COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

COMPTE RENDU N° 51

(Application de l'article 46 du Règlement)

Mardi 8 juin 2004
(Séance de 16 heures 30)

Présidence de M. Edouard Balladur, Président

SOMMAIRE

 

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- Audition de M. Jean-Pierre Guinhut, Ambassadeur de France à Kaboul, sur la situation en     Afghanistan



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Audition de M. Jean-Pierre Guinhut, Ambassadeur de France à Kaboul

Accueillant M. Jean-Pierre Guinhut, Ambassadeur de France à Kaboul, le Président Edouard Balladur a souhaité qu'un point précis sur la situation et l'avenir de l'Afghanistan soit présenté à la Commission des Affaires étrangères. Il en a souligné d'emblée le caractère préoccupant, actions terroristes et actes de violence se poursuivant dans ce pays sur lequel la focalisation médiatique avait cessé, au profit de l'Irak.

Il a ensuite évoqué la nouvelle constitution adoptée au début du mois de janvier 2004, faisant de l'Afghanistan « une république islamique », qui serait tempérée par le respect des droits de l'Homme et la promotion des femmes. A cet égard, il s'est interrogé sur la situation des femmes dans ce pays, de même qu'il a exprimé un certain scepticisme quant à la capacité du gouvernement dirigé par le Président Hamed Karzaï de faire prévaloir ces droits, dans une situation où continuait de sévir le terrorisme et où les ethnies - pachtounes, ouzbeks, tadjiks - et les seigneurs de la guerre ne cessaient de s'affronter.

Il a ajouté que le développement de la culture du pavot à opium restait source de grave préoccupation et n'était certainement pas de nature à favoriser l'instauration de l'Etat de droit. Il s'est demandé en quoi l'aide spécifique complémentaire demandée par le Président Karzaï, afin de lutter contre le trafic de drogue et la culture du pavot, permettrait d'atteindre cet objectif.

Puis, il s'est interrogé sur la possibilité d'un développement équilibré de l'Afghanistan grâce aux contributions internationales, qui devraient représenter 8,2 milliards de dollars pour la période allant de mars 2004 à mars 2007.

Enfin, il a souhaité connaître le rôle exact de la France, tant en matière culturelle et commerciale qu'économique et militaire, ainsi que la place de notre pays dans le dispositif international en Afghanistan.

Après avoir rappelé que sa présence en Afghanistan remontait au début du processus de transition, dit « processus de Bonn », M. Jean-Pierre Guinhut, Ambassadeur de France à Kaboul, a estimé que les déterminants de la situation afghane dépassaient largement les limites territoriales de ce pays et qu'il fallait se référer à la situation internationale pour en comprendre les enjeux et les développements.

Il a jugé que la situation sur le terrain se caractérisait par deux éléments contrastés. En premier lieu, il a constaté que l'élan qui avait présidé au processus de Bonn n'était pas affaibli, l'implication de la communauté internationale étant, tout au contraire, de plus en plus active et toujours financièrement importante. A cet égard, il a rappelé que les engagements financiers de la communauté internationale, qui s'étaient élevés à environ 9 milliards de dollars de 2002 à 2004, avaient été renouvelés à hauteur de 8,2 milliards de dollars d'ici à 2007, lors de la conférence de Berlin. Il a souligné d'ailleurs que l'importance considérable de ces montants financiers pour un Etat en voie de développement n'allait pas sans susciter un certain étonnement chez les pays relevant de cette catégorie, d'autant plus que la visibilité de l'utilisation des fonds concernés n'apparaissait pas toujours clairement.

En second lieu, il a expliqué que la guerre n'en était pas pour autant terminée et que, tout au contraire, même en dépit de son caractère peu spectaculaire, elle nécessiterait sans doute un allongement de la présence militaire internationale en Afghanistan. Par ailleurs, il a estimé que l'Afghanistan se rapprochait d'un statut de « narco-Etat », les 4 à 5 000 tonnes d'opium produites en 2003, qui devraient être supérieures à 5 000 selon les prévisions pour 2004, fournissant une manne financière que ne pouvaient ignorer les différentes instances politiques au pouvoir.

M. Jean-Pierre Guinhut a jugé que ces chiffres inquiétants justifiaient la poursuite de l'action internationale, d'autant que la présence militaire internationale continuait de représenter l'une des meilleures garanties de la relative stabilité de l'Afghanistan. Il s'est réjoui, à cet égard, de l'action de l'OTAN, qui participait largement à l'amélioration de la situation en Afghanistan, notamment de la sécurité globale du pays, ce dont témoignaient la multiplication des commerces et la restauration des bâtiments détruits. Au vu de ces éléments, il a estimé que le bilan de la transition afghane n'avait rien de décevant.

S'agissant des relations bilatérales entre la France et l'Afghanistan, dont il a rappelé l'ancienneté, il s'est réjoui de ce que la France bénéficie d'une excellente image auprès de la population afghane, quelles que soient la région et l'ethnie considérées. Il a ensuite présenté les différentes facettes de la présence française, très diverse.

En premier lieu, la présence militaire française, constante depuis deux ans, se traduit par la présence de 550 à 600 hommes au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) à Kaboul, dont la mission réside dans la sécurisation des quartiers nord de la ville ainsi que de l'aéroport et de ses abords. Rappelant l'excellent bilan de l'action des forces françaises, et notamment l'absence de tout incident dans leur zone d'intervention, il a salué la très grande compétence et le professionnalisme des soldats français. Qui plus est, depuis le sommet d'Evian, la France dispose de troupes au sol en Afghanistan, soit 150 à 200 militaires issus des troupes spéciales, qui donnent particulièrement satisfaction, Américains et Afghans ayant même souhaité l'augmentation du contingent. Enfin, conformément à l'initiative du Président de la République, la France assure des actions de formation d'officiers afghans, qui produisent de remarquables résultats.

En deuxième lieu, c'est également en matière politique que s'affirme la présence française. M. Jean-Pierre Guinhut a souligné à cet égard la constance de la position française, toujours marquée par la mobilisation de l'après 11 septembre. En témoigne notamment le rythme moyen de cinq visites ministérielles par an.

En dernier lieu, l'action de la France en Afghanistan prend la forme d'une participation directe et active à la reconstruction dans trois domaines : l'éducation, conformément à une longue tradition française dans ce pays, le développement agricole et la santé. L'Ambassadeur de France en Afghanistan a ajouté qu'un quatrième domaine de coopération se mettait actuellement en place, en matière de réforme administrative et de préparation de l'Afghanistan à la vie politique.

En conclusion de cette analyse des rapports bilatéraux entre la France et l'Afghanistan, M. Jean-Pierre Guinhut a fait valoir que, si le bilan de la France dans ce pays était très positif, il n'en restait pas moins modeste, notre pays figurant parmi les plus petits donateurs occidentaux. Il a expliqué que les Afghans souhaitaient vivement un accroissement de l'engagement français et jugé que cela nécessiterait, le cas échéant, une évaluation de l'action de la France ainsi qu'une adaptation des modalités de son intervention au défi que représentait aujourd'hui le risque d'interconnexion entre le commerce de la drogue et le terrorisme international.

M. Pierre Lellouche a tout d'abord rendu hommage au travail réalisé en Afghanistan dans des conditions difficiles par la communauté internationale, et plus particulièrement au professionnalisme diplomatique et consulaire de la France dont un contingent militaire était le seul à patrouiller à pieds dans les rues de Kaboul, faisant l'admiration de la FIAS.

Si des progrès ont été accomplis depuis la conférence de Bonn, différents problèmes vont se poser avec l'organisation des élections législatives prévues le 25 septembre 2004. Etant donné que l'autorité du Président Hamed Karzaï ne s'affirme pas à l'extérieur de Kaboul, on peut se demander dans quelle mesure 6 000 hommes, dont 2 000 combattants seulement, pourront suffire pour rétablir l'Etat en Afghanistan. Par ailleurs les chefs de guerre sont toujours en place et sont susceptibles d'accéder au parlement qui sera élu en septembre prochain. Dans ces conditions, faudra-t-il traiter avec ceux-ci, et lesquels ? Qu'adviendra-t-il de l'autorité du gouvernement d'Hamed Karzaï ? En outre, ces chefs de guerre opèrent également dans le trafic de drogue. La crainte est donc forte que ces élections ne donnent naissance à un Etat narco-islamique.

Enfin, on a le sentiment d'être à un tournant de l'histoire dans ce pays. Etant donné le très faible niveau d'engagement de la communauté internationale ces deux dernières années, on risque de tout perdre si un effort supplémentaire n'est pas accompli, et si un contingent supplémentaire n'est pas envoyé pour garantir la tenue des élections.

M. Jacques Myard a également estimé que si la présence actuelle de la communauté internationale en Afghanistan avait des raisons légitimes, elle avait cependant pour effet de créer un embryon d'Etat sans lendemain si la force internationale se retirait. Il apparaît donc que le travail effectué n'a pas prise sur la réalité et la sociologie afghanes et l'on est en droit de s'interroger sur la vanité d'une telle intervention.

M. Jean-Pierre Guinhut a fait valoir que ces efforts pouvaient sembler vains mais que l'on pouvait aussi considérer cette intervention et les conditions de sa réalisation comme un défi à relever. Il s'est dit certain de la réussite du processus engagé, tout en précisant qu'il fallait se demander si tout était fait pour cela, ce qui était moins sûr. Compte tenu des enjeux actuels et des événements qui sont intervenus sur la scène internationale à la suite de l'intervention en Afghanistan, la communauté internationale est condamnée à continuer eu égard à la situation actuelle de faible stabilité. Cela ne veut cependant pas dire que la France doive continuer à maintenir des troupes indéfiniment dans ce pays. Elle peut envisager de prendre du champ puis de revenir, comme l'ont fait la Grande-Bretagne ou la Turquie.

S'agissant de la présence consolidée à Kaboul de la force internationale par rapport à la périphérie, il convient de tenir compte de différents paramètres. L'avenir du processus se joue d'abord à Kaboul. La communauté internationale a donc commencé par l'essentiel, ayant conscience que vouloir maîtriser ce pays était vain. Ensuite, la situation est très différente par rapport à l'Irak dans la mesure où les Afghans, pour la première fois de leur histoire, souhaitent voir perdurer la présence étrangère. C'est grâce à la mobilisation internationale financière, politique et militaire mise en œuvre depuis deux ans qu'ils sont aujourd'hui en mesure d'envisager des élections.

Enfin, sans présence étrangère, un retour aux errements du passé est probable car les Afghans ne sont pas en mesure de dire ce qu'ils veulent et de l'imposer. A cet égard, on peut sans doute incriminer certains voisins et le terrorisme international. Il est certain que les changements intervenus récemment au Pakistan, engagé dans la lutte contre le terrorisme international, ont contribué à transférer un certain nombre d'indésirables en Afghanistan. Les récents assassinats d'Occidentaux et autres attaques de convois de la FIAS constituent ainsi de sérieux avertissements et prouvent que l'ennemi est là. Mais, si les Occidentaux sont déterminés, l'ennemi ne peut finalement que donner des coups d'épingle.

Quant aux seigneurs de guerre, il faut relativiser le risque réel qu'ils représentent. Tout d'abord il est difficile de les distinguer. S'il est certain que la notoriété de certains a été acquise par des faits de guerre, d'innombrables petites et grandes compagnies s'adonnent au pillage et au rançonnement. Le terrorisme international et la drogue sont une équation beaucoup plus dangereuse, qui justifie à elle seule la présence de la communauté internationale. Il est illusoire et malvenu de vouloir déployer la force internationale à l'extérieur de Kaboul sans contingents supplémentaires car on découvrirait ainsi la capitale. La situation des autres grandes villes n'est en effet pas plus grave. Même si les élections se tiennent en septembre, il est d'ores et déjà trop tard pour étendre l'autorité du gouvernement d'Hamed Karzaï, en raison de l'absence d'administration. Celle-ci n'a pas les moyens nécessaires pour déployer ses activités à l'extérieur de Kaboul. Le gouvernement actuel a sans doute commis une erreur de lecture de la situation réelle qui tient au fait qu'il connaît mal le pays, la plupart de ses membres ayant passé plusieurs années à l'étranger. Il a sous-estimé la capacité d'autonomie des grandes provinces et surestimé sa capacité à les gérer. Un modus vivendi pourrait néanmoins être trouvé si les provinces étaient associées à l'Etat central. Les Etats-Unis ont d'ailleurs proposé une formule souple et pratique qui consistait à créer des équipes pour faire le lien entre l'autorité centrale et les autorités provinciales, à les associer en matière de sécurité, pour quadriller le pays et relayer ainsi l'autorité centrale. Cette initiative est remarquable mais pour l'instant la France ne s'y est pas associée.

Le Président Edouard Balladur a demandé combien de temps la France devait conserver une présence militaire en Afghanistan. Par ailleurs, si les chefs de guerre sont élus au parlement, comment le futur exécutif pourra-t-il gouverner le pays ?

M. Jean-Pierrre Guinhut a répondu que les forces françaises étaient présentes en accompagnement du processus de transition qui devait s'achever à la fin 2004. La France n'a pas d'engagement au-delà, mais elle sera très sollicitée pour prolonger sa présence. Quant à ses activités de coopération, elles sont utiles et appréciées et elles devront en tout état de cause se poursuivre.

En ce qui concerne les élections, il est très probable que les grandes personnalités provinciales, parmi lesquelles figurent les seigneurs de guerre et des personnes liées au trafic de la drogue, soient élues au parlement. Les électeurs ne les désigneront pas forcément en connaissance de cause, mais, faute de capacité de discernement suffisante, ils éliront vraisemblablement ceux qui ont le plus d'influence. Pour cette raison, il apparaît indispensable de répandre dans le pays la certitude que la culture du pavot et la fabrication de la drogue présentent un caractère criminel.

M. François Guillaume s'est interrogé sur le rôle que pouvait jouer la France en Afghanistan en matière de coopération agricole, alors même que la sécurité ne régnait pas dans les zones rurales et que la production de drogue y prospérait. Il a par ailleurs souligné les difficultés auxquelles certains experts afghans étaient confrontés pour rentrer au pays et y exercer leur activité.

M. François Loncle a fait observer que ni la communauté internationale, ni les autorités afghanes n'avaient élaboré de véritable plan pour éradiquer la production de la drogue. Il a demandé si l'abandon du terrain afghan par les Etats-Unis en raison de leur intervention en Irak n'avait pas constitué une erreur stratégique, très largement à l'origine de la situation actuelle. Il s'est par ailleurs enquis de la situation des deux lycées français de Kaboul.

M. Richard Cazenave a souligné que la nouvelle constitution afghane prévoyait la possibilité pour le parlement de révoquer les ministres. Dans ces conditions, le parlement ne risque-t-il pas d'empêcher l'exécutif de fonctionner ? Ne risque-t-on pas d'aboutir à une situation de paralysie institutionnelle ?

M. Jean-Claude Guibal a souhaité savoir quel rôle géopolitique devait jouer l'Afghanistan dans le cadre du plan américain du Grand Moyen Orient.

M. Jean-Pierre Guinhut a déploré l'erreur stratégique des Etats-Unis en Irak, tout en reconnaissant qu'en Afghanistan les Etats-Unis s'étaient engagés très progressivement et n'avaient commis aucune erreur, ayant su prendre la mesure de leurs erreurs passées.

Au printemps 2002, les Etats-Unis ont engagé la lutte du pays contre le terrorisme sur le territoire afghan en laissant à leurs alliés le soin de la reconstruction. Toutefois, dès qu'il s'est agi de former l'armée afghane, les Etats-Unis ont accepté de mettre en place une coopération avec la France afin de s'atteler à cette tâche. De même, ils ont procédé à des opérations de reconstruction de l'Etat. Il a estimé que dès lors qu'ils avaient décidé de faire la guerre en Irak, les Etats-Unis n'avaient plus les moyens de s'engager plus avant en Afghanistan.

Selon M. Jean-Pierre Guinhut, il n'y a pas de culture de substitution à une industrie aussi lucrative que la culture du pavot. Dans certains endroits, les paysans n'ont même pas récolté le blé planté et chacun, même ceux qui n'en n'avaient pas l'habitude, s'est mis à cultiver du pavot. Il a expliqué que l'on ne pouvait lutter contre cette production sans méthode coercitive à condition d'accompagner ces mesures par une coopération agricole cohérente et des règles de conditionnalité. Or les Etats-Unis ont hésité à le faire alors que les Anglais voulaient s'engager dans cette voie. Il a rappelé qu'avant la première réunion du processus de suivi de Tokyo, le Président Karzaï avait organisé une opération de police contre un des vingt principaux laboratoires, mais cette opération avait fait 28 morts dont 3 policiers. De même, les Anglais ont saisi une tonne d'héroïne dans la région du Badakhchan, saisie qui avait été suivie d'un bombardement américain du site du laboratoire, ce qui avait provoqué une guerre civile dans la région. Cependant, sur 20 laboratoires producteurs de drogue, il en reste 19 ; le centre de vente de la production est Djallalabad. Une récolte de pavot vendue 185 dollars avant l'arrivée à Djallalabad en vaut 400 dans cette ville et 6 millions à Islamabad. Les profits sont donc gigantesques.

A cet égard, il a fait observer qu'à son arrivée au pouvoir, le Président Musharaf avait mis un terme à la corruption liée au trafic de la drogue au Pakistan. Selon lui, le Président Karzaï est sincère quand il dit vouloir lutter contre le développement de la culture du pavot, une loi a d'ailleurs été votée pour la réprimer. Cependant, il est nécessaire de prendre des mesures au niveau local et d'avoir recours à une coercition internationale pour y mettre fin. Une grande partie de la classe politique afghane est convaincue que le développement de la culture du pavot ne peut continuer indéfiniment et que seule la contrainte internationale pourra l'éradiquer. La Conférence sur les routes de la drogue a démontré que pour arriver à lutter efficacement contre ce trafic, il convient de trouver des synergies entre pays producteurs, de transit et de consommation afin qu'il n'y ait plus aucun sanctuaire - d'autant que la plupart des pays producteurs et de transit sont également consommateurs.

Il a reconnu que, mis à part l'Iran, la plupart des pays de la région ne luttaient pas de manière efficace contre le trafic de drogue qui restera après la tenue des élections le problème numéro un de l'Afghanistan, ce qui obligera à modifier complètement les orientations de la communauté internationale. Il a suggéré d'aider massivement les régions où l'on ne cultivait pas le pavot et d'essayer de comprendre pourquoi celles-ci échappaient à ce fléau, notamment dans l'Ouest et le Nord-Est de l'Afghanistan. Il a fait observer que la drogue enrichissait plus la périphérie de l'Afghanistan que les Afghans eux-mêmes. Ainsi, il a constaté dans la province de Ghor, sur la route menant à Herat, une profonde misère malgré la culture massive du pavot, la population ne touchait donc pas les dividendes de cette activité et ne disposait même pas de nourriture en quantité suffisante.

Le Président Edouard Balladur a remercié M. Jean-Pierre Guinhut de son intervention dont il a retenu trois points principaux : la nécessité d'une présence internationale durable en Afghanistan, le besoin d'utiliser parfois la contrainte et l'importance d'une présence de la France, même si celle-ci ne devait pas forcément toujours être militaire.

Il a par ailleurs estimé que le principal problème qui se posait à la communauté internationale dans cette région était sa présence simultanée en Irak et en Afghanistan, deux pays qui par ailleurs encadraient l'Iran, ce qui rendait la situation encore plus complexe. Dans ces conditions, faudra-t-il faire des choix, définir des priorités ? Les questions en suspens sont telles qu'elles rendent largement hypothétiques les espoirs américains de transformation du Grand Moyen-Orient.

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