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Outre les exceptionnels manuscrits de Jean-Jacques Rousseau présentés à l'occasion de l’exposition « Rousseau et la Révolution », la Bibliothèque de l’Assemblée nationale conserve un fonds important sur la vie et l’œuvre du citoyen de Genève. Souvent assortis d’une riche iconographie, ces écrits permettent de découvrir des aspects moins connus de Jean-Jacques Rousseau. Ils montrent également qu’adulé ou détesté, le philosophe n’a jamais laissé indifférent.
Une existence nomade : accueilli par de riches protecteurs et protectrices, obligé parfois de fuir pour échapper aux polémiques suscitées par son œuvre, Jean Jacques Rousseau vivra ainsi en France, en Savoie, à Venise, en Angleterre et en Suisse comme en témoigne l’ouvrage rassemblant ces Vues de différentes habitations de Jean-Jacques Rousseau (Paris : Imprimerie lithographique de C. de L…, 1819.)
Une vie nourrie de rencontres, de voyages et de travail qu’il relate dans son œuvre autobiographique Les Confessions rédigées entre 1765 et 1770 et dont la Bibliothèque conserve, outre son manuscrit, une belle édition de 1889 (Illustrations gravées à l’eau forte extraites des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, nouvelle édition illustrée par Maurice Leloir – H. Launette et Cie éditeurs 1889) :
Une
œuvre placée sous la bienveillance de protectrices et de protecteurs :
De Mme de Warens au Marquis de Girardin, plusieurs
ouvrages représentent les personnalités qui ont marqué l’existence du
philosophe : Les portraits de Jean-Jacques Rousseau par H.
Buffenoir (1913 – Ernest Leroux), La Comtesse d’Houdetot, une amie de J-J.
Rousseau par Hippolyte Buffenoir (Paris Calmann Levy 1901) et Iconographie
de J.J.Rousseau par le Comte de Girardin (Paris Librairie centrale d’Art et
d’Architecture).
Il côtoie ainsi l’aristocratie sans toutefois abandonner son esprit critique ; ainsi rapporte-t-il dans ses Confessions (Livre VI) (1765 -1770), à propos d’une période difficile de sa vie : « Enfin je me rappelai le pis-aller d’une grande princesse à qui l’on disait que les paysans n’avaient pas de pain, et qui répondit : Qu’ils mangent de la brioche. », phrase devenue emblématique lors de la Révolution
Une passion pour la botanique :
Toute sa vie,
« l’homme de la nature » se passionnera pour les plantes ; ses herbiers et
ses ouvrages sur le sujet font référence parmi lesquels : La Botanique
mise à la portée de tout le monde des sieur et dame Regnault (1774)
annotée par Rousseau ou l’Herbier extrait de ses œuvres complètes
précitées.
Ainsi, Jean-Jacques Rousseau, n’écrit-il pas dans une lettre de Môtiers adressée le 1er août 1765 à M. d’Ivernois « Je raffole de la botanique : cela ne fait qu’empirer tous les jours. Je n’ai plus que du foin dans la tête, je vais devenir plante moi-même un de ces matins, et je prends déjà racine à Môtiers en dépit de l’archiprêtre qui continue d’ameuter la canaille pour m’en chasser ».
Les sciences et les arts occupent une place très importante dans l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau comme en témoignent : L’Encyclopédie de Diderot de d’Alembert dont il rédige l’article consacré à la musique, son projet de nouveau système d’écriture musicale présenté à l’Académie des sciences en 1742, la rédaction d’un dictionnaire de musique, son Essai sur l'origine des langues ou ses pièces de théâtre.
Une œuvre politique : Si le Contrat social demeure l’œuvre politique emblématique de Jean-Jacques Rousseau, nombreux sont les écrits consacrés aux gouvernements des peuples : En témoignent : ses Considérations sur le gouvernement de Pologne, son Projet de Constitution pour la Corse rédigé à la demande de MM. Butta-Foco et Paoli ou ses pensées sur la Loi
Lorsqu’il amende le projet de Constitution de 1791, Robespierre fait, à deux reprises, en plaidant pour la souveraineté du peuple et pour le suffrage universel (masculin), référence à Rousseau ainsi que le montre le projet annoté de sa main conservé à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale. Robespierre écrit ainsi :
« (…) Le pouvoir législatif ne peut être délégué de cette manière car il est l’essence même de la souveraineté –Rousseau - ; Il n’y aurait plus même l’ombre de volonté générale, puisque l’on suppose ici que le Roi partage cette délégation du pouvoir législatif (…) »
« (…) Que signifie votre garantie de l’égalité des droits ? L’admissibilité à tous les emplois. Qu’importe que vous ayez supprimé la noblesse ! Qu’elle était la garantie d’Aristide ; quelle était la garantie de Rousseau. Un député riche veut augmenter sa fortune ; un député pauvre veut être libre (…) ».
Un personnage qui ne laisse pas indifférent : De son vivant…et bien après sa mort, ses écrits font polémique ; qu’ils le mettent en cause ou qu’ils le défendent, ses détracteurs et ses laudateurs s’expriment avec beaucoup de vigueur, comme en témoignent ces écrits conservés à la Bibliothèque:
La censure de l’Émile par la faculté de théologie de Paris (Paris ; Le Prieur, 1762),
Dans une virulente critique du Jean-Jacques Rousseau politique et philosophe lue devant les députés le 11 juin 1912, Maurice Barrès s’oppose à la célébration du bicentenaire de sa naissance….tout en rendant hommage à l’ami de la nature ;
Le Plaidoyer pour et contre Jean-Jacques Rousseau et le docteur Herne par M. Bergerat (Londres - 1768) ;
Les lettres admiratives de Madame de Staël sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau (nouvelle édition. 1789).
Un personnage commémoré : Dès la Révolution, mais également à l’occasion de son centenaire et du bicentenaire de la naissance du philosophe, nombreux sont ceux qui célèbrent la mémoire de Jean-Jacques Rousseau comme en témoignent les interventions d’élus de la Nation dont la Bibliothèque conserve des manuscrits:
Ces pétitions déposées à l’Assemblée nationale auxquelles il est fait référence dans les procès verbaux manuscrits des séances du 27 août 1791 et du 5 novembre 1793 qui demandent le transfert des cendres de J-J. Rousseau au Panthéon ainsi que l’élévation d’une statue à la gloire du grand homme ;
L’hommage à Jean-Jacques Rousseau dans le cadre des fêtes du Centenaire de la Révolution, ouvrage dans lequel figure un poème du député Clovis Hugues qui lie Rousseau à la Révolution.
La lettre de Louis Blanc datée du 15 juin 1878 demandant à Léon Gambetta de s’associer à la célébration de la mort de Rousseau.
Tous ces écrits et documents, au premier titre desquels, la collection de manuscrits de Jean- Jacques Rousseau, plaidaient, on le comprend, pour une participation active de l’Assemblée nationale aux manifestations du tricentenaire de la naissance du philosophe.