AU NOM DE LA COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LA LÉGISLATION ET DE L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE DE LA RÉPUBLIQUE (1) SUR LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n° 1078),
TOME V
JUSTICE
ADMINISTRATION CENTRALE
ET SERVICES JUDICIAIRES
PAR M. JACQUES FLOCH,
Député.
La commission des Lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République est composée de : Mme Catherine Tasca, présidente ; MM. Pierre Albertini, Gérard Gouzes, Mme Christine Lazerges, vice-présidents ; MM. Richard Cazenave, André Gerin, Arnaud Montebourg, secrétaires ; MM. Léo Andy, Léon Bertrand, Emile Blessig, Jean-Louis Borloo, Patrick Braouezec, Mme Frédérique Bredin, MM. Jacques Brunhes, Michel Buillard, Dominique Bussereau, Christophe Caresche, Patrice Carvalho, Mme Nicole Catala, MM. Olivier de Chazeaux, Pascal Clément, Jean Codognès, François Colcombet, Michel Crépeau, François Cuillandre, Henri Cuq, Jacky Darne, Camille Darsières, Jean-Claude Decagny, Bernard Derosier, Marc Dolez, Renaud Donnedieu de Vabres, René Dosière, Julien Dray, Renaud Dutreil, Mme Nicole Feidt, MM. Jacques Floch, Raymond Forni, Pierre Frogier, Claude Goasguen, Louis Guédon, Guy Hascoët, Philippe Houillon, Michel Hunault, Henry Jean-Baptiste, Jérôme Lambert, Mme Claudine Ledoux, MM. Jean-Antoine Léonetti, Bruno Le Roux, Mme Raymonde Le Texier, MM. Jacques Limouzy, Thierry Mariani, Louis Mermaz, Jean-Pierre Michel, Ernest Moutoussamy, Henri Nallet, Mme Véronique Neiertz, MM. Robert Pandraud, Christian Paul, Vincent Peillon, Dominique Perben, Henri Plagnol, Didier Quentin, Bernard Roman, Gilbert Roseau, José Rossi, Frantz Taittinger, André Thien Ah Koon, Jean Tiberi, Alain Tourret, André Vallini, Alain Vidalies, Jean-Luc Warsmann.
INTRODUCTION 5
I. POUR LA DEUXIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE, LES CRÉDITS DE LA JUSTICE SONT EN NETTE PROGRESSION 7
A. LADMINISTRATION CENTRALE 7
B. LES SERVICES JUDICIAIRES 7
C. LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES 10
II. LE FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS 11
A. LACTIVITE DES JURIDICTIONS 11
1 Lactivité judiciaire civile 11
2. Lactivité judiciaire pénale 15
3. Lactivité des juridictions administratives 18
B. LES PERSONNELS 22
1. Les services judiciaires 22
2. Les juridictions administratives 25
III. LES RÉFORMES CONDUITES PAR LE MINISTÈRE DE LA JUSTICE 27
A. LES ASSISTANTS DE JUSTICE ET LES ASSISTANTS SPECIALISES 27
1. Les assistants de justice apportent un concours précieux aux magistrats 27
2. Les assistants spécialisés vont renforcer les moyens des pôles économiques et financiers 29
B. LA REORGANISATION DU RESEAU DES JURIDICTIONS 30
1. Les audiences foraines et les chambres détachées se sont développées 30
2. La réforme de la carte judiciaire commencera dêtre mise en uvre dès 1999 31
C. LA DELIVRANCE DES CERTIFICATS DE NATIONALITE FRANÇAISE 32
1. Le nombre de certificats de nationalité a augmenté de 20 % en six ans 32
2. Des mesures vont être prises pour réduire les difficultés rencontrées lors de la délivrance dun certificat de nationalité française 33
AUDITION de Mme Elisabeth Guigou, garde des sceaux, ministre de la justice, sur les crédits de son ministère 36
ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES REÇUES PAR LE RAPPORTEUR 45
MESDAMES, MESSIEURS,
La priorité donnée au budget de la justice en 1998 sera confirmée en 1999, conformément aux engagement pris par le Gouvernement de dégager les moyens nécessaires pour améliorer le fonctionnement du service public de la justice.
Le budget de la justice pour 1999 sélève à 26,258 milliards de francs, soit une hausse de 5,58 % par rapport à lannée 1998 déjà marquée par une progression de 4 %, et les crédits de la justice progressent plus que le budget général (2,3 %). Avec 930 postes budgétaires supplémentaires, le ministère de la justice bénéficiera de la plus importante création demplois.
Lannée 1998 avait renoué avec les objectifs de la loi de programme du 6 janvier 1995 relative à la justice et lannée 1999 confirme cette orientation ; néanmoins, compte tenu du retard pris en 1997, lexécution de la loi de programme exigera une année supplémentaire et sétendra donc jusquen lan 2000. Laugmentation des crédits de la justice sinsère également dans la réforme de la justice présentée au Parlement, en janvier dernier, par la ministre de la justice : composition et compétences du Conseil supérieur de la magistrature, accès au droit, procédure pénale, traitement de la délinquance des mineurs, etc.
ÉVOLUTION DE 1990 À 1999 DU MONTANT DES CRÉDITS
ET DE LA PART DU BUDGET DE LA JUSTICE DANS LE BUDGET DE LETAT
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1990
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1991
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1992
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1993
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1994
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1995
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1996
|
1997
|
1998
|
P.L.F.
1999
|
Budget général
en milliards de francs
|
1.220,4
|
1.280,2
|
1.321,8
|
1.369,9
|
1.429,6
|
1.494,3
|
1.558,2
|
1.582,0
|
1.600,5
|
1.685,2
|
Budget de la justice
en millions de francs
|
16.881,0
|
18.177,0
|
19.047,0
|
20.393,0
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21.265,7
|
22.131,3
|
23.476,9
|
23.903,5
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24.868,6
|
26.258,0
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Part justice / Etat
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1,38 %
|
1,42 %
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1,44 %
|
1,49 %
|
1,46 %
|
1,49 %
|
1,51 %
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1,51 %
|
1,55 %
|
1,56 %
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N.B. : Les chiffres portés pour le budget de lEtat sont ceux qui figurent en lois de finances initiales publiées au Journal officiel (tableau déquilibre général) à la ligne dépenses nettes (en dette brute).
A lexception de lAssociation professionnelle des magistrats (A.P.M.) et de lUnion syndicale autonome justice (U.S.A.J.), les organisations syndicales consultées par votre rapporteur ont estimé que le budget de la justice pour 1999 était un bon budget, même si elles ont souligné quil ne permettrait pas de remédier à tous les dysfonctionnements du service public de la justice. Tout en faisant part de leurs inquiétudes, toutes les organisations syndicales se sont déclarées favorables à un réexamen de la carte judiciaire et ont insisté sur la nécessité daccompagner les réformes par des créations de postes appropriées.
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EMPLOIS BUDGÉTAIRES DE LA JUSTICE
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AGRÉGAT
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Créations
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Administration centrale (1)
(magistrats inspecteurs)
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5
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Magistrats des juridictions judiciaires
Fonctionnaires
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140
230
370
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Personnel de surveillance (2)
Personnel dinsertion et de probation
Autres
|
220
67
57
344
|
Personnel éducatif
Autres
|
121
29
150
|
TOTAL CHANCELLERIE
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869
|
Magistrats des juridictions administratives (3)
Fonctionnaires
|
21
40
61
|
Commission nationale de linformatique et des libertés (1)
|
0
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TOTAL BUDGET JUSTICE
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930
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(1) Ladministration centrale et la C.N.I.L. sont des composantes de lagrégat 01, qui comprend par ailleurs la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, les ordres de la Légion dHonneur et de la Libération, la recherche.
(2) A ces créations sajoute le maintien de lautorisation de paiement en surnombre de 150 surveillants, obtenue en 1993.
(3) A ces créations sajoute lautorisation de recrutement de 15 magistrats en surnombre temporaire dans les juridictions administratives, en application de la loi de programme relative à la justice, portant leur nombre total à 71.
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I. POUR LA DEUXIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE, LES CRÉDITS DE LA JUSTICE SONT EN NETTE PROGRESSION
A. LADMINISTRATION CENTRALE
Ladministration centrale représente 3,4 milliards de francs en crédits de paiement, 1.770 agents et 13 % du budget de la justice pour 1999.
En 1999, 5 emplois dinspecteurs des services judiciaires seront créés afin de mettre en place une véritable inspection ministérielle. Par ailleurs, 75 emplois seront repyramidés en application de mesures statutaires et pour les besoins du service.
Sagissant des mesures indemnitaires, une enveloppe de 3 millions de francs est prévue pour relever les primes des agents de catégorie A, afin de réduire lécart avec les autres ministères et dattirer des compétences nouvelles.
En crédits déquipement, il est inscrit 5 millions de francs dautorisation de programme et 9 millions de francs de crédits de paiement affectés :
à des travaux liés à lhygiène et à la sécurité (sécurité incendie, amélioration des conditions de travail, restructuration de locaux en sous-sol, poursuite de la rénovation des sanitaires, etc.) ;
à des restructurations et travaux divers (aménagement, rénovations, travaux de couverture et de ravalement) ;
à la poursuite de léquipement des bureaux en câblages informatiques.
Les services judiciaires représentent 11,7 milliards de francs en crédits de paiement, 25.916 agents et 44,4 % des crédits du budget de la justice : les crédits progressent de 5,70 % après une augmentation de 4,71 % en 1998 et de 4,52 % en 1997.
Sagissant des effectifs, 370 emplois seront créés : 140 emplois de magistrats, soit le double de lannée dernière et la hausse la plus importante depuis quinze ans, au titre des réformes engagées et pour lamélioration de la justice au quotidien ; 230 emplois de fonctionnaires et contractuels, soit 10 greffiers en chef, 112 greffiers, 72 agents de catégorie C, 35 techniciens informatiques et 1 technicien spécialisé en équipement immobilier.
Par ailleurs, 16 magistrats à titre temporaire équivalent temps plein (+ 10,08 millions de francs) seront recrutés ainsi que 400 assistants de justice supplémentaires (+ 15,61 millions de francs), ce qui portera leur nombre à près de 1.000. Enfin, 43 emplois budgétaires seront transformés pour répondre aux besoins des services.
Concernant la situation des personnels, une provision de 18 millions de francs est inscrite au titre de la réforme du statut de la magistrature, destinée à accroître les garanties dindépendance, à améliorer le déroulement de carrière et à favoriser une plus grande mobilité des magistrats. Par ailleurs, les indemnités des greffiers en chef et greffiers sont majorées (+ 9,58 millions de francs).
Dans le domaine des moyens matériels, 64,4 millions de francs supplémentaires sont inscrits, soit une hausse de 5,2 %, pour financer principalement :
le développement des conseils départementaux daide juridique et la poursuite du programme des maisons de justice et du droit (6 millions de francs) ;
la modernisation des juridictions et la mise en service des nouveaux bâtiments (32,1 millions de francs) ;
la consolidation des pôles de lutte contre la délinquance financière à Paris, en Corse, à Marseille et Lyon (15,7 millions de francs) ;
laccompagnement des premières réformes de la carte judiciaire (5 millions de francs).
Le chapitre des frais de justice sera majoré dun crédit de 120,5 millions de francs. La subvention à lE.N.M. sélèvera à 172 millions de francs, soit une progression de 15,4 millions de francs, pour financer les ajustements salariaux, laugmentation de 40 postes dauditeurs (les promotions passeront de 145 à 185 auditeurs) et diverses mesures de fonctionnement.
Concernant les crédits dintervention, une mesure de 12,7 millions de francs permettra dabonder les crédits des associations uvrant dans les domaines de la médiation familiale, de laide à laccès au droit, de laide aux victimes, du contrôle judiciaire et du droit en général ; en outre, la subvention pour la formation des avocats sera majorée de 2 millions de francs. Dautre part, la dotation daide juridique augmentera de 215,4 millions de francs, répartis entre :
un ajustement de 149 millions de francs correspondant à la variation constatée du rythme des admissions ;
une mesure déconomie de 31 millions de francs concernant le fonctionnement des bureaux daide juridictionnelle et la maîtrise des coûts des expertises civiles, des enquêtes sociales et des missions de médiation ;
un abondement de 97,4 millions de francs pour la mise en oeuvre du plan de réforme de la justice (réforme de la saisie immobilière, lutte contre les exclusions, présence de lavocat dès la première heure de garde à vue, ...)
Enfin, en matière déquipement, 678 millions de francs dautorisations de programme (dont 5 millions de francs pour ladministration centrale) sont demandés dans le projet de loi de finances pour 1999, contre 572 millions de francs en 1998. Elles permettront :
de lancer la construction des palais de justice de Toulouse et de Besançon ;
de poursuivre les travaux de sécurité et daménagement du palais de justice de Paris et les opérations de sécurité à Roanne, Versailles, Lisieux, Nanterre, Saint-Etienne, Rouen, Belfort et Rodez ;
daffecter une enveloppe de 126 millions de francs pour les travaux de rénovation et de gros entretien déconcentrés.
Les crédits de paiement dun montant de 970,6 millions de francs, dont 9 millions de francs pour ladministration centrale couvriront le paiement des grands chantiers lancés antérieurement. Plusieurs de ces chantiers seront achevés en 1999, tels la reconstruction du Parlement de Rennes et la rénovation des palais de justice de Grasse et de Nantes, ainsi que celle du tribunal de commerce de Nice.
Les juridictions administratives représentent 0,8 milliard de francs en crédits de paiement, 2.184 agents et 3 % des crédits du budget de la justice pour 1999.
Les crédits du Conseil dEtat, des cours administratives dappel et des tribunaux administratifs progressent de 9,21 % après une forte progression en 1998 (7,8 %) et en 1997 (8,12 %) : à structure constante, cette augmentation est portée à 4,8 %. Les crédits de paiement pour investissement augmentent de 15,91 % et les autorisations de programme passent à 51 millions de francs contre 44 millions dans la loi de finances initiale pour 1998.
Il est prévu de créer 61 emplois, soit 21 magistrats pour les cours administratives dappel et les tribunaux administratifs, et 40 fonctionnaires, dont 8 pour le Conseil dEtat. A ces créations, sajoute une autorisation de recrutement en surnombre temporaire de 15 magistrats, conformément aux dispositions de la loi de programme relative à la justice.
Concernant les mesures intéressant la situation des personnels, 32 millions de francs sont inscrits au titre du transfert sur le budget de la justice des indemnités versées par le ministère des finances aux membres du Conseil dEtat.
Les crédits de fonctionnement des cours administratives dappel et tribunaux administratifs seront abondés de 0,5 million de francs. Dans le domaine informatique, une mesure de 13,3 millions de francs est destinée, pour lessentiel à linformatisation des juridictions administratives (opération Skipper).
Les 51 millions de francs en autorisations de programme permettront de financer les travaux de modernisation et de restauration du Palais royal, la création de la cour administrative dappel de Douai et les travaux dans les tribunaux administratifs de Lille, Rennes et Melun.
Les 51 millions de francs de crédits de paiement inscrits au projet de loi de finances pour 1999 se répartissent entre 11 millions de francs de services votés et 40 millions de francs de mesures nouvelles.
Après avoir analysé lactivité des juridictions (A), votre Rapporteur examinera la situation des personnels (B).
Le rapport annexé à la loi de programme du 6 janvier 1995 relative à la justice a fixé pour objectif de réduire, en cinq ans, les délais de jugement à trois mois devant les tribunaux dinstance, six mois devant les tribunaux de grande instance et douze mois devant les cours dappel. Au fil des années, cet objectif paraît de plus en plus difficile à atteindre.
Sur les 1.125.000 décisions civiles, commerciales et prudhomales prononcées au fond en 1996, 155.000 ont fait lobjet dun recours devant la cour dappel, soit 13,8 %.
Le taux dappel du conseil de prudhommes arrive largement en tête : plus dun tiers des décisions de cette juridiction sont frappées dappel (37,9 %) ; si lon ne considère que les décisions prononcées en premier ressort ce taux atteint alors plus de 50 %. Viennent ensuite avec des taux proches, le tribunal de grande instance (14,4 %) et le tribunal de commerce (14,6 %) ; pour cette juridiction lécart entre le taux dappel brut et celui calculé sur les seules décisions susceptibles dappel est faible, 17,7 % contre 14,6 %. Ce sont les décisions du tribunal dinstance qui font le moins souvent lobjet dun recours, le taux dappel brut est de 6,2 %, sans doute parce quune partie non négligeable dentre elles ne sont pas susceptibles dappel.
La proportion des affaires jugées au fond portées devant la cour dappel varie notablement en fonction de la nature de laffaire.
Le taux dappel brut des tribunaux de grande instance est de 14,4 % ; hors affaires gracieuses, qui ne font presque jamais lobjet dun appel, le taux dappel atteint 16,2 %.
Les décisions se rapportant aux affaires engageant des intérêts financiers sont plus fréquemment frappées dappel, avec un taux dappel supérieur à 37 %. Ainsi en matière de droit des affaires, le taux dappel tourne autour de 50 % dans le secteur des baux commerciaux et de la concurrence. Il est de même niveau en matière de baux dhabitation et professionnels, dans les demandes relatives à des contrats de construction ou daménagement dimmeubles et en matière de possession de biens immobiliers.
A lopposé le taux dappel est très faible en matière de droit des personnes (4,5 %) et de droit de la famille (8,6 %), pour lesquels les demandes sont souvent gracieuses. Le taux dappel hors gracieux triple en droit des personnes (13,7 %) et saccroît plus modestement en droit de la famille (10,1 %) ; toutefois, le taux dappel est élevé dans les demandes contentieuses de laprès-divorce relatives aux révisions de prestations compensatoires et liquidations du régime matrimonial (taux dappel respectifs de 52 % et de 37 %). Le taux dappel se situe autour de 11 % dans le domaine des entreprises en difficulté, et de 14 % en matière de droit fiscal.
En 1996, 6,2 % seulement des décisions au fond prononcées par les tribunaux dinstance ont fait lobjet dun appel. Ce taux sétablit à 8,2 % si on exclut les affaires gracieuses. Comme pour les tribunaux de grande instance, on observe que le taux moyen cache des disparités selon la nature de laffaire.
Les taux dappel sont dautant plus élevé que les intérêts financiers sont présents. Il en est ainsi du droit des affaires, qui présente un taux dappel supérieur à 17 % (ce taux peut même atteindre 70 % dans le domaine des baux commerciaux ou de la concurrence). Dans le secteur de limmobilier, contrats de construction et demandes en matière de biens immobiliers, une décision sur quatre est frappée dappel. A lopposé le taux dappel est quasiment nul en matière de droit des personnes, qui représente tout de même plus de 10 % des affaires traitées par les tribunaux dinstance. Dans ce domaine, les affaires gracieuses font lessentiel des demandes. Le caractère conflictuel des demandes traitées par les tribunaux dinstance en matière de droit de la famille (demandes en matière dobligation alimentaire) explique le taux dappel relativement élevé dans ce domaine, 17,2 %).
La Cour de cassation
Le nombre daffaires nouvelles (moins de 20.000) est en baisse par rapport à 1996 ( 1,5 %), retrouvant ainsi son niveau de 1995. Le nombre daffaires terminées est un peu plus élevé mais reste inférieur à celui enregistré lannée précédente ( 1,6 %). Comme en 1995 et en 1996, cette situation fait apparaître une légère baisse du stock.
Les cours dappel
Le nombre daffaires nouvelles enregistré en 1997, soit près de 214.000, est en baisse de 2,5 % par rapport à 1996. Cela confirme le ralentissement observé des 1996, qui faisait suite à une croissance ininterrompue des affaires nouvelles depuis dix ans.
Le nombre daffaires terminées (jugements et autres fins), soit plus de 205.000, a continué de croître en 1997 mais à un rythme plus lent (+ 0,8 %) que les cinq dernières années. Ce volume reste toutefois inférieur au nombre des affaires nouvelles, et ne suffit pas à empêcher une nouvelle augmentation du stock daffaires en cours au 31 décembre.
La durée moyenne des affaires terminées augmente dun demi-mois en 1997 et sétablit à 16,3 mois. Ce chiffre, en augmentation par rapport aux années précédentes, séloigne de lobjectif fixé par le programme pluriannuel pour la justice (12 mois). Il faut remonter à 1988 pour trouver un délai aussi élevé de règlement des affaires.
Les tribunaux de grande instance
Au civil, le nombre daffaires nouvelles, dont ont été saisis les tribunaux de grande instance, a connu une hausse ininterrompue de 1986 à 1996. Cette croissance sest accélérée en 1993 et en 1994 à la suite, dune part, de la réforme du juge aux affaires familiales qui a transféré une masse importante de contentieux familiaux des tribunaux dinstance vers les tribunaux de grande instance et, dautre part, de la création du juge de lexécution qui a généré de nouveaux contentieux.
Le nombre daffaires nouvelles enregistrées en 1997, soit près de 645.000, marque une rupture dans cette évolution. Pour la première fois depuis dix ans, le volume dactivité des tribunaux de grande instance affiche une baisse de 4,6 %. La progression des affaires nouvelles sest interrompue pour sétablir à un niveau inférieur à celui de 1994. La diminution de 39 % des procédures contentieuses de lexécution est en grande partie responsable de cette évolution.
Le contentieux du juge aux affaires familiales se stabilise en 1996 : si le nombre de demandes de rupture dunion confirme la baisse amorcée en 1996, le contentieux de lautorité parentale pour les enfants naturels, continue à augmenter très significativement (+ 5.000).
Le nombre daffaires terminées (jugements et autres fins) par les tribunaux de grande instance sélève à un peu plus de 640.000 en 1997. La baisse de 2,8 % est inférieure à celle des affaires nouvelles ( 4,6 %). Cette évolution marque là aussi une rupture même si elle sinscrit dans une tendance à la décélération observée depuis 1995. Comme pour les affaires nouvelles, le contentieux de lexécution explique en grande partie cette évolution puisquil enregistre une baisse de plus de 20 % en 1997.
La durée moyenne des affaires terminées en 1997 sétablit à 9,1 mois, soit légèrement supérieure à celle observée sur les trois dernières années. Elle séloigne de lobjectif de 6 mois fixé par le programme pluriannuel pour la justice.
Le stock daffaires en cours au 31 décembre 1997 augmente de moins de 1 %, mais il atteint son niveau le plus élevé depuis dix ans.
Enfin le nombre dordonnances de référé (122.000) diminue sensiblement ( 4 %).
Les tribunaux dinstance
Le nombre daffaires nouvelles devant les tribunaux dinstance est en baisse continue depuis 1993. Cette baisse, modérée en 1996, se prolonge de façon plus marquée en 1997 ( 2,9 %). La diminution du nombre daffaires nouvelles sexplique en grande partie par lachèvement du transfert du contentieux du surendettement des particuliers vers les commissions de surendettement.
Le nombre daffaires terminées par les tribunaux dinstance en 1997 ressort à environ 450.000, soit une baisse de 2,3 % par rapport à 1996. Cette diminution est également due aux transferts en matière de surendettement des particuliers.
Le nombre daffaires terminées en 1997 étant inférieur à celui des affaires nouvelles, il en résulte une nouvelle augmentation (+ 6,2 %) du stock daffaires en cours, qui atteint en fin dannée son niveau le plus élevé depuis dix ans.
La durée moyenne des affaires terminées en 1997 par les tribunaux dinstance se maintient à 5 mois, dans la continuité de lannée précédente. Lobjectif de 3 mois fixé par le programme pluriannuel de la justice reste encore très éloigné.
Le nombre dordonnances de référé (81.000) a baissé de près de 2 % par rapport à 1996. Cela traduit une réduction dactivité cohérente avec ce qui est constaté pour les instances au fond.
La durée moyenne des procédures est obtenue à partir de lexploitation statistique du casier judiciaire. Elle est obtenue par différence entre la date des faits et la date de la condamnation définitive. Cette durée moyenne est en nette diminution sur lensemble de la période : atteignant près de 15 mois en 1986, le délai de réponse pénale nest plus que de 9,5 mois en 1996. Si les données disponibles ne permettent pas une analyse par juridiction, on peut relever que cette moyenne générale cache dimportantes disparités en fonction des catégories dinfractions sanctionnées.
Ainsi, la durée de traitement des affaires criminelles est en constante augmentation : elle atteint presque 45 mois en 1996. A linverse, en matière délictuelle, le jugement intervient de plus en plus rapidement : en 1996, il sécoule moins de dix mois entre la commission dun délit et le prononcé dune décision définitive. Cette accélération des réponses judiciaires est notamment due à lutilisation croissante de procédures rapides (convocation par officier de police judiciaire et comparution immédiate). La seule catégorie de délits à connaître une évolution inverse est celle des infractions à la législation sur les stupéfiants. Cette matière donne souvent lieu à ouverture dinformation, dans des procédures pouvant impliquer de nombreuses personnes et induisant un allongement des délais de jugement.
DÉLAI DE RÉPONSE PÉNALE (en mois) *
ÉVOLUTION 1986 1996
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
(p)
|
Toutes condamnations
|
14,6
|
12,4
|
10
|
10,9
|
11,3
|
11,4
|
11,5
|
11,1
|
10,3
|
9,5
|
Crimes
|
32
|
32,9
|
34,6
|
36,4
|
38,7
|
39
|
39,1
|
41,5
|
42,6
|
44,8
|
Délits
|
15,5
|
12,8
|
10,4
|
11,2
|
11,6
|
11,6
|
11,8
|
11,3
|
10,3
|
9,7
|
Contraventions
de 5ème classe
|
10
|
7,5
|
7,1
|
9
|
9,6
|
9,8
|
9,5
|
9,2
|
7,5
|
7,2
|
Source : Casier judiciaire national.
* calculée par différence entre la date de la condamnation définitive et celle des faits. (p) : donnée provisoire.
La Cour de cassation
La tendance à laugmentation du nombre des affaires reçues par la Chambre criminelle de la Cour de cassation, observée depuis 1994, semble sinterrompre en 1997 avec un nombre daffaires nouvelles sensiblement équivalent à celui de 1996.
En revanche, le nombre daffaires terminées (6.700) est en forte augmentation (+ 20 %) après une année 1996 qui présentait le niveau le plus faible jamais atteint. On peut noter la forte hausse du nombre de rejets de pourvoi : plus de 4.200, soit le niveau le plus élevé depuis 1991.
Les cours dappel
Les chambres daccusation ont rendu un peu plus de 32.400 arrêts, soit sensiblement autant quen 1996, ce qui est peut-être le signe dun ralentissement de la croissance continue de lactivité de ces chambres. Cette stagnation est essentiellement due à la baisse des arrêts statuant sur la détention provisoire et le contrôle judiciaire, qui représentent moins de 68 % des arrêts en 1997.
Les chambres des appels correctionnels ont été saisies en 1997 de 48.260 affaires, soit un peu plus quen 1996 : ce niveau est le plus élevé atteint depuis 1987.
Les tribunaux de grande instance
En 1997, 4.941.000 plaintes, dénonciations et procès-verbaux sont parvenus aux parquets, soit près de 5 % de mois quen 1996. Sur ce nombre, environ 3.100.000 (soit 62,5 %) concernent des auteurs inconnus. La croissance continue du poids de ces procédures contre auteur inconnu (42 % en 1990, 55 % en 1992), un moment interrompue en 1993, a donc repris pour atteindre en 1997 son niveau le plus élevé.
Le nombre de procédures classées sans suite (3.900.000) est en légère baisse par rapport à 1996 ( 3 %). La diminution des classements sans suite, un peu moins rapide que celle de lensemble des procédures reçues, conduit à un taux global de classement sans suite en légère augmentation par rapport à 1996 : 79 % (entre 77 et 79 % depuis 1992). Sagissant des seules procédures contre auteur connu, le taux de classement se maintient à un niveau proche de 45 %. Dans ce calcul, les procédures alternatives aux poursuites (plus de 100.000 en 1997) ont été exclues : de fait, elles constituent une véritable réponse apportée par les parquets à un acte de délinquance, et peuvent donc être considérées comme des orientations au même titre que les saisines plus classiques. La part des classements avec auteur connu dans lensemble des classements sans suite continue à baisser : elle est deux fois moins importante en 1997 quil y a dix ans.
En ce qui concerne lorientation des affaires poursuivies par les parquets, lunité de compte nest plus la procédure, mais laffaire. Le nombre total daffaires poursuivies en 1997 (603.000) a progressé de 2,3 % par rapport à 1996. Mise en regard de la baisse du nombre total de plaintes et procès-verbaux, de laugmentation relative du nombre de procédures contre auteur inconnu et de laugmentation des procédures alternatives aux poursuites, cet accroissement du nombre des poursuites traduit une sévérité accrue des parquets :
près de 44.000 affaires ont fait lobjet dune ouverture dinformation devant un juge dinstruction soit presque autant quen 1996. Après la baisse continue observée depuis 10 ans, le nombre douvertures dinformation semble ainsi se stabiliser ;
près de 45.000 affaires ont été transmises par les parquets aux juges des enfants en 1997, soit 2 % de plus quen 1996 ;
plus de 378.000 affaires ont été poursuivies devant les tribunaux correctionnels, soit 1,7 % de pus quen 1996. Cette évolution contraste avec la tendance à la baisse observée depuis 10 ans, accentuée certaines années par les déqualifications et dépénalisations de certains délits de masse, et interrompue une seule fois en 1994 ;
enfin, près de 136.000 affaires ont été poursuivies devant les tribunaux de police. Ce nombre est en augmentation de 5 % par rapport à 1996.
Concernant lactivité des tribunaux correctionnels, les modes de comparution rapide sont en constante augmentation. Les affaires faisant lobjet dune procédure de convocation par officier de police judiciaire sont devenues nettement majoritaires : 200.000 en 1997, soit 53 % du total. La procédure de comparution immédiate (36.000 en 1997) voit sa part légèrement diminuer avec moins de 10 % de lensemble des poursuites correctionnelles. Laccroissement des procédures rapides se fait au détriment de la citation directe qui continue à perdre du terrain : elle ne représente plus que 35,5 % des affaires poursuivies devant les tribunaux correctionnels, contre 90 % en 1986 et 49 % en 1994.
Laugmentation des poursuites devant les tribunaux correctionnels saccompagne dune légère hausse du nombre de jugements prononcés par ces tribunaux (1 %).
Les officiers du ministère public et les tribunaux de police
Près de 14.000.000 de procédures ont été transmises aux officiers du ministère public en 1997, soit une augmentation dun peu moins de 10 % par rapport à 1996. Les amendes forfaitaires impayées constituent lessentiel de ces procédures : elles ont augmenté de 11 % et se situent au niveau de 1994 et 1995. Les décisions de poursuite devant le tribunal de police (626.000) ont continué à baisser mais à un rythme plus lent quen 1996
( 6 %) ce qui ne fait que prolonger la diminution régulière constatée depuis douze ans. Cest la procédure de lordonnance pénale qui supporte la baisse, tandis que les citations directes sont en légère augmentation (+ 2,3 %).
Les affaires devant le tribunal de police ont diminué de 4,3 %. Cette baisse est exclusivement due à la baisse des saisines de lofficier du ministère public ( 6 %), les procédures en provenance du parquet ayant progressé de plus de 5 %.
Au cours des années écoulées, le délai théorique délimination du stock daffaires en cours a été ramené à moins de deux ans dans les tribunaux administratifs, tandis quil est denviron un an au Conseil dEtat. La situation des cours administratives dappel, qui subissent de plein fouet les transferts de compétences, sest en revanche dégradée avec des délais de jugement moyens qui approchent trois ans. La création des deux nouvelles cours et le renforcement des effectifs devraient permettre de réduire sensiblement ce délai.
Conformément à la loi de programme relative à la justice, lobjectif est de ramener à un an le délai de jugement à chaque niveau de juridiction. Ce délai, qui semble raisonnable en termes de moyenne, doit évidemment être adapté à la nature de laffaire. Les décisions de la Cour européenne des droits de lhomme sur le caractère raisonnable du délai sont dailleurs prises en considération du cas despèce : la nature de laffaire, sa complexité, le déroulement de la procédure.
Cest pourquoi les différents niveaux de juridictions sattachent actuellement à améliorer la gestion du stock daffaires en instance et le suivi de certaines procédures durgence (sursis, référés ...) ou contentieux sensibles (étrangers, urbanisme ...), ainsi que des affaires auxquelles il est le plus urgent dapporter une solution.
Le Conseil dEtat
Après une forte progression des affaires enregistrées en 1995, le Conseil dEtat connaît un fléchissement des entrées en 1996 ( 18 %) et, dans une moindre mesure, en 1997 ( 4 %) : cette évolution est à mettre en parallèle avec la progression des enregistrements dans les cours administratives dappel après lachèvement des transferts de compétences au 1er octobre 1995.
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AFFAIRES NOUVELLES
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Données nettes, corrigées des séries
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1990
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1991
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1992
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1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
8.069
|
9.843
|
10.705
|
10.335
|
8.743
|
9.162
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7.527
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7.193
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Après avoir réussi en 1994 à augmenter le nombre daffaires jugées de 28 % en deux ans et à réduire le délai de jugement à dix-huit mois, le Conseil dEtat sattache maintenant à régler les dossiers les plus anciens et les plus complexes. Le nombre annuel daffaires jugées reste donc stable.
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AFFAIRES JUGEES
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Données nettes, corrigées des séries
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1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
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1995
|
1996
|
1997
|
9.269
|
9.907
|
9.976
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10.395
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11.314
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10.598
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11.684
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11.228
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La réforme de lorganisation du traitement des dossiers au Conseil dEtat et le transfert de compétences aux cours administratives dappel ont permis de réduire progressivement le stock, qui atteignait 23.350 dossiers en données brutes en 1993. Ce chiffre sétablit en 1997 à moins de 13.000 affaires en données brutes et 10.385 affaires en données nettes, soit un délai théorique délimination denviron un an.
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AFFAIRES EN STOCK
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Données nettes, corrigées des séries
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1990
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1991
|
1992
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1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
21.489
|
21.425
|
22.342
|
22.388
|
19.403
|
18.016
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13.756
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10.385
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Les cours administratives dappel
Depuis 1992, les cours administratives dappel ont connu, du fait du transfert échelonné de lappel des recours pour excès de pouvoir, qui sest achevé en 1995, une progression des affaires nouvelles sans précédent : le nombre annuel daffaires enregistrées a triplé en données brutes entre 1991 et 1996.
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AFFAIRES NOUVELLES
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1990
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1991
|
1992
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1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
Données brutes
|
4.271
|
5.069
|
6.555
|
7.553
|
9.435
|
12.121
|
15.553
|
14.350
|
Données nettes
|
n.d
|
n.d.
|
5.570
|
6.794
|
7.804
|
9.057
|
12.168
|
12.477
|
n.d. : non disponibles.
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Les effets mécaniques des derniers transferts semblent achevés, avec un accroissement du nombre annuel dentrées limité à 3 % en 1997 en données nettes contre 34 % en 1996.
En données nettes, le nombre daffaires traitées a augmenté de 18 % en 1997 (soit 30 % en trois ans).
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1990
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1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
Données brutes
|
4.753
|
5.711
|
5.839
|
6.871
|
6.715
|
8.918
|
7.483
|
8.690
|
Données nettes
|
n.d.
|
n.d.
|
5.447
|
6.129
|
5.786
|
6.110
|
6.317
|
7.461
|
n.d. : non disponibles.
|
Le rapport affaires traitées/affaires enregistrées, qui était de 112 % en 1991, est devenu inférieur à 100 % à partir de 1992 et a baissé régulièrement, pour arriver en 1996 à 48 % en données brutes et 52 % en données nettes. En 1997, la situation a commencé à se redresser avec un ratio de 62 %. Cette légère amélioration récente est due en grande partie aux efforts de productivité, le nombre daffaires traitées par magistrat ayant augmenté de 41 % en données nettes de 1992 à 1997. Deux circonstances devraient permettre une nouvelle amélioration à partir de 1998 :
la création de deux nouvelles cours administratives dappel, celle de Marseille en septembre 1997 et celle de Douai prévue pour 1999 ;
lassouplissement, par la loi n° 97-276 du 25 mars 1997, des conditions exigées pour les nominations des magistrats en cour dappel. La condition de grade, conseiller de première classe au minimum, est supprimée et la condition dancienneté dans le corps est réduite de six à quatre ans.
Le stock daffaires en instance a été multiplié par trois depuis 1992. Le délai théorique délimination de ce stock, qui dépassait à peine un an en 1991, est actuellement de trois ans.
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1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
Données brutes
|
7.242
|
6.837
|
7.739
|
8.249
|
10.963
|
14.128
|
22.307
|
28.758
|
Données nettes
|
n.d.
|
n.d.
|
6.697
|
7.605
|
9.392
|
12.269
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18.383
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24.016
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n.d. : non disponibles.
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Les tribunaux administratifs
En sept ans, le nombre annuel daffaires nouvelles enregistrées a augmenté de plus de 45 % en données nettes (53 % en données brutes), soit une moyenne de 6 % par an. De 1996 à 1997, laugmentation est de 7 % (5 % en données brutes).
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AFFAIRES NOUVELLES
|
Données nettes, corrigées des séries
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1990
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1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
69.853
|
73.922
|
84.082
|
87.632
|
88.949
|
97.025
|
95.246
|
101.590
|
Sur la même période, on observe une augmentation de 65 % du nombre annuel daffaires traitées en données nettes (74 % en données brutes), soit + 9 % par an.
Jusquen 1993, cette augmentation de la capacité de jugement est due pour lessentiel aux efforts de productivité des magistrats : celle-ci, après avoir considérablement augmenté ces dernières années (+ 43 % de 1987 à 1993), semble avoir aujourdhui atteint un pallier ; le renforcement des effectifs, tant en magistrats quen agents de greffes, a donc pris le relais, en particulier à partir de 1995 dans le cadre de la loi de programme pour la justice.
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AFFAIRES TRAITEES
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Données nettes, corrigées des séries
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1990
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1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
58.302
|
65.484
|
72.176
|
78.217
|
82.854
|
90.103
|
91.371
|
96.367
|
On peut observer que laugmentation du nombre daffaires traitées est plus forte que celle du nombre dentrées et que lécart entre les deux chiffres se réduit : le rapport affaires traitées sur affaires enregistrées est ainsi passé de 89 % en 1991 à 93 % en 1995. En 1997, il atteint 95 % en données nettes et en données brutes.
Le rapport affaires traitées/affaires enregistrées nayant jamais atteint 100 %, les stocks ont continué daugmenter de 1991 à 1997. Le rythme daugmentation a néanmoins diminué et se situe actuellement entre 2 et 3 % par an.
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AFFAIRES EN STOCK
|
Données nettes, corrigées des séries
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
146.914
|
148.243
|
156.554
|
165.895
|
171.311
|
179.874
|
183.641
|
199.024
|
Le délai moyen de jugement, qui était de deux ans et demi en 1991, sest réduit progressivement : il est actuellement un peu inférieur à deux ans.
Les services judiciaires, qui comprennent 25.916 agents, représentent 44,4 % des crédits du budget de la justice pour 1999. Il est prévu de créer 370 emplois : 140 emplois de magistrats, soit la hausse la plus importante depuis quinze ans et le double des emplois créés en 1997, pour les réformes en cours et pour lamélioration de la justice au quotidien ; 230 emplois de fonctionnaires et contractuels, soit 10 greffiers en chef, 112 greffiers, 72 agents de catégorie C, 35 techniciens informatiques et 1 technicien spécialisé en équipement immobilier.
De plus, sont inscrits les crédits pour recruter 16 magistrats à titre temporaire, équivalent temps plein, et 400 assistants de justice supplémentaires, ce qui portera leur nombre à près de 1.000. Par ailleurs, 43 emplois budgétaires sont transformés pour répondre aux besoins des services.
Enfin, le projet de loi de finances prévoit une revalorisation des indemnités versées aux greffiers en chef et aux greffiers, qui sélèverait de un point grâce à une mesure nouvelle de 9,58 millions de francs.
Les magistrats
A partir de la loi de finances pour 1995, lapplication de la loi de programme du 6 janvier 1995 relative à la justice a permis de localiser 184 emplois budgétaires de magistrats (49 en 1995, 53 en 1996, 82 en 1998) ainsi que 31 emplois de conseillers en service extraordinaire (dont 1 à la Cour de cassation ne résultant pas de la loi de programme) sur un total prévu de 300, dont 30 de conseillers en service extraordinaire, à léchéance de ce plan.
Par ailleurs, afin de tenir compte des écarts de charge de travail relevés entre les juridictions, ou au sein des diverses fonctions dune même juridiction, la chancellerie prend, depuis plusieurs années, des mesures de redéploiement et de transformation demplois. Cest ainsi que 27 mesures de ce type ont été réalisées depuis 1995. Pour lannée 1997, 30 emplois de magistrats ont été créés, mais ceux-ci nont fait lobjet dune localisation quen 1998.
Au 1er juillet 1998, 6.172 emplois de magistrats, dont 30 emplois de conseillers en service extraordinaire, étaient répartis dans lensemble des juridictions de métropole et doutre-mer, selon le tableau suivant :
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EMPLOIS BUDGETAIRES DE MAGISTRATS
|
JURIDICTIONS
|
SIÈGE
|
PARQUET
|
AUTRE
|
TOTAL
|
Magistrat de la Cour de cassation
|
135
|
24
|
|
159
|
Magistrat au service de documentation et détudes
|
|
|
18
|
18
|
Secrétaire général
|
|
|
2
|
2
|
TOTALITÉ DES EMPLOIS DE LA COUR DE CASSATION
|
135
|
24
|
20
|
179
|
Magistrat des cours dappel et des tribunaux supérieurs dappel
|
918
|
248
|
|
1.166
|
Conseiller en service extraordinaire
|
30
|
|
|
30
|
Secrétaire général (cours dappel de Paris et de Versailles : 2+2)
|
|
|
4
|
4
|
Magistrat placé
|
94
|
45
|
|
139
|
TOTALITÉ DES EMPLOIS DES COURS DAPPEL ET T.S.A.
|
1.042
|
293
|
4
|
1.339
|
Magistrat du siège non-spécialisé
|
2.469
|
|
|
2.469
|
dont emplois de magistrat chargé du service de linstance
|
853
|
|
|
|
Juge du livre foncier
|
36
|
|
|
36
|
Juge dinstruction
|
571
|
|
|
571
|
Juge des enfants
|
329
|
|
|
329
|
Juge de lapplication des peines
|
177
|
|
|
177
|
Magistrat du parquet
|
|
1.070
|
|
1.070
|
Emplois de secrétaire général (tribunal de grande instance de Paris)
|
|
|
2
|
2
|
TOTALITÉ DES EMPLOIS DES T.G.I. ET T.P.I.
|
3.582
|
1.070
|
2
|
4.654
|
ENSEMBLE DES EMPLOIS EN JURIDICTIONS
|
4.759
|
1.387
|
26
|
6.172
|
Hors les six emplois du Conseil supérieur de la magistrature, les deux emplois de lEcole nationale des greffes et les sept emplois non localisés.
|
Le projet de loi de finances pour 1999 marque une étape, sans précédent durant les quinze dernières années, par lampleur du renforcement des moyens en personnels des juridictions. Les 140 créations demplois doivent permettre de répondre à deux objectifs majeurs : la mise en uvre des réformes (maisons de justice, politique de la ville et justice des mineurs, lutte contre le crime organisé, contentieux de la détention provisoire) ; lamélioration du fonctionnement des juridictions (résorption des stocks, accélération des procédures pénales avec le traitement en temps réel, la transaction et le parquet des mineurs.
Les fonctionnaires des greffes
En 1998, un plan exceptionnel de recrutement a été mis en place. Ainsi, plus de 800 fonctionnaires seront recrutés dici le 31 décembre 1998, dont plus de la moitié aura pris ses fonctions à cette date, soit :
44 greffiers en chef,
240 greffiers, dont 100 postes offerts dans le cadre de concours régionalisés dans les cours dappel de Douai, Paris et Versailles et 140 postes offerts dans le cadre dun concours national ;
475 personnels de bureau et 70 fonctionnaires des filières techniques.
Ce recrutement va permettre de combler les vacances demploi existant au 31 décembre 1997, mais également de pourvoir les 230 emplois budgétaires créés par la loi de finances de 1998 (10 greffiers en chef, 90 greffiers, 130 personnels de bureau).
Ces emplois ont été localisés dans les juridictions selon les priorités suivantes : accompagnement demplois de magistrats, renforcement des services administratifs régionaux (S.A.R.), création de personnels placés près des chefs de cour, renforcement des effectifs des juridictions en fonction de lévolution de la charge de travail. Ces mesures vont permettre de contribuer à résorber le stock des affaires en instance.
Par ailleurs, la création de 116 emplois de personnels de bureau placés constitue un outil de gestion des ressources humaines particulièrement adapté, qui permettra aux chefs de cour de suppléer aux absences liées aux congés de maladie, aux congés de maternité ou de formation.
Le maintien dun flux constant de recrutement, permettant de stabiliser le taux de vacances autour de 2 % (2,72 % au 1er juin 1998), doit se concilier avec les impératifs de gestion des personnels qui supposent un volume minimum de vacances demplois, notamment pour favoriser la mobilité des agents et permettre la réintégration des fonctionnaires placés dans une autre position administrative que celle de lactivité.
Dans le cadre du projet de loi de finances pour lannée 1999, la création de 230 emplois de fonctionnaires a été prévue. Ces emplois sont répartis à raison de 10 emplois de catégorie A, 112 emplois de catégorie B, 72 emplois de catégorie C, 35 techniciens spécialité informatique, un technicien spécialité équipement. Le solde net demplois créés pour les services judiciaires sélève à 186, 44 emplois de catégorie C devant être transférés à ladministration pénitentiaire dans le cadre de la mise en uvre de la réforme des services dinsertion et de probation (S.I.P.).
Depuis 1989, les ratios magistrats/fonctionnaires sont les suivants :
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1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
Magistrats
|
5.847
|
5.850
|
5.901
|
5.903
|
5.928
|
5.974
|
6.029
|
6.087
|
6.117
|
6.187
|
Fonctionnaires
|
16.41 6
|
16.46 7
|
16.83 9
|
16.29 8
|
16.91 6
|
16.90 3
|
16.92 6
|
17.39 2
|
17.46 0
|
17.68 6
|
Ratio
|
2,81
|
2,81
|
2,85
|
2,87
|
2,85
|
2,83
|
2,81
|
2,86
|
2,85
|
2,86
|
Le nombre de fonctionnaires retenu concerne uniquement les greffiers en chef, les greffiers, les agents de catégorie C chargés de fonctions administratives, à lexclusion des agents de catégorie C-technique.
Par ailleurs, la réflexion sur lévolution des métiers de greffes, lextension des cas de délégation aux greffiers des attributions dévolues aux greffiers en chef et le guichet unique des greffes se poursuit.
Les magistrats
Avec 217 postes budgétaires depuis 1994, le nombre des membres du Conseil dEtat a peu varié ( 3 depuis 1990).
Concernant les magistrats des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel, 115 emplois ont été créés de 1990 à 1994 pour tenir compte notamment de la création des cours administratives dappel et de lextension progressive de leurs compétences. En application de la loi de programme relative à la justice, 79 emplois de magistrats ont été créés de 1995 à 1998 et 56 recrutements temporaires ont été permis.
Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit la création de 21 nouveaux emplois et 15 recrutements temporaires supplémentaires sont également prévus, ce qui portera à 71 le nombre total de recrutements temporaires.
Les agents du Conseil dEtat et les agents des greffes
Leffectif budgétaire des agents du Conseil dEtat a augmenté de 14 postes en 1991, en raison de la prise en charge de la gestion des tribunaux administratifs et des cours administratives dappel par le Conseil dEtat. Cependant, il faut noter que leffectif total du service chargé de cette gestion et du service des ordonnancements, créé depuis que le vice-président est devenu ordonnateur principal (décret du 22 février 1991), représente actuellement une trentaine de personnes et que le gel des emplois a pesé lourdement sur les effectifs réels jusquen 1994.
Le nombre de personnes affectées aux activités propres du Conseil dEtat a donc, en réalité, diminué de 1990 à 1994 et les progrès accomplis pendant cette période, notamment laugmentation significative du nombre des affaires jugées, proviennent uniquement des efforts de productivité et de la réorganisation du travail. Avec la loi de programme relative à la justice, 30 emplois ont été créés de 1995 à 1998, 8 nouvelles créations sont prévues au projet de loi de finances 1999, ce qui portera les effectifs budgétaires des agents à 325.
Les créations demplois dagents de greffe, qui ont accompagné les créations demplois de magistrats, ont permis daméliorer légèrement le ratio agent par magistrat, qui était particulièrement faible dans les juridictions administratives (1,15 en 1990).
De 1995 à 1998, 152 emplois de greffe ont été créés, auxquels sest ajouté le transfert de 10 emplois, en provenance du ministère de lintérieur, pour accompagner le transfert de charges résultant de la modification des modalités de taxation des commissaires enquêteurs, ce qui a porté les effectifs des greffes à 927 en 1998, soit un ratio de 1,4 agents par magistrat (si lon ne prend pas en compte les magistrats recrutés à titre temporaire). Dans le projet de loi de finances, 32 créations demplois sont prévues : elles permettront de conserver ce ratio de 1,4 agent par magistrat.
Cette année, votre rapporteur sintéressera plus particulièrement aux assistants de justice et aux assistants spécialisés (A), à la réorganisation du réseau des juridictions (B) et à la délivrance des certificats de nationalité (C).
Les assistants de justice (1) et les assistants spécialisés (2) permettent aux magistrats de se recentrer sur leurs fonctions juridictionnelles.
Linstitution des assistants de justice se justifie par le souci de donner aux juges les moyens de se consacrer aux tâches essentielles qui ressortissent directement à leur compétence en leur apportant le concours de collaborateurs de haut niveau, afin daccroître la qualité et lefficacité de lactivité judiciaire.
Larticle 20 de la loi no 95-125 du 8 février 1995 relative à lorganisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative, prévoit la possibilité de recruter des assistants auprès des magistrats des tribunaux dinstance, des tribunaux de grande instance et des cours dappel. Les assistants de justice sont recrutés, pour une durée de deux ans renouvelable une fois, parmi les personnes titulaires dun diplôme sanctionnant quatre années détudes supérieures en matière juridique et que leur compétence qualifie particulièrement pour exercer ces fonctions.
Le décret no 96-513 du 7 juin 1996 relatif aux assistants de justice prévoit, sous réserve de certaines incompatibilités, quils apportent leur concours aux travaux préparatoires réalisés par les magistrats du siège et du parquet. La circulaire no SJ.96-AB1 du 18 juin 1996 précise ainsi quils peuvent, notamment, être chargés deffectuer des recherches documentaires et des analyses juridiques ou de rédiger des notes de jurisprudence, des notes de synthèse des dossiers et des projets de décisions sur les instructions, selon les indications des magistrats.
Les assistants de justice, dont le recrutement et la gestion sont déconcentrés au niveau des cours dappel, sont indemnisés par lallocation de vacations horaires dont le nombre ne peut excéder 80 par mois et 720 par an.
En 1996, 203 assistants de justice ont été recrutés, une dotation globale de 7.215.000 francs ayant été affectée à cet effet.
Compte tenu de lintérêt présenté par ces fonctions, qui permettent un traitement plus rapide et plus efficace des contentieux et favorisent une interpénétration de linstitution judiciaire avec les universités, tout en offrant aux assistants de justice la possibilité deffectuer une activité intéressante et variée, 100 assistants de justice supplémentaires ont été recrutés pour lensemble des cours dappel au cours de lannée 1997, une dotation de 8.680.674 francs ayant été affectée à cet effet. Avec une dotation de 8.439.440 francs en mesure nouvelle, la loi de finances pour 1998 devrait permettre dassurer un nouveau recrutement de 220 assistants de justice.
Pour lannée 1999, le projet de loi de finances prévoit un effort particulier pour le recrutement de 400 assistants de justice supplémentaires, grâce à une dotation de 15,6 millions de francs.
Lanalyse des rapports transmis par les cours dappel relatifs à lactivité des assistants de justice conforte totalement les tendances qui ressortaient déjà du bilan pour 1996. Il est ainsi confirmé que le concours apporté par ces collaborateurs a donné entière satisfaction et répondu à un besoin fortement exprimé par les magistrats ainsi déchargés de certaines tâches répétitives ou de recherches longues. Dans leur majorité, les magistrats des juridictions qui ont bénéficié dassistants de justice sattachent à souligner la qualité des travaux quils ont exécutés sous leur autorité.
On relève que les tâches qui leur ont été confiées correspondent à celles prévues et décrites dans la circulaire du 18 juin 1996 : recherche de documentation et de jurisprudence, rédaction de notes de synthèse des dossiers et rédaction de projets de décisions ou de réquisitoires sur les instructions des magistrats auprès desquels ils sont affectés.
Par ailleurs, il est fréquent que les travaux suivants soient également confiés aux assistants de justice :
pré-traitement du courrier pénal général (recherches de précédents, avis de classement, suivi administratif des actes denquête en cours et des expertises parquet
), tri des dossiers audiencés après la loi damnistie, proposition de recours aux procédures de médiation-réparation ;
gestion de la médiation pénale (traitement des procédures à leur retour, relances des associations) ;
réalisation de bibles des doctrines ou des jurisprudences au niveau de la juridiction ou de la cour ;
tenue de statistiques diverses ;
assistance du président et du procureur dans leur mission de correspondant départemental pour la justice à la politique de la ville ;
tenue et gestion des bibliothèques et des fonds documentaires.
Si les assistants de justice ont trouvé utilement leur place dans les services auxquels ils ont été affectés (différentes chambres de la cour, services du parquet ou du siège), il est apparu en revanche que la présence dassistants de justice nest pas adaptée au service de linstruction en raison notamment de la spécificité de la procédure.
Les demandes dassistants de justice par les juridictions sont en forte augmentation. Il convient de souligner limportant turn-over des assistants, qui abandonnent cette fonction dès quils trouvent un emploi stable.
Larticle 91 de la loi no 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions dordre économique et financier a créé les fonctions dassistant spécialisé. Le renfort de ces personnes sera particulièrement précieux pour les plus importantes des juridictions spécialisées en matière économique et financière. Le décret dapplication qui est en cours délaboration sera soumis au Conseil dEtat dans les semaines à venir.
Il est envisagé dans un premier temps de recourir aux services de fonctionnaires mis à disposition par le ministère de léconomie et des finances et par la Banque de France. Dores et déjà, des contacts ont été établis entre la chancellerie et les directions générales des impôts, des douanes et droits indirects, de la comptabilité publique, de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes ainsi quavec la Banque de France : des appels à candidatures accompagnés de profils de postes ont été diffusés dans les services.
Le ministère de la justice a demandé la mise à disposition de 25 fonctionnaires par an pendant trois ans en vue de leur affectation en priorité dans les tribunaux de Paris, Bastia et Nanterre, puis dans ceux de Bordeaux, Lyon, Fort-de-france et Marseille. Les possibilités de recrutement de personnes en provenance du secteur privé, permis par la loi, sont par ailleurs étudiées au regard, notamment, des contraintes budgétaires.
La constitution de véritables pôles économiques et financiers est en cours. Le dispositif pourra être progressivement étendu à dautres juridictions au vu de lexpérience acquise. Ce renforcement des moyens des juridictions spécialisées devrait permettre de favoriser leur saisine pour toutes les affaires complexes qui leur échappent actuellement.
La réorganisation du réseau des juridictions passe par le développement des audiences foraines et linstitution de chambres détachées (1) ainsi que par la refonte de la carte judiciaire (2).
Dans la perspective dune meilleure adaptation de la carte judiciaire aux besoins des justiciables, la loi no 95-125 du 8 février 1995 a prévu la mise en place de mécanismes dorganisation permettant de dégager des solutions locales souples de nature à répondre aux situations diverses sur le terrain et propres à maintenir une justice de proximité.
En application de cette loi, le décret no 96-157 du 27 février 1996 modifiant le code de lorganisation judiciaire a précisé les modalités dorganisation et de fonctionnement des audiences foraines et des chambres détachées des tribunaux de grande instance.
Emanation du tribunal de grande instance, la chambre détachée, dont le siège et le ressort seront fixés par décret en Conseil dEtat, a pour vocation de juger les affaires civiles et pénales de son ressort, à lexclusion de tout exercice propre de laction publique.
Elle nest pas dotée dun effectif propre, les magistrats appelés à y exercer leurs fonctions étant nommés au tribunal de grande instance dont elle relève. En conséquence, les magistrats chargés de la présidence et du service de la chambre détachée peuvent être appelés à participer à lactivité du tribunal de grande instance, dont ils sont membres de lassemblée générale. De la même façon, les fonctions du ministère public sont assurées par les magistrats du parquet du tribunal de grande instance.
Pour ce qui concerne la généralisation à lensemble des juridictions de lordre judiciaire de la possibilité de tenir des audiences foraines, la loi du 8 février 1995 introduit une grande souplesse dans la localisation des audiences et permet dassurer une présence judiciaire ponctuelle dans les lieux où le besoin de justice de proximité est avéré.
Ainsi, le décret du 27 février 1996 précité confie au premier président de la cour dappel, après avis du procureur général, le soin dapprécier, en fonction des nécessités et des contingences locales, le lieu, le jour et la nature des audiences foraines que peuvent tenir les juridictions du ressort.
Un premier bilan établi avec la collaboration des juridictions fait état de lorganisation pour lannée 1996, dans 121 juridictions du premier degré, de 183 services daudiences foraines avec des périodicités variant dune audience par semaine à une audience par mois. Ces services daudiences concernent pour 88 dentre eux la justice des mineurs. Il convient de relever que la moitié de ces audiences foraines était déjà organisée sur la base des anciens textes, en matière dassistance éducative, de tutelles aux prestations sociales et daffaires civiles du tribunal dinstance.
La révision de la carte judiciaire constitue un sujet difficile sur lequel de nombreux travaux ont déjà été effectués et qui se heurte à des obstacles importants : poids de lhistoire et des habitudes, intérêts de certaines professions au statu quo, résistances locales sous couvert de justice de proximité. Ces réticences, parfois légitimes, ne peuvent conduire à différer encore un travail qui sinscrit pleinement dans le cadre de la réforme de lEtat et dans la politique de la ville, et qui constitue parfois un préalable à la réforme du fonctionnement même de la justice.
Cest en raison de ces exigences quun délégué à la réforme de la carte judiciaire a été nommé le 24 mars 1998. Placé auprès du directeur des services judiciaires, afin dassurer une parfaite cohérence entre les découpages géographiques et lévolution de lorganisation judiciaire, il dispose dune équipe dexperts (statisticien, informaticien, démographe, géographe-cartographe) désormais en fonctions. Il sagit en effet de recueillir un nombre dindicateurs significatifs sur les juridictions et leur environnement, afin que les mesures à prendre soient objectivement fondées.
La mission prioritaire concerne la rationalisation de la carte des tribunaux de commerce, domaine où le fonctionnement des juridictions appelle une action urgente. Le rapport récent de la commission denquête de lAssemblée nationale et celui des inspections générales des finances et des services judiciaires donnent plus dacuité encore à lurgence dune intervention en ce domaine. Constatant que la moitié des juridictions consulaires les moins actives se situent dans les ressorts de quelques cours dappel, des investigations approfondies y ont été engagées ; le cas échéant, la situation dautres tribunaux situés dans les ressorts de ces cours dappel est également examinée. Une concertation avec toutes les parties directement concernées a lieu depuis le mois de septembre, permettant de prendre les premières décisions dès la fin de 1998. La situation de juridictions situées dans dautres ressorts pourra faire lobjet de décisions ponctuelles, en fonction de contingences locales.
Lannée 1999 sera consacrée à parachever sur le reste de la France ce travail dinvestigation, de dialogue et de décision, essentiellement en matière commerciale. Les prochaines mesures tiendront compte des spécificités culturelles et géographiques locales ; elles nobéiront pas à des principes qui ignoreraient la diversité du territoire. Elles auront pour objet de donner au pays des juridictions conformes à ses besoins actuels : les juges et les tribunaux doivent être proches des lieux où se réalise lactivité économique et où se concentre la population.
Le nombre des certificats de nationalité délivrés na cessé daugmenter (1) et il est urgent de prendre des mesures pour réduire les difficultés rencontrées (2).
Le certificat de nationalité française depuis 1945 est la seule preuve juridique de la nationalité française : il fait foi jusquà preuve du contraire.
Le nombre de certificats de nationalité française délivrés progresse depuis plusieurs années : de 194.353 en 1990, il est passé à 233.209 en 1996, soit une progression de 20 % en six ans. A la fin de lannée 1996, le stock des demandes en cours de traitement sélevait à 168.263 contre 98.199 fin 1995. Le taux global de refus se situe aux environs de 1 % ; en 1996, les refus ont représenté 1,6 % des dossiers traités.
Sur sept ans, laugmentation de la charge des services de la nationalité des tribunaux dinstance a été de lordre de 27 %, mais le nombre des demandes comptabilisées est sous-estimé par rapport à la réalité car seules sont enregistrées les demandes accompagnées ou complétées de lensemble des pièces nécessaires à lexamen de la situation de lintéressé.
Par ailleurs, les recours gracieux contre le refus de délivrance des certificats traités par le bureau de la nationalité au ministère de la justice sont passés dun peu plus dune centaine en 1994, à 201 en 1995 et à 465 en 1996. En ce qui concerne le contentieux soumis aux juridictions de lordre judiciaire, il a cru dans des proportions équivalentes, avec environ 400 procédures nouvelles en 1990, 1.346 en 1994, 1.144 en 1995 et 1.248 en 1996. On a donc assisté à un triplement des recours gracieux soumis au ministère de la justice et à un quadruplement des procédures engagées devant les juridictions de lordre judiciaire.
Pour létablissement du certificat de nationalité française, le délai moyen est de trois mois mais il peut dépasser deux ans pour les situations les plus complexes. Laugmentation du nombre des demandes peut sexpliquer principalement par la mise en place généralisée de la carte didentité sécurisée et par la volonté des personnes originaires des anciens territoires ou départements doutre-mer de sassurer de leur nationalité française.
Les principales difficultés résident dans léclatement des circuits de délivrance des certificats de nationalité, la multiplicité des acteurs, une informatisation inégale, labsence dun fichier central et laccueil des usagers.
Léclatement des circuits de délivrance des certificats de nationalité française
La compétence en matière de délivrance des certificats de nationalité française est actuellement éclatée entre les 225 tribunaux dinstance spécialisés en la matière, compétents en raison du domicile du demandeur. Le service de la nationalité du tribunal dinstance du 1er arrondissement de Paris est compétent pour les personnes nées et résidant à létranger et les services de la nationalité des tribunaux dinstance de Bordeaux, Marseille, Montpellier, Nîmes et Saint-Denis-de-la-Réunion sont compétents pour les personnes nées et résidant au Maroc, en Algérie, en Tunisie et à Madagascar.
La multiplicité des acteurs
Une préfecture peut préférer exiger la présentation dun certificat de nationalité française plutôt que dapprécier la situation du demandeur au regard du droit de la nationalité française. Le greffier en chef sollicité pour la délivrance dun certificat de nationalité française pourra lui-même être amené à consulter le ministère de lemploi et de la solidarité afin de vérifier quune faculté de répudiation de la nationalité française na pas été exercée ou encore le ministère des affaires étrangères afin dobtenir la délivrance dun acte détat civil. Cette multiplicité dintervenants génère donc une lenteur dans le traitement du dossier préjudiciable à lusager et un travail accru pour les administrations concernées.
Une informatisation inégale
Certaines juridictions ne sont pas encore informatisées, tandis que dautres utilisent des logiciels spécifiques mis au point par des sociétés de services. Linstallation progressive des tribunaux dinstance compétents du logiciel NATI, élaboré par le bureau de la nationalité, doit permettre de réduire le délai de traitement des dossiers et dharmoniser le traitement des dossiers.
Labsence dun fichier central
Létablissement des certificats de nationalité souffre de labsence dun fichier central unique, consultable à distance et regroupant toutes les décisions rendues en matière de nationalité aussi bien pour les acquisitions ou pertes de la nationalité française que pour la délivrance antérieure des certificats de nationalité française.
Laccueil et linformation de lusager
Des améliorations sont nécessaires afin de ne réclamer à lusager que les pièces strictement utiles à lexamen de sa demande et de lui expliquer le sens et le bien fondé des pièces réclamées.
Ces difficultés ont conduit M. Jean-Pierre Brard à déposer une proposition de résolution tendant à la création dune commission denquête sur les conditions de délivrance de certificats de nationalité française. Examinée le 2 juillet dernier par la commission des lois, son auteur a finalement accepté de la retirer provisoirement, dans lattente de mesures annoncées par la ministre de la justice.
Une circulaire sur lamélioration des conditions de délivrance des certificats de nationalité est sur le point dêtre diffusée auprès des juridictions. Elle devrait inciter les greffiers en chef à prendre lhabitude, alors que cette démarche nest pas encore suffisamment répandue, de privilégier le raisonnement qui pourra aboutir le plus efficacement, et avec le moins de contraintes pour lusager, à la satisfaction de sa demande.
Ainsi est-il préférable dappliquer, lorsque cela est possible, les dispositions légales fondées sur le droit du sol, qui ne nécessitent la production que de quelques pièces souvent faciles à obtenir, aux lieu et place des dispositions fondées sur la filiation, qui entraînent nécessairement une instruction plus longue et plus complexe du dossier. De même, lorsque la nationalité française de lintéressé ne peut avoir sa source que dans la filiation, il est souvent plus facile pour le requérant et lun de ses parents de rassembler des éléments de possession détat que de remonter la chaîne des filiations et de rechercher les actes détat civil correspondants.
Par ailleurs, un effort tout particulier devrait être réalisé dans les modalités daccueil des personnes concernées afin déviter que celles-ci aient le sentiment de faire lobjet de tracasseries administratives inutiles et attentatoires à leur vie privée. Cest pourquoi une structure permettant un accueil personnalisé va être mise en place et la pratique dun entretien individuel, accompagné dexplications sur la situation de lintéressé au regard du droit de la nationalité et sur la pertinence des pièces demandées, va être développée de manière systématique.
Enfin, le bureau de la nationalité de la direction des affaires civiles et du sceau, conjointement avec le bureau des services informatiques de la direction de ladministration générale et de léquipement, a élaboré le logiciel NATI, comprenant un programme daide à linstruction des demandes de certificats de nationalité française avec des modèles et une importante partie documentaire : référence aux textes applicables, commentaires juridiques et pratiques des principales difficultés. A partir de novembre 1998, la direction des services judiciaires va procéder à linstallation progressive de ce logiciel dans les tribunaux dinstance compétents en matière de nationalité.
Enfin, la création de dix emplois de greffier en chef prévue par la loi de finances pour 1999 devrait contribuer à améliorer la situation.
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Avant démettre un avis sur les crédits, la Commission a procédé à laudition de Mme Elisabeth Guigou, garde des sceaux, ministre de la justice.
Madame Elisabeth Guigou, garde des sceaux, sest réjouie du fait que son ministère bénéficie, dans le cadre des engagements pris par le Gouvernement de mener une réforme densemble de la justice, dune progression encore plus marquée pour 1999 que pour lannée précédente. Après avoir souligné que les crédits totaux de la Justice augmenteraient en 1999 de 1 milliard 400 millions, soit une progression de 5,6 % dans un contexte de progression du budget général de lEtat de 2,3 %, elle a ajouté que la Justice bénéficierait de la plus forte création demplois parmi tous les ministères, 930 créations demplois contre 752 en 1998. Elle a indiqué que les mesures nouvelles affectées au fonctionnement des services sélevaient à 394 millions, soit 75 millions de plus quau budget 1998, précisant quen matière déquipements, la Justice se situait au premier rang après le secteur des transports pour les investissements civils directs de lEtat, avec 1,7 milliard dautorisations de programmes nouvelles et une augmentation des crédits de paiement de lordre de 13 %. Elle a enfin annoncé que des mesures substantielles avaient été prévues en faveur des personnels, avec plus de 70 millions de crédits indemnitaires et statutaires prévus pour 1999.
Sagissant des services judiciaires, elle a déclaré que les moyens nouveaux dégagés devraient permettre à la fois de financer les réformes de la justice soumises au Parlement et de remettre à niveau le fonctionnement des juridictions, faisant observer que le rythme de ces réformes était soutenu puisque lAssemblée a été saisie du projet de loi relatif à laction publique en matière pénale et du projet de loi renforçant la protection de la présomption dinnocence et des droits des victimes tandis que le Sénat a déjà examiné le projet relatif à la simplification des procédures pénales. Elle a ainsi annoncé que la possibilité pour les personnes placées en garde à vue de bénéficier dun avocat dès la première heure serait financée au titre de laide juridictionnelle par une mesure nouvelle de 20 millions de francs, et a ajouté que la création de la fonction de juge de la détention serait mise en uvre par laffectation de la moitié des postes de magistrats nouvellement créés. En matière damélioration du fonctionnement des juridictions, elle a fait remarquer que le projet de loi de finances pour 1999 accentuait leffort entrepris de renforcement des moyens en personnel avec la création de 140 emplois de magistrats, soit le nombre le plus élevé des quinze dernières années et un doublement de leffort réalisé en 1998. A cet égard, elle a précisé que les recrutements seraient accélérés grâce à lorganisation de deux concours exceptionnels en 1998 et 1999, tandis que 185 postes seraient offerts au concours dentrée à lE.N.M. pour 1999. Elle a par ailleurs annoncé que ces créations demplois seraient accompagnées de 230 nouveaux emplois de fonctionnaires, dont 122 greffiers et greffiers en chef et 35 techniciens informatiques, et que les effectifs des juridictions se verraient renforcés par 400 assistants de justice supplémentaires, ce qui portera leur nombre à 950. Elle a par ailleurs précisé quune enveloppe de 18 millions de francs avait été dégagée pour financer la réforme du statut de la magistrature destinée à améliorer le déroulement de carrière et la mobilité des magistrats, alors même que cette réforme initiée par son prédécesseur navait pas reçu les moyens nécessaires à sa mise en uvre. Elle a en outre évoqué laugmentation de 64,4 millions de francs de la dotation de fonctionnement des juridictions, ainsi que la hausse de leffort dinvestissement en autorisation de programmes avec 673 millions de francs contre 567 en 1998 et la stabilisation des crédits de paiement avec 961 millions de francs contre 976 en 1998. En matière de construction et de mise en sécurité des juridictions, elle a fait part du lancement de la construction des palais de justice de Toulouse, Besançon et Rodez, de lachèvement des chantiers de Rennes, Grasse, Nantes et Nice et dune dotation de 80 millions de francs pour la poursuite du programme de sécurité au palais de justice de Paris.
La ministre de la justice a ensuite détaillé les conditions de mise en uvre des politiques judiciaires. Elle a ainsi expliqué que la plupart des mesures innovantes en matière pénale serait financée au titre du chapitre des frais de justice, dont les crédits se montent à 1 milliard 776 millions de francs pour 1999, soit une hausse de 121 millions de francs et une mesure nouvelle de 42 millions de francs. Elle a fait observer que cette hausse devrait permettre lamélioration du contrôle judiciaire socio-éducatif, des enquêtes sociales ou de personnalités, le développement des alternatives aux poursuites avec la médiation pénale et les classements sous condition ainsi que la relance de la politique pénale daide aux victimes prévue par une circulaire du 13 juillet 1998. En matière civile, elle a annoncé que le chapitre de laide juridictionnelle en hausse de 215 millions de francs bénéficiait dune mesure nouvelle de plus de 97 millions de francs destinée à la mise en uvre des réformes législatives en cours ou récemment adoptées, telles que la réforme de laccès au droit ou la loi relative à la lutte contre les exclusions. Elle a, par ailleurs, rappelé quun décret relatif à la procédure civile serait prochainement publié en vue de remédier à lengorgement des cours et tribunaux, notamment en redéfinissant les compétences matérielles des juridictions et en transférant une partie du contentieux des tribunaux de grande instance vers les tribunaux dinstance. Elle a également fait état du développement des modes alternatifs de règlement des conflits en citant successivement laugmentation notable des crédits consacrés à la médiation familiale, qui passent de 1,75 millions de francs en 1998 à 3,45 millions pour 1999, et la création de huit nouveaux conseils départementaux daide juridique dont le rôle sera renforcé par le projet de loi relatif à laccès au droit et à la résolution amiable des conflits en cours dexamen par le Parlement. Enfin, elle a annoncé que linspection générale des services judiciaires recevrait cinq postes supplémentaires et que le budget des juridictions administratives devrait permettre la création de vingt et un emplois de magistrats, de quarante emplois dagents de greffe, le financement du recrutement à titre temporaire de quinze magistrats, la création au titre des crédits dinvestissements de la nouvelle cour administrative dappel de Douai ainsi que linstallation définitive du tribunal administratif de Melun.
Tout en saluant laugmentation du budget de la justice pour 1999, le rapporteur pour avis a rappelé le souhait de la majorité de voir porter ce même budget à environ 30 milliards de francs pour la fin de la législature. Il a insisté sur la nécessité douvrir les moyens financiers permettant la mise en place effective des réformes engagées, regrettant quun tel principe nait pas été respecté pour la réforme de la cour dassises, sous la précédente législature. Rappelant le nombre de décisions de justice rendues annuellement, il a considéré que la majeure partie de la population était essentiellement concernée par les deux millions de décisions de nature civile. Après avoir émis le vu de recevoir dès que possible les réponses manquantes au questionnaire budgétaire, le rapporteur a, tout dabord, interrogé le ministre sur la gestion des personnels, sétonnant en particulier des différences de traitement constatées au détriment des magistrats affectés en administration centrale par rapport aux personnels administratifs occupant des postes similaires. Il a ensuite attiré lattention de la ministre sur le recrutement croissant de vacataires du service public de la justice, regrettant que, dans certains cas, ceux-ci accomplissent des tâches qui excèdent leur vocation, telle que la rédaction des arrêts. Il a de surcroît fait observer que, à terme, cette situation pourrait susciter des demandes tendant à la création de corps permanents composés de ces vacataires ou contractuels.
M. Renaud Donnedieu de Vabres a rappelé que lopposition, tout en plaidant pour une stabilisation en francs constants des dépenses publiques, estimait néanmoins que les grandes fonctions régaliennes constituaient une priorité. A cet égard, il sest interrogé sur lopportunité de proposer au Parlement une programmation pluriannuelle afin de mesurer les besoins et de planifier les moyens budgétaires correspondant. Reconnaissant que les lois de programmation faisaient lobjet dune application souvent aléatoire, il a cependant fait valoir que celles-ci constituaient un instrument utile pour les ministères dépensiers au moment des arbitrages budgétaires.
Après sêtre félicité de laugmentation du budget de la justice qui permet de combler une partie du retard accumulé ces dernières années, M. Louis Mermaz sest interrogé sur lévolution de la carte judiciaire. Il a souhaité savoir quels seraient les moyens consacrés aux juges de la détention provisoire afin quils puissent étudier de manière approfondie les dossiers.
Se déclarant sceptique sur lefficacité du budget proposé, M. Jean-Luc Warsmann sest interrogé sur le caractère suffisant du nombre de postes pour les juges de la détention provisoire. Il a estimé nécessaire daméliorer la visibilité de la politique judiciaire et danticiper les besoins financiers, comme par exemple pour la réforme des tribunaux de commerce. Evoquant le nombre de mineurs interpellés, il sest demandé si les mesures prévues étaient à la hauteur des difficultés que connaissent certains quartiers. Il a ensuite souhaité connaître le nombre de magistrats en fonction et celui de postes non pourvus.
Après sêtre félicité de laugmentation du budget de la justice, M. Alain Tourret a souhaité que des moyens soient débloqués pour le développement de la vidéo-conférence dans les tribunaux. Faisant valoir que la justice devait participer à laménagement du territoire, il sest inquiété du fait que les pouvoirs publics envisagent de supprimer des tribunaux et des postes de police ou de gendarmerie dans sa circonscription.
Considérant que le budget présenté cette année était le meilleur budget depuis longtemps, M. Gérard Gouzes a souhaité savoir sil existait un plan de développement informatique, indispensable pour moderniser ladministration judiciaire, et des moyens pour former les personnels. Il sest interrogé sur le statut des 400 assistants de justice et a demandé des précisions sur la réforme des tribunaux de commerce. Il a enfin souhaité savoir où en était la réforme des cours dassises.
Après avoir souligné que le budget de la justice progressait de manière significative, même si cette progression était inférieure à celle du budget de lenvironnement, dun volume certes plus réduit, M. Pascal Clément a regretté que les créations demplois concernent principalement les services pénitentiaires et la protection judiciaire de la jeunesse, les magistrats étant comme dhabitude les moins bien traités. Il a souhaité savoir si la réforme, qui a permis de passer de quatre à deux grades dans la magistrature, était considérée au sein de ce corps comme un élément damélioration de la carrière. Faisant valoir que les meilleurs magistrats étaient à Paris, il a souhaité savoir si lE.N.M., école dapplication, resterait définitivement à Bordeaux. Après avoir évoqué le problème des tribunaux de grande instance de son département, il a demandé si la réforme des cours dassises avait été abandonnée pour des motifs financiers ou en raison dun désaccord de fond.
Après avoir fait part de sa satisfaction de voir le budget de la justice augmenter, M. Jacky Darne a néanmoins remarqué que quelques points faibles demeuraient concernant en particulier le suivi des décisions de justice. Il a ensuite soulevé la question du partage des financements entre les communes et le ministère de la justice à propos de la création des maisons de justice, dont la charge essentielle échoit aux budgets municipaux. Enfin, il a souhaité que soit simplifié le mode de répartition des compétences entre les différents ministères qui interviennent pour la délivrance de pièces didentité, la complexité actuelle des procédures administratives qui associent plusieurs ministères, suscitant des difficultés, notamment pour les ressortissants algériens.
M. Emile Blessig a constaté que le montant du budget affecté à laide juridictionnelle était important puisquil atteignait 1,44 milliard, marquant une augmentation de 215 millions. Il sest cependant interrogé sur les conséquences budgétaires que pourrait avoir la réforme relative à la présomption dinnocence se demandant en particulier sur quelles bases statistiques avait été calculé le coût de lintervention de lavocat lors de la première heure de la garde à vue, évalué à 20 millions de francs.
Mme Christine Lazerges a exprimé tout dabord sa satisfaction de voir que, dans la circulaire du 15 juillet 1998, un grand nombre de ses propositions avaient été reprises. Elle a jugé que la création de 200 postes de délégués du Procureur était suffisante pour une première année, soulignant quil convenait dorganiser sérieusement leur recrutement et leur formation. Enfin, elle a souhaité savoir si les 3 millions de francs affectés à la médiation familiale permettraient la mise en place de nouvelles associations orientées vers la médiation ou favorisant la réparation.
M. Philippe Houillon sest tout dabord félicité de la progression du budget de la justice. Il sest néanmoins interrogé sur laffectation des 140 nouveaux magistrats, se demandant en particulier sils allaient constituer un renfort ou plutôt être employés à de nouvelles tâches. Il a souhaité connaître les conséquences de la réforme annoncée des tribunaux de commerce sur ces affectations. Il a conclu en faisant état des sous-effectifs dont le tribunal de grande instance de Pontoise souffrait.
M. Jérôme Lambert a jugé nécessaire de développer une vision à long terme de lévolution du ministère de la justice qui constitue un pilier de notre régime démocratique. Concernant la réforme visant à instaurer une procédure dappel des jugements des cours dassises, il sest demandé si un assouplissement de la procédure de révision ne pourrait pas constituer une solution simple et pragmatique à cette question. Il a également souhaité avoir des précisions sur la réforme de la profession des commissaires-priseurs.
Rappelant les travaux de la commission denquête parlementaire sur lemploi des fonds publics en Corse, M. Christian Paul a souligné que depuis une année des moyens nouveaux avaient été mis en uvre. Il a souhaité connaître quelles étaient, en la matière, les intentions du ministre pour 1999, en particulier en ce qui concerne les moyens en personnel, la situation de limmobilier et la sécurité des magistrats en Corse.
Mme Catherine Tasca, Présidente, sest réjouie que les commissaires aient pu poser un grand nombre de questions de fond à la ministre. Elle a considéré que cela témoignait du grand intérêt que la commission des Lois attachait au budget du ministère de la justice. Elle a souhaité savoir si une réflexion était en cours sur lévolution de la politique globale de formation des métiers de la justice, prenant lexemple de la réforme des tribunaux de commerce ou de la création de postes de délégués du procureur de la République qui nécessitent des formations spécifiques.
En réponse aux questions des commissaires, la ministre de la justice a apporté les précisions suivantes :
La comparaison entre le budget de la justice et celui de lEtat nest pas vraiment pertinente. Ce dont la justice a le plus besoin cest de créations demplois pour les services judiciaires, ladministration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse ; or, ce nest pas ce qui coûte le plus cher.
Les emplois dassistant de justice sont exclusivement confiés à des étudiants en D.E.A. ou en thèse qui ont vocation à poursuivre leurs études ou à passer le concours externe de magistrat mais en aucun cas à intégrer le corps judiciaire par la voie interne.
Toutes les réformes en cours et à venir seront accompagnées des moyens nécessaires à leur bonne application.
Des efforts restent à faire pour harmoniser le statut des fonctionnaires, originaires de différents corps, qui travaillent à ladministration centrale et pour rendre plus attractives les primes perçues par les administrateurs civils et les attachés dadministration centrale, dautant plus que de nombreux magistrats sont sollicités pour travailler dans des organismes extérieurs au corps judiciaire.
Les lois de programmation pluriannuelles donnent plus souvent lieu à des effets dannonce quà des résultats effectifs. Il est préférable de faire preuve dune volonté politique confirmée année après année par lobtention de moyens supplémentaires que de définir des objectifs chiffrés pour les cinq années à venir sans assurance quils seront respectés.
La réforme de la carte judiciaire repose sur une méthode nouvelle tenant à lanalyse précise des données géographiques, démographiques et économiques et non sur un a priori de départementalisation. Elle sinscrit dans une démarche interministérielle car il doit être tenu compte des autres réformes en cours ayant des incidences au plan local.
La révision de la carte judiciaire des tribunaux de commerce devrait être terminée dès la fin de lannée 1999. Quant à la réforme des tribunaux eux-mêmes, un projet de loi devrait être prêt à la fin du premier semestre de cette même année. Compte tenu de la nécessité de revoir le statut des professions judiciaires impliquées dans le fonctionnement de ces tribunaux, lensemble de la réforme devrait pouvoir entrer en vigueur au début de lan 2000. Le ministère des finances a dores et déjà donné son accord pour la création de 350 emplois de magistrats professionnels supplémentaires et lEcole nationale de la magistrature va organiser une formation spécifique.
Le taux de vacances est actuellement denviron 3 %, mais il devrait être inférieur en 1999 compte tenu du recrutement de 265 magistrats (dont 100 par concours exceptionnels et 145 par la voie de lE.N.M.) pour seulement 70 départs à la retraite. Les créations de postes de magistrats se sont élevées à 60 en 1995 et 1996, 30 en 1997, 70 en 1998 et 140 en 1999.
La visio-conférence est certainement une méthode de travail qui mériterait dêtre développée.
Le plan dinformatisation est poursuivi ; en 1998, 500 magistrats ont été équipés dordinateurs.
Une circulaire sur létat civil a été envoyée dans les services concernés mais sans doute conviendrait-il de rechercher encore des améliorations.
Dans le Val dOise, les postes vacants de magistrats seront proposés au prochain mouvement de janvier 1999 et les postes vacants de greffiers à la commission administrative paritaire de décembre prochain. A Bastia, tous les postes de magistrats viennent dêtre pourvus et les assistants spécialisés affectés au pôle économique et financier vont arriver sous peu. Seuls les travaux de rénovation du palais de justice ont pris du retard, la procédure dappel doffres devant être réengagée.
Les critères objectifs de répartition des magistrats par juridictions seront rendus publics par circulaire.
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Conformément aux conclusions du rapporteur pour avis, la commission des Lois constitutionnelles, de la législation et de ladministration générale de la République a émis un avis favorable à ladoption des crédits de la justice pour 1999 concernant ladministration centrale et les services judiciaires.
ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES
REÇUES PAR LE RAPPORTEUR

Association des greffiers en chef des tribunaux dinstance
Association professionnelle des magistrats
Fédération générale de ladministration de lEtat - F.O.
Syndicat C.G.T. des chancelleries et des services judiciaires
Syndicat des greffiers de France
Syndicat de la juridiction administrative
Syndicat de la magistrature
Union syndicale autonome justice (U.S.A.J.)
Union syndicale des magistrats
Union syndicale des magistrats administratifs
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