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Assemblée nationale
XIIIe législature
Compte rendu
intégral

Séance du samedi 5 juin 2010

SOMMAIRE ÉLECTRONIQUE

SOMMAIRE


Présidence de M. Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale

1. Ouverture de la seizième session du Parlement des enfants

2. Discours de M. Le président de l’Assemblée nationale

M. le président

3. Discours de M. Le ministre de l’éducation nationale

M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale

4. Message d'une élève de Russie

Nika Zaroubina

M. le président

5. Questions à M. Le président de l'Assemblée nationale et à M. Le ministre de l'éducation nationale

Rayhana Zegabar

M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, Louise Mira, M. le président, Félix Carrot, M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, Ilona Aurousseau, M. le président, Margot Knopf, M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, Jayne Caselina, M. le président

6. Présentation des trois propositions de loi sélectionnées

Titouan Bouygues

Marie Vasseur

Sarah Lucie Lauret

7. Vote sur les trois propositions de loi

8. Remise des trois premiers prix

9. Clôture de la session

Présidence de M. Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale

(La séance est ouverte à quatorze heures trente.)

Ouverture de la seizième session du Parlement des enfants

M. le président. Chers délégués juniors, monsieur le ministre, mes chers collègues, mesdames, messieurs, je déclare ouverte la seizième session du Parlement des enfants. (Vifs applaudissements.)

2

Discours de M. Le président de l’Assemblée nationale

M. le président.

M. le président. Depuis ce matin, chacun a pu s’en rendre compte, c’est une ambiance toute particulière qui règne au Palais-Bourbon. Venus des 577 circonscriptions de France métropolitaine et d’outre-mer, vous avez pris, chers délégués juniors, possession des lieux. Avec enthousiasme, mais aussi avec une certaine gravité car ce samedi 5 juin n’est pas une journée comme les autres, vous vous êtes rassemblés pour examiner les propositions de loi issues de vos travaux et déterminer laquelle il vous paraît le plus urgent de voter.

C’est toujours un plaisir pour moi de présider le Parlement des enfants, cette démocratie en devenir qui nous permet, à nous les adultes, d’envisager l’avenir avec optimisme, voyant que la relève est assurée.

L’exercice auquel vous êtes en train de vous livrer n’est pas facile. Les adultes eux-mêmes, sachez-le, ont du mal à faire de tels choix. Oui, il est difficile de prendre des décisions collectivement, avec passion mais sans excès de langage, avec conviction mais sans rejet des autres. Défendre vos idées tout en restant à l’écoute de vos camarades, c’est ce que vous avez fait tout au long de ce parcours, dans vos classes d’abord, puis ce matin en commission, enfin dans ce prestigieux hémicycle de l’Assemblée nationale où je suis heureux de vous accueillir maintenant. (Applaudissements.)

Pour ce seizième Parlement des enfants, se sont joints à vous six enfants venus de Saint-Pétersbourg, en Russie – un grand pays ami de la France. (Vifs applaudissements.) La Russie s’est dotée elle aussi d’un Parlement démocratiquement élu pour examiner et voter les lois. Vera, Natalia, Milana, Anastassia, Nika et Vladislav observeront avec intérêt vos débats, comme ils l’ont fait ce matin en commission.

Cette année, vos travaux se sont organisés autour de deux grands thèmes. Le premier s’imposait de lui-même : les droits de l’enfant, dans tous les domaines. Proclamés il y a plus d’un siècle par un député qui fut l’un de nos plus grands écrivains et une véritable conscience de l’Europe – je veux parler de Victor Hugo, dont la voix a résonné dans cet hémicycle –, ces droits qu’une société civilisée doit reconnaître aux plus jeunes ont fait l’objet d’une convention internationale dont nous avons fêté, en novembre dernier, le vingtième anniversaire, en partenariat avec l’UNICEF, que je remercie de s’être associé à nos travaux d’aujourd’hui.

Une convention internationale, vous le savez, est un texte approuvé par de nombreux pays pour se donner des règles communes. Mais un tel texte reste sans effet si, dans chaque pays, la loi ne vient pas déterminer précisément en quoi consistent ces droits et punir ceux qui ne les respectent pas. Les droits de l’enfant doivent être défendus de manière concrète, avec vigilance, et je sais que les jeunes législateurs que vous êtes y seront attentifs.

Le second thème, la santé et la sécurité, n’est pas sans lien avec le premier, car il s’agit là aussi de droits de l’enfant, quelquefois menacés dans certaines régions du monde. Qu’il s’agisse de soins, d’alimentation, de médicaments, d’écologie, de sécurité routière ou d’accidents domestiques, les risques qui pèsent sur la santé des enfants sont nombreux et divers. Yann Arthus-Bertrand, tout à l’heure, nous a tout particulièrement alertés sur la nécessité d’agir pour préserver l’environnement. Trouver les moyens de prévenir l’ensemble de ces risques fait partie de votre mission, comme de celle des Parlements et, bien sûr, de la nôtre, au sein du Parlement français.

Sur ces deux grandes questions, nous allons écouter avec grand intérêt vos propositions et vos arguments.

Avant de donner la parole à M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, puis à notre invitée russe, Mlle Nika Zaroubina, je veux remercier tous ceux qui ont bien voulu initier les délégués juniors aux subtilités du travail parlementaire. Je remercie d’abord les institutrices et les instituteurs qui, sans compter leur temps, sans ménager leur énergie, ont permis à leurs élèves de prendre part à cette initiative hautement pédagogique, et je vous demande de les applaudir. (Vifs applaudissements.) Je salue leur engagement, leur civisme, qui fait honneur à l’ensemble de nos écoles. Je remercie bien entendu les parents, pour leur soutien précieux.

Enfin, je ne veux pas oublier mes collègues députés, qui se sont montrés très présents dans les classes pour expliquer le fonctionnement du Parlement, faire part de leur expérience et répondre aux multiples questions des élèves. Je les remercie, et je sais qu’ils sont convaincus, comme moi, que l’éducation à la démocratie constitue la partie la plus noble du travail d’un député.

Chers délégués juniors, je souhaite que cette seizième séance du Parlement des enfants demeure longtemps parmi vos plus beaux souvenirs. (Vifs applaudissements.)

3

Discours de M. Le ministre de l’éducation nationale

M. le président.

M. le président. Je donne maintenant la parole à M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale.

M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale. Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, mesdemoiselles et messieurs les délégués, quel formidable symbole que de voir les 577 écoliers de France assis au banc du député de leur circonscription ! Pour le ministre de l’éducation nationale que je suis, votre présence à l’Assemblée nationale aujourd’hui est le signe éclatant de la vitalité de notre démocratie, la preuve que son avenir est assuré, puisqu’il se prépare dès aujourd’hui dans nos écoles.

C’est donc avec grand plaisir que je prends part à cette seizième édition du Parlement des enfants, et je tiens, monsieur le président de l’Assemblée nationale, à vous remercier pour l’accueil que vous avez réservé à chacun des 577 délégués juniors.

Je remercie aussi vos collègues députés qui ont tenu à marquer par leur présence leur attachement à cet événement décisif pour la vitalité et l’ouverture de nos institutions.

Je salue également la présence de six enfants russes qui, dans le cadre de l’année croisée entre nos deux pays, sont venus visiter notre Assemblée nationale. Je salue enfin chacun des 577 délégués de circonscription, notamment, avec une affection particulière, les deux représentants de mon département de la Haute-Marne, Stacie Lagrange et Félix Carrot.

Mesdemoiselles et messieurs les délégués, vous êtes aujourd’hui dans un lieu très important, un lieu symbolique de notre République. C’est là, vous le savez, que se proposent et se discutent les lois, là aussi qu’elles se votent. Je comprends que ce lieu puisse aujourd’hui vous sembler impressionnant, du fait de son passé, de son histoire ; mais dites-vous qu’il s’agit d’abord d’un lieu de vie et d’échanges, où les débats sont souvent passionnés. Monsieur le président de l’Assemblée nationale pourra du reste vous le confirmer : il arrive que cet hémicycle soit plus vivant qu’une salle de classe pendant un bon chahut, et je dois dire que le calme qui règne aujourd’hui fait plaisir à voir. (Sourires.)

Mme Frédérique Massat. Le chahut, c’est pas nous !

M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale. Avant d’être ministre de ce gouvernement, j’ai eu, mesdemoiselles et messieurs, l’honneur et le plaisir de siéger dans cet hémicycle à votre place pendant cinq années, et je peux vous dire que j’y ai vécu de très beaux moments d’engagement politique au service de mes idées, mais aussi de très beaux moments de partage car c’est ici, dans ce lieu représentatif de la communauté nationale, que se construisent les règles de la vie en société, les règles de notre pays.

Dans moins de dix ans – croyez-moi, cela viendra très vite (Sourires) –, vous atteindrez la majorité. Vous serez alors en âge de désigner le député à la place duquel vous vous trouvez aujourd’hui. Vous serez des citoyens français qui devront faire des choix importants pour l’avenir de leur pays.

L’école vous y prépare dès l’école primaire puisque vous recevez un enseignement d’instruction civique et morale qui vous permet de comprendre les valeurs qui fondent notre République, mais aussi le fonctionnement de ses institutions et les idéaux qui la font vivre.

Dans mes fonctions de ministre de l’éducation nationale, j’ai souvent l’occasion de visiter vos écoles. J’ai pu constater combien vos professeurs s’investissent, combien d’initiatives ils prennent pour remplir l’une des missions les plus essentielles de notre école : l’éducation à la citoyenneté. Bien sûr, l’école doit vous instruire et vous préparer à votre future vie d’adulte, en vous permettant de vous insérer dans la société, mais elle a aussi pour rôle de vous éduquer à la citoyenneté.

En cela, cette journée est dans le prolongement des leçons que vous avez reçues : vous retrouvez ici ce que vous avez appris dans vos classes et vous pouvez mettre en pratique les sujets que vous avez travaillés pendant des jours, voire des semaines dans vos écoles. Mais cette journée est aussi une occasion exceptionnelle qui vous est offerte car, pendant les quelques heures que vous aurez passées à l’Assemblée nationale, vous aurez vécu, véritablement, l’expérience d’un député.

Comme nos députés, vous avez travaillé en amont : vous avez d’abord rédigé une proposition de loi, avec l’aide de vos professeurs. Cela vous a pris du temps car vous avez dû réfléchir à chaque mot qui figure dans votre texte, aux conséquences qu’il pourrait avoir dans la vie quotidienne de nos concitoyens. Ce matin, vous avez retravaillé votre proposition dans le cadre d’une commission. Vous allez à présent choisir par votre vote celle qui vous semble la plus importante.

Ainsi, grâce à cette journée, vous aurez compris de l’intérieur le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Vous aurez aussi perçu l’esprit qui habite ce lieu. Vos professeurs parlent souvent d’esprit ou d’ambiance de classe, cette sorte de caractère collectif qui se dégage de l’ensemble des élèves. Ici aussi, il règne un esprit, qui a traversé les siècles. Dans cet hémicycle règnent en effet de nobles valeurs, au-delà des différences de sensibilités politiques et des parcours des uns et des autres. Vous devez aujourd’hui représenter et défendre ces valeurs dont vous vous souviendrez tout au long de votre vie : la liberté, l’égalité, la fraternité, qui figurent aux frontons de nos mairies, mais aussi l’esprit de justice, le respect de l’autre, la solidarité. Inscrit dans la loi depuis la création de notre République, c’est cet esprit qui doit vous inspirer aujourd’hui.

Vous l’aurez donc compris : participer au Parlement des enfants n’est pas un jeu. Ce n’est pas une simulation comme sur une console de jeu, mais une leçon de démocratie grandeur nature, car aujourd’hui vous êtes pleinement actifs, vous êtes partie prenante de notre République, vous vivez la citoyenneté en actes.

J’ai examiné avec attention les trois propositions de loi que vous avez retenues pour cette séance publique. Je puis vous dire qu’il m’aurait été difficile de faire un choix. J’ai constaté avec plaisir que vous vous intéressez à des sujets très importants pour notre vie démocratique, comme la sécurité dans les villes et les villages situés près de l’eau, le renforcement de la participation des enfants à la vie de leur école ou la lutte contre la cyberaddiction des jeunes.

Ces propositions, pleinement en phase avec l’actualité, sont importantes et rejoignent les préoccupations du Parlement et du Gouvernement. La tempête Xynthia qui a durement touché nos côtes il y a quelques mois doit en effet nous inciter à renforcer la sécurité de nos concitoyens qui vivent en bord de mer. Il nous faut aussi réfléchir aux conséquences du développement d’Internet et des jeux vidéo en ligne sur la santé des enfants. Je suis sûr que votre participation au débat nous apportera de nouvelles pistes de réflexion.

J’ai également noté que vos propositions étaient marquées du sceau de la solidarité et du souci de l’autre. En cette journée où nous fêtons, en partenariat avec l’UNICEF, les vingt ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, il me semble en effet particulièrement éloquent et prometteur que nos représentants juniors mettent ainsi en exergue dans leurs propositions une valeur qui est au fondement de notre vivre-ensemble.

Je me réjouis et vous félicite de la qualité de vos trente-sept propositions : elle témoigne du sérieux et de l’engagement avec lesquels vous avez préparé cette journée, mais aussi de la richesse du travail que vous avez mené tout au long de l’année avec vos professeurs. Je les en remercie chaleureusement, car, comme M. le président de l’Assemblée nationale vient de le souligner, ils jouent un rôle fondamental dans votre apprentissage des fondements de notre République, qu’il s’agisse du fonctionnement démocratique de nos deux assemblées et du Gouvernement ou des valeurs qui nous unissent.

Mesdemoiselles, messieurs les délégués, il vous reste maintenant à désigner la proposition qui vous semble la plus importante. Songez, lors de votre vote, que vous êtes la représentation, l’incarnation du futur peuple de France. Mettez donc dans votre décision toute votre réflexion, toute votre conviction, mais aussi votre souci du bien commun. (Applaudissements.)

M. le président. Merci, monsieur le ministre.

Je vais maintenant donner la parole à l’un des enfants russes présents cet après-midi à nos côtés, et qui ont souhaité nous présenter l’état des droits de l’enfant en Russie.

4

Message d'une élève de Russie

M. le président. La parole est à Nika Zaroubina, élève de l’école n° 171 de Saint-Pétersbourg. (Vifs applaudissements.)

Nika Zaroubina. Monsieur le président, monsieur le ministre, chers délégués juniors des écoles de France, aujourd’hui nous allons vous parler de la situation des enfants en Russie.

Pour commencer, il faut dire qu’en Russie, il y a presque trente millions d’enfants de moins de dix-huit ans, chiffre qui correspond à la population d’un grand pays. Il est donc très important qu’une partie aussi importante de la population soit protégée et que ses droits soient respectés.

Ces derniers temps, en Russie, la société se tourne de plus en plus vers l’enfant : construction de terrains sportifs dans les quartiers, ouverture de centres éducatifs, création de chaînes de télévision pour les enfants, multiplication des écoles d’art et de musique et des théâtres destinés aux enfants. Pour que les enfants se sentent bien partout, des petites choses nouvelles apparaissent comme des chaises spéciales dans des restaurants ou des baby-sitters gratuits dans les supermarchés.

Aujourd’hui, nos camarades de classes sont plus nombreux à avoir des frères et sœurs qu’il y a dix ans, quand la plupart des familles avaient un enfant unique ; c’est un grand changement. Désormais, les mères peuvent rester à la maison avec leur enfant jusqu’à ses trois ans : leur emploi leur est garanti et elles reçoivent une allocation jusqu’à ce que leur enfant ait dix-huit mois. Nous trouvons très bien que les petits restent si longtemps avec leur maman.

Quand un deuxième enfant naît, l’État verse à la famille une somme assez importante, à utiliser uniquement pour l’amélioration des conditions de vie de l’enfant : les études, le logement, par exemple. Quand la mère reprend son travail, l’enfant peut aller au jardin d’enfants, public ou privé.

Bien que l’État essaie d’améliorer la vie des familles qui ont des enfants, beaucoup d’enfants qui n’ont pas de famille : il s’agit d’orphelins et d’enfants abandonnés. Il existe encore de nombreux orphelinats et, même si les enfants qui y vivent ont désormais tout le nécessaire – nourriture, vêtements, jouets –, ils sont privés du plus important : l’amour des parents, les relations entre parents et enfants. Lorsqu’ils deviennent adultes, leur vie est très difficile car ils ne savent pas vivre en famille et ne bénéficient pas du soutien de leurs proches.

Voilà pourquoi il y a un grand mouvement en faveur de l’adoption dans notre pays. Une campagne a été lancée, avec le slogan : « Prends un enfant dans ta famille ». On propose même aux familles la possibilité d’accueillir et d’élever des enfants jusqu’à leurs dix-huit ans sans les adopter. Il existe aussi un programme de création d’orphelinats familiaux chez des particuliers, qui peuvent élever cinq à dix enfants, voire plus.

Mais même les enfants qui ont des familles ne sont pas toujours heureux. Il ne faut pas oublier qu’en Russie, malheureusement, il y a des parents alcooliques, des familles très pauvres dont les enfants travaillent et sont privés d’école. Et quand les parents ne respectent pas les droits de leurs enfants, l’État doit intervenir.

Il existe un responsable des droits de l’enfant pour toute la Russie, et des postes semblables sont en train d’être créés dans les régions. L’objectif de cette institution est de veiller à ce que les droits de l’enfant soient respectés et d’intervenir quand ce n’est pas le cas. Au mois de mai, a aussi été créé à Moscou le service de l’aide aux enfants : chaque enfant peut appeler un numéro, le même pour toute la Russie. C’est le premier service gratuit permettant aux enfants de parler de leurs problèmes quotidiens : mauvaise note ou violence, tout est pris au sérieux. Il fonctionnera à la fin de cet été dans toutes les régions de Russie. Tout cela est très positif car, souvent, les enfants se suicident ou quittent leur famille à cause de problèmes qui auraient pu être résolus si des adultes étaient intervenus.

En Russie, la loi garantit à chaque enfant une assurance médicale gratuite dès sa naissance. De plus, les études sont obligatoires et gratuites jusqu’à quinze ans. Mais, comme partout dans le monde, beaucoup d’enfants ont des problèmes de santé. Quand ils ne peuvent aller à l’école, ils ont la possibilité de faire leurs études chez eux, avec l’assistance d’enseignants ou l’aide de leurs parents. L’État met à leur disposition des manuels et tout ce qui est nécessaire pour leurs études. Mais à présent, de plus en plus d’enfants souffrant de problèmes de santé préfèrent fréquenter les écoles publiques plutôt que de rester enfermés dans un appartement ou un hôpital. Dans notre école, par exemple, il y a un garçon de dix ans qui a des difficultés pour marcher : il assiste aux cours – sauf celui de gymnastique – avec les autres enfants et son papa l’attend dans le couloir pour l’aider à descendre à la cantine et à préparer ses affaires. À ses côtés, nous apprenons à être plus patients et plus attentifs aux autres.

Notre pays est très grand et compte plusieurs nationalités, dont la langue maternelle et les coutumes sont différentes, ainsi que la vie familiale et la façon d’éduquer les enfants. Ce serait une bonne chose que tous les enfants de Russie puissent se réunir pour discuter de leurs problèmes et de leurs droits. L’idée d’un Parlement des enfants est donc très actuelle pour nous. Nous avons entendu que le gouvernement de notre pays avait le projet d’en créer un et nous espérons bien que cela se réalisera un jour.

Pour conclure, je veux citer les noms de mes camarades de la cinquième classe de l’école n° 171 de Saint-Pétersbourg qui ont travaillé sur ce texte : Vera Alkevitch, Natalia Ermakova, Vladislav Gratchev, Milana Iliassova et Anastassia Michina, ainsi que nos professeurs, Mmes Chafranovskaïa, Guerassimova et Sinitsyna.

Je vous remercie. (Vifs applaudissements.)

M. le président. Chère Nika, je veux vous dire au nom des 577 délégués juniors qui sont ici, au nom des 577 députés de l’Assemblée nationale et en mon nom personnel, combien nous sommes impressionnés par votre maîtrise de notre langue et combien nous sommes émus par le message que vous venez de nous délivrer. Bravo ! (Applaudissements.)

5

Questions à M. Le président de l'Assemblée nationale et à M. Le ministre de l'éducation nationale

M. le président.

M. le président. Nous allons maintenant poursuivre la séance par des questions que poseront six d’entre vous, et auxquelles M. le ministre de l’éducation nationale et moi-même répondrons à tour de rôle.

Comme le font les députés lors des séances de questions, les six députés juniors vont parler de leur place, en se servant du micro le plus proche d’eux. M. le ministre répondra également de sa place, comme il le fait pour répondre aux questions des députés, le mardi ou le mercredi après-midi.

Avant d’appeler la première question, je dois préciser la règle du jeu : le temps dont nous disposons étant limité – c’est d’ailleurs aussi le cas pour les questions au Gouvernement –, vos questions, comme nos réponses, devront être brèves, très brèves.

La première question s’adresse à M. le ministre. Elle va lui être posée par Rayhana Zegabar, élève de l’école primaire Paul-Langevin de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis.

Rayhana, vous avez la parole.

Rayhana Zegabar. Monsieur le ministre, pourrait-on harmoniser les rythmes scolaires au niveau européen ? Les élèves français ont la journée de travail la plus longue ! (Applaudissements).

M. le président. Monsieur le ministre, vous avez la parole pour répondre à la question, ô combien pertinente, de Rayhana.

M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale. Chère Rayhana, vous avez raison : la question des rythmes scolaires est cruellement d’actualité et très importante pour les élèves.

En France, nous avons la spécificité d’avoir le plus grand nombre d’heures de classe par an, réparties sur le plus petit nombre de journées. Il s’ensuit des journées souvent intenses, avec beaucoup d’heures de cours et parfois de la fatigue pour les uns et les autres.

Si l’on compare la situation de la France avec celle d’autres pays européens, on s’aperçoit que, dans ces pays, la situation est très différente et les heures de cours beaucoup mieux réparties sur l’année. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’engager une grande réflexion sur les rythmes scolaires. J’installerai, lundi prochain, une conférence nationale sur les rythmes scolaires, qui sera chargée de réfléchir sur la journée de classe, l’amplitude horaire pendant la journée, l’organisation de la semaine – quatre jours, quatre jours et demi, cinq jours ? – et celle de l’année scolaire, c’est-à-dire les intervalles entre les vacances et le temps passé à l’école.

Nous allons travailler pendant plusieurs mois avec des spécialistes, tant de l’école que de la société elle-même, car l’organisation de l’école a un impact sur le fonctionnement de toute la société. En effet, quand tu vas à l’école, cela un impact sur tes parents, ta famille, sur le fonctionnement de toute la société. Il est important d’avoir une réflexion globale pour améliorer l’équilibre scolaire. (Applaudissements.)

M. le président. Monsieur le ministre, je pense que cette question était une bonne répétition pour celles de mardi et mercredi prochains ! (Sourires.)

La deuxième question va m’être posée par Louise Mira, élève de l’école primaire de Sainte-Colombe-en-Bruilhois, en Lot-et-Garonne.

Louise, vous avez la parole.

Louise Mira. Monsieur le président de l’Assemblée nationale, voici la question que nous souhaitions vous poser : comment fait-on pour garder un pied dans la vie réelle lorsqu’on est élu à une haute fonction de l’État ? (Applaudissements.)

M. le président. Mademoiselle la déléguée junior, ce sont même les deux pieds qu’il faut garder dans la vie réelle ! (Sourires.)

Malgré la beauté du Palais-Bourbon et le cérémonial qui l’entoure, le président de l’Assemblée nationale doit rester un député comme les autres, attentif à l’actualité ainsi qu’aux souhaits de tous les Français. Ainsi, je me rends régulièrement, comme tous les députés, dans la circonscription dont je suis l’élu, en Haute-Savoie, pour rencontrer mes concitoyens, écouter leurs questions, comprendre leurs attentes, apporter toute mon énergie à résoudre leurs problèmes. Ce sont là des réalités que j’ai le devoir, comme tous les députés, de garder au premier rang de mon emploi du temps, de mes préoccupations.

Dans une démocratie, les plus hautes fonctions n’ont qu’une source : le suffrage universel. Il ne faut jamais l’oublier et toujours se montrer digne de la confiance que les électeurs ont placée en vous. (Applaudissements.)

La troisième question s’adresse à M. le ministre. Elle va lui être posée par Félix Carrot, élève de l’école primaire Victor-Hugo de Bologne, dans la Haute-Marne.

Félix, vous avez la parole.

Félix Carrot. Monsieur le ministre, avec le développement des nouvelles technologies et de l’école numérique, quelle sera, selon vous, la place du livre dans l’école de demain ? (Applaudissements.)

M. le président. Monsieur le ministre, vous avez la parole.

M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale. Cher Félix, je comprends d’autant plus que l’on s’interroge sur cette question lorsqu’on est le représentant d’un département rural comme celui de la Haute-Marne.

Le numérique est une chance formidable pour l’école, car il l’ouvre sur le monde. À la prochaine rentrée, nous allons permettre à tous les lycéens d’accéder à des grands films classiques de l’histoire du cinéma grâce au numérique. Le numérique favorise donc, par exemple, l’accès à la culture.

C’est aussi un formidable outil de travail pour les professeurs, qui peuvent ainsi améliorer leur pédagogie, confronter entre eux la préparation de leurs cours, utiliser de nouvelles techniques dans l’apprentissage des langues vivantes grâce à la visioconférence.

Le numérique contribue aussi à rapprocher les parents de l’école. Certains d’entre vous ont peut-être, dans leur école, un espace numérique de travail qui permet à vos parents d’aller voir tous les soirs les notes que vous avez eues au cours de la journée, ou à vos enseignants de communiquer avec vos parents.

Oui, le numérique est très important pour l’école, mais il ne peut se faire au détriment du livre. Le livre doit demeurer car c’est le symbole de notre patrimoine littéraire, l’ouverture sur l’imaginaire, la communion avec les grands auteurs, la culture, la capacité à s’ouvrir l’esprit, à se cultiver. C’est la raison pour laquelle, avec le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, nous travaillons à une politique de diffusion du livre, même si nous sommes à l’heure du numérique. À la fin de ce mois, 130 000 élèves de CM1 vont se voir décerner un exemplaire des Fables de La Fontaineillustré par Chagall, grâce auquel ils pourront s’évader pendant les vacances, même si je ne doute pas que, durant cette période, ils auront aussi l’occasion d’aller surfer sur Internet ou d’accéder à des écrans numériques. (Applaudissements.)

M. le président. La quatrième question va m’être posée par Ilona Aurousseau, élève de l’école primaire Marcel-Dubuis de Luzy, dans la Nièvre.

Ilona, vous avez la parole.

Ilona Aurousseau. Monsieur le président, lorsque nous avons reçu la documentation sur l’Assemblée nationale, nous nous sommes intéressés particulièrement au chapitre « L’organisation de l’Assemblée : travail et fonctionnement ». En regardant la liste des présidents de l’Assemblée nationale depuis 1958, nous avons été étonnés de constater que seuls des hommes avaient exercé cette fonction. Pourquoi aucune femme ?

Monsieur le président, pourriez-vous nous l’expliquer ? (Applaudissements.)

M. le président. Mademoiselle la déléguée junior, vous avez raison, et c’est très dommageable. Nous avons un retard à rattraper, un retard hérité d’une longue histoire : s’il y a des députés en France depuis 1789, les femmes ne peuvent voter et ne peuvent être élues à l’Assemblée nationale que depuis 1944.

Aujourd’hui, fort heureusement, plus rien n’interdit à une femme de devenir députée. S’il n’y a pas encore eu de femme présidente de l’Assemblée nationale, je suis convaincu que cela viendra dans un avenir proche. D’ailleurs, beaucoup de séances sont présidées par l’un ou l’une des six vice-présidents de l’Assemblée nationale.

Le 30 juillet 1946, pour la première fois, une séance a été présidée par une femme, la vice-présidente Madeleine Braun. Aujourd’hui, Mme Catherine Vautrin et Mme Danielle Bousquet occupent régulièrement ce fauteuil présidentiel que nous surnommons ici le « perchoir ». (Applaudissements.)

Il faut savoir qu’en 1958, il n’y avait que neuf femmes élues à l’Assemblée nationale.

Mme Frédérique Massat. Fallait-il le préciser ?

M. le président. Aujourd’hui, nous en comptons plus de cent. D’élection en élection, leur nombre s’accroît. Je souhaite qu’à terme nous arrivions à la parité et je suis sûr que nous y parviendrons. (Applaudissements.)

Mme Frédérique Massat. Il faudra bien !

M. le président. La cinquième question s’adresse à M. le ministre. Elle va lui être posée par Margaux Knopf, élève de l’école primaire de Witternheim, dans le Bas-Rhin.

Margaux, vous avez la parole.

Margot Knopf. Monsieur le ministre, on décourage souvent les bons élèves de s’orienter vers des métiers manuels. Pourquoi ? (Applaudissements.)

M. le président. Monsieur le ministre, vous avez la parole.

M. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale. Mesdemoiselles et messieurs les députés juniors, c’est vrai : vu de l’extérieur, on a parfois l’impression que le système éducatif a tendance à favoriser le lycée général, les mathématiques, la filière littéraire, alors que les 577 élèves que vous êtes ont des talents, des atouts très variés et très différents. Le rôle de l’école, c’est de valoriser ces compétences diverses à leur juste valeur.

Il n’y a pas une voie unique qui mène à l’excellence ; des dizaines de voies peuvent mener à la réussite, et l’école doit développer des filières entières, détecter dès le plus jeune âge, ou lorsque c’est possible, un talent caché pour qu’il s’affirme et vous permette d’aller le plus loin possible dans vos études, votre formation, vers un diplôme. C’est pourquoi nous avons créé, il y a vingt-cinq ans, les lycées professionnels, c’est aussi pourquoi il existe un parcours de découverte des métiers et des formations dès la classe de cinquième, tandis qu’un stage a lieu en troisième pour vous permettre de découvrir votre environnement. Vous verrez, par exemple, comment fonctionne une entreprise.

Nous avons en outre décidé, à la rentrée prochaine, de revoir l’organisation du lycée en France, avec un système d’orientation beaucoup plus progressif. On ne vous demandera pas, à quatorze ans, de choisir pour la vie votre métier, mais on vous proposera des perspectives d’orientation qui vous permettent de changer d’avis et d’aller dans une autre filière, au bout d’un an par exemple. On peut être, à quatorze ans, un élève moyen ou médiocre puis, à dix-sept ans, parce qu’on a trouvé sa voie, être très épanoui et très bien réussir.

Il faut donc vous donner cette chance de réussite en diversifiant les parcours et en vous proposant un système d’orientation progressif. C’est en tout cas la voie que nous avons retenue. (Applaudissements.)

M. le président. La dernière question va m’être posée par Jayne Caselina, élève de l’école primaire de Hienghène, en Nouvelle-Calédonie.

Jayne, vous avez la parole.

Jayne Caselina. Monsieur le président, les députés étant très nombreux, est-ce que chacun peut prendre la parole sur tous les sujets discutés à l’Assemblée nationale ? Comment faites-vous pour répartir le temps de parole entre tous les députés ? (Applaudissements.)

M. le président. Mademoiselle la déléguée junior, la parole est libre au Palais-Bourbon, aussi chaque député peut-il s’exprimer sur n’importe quel sujet. Il n’est évidemment pas possible que tous parlent en même temps sinon les discours ne seraient pas compréhensibles. Les temps de parole sont donc répartis entre les groupes au sein desquels siègent les députés, proportionnellement au nombre de députés que compte chacun de ces groupes. Chacun peut ainsi s’exprimer, autant que possible, dans le calme.

Dans l’hémicycle, le rôle du président de séance consiste à donner la parole aux députés inscrits dans la discussion, à veiller au respect de notre règlement et à la durée du temps de parole de chacun. Il lui arrive également de devoir faire taire ceux qui seraient quelque peu indisciplinés et troubleraient la sérénité des débats. (Sourires.)

Le règlement de l’Assemblée vient d’être réformé pour que les débats soient davantage centrés sur le fond des problèmes, sans s’éterniser au-delà du temps nécessaire.

La réforme a porté ses fruits et notre travail est progressivement devenu plus dense et fructueux, tout en permettant à chacun de s’exprimer au mieux dans l’hémicycle de la démocratie. (Applaudissements.)

6

Présentation des trois propositions de loi sélectionnées

M. le président.

M. le président. Chers délégués juniors, nous en venons maintenant aux trois propositions de loi sélectionnées par le jury national et à la remise des prix aux lauréats.

Après avoir ce matin débattu en commission des trois propositions de loi, vous devez à présent les départager.

Le vote que vous allez exprimer dans quelques minutes va permettre de connaître le choix du seizième Parlement des enfants.

Avant de passer au vote, je vais inviter les représentants des classes qui ont élaboré ces trois propositions à monter, l’un après l’autre, à la tribune pour nous en exposer les motifs.

Pour présenter la proposition de loi n° 1, visant à installer de nouvelles règles de sécurité dans les villes et les villages situés près de cours d’eau ou de plans d’eau afin de prévenir et préparer les citoyens aux risques de submersion, j’invite Titouan Bouygues à monter à la tribune. (Applaudissements.)

Cette proposition de loi a été rédigée par la classe de CM2 de l’école élémentaire Jean-Moulin d’Angoulins-sur-Mer, en Charente-Maritime.

Titouan, vous avez la parole.

Titouan Bouygues. Monsieur le président de l’Assemblée nationale, monsieur le ministre de l’éducation nationale, chers députés juniors, dans la nuit du 27 au 28 février 2010, à Angoulins, beaucoup de nos camarades ont été réveillés brutalement. Des vents violents soufflaient, le coefficient de marée était important, des vagues énormes passaient au-dessus des toits et des digues, l’eau de mer entrait dans leurs maisons. Arthur, l’un de nos amis, nous a raconté :

« La maison bougeait, c’était comme s’il pleuvait alors que la nuit était étoilée. Des vagues passaient par-dessus le toit avec fracas, l’eau entrait par le toit et par les volets roulants, nous étions enfermés dans la maison et nous avions peur. Les pompiers sont alors arrivés pour nous évacuer vers la salle municipale. Ils ont fait deux tours : maman, mon frère et moi d’abord, puis papa, mon grand frère et mon chien. Au matin, papa est retourné à la maison. Le plafond du salon s’était effondré sous le poids de l’eau, presque tout était mouillé. Le dimanche, au réveil, tout le monde a constaté les énormes dégâts : les rues, les maisons, les jardins inondés, de même que les campings, les appareils ménagers, les meubles, les voitures flottant dans l’eau, les galets, le sable dans les rues, les restes des murs sur le bord de la mer. Bref, un littoral dévasté. Surtout, il y a eu des blessés, des gens choqués, et dans d’autres communes proches, beaucoup trop de morts. Toute la journée de ce dimanche, nous avons entendu le bruit des pales d’hélicoptères qui continuaient d’évacuer les gens prisonniers de l’eau, réfugiés sur le toit de leurs maisons. Grâce à la grande solidarité entre les habitants, des maisons ont été nettoyées plus vite.

« Beaucoup de personnes doivent leur vie aux secouristes et aux pompiers. Et maintenant, les conséquences sont multiples et graves. Beaucoup ont perdu leur outil de travail et leur maison, d’autres ne pourront plus revenir chez eux, d’autres encore attendent de pouvoir réparer leur maison, d’autres enfin restent traumatisés. Il faudra beaucoup de temps pour reconstruire les digues et pour que le littoral retrouve toute sa beauté. Plusieurs millions d’euros seront nécessaires. »

En 1999 déjà, la tempête avait causé de graves dégâts en France. Nous savons, hélas, que, du fait des problèmes environnementaux liés au dérèglement climatique, ce type de catastrophe naturelle se reproduira. Nous savons aussi que nous sommes nombreux à vivre près des fleuves et des rivières, aussi pensons-nous qu’il est urgent et vital de mieux nous prévenir de ces dangers, de mieux nous informer de ces risques, de mieux nous protéger.

Si comme nous, vous estimez qu’il est important de sauver des vies, votez pour notre proposition de loi. Je vous remercie pour votre écoute attentive. (Applaudissements.)

M. le président. Merci, Titouan.

Pour présenter la proposition de loi n° 2 visant à permettre la participation d’élèves représentants de leur classe au conseil d’école de leur établissement scolaire pour exprimer leurs idées et questions concernant leur vie à l’école, j’invite Marie Vasseur à monter à la tribune. (Applaudissements.)

Cette proposition de loi a été rédigée par la classe de CM2 de l’école élémentaire de Bourgogne, dans la Marne.

Marie, vous avez la parole.

Marie Vasseur. Monsieur le président de l’Assemblée nationale, monsieur le ministre de l’éducation nationale, mesdames et messieurs les députés, chers députés juniors, mes camarades de classe et moi-même sommes très heureux d’avoir participé au projet de ce seizième Parlement des enfants, car nous avons eu la chance de vivre une expérience civique très riche, qui nous a fait découvrir l’exercice de la citoyenneté et le rôle des institutions françaises dans notre pays.

Nous entrons en sixième l’année prochaine et nous découvrirons alors la vie au collège, où tous les élèves, de la sixième à la troisième, sont des acteurs de la vie de leur établissement car deux représentants de chaque classe participent au conseil de classe. Cette participation nécessite, en amont, d’élire ces deux représentants, puis d’organiser des réunions où le débat démocratique prend tout son sens en permettant à chacun de faire usage de la liberté d’opinion et de la liberté d’expression.

En effet, ces deux libertés, affirmées dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, ont été reconnues et accordées aux enfants en 1989 par la Convention internationale des droits de l’enfant, conformément à son article 12 cité dans notre proposition de loi.

Il nous est ainsi apparu important que les élèves de l’école élémentaire puissent également faire valoir ces libertés et s’inscrire dans l’exercice de la citoyenneté en tenant un rôle dans la vie de leurs écoles au même titre que les représentants des parents d’élèves.

Chers députés juniors, si vous souhaitez que les élèves des écoles élémentaires soient de véritables acteurs dans l’évolution permanente de la vie scolaire, votez pour la proposition de loi n° 2. Je vous remercie. (Applaudissements.)

M. le président. Merci Marie.

Pour présenter enfin la proposition de loi n° 3 visant à mieux garantir le droit à l’éducation à la santé, à responsabiliser les pouvoirs publics et les industries de jeux vidéo dans l’éducation à la santé et la protection des enfants et des adolescents contre la cyberaddiction, J’invite Sarah Lucie Lauret à monter à la tribune. (Applaudissements.)

Cette proposition de loi a été rédigée par la classe de CM2 de l’école élémentaire Les Alpinias de Petite-Île, à La Réunion.

Sarah Lucie, vous avez la parole.

Sarah Lucie Lauret. Monsieur le président de l’Assemblée, monsieur le ministre de l’éducation nationale, mesdames et messieurs les députés, chers camarades délégués juniors, enseignants, parents et invités, c’est un grand honneur pour moi, jeune ultramarine de l’île de La Réunion, d’être parmi vous aujourd’hui dans le cadre de cette seizième édition du Parlement des enfants.

Notre proposition de loi articule et combine les deux thèmes proposés, à savoir les droits de l’enfant – droit à l’éducation et à la protection – d’une part, la santé et la sécurité – risques et prévention – d’autre part.

Nous avons choisi de focaliser notre étude sur les jeux vidéo, ses effets et les comportements addictifs.

« Demain j’arrête ou je jouerai moins. » Nous avons tous un jour ou l’autre entendu ce genre de propos, prononcé par des personnes souffrant d’un comportement addictif – alcool, drogue, tabac, jeu au casino. Malheureusement, le plus souvent la volonté ne suffit pas à se libérer d’un comportement pourtant non désiré.

Vous le savez, les conduites addictives sont à la fois impulsives et compulsives. Impulsives car l’envie de consommer un produit, de pratiquer une activité est irrépressible, irrésistible, incontrôlable. Compulsives car la satisfaction de la consommation dure peu et progressivement s’installe un besoin impérieux de répétition de l’acte addictif, ce qui conduit à la dépendance.

Les conduites addictives semblent obéir à trois motivations principales : la recherche et l’obtention d’un plaisir, un sentiment d’autosatisfaction ou au contraire d’autodévalorisation qui grandit à mesure que la dépendance s’installe, l’incapacité du sujet à trouver le moyen d’apaiser ses propres tensions.

Aux deux problèmes majeurs de santé publique que sont le tabagisme et l’alcoolisme s’ajoute celui de la consommation abusive des jeux vidéo. Il est par conséquent nécessaire de mettre en place un plan de lutte contre la cyberaddiction et de prévention de la dépendance au sein des établissements scolaires et de santé, mais aussi de responsabiliser les industries du jeu vidéo.

Ce plan aura pour ambition de développer dans tous les milieux une stratégie globale de prévention des risques et des conséquences liées à la consommation abusive des jeux vidéos, mais également de promouvoir la délivrance de soins adaptés aux personnes dépendantes et de proposer des réponses spécifiques tout en mettant en œuvre des méthodes participatives avec des intervenants en prévention.

La démarche préventive, centrée sur les dangers et les conséquences physiques et psychologiques de la consommation abusive des jeux vidéos, permettra l’actualisation permanente des risques et l’application d’actions en faveur de la santé individuelle et collective.

La prévention, c’est l’affaire de tous – parents, éducateurs, enseignants, personnels de santé, industries de jeux... Elle ne consiste pas à empêcher les gens de jouer : les jeux vidéos font partie de notre culture, de notre société. Reste que chacun doit s’interroger sur le rôle que joue le produit dans sa vie.

La prévention a plus de chances d’être efficace si elle commence tôt. Il est donc important de mener des actions de prévention auprès des jeunes, surtout à l’adolescence.

Les adultes veilleront au développement des capacités d’agir, de choisir et de décider, et resteront attentifs à la résolution des conflits.

Il est souhaitable que la législation que nous proposons soit vraiment appliquée : tout doit être mis en œuvre pour une évolution des mentalités. Seule une prévention faisant appel à la réflexion et à la responsabilisation de chacun pourra efficacement et durablement changer les comportements.

La démarche préventive implique nécessairement : la compréhension et la maîtrise des risques aux jeux vidéo, une pédagogie participative soutenue par des outils pédagogiques, la formation de personnes et de groupes relais de prévention, une action d’intervention sociale et de soins, une législation adaptée, des partenariats, une volonté affichée des industries de jeux.

Je terminerai par ces quelques mots bien de chez moi : Mi remercie zot toute d’avoir écout à moi ! Mi espère sincèrement que zot la compris que not proposition de loi y doit devenir une vraie loi ! Mi compte su zot ! (Applaudissements.)

M. le président. Merci, Sarah Lucie.

7

Vote sur les trois propositions de loi

M. le président. Nous allons maintenant passer au scrutin, c’est-à-dire que vous allez voter pour exprimer votre opinion.

Je vous demande quelques instants d’attention.

Je vais appeler, l’une après l’autre, chacune des trois propositions de loi.

Il faut donc, dès à présent, que chacun fasse son choix en faveur de l’un des trois textes. En effet, vous ne devrez voter qu’une fois.

Pour voter, vous allez relever le couvercle du poste de vote qui se trouve devant vous. (Les délégués juniors s’exécutent.) Nous entendons exactement le même bruit lorsque les députés s’apprêtent à voter… (Sourires.)

Quand j’ouvrirai le scrutin sur la proposition que vous aurez choisie, vous appuierez sur le bouton « pour ». Nous ferons ainsi pour chacun des trois textes.

Je ne donnerai les résultats que lorsque les trois votes auront eu lieu.

Toutefois, avant de passer au vote sur la première proposition de loi, nous allons procéder à un essai, pour que chacun puisse se familiariser avec son poste de vote. Pour cet essai, je vais vous demander à tous d’appuyer sur le bouton « pour » dès que j’aurai déclaré le scrutin ouvert.

Le scrutin est ouvert.

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M. le président. Le scrutin est clos.

Je me tourne vers les services de l’Assemblée pour savoir si vous êtes nombreux à vous être trompés.

On me dit que c’est le cas d’une trentaine d’entre vous, il vous faudra donc être très attentifs. De surcroît, six ont voté « contre ». (Rires.) Un peu d’attention, je vous prie !

Nous allons maintenant passer au vote sur la première proposition de loi.

Je rappelle que vous ne devrez voter qu’une seule fois. Ne voteront donc que ceux qui ont choisi cette proposition n° 1, visant à installer de nouvelles règles de sécurité dans les villes et les villages situés près de cours d’eau ou de plans d’eau, pour prévenir et préparer les citoyens aux risques de submersion.

Ceux qui veulent que cette proposition soit adoptée appuieront sur le plot « pour ».

Le scrutin est ouvert.

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M. le président. Le scrutin est clos.

Je vais maintenant procéder de la même manière en mettant aux voix la proposition de loi n° 2, visant à permettre la participation d’élèves représentants de leur classe au conseil d’école de leur établissement scolaire pour exprimer leurs idées et questions concernant la vie à l’école.

Une nouvelle fois, je rappelle que ceux qui vont voter en appuyant sur le bouton « pour » sont ceux et seulement ceux qui veulent que cette proposition soit retenue par le seizième Parlement des enfants.

On me signale un petit incident technique ; en effet, nous n’enchaînons jamais les votes aussi vite, les députés ici présents peuvent en témoigner. Je vous félicite de votre rapidité. (Rires et applaudissements.)

Le scrutin est ouvert. (De nombreux délégués juniors font valoir que leur boîtier ne fonctionne pas.)

Je suis très heureux de constater que cette situation, dont les députés ont l’habitude au cours de leurs travaux – ce sont les aléas du vote électronique –, ne vous est pas épargnée (Sourires), mais je ne doute pas que nous allons remédier dans un instant à ce problème. Sinon, soyez assurés que je dispose d’une solution de rechange.

On me signale que l’incident persiste. Vous allez donc être les premiers, depuis que l’on organise le Parlement des enfants, à recourir au vote à main levée, procédé qui a longtemps prévalu avant le règne de l’électronique.

Lorsque je vous demanderai si vous êtes pour cette proposition de loi n° 2, seuls ceux qui veulent la voir adoptée lèveront la main, et la laisseront levée jusqu’à ce que je leur dise de la baisser.

Le scrutin est ouvert.

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M. le président. Le scrutin est clos.

Pendant que les électroniciens s’affairent, je vais mettre aux voix la proposition n° 3, visant à mieux garantir le droit à l’éducation à la santé, à responsabiliser les pouvoirs publics et les industries de jeux vidéos dans l’éducation à la santé et la protection des enfants et des adolescents contre la cyberaddiction.

Que ceux qui souhaitent l’adoption de cette proposition lèvent la main.

Le scrutin est ouvert.

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M. le président. Le scrutin est clos.

Cette édition restera marquée dans les annales car vous vous êtes montrés remarquables d’efficacité malgré les difficultés techniques. (Sourires.)

8

Remise des trois premiers prix

M. le président. Je vais demander aux trois délégués juniors qui ont défendu les propositions de loi de venir me rejoindre : Titouan Bouygues, Marie Vasseur et Sarah Lucie Lauret. (Applaudissements.)

Chers délégués juniors, voici les résultats des scrutins qui viennent d’avoir lieu.

Est arrivée en troisième position, avec 70 voix, la proposition de loi n° 2 (Applaudissements), visant à permettre la participation d’élèves représentants de leur classe au conseil d’école de leur établissement scolaire pour exprimer leurs idées et questions concernant leur vie à l’école. Cette proposition a été élaborée par la classe de CM2 de l’école élémentaire de Bourgogne, dans la Marne.

Le troisième prix est donc décerné à cette classe et vous pouvez l’applaudir.

(M. le président remet le prix à Marie Vasseur. – Vifs applaudissements.)

Est arrivée en deuxième position, avec 155 voix, la proposition de loi n° 3 (Vifs applaudissements), visant à mieux garantir le droit à l’éducation à la santé, à responsabiliser les pouvoirs publics et les industries de jeux vidéo dans l’éducation à la santé et la protection des enfants et des adolescents contre la cyberaddiction. Cette proposition a été présentée par la classe de CM2 Les Alpinias de Petite-Île, à La Réunion.

Le deuxième prix est donc décerné à cette classe.

(M. le président remet le prix à Sarah Lucie Lauret. – Vifs applaudissements.)

Est arrivée en première position, avec 352 voix, la proposition de loi n° 1 (Très vifs applaudissements), visant à installer de nouvelles règles de sécurité dans les villes et les villages situés près de cours d’eau ou de plans d’eau pour prévenir et préparer les citoyens aux risques de submersion. Cette proposition a été présentée par l’école élémentaire Jean-Moulin d’Angoulins-sur-Mer, en Charente-Maritime.

Elle reçoit donc le premier prix.

(M. le président remet le prix à Titouan Bouygues. – Très vifs applaudissements, prolongés.)

9

Clôture de la session

M. le président. Chers délégués juniors, le seizième Parlement des enfants vient d’achever ses travaux.

Avant de prononcer la clôture de la séance, je tiens à remercier chacune et chacun d’entre vous pour sa présence aujourd’hui. Mes remerciements vont en particulier aux parents ici présents et que vous pouvez applaudir (Vifs applaudissements), et à vos maîtres que vous pouvez également applaudir. (Vifs applaudissements.)

Je vous demande maintenant de faire une ovation à tous les enfants de France, de métropole et d’outre-mer. (Vifs applaudissements, prolongés.)

Enfin, je tiens à adresser notre amitié, notre reconnaissance à nos amis russes qui nous ont émerveillés cet après-midi. (Vifs applaudissements prolongés.)

La séance est levée.

(La séance est levée à quinze heures quarante-cinq.)