S.U., D.S.R.) au sein dune enveloppe fermée. Dans ce cadre, les améliorations possibles passent par un meilleur ciblage des mesures de péréquation à travers la définition de critères plus pertinents et par une meilleure répartition de la ressource fiscale entre collectivités.
La réforme des bases cadastrales peut constituer, selon ses modalités de mise en uvre, un élément de lamélioration de la péréquation dans la mesure où les bases actuelles ne reflètent que très imparfaitement la véritable richesse des collectivités locales. Cette réforme devrait normalement être engagée après de nombreuses années datermoiements pour lannée 2000.
Année importante du fait de la réforme de la taxe professionnelle et de lentrée en vigueur du nouveau contrat de croissance et de solidarité, 1999 sera également une année charnière pour les collectivités locales avec les réformes de lintercommunalité, de laménagement du territoire ou du système des interventions économiques. Dans le même temps, lexamen du budget pour 1999 doit permettre de dresser un premier bilan de la participation des collectivités locales au plan emplois-jeunes mis en place par le Gouvernement en octobre 1997.
Alors que la loi du 6 février 1992 relative à ladministration territoriale de la République a permis la montée en puissance de lintercommunalité ainsi que lamélioration du fonctionnement des établissements publics de coopération intercommunale, la complexité des règles qui les régissent et la nécessité de prendre en compte lexistence des agglomérations appellent une nouvelle réforme. Aussi, le Gouvernement a-t-il présenté en Conseil des ministres du 28 octobre dernier un projet de loi relatif à lorganisation urbaine et à la simplification de la coopération intercommunale déposé pour une première lecture sur le bureau de lAssemblée nationale.
En effet, plus de 37 millions dhabitants vivent dans les agglomérations où se concentrent lessentiel des problèmes économiques et sociaux auxquels les pouvoirs publics doivent apporter une réponse. A léchelon local, lémiettement communal ne permet le plus souvent pas de mettre en uvre des politiques cohérentes sur lensemble du territoire des agglomérations. En dehors des communautés urbaines au nombre de 12, la plupart des agglomérations manquent de structures dotées des compétences suffisantes en matière dhabitat, de transports urbains, durbanisme et daménagement. Dans le même temps, un certain nombre de simplifications doivent être introduites du fait de laccumulation des règles et des types de structure intercommunale en vue de relancer lintercommunalité en milieu rural.
Les tableaux suivants permettent de cerner létat densemble de lintercommunalité en France :
Répartition
Catégories de groupements
|
1980
|
1988
|
1993
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
SIVU
|
11.66 4
|
12.90 7
|
14.58 4
|
14.55 1
|
idem
|
idem
|
idem
|
SIVOM
|
1.980
|
2.287
|
2.362
|
2.106
|
idem
|
idem
|
idem
|
Districts
|
147
|
165
|
289
|
322
|
318
|
316
|
310
|
Communautés urbaines
|
9
|
9
|
9
|
9
|
10
|
11
|
12
|
Syndicats dagglomération nouvelle
|
|
9
|
9
|
9
|
9
|
9
|
9
|
Communautés de communes
|
|
|
554
|
756
|
894
|
1.105
|
1.241
|
Communautés de villes
|
|
|
4
|
4
|
4
|
5
|
5
|
TOTAUX
|
|
|
|
|
1.235
|
1.446
|
1.577
|
Communes et populations regroupées par les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre
|
|
|
|
EPCI
|
Communes regroupées
|
Population
|
Nature
|
Nombre
|
|
|
Communautés de communes
|
1.241
|
13.811
|
16.189.657
|
Districts
|
310
|
3.502
|
10.027.295
|
Communautés de villes
|
5
|
87
|
340.352
|
Communautés urbaines
|
12
|
309
|
4.543.295
|
Syndicats dagglomération nouvelle
|
9
|
51
|
717.532
|
TOTAL
|
1.577
|
17.760
|
31.818.131
|
La priorité fondamentale du projet de loi est de relancer lintercommunalité urbaine à fiscalité propre par la création dune formule nouvelle et spécifique, la communauté dagglomération. La création de cet établissement sera subordonnée à un double seuil démographique plus de 50.000 habitants et une commune-centre de plus de 15.000 habitants et il se verra doté de compétences étendues et précisément définies ainsi que des moyens nécessaires pour les exercer.
Au chapitre des ressources, les communautés dagglomération, ainsi que les communautés urbaines élargissant leurs compétences seront obligatoirement placées sous un régime de taxe professionnelle unique, les anciennes communautés urbaines pouvant adopter ce régime de manière optionnelle. Ces établissements pourront percevoir un complément de ressources sur la fiscalité des ménages et la dotation globale de fonctionnement qui leur sera affectée sera portée en létat du projet de loi à 250 francs par habitant, soit le double de ce que perçoivent les communautés de communes. Le financement de cette mesure, qui ne doit pas peser sur les dotations de péréquation au sein de la D.G.F., seffectuera par un prélèvement sur les recettes fiscales de lEtat dans la limite dun plafond annuel de 500 millions de francs. Un montant complémentaire pourra être prélevé, le cas échéant, sur la dotation de compensation de la taxe professionnelle.
En outre, des possibilités nouvelles seront offertes aux groupements à taxe professionnelle unique : ceux-ci pourront sous certaines conditions opérer une déliaison à la baisse des taux pratiqués pour les autres impositions directes ce qui donnera aux collectivités la faculté de mieux répartir la charge des prélèvements entre les ménages et les entreprises ; une dotation de solidarité interne au groupement pourra par ailleurs être instituée selon des critères définis par lui.
Dans le même temps, les modalités de création et de fonctionnement des communautés urbaines seront redéfinies pour tenir compte de linstitution des communautés dagglomération : elles pourront être créées à partir de 500.000 habitants et leurs compétences seront alignées sur celles des communautés dagglomération.
Enfin, le projet de loi vise à simplifier le nombre des formules existantes : les districts et les communautés de villes seront supprimées. Les districts seront transformés, à la majorité des deux tiers du conseil districal, soit en communautés de communes, soit en syndicat de communes. Les communautés de villes seront transformées, à la majorité des deux tiers du conseil de communauté, en communauté de communes. Lorsque districts et communautés de villes exercent déjà les compétences requises, ils pourront se transformer en communautés dagglomération ou en communautés urbaines, dès lors quils répondent aux seuils démographiques.
Sagissant des zones rurales, la communauté de communes mise en place en 1992, dont le succès est réel, ne sera pas remise en cause. Les zones rurales seront en fait principalement concernées par les dispositions de simplification des structures intercommunales qui privilégieront lharmonisation des règles de fonctionnement.
Cette harmonisation portera entre autres sur la désignation des délégués et la représentation des communes, sur le statut des délégués, sur la durée des mandats, sur les délégations, sur les règles de majorité qualifiée, sur les conditions de dissolution.
Ainsi, larticulation entre les structures intercommunales et les communes sera rationalisée afin de garantir une meilleure complémentarité daction : dorénavant, seuls les membres des conseils municipaux des communes membres pourront siéger dans les conseils des structures intercommunales et un rapport dactivité sera adressé annuellement par le président de lE.P.C.I. aux conseils municipaux intéressés. Enfin, la participation des habitants sera renforcée avec la création de comités consultatifs sur les affaires dintérêt intercommunal entrant dans la compétence du groupement de communes.
Deux points méritent toutefois dêtre éclaircis. Dune part votre rapporteur sinterroge sur larticulation entre linstitution de la taxe professionnelle unique et la modification concomitante de ses bases. La compensation par lEtat de la suppression des salaires dans lassiette de la taxe professionnelle vide ainsi en partie de son sens la mutualisation de cet impôt à léchelle de lagglomération. Dautre part, la question de la légitimité démocratique des nouvelles structures intercommunales dotées de compétences élargies et de ressources plus importantes se posera de plus en plus. Lélection des membres des conseils de ces groupements au suffrage universel présenterait toutefois le risque de voir, peu ou prou, apparaître un nouvel échelon de collectivités locales, alors même que notre système de décentralisation souffre dun trop grand nombre de niveaux de collectivités.
Cette réforme a été présentée au cours du Conseil des ministres du 29 juillet 1998 et déposée sur le Bureau de lAssemblée nationale le 29 juillet 1998. Le projet de loi modifie pour lessentiel la loi n° 95-115 du 4 février 1995 dorientation pour laménagement et le développement du territoire (L.O.A.D.T.) en vue de promouvoir en associant lUnion européenne, lEtat et les collectivités locales le développement durable , défini comme un développement intégrant le progrès social, la protection de lenvironnement et lefficacité économique .
Pour ce faire, il instaure des choix stratégiques déclinés en schémas de services collectifs et modifie, par ailleurs, les compétences et le fonctionnement du Conseil national daménagement et de développement du territoire, ainsi que certaines dispositions des lois de décentralisation portant sur la compétence des régions en matière daménagement du territoire, sur la composition des Conseils économiques et sociaux régionaux et sur le plan régional. Le rôle des régions est dans le même temps accru par des modifications du code lurbanisme relatives aux directives territoriales daménagement et au schéma directeur de la région dIle-de-France.
Les pays, institués par la loi de 1995, sont en outre remaniés : le projet de loi institue de nouvelles modalités de création, une nouvelle composition et un nouveau mode de fonctionnement. Pour les zones urbaines, le projet de loi prévoit la possibilité de mettre en place un projet dagglomération entre collectivités locales et établissements publics de coopération intercommunale. Il comporte également des dispositions relatives aux zones rurales et aux départements doutre-mer tendant notamment à promouvoir le maintien des services publics dans ces zones. Plusieurs articles du projet de loi modifient la loi dorientation des transports intérieurs du 30 décembre 1982 en vue de développer les transports multimodaux. Enfin le projet de loi entérine labandon du projet de canal Rhin-Rhône.
Le projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire sinscrit donc dans le prolongement du projet de loi relatif à lintercommunalité aussi bien pour les zones urbaines que pour les zones rurales. Ainsi, si les collectivités, quelle que soit leur nature, peuvent librement se constituer en pays, un pays ne pourra contracter avec lEtat dans le cadre des contrats de plan État-Région, que sil est adossé à un syndicat mixte ou à un établissement public de coopération intercommunale ayant le même périmètre. Le périmètre du pays devra en outre respecter le périmètre des établissements publics à fiscalité propre préexistants.
Ce projet de loi, en confortant les pays, cest à dire les projets locaux de développement des territoires, confirme la vocation des collectivités locales à intervenir de façon coordonnée en matière daménagement du territoire. Il réaffirme par ailleurs les régions dans leur rôle daménagement en précisant les priorités de la contractualisation avec lEtat et de lutilisation des fonds structurels européens. Cette réforme, plus indicative que normative, nen a pas moins le mérite de souligner par-delà la complexité du paysage institutionnel et des disparités de richesse, la logique propre aux territoires et à leur développement.
Le régime juridique actuel de laction des collectivités territoriales en faveur du développement économique résulte pour lessentiel de la loi du 7 janvier 1982 approuvant le plan intérimaire de 1982-1983 et de la loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions. Limportance des sommes engagées appelle un assainissement de ce système caractérisé par sa complexité et par son inadéquation aux besoins réels des entreprises.
Les dernières données disponibles en matière dinterventions économiques des collectivités locales sont celles de 1995 et ont été publiées dans une Note bleue de Bercy, publiée le 16 octobre 1998. Ces aides se partagent entre aides directes et aides indirectes.
Sagissant des aides directes pour 1995, elles recoupent les subventions, les primes, les prêts et avances, les bonifications dintérêt, les achats de terrains et de bâtiments. Les subventions constituent 62,7 % des aides directes, qui représentent, dans leur ensemble, 11,5 milliards de francs soit 83,8 % des aides versées.
Les aides indirectes, pour leur part, représentent en 1995 une masse de 2,2 milliards de francs. Elles prennent des formes très diverses : fonds de garantie, prises de participation, ventes à paiements échelonnés, aménagements de zones industrielles, études et conseils de gestion. Lencours des garanties demprunts représentait quant à lui un montant total de 261,6 milliards de francs.
La participation des communes sélève à 37,8 % des aides accordées par lensemble des collectivités locales, alors que les régions voient leur contribution sélever à 35,3 % des interventions, contre 23,5 % pour les départements.
Dans lensemble les aides continuent de diminuer (- 4,2% par rapport à 1994), principalement du fait de la chute des subventions accordées en baisse de 14,6 %. Les aides pour le développement économique représentent, avec 13,7 milliards de francs, la quasi totalité des aides versées soit 99,4 % du total. Le reste est versé aux entreprises en difficulté.
Compte tenu de limportance des sommes en jeu, la nécessité de réformer les interventions économiques des collectivités locales et le régime de sociétés déconomie mixte locale apparaît prioritaire. Cest pourquoi le Parlement devrait être saisi dun projet de loi en ce sens dans le courant du premier semestre de 1999. Deux priorités essentielles marquent ce projet :
la suppression de la distinction, sujette à de nombreuses difficultés dinterprétation, entre les aides indirectes et les aides directes ;
la définition dun régime daides aux entreprises conforme aux interprétations de la Commission européenne portant sur les articles 92 et 93 du Traité de lUnion européenne.
Dans un souci déviter certaines dérives, des seuils prudentiels seront instaurés afin de limiter la part maximale des recettes de fonctionnement que les collectivités locales pourront consacrer chaque année aux dépenses quelles effectuent en faveur des entreprises. Enfin, les collectivités locales pourront abonder des fonds spécifiques dintervention, notamment les fonds de capital risque et les fonds de garantie gérés par des sociétés spécialisées dans cet objet.
La clarification du régime des interventions économiques des collectivités locales devrait donc permettre déviter les contentieux et mettre un terme à certaines dérives constatées par les chambres régionales des comptes.
Mis en place par la loi n° 97-947 du 16 octobre 1997, les emplois jeunes visent à répondre à des besoins émergents ou non satisfaits par la création dactivité dutilité sociale notamment dans les domaines de la culture, du sport et de lenvironnement. Lobjectif du plan était de créer 350.000 emplois, permettant aux jeunes de sinsérer durablement dans la vie professionnelle.
Le bilan dressé par les services du Ministère de lemploi et de la solidarité fait état au 30 juin 1998, aux termes des conventions signées entre lEtat et les collectivités locales, les établissements publics et les associations, de 50.130 emplois créés et de 29.090 recrutements effectifs, hors les emplois au titre de léducation nationale et de la police. Sur cet ensemble demplois 36 % ont été effectués par les collectivités locales.
Létat garantit une aide par poste de travail dun montant annuel de 92.000 francs revalorisé annuellement. Les collectivités locales doivent prendre en charge le différentiel de charges de rémunération. Dans le même temps, les collectivités locales peuvent financer, en complément de la part prise en charge par lEtat, les emplois créés par dautres collectivités, des établissements publics locaux ou par le secteur associatif.
Enfin, les départements et les régions peuvent, dans le cadre de leurs compétences, contribuer au financement des emplois jeunes. Ainsi, les régions peuvent-elles participer à leffort de formation des jeunes recrutés ou financer les plates-formes régionales de professionnalisation. Les départements peuvent, pour leur part, intervenir aux côtés des régions en vue de contribuer aux actions dingénierie. Dans les faits, la quasi-totalité des conseils généraux et des conseils régionaux a délibéré sur ce dispositif et interviennent le plus souvent en tant que cofinanceurs. Dans le même temps, toutes les grandes villes de France ont signé des contrats emplois-jeunes dune durée de soixante mois.
Si la montée en puissance récente du dispositif des emplois-jeunes explique labsence de statistiques précises sur la nature des emplois mis en place par les collectivités locales et sur leur impact budgétaire, votre rapporteur souhaite quà loccasion du prochain budget un bilan plus complet puisse être dressé afin de mieux rendre compte de la participation des collectivités locales à cette action dampleur pour lemploi des jeunes.
Lors de son précédent rapport votre rapporteur indiquait que la substitution aux ressources fiscales des collectivités de dotations versées par lEtat revenait sur lun des principes fondateurs de la décentralisation conduite par Gaston Defferre.
Les orientations prises par le Gouvernement dans le cadre du budget 1999, et rappelées plus haut, accentuent ce phénomène de substitution.
Un décentralisateur de la veille se doit de rappeler quà loccasion du transfert de compétences, deux options étaient offertes en matière de compensations financières :
soit augmenter les dotations versées par lEtat ;
soit transférer aux collectivités une partie des impôts dEtat.
Cest cette deuxième option qui fut choisie, avec le transfert de trois impôts dEtat : les cartes grises à la région, la vignette et les droits de mutation (aux départements).
Ce choix fut alors justifié au motif quil favorise la liberté daction des collectivités locales. Lorsquil y a transfert de recettes fiscales, il appartient à la collectivité de fixer librement le niveau de prélèvement souhaité. Lorsquil y a dotation de lEtat, cest ce dernier qui fixe et contrôle sous réserve de laccord du Parlement le niveau de la dotation. Or, lexpérience des années passées montre que, quel que soit le gouvernement, la volonté de réduire le niveau des dotations est permanente et régulière. Il suffit de se souvenir des dispositions prises, depuis 1991, pour limiter, sinon le niveau, tout au moins la progression des transferts financiers de lEtat aux collectivités, pour comprendre la pertinence du choix effectué par les décentralisateurs des années 1981-1986. Or, force est de constater que si les collectivités ont obtenu, en 1983-1984, la liberté de fixer des recettes fiscales nouvelles à hauteur de 44 milliards, en 1999 lEtat versera aux collectivités près de 116 milliards de fiscalité locale.
Ce chiffre prend en compte les conséquences financières des mesures contenues dans le projet de loi de finances en matière de taxe professionnelle et de droits de mutations. Cest un chiffre considérable qui montre lintérêt que le Gouvernement porte aux collectivités locales. Mais son ampleur même souligne la fragilité de leur situation financière. Prenons le cas de la taxe professionnelle : la diminution de lassiette imposable et son remplacement par une dotation de lEtat ne manquera pas dinfluer sur lavenir de cet impôt. Pourra-t-on longtemps maintenir la notion dimpôt local dès lors que lEtat supportera 60 % du produit attribué aux collectivités contre 37 % aujourdhui, et 17 % en 1981. En matière de taxe dhabitation, la prise en charge par lEtat de 23 % du produit perçu par les collectivités se traduit par un nombre sans cesse accru de contribuables exonérés, dégrevés, plafonnés.
Lexclusion civique nest-elle pas facilitée dès lors quon ne paie plus dimpôt ? Redonner tout son sens à la notion de citoyen devrait conduire à rétablir le lien que limpôt crée avec la commune, lieu dapprentissage irremplaçable de la démocratie. Cest pourquoi votre rapporteur souhaite que lon puisse, à nouveau, réfléchir sur la possibilité de transférer aux collectivités de nouveaux impôts qui se substitueraient aux concours de lEtat. Au-delà de ce qui pourrait apparaître comme un débat théorique superflu, cest bien la place que les collectivités jouent dans léconomie nationale qui pourrait être remise en cause.
Sans les collectivités locales, linvestissement public serait faible, puisque les deux tiers de ces investissements (routes, stades, écoles, espaces verts, traitement des déchets ménagers, transports urbains, etc ...) sont réalisés sous maîtrise douvrage des collectivités. A cet effet, les collectivités peuvent recourir à lemprunt. Or il existe un rapport étroit entre le recours à lemprunt et limportance des recettes fiscales, comme lindique un éminent spécialiste des finances publiques (2) : Le pouvoir fiscal dont dispose une collectivité locale lui donne une plus grande capacité dendettement, et donc de modulation de ses opérations déquipement. Seule la disposition de recettes dont on a la maîtrise directe, fiscalité ou prix, permet dassumer le risque de lemprunt en jouant sur les variations de ces deux catégories de recettes respectives et de mener ainsi une politique raisonnée à moyen terme. En revanche, lorsque la quasi-totalité des ressources provient de dotations, linitiative demprunter sen trouve fortement bridée. Or, la croissance du P.I.B. est influencée dans une proportion non négligeable par les investissements des collectivités locales. Il est donc primordial de favoriser les investissements locaux (3).
Dans un second domaine, les créations demploi, les collectivités locales jouent un rôle important. Employant près de 1,55 million de fonctionnaires territoriaux, les collectivités recrutent, chaque année, 20 à 25.000 personnes de plus quil nen part à la retraite. Là encore, la limitation du pouvoir financier des collectivités se traduira par une réduction de ces créations demplois.
En plaidant pour un renforcement du pouvoir fiscal des collectivités, votre rapporteur a le souci de développer leur rôle dans léconomie nationale sans mettre en péril les équilibres liés à leuro, puisque les collectivités ont stabilisé le poids de leur dette dans le P.I.B., et cela depuis de longues années, tout en dégageant un excédent de financement qui contribue à ce que les déficits publics soient contenus en-dessous de 3 % du P.I.B. Un comportement aussi exemplaire mérite dêtre encouragé.
*
* *
En conclusion, le rapporteur souhaite rappeler la nécessité de poursuivre les réformes dans le domaine des finances locales afin de clarifier les relations financières entre lEtat et les collectivités territoriales.
Linstauration du nouveau contrat de croissance et de solidarité a permis de sortir dans de bonnes conditions du pacte de stabilité : les nouvelles règles dindexation des concours de lEtat sous enveloppe concilient ainsi la maîtrise des dépenses publiques et la possibilité pour les collectivités locales de disposer de ressources stables dont lévolution est désormais liée à la croissance.
La réforme de la taxe professionnelle doit, par ailleurs, permettre de corriger les effets de cet impôt local en matière demploi. Le développement de la taxe professionnelle unique dagglomération prévue par le projet de loi relatif à lintercommunalité doit, dans le même temps, réduire les inégalités engendrées par cette taxe en mutualisant les recettes quelle procure au-delà des limites communales. La péréquation, qui constitue le mécanisme central de la solidarité entre les collectivités, se trouvera ainsi renforcée.
Toutefois, cette réforme prévoit la compensation par lEtat de la perte de recettes engendrée par la modification de lassiette de la taxe professionnelle. La substitution du contribuable national au contribuable local sen trouve donc accrue, alors même que les mécanismes de plafonnement des bases, les nombreux dégrèvements et exonérations des impôts locaux contribuent à brouiller la lisibilité du système de financement des collectivités territoriales.
Pour ces raisons, alors même que la décentralisation a considérablement accru les masses financières gérées par les collectivités locales, votre rapporteur souhaite que lon en revienne à lesprit de larticle XIV de la Déclaration des droits de lhomme et du citoyen :
Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, den suivre lemploi et den déterminer la quotité, lassiette, le recouvrement et la durée. .
Force est de constater que ce principe sapplique de moins en moins dans les finances locales. Dans le même temps, la décentralisation implique lexistence de ressources propres des collectivités. La fiscalité locale, en reliant le citoyen aux décisions des collectivités décentralisées et en garantissant lautonomie financière de ces collectivités, constitue pour ces raisons lun des tous premiers fondements de la démocratie locale. Cet esprit devra guider les prochaines réformes de la fiscalité locale afin de promouvoir léquité et lefficacité de limpôt local et un meilleur équilibre avec le poids des concours de lEtat.
*
* *
Avant de procéder à lexamen des crédits, la Commission a entendu M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de lEtat et de la décentralisation (4).
Dans la partie de son propos consacrée à la décentralisation, le Ministre a indiqué quil ny aurait pas de nouveau texte densemble, mais simplement un approfondissement, à travers le projet de loi dorientation pour le développement durable du territoire, le projet de loi relatif à lintercommunalité, qui crée notamment une taxe professionnelle dagglomération, et le projet de loi sur lintervention économique des collectivités locales. Sagissant de ce dernier texte, il a précisé que son objet était de permettre aux collectivités locales de se mettre en conformité avec les règles européennes et les observations de la Cour des comptes en supprimant les distinctions entre les aides directes et indirectes, en assouplissant les possibilités dintervention des collectivités locales, les aides départementales et communales nétant plus subordonnées à lintervention préalable de la région, tout en encadrant ces interventions par des règles prudentielles qui permettent déviter de mettre en danger les finances locales. Il a ajouté que le projet de loi contribuerait également à clarifier les relations entre les collectivités locales et les sociétés déconomie mixte. Il a enfin évoqué le rapport de M. Rémy Schwartz sur la fonction publique territoriale, soulignant quil était nécessaire den moderniser les règles de recrutement et de formation.
M. Robert Pandraud a tout dabord souligné les limites du budget de la fonction publique, observant que les principales décisions sont de la compétence des administrations gestionnaires et surtout du ministère des finances. Tout en considérant que la France connaissait une sur-administration dans des domaines dactivité en voie de régression, il sest inquiété de la sous-administration effective observée dans les administrations en contact avec les usagers, évoquant en particulier les services préfectoraux. Sagissant de la réforme de lEtat, M. Robert Pandraud a posé le problème de la superposition des échelons administratifs, considérant quil faudrait choisir à terme entre la région et le département.
Le rapporteur a souhaité connaître le point de vue du ministre sur la prise en charge croissante des recettes fiscales des collectivités territoriales par lEtat, estimant que cette tendance pouvait conduire à remettre en cause les principes de la décentralisation posés en 1982.
Observant que le ministre de la fonction publique, de la réforme de lEtat et de la décentralisation jouait un rôle dimpulsion et de coordination, M. Bernard Derosier la interrogé sur la politique quil souhaitait conduire en matière de réduction du temps de travail dans la fonction publique. Constatant que le financement des collectivités locales reposait de moins en moins sur les recettes de la fiscalité et de plus en plus sur le produit des dotations de lEtat, il a souhaité savoir comment seraient financés les coûts engendrés par la diminution du temps de travail au sein des services des collectivités territoriales. Par ailleurs, tout en reconnaissant le bien fondé des revendications syndicales sur la défense des emplois statutaires, il a insisté sur la difficulté de pourvoir par concours certains emplois spécifiques et a souhaité que le contrôle de légalité des préfets soit moins rigoureux et permette de recourir davantage à des emplois contractuels. Abordant la question de la taxe professionnelle, il a considéré que les collectivités locales étaient satisfaites de la compensation par lEtat du coût de la réforme. Il a cependant fait part de ses doutes sur lévolution de la part des dotations de lEtat dans le financement de ces collectivités, soulignant quelle remettait en cause le principe dautonomie des collectivités locales.
M. Jacky Darne a fait part de ses interrogations sur le rôle de coordination du préfet, évoquant le manque de concertation et de transversalité entre les différents services déconcentrés. Abordant la question de la fiscalité locale, il sest interrogé sur larticulation de la réforme de lassiette de la taxe professionnelle et de la mise en place dune taxe professionnelle unique dagglomération, ainsi que sur la portée incitative de cette mesure en matière demploi. Il a considéré que le maintien, pour les communes éligibles à la dotation de solidarité urbaine, du niveau de la dotation de compensation de la taxe professionnelle, risquait de rendre moins attractif le régime de taxe professionnelle unique institué par le projet de loi relatif à lintercommunalité. Il sest par ailleurs interrogé sur les conséquences pour les contribuables de la réforme de la taxe dhabitation ainsi que sur lannée de référence fixée pour lestimation des valeurs locatives. Considérant enfin que lassouplissement des conditions de recours aux emplois contractuels nétait pas souhaitable, il a cependant admis que le concours nétait pas, dans certains cas spécifiques, le mode de recrutement le plus adapté. Il a donc souhaité que la possibilité deffectuer un recrutement sur titres, pour certaines missions précises, soit ouverte.
M. Renaud Donnedieu de Vabres a jugé que le développement de la contractualisation entre lEtat et les collectivités locales avait abouti à une confusion systématique des compétences, participant de la crise de la responsabilité et de la paralysie de laction publique. Regrettant labsence de réorganisation des administrations centrales depuis linstauration des transferts de compétences résultant des lois de décentralisation, il a souhaité quun bilan précis des transferts dactivités et de personnels entre lEtat, les services déconcentrés et les collectivités locales soit établi. Il a enfin déploré que les contrats de plan, privilégiant les questions financières, nintègrent pas dans les programmes quils définissent les moyens humains nécessaires à leur mise en uvre.
M. Emile Blessig a remarqué que de nombreuses communes navaient pas les moyens suffisants pour financer des emplois correspondant néanmoins à leurs besoins réels. Il sest interrogé sur la possibilité pour ces collectivités de sassocier afin de procéder aux recrutements quelles estiment nécessaires.
En réponse aux différents intervenants, le Ministre a apporté les éléments dinformation suivants :
La modernisation de lEtat doit saccélérer, notamment dans les administrations déconcentrées qui représentent 95 % des effectifs de la fonction publique étatique, 75 % des décisions prises par lEtat et 2/3 des crédits budgétaires.
Lévolution du service public doit être conduite dans la concertation en portant une attention particulière aux lieux où le tissu social est le plus fragilisé, notamment en milieu rural.
En matière de réduction du temps de travail, il est clair que lon ne peut transposer le mécanisme de la loi Aubry à la fonction publique de manière totalement homothétique. Il est important de prendre en compte, au sein de la fonction publique, la diversité de situations et le principe déquité doit présider à lensemble du mouvement de réduction du temps de travail dans le secteur public. Il est difficile, pour lheure, de préciser la façon dont la réduction du temps de travail sappliquera à ladministration et en particulier comment les collectivités locales pourront ou non bénéficier dune aide de lEtat pour financer cette réduction.
Le Gouvernement nentend pas procéder à une recentralisation rampante , notamment par le biais dune augmentation de la contribution de lEtat aux ressources des collectivités territoriales. Lautonomie de ces collectivités tient plus à la liberté quelles ont dutiliser les ressources dont elles disposent quà lorigine de celles-ci. Ainsi, aux Pays-Bas, où la décentralisation est particulièrement poussée, la majeure partie des ressources des collectivités locales provient de contributions de lEtat.
Pour ce qui est du recrutement de contractuels par les collectivités locales, il nest évidemment pas envisageable dappeler les préfets à la modération dans lexercice du contrôle de légalité. Néanmoins, on observe que ce contrôle nest pas à lheure actuelle dune rigueur excessive puis, que le nombre de contractuels employés par les collectivités territoriales représente encore un tiers de leurs effectifs. Il convient dêtre prudent en tout état de cause avant de remettre en question le principe du concours qui est au centre du respect de léquité républicaine.
Les préfets verront leur rôle mieux défini pour assurer une meilleure coordination de laction de ladministration à léchelon local. Leur responsabilité sera importante pour faire émerger les projets locaux tant à léchelon départemental que régional.
En ce qui concerne la réforme de la taxe professionnelle, il peut apparaître paradoxal quon diminue le produit de cette taxe alors que, parallèlement, on entend promouvoir lintercommunalité par linstauration de la taxe professionnelle unique dagglomération. Néanmoins, il reste 100 milliards de francs de taxe professionnelle à percevoir, soit plus de 60 % de celle-ci.
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Conformément aux conclusions du rapporteur pour avis, la commission des Lois constitutionnelles, de la législation et de ladministration générale de la République a émis un avis favorable à ladoption des crédits du ministère de lintérieur pour 1998 : collectivités locales.
1 ) Dans son rapport, le conseil des impôts a simulé une hypothèse de suppression de la part salariale de la taxe professionnelle ; mesure qui induit un manque à gagner de 50 milliards de francs pour les collectivités. Dans lhypothèse (retenue par le gouvernement) dune compensation par laugmentation des impôts nationaux, lallégement sur le coût du travail est estimé à moins dun point. Le Conseil des impôts ne recommandait pas cette mesure : Les problèmes de la taxe professionnelle tiennent avant tout à la surtaxation de la part capital et la taxe professionnelle nest pas un vecteur pertinent dallégement du coût du travail. (Conseil des impôts, rapport 1997, p. 141-142).
2 ) Robert Hertzog, Finances locales et aménagement du territoire , coédition DATAR et Crédit local de France, p. 157.
3 ) La démonstration en a été faite par Jacques Meraud dans son ouvrage Les collectivités locales et léconomie nationale publié par le Crédit local de France en 1997.
4 ) On retrouvera dans cet avis le compte-rendu de la partie de cette audition relative aux collectivités locales, la partie de laudition traitant de la fonction publique figurant dans lavis relatif aux crédits du ministère de lintérieur : fonction publique (avis n° 1115, tome I).
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