
N° 1116
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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 8 octobre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
AU NOM DE LA COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES (1) SUR LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n° 1078),
TOME IV
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE et ENVIRONNEMENT
ENVIRONNEMENT
PAR M. STÉPHANE ALAIZE,
Député.
(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.
Voir le numéro : 1111 (annexe 7)
La commission de la production et des échanges est composée de : M. André Lajoinie, président ; MM. Jean-Paul Charié, Jean-Pierre Defontaine, Pierre Ducout, Jean Proriol, vice-présidents ; MM. Léonce Deprez, Christian Jacob, Daniel Paul, Patrick Rimbert, secrétaires ; MM. Jean-Pierre Abelin, Jean-Claude Abrioux, Stéphane Alaize, Damien Alary, André Angot, François Asensi, Jean-Marie Aubron, Pierre Aubry, Jean Auclair, Jean-Pierre Balduyck, Jacques Bascou, Mme Sylvia Bassot, MM. Christian Bataille, Jean Besson, Gilbert Biessy, Claude Billard, Claude Birraux, Jean-Pierre Blazy, Serge Blisko, Jean-Claude Bois, Daniel Boisserie, Franck Borotra, Christian Bourquin, Mme Danièle Bousquet, MM. François Brottes, Marcel Cabiddu, Alain Cacheux, Dominique Caillaud, André Capet, Laurent Cathala, Jean-Paul Chanteguet, Jean Charroppin, Philippe Chaulet, Jean-Claude Chazal, Daniel Chevallier, Pierre Cohen, Alain Cousin, Yves Coussain, Jean-Michel Couve, Jean-Claude Daniel, Marc-Philippe Daubresse, Philippe Decaudin, Jacques Desallangre, Eric Doligé, François Dosé, Jean-Pierre Dufau, Marc Dumoulin, Dominique Dupilet, Philippe Duron, Jean-Claude Etienne, Laurent Fabius, Alain Fabre-Pujol, Albert Facon, Alain Ferry, Jean-Jacques Filleul, Jacques Fleury, Nicolas Forissier, Roland Francisci, Claude Gaillard, Robert Galley, Claude Gatignol, André Godin, Alain Gouriou, Joël Goyheneix, Michel Grégoire, Gérard Grignon, Hubert Grimault, Lucien Guichon, Gérard Hamel, Patrick Herr, Claude Hoarau, Robert Honde, Claude Jacquot, Mme Janine Jambu, MM. Aimé Kergueris, Jean Launay, Thierry Lazaro, Patrick Lemasle, Jean-Claude Lemoine, Jacques Le Nay, Jean-Claude Lenoir, Arnaud Lepercq, René Leroux, Roger Lestas, Alain Le Vern, Félix Leyzour, Michel Liebgott, Lionnel Luca, Jean-Michel Marchand, Daniel Marcovitch, Alfred Marie-Jeanne, Alain Marleix, Daniel Marsin, Philippe Martin, Jacques Masdeu-Arus, Roger Meï, Roland Metzinger, Pierre Micaux, Yvon Montané, Gabriel Montcharmont, Jean-Marie Morisset, Bernard Nayral, Jean-Paul Nunzi, Patrick Ollier, Joseph Parrenin, Paul Patriarche, François Patriat, Germinal Peiro, Jacques Pélissard, Mmes Marie-Françoise Pérol-Dumont, Annette Peulvast-Bergeal, MM. Serge Poignant, Bernard Pons, Jacques Rebillard, Jean-Luc Reitzer, Gérard Revol, Mme Marie-Line Reynaud, M. Jean Rigaud, Mme Michèle Rivasi, MM. Jean Roatta, André Santini, Joël Sarlot, Mme Odile Saugues, MM. François Sauvadet, Bernard Schreiner, Jean-Claude Thomas, Léon Vachet, Daniel Vachez, François Vannson, Michel Vaxès, Michel Vergnier, Alain Veyret, Gérard Voisin, Roland Vuillaume.
INTRODUCTION 5
I. LES PRÉMICES DUNE FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE 7
A. LA SITUATION ACTUELLE : UNE PART PRIMORDIALE DE RESSOURCES EXTRABUDGÉTAIRES AFFECTÉES 7
1. Les redevances des agences de leau 8
2. Les taxes fiscales et parafiscales affectées à lADEME 10
B. LA CRÉATION DE LA TAXE GÉNÉRALE SUR LES ACTIVITÉS POLLUANTES : UNE RÉFORME STRATÉGIQUE 12
1. La logique fondamentale de la TGAP 12
2. La budgétisation des ressources propres de lADEME 13
3. La première étape dune réforme ambitieuse 15
II. DES MOYENS DACTION SENSIBLEMENT RENFORCÉS 17
A. UNE PROGRESSION DES CRÉDITS SANS PRÉCÉDENT 17
B. UNE ÉVOLUTION SECTORIELLE REFLÉTANT TROIS PRIORITÉS 19
1. Laccroissement des moyens de ladministration et le développement de la concertation 19
2. Le renforcement des politiques de prévention des pollutions et des risques 22
a) La protection de leau et des milieux aquatiques 22
b) La prévention des pollutions et des risques 24
3. Lamélioration de la gestion des espaces naturels 32
CONCLUSION 37
EXAMEN EN COMMISSION 39
Quil sagisse des moyens budgétaires proposés pour lexercice 1999 ou des innovations fiscales engagées, tout indique, de façon éclatante, la volonté du Gouvernement de faire de lenvironnement un ministère désormais de plein exercice.
En premier lieu, la croissance budgétaire peut, cette année, être qualifiée dhistorique : la progression des dotations du ministère de lenvironnement, même si lon fait abstraction des effets induits de la nouvelle taxe générale sur les activités polluantes, atteint 14,8 %, à périmètre constant, par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Ce saut quantitatif porte ainsi les crédits à 2 179,8 millions de francs, malgré un contexte général de maîtrise des dépenses publiques et alors que par ailleurs les dotations inscrites au budget du ministère ne représentent quune partie de leffort public en faveur de la protection de lenvironnement.
En deuxième lieu, les moyens daction, jusquici répartis entre plusieurs structures, trouvent un début dunification avec la création de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) qui modifie le régime des ressources consacrées aux dépenses denvironnement et réintègre dans le budget de lEtat le produit des taxes fiscales et parafiscales jusquici affectées à lAgence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie (ADEME).
Tout en favorisant la mise en cohérence entre la fiscalité environnementale et les politiques mises en uvre, la TGAP est la première étape dune réforme denvergure dont lobjectif est de globaliser, à terme, le produit des multiples taxes et redevances affectées à des fonctions précises. Il sagit là de sortir dune logique exclusivement réparatrice des dommages causés à lenvironnement pour traduire dans les faits le concept de développement durable, dont lintégration dans lensemble des politiques publiques, et en priorité celle de lenvironnement, constitue un changement profond dans laction publique sous toutes ses formes.
Ainsi, la politique de croissance, jusquici appréciée sur le seul objectif quantitatif daugmentation du PIB, senrichit dun nouveau paramètre dordre qualitatif : le respect de lenvironnement. Voilà tout le sens du concept de développement durable qui, en inscrivant laction économique dans une perspective environnementale historique, vise à satisfaire pleinement les exigences des générations présentes sans négliger le respect dû aux générations futures.
Enfin, les moyens de paiement, dun montant de 3 947,7 millions de francs compte tenu des effets de la TGAP, augmentent de 107,8 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998, représentant ainsi près de 0,3 % du budget civil de lEtat. Le projet de budget pour 1999 marque, à ce sujet, le début dun processus pluriannuel heureux et fortement attendu par les citoyens.
Car, en dépit de limportance grandissante de sa dimension dans la société, lenvironnement est resté le parent pauvre de laction gouvernementale des années durant. Nonobstant les efforts consentis à quelques reprises depuis son existence, les moyens mis à la disposition du ministère ont certes évolué, mais ils sont restés très modestes puisquils ne représentaient, bon an mal an, que 0,14 % du budget civil de lEtat.
La forte croissance des crédits, complétée par la mise en place progressive dune fiscalité écologique, met donc un terme à une longue période de gestion, qui a commencé par une administration de mission dotée de moyens réduits à ses premières heures, pour aboutir à un ministère couvrant un champ dintervention en croissance continue depuis le début de la décennie, sous leffet dun arsenal législatif national et européen particulièrement abondant et de plus en plus complexe.
Mieux répondre à une demande sociale de plus en plus forte, en ouvrant enfin la voie à la mise en uvre dun environnement de proximité, grâce auquel lidentité du ministère va pouvoir saffirmer au plus près des besoins des citoyens, tel est le sens profond de ce projet de budget.
Puisse cet effort considérable être justement récompensé et pleinement compris de nos concitoyens, pour que ce rendez-vous budgétaire historique trouve sa pleine expression.
I. LES PRÉMICES DUNE FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE
Avant dexaminer les crédits inscrits au projet de budget de lenvironnement pour 1999, il est indispensable dévaluer les effets de la principale mesure proposée en ce domaine dans la première partie du projet de loi de finances : la création de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) produit des conséquences directes sur les dotations budgétaires du ministère chargé de lenvironnement, elle se traduit par la budgétisation des ressources auparavant directement affectées à un établissement public placé sous sa tutelle, lagence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie (ADEME). Elle constitue la partie la plus importante de la réforme fiscale décidée par le Gouvernement qui comporte deux autres volets : laménagement de la fiscalité sur les carburants et la baisse du taux de la TVA pour les opérations de collecte et de tri sélectifs des ordures ménagères.
A. LA SITUATION ACTUELLE : UNE PART PRIMORDIALE DE RESSOURCES EXTRABUDGÉTAIRES AFFECTÉES
Le secteur de lenvironnement se caractérise par une panoplie de ressources affectées aux établissements publics placés sous sa tutelle. Ces ressources propres échappent aux règles budgétaires classiques, en particulier aux principes de lannualité et de la non-affectation.
Initiée dès 1964 avec la création des agences financières de bassin, devenues agences de leau, cette tendance sest amplifiée dans les années récentes. Parmi les nombreuses taxes et redevances à vocation environnementale, deux ressources méritent une attention particulière en raison de leur importance par rapport aux politiques quelles soutiennent : les redevances des agences de leau et la taxe sur le stockage des déchets affectée à lADEME. En effet, dans ces deux domaines, laction de lEtat se réalise par lintermédiaire des agences et un financement extrabudgétaire.
1. Les redevances des agences de leau
Le système mis en place par la loi n° 64-1245 du 16 décembre 1964 est très particulier dans le paysage institutionnel français. Reposant sur le principe pollueur-sociétaire, le fonctionnement des agences de leau est à maints égards original :
il vise à instaurer les conditions dune tarification de leau répercutant à la fois la rareté de leau sur ses utilisateurs et leur faisant supporter le coût des dommages causés à lenvironnement ;
son cadre dintervention est le bassin hydrographique qui constitue léchelle géographique pertinente et ne correspond à aucune division administrative. Le décret n° 66-700 du 14 septembre 1966 définit six agences de bassin couvrant le territoire métropolitain qui sont, dans lordre dimportance financière : Seine-Normandie, Rhône-Méditerranée-Corse, Rhin-Meuse, Loire-Bretagne, Adour-Garonne et Artois-Picardie ;
il est décentralisé. Si les agences sont placées sous la tutelle de lEtat, elles sont cependant dotées de la personnalité juridique et de lautonomie financière ; chaque agence est chargée de faciliter les actions dintérêt commun du bassin hydrographique par lattribution de subventions et de prêts ;
les agences établissent et perçoivent des redevances destinées à couvrir les dépenses prévues dans le cadre dun programme pluriannuel dintervention. De fait, les redevances de prélèvement et de pollution collectées auprès des usagers sapparentent à un prélèvement fiscal, dont le volume est devenu très important. En 1997, le montant des redevances des six agences sest élevé à 9,87 milliards de francs. Le montant des aides aux travaux a atteint 9,69 milliards de francs. Depuis leur création les agences ont alloué aux usagers un montant global de 98,7 milliards de francs.
Pour la durée des programmes quinquennaux en cours (1997-2001), le principe dune stabilisation des redevances a été retenu ; leur montant global devrait sélever à 51 milliards de francs et celui des aides avoisiner 57 milliards de francs.
Le tableau ci-après en indique la répartition entre les six agences de leau.
AIDES DES AGENCES DE LEAU
(19972001)
(en millions de francs)
|
|
|
|
|
|
|
|
Agences
|
Aides
|
Redevances
|
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Total
|
|
Adour-Garonne
|
846
|
885
|
940
|
961
|
988
|
4 620
|
4 039
|
Artois-Picardie
|
791
|
801
|
817
|
812
|
824
|
4 046
|
3 708
|
Loire-Bretagne
|
1 633
|
1 699
|
1 456
|
1 463
|
1 490
|
7 741
|
7 041
|
Rhin-Meuse
|
943
|
961
|
936
|
910
|
876
|
4 626
|
4 670
|
Rhône-Méditerranée-Corse
|
2 411
|
2 500
|
2 589
|
2 658
|
2 692
|
12 850
|
11 336
|
Seine-Normandie
|
4 300
|
4 533
|
4 656
|
4 732
|
4 809
|
23 030
|
20 105
|
TOTAL
|
10 924
|
11 379
|
11 394
|
11 536
|
11 679
|
56 913
|
50 899
|
Ce système original a largement fait ses preuves. Du reste, la future directive-cadre pour laction communautaire dans le domaine de leau que la commission a examinée le 27 mai 1998 sur le rapport de notre collègue Daniel Marcovitch (n° 926-27 mai 1998) étend à lUnion européenne les principes fondateurs du système français : gestion équilibrée et globale des usages de leau par bassin hydrographique, planification pluriannuelle, couverture des coûts par une tarification à la charge des usagers, à lexception de la mise en oeuvre de mesures de solidarité et de péréquation.
Toutefois, plus de trente ans après la mise en place des agences, des améliorations sont indispensables, comme lont montré les rapports récents de la Cour des comptes et du Commissariat général du Plan.
Une réforme de la redevance de pollution domestique a été annoncée en Conseil des ministres le 20 mai dernier pour assurer une plus grande équité entre les redevables. En outre, le dispositif devrait être complété par une nouvelle redevance relative à la modification du régime des eaux, dont lassiette est en cours de définition. Cette redevance permettra aux agences de leau de participer au financement de la politique de prévention des inondations. Enfin, pour mettre fin au débat récurrent sur la constitutionnalité des redevances, il est prévu de soumettre à lapprobation du Parlement, tous les cinq ans, les programmes dintervention des agences et les redevances quils impliquent.
2. Les taxes fiscales et parafiscales affectées à lADEME
Le budget dintervention de lADEME est aujourdhui constitué pour lessentiel du produit de cinq taxes, dont la plus importante est celle sur le stockage des déchets.
· La taxe sur le stockage des déchets ménagers et assimilés a été instituée jusquau 30 juin 2002, échéance prévue pour la limitation de la mise en décharge aux seuls déchets ultimes par la loi n° 92-646 du 13 juillet 1992 relative à lélimination des déchets et aux installations classées pour la protection de lenvironnement.
La loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de lenvironnement a prévu une augmentation progressive de son tarif de 20 francs à 40 francs par tonne de déchets stockés à compter du 1er janvier 1998. Elle a également étendu le mécanisme de cette taxe aux déchets industriels spéciaux (DIS) non valorisés comme matière, en doublant son tarif pour les DIS mis en décharge externes.
Le produit de ces taxes est affecté au fonds de modernisation de la gestion des déchets (FMGD) créé au sein de lADEME :
le produit net de la taxe sur les déchets ménagers et assimilés, cest-à-dire les déchets industriels banals (803,7 millions de francs en 1998) est destiné pour lessentiel à soutenir la réalisation déquipements de collecte séparative et de traitement ;
le produit net de la taxe sur les déchets industriels spéciaux (93,2 millions de francs en 1998) est, quant à lui, destiné à participer au financement de la réhabilitation des sites pollués orphelins.
· La taxe datténuation des nuisances sonores instituée par la loi n° 92-1444 du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit a pour objet daider les riverains des grands aéroports à réaliser des travaux dinsonorisation. Initialement limitée aux six principaux aéroports métropolitains (Paris-Charles-de-Gaulle, Paris-Orly, Lyon, Marseille, Nice et Toulouse), elle a été étendue aux plates-formes de Bordeaux, Bâle-Mulhouse et Strasbourg par la loi de finances pour 1998 qui a, simultanément, doublé son taux. Le coût moyen pour les compagnies aériennes devrait ainsi passer de 50 centimes à un franc par passager environ et le produit annuel de la taxe à environ 90 millions de francs en 1999.
· La taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique créée par le décret n° 85-582 du 7 juin 1985 et reconduite pour cinq ans en 1990 a été prorogée une nouvelle fois en 1995. Assise sur la quantité de polluants émis au cours de lannée précédant son recouvrement, elle est due par les exploitants :
dinstallations de combustion dune puissance thermique supérieure à 20 mégawatts ;
dinstallations dincinération dordures ménagères dune capacité supérieure à 3 tonnes par heure ;
dinstallations émettant plus de 150 tonnes par an de composés soufrés ou de composés oxygénés de lazote ou dacide chlorhydrique ou dhydrocarbures non méthaniques, solvants et autres composés organiques volatils.
Il sagit dun mécanisme financier de type mutualiste. Les assujettis peuvent déduire de la taxe les cotisations quils versent aux associations de surveillance de la qualité de lair, dans la limite de 25 % de la taxe si celle-ci est supérieure à 4 millions de francs et de 1 million de francs si tel nest pas le cas.
Le produit net de la taxe devrait être de 182,3 millions de francs en 1998. Il est destiné à soutenir le développement de technologies et la réalisation déquipements permettant de mesurer ou de réduire les émissions polluantes ainsi quau financement dactions dans le domaine de la surveillance de la qualité de lair.
La taxe a ainsi permis dengager la modernisation et daméliorer le fonctionnement des réseaux de mesure de la pollution atmosphérique, en partenariat avec les collectivités locales et les industriels avant le vote de la loi n° 96-1236 du 30 décembre 1996 sur lair et lutilisation rationnelle de lénergie. Contrairement aux lois déchets et bruit , ce texte na pas créé de mécanisme financier spécifique. La mise en place sur lensemble du territoire dun réseau de surveillance de la qualité de lair est donc, une fois nest pas coutume, financée pour lessentiel par des crédits budgétaires. Il convient de rappeler à cet égard que les dotations budgétaires pour 1998 étaient insuffisantes pour maintenir le rythme déquipement voulu par le législateur ; dès lors, le Gouvernement avait promis de majorer une partie de la taxe parafiscale pour dégager les moyens nécessaires. Cette promesse a été tenue : depuis le 1er janvier 1998, le taux de la taxe est passé de 180 francs à 250 francs la tonne pour les émissions doxydes dazote et les composés organiques volatils. Il est resté inchangé (à 180 francs la tonne) pour les autres polluants.
· La taxe parafiscale sur les huiles de base, instituée en 1989 et prorogée pour une période de cinq ans par le décret n° 94-753 du 31 août 1994, est assise sur les huiles de base neuves ou régénérées mises sur le marché en France. Son taux est de 150 francs par tonne. Son produit net, estimé à 107,9 millions de francs pour 1998, est affecté au financement et à la régénération des huiles usagées.
Au total, le produit brut des cinq taxes sélèverait à 1 321,9 millions de francs pour 1998, le produit net (déduction faite des frais de gestion) à 1 225,5 millions de francs, sur un budget total de 1 885,7 millions de francs pour lADEME. Ce montant est à rapprocher de celui du budget de lenvironnement qui a atteint 1 899,4 millions de francs en 1998. Le budget de lagence est donc presque équivalent à celui de lun de ses ministères de tutelle. Le tableau figurant ci-après retrace lévolution du produit brut de ses ressources et indique les prévisions pour 1999.
|
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|
ÉVOLUTION DU PRODUIT DES TAXES
(en milliers de francs)
|
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Déchets ménagers et assimilés....
|
395,00
|
420,00
|
690,00
|
769,60
|
874,79
|
1 337,00
|
Déchets industriels et spéciaux...
|
0
|
0
|
84,81
|
93,50
|
101,40
|
165,00
|
Huiles.........................................
|
20,88
|
107,38
|
114,35
|
114,12
|
111,36
|
121,50
|
Bruit...........................................
|
30,00
|
30,00
|
31,91
|
37,53
|
40,35
|
89,50
|
Air.............................................
|
187,00
|
160,00
|
133,78
|
187,00
|
194,00
|
222,00
|
Total
|
632,88
|
717,38
|
1 054,85
|
1 201,75
|
1 321,90
|
1 935,00
|
B. LA CRÉATION DE LA TAXE GÉNÉRALE SUR LES ACTIVITÉS POLLUANTES : UNE RÉFORME STRATÉGIQUE
La réforme proposée constitue un tournant important. Articulée autour de trois objectifs fondamentaux (dissuader les comportements polluants par une fiscalité écologique incitative ; diminuer la fiscalité pesant sur le travail ; assurer des moyens suffisants aux politiques de protection de lenvironnement), elle emporte des conséquences dont on tentera dévaluer la portée.
1. La logique fondamentale de la TGAP
Créée pour retrouver le sens premier de limpôt qui est de contribuer au financement de lEtat, la TGAP a pour ambition de stopper le processus fiscal mis en uvre depuis plusieurs années en unifiant la multitude de taxes et redevances affectées à la protection de lenvironnement, de façon à corriger les distorsions fiscales existantes en intégrant au budget général de lEtat le produit de taxes significatives perçues en application du principe pollueur-payeur.
Ainsi, son objectif nest pas daugmenter la pression fiscale mais de la déplacer vers des activités polluantes que lon cherche à limiter.
2. La budgétisation des ressources propres de lADEME
La première conséquence, du moins la plus évidente, de la création de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) est le bouleversement du mode de financement de lADEME. Alors que la débudgétisation de lagence se confirmait dannée en année, le mouvement est totalement inversé : la TGAP se substituera, en effet, aux cinq taxes aujourdhui affectées à lagence et son produit sera affecté au budget de lEtat. En contrepartie de la suppression de ses ressources propres, lADEME bénéficiera de subventions inscrites aux budgets de lenvironnement et de lindustrie.
En second lieu, le produit de la TGAP, évalué à 1 935 millions de francs, sera supérieur à celui des cinq taxes existantes.
Si le tarif applicable aux substances polluantes émises dans latmosphère reste inchangé, celui qui sera appliqué aux lubrifiants et aux huiles passe de 150 à 200 francs par tonne. Quant à la taxe sur le bruit des aéronefs au décollage, son tarif augmentera en vertu des dispositions de larticle 103 de la loi de finances pour 1998 qui a prévu son doublement en deux ans. Cest principalement la taxe sur les déchets qui contribuera à la progression du produit de la TGAP : son taux est majoré de 50 %, tant pour les déchets ménagers et assimilés que pour les déchets industriels spéciaux ; pour les uns, le tarif de la taxe passe de 40 francs à 60 francs par tonne de déchets stockés ; pour les autres, il est porté de 80 à 120 francs par tonne. Quant au montant minimal annuel de la taxe qui avait été abaissé de 5 000 francs à 2 000 francs par la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de lenvironnement, il est désormais fixé à 3 000 francs.
Grâce à ces majorations, la taxe devrait dégager une ressource supplémentaire de 613,1 millions de francs, soit une augmentation de 46,3 %. Dès lors, les moyens dintervention de lADEME seront fortement augmentés, en particulier pour financer la relance de la politique de maîtrise de lénergie et le développement des énergies renouvelables, décidée par le Gouvernement en février dernier. La plus grande partie de la dotation prévue à cet effet, soit 333 millions de francs, est inscrite au budget de lenvironnement, le complément, soit 167 millions de francs, provenant du budget de lindustrie.
Ces évolutions appellent les remarques suivantes :
· La TGAP permet la rebudgétisation des crédits de lADEME sans que létablissement public ait à en souffrir : les subventions qui lui seront versées en 1999 compensent largement la disparition des ressources propres qui lui sont affectées. Outre les 1 768 millions de francs liés à la mise en place de la nouvelle taxe, lagence bénéficiera de 66,1 millions de francs en provenance du budget de lenvironnement, dont 59,6 millions de francs supplémentaires pour la surveillance de la qualité de lair. Le total des crédits inscrits à son profit atteindra donc 1 834,1 millions de francs au titre de ce budget.
· Le recours fréquent aux taxes affectées dans le domaine de lenvironnement sexplique par le fait que lon na pas pu dégager une vision globale de la prévention des pollutions et des nuisances ; il a donc fallu régler les problèmes successivement et, en labsence de moyens budgétaires suffisants, lon a procédé par étapes en créant à chaque fois une taxe spécifique pour contribuer à les résoudre. A la juxtaposition des textes correspondait la superposition des taxes.
Du reste, lexpérience a montré que laffectation correspondait à une sorte de juste retour ; à titre dexemple, lors de linstitution de la taxe sur les déchets industriels spéciaux, il a fallu que son produit soit clairement séparé de celui de la taxe sur les déchets ménagers et créer un comité de gestion distinct pour rendre cette taxe acceptable par les industriels.
· La globalisation proposée permet, quant à elle, de sortir du cercle vicieux lié à lapplication actuelle du principe pollueur-payeur qui sapparente dans bien des cas à lachat dun droit à polluer dans certaines limites, de sorte que leffet dissuasif de la taxation perd de son intensité.
Comme le souligne fort justement notre collègue Nicole Bricq dans le rapport dinformation sur la fiscalité écologique quelle a présenté au nom de la commission des finances, ce principe ne doit pas être considéré comme une règle absolue, car il peut entrer en conflit avec dautres objectifs tout aussi fondamentaux, notamment le principe déquité qui veut que lon tienne également compte de la condition sociale des assujettis. (n° 1000 - 23 juin 1998).
Par ailleurs, il ne paraît pas anormal que le produit de lune des taxes composant la TGAP soit utilisé à dautres fins que celles initialement prévues, en fonction des besoins qui se manifestent. Bien au contraire, le fait de disposer dune enveloppe globale permettant la missibilité des fonds offre des éléments de souplesse dans la gestion et évitera laccumulation, comme par le passé, de reliquats parfois importants de crédits reportés dune année sur lautre, faute de consommation.
· Le retour des dotations budgétaires renforce le rôle du ministère et assoit son autorité pour définir des orientations prioritaires, assorties des moyens correspondants. Si les crédits sont individualisés dans le bleu et répartis entre les différents domaines dintervention de lADEME, le ministère pourra, sil le souhaite, dans les exercices ultérieurs redéployer les dépenses dun domaine vers lautre en fonction de ses priorités.
3. La première étape dune réforme ambitieuse
Le projet de loi de finances ne constitue, on la vu, que le premier pas dans la direction dun système fiscal prenant mieux en compte la dimension environnementale. Pour 1999, seules sont concernées les taxes fiscales et parafiscales affectées à un seul établissement public, lADEME, dont le budget est presque équivalent à celui du ministère de lenvironnement.
Mais, par la suite, lassiette de la TGAP pourrait être élargie à dautres ressources affectées. Lon pense naturellement aux redevances des agences de leau, en totalité ou par étapes successives. Cette intégration pourrait notamment présenter lavantage de mettre en oeuvre une péréquation interbassins, répartissant leffort pour financer la maîtrise des pollutions dorigine agricole ou pour réduire les fortes disparités du prix de leau de façon plus équitable que la gestion actuelle par six agences indépendantes En outre, la future redevance de modification du régime des eaux pourrait sintégrer rapidement dans le dispositif de la TGAP. Ces propositions ont suscité des inquiétudes ; elles feront lobjet de discussions approfondies avec lensemble des acteurs de leau, en particulier les organismes de bassin.
Au-delà, il est clair que la TGAP a vocation à recueillir toute nouvelle taxe ayant une fin environnementale, quil sagisse du projet décotaxe européenne sur les émissions de dioxyde de carbone et sur lénergie dont les négociations devraient être relancées au courant de lannée prochaine ou du projet de taxe, encore au stade de la réflexion, sur lutilisation des engrais et produits phytosanitaires en agriculture.
Il sagit, on laura compris, de bouleverser les comportements en émettant un signal aux personnes produisant des activités polluantes, clairement axé sur la dissuasion alors que les taxes et redevances en vigueur sinscrivaient dans une démarche presque exclusive de réparation. Cette nouveauté traduit la volonté de mettre en oeuvre lobjectif de développement durable selon lequel la politique de croissance économique doit satisfaire les besoins des générations présentes sans que son coût pour les générations futures soit inacceptable. A terme, la TGAP permettra de traduire dans la réalité la théorie économique du double dividende : au-delà du bénéfice environnemental dune fiscalité assise sur lensemble des activités polluantes, les recettes dégagées permettent une autre répartition des prélèvements fiscaux, donc favorisent lemploi en réduisant les charges pesant sur le travail.
Une réforme de cette ampleur ne peut sinscrire que dans la durée. Aussi sa mise en oeuvre sera-t-elle forcément progressive, le poids des habitudes étant lobstacle le plus certain à franchir. Le projet de loi de finances trace ses contours et initie le mouvement. Lautorité du ministère chargé de lenvironnement en sort renforcée, dautant plus que les moyens budgétaires mis à sa disposition pour 1999 enregistrent par ailleurs une progression que lon peut qualifier dhistorique.
Reste que les inquiétudes manifestées à propos de linstauration de la TGAP, à savoir :
le risque de ponctions autoritaires par le ministère du budget sur lenveloppe globale,
les difficultés de contrôle, par le Parlement, des usages de la taxe,
si elles ont été entendues par la ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement, doivent être considérées avec beaucoup dattention. Votre rapporteur pour avis ne peut quinsister sur ce point, de façon à prévenir toute tentative pouvant conduire à une dilution de la TGAP dans des missions autres que celles qui lui ont été assignées lors de sa création. En clair, la taxe générale sur les activités polluantes doit servir exclusivement la protection de lenvironnement sous toutes ses formes, et elle seule.
A cet égard, il est souhaitable que les relations entre lEtat et les établissements publics qui percevaient les taxes et redevances fassent lobjet dengagements pluriannuels, garantissant la pérennité des ressources et de laction.
II. DES MOYENS DACTION SENSIBLEMENT RENFORCÉS
A. UNE PROGRESSION DES CRÉDITS SANS PRÉCÉDENT
Le projet de budget de lenvironnement pour 1999 enregistre la croissance la plus forte depuis la création du ministère. Apparemment, les crédits font plus que doubler dune année sur lautre puisquils augmentent de 107,8 %, passant de 1 899,5 millions de francs en 1998 à 3 947,8 millions de francs en 1999, ce qui représente une dotation supplémentaire de 2 048,3 millions de francs. Les autorisations de programme enregistrent une augmentation encore plus forte (+ 217,5 %) et passent de 799,9 millions de francs à 2 539,5 millions de francs.
Cette évolution spectaculaire résulte avant tout de la création de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Comme on la vu, cette taxe se substitue aux cinq taxes actuellement affectées à lADEME dont le produit, également augmenté, est désormais intégré dans le budget de lEtat.
Le budget de lenvironnement en est le principal bénéficiaire. Cependant, même si lon ne tient pas compte de cet apport, les crédits de lenvironnement progressent. Hors TGAP, ils sétablissent à 2 179,8 millions de francs, ce qui témoigne encore dune croissance sensible de 280,3 millions de francs (+ 14,8 %). La croissance est analogue pour les autorisations de programme qui atteignent 916,5 millions de francs (+ 14,6 %).
BUDGET DE LENVIRONNEMENT
(en milliers de francs)
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PLF 1999
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1994
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1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
Total
|
TGAP
|
Hors TGAP
|
Crédits de paiement...
|
1 653,21
|
1 756,66
|
1 758,00
|
1 868,69
|
1 899,48
|
3 947,78
|
1 768,00
|
2 179,78
|
Autorisations de programme................
|
846,55
|
899,91
|
788,18
|
803,36
|
799,87
|
2 539,50
|
1 623,00
|
916,50
|
Il sagit là dune avancée historique. Même la création des directions régionales de lenvironnement (DIREN), qui sest traduite par une forte augmentation du budget en 1991 (+ 159 millions de francs), ne sétait pas accompagnée de moyens supplémentaires dune telle ampleur.
La progression globale des crédits se reflète dans lévolution des dotations prévues pour les grands secteurs dintervention du ministère, les agrégats. Elle est retracée dans le tableau figurant ci-après.
RÉPARTITION DES CRÉDITS PAR AGRÉGATS
(en francs)
|
Loi de finances initiale pour 1998
|
Projet de loi de finances pour 1999
|
Evolution
en %
|
Administration générale
|
574 607 979
|
644 629 142
|
12,19
|
Connaissance de lenvironnement et coopération internationale
|
83 164 462
|
110 618 671
|
33,01
|
Protection de leau et des milieux aquatiques
|
232 440 693
|
265 044 693
|
14,03
|
Prévention des pollutions et des risques
|
387 009 667
|
2 192 269 000 (1)
|
466,46 (1)
|
Protection de la nature, sites et paysages
|
546 753 199
|
654 508 494
|
19,71
|
Recherche
|
75 500 000
|
80 699 765
|
6,89
|
TOTAL
|
1 899 476 000
|
3 947 769 765
|
107,83
|
TOTAL (hors TPAG)
|
1 899 476 000
|
2 179 769 765
|
14,76
|
(1) Hors TPAG, les crédits de cet agrégat sélèvent à 424,3 millions de francs, ce qui représente une progression de 9,63 %.
Lapproche à structure constante apparaît trop restrictive. En effet, le produit de la TGAP, évalué à 1 935 millions de francs, est presque entièrement affecté au budget de lenvironnement, à hauteur de 1 768 millions de francs. Dès lors, il faut bien sûr tenir compte de cet apport qui permet de renforcer substantiellement les moyens dont disposera le ministère par lintermédiaire de lADEME en 1999.
Globalement, le projet de budget prévoit 2 348,4 millions de francs de mesures nouvelles, soit près de 60 % des crédits. Hors TGAP, elles sélèvent à 580,4 millions de francs. Près de la moitié dentre elles sont destinées au développement de laction en faveur de la protection de la nature et des paysages.
Plutôt que de procéder à une analyse détaillée des crédits, qui seront examinés avec attention par le rapporteur spécial de la commission des finances, votre rapporteur pour avis souhaite mettre laccent sur le renforcement de laction du ministère que permet lévolution favorable des dotations budgétaires. Aussi se limitera-t-il à une présentation rapide des crédits. Comme lindique le tableau ci-dessus, lessentiel des dotations est consacré à trois domaines : les moyens de ladministration, la prévention des pollutions et des risques et la protection de la nature et des paysages.
B. UNE ÉVOLUTION SECTORIELLE REFLÉTANT TROIS PRIORITÉS
1. Laccroissement des moyens de ladministration et le développement de la concertation
Les crédits de lagrégat administration générale regroupent les moyens de ladministration centrale, des directions régionales de lenvironnement (DIREN) et des services déconcentrés en ce qui concerne linspection des installations classées dans les directions régionales de lindustrie, de la recherche et de lenvironnement (DRIRE).
Sélevant à 644,6 millions de francs, les dotations augmentent de 12,1 % par rapport à 1998 en crédits de paiement, les autorisations de programme atteignent 49,6 millions de francs, progressant de 116 %. Celles-ci permettront de créer 140 emplois qui seraient répartis de la façon suivante :
29 emplois en administration centrale,
89 emplois dans les DIREN,
22 emplois pour linspection des installations classées dans les DRIRE.
Compte tenu de lobjectif de stabilité des effectifs dans la fonction publique fixé par le Premier ministre, il sagit là dun effort tout à fait exceptionnel qui amplifie le mouvement amorcé lan dernier. La loi de finances pour 1998 avait, en effet, permis la création de 34 emplois (18 dans les DIREN, 10 dans les DRIRE et 6 en administration centrale).
Cette mesure porte les effectifs totaux du ministère à 2 552 agents en 1999, soit 532 agents en administration centrale, 1 245 dans les DIREN et 775 inspecteurs des installations classées. Etant donné laccroissement continu de ses missions, il est en effet nécessaire que ladministration soit renforcée, en moyens financiers et humains afin datteindre une taille critique , en capacité et en crédibilité. Laugmentation des effectifs répond à de véritables besoins, y compris en administration centrale où certaines fonctions ne sont pas correctement assurées, en particulier dans les domaines juridique, fiscal et européen.
Concernant ce dernier secteur, un effort soutenu simpose, lannée 1998 ayant été marquée par laugmentation des contentieux entre la France et les institutions européennes au titre du droit communautaire de lenvironnement : 3 affaires en manquement sont pendantes devant la Cour de Justice des Communautés européennes ; 31 dossiers font lobjet de procédures dinfractions, au stade de lavis motivé ou de la mise en demeure ; 48 dossiers sont au stade de linstruction préliminaire, à linitiative de la Commission européenne ou à la suite de plaintes de particuliers, en général dassociations de protection de la nature qui utilisent largement cette procédure. Ces données permettent de souligner au passage linutile dramatisation orchestrée autour de la question cynégétique cet été, les dates douverture et de fermeture de la chasse aux oiseaux migrateurs aquatiques nétant pas le seul contentieux européen en cours.
Dans le même esprit, votre rapporteur pour avis considère que le soutien aux associations, qui sont autant de relais de laction environnementale, devrait être beaucoup mieux encadré. Sil est encore nécessaire de renforcer la présence des associations dans les négociations internationales et de favoriser leur participation aux instances consultatives, les aides qui leur sont attribuées doivent répondre à des critères précis. Comme le suggérait Mme Nicole Bricq dans le rapport pour avis sur le projet de loi de finances pour 1998, il est souhaitable que des contrats dobjectifs soient définis avec les grandes associations oeuvrant pour lenvironnement.
Inscrites dans lagrégat connaissance de lenvironnement et coopération internationale , les mesures destinées au soutien du mouvement associatif et à la politique déducation à lenvironnement devraient sélever à 34 millions de francs. Votre rapporteur pour avis ne peut que regretter le manque de lisibilité du bleu sur ce point, le soutien aux associations nétant pas individualisé dans la présentation budgétaire. En labsence de réponse précise à ses questions quant aux dotations prévues et à leurs critères dattribution, lévolution des crédits est difficile à apprécier.
Aussi paraît-il tout à fait légitime dexiger une gestion plus rigoureuse et plus transparente des aides aux associations en axant leur attribution sur le respect de leur fonction première : la participation à la protection de lenvironnement, dans une logique de prévention et non dans une démarche conflictuelle se traduisant par la multiplication de contentieux a posteriori. De ce point de vue, la contribution des associations aux débats daménagement préalablement aux décisions est une voie à encourager dans le cadre de la réforme annoncée des enquêtes dutilité publiques. Dans le même ordre didée, ne conviendrait-il pas délargir le bénéfice de ces aides à toutes les associations agréées de protection de lenvironnement pour sortir dune vision trop généraliste et favoriser les démarches gestionnaires conduites par exemple par les associations piscicoles, cynégétiques ou celles qui soccupent activement des réserves naturelles ?
Quant au renforcement des DIREN, il devrait également permettre de développer une action de proximité en liaison avec les élus locaux, les services déconcentrés relevant des autres ministères (agriculture, industrie, santé...) et lensemble des acteurs économiques.
Telle est également la démarche qui doit prévaloir pour le développement des emplois-jeunes ; le ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement y participe activement : une trentaine de collectivités territoriales a signé des contrats dobjectifs ; dans le domaine de lenvironnement à proprement parler, seize accords-cadre nationaux ont été conclus avec des mouvements associatifs ainsi quune charte dobjectifs avec les différents partenaires de la filière déchets . A la fin du mois de juillet 1998, 4 122 jeunes avaient été embauchés au titre de laménagement du territoire et de lenvironnement.
Les DIREN participent aux plates-formes régionales de professionnalisation, chargées de définir les nouvelles filières en émergence et dassurer une fonction dappui permanent aux porteurs de projets locaux, quil sagisse de la formation des jeunes, de la professionnalisation des emplois ou de lidentification de nouveaux métiers.
Ces actions vont être renforcées avec la création, dans les agences de leau, de 225 postes destinés à susciter lémergence de projets locaux dont lobjectif est la création de 8 000 emplois-jeunes dans le domaine de leau et leur transformation en emplois durables.
Outre les 225 postes créés dans les agences de leau, les effectifs des établissements publics sous la tutelle du ministère augmenteront. Le projet de budget pour 1999 permet ainsi la création de :
28 emplois au Conseil supérieur de la pêche ;
23 emplois dans les parcs nationaux ;
19 emplois à lInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS) ;
9 emplois à lInstitut français de lenvironnement (IFEN) ;
4 emplois pour le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres ;
4 emplois pour le Muséum national dhistoire naturelle.
Une centaine de postes sera, par ailleurs, créée à lADEME dans le cadre de la relance de la politique de maîtrise de lénergie et du développement des énergies renouvelables.
2. Le renforcement des politiques de prévention des pollutions et des risques
Dans le droit fil de la démarche qui a inspiré la création de la taxe générale sur les activités polluantes, laccent est mis dans le projet de budget sur le développement des actions de prévention des risques et des pollutions.
Les mesures consacrées à ces politiques se retrouvent à la fois dans lagrégat protection de leau et des milieux aquatiques et dans lagrégat prévention des pollutions et des risques .
a) La protection de leau et des milieux aquatiques
Le budget de lenvironnement ne représente en ce domaine quune fraction limitée des ressources mobilisées. En effet, ce secteur repose essentiellement sur les interventions des agences de leau et la contribution financière des collectivités locales, gestionnaires des services publics de distribution deau et dassainissement.
Par rapport à la loi de finances initiale pour 1998, les crédits consacrés à la politique de leau augmentent de 14 % pour atteindre 265 millions de francs. Les autorisations de programme dun montant de 204,2 millions de francs enregistrent une plus faible progression de 6 %.
· La poursuite de la mise en uvre des plans décennaux
La majeure partie des crédits est consacrée à la mise en uvre des deux grands programmes pluriannuels arrêtés en janvier 1994 : le plan Loire grandeur nature et le plan décennal de restauration des rivières auquel le ministère de lenvironnement participe au titre de la prévention des inondations. Ainsi, en 1997 et 1998, ce sont respectivement 202 millions de francs et 203 millions de francs, soit 80 % des dotations qui y ont été affectés. Le projet de budget pour 1999 poursuit ce mouvement en lamplifiant légèrement puisque les dotations prévues sélèvent à 214 millions de francs.
Ces dotations seront complétées, comme en 1997 et 1998, par un fonds de concours des agences de leau de 110 millions de francs qui vient abonder les dotations budgétaires en gestion. La contribution des agences de leau est prévue sur toute la durée des VIIèmes programmes dintervention, cest-à-dire jusquen 2001. Le fonds de concours devrait ainsi mobiliser 550 millions de francs sur cinq ans pour la participation au financement des travaux de restauration des rivières et daménagement des zones nouvelles dexpansion des crues.
Cependant, si la redevance de modification du régime des eaux, dont la création a été annoncée par la ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement le 20 mai dernier, entrait en vigueur avant la fin des programmes dintervention en cours, ce fonds de concours serait supprimé et les actions correspondantes seraient entièrement assumées par les agences.
En 1998, la répartition des financements du fonds de concours entre les six grands bassins hydrographiques est la suivante :
Adour-Garonne19,5 millions de francs
Artois-Picardie4,25 millions de francs
Loire-Bretagne32 millions de francs
Rhin-Meuse11,25 millions de francs
Rhône-Méditerranée-Corse28 millions de francs
Seine-Normandie15 millions de francs
En 1999, le ministère de lenvironnement consacrera 346 millions de francs à lexécution des deux plans décennaux :
214 millions de francs inscrits dans le budget de lenvironnement,
110 millions de francs apportés par le fonds de concours des agences de leau,
22 millions de francs de transferts de crédits en provenance des budgets de lagriculture et de léquipement.
· Laccent mis sur la prévention des dommages et la police de leau
Le projet de budget prévoit, par ailleurs, de développer les moyens de prévention et de gestion de leau par des mesures nouvelles destinées à moderniser le réseau dannonce de crues (2 millions de francs) et à réaliser des travaux de restauration du domaine public fluvial (9 millions de francs) car la concentration des dotations sur le plan Loire grandeur nature sest faite au détriment des autres cours deau, dont létat risque de causer des dommages importants. Des mesures nouvelles sont également prévues pour lélaboration des schémas daménagement et de gestion des eaux dans les départements doutre-mer, dans lesquels lEtat finance les études préalables en labsence dagence de leau, le plan de reconquête de létang de Berre et lachèvement des études préalables à la restauration du caractère maritime du Mont-Saint-Michel.
Les moyens de la police de leau et de la pêche seront également renforcés :
les missions de police exercées par les garde-pêche sont actuellement financées par les seuls pêcheurs alors quelles relèvent dune mission de service public. Il est donc proposé que lEtat prenne en charge le financement de ces missions par le biais dune subvention de 7 millions de francs au Conseil supérieur de la pêche ; celle-ci permettra le recrutement de 28 agents ;
un nouveau fonds de concours des agences de leau est créé. Il contribuera, à hauteur de 140 millions de francs, aux missions de police de leau de lEtat (50 millions de francs) et du Conseil supérieur de la pêche (50 millions de francs), ainsi quaux moyens techniques de collecte et dexploitation des données de leau (40 millions de francs).
b) La prévention des pollutions et des risques
Grâce à la taxe générale sur les activités polluantes, les crédits consacrés à cette action sétablissent dans le projet de budget à 2 192,3 millions de francs, ce qui représente une progression quelque peu trompeuse de 466,5 %. Les autorisations de programme connaissent pour la même raison une croissance exceptionnelle et sélèvent à 1 827,6 millions de francs.
A périmètre constant, les crédits progressent de 9,6 % pour atteindre 424,3 millions de francs et les autorisations de programme passent de 192,6 millions de francs à 204,2 millions de francs, ce qui représente une augmentation de 6 %.
Ces dotations sont destinées à la prévention des risques naturels et industriels, ainsi quau financement du dispositif de la mise en uvre de la loi sur lair. Elles comprennent désormais les moyens dintervention de lADEME, une subvention de lEtat se substituant aux ressources propres jusqualors directement affectées à létablissement public.
· Lévolution des dotations de prévention des risques naturels et industriels
La prévention des risques naturels repose avant tout sur la connaissance du risque et sur la maîtrise de laménagement des zones considérées comme vulnérables. A cet effet, la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de lenvironnement a créé un nouvel outil, le plan de prévention des risques naturels prévisibles (PPR) qui se substitue aux nombreux documents existants dans un souci de simplification et de déconcentration.
Dès 1994, un programme quinquennal avait été établi dans chaque département afin que les 2000 communes les plus vulnérables soient couvertes par un plan de prévention des risques en lan 2000. Cette programmation a été réactualisée en 1998 et il a été décidé de réaliser 10 000 PPR au cours des dix prochaines années. Les moyens financiers consacrés à la prise en compte des risques naturels sont passés de 20 millions de francs en 1993 à 42 millions de francs en 1998.
Au 15 juillet 1998, 3 831 PPR étaient approuvés. Près de 1 800 plans sont en cours délaboration. Le projet de budget pour 1999 prévoit de consacrer 25 millions de francs supplémentaires à cette action, lobjectif est dapprouver 5 000 PPR dans les cinq ans à venir et de développer linformation des populations.
En outre, une dotation de 40 millions de francs est prévue pour améliorer les systèmes dannonces de crues ; comme cela a déjà été indiqué, le développement des dispositifs de surveillance et dalerte bénéficie dune mesure nouvelle de 2 millions de francs au titre de la politique de leau.
Quant à la prévention des risques industriels, les crédits progresseront de 6 millions de francs, en particulier pour financer les études et expertises rendues nécessaires par lapplication de la directive Seveso II . LInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS) bénéficiera dun soutien accru. En 1998, linstitut a restructuré son activité en pôles thématiques. Ses travaux portent plus particulièrement sur les risques liés aux explosions de gaz et de poussières, les effets de la pollution de latmosphère et des sols sur la santé, les risques liés aux séquelles de lexploitation du sous-sol, notamment les carrières. La subvention de lEtat passe de 97,1 millions de francs à 119,3 millions de francs (dont 14 millions de francs au titre du budget civil de recherche et de développement technologique), soit une augmentation de 22,9 %. Cette progression permettra de créer 19 emplois. Les autorisations de programme enregistrent une croissance très sensible puisquelles passent de 10 millions de francs à 33,9 millions de francs (dont 9 millions de francs au titre du BCRD).
· La mise en oeuvre de la loi sur lair
A la différence de la loi du 13 juillet 1992 relative à lélimination des déchets, la mise en place du dispositif national de surveillance de la qualité de lair ne bénéficie pas de financement spécifique. Les obligations issues de la loi du 30 décembre 1996 sur lair et lutilisation rationnelle de lénergie dépendent donc étroitement de lévolution des crédits budgétaires.
Rappelons que les besoins de financement sont évalués à 200 millions de francs sur quatre ans. Si des dotations de cette ampleur ont bien été inscrites dans les budgets en 1996, par voie de redéploiement de crédits, et en 1997, le projet de loi de finances pour 1998 ny avait consacré que 170 millions de francs. Un financement complémentaire a pu être trouvé par la majoration de la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique sur deux polluants, comme cela a été signalé dans la première partie du présent rapport pour avis.
Le projet de budget pour 1999 se présente sous de meilleurs augures, ne serait-ce que parce que le produit de la taxe parafiscale entrant dans lassiette de la TGAP, elle-même affectée au budget de lEtat, est reversée à lADEME sous forme de subvention. Plus de 230 millions de francs seront mobilisés :
50 millions de francs pour le soutien au fonctionnement des organismes de surveillance cofinancés par lEtat, les collectivités locales et les industriels,
71 millions de francs pour la mise en uvre des outils de planification créés par la loi, cest-à-dire les plans régionaux pour la qualité de lair, les plans de protection de latmosphère et les plans de déplacements urbains,
109,6 millions de francs de subventions de lADEME pour léquipement des réseaux de surveillance de la qualité de lair, ce qui représente une dotation supplémentaire de 59,6 millions de francs par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Les autorisations de programme sélèvent à 115,3 millions de francs pour cette action.
La mise en place de capteurs dans les agglomérations qui en étaient dépourvues pourra donc être assurée. Outre lextension géographique de la surveillance, il est nécessaire délargir progressivement la gamme des polluants surveillés, notamment au benzène dont les effets cancérigènes sont connus. 30 analyseurs de benzène sont en cours dinstallation. La liste des substances surveillées devrait sétendre à 13 polluants en application de la directive n° 96/62/CE du 27 septembre 1996 concernant lévaluation et la gestion de la qualité de lair ambiant. Il faut aussi aller au-delà de la simple mesure de la pollution pour évaluer ses conséquences sanitaires, en collaboration avec le réseau national de santé publique.
La distribution de la pastille verte est aujourdhui réalisée mais participe, comme le dispositif général de la loi sur lair, dune logique de réparation des dommages. Il sagit, certes, dune première étape indispensable mais très réductrice car elle ne vise quà corriger les effets de la pollution alors quil faudrait sengager dans une politique ambitieuse de prévention qui dépasse très largement le champ dintervention du ministère chargé de lenvironnement.
Telle est la démarche qui sous-tend les plans de déplacements urbains, dont lélaboration est obligatoire dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants dici le 1er janvier 1999. Votre rapporteur pour avis regrette de ne pas avoir pu obtenir de données chiffrées sur létat davancement de cette planification. Il se félicite, en revanche, des mesures fiscales prévues par le projet de loi de finances pour favoriser lutilisation de carburants et de véhicules moins polluants.
Cest en effet dans le secteur des transports que leffort doit être le plus important. Alors que les émissions de polluants atmosphériques des installations industrielles ont été fortement réduites, grâce notamment à des normes de rejets de plus en plus sévères, et que lamélioration des systèmes de chauffage a permis de diminuer les émissions dorigine domestique, les transports sont aujourdhui devenus lactivité la plus polluante de lair. Cette évolution est due à la croissance forte du trafic routier, à laugmentation de la taille des véhicules, avec une consommation de carburant plus importante, et à la part accrue du diesel dans les ventes de voitures particulières. La généralisation du pot catalytique ne suffit pas à entraver cette tendance et une pollution permanente, dite de fond, continue de se développer dans les grandes agglomérations mais aussi dans des zones où la densité démographique est beaucoup plus faible.
Une réorientation de la politique des transports est engagée, il faut lamplifier, tant par le transfert du transport de fret de la route vers le rail que par le développement de transports collectifs mieux adaptés aux demandes des usagers. A cet égard, souhaitons que le projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire, que lAssemblée nationale examinera dans les prochaines semaines, puisse réellement marquer la volonté dun changement politique profond en proposant la mise en place de schémas multimodaux de services de transport pour les voyageurs et les marchandises.
Linfléchissement de cette politique suppose aussi le développement de moteurs et de carburants moins polluants. Cette action sinscrit dans le cadre du programme auto-oil adopté par le conseil des ministres européens de lenvironnement ; ses objectifs sont de réduire la pollution par véhicule de 30 % en lan 2000 et de 60 % en 2005.
· La rénovation de lADEME
Alors que lon constatait dannée en année une débudgétisation progressive de létablissement, la création de la TGAP inverse complètement le mouvement. Les moyens de fonctionnement et dintervention de lADEME sont substantiellement renforcés. Le tableau figurant ci-dessous en fournit la répartition.
|
|
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CRÉDITS BUDGÉTAIRES AU PROFIT DE LADEME POUR 1999
(en millions de francs)
|
|
AP
|
DO/CP
|
Fonctionnement (44-20/20)
|
-
|
151,50
|
Equipement (67-30)
|
|
|
Energie
|
293,00
|
293,00
|
Déchets ménagers et assimilés
|
811,00
|
811,00
|
Dépollution des sols
|
107,00
|
107,00
|
Ramassage des huiles
|
118,50
|
118,50
|
Isolation acoustique au voisinage des aérodromes
|
84,50
|
84,50
|
Pollution atmosphérique, hors surveillance
|
159,00
|
159,00
|
Surveillance de la qualité de lair
|
115,35
|
109,60
|
Total équipement
|
1 688,35
|
1 682,60
|
Total
|
1 688,35
|
1 834,10
|
La remise en ordre de marche de lAgence est désormais engagée et un projet dentreprise mis en place. Outre sa contribution à la lutte contre la pollution de lair, les missions de lAgence sont redéfinies autour de deux grandes priorités : la réorientation de la politique des déchets ainsi que la relance de la maîtrise de lénergie et le développement des énergies renouvelables.
. La réorientation de la politique des déchets
La loi du 13 juillet 1992 relative à lélimination des déchets définit quatre principes fondamentaux :
la prévention ou la réduction de la production et de la nocivité des déchets, notamment en agissant sur la fabrication et sur la distribution des produits, qui traduit le principe général daction préventive et de correction à la source des atteintes à lenvironnement ;
lorganisation du transport des déchets en vue de le limiter en distance et en volume, application du principe de proximité ;
la valorisation des déchets par réemploi, recyclage ou toute autre action visant à obtenir à partir des déchets des matériaux réutilisables ou de lénergie ;
linformation du public sur les effets pour lenvironnement et la santé publique des opérations de production et délimination des déchets ainsi que sur les mesures destinées à en prévenir ou à en compenser les effets préjudiciables.
Ces principes affirmés, la loi fonde la gestion des déchets sur linterdiction à compter du 1er juillet 2002, de la mise en décharge brute des déchets. Léchéance 2002 est, par ailleurs retenue pour la valorisation de 75 % des emballages ménagers, objectif dont la réalisation est confiée à plusieurs sociétés agréées, principalement Eco-Emballages et Adelphe.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, la loi a prévu lélaboration de plans départementaux délimination des déchets ménagers et de plans régionaux pour les déchets industriels spéciaux. Cest au niveau des déchets ménagers et assimilés que la mise en place du dispositif pose le plus de problèmes. Outre le retard pris dans lélaboration des plans départementaux, lévaluation de leur contenu a montré que bon nombre dentre eux accordaient une part démesurée à lincinération, en contradiction totale avec les principes de proximité, de réduction à la source du volume des déchets et de valorisation.
Aussi fallait-il proposer une réorientation complète. Tel est lobjet de la circulaire du 28 avril 1998 qui fixe comme objectif national la valorisation matière de la moitié au moins des déchets collectés au titre du service public délimination des déchets ménagers et assimilés. Les plans départementaux devront donc être révisés en vue de respecter cet objectif, de sorte quà lhorizon 2005-2007 lon parvienne à une stagnation globale de la capacité dincinération, dune part, et à une diminution des tonnages mis en décharge, dautre part, au profit de la récupération de matériaux du traitement biologique.
Dans ce but, les dispositifs daides mis en place pour favoriser la collecte séparative, le tri et la valorisation devront être révisés. Cest chose faite pour lADEME : le conseil dadministration du 7 janvier dernier a décidé daméliorer les modalités dattribution des aides aux collectivités locales, celles-ci ayant un effet rétroactif au 1er janvier 1997.
Sous réserve de respecter certains critères, le soutien aux opérations de collecte séparative, de tri, de transfert ainsi que pour les déchetteries passe de 20 % ou 30 % selon les cas à 50 % du montant des investissements réalisés. Les unités de compostage voient leur taux dintervention passer de 20 % à 50 %, à condition que les déchets aient fait lobjet dun tri préalable pour garantir la qualité du compost. Le taux daide aux unités dincinération, jusquà présent fixés à 5 % des investissements retenus, est désormais appliqué à la totalité des dépenses et doublé si une collecte séparative a été mise en place en amont.
Cette révision des taux dintervention saccompagne dun objectif de maîtrise des coûts, en particulier par un examen plus vigilant des situations de surcapacité induites par les projets déquipements en incinération. LADEME devra également développer son action à légard de la valorisation des déchets industriels banals, domaine dans lequel les potentialités sont importantes mais les réalisations quasiment inexistantes.
Dans le même esprit, les barèmes dintervention des sociétés agréées pour valoriser les déchets demballages ménagers seront modifiés pour mieux soutenir leffort des collectivités locales engagées dans des démarches de collecte séparative multimatériaux et favoriser les filières de recyclage.
Lapplication du taux réduit de la TVA aux opérations de collecte et de tri sélectifs des ordures ménagères, proposée par larticle 21 du projet de loi de finances pour 1999, est un autre élément de cette volonté de réorientation, à la condition expresse que cette réduction aille bien jusquau contribuable. Dans ce but, votre rapporteur pour avis demande que soit régulièrement examinée la mise en oeuvre de cette mesure, au demeurant délicate à réaliser du fait des méthodes de collecte existant aujourdhui. Rappelons enfin que laugmentation de 50 % de la taxe sur le stockage des déchets, dans le cadre de la TGAP, vise à accélérer lorientation vers les décharges des seuls déchets ultimes .
La définition de ces déchets a, de plus, fait lobjet dune mise au point ; contrairement à linterprétation qui prévalait, le déchet ultime nest plus considéré seulement comme le résidu de lincinération mais celui obtenu après la mise en place dune collecte sélective et dun mode de valorisation, en fonction des situations locales, ce qui constitue une avancée significative. A cet égard, on ne peut manquer de souligner le paradoxe résultant des critères actuels dintervention de lADEME dans la politique des déchets. En effet, lAgence est habilitée à délivrer des aides à la collecte et au traitement des déchets ménagers mais na pas de compétence en ce qui concerne la mise en décharge des déchets ultimes , cest-à-dire des déchets de déchets, donc des déchets les plus nocifs. De même, aucune aide spécifique nest prévue pour la collecte et le traitement des déchets ménagers spéciaux.
. La maîtrise de lénergie et le développement des énergies renouvelables.
Cest dans le domaine de lénergie que linflexion de la politique gouvernementale est la plus marquée. Le Premier ministre a annoncé le 2 février dernier la mise en place dès 1999 dun financement pérenne, de lordre de 500 millions de francs par an, affecté à la maîtrise de lénergie et au développement des énergies renouvelables. Votre rapporteur pour avis regrette les tergiversations et les hésitations qui entourent la question nucléaire dans notre pays et estime que louverture dun vrai débat sur les choix décisifs à faire en la matière, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets, ne peut plus souffrir de retard.
La préoccupation traditionnelle dassurer notre indépendance énergétique et la sécurité de nos approvisionnements en énergies fossiles reste dactualité. Même si la France produit aujourdhui 50 % de lénergie quelle consomme, le secteur des transports dépend encore presque totalement du pétrole importé. La consommation mondiale devrait augmenter de 50 % au cours des vingt prochaines années et pourrait compromettre gravement les équilibres écologiques. La qualité de lair dans les grandes métropoles, lépuisement progressif des ressources fossiles et la lutte contre leffet de serre sont largement conditionnées par la capacité des pays à se doter des moyens dune utilisation plus rationnelle de lénergie. Il faut aussi ouvrir le champ des options dans la perspective du renouvellement de nos moyens de production, essentiellement du parc dinstallations nucléaires. La France doit pouvoir disposer dici à cette échéance des moyens de soutenir les technologies innovantes et les filières.
Conformément aux engagements du Premier ministre, une dotation de 500 millions de francs sera attribuée à lADEME en 1999, à hauteur de 333 millions de francs en provenance du budget de lenvironnement et de 167 millions de francs en provenance du budget de lindustrie.
Au titre de la maîtrise de lénergie, la priorité sera le renforcement de la réglementation thermique dans lhabitat et le secteur tertiaire. Laccent sera mis aussi sur la maîtrise de la demande délectricité, tant en ce qui concerne la diffusion de lampes de basse consommation pour léclairage que lamélioration des équipements électroménagers.
Le développement des énergies renouvelables est le second axe de cette stratégie. LADEME va dabord renforcer son soutien à la filière bois-énergie. Deux nouveaux programmes ont été initiés en 1998 : le premier est destiné à la valorisation énergétique des déchets de la filière bois et des résidus de lexploitation forestière, quun taux de TVA réduit devrait conforter au même titre que le tri sélectif des déchets ménagers ; le second vise à encourager les gestionnaires de décharges dordures ménagères et de stations dépuration à se doter dinstallations de combustion propres à valoriser sous forme de chaleur ou délectricité le gaz naturel (méthane) issu de la fermentation de ces matières, sans compromettre pour autant lutilisation des boues des stations dépuration à des fins agricoles, là où leur composition le permet.
La dotation de lADEME devrait également permettre daccélérer le programme Eole 2005, conduit par EDF en liaison avec lAgence, et porter le potentiel du parc de 4 mégawatts à 500 mégawatts à lhorizon 2005. Une nouvelle tranche de 100 mégawatts a été lancée, dont 25 seront réservés à la Corse et aux départements doutre-mer, régions non reliées au réseau alimenté par lénergie nucléaire et où les coûts de production délectricité sont très élevés. Quant à lénergie solaire, lADEME sattachera à identifier les applications qui se rapprochent de la rentabilité et à favoriser la diffusion de ces techniques. Parallèlement, leffort de recherche-développement sera poursuivi, notamment pour lénergie photovoltaïque.
Quoiquil en soit, le développement des énergies renouvelables ne constituera jamais, à lui seul, une réponse suffisamment globale pour venir concurrencer lénergie nucléaire, énergie aussi propre que non bruyante et respectueuse des paysages. Cest pourquoi votre rapporteur pour avis plaide avec force louverture sans tarder dun véritable débat sur les choix énergétiques de la France à lorée du troisième millénaire.
3. Lamélioration de la gestion des espaces naturels
Les crédits de lagrégat protection de la nature, des sites et des paysages connaissent eux aussi des évolutions intéressantes, que lon ait une grille de lecture quantitative ou qualitative.
Leur progression est tout dabord remarquable en volume. Les moyens de paiement sétablissent à 654,5 millions de francs, ce qui représente une augmentation de 107,8 millions de francs et de 19,7 %. Les autorisations de programme sont également en hausse, de 11,3 %, et sélèvent à 364,5 millions de francs. Avec une dotation de cette ampleur, la protection des milieux naturels occupe une place privilégiée dans les domaines dintervention du ministère. Il est vrai quen ce domaine, à la différence de la politique de leau où son action sappuie sur les agences de leau ou de la politique des déchets où lADEME occupe une place déterminante, le ministère est opérateur de plein droit.
Plus encore que lévolution positive des crédits dont lexécution reste conditionnée au vote du projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire et à la transposition en droit interne de la directive habitats votre rapporteur pour avis se félicite de la nouvelle démarche quelle traduit. En effet, au-delà de la politique traditionnelle de préservation des espaces naturels, il est indispensable dintégrer les préoccupations denvironnement dans la gestion des territoires, concrétisant ainsi lobjectif du développement durable, mais en sassurant du respect des processus deconcertation, préalable obligé avant toute décision.
· Le Fonds de gestion des milieux naturels
Cest dans cet esprit que le projet de budget pour 1999 prévoit labondement du Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN) dont la création proprement dite est proposée à larticle 23 du projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire, déposé sur le bureau de lAssemblée nationale le 29 juillet 1998 (n° 1071). Ce projet de loi prévoit également la mise en place dun schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux qui fixera pour les vingt ans à venir les orientations fondamentales de la gestion de ces espaces en vue de leur valorisation économique, environnementale et sociale . Afin dassurer la cohérence et lefficacité des choix publics, les contrats de plan et les schémas régionaux daménagement et de développement du territoire devront tenir compte des orientations ainsi définies.
Dès 1999, le Fonds de gestion des milieux naturels sera doté de 164 millions de francs, par redéploiement et grâce à une mesure nouvelle de 90 millions de francs. Il assurera le financement de la politique de préservation des milieux naturels et de la biodiversité, mise en oeuvre à travers des outils diversifiés de gestion contractuelle.
La principale destination du Fonds est daccompagner, à hauteur de 66 millions de francs, la constitution du réseau européen Natura 2000, prévue par la directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 relative à la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages, plus souvent appelée directive habitats . Ce texte vise à préserver la diversité biologique européenne tout en essayant de concilier cet objectif avec les exigences économiques, sociales et culturelles des Etats membres. Le coeur du dispositif est la création dun réseau de protection des habitats naturels, menacés de disparition ou vulnérables ou encore caractéristiques de lune des six régions bio-géographiques de lUnion européenne.
La mise en oeuvre de la directive a connu de nombreuses vicissitudes. Aussi votre rapporteur pour avis estime-t-il opportun de faire le point sur lapplication de ce texte et ses conséquences prévisibles. Pour y voir plus clair dans ce dossier passablement complexe, il convient sans doute de rappeler que la mise en place du réseau devait se faire en trois étapes :
dans un premier temps, de juin 1992 à juin 1995, les Etats membres devaient réaliser un inventaire des habitats et des espèces concernées et proposer une liste nationale de sites susceptibles dêtre reconnus dintérêt communautaire ;
la deuxième étape, qui devait sachever en juin 1998, avait pour objet darrêter la liste des sites au sein de chacune des six régions bio-géographiques européennes en vue de constituer un réseau cohérent à partir des propositions nationales ;
au cours de la dernière étape, de juin 1998 à juin 2004, les Etats membres désigneront officiellement les sites retenus comme zone spéciale de conservation ; le réseau Natura 2000 inclura aussi les zones de protection spéciale issues de la mise en oeuvre de la directive n° 79/409/CEE du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages.
Seule la première étape, la réalisation de linventaire des sites susceptibles de participer au réseau, est achevée : 1316 sites couvrant une superficie denviron 7 millions dhectares, soit 13 % du territoire national ont été retenus.
Compte tenu de la nature des milieux concernés (espaces agricoles et forestiers, zones humides...) le maintien dune gestion traditionnelle mais active doit permettre datteindre les objectifs fixés par la directive habitats . En raison du déficit dexplication du dispositif, auquel sajoutait un manque évident de concertation, la plupart des acteurs économiques et de nombreux élus se sont inquiétés non seulement de lintérêt de ce réseau mais aussi de ses conséquences pour la poursuite des activités dans les sites proposés au classement.
La concertation a été relancée et des comités départementaux de suivi sont créés pour associer davantage les élus, les représentants des propriétaires, les agriculteurs, les sylviculteurs, les chasseurs et les associations de protection de la nature à la procédure. Par ailleurs, un guide méthodologique a été réalisé pour lélaboration des documents dobjectifs qui définiront les prescriptions de gestion en concertation avec lensemble des acteurs concernés par le site.
Un projet de loi est en préparation pour préciser le contenu juridique de ces documents. Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis, le document dobjectifs serait défini comme un contrat qui précise pour chaque site les orientations de gestion, les moyens financiers daccompagnement et les modalités de mise en oeuvre des mesures de conservation. Ladhésion individuelle des propriétaires et exploitants à ce document conditionnerait lobtention davantages financiers nationaux et européens ainsi que lexonération de la taxe sur les propriétés foncières non-bâties.
Sur la base des documents dobjectifs, les propriétaires ou gestionnaires des espaces concernés, ne recevant pas par ailleurs daides européennes ou nationales, se verraient rémunérer les prestations prévues par contrats, soit au titre des sujétions occasionnées, soit pour la réalisation de travaux de réhabilitation des milieux naturels particulièrement menacés. Près de 44 millions de francs sont destinés à ces compensations dans le cadre du Fonds de gestion des milieux naturels.
Afin doptimiser lusage de ces crédits, et pour obtenir une adhésion forte des partenaires intéressés au processus (représentants des propriétaires, agriculteurs, sylviculteurs, associations agréées de protection de lenvironnement, élus locaux), il paraît essentiel de poursuivre la démarche engagée au sein des comités départementaux de suivi. Ainsi, dun rôle de concertation et davis technique, les comités de suivi pourraient élargir leurs compétences à un rôle de consultation sur les options financières retenues. Mais dans tous les cas, seul un processus transparent, se détournant définitivement des pratiques antérieures, qui privilégiaient un cheminement discrétionnaire pour le choix des sites, permettra une insertion durable de la directive Natura 2000 dans nos actions de protection de lenvironnement. Pour ce faire, votre rapporteur pour avis suggère une décentralisation au plus près du terrain le cadre départemental paraissant le mieux adapté en la circonstance des crédits, en étroite coordination avec les DIREN. A défaut dune telle démarche, les incompréhensions réapparaîtront, pour aboutir finalement à un rejet très regrettable du dispositif Natura 2000 dans son ensemble.
Outre la mise en oeuvre du réseau Natura 2000, le Fonds de gestion des milieux naturels assurera également le financement :
de la participation de lEtat à la politique des parcs naturels régionaux, des conservatoires régionaux despaces naturels et des réserves de la biosphère ; des mesures nouvelles de 6 millions de francs sont proposées à cette fin ;
du programme de conservation de la diversité biologique concernant les espèces animales sauvages (ours, loups, lynx) et les espèces végétales par lintermédiaire des conservatoires botaniques nationaux ; 8 millions de francs de mesures nouvelles y seront consacrés.
Votre rapporteur pour avis considère quà vouloir réintroduire certaines espèces animales sauvages dans un souci denrichissement de la diversité biologique, au demeurant louable mais allant à lencontre dactivités humaines pourtant fondamentales pour la préservation de la biodiversité, cest finalement à un résultat inverse à celui recherché que lon pourrait aboutir. Il estime que les espèces concernées ont besoin de véritables plans de réintroduction et de gestion pour réussir leur implantation et non de décisions autoritaires portées par une exigence morale sans inspiration réaliste.
· Les mesures nouvelles concernant les autres espaces naturels protégés
Le deuxième axe de la politique de protection de la nature est le renforcement du réseau despaces naturels protégés. Sont ainsi restés en-dehors du Fonds de gestion des milieux naturels, les espaces gérés par des établissements publics placés sous la tutelle du ministère ou dépendant directement de laide de lEtat pour la mise en oeuvre de leurs actions.
Des moyens supplémentaires seront ainsi accordés :
aux parcs nationaux (13,3 millions de francs) pour assurer la mise en place du parc national de la forêt guyanaise (8 emplois seront créés dans ce but), le fonctionnement des missions concernant les projets de parcs marins de Corse et dIroise et la création de 15 autres emplois ;
au Conservatoire du littoral et des rivages lacustres qui bénéficie dune mesure nouvelle de 5,9 millions de francs pour lui permettre de créer 4 emplois et poursuivre son programme dacquisition ;
au Muséum national dhistoire naturelle pour renforcer sa capacité dexpertise : 4 emplois seront créés ;
aux réserves naturelles (7,5 millions de francs).
En outre, les actions concernant la mise en valeur des sites et paysages seront poursuivies ainsi que lévaluation de limpact des activités humaines sur lenvironnement. Votre rapporteur pour avis souhaite insister sur limportance de cette évaluation car, si lon veut réussir le lien entre aménagement du territoire et environnement, il est absolument indispensable dintégrer les préoccupations environnementales dans les décisions daménagement et déquipement. Cela suppose de mieux évaluer limpact des projets mais aussi de mieux associer les citoyens en amont des décisions, avant que ces projets ne soient bouclés . La Commission nationale du débat public nest que le premier pas dans la bonne direction ; il faut désormais passer à la vitesse supérieure et engager une véritable réforme des enquêtes dutilité publique.
CONCLUSION
Le projet de budget pour 1999 constitue bien, à lexamen, la traduction concrète dune évolution ambitieuse de la politique de lenvironnement. Désormais doté de moyens renforcés, le ministère va pouvoir servir correctement les politiques à mettre en oeuvre.
Pourvu dun arsenal juridique complet qui senrichit régulièrement, enfin doté de moyens humains à la mesure des attentes environnementales de plus en plus fortes de notre société, équipé dun outil fiscal de nature écologique efficace, à travers la mise en oeuvre du principe pollueur-payeur, cest à lui désormais que revient la responsabilité de la réussite ou non de cette nouvelle étape de son histoire.
Certes, il ne sagit, dans ce projet de budget pour 1999, que de la première étape dun processus pluriannuel de progrès souhaité par le Premier ministre, mais elle marque une avancée historique qui ne doit pas décevoir. Car cest surtout et peut être avant tout à travers la création de la taxe générale sur les activités polluantes que cette nouvelle étape est perceptible. En offrant la possibilité au ministère dêtre budgétairement responsable des politiques quil entend conduire, cette taxe lui donne les moyens daccéder concrètement à la responsabilisation et à lémancipation souhaitées depuis si longtemps.
Mais cela suppose le décloisonnement de sa démarche devant conduire à une approche beaucoup plus transversale des questions denvironnement, de façon à sortir des constructions théoriques qui ont prévalu jusquici, pour entrer dans lère de lefficacité et du réalisme.
Pour ce faire, les bonnes volontés ne manquent pas, à condition que lon veille bien les entendre et les associer, à tous les niveaux, à la mise en oeuvre des politiques denvironnement, à commencer par le Parlement.
Ainsi, au contentieux administratif, dordre national ou européen, ou à la politique du fait accompli pour satisfaire des attentes environnementales, au demeurant légitimes, il convient de privilégier la concertation entre tous les acteurs, depuis le niveau central jusquau niveau local, en passant notamment par les DIREN. Car il ne peut pas y avoir de politique admise qui ne soit pas dabord comprise de tous au plus près du terrain, ce qui suppose dengager la territorialisation du ministère.
Dans cette optique, exigeant du ministère lui-même un changement profond de méthode de travail, il apparaît fondamental que les renforts en personnel privilégient la mise en oeuvre concertée de la myriade de textes législatifs et réglementaires, mal ou encore non appliqués aujourdhui, plutôt que la production de nouveaux textes. Cest dabord de lisibilité dont a besoin lenvironnement, pas de complexité nouvelle.
Alors et alors seulement la nouvelle donne environnementale qui se dessine à travers ce projet de budget pour 1999 pourra prendre sa pleine expression.
De toute évidence, bien plus que laugmentation des crédits budgétaires, cest la capacité du ministère à maîtriser son émancipation qui décidera concrètement de sa crédibilité.
EXAMEN EN COMMISSION
Lors de sa réunion du 14 octobre 1998, la commission a entendu Mme Dominique Voynet, ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement, sur les crédits de son ministère pour 1999.
Mme Dominique Voynet, ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement, a fait valoir que le projet de budget de son ministère pour 1999 traduisait la mise en uvre de trois priorités : la consolidation de laction menée en faveur de laménagement du territoire, une ambition au service dune exigence citoyenne pour lenvironnement et la naissance dune fiscalité écologique moderne et efficace.
Les crédits consacrés à laménagement du territoire confirment la rupture, amorcée en 1998, avec la décroissance des moyens budgétaires observée au cours des années précédentes. Ceux-ci sélèveront à 1,8 milliard de francs, montant équivalent à celui voté pour 1998, lannée 1998 ayant bénéficié de crédits en augmentation de 6,06 %.
Cette consolidation budgétaire marque limportance pour le Gouvernement dun aménagement durable du territoire, au moment où un projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire est présenté au Parlement, où les prochains contrats de plan Etat-régions (CPER) sont préparés et où les fonds structurels communautaires doivent être révisés.
Parallèlement, conformément aux décisions du Comité interministériel daménagement et de développement du territoire du 15 décembre 1997, la ministre a déclaré avoir engagé une révision des politiques demploi du fonds national daménagement et de développement du territoire (FNADT) et des primes daménagement du territoire (PAT) pour rendre ces instruments plus efficaces et davantage au service dun développement durable des territoires. Le FNADT participera de manière plus forte aux contrats de plan (il y contribue actuellement pour 40 %) et soutiendra lémergence des pays et des agglomérations et, dune manière générale, l intercollectivité .
Abordant le budget de lenvironnement pour 1999, la ministre a fait valoir que les crédits permettraient de franchir un pas vers la constitution dun ministère régalien de plein exercice au service dune exigence citoyenne. Son ambition est daméliorer la vie quotidienne, de préparer les conditions dun développement durable et de répondre aux attentes du citoyen. Dun montant longtemps égal à 0,14 % du budget civil de lEtat, le budget du ministère passera en 1999 à près de 0,3 %, ce qui représente une progression de près de 110 %.
A périmètre et fonctions constants, la progression des crédits consacrés à ce secteur en 1999 sera de 15,6 % par rapport au projet de loi de finances pour 1998, soit une augmentation sept fois supérieure à la progression des dépenses de lEtat traduisant la priorité donnée par le Premier ministre à lenvironnement.
Le budget de lenvironnement est marqué par trois priorités :
renforcer les moyens du ministère et des établissements placés sous sa tutelle et privilégier le dialogue et la concertation. Dans ce dessein, 140 emplois seront créés au sein du ministère et environ 550 dans les établissements publics : 225 dans les agences de leau, une centaine à lADEME, 28 au Conseil supérieur de la pêche, 23 dans les parcs nationaux, 19 à lInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS), 9 à lInstitut français de lenvironnement (IFEN), 4 au Conservatoire du littoral et 4 au Muséum national dhistoire naturelle. Le soutien aux associations sera également renforcé, lattribution des aides se faisant selon des critères précis, car il est indispensable de reconnaître leurs fonctions dintérêt général. Au total, le budget de ladministration générale progressera de 12 %, celui de la connaissance de lenvironnement de 34 % et celui de la recherche de 7 % ;
préserver les milieux et les espèces et aménager un territoire respectueux de lenvironnement. Dans ce but, la création dun fonds de gestion des milieux naturels est prévue par le projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire. Ce fonds sera doté, dès 1999, de 164 millions de francs, dont 90 millions de francs résulteront de mesures nouvelles. Il servira notamment à financer la mise en place du réseau Natura 2000. Les crédits consacrés à la protection de la nature progresseront de 22 %. Ceux consacrés à la protection de leau et des milieux aquatiques augmenteront de 15,3 %, ce qui permettra dentamer des travaux de restauration du domaine public fluvial jusqualors délaissé en raison de la concentration des crédits sur le seul plan Loire grandeur nature ;
mieux prévenir les risques, naturels, industriels ou technologiques, et mieux assurer la protection des personnes contre ces risques. A cette fin, laction de lutte contre la pollution de lair sera poursuivie et amplifiée. Conjointement avec lADEME, plus de 200 millions de francs seront mobilisés pour lapplication de la loi sur lair. En particulier, 71 millions de francs seront alloués aux plans régionaux de la qualité de lair, aux plans de protection de latmosphère et au soutien à lélaboration des plans de déplacements urbains. Par ailleurs, les crédits consacrés aux plans de prévention des risques seront doublés et bénéficieront dune mesure nouvelle de 25 millions de francs. Enfin, lINERIS sera renforcé, avec des crédits supplémentaires de 22,5 millions de francs. Au total, les crédits consacrés à la prévention des pollutions et des risques progresseront de 9,75 % à périmètre constant.
En outre, la décision du Premier ministre de relancer la politique française de maîtrise de lénergie et de développement des énergies renouvelables trouve sa traduction dans le projet de budget. Une dotation nouvelle dun montant de 500 millions de francs est prévue à cet effet pour 1999, dont 167 millions de francs sont inscrits au budget de lindustrie et 333 millions à celui de lenvironnement. Compte tenu de cette dotation, les crédits de lenvironnement progresseront de 30 %.
Par ailleurs, une dotation nouvelle dun montant de 1,435 milliard de francs sera versée par le ministère à lADEME, en conséquence de la création de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Cette dotation explique la progression de 110 % des crédits.
La création de la TGAP correspond à la volonté du Premier ministre de mettre en place une fiscalité écologique moderne et efficace. Celle-ci comporte trois volets :
le début du rattrapage de la fiscalité sur le gazole afin de résorber lécart avec la moyenne communautaire. Une progression de 7 centimes par an pendant 7 ans est prévue ;
labaissement de 20,6 % à 5,5 % du taux de la TVA appliquée à la collecte sélective, au tri et à la valorisation matière. Il sagit de donner un signe positif en faveur de ces activités par rapport au traitement par incinération et à la mise en décharge des déchets. Laugmentation de la taxe sur les déchets ménagers de 40 à 60 francs par tonne de matières mises en décharge sinsère dans ce dispositif densemble ;
la création de la TGAP. Le principe de la TGAP repose sur une meilleure application du principe pollueur-payeur . Aujourdhui, la fiscalité de lenvironnement est une fiscalité affectée qui vise à financer la réparation des dommages causés à lenvironnement et non à empêcher leur réalisation, leffet dissuasif et la prévention des pollutions nétant guère pris en compte. Le montant des taxes est donc étroitement lié au coût des réparations. Aussi est-il apparu indispensable de moderniser, de simplifier et de rendre plus efficace la fiscalité à vocation environnementale afin de lui rendre sa finalité, lapplication véritable du principe pollueur-payeur, et renforcer ainsi sa fonction de prévention en adressant un signal convenablement ajusté en fonction des coûts engendrés pour la collectivité.
La ministre a précisé que dans son esprit le principe du pollueur-payeur nest pas celui du pollueur-payé : la collectivité ne doit pas assumer le coût des pollutions. Il ne correspond pas non plus à lachat dun droit à polluer , ni au principe du prescripteur-payeur : seules les contraintes essentielles devraient être prises en charge par la collectivité.
Il ne sagit pas dun nouvel impôt ; à missions constantes, sa neutralité fiscale est totale. En particulier, selon lampleur du signal-prix que lon souhaitera adresser aux émetteurs de pollutions, les composantes de la TGAP pourront augmenter ou baisser selon les années. A ce titre, la TGAP est le cadre naturel daccueil de la future écotaxe européenne, dénommée taxe carbone-énergie . Cette taxe aura pour fonction, dune part, de dissuader les comportements émetteurs de carbone et renforcer la maîtrise de lénergie (il sagit du premier dividende ), dautre part, de procurer des ressources affectées au budget général qui, à prélèvements globaux constants, permettront dabaisser les prélèvements pesant sur le travail ( deuxième dividende ). Ce deuxième dividende ne pourra exister que si la déconnexion entre le produit de la taxe et les financements nécessaires pour réparer les dommages occasionnés à lenvironnement est effective.
Le produit de la TGAP est affecté au budget de lEtat, mais les établissements publics bénéficiant jusqualors dune fiscalité affectée recevront des dotations correspondantes versées essentiellement par le ministère chargé de lenvironnement. Le montant de ces dotations sera garanti de manière pluriannuelle, par des contrats de plan par exemple. Ainsi, en 1999, lADEME recevra une dotation de 1,935 milliard de francs, soit des crédits supérieurs denviron 40 % au rendement des taxes qui lui étaient affectées en 1998 (1,35 milliard de francs). En 1999, la TGAP regroupera lensemble des taxes perçues jusqualors directement par lADEME, à savoir la taxe sur les déchets ménagers et assimilés, la taxe sur les déchets industriels spéciaux, la taxe sur les nuisances sonores autour des aéroports, la taxe sur la pollution atmosphérique et la taxe sur les huiles de base.
La TGAP est une taxe évolutive. Dès lan 2000, de nouvelles accises ou redevances compléteront le dispositif. Un compte spécial du Trésor servira alors de support partiel à cette TGAP élargie. Linclusion des redevances perçues par les agences de leau dans ce dispositif a suscité de vives réactions. A lheure actuelle, les conditions de cet élargissement de lassiette de la taxe font lobjet dune concertation approfondie avec lensemble des acteurs concernés ; aucune décision na été prise.
M. Stéphane Alaize, rapporteur pour avis des crédits de lenvironnement, a souligné en préambule que la forte progression des dotations budgétaires, à périmètre constant, et la création de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) étaient le signe dune volonté politique nouvelle. En effet, cette taxe, qui se substitue à cinq taxes affectées à lADEME, alimente le budget de lEtat et le ministère de lenvironnement en est le principal bénéficiaire. Même si lon ne tient pas compte de cet élément novateur, les crédits sont en croissance de 14,8 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998, cette progression pouvant être qualifiée dhistorique.
Soulignant que le secteur de lenvironnement était caractérisé par une multitude de taxes et redevances, il a marqué son approbation sur la création de la TGAP, première étape dune réforme ambitieuse vers une fiscalité plus écologique. Il a cependant fait part de ses craintes sur les risques dabsorption ultérieurs du produit de la taxe par le ministère des finances et estimé que des engagements pluriannuels conforteraient lADEME ainsi, que les agences de leau si les redevances quelles perçoivent entrent dans lassiette de la taxe. Sagissant de lADEME, il a souligné que la remise en état de marche de létablissement étant réalisée, il fallait aussi veiller à accélérer le rythme de consommation des dotations, car les années antérieures se sont caractérisées par un grand décalage entre les aides versées par lagence et les ressources dont elle disposait, alors même que les besoins déquipement des collectivités locales en matière délimination des déchets étaient importants. Après avoir indiqué que lapplication du taux réduit de la TVA à la collecte et au tri sélectifs devait être répercutée sur les contribuables, il a demandé des précisions sur la révision des plans départementaux délimination des déchets ménagers prévue par la circulaire du 28 avril 1998.
Evoquant ensuite le renforcement des moyens mis à la disposition du ministère, il a souhaité connaître la répartition des postes tant en administration centrale que dans les services déconcentrés et jugé que les directions régionales de lenvironnement sapparentaient plutôt à des directions interdépartementales. Il a souligné que les services devaient se rapprocher des citoyens et évoqué la création éventuelle de directions départementales. Il a également relevé que les subventions aux associations avaient permis de renforcer leur rôle au plan international mais suscitaient des incompréhensions en raison de la contestation systématique des projets dinfrastructures ou daménagement. Puis il sest inquiété du développement des contentieux entre la France et lUnion européenne, en particulier dans le domaine de la protection des milieux naturels.
Après avoir indiqué que la politique de maîtrise de lénergie et des énergies renouvelables mériterait un effort plus soutenu, il a demandé des précisions sur laction de lInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS) dans le domaine des carrières et de lécotoxicologie.
Il a enfin souhaité savoir si les dotations du nouveau fonds de gestion des milieux naturels pourraient être utilisées avant ladoption du projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire qui le crée et si les comités locaux de gestion du réseau Natura 2000 seraient consultés sur laffectation de ces crédits.
M. Felix Leyzour, rapporteur pour avis des crédits de laménagement du territoire, a présenté les grandes lignes de son rapport qui portera sur les actions daménagement du territoire menées dans le cadre du budget de la DATAR (prospection et accueil dinvestissements étrangers, localisation dactivités dans les zones prioritaires, actions menées par lintermédiaire du FNADT), sur les grandes actions menées hors budget DATAR (actions menées dans le cadre de lapplication de la loi dorientation pour laménagement et le développement du territoire (LOADT) du 4 février 1995, politique de restructuration et de reconversion industrielle, contrats de plan Etat-régions et actions structurelles communautaires) et sur les nouvelles orientations de la politique daménagement du territoire (projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire, préparation des prochains contrats de plan Etat-régions et réforme des fonds structurels).
Il a indiqué que les crédits de la DATAR après de nombreuses années de forte décroissance (28 % de baisse de 1994 à 1997) et une forte hausse en 1998 (+ 6,06 %) sélèveraient à 1,799 milliard de francs en 1999, contre 1,805 milliard en 1998, soit une très légère baisse (0,35 %). Cette quasi stabilité des crédits cache cependant quelques différences par rapport à lannée dernière :
une hausse sensible mais peu significative des crédits de fonctionnement ;
une légère réduction des crédits de la PAT qui sont ramenés de 320 à 315 milliards de francs, sans que le financement des primes à hauteur des années précédentes ne soit remis en cause, en raison de la faiblesse de la consommation des crédits existants ;
une quasi-reconduction des crédits du FNADT, auquel on peut reprocher un trop grand saupoudrage des crédits ainsi quun manque de transparence des actions menées.
Sagissant des actions daménagement du territoire menées grâce à certains fonds créés par la loi dorientation pour laménagement et le développement du territoire (LOADT), comme le fonds dinvestissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN) et le fonds de gestion de lespace rural (FGER), M. Félix Leyzour sest interrogé sur leurs effets en matière de correction des inégalités.
En ce qui concerne les contrats de plan Etat-régions (CPER), il a souhaité connaître le niveau de réalisation atteint à lissue des contrats.
M. André Lajoinie, Président, a également déploré la faible consommation des crédits de la PAT et des fonds structurels européens ainsi que les retards dans le versement des aides européennes imputables, selon les propos de Mme Monica Wulf-Mathies, membre de la Commission européenne, à ladministration française
Mme Marie-Françoise Perol-Dumont a noté, quaprès celui de 1998 qui avait marqué un effort de rattrapage nécessaire après la baisse des années antérieures le budget de laménagement du territoire pour 1999 était un budget de reconduction. Elle a estimé quune lecture pessimiste de cette situation était évidemment possible, qui témoignerait dune certaine déception face à cette stabilité des crédits. Mais elle a également indiqué quune lecture plus positive du budget était possible si lon considère que les dotations prévues en 1999 pour le FNADT et pour la PAT tiennent compte de la faible consommation des crédits constatée lors des exercices précédents, que les moyens du ministère de laménagement du territoire ne sont pas les seuls moyens dintervention dans ce domaine et que 1999 sera une année de transition, au cours de laquelle devraient être adoptés le projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire, une réforme des fonds structurels et enfin les contrats de plan Etat-régions. Elle a conclu que le budget de 1999 était un budget dattente, et que les parlementaires seront particulièrement attentifs aux budgets qui suivront ladoption du nouveau projet de loi dorientation.
M. Jean Auclair a demandé si la ministre avait pris une décision au sujet de la construction du barrage de Chambonchard, prévue par le plan Loire grandeur nature .
M. Jean-Pierre Blazy a déclaré, en préambule, partager les inquiétudes du rapporteur pour avis sur la stabilité future des crédits affectés à lADEME, en particulier en ce qui concerne la taxe datténuation des nuisances sonores autour des aéroports dont le tarif va doubler conformément à la loi de finances pour 1998. Il a souhaité savoir si la pérennité de cette taxe serait garantie et de quelle manière. Rappelant que le bruit est la principale nuisance dont souffrent les Français, il a déploré labsence dune politique fiscale cohérente en la matière et a demandé quelles suites seraient données au rapport du Conseil économique et social sur le bruit dans la ville présenté par M. Gualezzi.
Après avoir demandé à la ministre sa position sur un amendement proposé par Mme Nicole Bricq et adopté par la commission des finances visant à réduire le coût des abonnements aux réseaux de chaleur, il a regretté que lavis du Conseil national du bruit sur la maîtrise des nuisances sonores de laéroport de Roissy ait été insuffisamment pris en compte et demandé des précisions sur le calendrier dexamen du projet de loi portant création de lautorité de contrôle de lenvironnement sonore aéroportuaire. Il a enfin annoncé que la mission dinformation mise en place par la commission de la production et des échanges sur la politique aéroportuaire ferait des propositions sur les futurs schémas de services de transport prévus par le projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire.
M. Daniel Marcovitch a évoqué la grève générale des personnels des agences de leau en indiquant que ceux-ci étaient confrontés à des déclarations contradictoires entre les ministères sur le devenir des redevances perçues par les agences, qui pourraient être intégrées dans la TGAP, et donc sur leur avenir. Après avoir souligné que le système français de gestion de leau était repris par une proposition de directive européenne, il a estimé que celui-ci avait fait ses preuves, mais quune réforme était nécessaire afin daméliorer les modalités de fonctionnement des agences, plus de trente ans après leur création. Il a cependant déploré le manque de cohérence dune réforme des recettes qui précéderait une réforme des missions et du fonctionnement des agences de leau.
M. Léonce Deprez a estimé que la non-consommation de crédits avait un caractère regrettable et même choquant. Il a observé que le budget pour 1999 aurait pu être loccasion de changements salutaires par la mise en uvre dune politique plus volontariste et plus efficace puisquil précède les deux échéances importantes que sont la signature des nouveaux contrats de plan Etat-régions et la réforme des fonds structurels. Il a souligné quil serait très utile de donner véritablement corps à la notion de pays.
M. Patrick Ollier, après avoir remarqué que le projet de budget de lenvironnement connaissait une évolution favorable, a évoqué les risques dun gel des crédits destinés aux parcs nationaux ; il a demandé également si des crédits étaient prévus pour tenir compte de lapparition déléments de la faune sauvage dans certaines de nos régions, tels que les loups ou les lynx, et des dégats quils pouvaient occasionner.
En matière daménagement du territoire, M. Patrick Ollier a regretté que ne soit pas recherché un fonctionnement des instruments existants, tout particulièrement de ceux quavait prévus la loi Pasqua . Il a estimé que, si certains crédits nétaient effectivement pas consommés, cétait à cause de labsence de projets. Il a considéré quune modification de la loi Pasqua aurait été préférable au dépôt dun nouveau texte, car cela aurait permis déviter de retarder la mise en place des pays. Il a regretté que les crédits du fonds de gestion de lespace rural (FGER), qui ont connu dans le passé déjà de nombreuses vicissitudes soient consacrés dans lavenir, et ce, selon la loi dorientation agricole, au financement des contrats territoriaux dexploitation. La disparition de ce fonds est choquante, car il finance des opérations que beaucoup souhaitent maintenir. Il eût été utile pour le FGER de mettre en place un compte daffectation spéciale, comme cela est dailleurs prévu pour la TGAP. Abordant les problèmes spécifiques des zones de montagne, il a souhaité être rassuré sur lexistence des commissaires à laménagement des massifs et sur la mise en place des schémas interrégionaux de massifs. Il a souhaité savoir si une affectation prioritaire de crédits au bénéfice des zones de revitalisation rurale était envisagée. Il sest déclaré enfin très inquiet sur la possibilité de nos territoires ruraux de continuer à bénéficier des fonds structurels européens.
M. Jean-Jacques Filleul a interrogé la ministre sur le devenir du plan Loire grandeur nature adopté en 1994. Il a souhaité que la mise en valeur de la Loire, fleuve longtemps oublié des programmes gouvernementaux bénéficie de crédits suffisants, notamment en ce qui concerne la préservation de la sécurité. Abordant la question de la ristourne accordée aux transporteurs routiers dans le cadre de la hausse progressive de la taxation du gazole, il a demandé pourquoi une telle mesure navait pas été prévue dans le secteur des transports en commun pour les collectivités, en vue dacquérir des véhicules propres. Sagissant enfin de lécotaxe , il a fait remarquer que les agriculteurs pouvaient légitimement sétonner dêtre soumis à un tel prélèvement, alors que la technique du contrat territorial dexploitation prévue par le projet de loi dorientation agricole visait précisément à réduire les atteintes à lenvironnement.
M. Patrick Rimbert a insisté sur labsence, en France, en matière daménagement du territoire, dune logique de projet ; il a estimé que ladministration elle-même témoignait dune vision souvent très étroite et quelle navait pas de culture de projets. Il a indiqué ensuite quun taux deffort de plus en plus élevé était exigé en matière de lutte contre les pollutions de la part de groupes modestes de la population, qui ne sont pas concernés par les dispositions de lutte contre lexclusion mais dont les revenus sont trop faibles pour faire face à laugmentation des coûts des services publics dans les domaine de leau et des déchets. Après avoir estimé que la gestion des flux de pollution devait saccompagner dactions de restauration de qualité des milieux, il a déploré que lon finance aujourdhui une politique daménagement du territoire au travers des crédits du fonds national de développement des adductions deau (FNDAE). Il a demandé enfin que les moyens de la prime à laménagement du territoire (PAT) servent à financer prioritairement les plus petits projets.
M. François Brottes a abordé la question de la présence de services publics en milieu rural. Il a demandé à la ministre si un fonds de soutien à La Poste en milieu rural trouverait bien place dans les nouveaux contrats de plan Etat-régions. Sagissant des questions denvironnement, il a souligné la nécessité de maintenir des contraintes fortes et par conséquent ne pas rejeter la notion prescripteur-payeur.
M. Serge Poignant a interrogé la ministre sur la réforme du fonctionnement des agences de leau et des comités de bassin, rappelant que le principe fondamental était celui de la gestion par bassin hydrographique. Observant que le Parlement participera à la définition de la nouvelle politique de leau avant ladoption des prochains programmes dintervention pluriannuels des agences, il a fait part de linquiétude quéprouvent en la matière les représentants des comités de bassin, dautant plus que les redevances seraient intégrées à la TGAP en 2000.
M. Philippe Duron a souligné la progression très forte dont bénéficient les crédits de prévention des risques, notamment la mise en uvre des plans de prévention des risques. Il a souhaité savoir quels moyens étaient prévus pour financer la lutte contre les inondations, si les agences de leau y participaient et si la déconnexion de la TGAP permettrait dy contribuer. Il a appelé lattention de la ministre sur son amendement relatif à la récupération de la TVA sur les travaux de prévention des inondations effectués sur le domaine maritime de lEtat.
M. Jean Besson a donné lexemple de la commune dont il est le maire, pour illustrer les problèmes daménagement du territoire. Les divers services publics y ont disparu successivement, ce qui donne aux personnes concernées un fort sentiment dinjustice. Il a demandé à la ministre de préciser sa définition de laménagement du territoire ainsi que des moyens budgétaires pour y parvenir. Il a demandé également quel avenir était réservé aux schémas départementaux dorganisation et damélioration des services publics et regretté que de nombreuses dispositions de la loi Pasqua ne soient pas appliquées.
M. François Asensi a souhaité savoir si le taux de 50 % de collecte sélective prévu par la circulaire sur les déchets du 28 avril 1998 était ou non un taux moyen concernant lensemble du territoire national. Il a observé que le taux constaté en région parisienne était aujourdhui de 15,5 % et que lobjectif de 50 % ne pourrait y être atteint dici 2002.
M. Jacques Pelissard a estimé que la ministre pouvait être légitimement fière de lévolution très positive enregistrée par son budget. Il a toutefois fait remarquer que cette augmentation incorporait les taxes perçues jusquà présent par lADEME et regretté que les 50 % de majoration de la taxe sur les déchets ne soient pas affectés à cet usage. Observant que les comités de gestion devaient disparaître en 1999, il a demandé si une structure partenariale allait prendre le relais. Sagissant des déchets ultimes , il a regretté quils soient soumis à la taxe alors quil sagit du dernier maillon de la chaîne du tri et du traitement et déploré que les communes accueillant des décharges de déchets utimes ne bénéficient daucune aide de lADEME. Il a enfin demandé si la baisse de la TVA à 5,5 % sur les prestations de collecte sélective pourrait être étendue aux services publics exploités en régie.
En réponse aux différents intervenants, la ministre a apporté les précisions suivantes en matière denvironnement :
la création des 140 emplois prévus par le budget de lenvironnement portera les effectifs du ministère à 2552 agents, dont 501 en administration centrale, 1216 en DIREN et 775 au titre de linspection des installations classées dans les DRIRE. En outre, les dotations budgétaires permettront de recruter plus de 400 personnes dans les établissements publics placés sous la tutelle du ministère. Enfin, le ministère contribue largement à la mise en place du dispositif emplois jeunes : plus de 15 % des emplois créés lont été dans les domaines de lenvironnement et de laménagement du territoire ;
le développement de la contestation à loccasion de tout projet daménagement est une réalité ; cest lune des raisons pour lesquelles il faut renforcer le soutien aux associations pour que la concertation en amont des décisions soit mieux assurée. Une mission de réflexion a été confiée à Mme Nicole Questiaux en vue de réformer les enquêtes dutilité publique ;
les missions de lINERIS se diversifient ; il est désormais nécessaire de créer un pôle dexpertise dans les domaines des carrières et de lécotoxicologie ;
la maîtrise de lénergie et le développement des énergies renouvelables méritent un effort plus soutenu mais il faut procéder par étapes. LADEME recrutera une centaine dagents pour relancer cette politique ; en ce domaine, il est préférable denvisager des solutions complémentaires compte tenu de la grande diversité des situations locales, ainsi que la montré le débat public organisé sur le projet de ligne à haute tension dans la vallée du Verdon ;
les crédits du fonds de gestion des milieux naturels consacrés à la mise en place du réseau Natura 2000 devraient permettre de rémunérer les services rendus à la collectivité par ceux qui ont une action favorable à la préservation des milieux et des espèces, sur une base contractuelle entre les gestionnaires des sites et lEtat ;
le fonctionnement de lADEME saméliore. Un projet dentreprise est en cours dexamen et les retards constatés dans lutilisation des crédits, liés à la phase délaboration des plans départementaux délimination des déchets, samenuisent. De ce point de vue, la TGAP présente un avantage considérable car lon pourra réorienter les politiques en fonction des besoins réels ; ainsi, les crédits non consommés dans le secteur des déchets auraient pu par exemple être utilisés pour résorber les points noirs en matière de bruit ou la réhabilitation des sols pollués. Laction de lADEME sera confortée par la contractualisation de ses relations avec lEtat ;
la réorientation de la politique des déchets passe par la baisse de la TVA sur les opérations de collecte sélective et de tri, mais aussi par la modification des taux dintervention de lADEME, moins favorables à lincinération, et la révision des barèmes dEco-emballages et dAdelphe, organismes agréés qui soutiennent les collectivités locales sengageant dans une démarche de collecte séparative. La circulaire du 28 avril 1998 indique que les plans départementaux délimination des déchets ménagers ne doivent pas prévoir plus de 50 % de traitement par incinération. Les situations sont très contrastées entre les différents départements. Il est certain que les quantités de déchets produites en région parisienne où la population est très dense posent des problèmes spécifiques ;
le plan Loire grandeur nature arrive à mi-parcours. Une évaluation est en cours qui permettra le cas échéant de réorienter le programme initial. Sagissant du barrage de Chambonchard, il est nécessaire dexaminer attentivement lutilité de cette retenue et de réaliser une expertise, en concertation avec létablissement public daménagement de la Loire et de ses affluents (EPALA) et les élus locaux avant de prendre une décision définitive. Les engagements de lEtat en vue de la sécurisation des personnes et des biens sont maintenus ;
la lutte contre le bruit bénéficie de moyens budgétaires insuffisants. Seules les nuisances sonores autour des aéroports ont fait lobjet dune taxe fiscale affectée à lADEME ; il est vrai que les délais dinstruction des dossiers daide aux riverains sont trop longs ; le futur contrat de plan entre lEtat et lagence prévoira des engagements pluriannuels de recettes ;
le modèle français de gestion de leau est efficace car il permet à la fois de mener des actions de dépollution et de développer léquipement en stations dépuration ; il faut cependant procéder à certaines réformes en vue de rénover le mode de financement des agences de leau et den démocratiser le fonctionnement, par une meilleure représentation des usagers et des représentants des grandes villes notamment ;
les crédits destinés aux parcs nationaux nont pas fait lobjet de gel budgétaire en 1998 ; une mesure nouvelle de 10 millions de francs est prévue en 1999 pour la création de nouveaux parcs nationaux en Guyane et en Corse ;
la création du fonds de gestion des milieux naturels à côté du fonds de gestion de lespace rural sexplique par la finalité exclusivement agricole de ce dernier et son utilisation future pour financer les contrats territoriaux dexploitation ;
il nexiste pas de projet finalisé de taxe sur les engrais et les produits phytosanitaires ; un groupe de travail a été mis en place pour trouver les moyens de développer dautres méthodes damendement des sols ; en outre, les critères techniques de lépandage des boues des stations dépuration ont été précisés ;
les risques naturels sont très hétérogènes ; concernant les inondations, cest laction préventive qui est la plus efficace quil sagisse de linterdiction de construire en zones inondables ou de laménagement des cours deau ; les agences de leau contribuent à cette action par voie de fonds de concours, à hauteur de 110 millions de francs par an ;
la ristourne accordée aux transporteurs routiers dans la limite de 40 000 litres pour compenser la hausse progressive de taxation du gazole sexplique par la forte concurrence dans ce secteur dactivité ; il na pas été possible de prévoir un tel dispositif pour les exploitants de transport public de voyageurs.
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Conformément aux conclusions de M. Stéphane Alaize, rapporteur pour avis, la commission a émis un avis favorable à ladoption des crédits de laménagement du territoire et de lenvironnement : II. environnement pour 1999.
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