La légalisation de la pilule

Chronologie

18 mai 1924

Naissance de Lucien Neuwirth  à Saint-Étienne (Loire) dans une famille d’artisans fourreurs. Sa mère Gabrielle, née Blachon, appartient à une vieille famille stéphanoise et catholique. Son père René, d’origine alsacienne, est agnostique.
 

Septembre 1940

Formation à Saint-Étienne du mouvement de résistance « Espoir ». Une jeune coiffeuse de Saint-Étienne donne à Lucien Neuwirth l’adresse d’une nouvelle cliente, Mme Agnès Caillau, sœur du général de Gaulle, qui lui remet une photographie de son frère, bientôt diffusée dans la région.
 

1942

Arrêté puis relâché, Lucien Neuwirth décide de partir vers l’Espagne. De Saint-Girons (Ariège), il traverse la frontière avec sept jeunes et un passeur, les semelles frottées de poivre pour échapper aux chiens des patrouilles allemandes. Arrêté par la Guardia civil, Lucien Neuwirth passe huit mois au camp d’internement de Miranda del Ebro. Libéré grâce au consul américain, il se rend à Gibraltar d’où il s’embarque pour l’Angleterre. A Londres, première rencontre avec le général de Gaulle.

Tenté par l’aviation, sans avoir la patience de suivre une formation au Canada, il opte pour les parachutistes et rejoint  le 4e bataillon d’infanterie de l’air.

Découverte de la « Gynomine », contraceptif en vente libre dans les parfumeries anglaises. Le jeune homme, qui devient le fournisseur de ses aînés de la France libre, gagne son surnom de « Lulu la pilule ».
 

Juin 1944

Largué par planeur en Bretagne pendant les opérations du débarquement, puis monté sur une jeep avec ses frères d’armes Djamil Jacir et Pierre Lacaze, il mène de nombreuses opérations commando au milieu des troupes allemandes.
 

7-8 avril 1945

 Parachuté aux Pays-Bas, il est capturé avec quatre autres Français. Le groupe est fusillé sommairement par les Allemands. Protégé par le corps d’un de ses camarades qui est tombé sur lui, Lucien Neuwirth échappe au coup de grâce. Évanoui, il finit par réaliser qu’il est seulement blessé et parvient à se traîner un peu plus loin, où il est arrêté par deux officiers qui le font prisonnier et lui fournissent des soins.

Octobre 1947

Élections municipales, marquées par la « vague RPF ». Lucien Neuwirth est élu conseiller municipal à Saint-Étienne : à 23 ans, il est désigné par le maire, Alexandre de Fraissinette, responsable de l’office HLM et de la « commission d’assistance judiciaire » surnommée « commission des divorces ». Confronté aux difficultés des couples en milieu ouvrier, le jeune élu découvre en particulier les effets dramatiques de la loi nataliste de 1920 qui interdit toute prophylaxie anticonceptionnelle.
 

13 mai 1958

Retour du général de Gaulle au pouvoir.
 

30 novembre 1958

Lucien Neuwirth est élu député gaulliste de la Loire. Constamment réélu jusqu’en 1981, il sera secrétaire général du groupe UNR de 1958 à 1962, puis questeur de 1962 à 1975.
 

1960

Fondation du Mouvement Français pour le Planning Familial, après l’essai de Maternité Heureuse.
 

1965

Élection présidentielle. François Mitterrand évoque le problème de la contraception pendant la campagne, ce qui choque le général de Gaulle.
 

18 mai 1966

Lucien Neuwirth dépose sa proposition de loi, le jour de son anniversaire, pour marquer son respect de la naissance.
 

11 juin 1966

Constitution d’une commission spéciale pour examiner la réforme, réunie dès le 16 juin. Parmi les membres : François Mitterrand et cinq femmes sur les six que compte alors l’Assemblée nationale. Les auditions de personnalités (les autorités religieuses, les professeurs Monod et Jacob, l’économiste Alfred Sauvy, le sociologue Pierre Bourdieu) ont lieu du 29 juin au 17 novembre.
 

1966-1967

Durant toute cette période, Lucien Neuwirth fait l’objet de nombreuses attaques. Traité de « fossoyeur de la France », surnommé « l’Immaculée Contraception » par un ministre qu’il appellera en retour « le Souverain Poncif », Lucien Neuwirth apprend dans la presse qu’un sénateur demande sa traduction en Haute Cour.

Reçu à l’Élysée, Lucien Neuwirth parvient à convaincre le général de Gaulle : « C’est vrai ; transmettre la vie, c’est important ! Il faut que ce soit un acte lucide. Continuez. »

Au printemps, Georges Pompidou lui apprend que sa proposition de loi va être inscrite à l’ordre du jour parlementaire.
 

30 juin 1967

Examen du rapport de la Cour des comptes à l’Assemblée nationale. Lucien Neuwirth et sa collègue de gauche Jacqueline Thome-Patenôtre perturbent la séance par des rappels au Règlement pour obtenir l’inscription de la réforme à l’ordre du jour avant la fin des travaux.
 

1er juillet 1967

Deux séances sont consacrées à la réforme (séance de l’après-midi puis séance de nuit). A main levée, le texte est voté par une partie de la droite et l’ensemble de la gauche. [ Voir le compte rendu intégral : de la deuxième séance - de la troisième séance du samedi 1er juillet 1967]

29 novembre 1967

Encouragement public du chef de l’État. Lucien Neuwirth revoit le général de Gaulle au cours d’une réception donnée par Jacques Chaban-Delmas à l’hôtel de Lassay. « Bonjour, Neuwirth, vous allez bien ? – Oui, mieux, mon Général. » Ce simple échange public indique aux députés gaullistes que l’Élysée soutient la réforme, examinée au Sénat.
 

14 décembre 1967

Amendée par le Sénat, la proposition de loi revient à l’Assemblée nationale, pour deux séances au cours de laquelle sont défendus (et repoussés) de nombreux amendements visant à restreindre la portée de la réforme.

Le groupe communiste menaçant de demander un scrutin public, Lucien Neuwirth alerte dans les couloirs sa collègue Marie-Claude Vaillant-Couturier qui en dissuade ses collègues : à main levée, vote en deuxième lecture du texte.
 

Voir le compte rendu intégral : de la première séance - de la deuxième séance du jeudi 14 décembre 1967

 

Vidéo

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19 décembre 1967

Adoption par l'Assemblée nationale et par le Sénat du texte de la commission paritaire.

28 décembre 1967

Promulgation de la loi. Le général de Gaulle la signe, non à l’Élysée comme de coutume mais à Colombey-les-Deux-Églises où il passe les fêtes en famille.
 

3 février 1969

Parution des premiers décrets d’application.
 

8 mars et 26 avril 1972

Parution du décret sur le stérilet, puis du décret sur les établissements de planning familial.
 

26 novembre 1974

Lucien Neuwirth s’exprime dans la première séance consacrée au projet de loi Veil, appelant de ses vœux le moment où « une morale de la connaissance se sera substituée à la morale de la contrainte ».
 

Juin 1981

Lucien Neuwirth est battu aux législatives.
 

25 septembre 1983

 Déjà président du conseil général de la Loire, Lucien Neuwirth est élu sénateur. Réélu en 1992, il sera sénateur jusqu’en 2001, questeur du Sénat et rapporteur de la loi visant à garantir le droit à l'accès aux soins palliatifs en 1999.