
N° 1116
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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 8 octobre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
AU NOM DE LA COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES (1) SUR LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n° 1078),
TOME XVII
PREMIER MINISTRE
PLAN
PAR M. PATRICK OLLIER,
Député.
(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.
Voir le numéro : 1111 (annexe 39)
La commission de la production et des échanges est composée de : M. André Lajoinie, président ; MM. Jean-Paul Charié, Jean-Pierre Defontaine, Pierre Ducout, Jean Proriol, vice-présidents ; MM. Léonce Deprez, Christian Jacob, Daniel Paul, Patrick Rimbert, secrétaires ; MM. Jean-Pierre Abelin, Jean-Claude Abrioux, Stéphane Alaize, Damien Alary, André Angot, François Asensi, Jean-Marie Aubron, Pierre Aubry, Jean Auclair, Jean-Pierre Balduyck, Jacques Bascou, Mme Sylvia Bassot, MM. Christian Bataille, Jean Besson, Gilbert Biessy, Claude Billard, Claude Birraux, Jean-Pierre Blazy, Serge Blisko, Jean-Claude Bois, Daniel Boisserie, Franck Borotra, Christian Bourquin, Mme Danièle Bousquet, MM. François Brottes, Marcel Cabiddu, Alain Cacheux, Dominique Caillaud, André Capet, Laurent Cathala, Jean-Paul Chanteguet, Jean Charroppin, Philippe Chaulet, Jean-Claude Chazal, Daniel Chevallier, Pierre Cohen, Alain Cousin, Yves Coussain, Jean-Michel Couve, Jean-Claude Daniel, Marc-Philippe Daubresse, Philippe Decaudin, Jacques Desallangre, Eric Doligé, François Dosé, Jean-Pierre Dufau, Marc Dumoulin, Dominique Dupilet, Philippe Duron, Jean-Claude Etienne, Laurent Fabius, Alain Fabre-Pujol, Albert Facon, Alain Ferry, Jean-Jacques Filleul, Jacques Fleury, Nicolas Forissier, Roland Francisci, Claude Gaillard, Robert Galley, Claude Gatignol, André Godin, Alain Gouriou, Joël Goyheneix, Michel Grégoire, Gérard Grignon, Hubert Grimault, Lucien Guichon, Gérard Hamel, Patrick Herr, Claude Hoarau, Robert Honde, Claude Jacquot, Mme Janine Jambu, MM. Aimé Kergueris, Jean Launay, Thierry Lazaro, Patrick Lemasle, Jean-Claude Lemoine, Jacques Le Nay, Jean-Claude Lenoir, Arnaud Lepercq, René Leroux, Roger Lestas, Alain Le Vern, Félix Leyzour, Michel Liebgott, Lionnel Luca, Jean-Michel Marchand, Daniel Marcovitch, Alfred Marie-Jeanne, Alain Marleix, Daniel Marsin, Philippe Martin, Jacques Masdeu-Arus, Roger Meï, Roland Metzinger, Pierre Micaux, Yvon Montané, Gabriel Montcharmont, Jean-Marie Morisset, Bernard Nayral, Jean-Paul Nunzi, Patrick Ollier, Joseph Parrenin, Paul Patriarche, François Patriat, Germinal Peiro, Jacques Pélissard, Mmes Marie-Françoise Pérol-Dumont, Annette Peulvast-Bergeal, MM. Serge Poignant, Bernard Pons, Jacques Rebillard, Jean-Luc Reitzer, Gérard Revol, Mme Marie-Line Reynaud, M. Jean Rigaud, Mme Michèle Rivasi, MM. Jean Roatta, André Santini, Joël Sarlot, Mme Odile Saugues, MM. François Sauvadet, Bernard Schreiner, Jean-Claude Thomas, Léon Vachet, Daniel Vachez, François Vannson, Michel Vaxès, Michel Vergnier, Alain Veyret, Gérard Voisin, Roland Vuillaume.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 5
I. LES AMBIGUÏTÉS DE LA POLITIQUE GOUVERNEMENTALE EN MATIÈRE DE PLAN 6
A. UNE VOLONTÉ AFFICHÉE DE RELANCE DU PLAN 6
1. Un important programme de travail axé sur la recherche dune stratégie nationale de développement économique et social 6
2. Un renforcement de la procédure dévaluation des politiques publiques 8
B. DES ORIENTATIONS ANNONCÉES QUI NE VONT PAS DANS LE SENS DUN VÉRITABLE PLAN 10
1. Labandon du SNADT et des schémas sectoriels 10
2. La multiplication des organismes de prospective 12
3. La nécessité den engagement à long terme approuvé par la représentation parlementaire 13
II. LES CRÉDITS DU PLAN POUR 1999 : UNE STABILITÉ APPARENTE 14
1. Les crédits budgétaires 14
2. Les travaux détudes, de prospective et dévaluation réalisés 19
III. LA NÉCESSAIRE RÉVISION DE LA PROCÉDURE DÉLABORATION, DE SUIVI ET DÉVALUATION DES CONTRATS DE PLAN ÉTAT-RÉGIONS 22
1. La nécessité dun meilleur partenariat avec lensemble des collectivités territoriales 24
2. La nécessité dune plus grande souplesse de la contractualisation 25
3. Limportance dun renforcement du suivi de la mise en oeuvre 26
4. La nécessité de développer la procédure dévaluation 27
EXAMEN EN COMMISSION 31
MESDAMES, MESSIEURS,
Partisan de longue date de la relance du Plan et du renforcement du Commissariat général du Plan, parce quil convient dassurer la cohérence et lunité des actions de lEtat en ces temps de libéralisation de léconomie et de décentralisation, votre rapporteur aurait dû cette année pouvoir parler avec une certaine satisfaction du projet de budget pour 1999, puisque le Gouvernement a annoncé un ensemble de mesures qui devaient conforter laction du Commissariat général du Plan. Malheureusement, le projet de budget pour 1999 ne concrétise pas lélan que le Premier ministre avait semblé impulser au début de cette année.
Les crédits sont quasiment reconduits, ce qui permet certes la mise en place dun important programme de travail grâce à laccroissement des crédits détudes, mais ce qui conduit à une diminution brutale et injustifiée des crédits dévaluation des contrats de plan Etat-régions, à un moment où leur évaluation est particulièrement cruciale.
Devant ces insuffisances, votre rapporteur estime quil nest pas possible de donner un avis favorable à ladoption des crédits du plan pour 1999. Il a ainsi été conduit à proposer leur rejet à la commission, qui ne la pas suivi.
I. LES AMBIGUÏTÉS DE LA POLITIQUE GOUVERNEMENTALE EN MATIÈRE DE PLAN
Après labandon ces dernières années du rôle prospectif et efficace du plan, cette ardente obligation voulue par le Général de Gaulle, lannée 1998 aurait pu être considérée comme lannée de sa relance. Plusieurs éléments semblent attester des nouvelles intentions gouvernementales : nomination dun nouveau Commissaire au plan, définition dun important programme de travail centré sur les grands enjeux des prochaines années, volonté de faire converger ces travaux vers un grand moment de mobilisation collective autour de la recherche dune stratégie nationale de développement économique et social , relance du dispositif dévaluation des politiques publiques.
En fait, votre rapporteur ne peut que constater quau-delà des ambitions ainsi affichées au début de lannée 1998, les orientations nouvelles annoncées par le Gouvernement ne vont pas dans le sens de la relance du Plan même si elles sont de nature à mieux faire fonctionner le Commissariat général du Plan. Il en est ainsi de labandon du schéma national daménagement du territoire (SNADT) comme de la multiplication des organismes chargés de mener des études de prospective et de linsuffisant financement de lévaluation des contrats de plan Etat-régions.
Votre rapporteur souhaiterait que soient levées toutes ces ambiguïtés. Tout en maintenant ses prises de positions précédentes favorables à ladoption de véritables lois de plan, il estime néanmoins, quà défaut de celles-ci, il conviendrait de prévoir un véritable débat parlementaire suivi dun vote qui permettrait à la représentation nationale de manifester son approbation dune stratégie nationale à moyen terme.
Par lettre du 9 janvier 1998 adressée à M. Jean-Michel Charpin, Commissaire au plan récemment nommé, le Premier ministre, après avoir relevé le rôle décisif du Commissariat général du Plan pour faciliter la modernisation de léconomie et de la société française, en rappelait la fonction particulière dans le dispositif français de préparation des décisions gouvernementales : animateur de lanalyse prospective et stratégique, lieu privilégié de la concertation socioprofessionnelle et de la réflexion interministérielle, programmateur et évaluateur des politiques publiques .
Ce programme de travail fixé par le Premier ministre le 31 mars 1998, sinscrit dans la perspective dune relance de laction du Commissariat général du Plan et ouvre un certain nombre de chantiers dont les thèmes recouvrent trois grands axes majeurs :
développer léconomie française dans le cadre de la mondialisation et de lintégration européenne ;
renforcer la cohésion sociale ;
moderniser les instruments de laction publique .
Selon le Premier Ministre, les analyses et les débats que suscitera la mise en oeuvre de ce programme devront permettre déclairer les enjeux pour la société française et les choix des autorités publiques. Ils devront systématiquement se référer à lobjectif central dune croissance plus forte et plus riche en emplois et déboucher sur des préconisations conduisant à une action déterminée contre le chômage et lexclusion.
Les travaux entrepris par le Commissariat général du Plan à ce titre sont les suivants :
recherche et innovation : place et stratégie de la France dans la compétition mondiale ;
la nouvelle nationalité de lentreprise dans la mondialisation ;
les aspects économiques et financiers de lélargissement de lUnion européenne ;
les institutions de lUnion européenne ;
lintégration européenne et les systèmes productifs nationaux ;
minima sociaux, revenus dactivité et précarité,
prospective des métiers et des qualifications ;
jeunes et politiques publiques ;
le vieillissement ;
la maîtrise des technologies de linformation ;
les instruments de laction publique en matière denvironnement ;
la gestion de lemploi public.
Deux sujets détudes nont pas encore été lancés mais le seront à la fin de cette année ou en 1999 :
les instruments de régulation des services publics en réseau car il convenait danalyser les expériences étrangères avant de lancer véritablement lexpertise ;
la réduction du temps de travail : les enseignements de lobservation car il convient davoir un certain recul pour évaluer la mise en oeuvre de la nouvelle législation.
Tous ces travaux danalyse et de prospective, bien que fondamentaux et participant de la mission traditionnelle du Plan, ne pourront être in fine que des travaux de nature sectorielle quil sera indispensable ensuite de mettre en cohérence.
Le Premier ministre estime donc que ces travaux devront, à une certaine étape, converger vers un grand moment de mobilisation collective autour de la recherche dune stratégie nationale de développement économique et social . Il ajoute dans sa lettre du 31 mars dernier : il mapparaît en effet très utile de recréer un tel moment : cest le seul moyen danalyser de façon interdépendante les différents domaines de laction publique et de tester la cohérence des politiques envisagées .
Votre rapporteur estime positive cette vision dynamique du rôle du Commissariat général du Plan, mais souhaiterait aller encore plus loin et redonner à cette institution tout son rôle dans lélaboration dune véritable loi de plan.
Un deuxième élément positif de la nouvelle politique gouvernementale est la mise en chantier dune réforme de la procédure actuelle dévaluation des politiques publiques. Celle-ci est en effet très sérieusement affaiblie puisque le Comité interministériel de lévaluation (CIME) ne sest pas réuni depuis mars 1993. Le projet de réforme en cours de préparation pourrait aboutir à la fin de cette année.
Le dispositif actuel dévaluation des politiques publiques repose sur un décret du 22 janvier 1990 qui prévoit une dualité dorganismes :
un Comité interministériel de lévaluation (CIME) chargé de développer et de coordonner les initiatives gouvernementales dans ce domaine ;
un Conseil scientifique de lévaluation (CSE), garant de lindé-pendance et de la qualité des évaluations, qui se prononce ex ante sur la faisabilité de lévaluation, sur ses méthodes et sur ses conditions de réalisation, et ex post sur sa qualité par un avis rendu public.
Le Commissariat général du Plan assure le secrétariat permanent du CIME, coordonne la phase préparatoire des projets examinés par ce comité, assure le suivi et la publication des travaux dévaluation.
Si lon fait un bilan des évaluations des politiques publiques menées depuis la création du CIME, on saperçoit que cinq rapports dévaluation ont été initiés lors de la réunion du CIME du 26 juillet 1990, deux lont été par celle du 21 mars 1991 et trois autres par celle du 17 mars 1993.
Depuis, en dépit de la non réunion du CIME, trois évaluations interministérielles ont été lancées en 1995 et une en mars 1997.
Autrement dit, la procédure est manifestement en train de péricliter et nécessite un traitement durgence.
Conscient des insuffisances de la procédure, le nouveau Commissaire au plan, M. Jean-Michel Charpin, en a entrepris la réforme et vient de soumettre au Conseil dÉtat un projet de décret en ce sens.
Dans un but de simplification et daccélération de la procédure, le projet prévoit la suppression des deux organismes existants : le CIME et le CSE, et leur remplacement par un Conseil national de lévaluation (CNE). Celui-ci serait composé de six personnalités qualifiées (membres du Conseil dÉtat, de la Cour des comptes, du Conseil économique et social ainsi que délus locaux) nommés par décret du Premier ministre.
Saisi par le Premier ministre, les ministres ainsi que par différentes personnalités, le CNE établirait une liste de projets dévaluation qui serait définitivement arrêtée par le Premier ministre. Il donnerait par la suite un avis sur les évaluations réalisées.
Le Commissariat général du Plan assurerait le secrétariat du CNE ; il serait chargé de développer lévaluation dans ladministration et de proposer au Premier ministre les suites à donner aux évaluations réalisées.
Les rapports, les réponses de ladministration et les avis du CNE seraient rendus publics.
Votre rapporteur considère favorablement cette simplification des procédures qui devrait permettre :
de dédramatiser la démarche dévaluation en la rendant plus familière à ladministration;
de la réorienter vers des sujets moins techniques ;
de mieux coordonner les suites données aux évaluations.
Votre rapporteur a été sensible, lors de sa rencontre avec M. Jean-Michel Charpin, à sa volonté de dynamiser cette procédure dévaluation.
A lexemple de plusieurs pays étrangers, il doit être possible dassurer lefficacité et la bonne marche dune procédure dévaluation des politiques publiques, de plus en plus réclamée par les acteurs et partenaires locaux.
Force est de constater que les nouvelles orientations prises par le Gouvernement sont bien loin de renforcer les dispositions annoncées au début de lannée pour rendre un rôle déterminant au Commissariat général du Plan.
La nouvelle loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire déposée le 29 juillet dernier à lAssemblée nationale supprime un élément fondamental de la loi Pasqua , qui nétait pourtant déjà quun succédané du plan : le schéma national daménagement du territoire (SNADT).
La multiplication des organismes de prospective apparaît contradictoire avec la volonté de relancer laction du Commissariat général du Plan.
Enfin, la baisse considérable des crédits consacrés à lévaluation des contrats de plan Etat-régions intervient au moment de la phase terminale de ces contrats, donc au moment où ils sont le plus nécessaires. Cela conduit à se demander si le Gouvernement souhaite véritablement le développement de cette procédure dévaluation.
Le schéma national daménagement et de développement du territoire était conçu par la LOADT du 4 février 1995 comme le cadre de référence de laction territoriale de lÉtat, des collectivités locales, des entreprises et des établissements publics. Il devait assurer la cohérence de leurs interventions et permettre un nouveau partenariat entre lÉtat et les collectivités locales.
Devant être initialement annexé à la LOADT, le SNADT en a finalement été disjoint pour permettre la consultation des collectivités territoriales. Un délai dun an à compter de la publication de la LOADT avait été fixé pour son élaboration. Cette date na pas été respectée.
Seul un avant projet de SNADT, fixant à longue échéance les orientations et les principes que devaient respecter toutes les politiques publiques, a été adopté par le comité interministériel daménagement et de développement du territoire (CIADT) du 10 avril 1997.
Le Gouvernement actuel a décidé labandon du schéma national daménagement du territoire. Le projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire déposé le 29 juillet dernier définit seulement les principes qui constitueront les choix stratégiques de la politique nationale daménagement du territoire.
Ces choix stratégiques, qui constitueront le cadre de lélaboration des schémas de services collectifs, seront les suivants :
renforcement de pôles de développement à vocation européenne et internationale ;
organisation dagglomérations ;
développement local au sein de pays ;
soutien des territoires en difficulté.
En supprimant le SNADT, le Gouvernement se prive dun instrument permettant dencadrer les initiatives européennes et de coordonner les initiatives des collectivités territoriales, en assurant une meilleure cohérence des différentes politiques sectorielles.
Élaboré pour cinq ans, comme les plans, mais concernant des secteurs moins nombreux et moins larges que ceux des plans, le schéma national daménagement du territoire ne pouvait être quun substitut à la véritable loi de plan que souhaite votre rapporteur. Pour autant son abandon est un signe de rejet de la réflexion au plan spatial de la LOADT et marque donc un amoindrissement de la volonté nationale de planification, ce qui inquiète votre rapporteur.
La fonction danalyse et de prospective est une des missions essentielles et traditionnelles du Commissariat général du Plan. Elle est à la base de toute planification puisquelle permet à partir dune situation présente de prévoir les situations futures, soit en extrapolant les tendances naturelles, soit en proposant des politiques ou stratégies alternatives.
Bien que les contours nen soient pas toujours très nets, il est possible de distinguer cette activité du Commissariat général du Plan de celle de la DATAR dont la cellule de prospective et dévaluation récemment créée a une vision plus territoriale des évolutions futures.
A cet égard, votre rapporteur tient à rappeler quil soppose à une fusion DATAR-Commissariat général du Plan, dans la mesure où les deux institutions ont un domaine dactivité propre, la DATAR devant garder la responsabilité de la gestion et de lexécution de la politique daménagement du territoire et des contrats de plan Etat-régions, tandis que le Plan doit avoir des responsabilités dévaluation, de quantification et de prospective à moyen terme.
Sagissant des autres organismes chargés détudes et de prospective, il serait utile de sinterroger sur leur nombre et poser le problème de leur rationalisation par un éventuel rattachement de certains dentre eux au Commissariat général du Plan. Une telle intégration permettrait de renforcer et détendre la capacité dexpertise du Commissariat général du Plan.
Votre rapporteur sinterroge également sur les raisons de la création du Conseil danalyse économique (CAE) en juillet 1997. Composé dune quarantaine déconomistes venant de divers horizons, cet organisme a été voulu par le Premier ministre qui souhaitait avoir près de lui un groupe dexperts chargé danalyser les problèmes économiques du pays et dexposer les différentes options envisageables. Disposant de locaux, et dun secrétariat permanent, faisant paraître une lettre mensuelle ( analyses économiques ) se réunissant régulièrement tous les mois et publiant des dossiers sur les grands thèmes économiques et sociaux, cet organisme semble être devenu une véritable institution de conseil du Premier ministre.
Pour votre rapporteur, il conviendrait cependant dempêcher que ce Conseil danalyse économique ne devienne une véritable institution parallèle au Commissariat général du Plan. Il serait plus judicieux quil vienne renforcer la capacité dexpertise du Commissariat et donc être intégré en son sein.
Votre rapporteur na jamais fait mystère de son regret de labandon du dispositif des lois de plans qui permettaient dassurer la mise en cohérence globale des choix et des interventions financières de lÉtat et des collectivités publiques. Partisan dun plus grand libéralisme et dune plus grande déconcentration, il estime cependant dautant plus nécessaire de donner un fil conducteur aux actions de lÉtat et des différents partenaires locaux.
Daprès les informations quil a recueillies auprès de M. Jean-Michel Charpin, la relance de laction du Commissariat général du Plan envisagée par le Premier ministre devrait permettre de débattre des informations obtenues par analyses ou expertises puis délaborer, à lintention du Premier ministre, une synthèse sur les grandes problématiques à moyen et long termes.
Dans cette hypothèse, votre rapporteur estime nécessaire quà linstar du Plan ou du SNADT qui étaient soumis au vote du Parlement, les orientations qui seraient retenues par le Gouvernement à partir de cette synthèse élaborée par le Commissariat général du Plan devraient faire lobjet dune déclaration du Premier ministre suivie dun débat et dun vote.
II. LES CRÉDITS DU PLAN POUR 1999 : UNE STABILITÉ APPARENTE
Le budget du Plan regroupe traditionnellement :
les crédits de fonctionnement et dinvestissement des quatre orga-nismes suivants :
. Commissariat général du Plan (CGP),
. Centre détudes prospectives et dinformations internationales (CEPII),
. Conseil scientifique de lévaluation (CSE),
. Conseil supérieur de lemploi, des revenus et des coûts (CSERC) ;
les subventions de fonctionnement allouées à quatre organismes rattachés :
. Institut de recherches économiques et sociales (IRES),
. Observatoire français du commerce extérieur (OFCE),
. Centre de recherche pour létude et lobservation des conditions de vie (CREDOC),
. Centre détudes prospectives déconomie mathématique (CEPREMAP).
Pour lannée 1999, les crédits demandés au titre du Plan (dépenses ordinaires + crédits de paiement) sélèvent à 153,12 millions de francs. Ils sont sensiblement équivalents au budget voté de 1998 (152,79 millions de francs), et représentent une augmentation de 0,2 % en francs courants, mais une légère diminution en francs constants.
Si lon compare ce budget à ceux des années précédentes, on constate, après les réductions de crédits des années 1994, 1995 et 1996, puis la forte baisse de lannée 1997, une stabilisation des crédits depuis 1998.
Pour autant, le projet de budget pour 1999, sous une apparente reconduction des crédits de 1998, cache deux éléments importants :
une progression des crédits détudes,
une forte baisse des crédits dévaluation des contrats de plan Etat-régions (CPER).
Les crédits du Plan proprement dits, cest-à-dire les rémuné-rations, les charges sociales et les moyens de fonctionnement du CPG, du CSE et du CSERC, ainsi que les subventions allouées à lIRES et à lOFCE, sont en diminution de 2,76 %, passant de 95,32 millions de francs à 94,98 millions de francs.
En revanche, les crédits de recherche, cest-à-dire les rémunérations, les charges sociales, les moyens de fonctionnement du CGP et du CEPII affectés à la recherche, les dépenses en capital du CGP pour la recherche en socio-économie, ainsi que les subventions allouées à lIRES, à lOFCE, au CREDOC, au CEPREMAP et au CGP pour leurs actions en faveur de la recherche, augmentent de 1,16 %, passant de 57,47 millions de francs à 58,14 millions de francs.
Cette augmentation reflète essentiellement un accroissement des crédits de paiement consacrés aux actions du CGP en faveur de la recherche en socio-économie (il sagit de programmes pluriannuels de recherche, en collaboration avec le ministre chargé de la recherche) : ces crédits passent de 4 500 000 F en 1998 à 4 830 000 F dans le projet de budget pour 1999.
En revanche, on assiste à une diminution brutale des autorisations de programme ramenées de 4 millions de francs à 2 millions de francs. Même si ce recul peut sexpliquer par une trop forte dotation inutilisée les années précédentes, il risque de compromettre sérieusement le lancement de nouvelles actions.
Un examen attentif des différentes lignes budgétaires permet de relever les points suivants :
une réduction du nombre demplois : suppression de deux emplois de secrétaires, lun au CGP, lautre au CSERC ; les effectifs qui étaient de 216 personnes en 1997 et de 212 en 1998 passeront à 210 en 1999, le nombre de titulaires restant inchangé (96 personnes) ;
une augmentation des rémunérations de personnel, permettant de prendre en compte lincidence financière de laccord salarial pour la Fonction publique pour 1998 et 1999 ;
une réduction des crédits de vacation pour le Plan, hors recherche, dans le cadre de la révision des services votés ;
un ajustement des dotations détudes, consistant essentiellement en un accroissement substantiel (+ 64 %) des crédits détudes du CGP, afin de permettre la réalisation du programme de travail décidé par le Premier ministre ;
un ajustement de la dotation des crédits informatiques aux besoins crédits nécessaires au maintien de lexistant et au renouvellement, ainsi quune mesure nouvelle liée à la réalisation de projets nouveaux (+ 745 000 francs pour le CGP) ;
une reconduction des subventions allouées à lOFCE, au CREDOC et au CEPREMAP et la diminution de la subvention de lIRES (en raison de la non reconduction dun crédit alloué au titre de la réserve parlementaire) ;
ORGANISMES SUBVENTIONNÉS
Évolution des subventions LFI de 1993 à 1999
(en milliers de francs)
organismes subventionnés
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
|
5 500
|
5 324
|
5 324
|
5 430
|
5 430
|
5 505
|
5 505
|
|
7 642
|
7 399
|
7 399
|
7 546
|
7 546
|
7 650
|
7 650
|
|
20 194
|
19 801
|
19 797
|
19 232
|
20 232
|
20 482
|
20 482
|
|
18 529
|
17 727
|
17 626
|
17 167
|
18 167
|
20 747
|
20 167
|
une quasi-reconduction des crédits du Fonds national de développement de lévaluation (FNDE), qui passent de 448 000 francs en 1998 à 450 000 francs en 1999, montants qui nont quun lointain rapport avec les crédits réellement disponibles. En effet, compte tenu des importants reports de crédits dun exercice sur lautre liés au mauvais fonctionnement du dispositif dévaluation des politiques publiques précédemment étudié, le total des crédits disponibles en 1998 sest élevé à 4 155 255 francs. A lheure actuelle, le montant global des engagements sétablit à 1 883 482 francs. Bien quil soit en nette diminution, le niveau des reports laisse encore une marge de manoeuvre suffisante au CGP pour financer de nouveaux travaux ;
FONDS NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT DE LÉVALUATION
(FNDE)
(en francs)
ANNÉES
|
1997
|
1998 (1)
|
1999
|
|
448 000
|
448 000
|
450 000
|
|
8 294 682
|
6 121 805
|
2 495 255 (1)
|
|
8 875 482
|
5 995 255
|
|
|
2 753 677
|
3 500 000
|
|
|
6 121 805
|
2 495 255
|
|
Source :(1) daprès situation des crédits au 30 juin 1998.
une baisse considérable des crédits dévaluation des contrats de plan Etat-régions :
. baisse de 66,6 % des crédits de vacation de 1 500 000 francs à 500 000 francs,
. baisse de 80 % des crédits de fonctionnement de 2 490 000 francs à 500 000 francs,
. maintien des crédits détudes à 4 150 000 francs.
Il a été indiqué à votre rapporteur que cette diminution de crédits de vacation et de fonctionnement était due à une mauvaise appréciation antérieure des crédits nécessaires.
Votre rapporteur en prend acte. En revanche, labsence daugmentation des crédits détudes nécessaires à lévaluation des contrats de plan Etat-régions apparaît tout à fait injustifiée.
En effet, les crédits engagés pour lévaluation des CPER connaissent actuellement une montée en puissance qui résulte du concept même dévaluation. Celle-ci ne peut se faire immédiatement ; un certain temps est nécessaire pour que laction engagée soit suivie deffet.
Cest donc dans le projet de budget pour 1999 que la ligne budgétaire doit être particulièrement abondée. Le tableau suivant indique dailleurs que la consommation de crédits qui a été de 2,8 millions en 1996 sest élevée à 4 millions en 1997.
ÉVALUATION DES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS
(en francs)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Chapitres
|
LFI
|
Crédits ouverts (*)
|
Consommation
|
LFI
|
Crédits ouverts (*)
|
Consommation
|
LFI
|
Crédits ouverts (*)
|
Crédits Délégués (*)
|
LFI
|
31-96
|
2 500 000
|
2 500 000
|
382 920
|
1 660 000
|
1 660 000
|
313 276
|
1 500 000
|
600 000
|
312 500
|
500 000
|
34-98
|
3 750 000
|
3 900 874
|
377 173
|
2 490 000
|
2 490 000
|
310 672
|
2 490 000
|
814 000
|
551 500
|
500 000
|
34-04
|
6 250 000
|
10 608 453
|
2 841 853
|
4 150 000
|
7 016 600
|
4 076 583
|
4 150 000
|
10 280 568
|
9 694 983
|
4 150 000
|
(*) y compris reports.
(**) au 15/10/1998.
Pour 1998, il est impossible de connaître dès aujourdhui le montant de la consommation des crédits mais les crédits ouverts se montent à 10,2 millions parce que les demandes dévaluation émanant des comités régionaux dévaluation ont été très importantes.
On a tout lieu de penser que les demandes vont croître au cours des deux prochaines années.
Les reports de crédits vont aller samenuisant ; les crédits demandés pour 1999 apparaissent insuffisants à votre rapporteur qui propose de mieux doter la ligne 34.04 consacrée aux crédits détudes de lévaluation des contrats de plan Etat-régions.
Conformément à la mission traditionnelle du Plan, plusieurs études ont été récemment achevées ou sont en voie dachèvement :
. le rapport Réinventer les vacances la nouvelle galaxie du tourisme du groupe de prospective de la demande touristique, présidé par M. Jean Viard, directeur de recherche au CNRS, a été rendu public le 12 mai 1998 ;
. le groupe de travail Économie de linformation et indicateurs statistiques a clôturé ses travaux au cours du premier semestre ;
. le rapport Énergie 20102020 du groupe plénier, présidé par M. Pierre Boisson, ancien Président de lERAP et membre du Conseil général des mines, a été rendu public le 8 septembre 1998 ;
. le groupe de travail Institutions nouvelles pour le développement de lentreprise , présidé par M. Lucien Pfeiffer, remettra ses conclusions à lautomne ;
. latelier sur les orientations stratégiques de la politique des transports et leurs implications à moyen terme , présidé par M. Alain Bonnafous, professeur déconomie et vice-président du Conseil national des transports, est sur le point dachever ses travaux ;
. le rapport du groupe de prospective PAC 2010 , présidé par M. Philippe Mangin, secrétaire général de la Confédération française de la Coopération agricole (CFA), devrait paraître au cours du deuxième semestre 1998.
. le rapport du groupe de travail Performances économiques et technologies de linformation , présidé par MM. Eric Brousseau, professeur déconomie à Nancy et Alain Rallet, chercheur à IRIS, Université de Paris IX Dauphine, devrait être publié à la fin de 1998 ;
. le rapport sur la situation et les perspectives de lassurance française à la veille du passage à la monnaie unique, demandé au CGP par la commission des finances du Sénat, sera publié à lautomne 1998 ;
Comme votre rapporteur la souligné précédemment, la procédure dévaluation des politiques publiques fonctionne mal et aucune évaluation interministérielle na été lancée depuis mars 1997.
Au cours des deux dernières années, deux travaux importants ont été publiés :
. le rapport sur la politique de prévention des risques naturels de M. Pierre-Henri Bourrelier, ingénieur général des mines en septembre 1997 ;
. le rapport sur la politique de maîtrise de lénergie de M. Yves Martin, ingénieur général des mines, en janvier 1998.
Trois autres évaluations sont actuellement en cours sur les sujets suivants :
. linsertion par léconomique, par M. Michel Hannoun, ancien député de lIsère ;
. la politique de la montagne, par M. Pierre Blondel, ancien président du Parc national de la Vanoise, ancien préfet de Savoie, ancien conseiller technique de la DATAR, conseiller-maître à la Cour des comptes honoraire.
. la loi relative à la lutte contre le tabagisme et lalcoolisme ( loi Evin ), par M. Guy Berger, président de chambre à la Cour des comptes.
Outre ces évaluations interministérielles, le Commissariat général du Plan a cependant procédé directement à certaines évaluations, soit sur saisine ministérielle, soit à la demande de lOffice parlementaire dévaluation des politiques publiques :
. évaluation du dispositif des agences de leau , publié en décembre 1997 ;
. rapport sur le dispositif de normalisation : évaluation et perspective au deuxième trimestre 1998 ;
. rapport conjoint Assemblée nationale/Sénat sur lévaluation de la politique maritime française en juin 1998.
III. LA NÉCESSAIRE RÉVISION DE LA PROCÉDURE DÉLABORATION, DE SUIVI ET DÉVALUATION DES CONTRATS DE PLAN ÉTAT-RÉGIONS
Initiés par la loi n° 82-613 du 29 juillet 1982, les contrats de plan Etat-régions sont perçus comme un outil utile mais dont il conviendrait daméliorer les procédures.
M. Jacques Chérèque, ancien ministre, a remis au mois de mai 1998 un rapport sur la prochaine génération des contrats de plans Etat-régions (2000-2007) intitulé plus de région et mieux dÉtat à Mme Dominique Voynet, ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement.
Évaluant de manière précise les contrats de plan actuels, et estimant que ce fut un exercice positif qui demande à être poursuivi, le rapport formule un certain nombre de propositions pour une architecture nouvelle de ces contrats et pour que soient respectées certaines conditions indispensables à leur succès.
LISTE DES PROPOSITIONS
I. Concernant la nouvelle architecture des contrats Etat-régions
1. la détermination d'une stratégie commune entre lÉtat et la région sur la base d'un projet régional d'aménagement et de développement durable du territoire élaboré par le conseil régional en association avec lÉtat, et de la stratégie de lÉtat dans la région menée par le préfet de région ;
2. la séparation des contrats Etat-régions en deux volets : l'un macro-régional, l'autre infrarégional ;
3. la limitation des noyaux durs en laissant plus de place à la négociation contractuelle ;
4. le rééquilibrage des contrats dans une logique tournée davantage vers le développement local, les investissements immatériels et les secteurs les plus créateurs demplois ;
5. le développement des conventions interrégionales et transfrontalières ;
6. l'utilisation des contrats Etat-régions pour expérimenter un approfondissement de la décentralisation ;
7. l'organisation d'un débat sur la pertinence des territoires pour établir les futurs contrats d'agglomération et de pays et le transfert à la conférence régionale d'aménagement et de développement du territoire (CRADT) de la compétence de constater les pays ;
8. la signature de contrats d'agglomération et de pays par lÉtat et la région, dans une logique dacteurs de projets, assortie dune prime à lorganisation ;
9. la possibilité pour lÉtat de contractualiser directement avec les agglomérations et les pays, en cas de profonde divergence entre les priorités affichées par lÉtat et 1es objectifs retenus par la région ;
10. l'intégration des contrats de ville dans les contrats d'agglomération et par conséquent leur prolongation ;
11. la réunion d'une conférence du projet d'agglomération , réunissant les acteurs concernés et conduisant à lélaboration dune charte dagglomération ;
12. la nécessité de faire preuve de pragmatisme pour la signature des contrats de pays, en recommandant à terme, la recherche d'une formule de type EPCI pour contractualiser ;
13. la contractualisation entre lÉtat, la région et les réseaux de villes sur la base d'un projet cohérent ;
14. une nouvelle modulation nationale des enveloppes financières de lÉtat, en fonction du développement des régions sur la base d'un recensement des besoins en termes d'infrastructures nationales, avant la négociation des contrats. LÉtat pourrait prendre davantage en charge les dépenses dinfrastructures (macro-régionales) et les régions, celles liées au volet infrarégional (notamment développement local) ;
Cette modulation sera aussi fonction de l'intention des régions de mettre en uvre les priorités nationales ;
II. Concernant les conditions à mettre en uvre pour assurer le succès des contrats Etat-régions
15. la consultation et l'association des différentes collectivités territoriales et de tous les acteurs concernés aux phases de l'élaboration, de la négociation et du suivi des contrats en réunissant notamment la conférence régional daménagement et de développement du territoire (CRADT) ;
16. l'association à la signature des contrats des autres collectivités locales (départements, communes, établissements publics de coopération intercommunale), pour ce qui les concerne ;
17. la limitation des financements croisés ;
18. la diminution des priorités de contractualisation afin de contractualiser mieux, sur la base d'un inventaire critique des actions inscrites dans les contrats en cours et qui ne pourront pas être mis en oeuvre dans les contrats actuels ;
19. l'inscription dans les contrats d'opérations prêtes, assorties d'études de rentabilité interne et économique ;
20. une limitation des engagements des partenaires pour trois ans conduisant à un rendez-vous à mi-parcours ;
21. une exonération de gels ou d'annulations de crédits des ministères affectés aux contrats ;
22. une limitation du nombre des lignes budgétaires ouvertes à la contractualisation ;
23. la création d'un fonds national des contrats Etat-régions décliné en un Fonds Régional d'Aménagement Durable du Territoire (FRADT) ;
24. la création d'un système informatique de fléchage automatique des délégations de crédits contractualisés ;
25. le dégagement de crédits de fonctionnement (titre IV) d'ingénierie et d'animation pour favoriser lémergence de projets et lorganisation des territoires ;
26. un effort de lÉtat pour terminer au mieux la génération de contrats en cours ;
27. un renforcement du rôle interministériel de la DATAR pour mieux coordonner l'action des ministères et celle en direction des préfets de région, dans un objectif de plus grande cohérence ;
28. l'accroissement de la marge de négociation et de financement des préfets de région dans une logique de plus grande déconcentration ;
29. le renforcement des moyens des secrétaire généraux pour les affaires régionales ;
30. la recherche d'une plus grande convergence avec les fonds structurel européens dans la durée (7 ans) et la stratégie d'une part, la définition, la gestion et lévaluation des programmes dautre part ;
31. le renforcement du suivi des contrats, notamment par une mise en réseau des différents partenaires ;
32. l'amélioration de l'évaluation des contrats, notamment par une mise en réseau des instances régionales, par la présentation du Gouvernement au Parlement dun rapport à mi-parcours des contrats, par une plus grande liaison avec l'évaluation des fonds structurels ;
33. la mise à profit de l'année 1999 pour mettre au point un tableau de bord régional.
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Sans partager lensemble des propositions ainsi définies, votre rapporteur souhaiterait cependant insister sur les points suivants :
Lors de la conclusion des précédents contrats de plan Etat-régions, la coordination et le partenariat avec les communes et les départements concernés par ces contrats se sont révélés bien souvent insuffisante, engendrant par là même un sentiment très fort dexclusion au sein de ces différentes collectivités.
Les retombées des contrats de plan Etat-régions sur lensemble du territoire imposent une meilleure coopération entre les diverses collectivités.
Votre rapporteur sinquiète donc que, dans le cadre de la préparation des nouveaux contrats de plan prévue par la circulaire du 17 juillet 1998, ne soit prévue entre le 30 octobre et le 15 janvier 1999 que la seule consultation de la région et des grandes collectivités sur la stratégie de lÉtat dans la région .
De même, il estime nécessaire, dans le cadre de la région, un meilleur partenariat entre la région dune part, les communes et les départements dautre part.
A cet égard votre rapporteur partage pleinement deux des propositions du rapport de M. Jacques Chérèque :
consulter et associer les différentes collectivités territoriales et tous les acteurs concernés aux différentes phases délaboration, de négociation et de suivi des contrats ;
associer à la signature des contrats les autres collectivités locales (départements, communes, EPCI), pour ce qui les concerne.
La loi n° 95-115 dorientation pour laménagement et le dévelop-pement du territoire a reconnu limportance du pays, en tant que territoire présentant une cohésion géographique, culturelle, économique ou sociale.
A lheure actuelle, 91 pays sont reconnus soit par les commissions départementales de coopération intercommunale (pour 63 dentre eux), soit au titre de lopération de préfiguration menée par la DATAR. Mais dautres pays ont été constitués et organisés sans reconnaissance administrative et la DATAR estime à près de 120 territoires le nombre de pays en cours démergence ou de constitution.
Les orientations nouvelles définies par le Gouvernement à loccasion du comité interministériel daménagement et de développement du territoire (CIADT) du 15 décembre 1997 et le projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire reconnaissent aux pays la possibilité de contractualiser avec lÉtat et la région dès lors quune charte de pays a été adoptée et à condition que les communes ou les groupements intéressés aient constitué un syndicat mixte ou un établissement public de coopération intercommunale (EPCI).
Cette nouvelle possibilité qui sera offerte aux pays, dailleurs déjà envisagée par le gouvernement précédent à la suite de propositions de votre rapporteur, a conduit ces derniers mois à la reprise sur un rythme rapide du mouvement dorganisation des pays. De la même manière, le projet de loi dorientation pour laménagement et de développement durable du territoire prévoit quil sera possible pour lÉtat et la région de conclure des contrats dagglomération. Ces contrats seront conclus dans les aires urbaines comptant au moins 50 000 habitants et dont une commune centre compte plus de 15 000 habitants, avec le ou les établissements publics de coopération intercommunale compétents en matière daménagement et de développement économique, sil en existe, et les communes de laire urbaine qui ne sont pas membres de ces établissements publics mais souhaitent sassocier au projet .
Votre rapporteur se félicite de ces nouvelle possibilités offertes aux pays et aux agglomérations mais tient à rappeler que les pays qui doivent être un périmètre de solidarité facilitant lémergence de projets de développements nouveaux devront sorganiser dans le cadre des limites des différents groupements intercommunaux.
En conclusion, votre rapporteur estime que cette plus grande souplesse offerte à la contractualisation Etat-régions est positive car elle devrait permettre dassurer sa meilleure adaptation au territoire et éviter une uniformité de la procédure sur lensemble du territoire.
Le suivi financier des contrats de plan Etat-régions souffre dun certain nombre de carences, mises en évidence par le rapport précité de M. Jacques Chérèque et qui tiennent pour partie à lamplitude des contrats (6 ans pour la troisième génération des contrats 1994-1999).
Ces carences et ces lourdeurs prennent place au stade de la délégation des crédits aux préfets, au stade de lengagement des crédits par les services de lÉtat et surtout au stade du mandatement, cest-à-dire du paiement après réalisation des travaux.
Il semble que des rapprochements soient effectués entre des données qui correspondent à des stades différents du processus de la dépense (délégations - engagements - mandatements) et que cela donne lieu à malentendus et à erreurs dinterprétation.
Lexpression exécution des contrats est au mieux opaque et au pire utilisée à mauvais escient par référence à des stades différents de lengagement de la dépense.
Par ailleurs, compte tenu du temps dachèvement des travaux qui peut sétendre sur plusieurs années, le taux de mandatement peut être très bas en fin de contrat sans être pour autant une indication dune insuffisante réalisation du contrat.
Le rapport Chérèque estime donc que seul un saut technologique, par une mise en réseau de la DATAR, des secrétaires généraux pour les affaires régionales (SGAR), des services déconcentrés et des administrations centrales, permettrait dobtenir une différence significative par rapport au suivi actuel. Un tel suivi devrait être unique et commun à tous les partenaires.
Votre rapporteur partage cette préoccupation de permettre un contrôle efficace de lutilisation des deniers publics, lenveloppe des crédits dÉtats allouée aux contrats de plan Etat-régions étant considérable puisquelle se monte à environ 15 milliards de francs par an.
La circulaire du 9 décembre 1993 a fixé les modalités de la mise en oeuvre de lévaluation dans les contrats de plan. Il ne sagit pas dune évaluation de lensemble dun contrat de plan Etat-régions, mais à lintérieur de celui-ci dun programme ou dune action.
Au niveau régional, le dispositif sarticule autour des comités régionaux dévaluation, associant des représentants de lÉtat, de lexécutif régional et des autres collectivités locales concernées.
Au plan national, une Instance nationale dévaluation, animée par le Commissariat général du Plan, a vocation à rendre des avis techniques et méthodologiques sur les projets dévaluation proposés par les comités régionaux. On a constaté une montée en puissance du processus de lévaluation ces dernières années, puisque la plus grande partie des projets ont été soumis à lInstance dévaluation en 1997 et 1998. Cela ne saurait dailleurs surprendre outre mesure puisquil convient de prendre un certain recul vis-à-vis de laction engagée avant de pouvoir procéder à son évaluation.
Parmi les projets examinés, on observe que les évaluations concernant la politique de la ville sont nombreuses, de même que les mesures venant en appui au développement économique (procédures daide aux entreprises, aide à lembauche des cadres, mesures en faveur de lemploi).
Votre rapporteur considère positif laccroissement du nombre de programmes soumis à évaluation ces deux dernières années mais relève que cette procédure repose sur un choix des comités régionaux et quelle ne permet donc pas dassurer que les programmes ayant mal fonctionné seront choisis pour évaluation.
Par ailleurs, il conviendrait de soumettre à évaluation lensemble du contrat de plan Etat-régions et de ses incidences, et non pas seulement tel ou tel programme.
La future négociation des contrats de plan Etat-régions ne pourra valablement sengager que sur la base dune évaluation approfondie des contrats de lactuelle génération.
En tout état de cause la procédure dévaluation ne permet pas davoir une vue densemble de la politique menée en matière daménagement du territoire et de lintérêt véritable de la contractualisation. Elle peut en revanche aider les autorités régionales dans le choix des actions quelles souhaitent contractualiser.
Les crédits consacrés à lévaluation sont financés à parité entre lÉtat et les régions. Les crédits dÉtat affectés à lévaluation sélèvent à 6/10 000ème du montant des contrats de plan, cest-à-dire 50 millions de francs pour la période 1994-1999. Ces crédits sont délégués au préfet de région en fonction des demandes et après étude de chaque projet dévaluation ou du cahier des charges par lInstance nationale dévaluation.
On ne peut être que très surpris de la diminution brutale du montant total des crédits consacrés à lévaluation dans le projet de budget pour 1999.
Votre rapporteur propose donc que les crédits de vacation et de fonctionnement supprimés dans le cadre de ce projet de budget parce que mal évalués précédemment, soient reportés sur les crédits détudes pour lévaluation des contrats de plan Etat-régions.
EXAMEN EN COMMISSION
Lors de sa réunion du 21 octobre 1998, la commission a examiné, pour avis, sur le rapport de M. Patrick Ollier, les crédits des services du Premier ministre : IV. - Plan pour 1999.
Après lexposé du rapporteur, M. André Lajoinie, président, tout en indiquant quil partageait certaines positions du rapporteur pour avis sur le renforcement de la planification ou la meilleure utilisation des travaux du Commissariat général du Plan, a toutefois souligné quil ne pouvait souscrire à lensemble des critiques et orientations exprimées. Il sest en particulier interrogé sur lintérêt de rattacher le Conseil danalyse économique au Commissariat, rappelant que ce Conseil présentait lavantage de constituer une équipe pluraliste composée de représentants de toutes les écoles économiques et que ces deux structures étaient directement placées sous lautorité du Premier ministre.
M. Léonce Deprez, après avoir regretté que le Commissaire au plan ne soit pas présent pour dialoguer avec les députés, a insisté sur la nécessité de ne pas dissocier le Plan et laménagement du territoire, le Commissariat général et la DATAR devant appuyer laction du Premier ministre en exerçant respectivement une fonction prospective et une fonction horizontale et spatiale. Il a déploré la suppression du schéma national daménagement et de développement du territoire (SNADT), créé par la loi dorientation pour laménagement et le développement du territoire, sest félicité du maintien des schémas régionaux daménagement du territoire (SRADT), mais a estimé que labandon du SNADT risquait de conduire à une juxtaposition de schémas régionaux, sans grande cohérence, malgré la création de schémas de services collectifs dans le projet de loi dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire. Il a enfin jugé positif le maintien des contrats de pays et dagglomérations en indiquant quils constitueront le volet territorial des futurs contrats de plan Etat-régions.
M. Pierre Micaux a stigmatisé labsence de volonté politique pour réduire le nombre des niveaux de décision existant dans notre pays, de la commune à lEtat, soulignant que cette situation était contraire à lintérêt général et notamment à la maîtrise des dépenses publiques. Sappuyant sur lexemple de la position exprimée récemment par lassemblée des présidents de conseils généraux (APCG) contre la création de pays, il a jugé que cette attitude allait à lencontre du respect de lAssemblée nationale qui seule vote la loi en dernier ressort, après avoir relevé que la loi dorientation pour laménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 comme le projet de loi qui tend à la modifier, retenaient cet élément de solidarité territoriale.
M. André Lajoinie, président, a fait observer que, si des simplifications et des clarifications de compétences étaient souhaitables, il ne lui semblait pas que lon puisse trancher le débat sur les échelons territoriaux de décision, chacun ayant un rôle à remplir.
En réponse aux intervenants, M. Patrick Ollier, rapporteur pour avis, a estimé quil y avait unanimité des participants pour considérer que le Commissariat général du Plan ne fonctionnait pas correctement mais quil ne fallait pas que cela conduise certains à poser la question de son existence même. Il a considéré que si le Gouvernement souhaite que les politiques publiques soient suivies deffet et correctement évaluées, il convient de faire fonctionner cette institution et lui donner les crédits nécessaires. Il a rappelé son attachement au pays, à condition quil ne devienne pas une collectivité territoriale supplémentaire. Il a exprimé sa crainte que la suppression du schéma national daménagement du territoire (SNADT) et le maintien des seuls schémas régionaux daménagement du territoire (SRADT) ne permette plus de rétablir les équilibres entre régions et que lon assiste à un appauvrissement des régions pauvres et à un enrichissement des régions riches.
En conclusion, il a souhaité que les commissaires rejoignent sa position et décident de repousser les crédits du Plan.
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Contrairement aux conclusions du rapporteur pour avis , la commission a ensuite donné un avis favorable à ladoption des crédits des services du Premier ministre : IV. Plan pour 1999.
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