COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

COMPTE RENDU N° 19

(Application de l'article 46 du Règlement)

Mercredi 4 décembre 2002
(Séance de 11 heures 15)

Présidence de M. Edouard Balladur, Président

SOMMAIRE

 

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- Audition de Mme Leïla Shahid, Déléguée générale de la Palestine en France


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Audition de Mme Leïla Shahid, Déléguée générale de la Palestine en France

Le Président Edouard Balladur a remercié Mme Leila Shahid d'avoir accepté d'être auditionnée par la Commission. Il a rappelé qu'elle y avait été reçue assez fréquemment sous des présidences différentes. Il a déclaré que la Commission était impatiente de l'entendre.

Mme Leila Shahid s'est déclarée à la fois honorée mais attristée de devoir venir si régulièrement devant la Commission des Affaires étrangères ce qui prouve que la situation s'aggrave au niveau national comme international.

Evoquant la situation au plan national, elle a dénoncé la colonisation utilisée comme un instrument principal qui empêche toute évolution et notamment paralyse la création d'un Etat palestinien pour des dizaines d'années. La colonisation est de surcroît un processus suicidaire au plan politique car elle conduit inévitablement les Israéliens à affronter les populations palestiniennes et elle atteint tous les éléments viables des territoires palestiniens confisquant les zones riches en eau. La colonisation poursuit son étalement que même les Américains contestent et surveillent. Il y a d'ailleurs eu récemment un appel d'offres du ministère israélien du logement pour d'autres constructions dans les colonies.

Elle a stigmatisé la construction par les Israéliens d'un mur de 360 Km de long du Nord au Sud de la Cisjordanie, traversant Jérusalem. Dans sa première tranche de 110 Km en Cisjordanie ce mur annexera 400 Km² de Territoires palestiniens ou 7 % de la superficie de la Cisjordanie, sur lesquelles vivent 320 000 Palestiniens, dont la survie économique sera remise en cause. Les Palestiniens seront enfermés dans une grande prison. Ce mur, plus long et plus haut que celui de Berlin n'empêchera, pour autant, ni les attentats kamikaze, ni le pourrissement de la situation et l'intensification de la violence.

Elle a cité le cas du village de Falamya dans lequel un projet pilote financé par la France à la hauteur de 5 Millions de Francs était menacé malgré l'intervention du Consul général de France auprès des autorités israéliennes. Le mur partagera ce village en deux comme d'autres villages et il le privera des sources d'eau. La France a contribué à y financer des creusements de puits et a participé à la mise en place des productions employant des femmes, ce qui a constitué une quasi révolution sociale. Elle a dénoncé l'aspect très dangereux de cette colonisation tous azimuts en faisant valoir que lorsque les Israéliens coulent du ciment autour des colonies, ils croient créer un fait irréversible qui alimente en fait la violence.

Mme Leila Shahid a dénoncé la destruction de l'Autorité palestinienne. Après l'arrivée du Président Yasser Arafat en 1994, des structures avaient été construites avec l'aide de l'Union européenne. Des élections législatives ont permis la mise en place du Conseil législatif au fonctionnement duquel la France avait apporté son aide. Elle a indiqué que tout ce qui avait été construit par l'Autorité palestinienne : les infrastructures politiques et industrielles, les postes de police, les municipalités avaient été détruits ainsi que toutes les infrastructures de l'Autorité palestinienne permettant de lutter contre le terrorisme. Les pertes se chiffrent à 8 milliards de dollars.

Comment, par conséquent, cette Autorité peut-elle lutter contre le terrorisme comme l'exigent les Israéliens alors qu'elle n'a plus de moyens pour le faire. La lutte au seul niveau sécuritaire est insuffisante, les solutions politiques sont plus efficaces. Ce qui nourrit les actions terroristes qu'elle a définies comme des actions menées en territoire israélien contre des civils israéliens, c'est la situation actuelle. Les actions terroristes sont le résultat mais non la cause du conflit contrairement à ce qu'en dit la presse.

Mme Leila Shahid a fait valoir que c'est la stratégie d'Ariel Sharon d'assassinats extra judiciaires qui a provoqué les attentats kamikaze au lieu de les combattre. A cet égard, elle a cité deux cas particuliers. Lorsque Yasser Arafat a appelé, le 16 décembre dernier, à un cessez-le-feu unilatéral, le calme est revenu pendant 24 jours jusqu'à ce que Ariel Sharon fasse assassiner le dirigeant des brigades des martyrs d'Al Aqsa de Djenine. Ses camarades se sont vengés en tuant 16 Israéliens. De même, lorsqu'en juillet dernier le Fatah s'efforçait de convaincre le Hamas de cesser les attentats, Cheik Yacine était sur le point d'accepter de suspendre ses actions lorsque l'armée israélienne a largué une bombe d'une tonne sur Gaza. Le Hamas a riposté par un attentat en Israël.

Sur le terrain, il n'y a plus de possibilité de créer un territoire palestinien harmonieux sur le plan géographique en raison de la colonisation autour de Jérusalem et du projet de construction d'un chemin de fer. Le Territoire palestinien se trouve séparé en deux morceaux, des statistiques émanant de l'organisation Betselem démontrent qu'une colonisation de 1,7 % du territoire en neutralise 42 %.

Le Président Edouard Balladur s'est enquis des bases de ce calcul.

Mme Leila Shahid a expliqué que 1,7 % du territoire représentait la colonie proprement dite, autour de la colonie il y a les barbelés, des camps militaires, des routes de contournement, pour éviter que les Israéliens ne passent par les villages palestiniens. Ce réseau de routes réservé aux seuls Israéliens civils et militaires charcute le territoire palestinien, créant une sorte d'apartheid qui choque les observateurs et délégations étrangères.

La situation économique est par ailleurs catastrophique : dans certaines régions, 80 % de la population palestinienne est au chômage et l'économie est totalement détruite. Le couvre-feu systématique avec levée d'une heure ou deux par jour ne permet pas à ceux qui ont un travail d'y accéder. C'est le cas à Naplouse. Cette situation économique désastreuse a des conséquences sur les problèmes de sécurité. La misère pousse à des actions kamikaze, ce qui est tragique. Les Palestiniens avaient accepté les accords d'Oslo comme étant un processus améliorant leur vie quotidienne car il instaurait une relation entre le politique et l'économique. Sur ce plan, c'est un échec total.

Mme Leila Shahid a déclaré ne pas comprendre où voulait en venir Ariel Sharon en détruisant l'Autorité palestinienne, seule force politique qui avait reconnu l'Etat d'Israël et qui avait poussé sa reconnaissance par les pays Arabes, certains d'entre eux ayant normalisé leur relation avec Israël pendant le processus de paix. Elle s'est demandé si, au fond, Ariel Sharon ne cherchait pas à traiter avec le Hamas ou le Djihad islamique. L'offre politique palestinienne est limitée, d'un coté il y a les laïcs de l'Autorité palestinienne ; de l'autre, les islamistes. En détruisant la première force, Sharon favorise mécaniquement la deuxième.

Quant à la situation internationale, Mme Leila Shahid a qualifié de très graves les attentats de Mombasa. Evoquant la réunion qui avait eu lieu à l'Assemblée nationale après le 11 septembre, au cours de laquelle tous les groupes politiques s'étaient exprimés, elle a déclaré partager la vision alors présentée par le Président Balladur sur la nécessité de combattre prioritairement les foyers alimentant la violence mondiale, notamment le conflit du Proche-Orient. Plusieurs groupes se sont exprimés dans le même sens mais rien n'a été mis en œuvre par la communauté internationale.

Depuis le 11 septembre Ben Laden s'est emparé du sujet, et se fait le défenseur des droits des Palestiniens, ce qui est très inquiétant. Elle a jugé habile de sa part d'évoquer un sujet qui touche profondément le cœur du monde musulman en raison de l'absence de justice et de droit. Cette exportation du conflit est due au vide que la communauté internationale a laissé s'installer en acceptant l'échec du processus de paix et ne s'occupant plus que de l'Irak ou de la Corée du Nord. Or l'entrée en jeu des réseaux Ben Laden au Proche-Orient constitue un signe qui inquiète beaucoup les Palestiniens et qui accroît la gravité de la situation actuelle.

Alors que la date avait été fixée au 20 décembre 2002, Mme Leila Shahid a regretté l'annonce par les Américains du délai accordé à Israël pour accepter la feuille de route du Quartette qui prévoit la mise en place d'un projet par étapes mettant en œuvre des accords signés par les deux parties et la création d'un Etat palestinien. Le fait d'attendre les élections israéliennes du 28 janvier et la constitution du nouveau gouvernement israélien 40 jours plus tard c'est-à-dire en mars crée un vide total pendant cette période. Ce vide peut faire le jeu des plus extrémistes, ce qui peut avoir des effets désastreux en Europe, dans toutes les communautés car le conflit israélo-arabe concerne beaucoup de gens. Ainsi, en Belgique elle a pu mesurer certains effets dévastateurs. Mme Leïla Shahid a conclu en réaffirmant que la communauté internationale constituait le dernier recours, même si elle semble actuellement plus soucieuse d'une éventuelle guerre en Irak que de la situation au Proche-Orient.

M. Roland Blum a dit partager le pessimisme de Mme Leïla Shahid, d'autant que les paradoxes sont nombreux, tant côté israélien que palestinien, comme par exemple le refus par le Président Yasser Arafat des propositions faites par M. Ehud Barak à Camp David en juillet 2000, sur lequel il a souhaité avoir des précisions.

M. Jacques Myard a constaté la montée de l'amalgame entre intégrisme, terrorisme et Proche-Orient. Il a demandé à Mme Leïla Shahid si, dans leurs contacts avec les Américains, les Palestiniens ressentaient la montée en puissance de cette situation d'impasse. Il a demandé comment contrôler le phénomène des kamikazes qui est nouveau dans la tradition palestinienne et islamique et a souhaité connaître le profil type de ces extrémistes.

M. François Loncle a rappelé que lors d'une mission dans la région au début de l'année, il avait pu constater la stratégie de destruction subie par l'Autorité palestinienne. Il s'est étonné de la passivité des pays arabes face à l'aggravation de la situation, en dépit des tentatives du Prince héritier saoudien Abdallah. Il a demandé quel était l'état d'esprit du Président Arafat à l'égard de sa succession.

Mme Leïla Shahid a estimé que la « générosité » israélienne à Camp David était une fiction défendue par la délégation israélienne et soutenue par le Président Clinton, afin d'aider M. Ehud Barak à gagner les élections. La réalité impose de dire que Camp David a été précédé par des mois de négociations au cours desquelles on ne pouvait que constater l'énorme écart entre les positions exprimées de part et d'autre et qu'il serait très difficile de réduire pour parvenir à un accord acceptable. Dans ces conditions, le Président Yasser Arafat ne souhaitait pas un sommet qu'il trouvait prématuré mais que le Président Clinton souhaitait absolument.

En fait, tant la délégation israélienne que palestinienne étaient représentatives de leurs opinions publiques et devaient tenir compte des limites qu'elles ne pouvaient pas dépasser concernant des points sensibles comme Jérusalem, les colonies, etc. Dans ce contexte, le Président Clinton a mené une stratégie du « tout ou rien » qui a fait passer le sommet de Camp David pour un échec total offrant ainsi une alternative naturelle pour les Israéliens d'Ariel Sharon. Sur toutes ces questions, Mme Leïla Shahid a conseillé la lecture du livre du journaliste franco-israélien Charles Enderlin, Le rêve brisé.

En ce qui concerne l'influence des Etats-Unis, Mme Leïla Shahid a considéré qu'elle était devenue hégémonique depuis le 11 septembre, et que l'on n'entendait pas assez la voix européenne. La construction européenne, qui est un exemple pour le Proche-Orient, a toutefois connu des succès dans le domaine économique et monétaire, mais il faut aujourd'hui une vision politique européenne.

Mme Leïla Shahid a rappelé que les débats intérieurs aux Etats-Unis étaient très importants. En dépit de la violence verbale, les dirigeants palestiniens sont toujours reçus, que ce soit à la Maison Blanche ou au Département d'Etat, car il n'y a pas de vision unique de la situation. D'un côté, il y a un courant « va-t-en-guerre » mené paradoxalement par les civils du Pentagone qui veulent redessiner l'ensemble du Moyen-Orient à la lumière des événements du 11 septembre. De l'autre, la position défendue par M. Colin Powell a semblé dans un premier temps totalement mise en échec avant de regagner en influence, notamment grâce à la diplomatie intelligente de la France, soutenue par la Russie et la Chine. Toute la question est de savoir quelle tendance va l'emporter sur la question irakienne, car une guerre en Irak serait très déstabilisatrice pour de nombreux pays de la région comme l'Egypte ou l'Arabie Saoudite.

Elle a fait observer que l'apparition des kamikazes était la conséquence de l'échec de toutes les autres options, ce qui explique le retour de la violence à laquelle les Palestiniens avaient renoncé à Oslo. Les attentats suicides sont une catastrophe pour les Israéliens comme pour les Palestiniens, mais ils s'expliquent par le sentiment croissant que Yasser Arafat ne serait plus en mesure d'assurer une protection aux Palestiniens et que seul un « équilibre de la terreur » serait efficace face au gouvernement israélien. Malheureusement, face à la violence que les Palestiniens subissent dans leur vie quotidienne et au ressentiment croissant dans les cœurs, la rage s'exprime. Il faut noter d'ailleurs que les kamikazes ne sont plus simplement des islamistes.

Mme Leïla Shahid a jugé qu'il n'y avait pas de solution sécuritaire à ce problème. Le seul moment où la lutte contre les kamikazes a été efficace remonte au gouvernement Rabin qui traitait l'Autorité palestinienne comme un partenaire de paix et pas comme son ennemi à abattre. Celle-ci savait que pour avoir un Etat il fallait empêcher les attentats suicides. Aujourd'hui les Palestiniens n'ont plus d'horizon et beaucoup considèrent comme traîtres ceux qui veulent empêcher les kamikazes d'agir. De toute façon, sur le plan technique l'Autorité palestinienne ne peut plus agir sur eux, sa police a été quasiment démantelée : hier encore, les Israéliens ont fermé sept centres de coordination avec la police palestinienne. Pour autant, il y a dans la société palestinienne un vrai débat sur les attentats suicides contre lesquels se prononcent 70 % des Palestiniens. La seule réponse possible passe par des solutions politiques et économiques.

Sur la réaction du monde arabe, Mme Leïla Shahid a admis qu'elle avait été décevante. Cependant, le plan du Prince Abdallah a été très courageux et il a été choquant que le Président Bush ne mentionne même pas dans son discours du mois de juin cette initiative, alors qu'elle avait été reprise par l'ensemble de la ligue arabe. Les pays arabes ont alors ressenti un profond désarroi et ont eu l'impression de ne pas exister aux yeux des Etats-Unis.

En ce qui concerne l'état d'esprit du Président Arafat, celui-ci a montré beaucoup de courage, même s'il a pu commettre des erreurs de gestion. Il est actuellement quasiment assiégé par l'armée israélienne mais il continue à vouloir des élections, qui ne sont pas possibles tant que l'armée israélienne continue d'occuper les villes palestiniennes, afin de se représenter devant les électeurs. Mais il ne démissionnera pas, ce n'est pas son genre, et cela signifierait donner le pouvoir au Hamas, car il n'y a pas de troisième voie. Si le destin voulait que le Président Arafat disparaisse prématurément, ce serait dangereux pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens, qui sont dans une situation de grande insécurité. En effet, le sort des deux sociétés, qui partagent le même désarroi profond, est intimement lié.

M. Eric Raoult a félicité Mme Leïla Shahid pour la qualité de sa communication. Il a regretté que Yasser Arafat, qui, comme Nelson Mandela, a été un emblème pour la jeunesse française, soit à présent lié à des attentats visant des innocents, en particulier des enfants, des jeunes et parfois même de jeunes Français comme ceux qui ont trouvé la mort dans les attentats du kibboutz Metzner ou à Hébron. Il a appelé l'Autorité palestinienne à faire cesser ce terrorisme pour garder sa crédibilité et ne pas marquer pour longtemps la jeunesse palestinienne elle-même, qui risque de perpétuer ce comportement à l'avenir.

M. Jean-Claude Lefort a demandé comment sont considérés par les responsables de l'Autorité palestinienne les changements intervenus au sein du parti travailliste israélien. N'y a-t-il pas lieu d'encourager les Arabes israéliens à prendre davantage part au vote, considérant que seuls 3% d'entre eux y participent ?

Mme Leïla Shahid a dit qu'elle comprenait la déception de M. Eric Raoult, mais qu'il ne fallait pas trop centrer la question sur la personne de Yasser Arafat, qui, lors de son élection, a reçu le soutien de plus de 88% de la population qui approuvait la fin de la lutte militaire. Les Palestiniens s'appuyaient sur la perspective d'un accompagnement de la communauté internationale au processus de paix qui a fait défaut. Ils n'étaient pas libérés de l'occupation par les accords d'Oslo et on savait que seuls, on ne parviendrait pas à régler tous les problèmes.

La violence s'est accrue au fur à mesure que le processus d'Oslo a échoué. Elle est devenue le lot quotidien. Il ne faut pas faire de procès d'intention à Yasser Arafat qui se trouve sous la menace du Hamas. Le Hamas agit pour obtenir le pouvoir ; quand il mène des actions, il devient le héros d'une population palestinienne en colère. Le Président Arafat fait alors figure de naïf quand il demande l'arrêt des opérations contre les civils. Il semble déconnecté de la réalité, son discours en est affaibli et il subit la colère du peuple qui s'estime trompé et déçu et en vient à souhaiter la mort de civils israéliens par vengeance envers ses propres morts. Les rétorsions de l'armée envers les familles des auteurs d'attentats suscitent la haine et la violence dans la population. Les Israéliens dynamitent des maisons ; des familles entières sont à la rue. On paie sur place l'échec du processus de paix au Proche-Orient, mais c'est aussi le cas chez les partenaires.

S'agissant de l'importation de ce conflit en France, elle a rappelé qu'elle avait été la première à dénoncer devant la télévision française les actions contre les lieux de culte et les commerces juifs, comme étant des actions contre les Palestiniens, pour éviter tout amalgame. Malheureusement, ces amalgames se font dans les banlieues, quand le Président Bush évoque une croisade à mener et fait lui-même un amalgame entre Islam et terrorisme. Il est du devoir de chacun de défendre le droit et de lutter contre le communautarisme qui existe dans chacune des communautés. On ne sort du communautarisme qu'en faisant appliquer le droit, ce qui n'est pas le cas en Palestine.

Mme Leïla Shahid a fait valoir qu'il n'y avait plus de territoires autonomes, qui sont une fiction, datant d'Oslo. L'armée israélienne a réoccupé tous les Territoires palestiniens, à l'exception des 2 Km² de l'oasis de Jéricho. Parce que les Territoires sont occupés à 99%, aucune autorité ne peut s'y exercer ; même les policiers chargés du trafic routier ne peuvent porter leurs uniformes : l'armée israélienne tire sur eux, les croyant responsables de la sécurité. Il est impossible de gérer conjointement les territoires. Il faut que l'armée israélienne se retire, pour répondre aux demandes de réformes. Comment répondre à cette nécessité si, dans tous les domaines, un soldat décide à votre place ? L'Autorité n'a plus de crédibilité.

Elle s'est dite soulagée par le vote de la majorité des membres travaillistes pour le candidat dont le programme était courageux et clair. En effet, M. Mitzna a déclaré qu'il était favorable au retrait immédiat des territoires, pour le démantèlement des colonies et la négociation avec l'homme que les Palestiniens ont choisi pour négocier. Les Palestiniens souhaitent sa victoire, mais ce sont les Israéliens qui votent.

Elle a déclaré que les Arabes israéliens seraient encouragés à voter : c'est leur devoir de citoyens qui leur permet d'exister politiquement. Toutefois, ils ne sont pas tous unis, ils sont divisés en trois grandes familles politiques (laïcs, islamistes, communistes). L'Autorité palestinienne souhaite qu'ils réalisent qu'il faut que M. Mitzna ait le plus grand nombre de voix possible pour renforcer sa position au sein du parti travailliste israélien. On éviterait ainsi la tentation de certains travaillistes de reformer une grande coalition.

Par ailleurs, elle a estimé que les démarches qu'effectuera la communauté internationale avant les élections israéliennes du 28 janvier seraient très importantes.

Le Président Edouard Balladur, soulignant que Mme Leïla Shahid avait répondu aux questions que lui-même souhaitait poser, a apporté la conclusion suivante. A la question de savoir si l'Autorité palestinienne était en mesure d'imposer une trêve des attentats, Mme Shahid a répondu que ce n'était pas le cas, car Yasser Arafat n'avait rien à proposer au peuple palestinien, ce qui est une réponse pessimiste.

La question de la date des prochaines élections dans les Territoires palestiniens ne reçoit pas de réponse, car il est impossible d'envisager des élections dans le contexte d'une guerre en Irak.

Se référant au discours de M. Nissim Zvili, il a déduit des propos de ce dernier que l'effort devait venir des Palestiniens et inversement, il a déduit des propos de Mme Leila Shahid que l'effort doit venir d'abord d'Israël, ensuite des Etats-Unis, dont l'attitude a été comparée à celle du Prince Abdallah, dans la mesure où les uns comme l'autre auraient fait de grandes concessions. Dans ces conditions, il s'est montré perplexe quant à ce qui pouvait être proposé. Il a souhaité une évolution des esprits, afin que les Israéliens et les Palestiniens puissent se convaincre que l'amélioration de la situation et la sortie de la crise dépendent aussi d'eux-mêmes. Il a estimé indispensable que chacun fasse quelque peu évoluer son attitude si l'on veut voir s'ouvrir des perspectives d'un accord de paix.

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