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40ème anniversaire de la 1ère élection de Michel Crépeau à l’Assemblée nationale

Séance publique du 5 novembre 1997

Intervention dans la discussion du texte de la commission mixte paritaire sur le projet de loi sur la pêche maritime et cultures marines

M. le président. Dans la discussion générale, la parole est à M. Michel Crépeau.

M. Michel Crépeau. Nous en sommes à notre troisième débat sur ce texte. Par conséquent, tout ce qui pouvait être dit l’a été et fort bien, par vous-même, monsieur le ministre, qui connaissez parfaitement ce sujet, par vous aussi, monsieur le rapporteur, ainsi que par les différents parlementaires, députés et sénateurs, notamment par M. Guy Lengagne, qui a exprimé le soutien unanime du groupe Radical, Citoyen et Vert.

Je tiens néanmoins, en cet instant, à dire ce qu’il faut répéter sans cesse parce que, comme le disait Clemenceau, les idées sont comme les clous, ce n’est qu’en tapant dessus plusieurs fois que l’on finit par les faire entrer dans la tête des gens ! Or en France, c’est comme ça, on ne le regrettera jamais assez, alors que nous avons le plus grand littoral maritime d’Europe, nous ne pêchons dans nos eaux que 25 % du poisson consommé dans notre pays. S’agissant des produits de la mer, le déficit de notre balance commerciale s’élève à 11 milliards de francs, soit beaucoup plus que ce que coûte le plan emploi dont le Gouvernement a fait un axe fort de sa politique.

Pourtant les Français, à juste titre, aiment le poisson. La consommation augmente de 2 % par an. Ils en mangeront de plus en plus d’ailleurs parce que le poisson, c’est sain. C’est bon pour le cholestérol, cela contient du phosphore qui protège de la maladie d’Alzheimer ! Et pour les femmes et les hommes qui veulent conserver la ligne, c’est un produit qui ne fait pas grossir. Donc, tout est bien dans le poisson. Sauf qu’il y en a de moins en moins ! (Sourires.)

Bien entendu, l’art des gouvernements c’est d’abord de préserver la ressource, parce que s’il n’y a plus de poissons, il n’y aura plus de pêcheurs, plus de marine et nous perdrons tous les bienfaits du poisson. Mais s’agissant de la protection de la ressource, il est une chose très importante qui n’a pas été dite. Il faut organiser les marchés de telle manière que l’on ne balance plus pour en faire des engrais des poissons en parfait état de conservation, qui pourraient parfaitement être consommés. Il y a là un scandale que les Français ne peuvent pas admettre et qu’ils admettront de moins en moins. Il faut donc, monsieur le ministre, que vous vous attachiez à régler ce problème.

Quant aux bateaux, la loi en parle un peu, mais il faut s’attacher à stopper le phénomène de ce que j’appelle les « capitaux flottants ». Vous nous avez aidés, à La Rochelle comme ailleurs, monsieur le ministre, à construire une flotte, à la rénover et nous voyons les bateaux s’en aller, un par un, sans rembourser d’ailleurs l’argent investi par les collectivités locales. Il faut le dire très clairement, il y a là encore un véritable problème qui mérite d’être traité.

Bien sûr il faut du poisson, des marins, des bateaux, mais il faut aussi un marché. Or nous sommes en train d’assister à une transformation fondamentale en la matière, et c’est l’ancien ministre du commerce qui parle. Alors que la grande distribution ne s’est pas du tout occupée du poisson au début, la moitié du poisson vendu passe maintenant par elle. Il y a là un problème majeur. Les grands groupes de la grande distribution achètent des licences de mareyeur − ils ne sont pas toujours bien accueillis sur les criées d’ailleurs. Les mareyeurs traditionnels éprouvent de grandes difficultés car les organismes gestionnaires des ports exigent souvent un paiement immédiat des taxes de port, alors que leurs clients ne les paient qu’à quatre-vingt-dix jours. Si la grande distribution intervient, les écrous sont encore davantage serrés et de nombreuses entreprises de mareyage connaissent des difficultés.

Puisque beaucoup d’entreprises ont des difficultés de trésorerie, il faut, comme cela a été fait en fait en Bretagne, autoriser les mareyeurs à ne payer ce qu’ils doivent aux chambres de commerce que lorsqu’eux-mêmes ont été payés par leurs clients.

Reste tout un volet dont j’aimerais que nous parlions, mais nous n’en avons pas le temps aujourd’hui, celui qui concerne la formation professionnelle. Il faut que nos jeunes aient envie de naviguer. On me dit partout qu’on manque d’équipages. Et il y a beaucoup de chômeurs.

N’est-ce pas quelque chose de tout à fait anormal que cette difficulté à recruter ? Il y a là tout un problème de culture qui doit être étudié.

Enfin, parlons de la recherche dans le domaine des produits de la mer. Je suis convaincu qu’on consommera de plus en plus de poisson, mais différemment, et que les industries agroalimentaires vont utiliser dans de bonnes conditions des produits nouveaux conditionnés, conservés grâce aux méthodes nouvelles qui se mettront peu à peu en place. En tout cas, un effort de recherche avec votre collègue ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie me paraît indispensable. L’avenir est là, monsieur le ministre. (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste.)

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