SOMMAIRE
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PREMIÈRE PARTIE

CONDITIONS GÉNÉRALES DE L’ÉQUILIBRE FINANCIER

TITRE PREMIER

DISPOSITIONS RELATIVES AUX RESSOURCES

ii.- ressources affectées

Article 37 Dispositions relatives aux affectations

Article 38 Actualisation des taux de la taxe sur les huiles perçue au profit du BAPSA

Article 39 Versement d’une contribution des organismes collecteurs du 1% logement

Article 40 Enveloppe normée des concours de l’Etat aux collectivités territoriales

Article 41 Majoration exceptionnelle de la dotation de solidarité urbaine (DSU)

Article 42 Évaluation du prélèvement opéré sur les recettes de l’Etat au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes

TITRE II

DISPOSITIONS RELATIVES À L’ÉQUILIBRE DES RESSOURCES ET DES CHARGES

Article 43 Équilibre général du budget

II. ressources affectées

Article 37

Dispositions relatives aux affectations.

Texte du projet de loi :

Sous réserve des dispositions de la présente loi, les affectations résultant de budgets annexes et comptes spéciaux ouverts à la date du dépôt de la présente loi sont confirmées pour l’année 1999.

Exposé des motifs du projet de loi :

L’article 18 de l’ordonnance n°59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances dispose que «  certaines recettes peuvent être directement affectées à certaines dépenses. Ces affectations spéciales prennent la forme de budgets annexes ou de comptes spéciaux du Trésor ou de procédures comptables particulières au sein du budget général ou d’un budget annexe  ».

Il est en outre précisé qu’à l’exception des opérations de prêts ou d’avances et des procédures comptables particulières, «  l’affectation est exceptionnelle et ne peut résulter que d’une disposition de loi de finances, d’initiative gouvernementale  ».

L’objet de cet article est de confirmer pour 1999 les affectations résultant des lois de finances antérieures.

Observations et décision de la Commission :

L’article 2 de l’ordonnance organique n° 59-2 du 2 janvier 1959 dispose que « seules les dispositions relatives à l’approbation des conventions financières, aux garanties accordées par l’Etat, à la gestion de la dette publique ainsi que de la dette viagère, aux autorisations d’engagements par anticipation ou aux autorisations de programme peuvent engager l’équilibre financier des années ultérieures ».

Cette disposition restrictive, qui vise à limiter les engagements financiers pluriannuels, ne mentionne pas les affectations de recettes.

Or, l’article 18 de l’ordonnance organique admet, par exception au principe d’universalité, que certaines recettes soient affectées à certaines dépenses. Ces affectations prennent la forme de budgets annexes, de comptes spéciaux du Trésor, ou, au sein du budget général ou d’un budget annexe, de procédures comptables particulières décidées par voie réglementaire (fonds de concours ou rétablissement de crédits).

Il est admis que les affectations à un compte spécial ou un budget annexe engagent l’équilibre financier des années ultérieures. Elles pèsent en effet sur les différentes composantes du tableau d’équilibre : budget général / comptes spéciaux et budgets annexes, opérations définitives / opérations temporaires.

C’est pourquoi le présent article propose, comme il est d’usage, de les confirmer pour l’année 1999. Cette confirmation doit s’entendre sous réserve des dispositions particulières qui pourraient être prises dans le présent projet.

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La Commission a adopté l’article 37 sans modification.

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Article 38

Actualisation des taux de la taxe sur les huiles perçue
au profit du BAPSA.

Texte du projet de loi :

Les taux de la taxe sur les huiles instituée au profit du budget annexe des prestations agricoles par l’article 1609 vicies du code général des impôts sont fixés comme suit :

 

Franc par kilogramme

Franc par litre

Huile d’olive

0,972

0,875

Huiles d’arachide et de maïs

0,875

0,797

Huiles de colza et de pépins de raisin

0,449

0,408

Autres huiles végétales fluides et huiles d’animaux marins dont le commerce et l’utilisation ne sont pas soumis aux règles internationales ou nationales relatives aux espèces protégées



0,764



0,666

Huiles de coprah et de palmiste

0,583

-

Huile de palme

0,534

-

Huiles d’animaux marins dont le commerce et l’utilisation sont soumis aux règles internationales ou nationales relatives aux espèces protégées


0,972


-

Exposé des motifs du projet de loi :

L’article 8 de la loi de finances n°62-1259 du 22 décembre 1962 a créé, au profit du budget annexe des prestations sociales agricoles, une taxe sur les huiles végétales, fluides ou concrètes, fabriquées, importées ou qui font l’objet d’une acquisition intracommunautaire et destinées à l’alimentation humaine.

Il est proposé, comme les années précédentes, d’actualiser les taux par kilogramme et par litre.

Observations et décision de la Commission :

Le présent article propose de revaloriser les taux de la taxe sur les huiles perçues au profit du budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA).

La taxe sur les huiles constitue une recette du BAPSA. Son régime est fixé par l’article 1609 vicies du code général des impôts. Cette taxe sur les huiles végétales, fluides ou concrètes, effectivement destinées, en l’état ou après incorporation dans tous produits alimentaires, à l’alimentation humaine, est due sur les huiles fabriquées, importées ou qui font l’objet d’une acquisition intra-communautaire.

Les taux sont fixés par la loi, en francs par kilogramme et par litre. L’absence de mécanisme d’indexation conduit à demander périodiquement au Parlement de procéder à la révision des barèmes, pour tenir compte de l’érosion monétaire.

C’est pourquoi le présent article propose, comme les années précédentes, de revaloriser les taux de la taxe par kilogramme et par litre, compte tenu de la hausse prévisionnelle des prix à la consommation, soit, pour 1999, 1,2%. Comme l’an passé, l’indice retenu correspond à l’indice des prix à la consommation hors tabac.

Le produit de la taxe figure à la ligne 70-46 « Taxe sur les corps gras alimentaires » du BAPSA, dont l’évolution est retracée dans le tableau ci-après :

ÉVOLUTION DU PRODUIT DE LA TAXE SUR LES CORPS GRAS ALIMENTAIRES AFFECTÉE AU BAPSA

(en millions de francs)

 

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

PLF 1999

LFI

505

571

600

639

610

567

577

621

659

Exécution

547

572

542

545

570

606

630

644 (a)

(a) Évaluation révisée

L’évaluation actuellement retenue pour le produit de la taxe en 1998 repose, d’une part, sur l’application au résultat de 1997 d’un taux de croissance en volume de 1% – qui semble correspondre à une tendance robuste à long terme – et, d’autre part, sur l’impact de la revalorisation de 1,3% correspondant à la prévision de hausse des prix (hors tabac) associée à la loi de finances initiale pour 1998. Le produit estimé pour 1998 s’élève ainsi à 644 millions de francs environ.

La même démarche donne un produit attendu de 659 millions de francs environ en 1999.

Cependant, on peut noter une forte variabilité, d’environ ±10%, du produit constaté autour de sa tendance de moyen terme, qui doit inciter à considérer la prévision de recettes en loi de finances initiale comme un ordre de grandeur plutôt que comme une évaluation très « fine ».

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* *

La Commission a adopté l'article 38 sans modification.

Article 39

Versement d'une contribution des organismes
collecteurs du 1% logement.

Texte du projet de loi :

I. Chaque organisme habilité au 1er janvier de l’année à recueillir la participation des employeurs à l’effort de construction verse à l’État une contribution égale à une fraction du total des sommes reçues au cours de l’année précédente au titre des versements effectués par les employeurs en application de l’obligation prévue à l’article L 313-1 du code de la construction et de l’habitation et des remboursements des prêts consentis pour une durée de plus de trois années à l’aide desdits versements.

Ces versements et remboursements s’apprécient avant imputation de la participation de l’année précédente telle qu’elle résulte de l’article 45 de la loi de finances pour 1998 (n°97-1269 du 30 décembre 1997) ou du présent article.

La contribution est versée spontanément au comptable du Trésor du lieu du siège de l’organisme sous la forme d’un versement d’un tiers avant le 10 janvier et de huit versements d’un douzième avant le 15 de chacun des mois de février à septembre de chaque année.

Le contrôle, le recouvrement, le contentieux, les garanties et les sanctions relatifs à cette contribution sont régis par les règles applicables en matière de taxe sur les salaires.

II. Pour 1999, la fraction visée au I est égale à 42,6 %.

Les associés collecteurs de l’Union d’économie sociale du logement, visée à l’article L. 313-17 du code de la construction et de l’habitation, sont libérés des versements leur incombant pour 1999 au titre du présent article dès lors que le versement de cette Union à l’État, tel qu’il résulte de l’engagement de substitution prévu par l’article 9 de la loi n° 96-1237 du 30 décembre 1996, atteint 6.400 millions F.

La contribution est affectée en 1999 au compte d’affectation spéciale n° 902-30 intitulé «  Fonds pour le financement de l’accession à la propriété  ».

III. Les deux premiers alinéas de l’article 9 de la loi n° 96-1237 du 30 décembre 1996 relative à l’Union d’économie sociale du logement sont ainsi rédigés :

«  L’Union d’économie sociale du logement est habilitée à se substituer à ses associés collecteurs agréés aux fins de participer à la collecte des sommes définies à l’article L. 313-1 du code de la construction et de l’habitation pour les versements des contributions prévues à l’article 39 de la loi de finances pour 1999 (n°98-.... du .. décembre 1998).

L’engagement de l’Union d’économie sociale pour le logement résulte d’une délibération de son conseil d’administration fixant les modalités de contribution des associés collecteurs et d’une convention conclue avec l’État s’imposant à ces derniers à peine de retrait de leur agrément, approuvées par décret. Les associés collecteurs qui n’auraient pas versé à l’Union les contributions dues par eux en application de l’engagement de substitution de celle-ci restent redevables de ces contributions envers l’État.  »

Exposé des motifs du projet de loi :

Conformément aux termes de la convention signée entre l’État et l’Union d’économie sociale du logement (UESL) le 3 août 1998, la contribution des organismes collecteurs de la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC ou 1 % logement) est reconduite pour quatre ans. Elle aura un caractère dégressif.

Comme pour les deux années précédentes, l’UESL est autorisée à se substituer aux associations à caractère professionnel ou interprofessionnel pour les versements incombant à ses associés.

En 1999, le montant total attendu de la contribution est de 6.600 millions F, dont 6.400 millions F pour l’UESL. Cette contribution sera affectée au compte d’affectation spéciale n° 902-30 «  Fonds pour le financement de l’accession à la propriété  ».

Observations et décision de la Commission :

Le présent article fixe les modalités de versement d’une contribution à l’Etat par les organismes collecteurs de la participation des employeurs à l’effort de construction, autrement appelée « 1% logement ». Dans le cadre de la convention passée par l’Etat avec l’Union d’économie sociale du logement (UESL) le 3 août 1998, cette contribution serait fixée en 1999 à 42,6% d’une assiette constituée par la collecte et les remboursements de prêts à plus de trois ans de l’année précédente. Elle serait plafonnée à 6.400 millions de francs pour les associés collecteurs de l’UESL.

I.- L’extinction progressive des prélèvements sur le 1% logement

A.- Le 1% logement

La participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC) est obligatoire pour ceux qui occupent au minimum 10 salariés, à l’exception de l’Etat, des collectivités locales et de leurs établissements publics administratifs assujettis à la taxe sur les salaires, autres que ceux qui appartiennent à des professions relevant du régime agricole de sécurité sociale.

Depuis le 1er janvier 1992, le taux de la PEEC est fixé à 0,45% du montant des salaires payés au cours de l’exercice écoulé.

1.- Les organismes collecteurs

Les organismes collecteurs comprennent :

– les 159 comités interprofessionnels du logement (CIL), associations à caractère professionnel ou interprofessionnel ayant pour objet exclusif de promouvoir la construction, l’acquisition, l’amélioration, la remise en état de logements, qui collectent environ 91% des ressources ;

– les 39 chambres de commerce et d’industrie, au deuxième rang des organismes collecteurs, avec moins de 6% de la collecte ;

– les sociétés immobilières filiales de la SNCF et de Renault, les sociétés anonymes de crédit immobilier, les caisses d’allocations familiales et les organismes constructeurs HLM-SEM. Chacune de ces catégories assure moins de 2% de la collecte.

Les CIL et les chambres de commerce sont regroupés, depuis 1997, dans l’Union d’économie sociale du logement (UESL) qui fédère et représente ces collecteurs.

2.- Les ressources à long terme

Le total des ressources à long terme résulte, pour chaque exercice, de l’addition de trois éléments :

– la collecte de l’exercice précédent (réalisée en décembre, elle est utilisable avec un exercice de décalage) ;

– les remboursements des prêts à long terme ;

– les sommes incorporées, correspondant à la part du résultat des collecteurs financiers affectée au fonds 1%.

Le total des ressources stables disponibles représente l’assiette de la contribution proposée par le présent article, les « prêts à long terme » étant distingués des « préfinancements », d’une durée égale ou inférieure à trois ans, qui ne sont pas compris dans l’assiette du prélèvement.

Cette assiette correspond, selon l’Agence nationale pour la participation des employeurs à l’effort de construction (ANPEEC), aux montants suivants :

RESSOURCES STABLES
1996

(en millions de francs)

 


Collecte

Remboursements de prêts à long terme


Total

Comités interprofessionnels du logement 6.111 7.203 13.314
Chambres de commerce et d’industrie 331 522 853
Sociétés anonymes de crédit immobilier 58 148 206
Caisses d’allocations familiales 1 1 2
Sociétés immobilières d’entreprises nationales 16 7 23
HLM-SEM 193 0 193
Total 6.710 7.881 14.591

Source : ANPEEC.

RESSOURCES STABLES
1997

(en millions de francs)

 


Collecte

Remboursements de prêts à long terme


Total

Comités interprofessionnels du logement 6.216 7.658 13.874
Chambres de commerce et d’industrie 349 512 861
Sociétés anonymes de crédit immobilier 58 152 210
Caisses d’allocations familiales 1 1 2
Sociétés immobilières d’entreprises nationales 15 8 23
HLM-SEM 210 0 210
Total 6.849 8.331 15.180

Source : ANPEEC, données provisoires.

B.- Vers l’extinction des prélèvements de l’Etat

1.- Des prélèvements anciens

Le principe d’une contribution du « 1% » pour participer au financement des aides publiques au logement n’est pas une nouveauté, le taux de la participation des employeurs, encore de 1% en 1971, ayant été réduit par étapes en contrepartie d’une contribution supplémentaire au Fonds national d’aide au logement (FNAL) qui finance l’allocation de logement sociale (ALS).

La dernière mesure de réduction du taux a été prise en application de l’article 26 de la loi n° 91-716 du 26 juillet 1991, qui a ramené le taux de cotisation des employeurs de 0,65% à 0,45%, réduction compensée par l’augmentation du taux de la contribution au FNAL de 0,2% à 0,4% de la masse salariale plafonnée.

La loi de finances rectificative du 4 août 1995 a institué une contribution exceptionnelle de 1.000 millions de francs en 1995 afin d’abonder le compte d’affectation spéciale n° 902-28 nouveau « Fonds pour l’accession à la propriété », ce qui a permis le recouvrement effectif de 994 millions de francs.

L’article 28 de la loi de finances pour 1996 a créé une contribution annuelle sur les organismes collecteurs de la participation des employeurs à l’effort de construction assise sur les versements des employeurs et les remboursements des prêts consentis de l’année précédente au taux de 6,8%, qui a donné lieu au recouvrement effectif de 942,3 millions de francs.

Les articles 47 de la loi de finances pour 1997 et 45 de la loi de finances pour 1998 ont organisé, dans le cadre de la convention d’objectifs passée entre l’Etat et l’UESL, le prélèvement en 1997 et 1998 de la moitié des ressources stables des collecteurs et son affectation en recettes du compte d’affectation spéciale n° 902-30 « Fonds pour le financement de l’accession à la propriété ». Le prélèvement pour 1997 s’est élevé à 7.724 millions de francs et celui de 1998 pourrait approcher 7.600 millions de francs. Ces sommes ont été affectées, pour l’essentiel, au financement du prêt à taux zéro.

Compte tenu de l’importance de ces montants, la question des rapports entre l’Etat et les collecteurs du 1%, après 1998, a suscité des inquiétudes et mobilisé des énergies.

2.- La convention du 3 août 1998

En décembre 1997, l’Union d’économie sociale du logement a publié une « note de réflexion sur le 1% logement de l’an 2000 » qui, après avoir rappelé le rôle majeur et original du 1% logement, a formulé des propositions pour l’avenir.

Le 25 mars 1998, le Conseil économique et social a adopté un rapport préconisant le renforcement de l’efficacité du 1% logement et l’établissement d’une vraie contractualisation Etat/partenaires sociaux.

La convention du 3 août 1998 s’inscrit dans ces perspectives. Conclue entre l’Etat et l’UESL, elle permet, comme l’expose son préambule, de :

« – clarifier les relations entre l’UESL et l’Etat en remplaçant progressivement la contribution financière de l’UESL à une politique d’Etat par le développement d’actions complémentaires à celles de l’Etat notamment en matière de sécurisation ;

– poursuivre la modernisation du fonctionnement interne du réseau des collecteurs par un renforcement du paritarisme, une rénovation des structures et une amélioration de la productivité. »

a) Une modernisation des interventions

La convention prévoit notamment la modernisation des formes d’intervention du 1% logement par :

– la mise en place d’un dispositif de sécurisation de l’accession à la propriété en faveur de l’ensemble des accédants modestes ayant souscrit un prêt à l’accession sociale et des accédants salariés d’entreprises assujetties à la PEEC dont les revenus sont inférieurs aux plafonds de ressources d’éligibilité au prêt à taux zéro lorsqu’ils sont confrontés à une forte réduction de leurs ressources, consécutive principalement à une situation de chômage ou d’éclatement de la cellule familiale ;

– des aides à l’aménagement dans le secteur locatif et dans l’accession à la propriété, sous forme de prêts pour travaux de remise en état, d’entretien et d’amélioration des résidences principales ;

– des aides à l’accès au logement locatif, par le financement d’un dépôt de garantie sous forme d’une avance non rémunérée consentie pour une durée maximale de trois ans ou d’un engagement sur une durée maximale de trois ans envers le bailleur de verser les fonds à la première demande justifiée. Il est également prévu la mise en place de mécanismes de garantie du loyer et charges locatives d’un montant maximal de neuf mois pour une durée d’engagement de trois ans ;

– des aides aux propriétaires privés acceptant un conventionnement avec plafonnement des loyers, afin de financer la construction ou les travaux nécessaires à la remise en location, en contrepartie de réservations pour les salariés.

b) Une modernisation des structures

Pour réaliser ces objectifs, la modernisation des structures doit être poursuivie. Rappelons qu’à la suite de la convention de septembre 1996, et dans le cadre de la loi n° 96-1237 du 30 décembre 1996 relative à l’Union d’économie sociale du logement, l’UESL, société anonyme coopérative, a été créée. Elle regroupe les CIL et les chambres de commerce, soit les collecteurs représentant 97% des ressources stables.

La convention prévoit la transformation des comités interprofessionnels du logement (CIL) en unions d’économie sociale (UES) dans des conditions permettant un renforcement du paritarisme. Un comité paritaire des emplois devra être créé au sein de chacune des UES à l’instar de celui qui existe au sein de l’UESL. Il devra participer à la mise en oeuvre par l’UES et ses filiales des politiques définies nationalement.

En ce qui concerne les autres collecteurs dont le statut ne pourrait évoluer vers celui de l’UES, un comité paritaire des emplois, ayant des compétences équivalentes à celles prévues pour les UES, devra être créé à partir d’un seuil de collecte de 1,5 million de francs. Les UES seront soumises au contrôle de l’ANPEEC et de la Cour des comptes. Le rapport annuel de l’ANPEEC sur le bilan de ses contrôles sera rendu public.

L’UESL s’est engagé dans la convention à continuer à favoriser les regroupements des associés collecteurs et à fixer des normes de frais de gestion.

c) Une programmation quinquennale de l’extinction des contributions

à l’Etat

Enfin la convention prévoit que :

« L’UESL versera à l’Etat, au titre de sa contribution à la politique du logement, les montant suivants :

– 6,4 milliards de francs en 1999 ;

– 5 milliards de francs en 2000 ;

– 3,4 milliards de francs en 2001 ;

– 1,8 milliard de francs en 2002.

Cette contribution s’éteint en 2003.

Les modalités de calcul de la contribution à verser à l’UESL par chacun de ses associés collecteurs sont déterminées par le conseil d’administration de l’UESL. Une convention annuelle entre l’Etat et l’UESL fixe les modalités de versement de ces contributions.

L’Etat s’engage sur la durée de la convention à maintenir le taux de la participation à 0,45% des salaires et à n’effectuer aucun prélèvement sur les associés collecteurs de l’UESL en sus de la contribution prévue au présent article. »

[...]

« La présente convention sera mise en oeuvre à compter du 1er janvier 1999 et expirera le 31 décembre 2003.

Elle fait l’objet d’une évaluation annuelle. »

II.- Le dispositif proposé

Le dispositif proposé par le présent article retient davantage l’attention par son architecture générale que par son contenu. En effet, alors que la convention prévoit des versements dégressifs jusqu’en 2002, le présent article fixe une base et un taux pour déterminer la contribution due. Il est clair que, si cette précision est utile pour répartir le poids du prélèvement entre chaque collecteur du 1%, elle n’implique pas que le prélèvement opéré revête un quelconque caractère fiscal. Il s’agit bien entendu d’une recette non fiscale d’un compte d’affectation spéciale.

Le premier alinéa du I prévoit que « chaque organisme habilité au 1er janvier de l’année à recueillir la participation des employeurs à l’effort de construction verse à l’Etat une contribution égale à une fraction du total des sommes reçues au cours de l’année précédente au titre des versements effectués par les employeurs en application de l’obligation prévue à l’article L. 313-1 du code de la construction et de l’habitation et des remboursements des prêts consentis pour une durée de plus de trois années à l’aide desdits versements ».

Cette rédaction reproduit presque à l’identique celle de l’article 45 de la loi de finances initiale pour 1998 et n’appelle aucun commentaire particulier. La définition de l’assiette est la même que celle des prélèvements opérés en 1997 et 1998.

Les trois autres alinéas du I sont directement inspirés du même article et sont d’un sens clair. Ils précisent les modalités de versement et les garanties.

Le II procède, dans son troisième alinéa, à l’affectation du prélèvement en recettes du compte d’affectation spéciale n° 902-30 « Fonds pour le financement de l’accession à la propriété ».

L’article 53 du projet de loi de finances procède à la clôture de ce compte au 31 décembre 1999. La recette doit servir en 1999 au financement des prêts à taux zéro attribués en 1998 et qui ont fait l’objet d’un financement cette année pour moitié seulement de leur coût. Il en résultera un solde net positif de 3.470 millions de francs sur le compte.

Le II du présent article prévoit également, dans un premier alinéa, que la fraction des ressources stables servant au calcul du prélèvement est fixée à 42,6% en 1999.

Ce taux procède d’une estimation des ressources de 1998 sur la base des résultats (provisoires) de 1997, et doit permettre d’obtenir le prélèvement prévu par la convention sur les associés membres de l’UESL, soit 6.400 millions de francs.

Pour ce calcul, a été prise en compte la somme des ressources stables en 1997 des associés collecteurs membres de l’UESL, soit 6.585 millions de francs de collecte et 8.110 millions de francs de remboursements de prêts. Il a été appliqué un taux de progression de 2% pour la collecte et de 2,25% pour les remboursements afin de déterminer la base théorique du prélèvement de 1999,

soit (6.585 x 1,02) + (8.110 x 1,0225) = 15.009 millions de francs.

L’application du taux de 42,6% à cette somme permet d’obtenir la contribution de 6.400 millions de francs due par les associés membres de l’UESL.

15.009 x 42,6% = 6.394 millions de francs.

A toutes fins utiles, le deuxième alinéa du II plafonne le versement des associés collecteurs de l’UESL à 6.400 millions de francs, conformément à la convention du 3 août 1998.

Pour autant, la contribution des associés non membres de l’UESL, estimée à 200 millions de francs, n’est pas plafonnée. Le même calcul théorique sur les résultats provisoires de 1997 donne le produit suivant :

(284 x 1,02) + (161 x 1,0225) = 454,30 x 42,6% = 193 millions de francs.

Enfin, et par coordination, le III du présent article propose une nouvelle rédaction des deux premiers alinéas de l’article 9 de la loi n° 96-1237 du 30 décembre 1996 relative à l’Union d’économie sociale du logement afin de prévoir que l’Union est habilitée à se substituer à ses associés collecteurs pour les versements des contributions prévues par le présent article.

Il est également proposé des précisions conçues, dans l’esprit des rédacteurs du présent article, pour mieux assurer le recouvrement effectif du prélèvement :

– l’engagement de l’Union d’économie sociale du logement résulte d’une délibération de son conseil d’administration fixant les modalités de contribution des associés collecteurs ;

– il résulte également d’une convention conclue avec l’Etat s’imposant à ces derniers à peine de retrait de leur agrément, approuvée par décret. Les associés collecteurs qui n’auraient pas versé à l’Union les contributions dues par eux en application de l’engagement de substitution de celle-ci resteraient redevables de ces contributions envers l’Etat.

Le rétablissement dans le budget général de l’intégralité du financement du prêt à taux zéro, à compter de 2000 (en 1999 les crédits de paiements correspondant aux prêts engagés en 1998 sont inscrits sur compte d’affectation spéciale n° 902-30), et l’extinction progressive du prélèvement sur les collecteurs du 1% logement sont deux bonnes mesures. En effet, cette orientation devrait permettre de maintenir, sans recours supplémentaire à l’emprunt, les capacités de financement des collecteurs du 1%. Du fait des prélèvements de 1997 et 1998, l’UESL avait dû recourir à un emprunt de 1,5 milliard de francs en 1997 et dispose en 1998 d’une ligne de crédits auprès du Crédit local de France à hauteur de 4,5 milliards de francs, avec faculté d’emprunter jusqu’à 5,5 milliards de francs. Le retour à une situation normale avait donc été précédé effectivement d’une débudgétisation.

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La Commission a adopté l’article 39 sans modification.

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Article 40

Enveloppe normée des concours de l'État aux collectivités territoriales.

Texte du projet de loi :

I. Pour chacune des années 1999, 2000 et 2001, la dotation globale de fonctionnement, la dotation spéciale pour le logement des instituteurs, les dotations de l’État au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle et au Fonds national de péréquation, la dotation élu local, la dotation globale d’équipement, la dotation générale de décentralisation, la dotation de décentralisation pour la formation professionnelle, la dotation générale de décentralisation pour la Corse, la dotation départementale d’équipement des collèges, la dotation régionale d’équipement scolaire et la dotation de compensation de la taxe professionnelle (hors réduction pour embauche ou investissement) forment un ensemble dont l’évolution globale, à structure constante, de loi de finances initiale à loi de finances initiale, est égale à la somme du taux prévisionnel d’évolution des prix à la consommation des ménages (hors tabac) de l’année de versement et d’une fraction du taux d’évolution du produit intérieur brut en volume de l’année précédente associés au projet de loi de finances de l’année de versement. Cette fraction est égale à 15 % en 1999, 25 % en 2000 et 33 % en 2001.

II. Pour l’application du I, le calcul de la dotation globale de fonctionnement à inscrire dans les projets de loi de finances pour 1999, 2000 et 2001 s’effectue à partir du montant de l’année précédente, tel qu’il ressort du 1° de l’article L. 1613-1 du code général des collectivités territoriales.

III. Au IV de l’article 6 de la loi de finances pour 1987 (N° 86-1317 du 30 décembre 1986) sont insérées, avant le dernier alinéa, les dispositions suivantes :

«  Pour chacune des années 1999, 2000 et 2001, le taux d’évolution de la dotation instituée au premier alinéa du présent paragraphe est celui qui permet de respecter la norme d’évolution fixée au I de l’article 40 de la loi de finances pour 1999 (N° 98-.... du .. décembre 1998), compte tenu du montant total des autres dotations énumérées au même I.

Pour les mêmes années, toute diminution de cette dotation par rapport au montant de l’année précédente est modulée de telle sorte que supportent une diminution égale aux deux tiers de la diminution moyenne de la dotation de compensation telle qu’elle résulte de l’application de l’alinéa précédent :

- les communes qui remplissent au titre de l’année précédente les conditions d’éligibilité aux attributions de la dotation de solidarité urbaine instituée par l’article L. 2334-15 du code général des collectivités territoriales ;

- les départements qui remplissent au titre de l’année précédente les conditions d’éligibilité aux attributions de la dotation de fonctionnement minimale prévue à l’article L. 3334-7 du code général des collectivités territoriales ;

- les régions qui remplissent au titre de l’année précédente les conditions d’éligibilité aux attributions du fonds de correction des déséquilibres régionaux prévu à l’article L 4332-4 du code général des collectivités territoriales. »

Exposé des motifs du projet de loi :

Dans le cadre du nouveau contrat de croissance et de solidarité avec les collectivités locales est constituée une enveloppe normée des concours de l’État pour une nouvelle période de trois ans (1999-2001).

Cette enveloppe est composée de l’ensemble des dotations indexées de l’État aux collectivités locales et représente un total de 156,7 milliards F en loi de finances initiale pour 1998.

Cette enveloppe évoluera, de loi de finances initiale à loi de finances initiale, conformément à l’évolution de l’indice des prix à la consommation hors tabac associé au projet de loi de finances et d’une fraction du PIB en volume de l’année précédente (15 % en 1999, 25 % en 2000 et 33 % en 2001).

L’indexation est appliquée sur l’enveloppe de l’année en cours, dont le montant est ajusté pour tenir compte de la révision du montant de la dotation globale de fonctionnement prévu par le 1° de l’article L.1613-1 du code général des collectivités territoriales.

Une fois connu le montant de toutes les autres dotations qui résulte de l’application des textes actuels, l’ajustement est réalisé sur la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP) dont le taux d’évolution est déterminé par le respect de la norme globale.

Lorsque cette dotation connaîtra une évolution moyenne à la baisse, le taux d’évolution de la DCTP qui s’appliquera à la somme reçue par chaque collectivité locale, ou fonds de péréquation, sera différent selon que la collectivité concernée est éligible ou non à la dotation de solidarité urbaine (DSU), à la dotation de fonctionnement minimale (DFM), au fonds de compensation des déséquilibres régionaux (FCDR).

Observations et décision de la Commission :

Le présent article prévoit de remplacer le « pacte de stabilité » entre l’Etat et les collectivités territoriales, qui arrive à échéance, par un « contrat de croissance et de solidarité ».

Dès 1993, le groupe « Décentralisation : bilan et perspectives », constitué dans le cadre de la préparation du XIème Plan avait préconisé une politique permettant de mieux cerner les évolutions prévisibles de l’ensemble des ressources des collectivités locales et avait suggéré « une forme de contractualisation du financement de politiques publiques considérées comme prioritaires ».

En 1994, le rapport du groupe de travail, présidé par M. François Delafosse, avait également estimé qu’il était nécessaire de rechercher une plus grande stabilité du cadre juridique dans lequel s’inscrivent les ressources des collectivités locales.

Dans le cadre du projet de loi de finances pour 1996, le Gouvernement a saisi l’occasion de mieux maîtriser l’évolution de l’un de ses principaux postes de dépenses (1), tout en apparaissant souscrire à cette recherche de stabilité.

L’article 32 de la loi de finances pour 1996 a ainsi prévu que pour 1996, 1997 et 1998, certains concours de l’Etat aux collectivités locales seraient regroupés au sein d’une enveloppe dite « normée », dont l’évolution à structure constante, de loi de finances initiale à loi de finances initiale, devait être égale à l’évolution prévisionnelle des prix à la consommation, hors tabac, associée au projet de loi de finances.

Ce dispositif, qualifié de « pacte de stabilité » a été strictement appliqué, même en 1998, où le nouveau Gouvernement, issu des élections législatives du printemps 1997, a estimé préférable de le poursuivre jusqu’à son terme. Des concertations ont toutefois été engagées avec les représentants des élus locaux, très critiques à l’encontre du pacte de stabilité, pour préparer la « sortie » de ce mécanisme.

Au terme de ces discussions, le Gouvernement propose un contrat de croissance et de solidarité, qui, s’il s’inscrit dans une certaine continuité par rapport au pacte de stabilité, lui apporte également des améliorations sensibles.

I.- Le contrat de croissance et de solidarité se situe dans la continuité du pacte de stabilité

Les principaux objectifs poursuivis par le contrat de croissance et de solidarité sont les mêmes que ceux qui ont prévalu lors de la mise en oeuvre du pacte de stabilité. Il s’agit :

– d’une part, de garantir une meilleure prévisibilité des ressources des collectivités locales et des charges de l’Etat, grâce à une programmation pluriannuelle de l’évolution des dotations ;

– d’autre part, d’associer les collectivités locales à l’effort de réduction des déficits publics.

Dans ces conditions, il est logique que le contrat de croissance et de solidarité présente une structure similaire à celle du pacte de stabilité, ce qui conduit à réaffirmer la pertinence de certaines critiques formulées par les élus locaux à l’encontre de ce dernier.

A.- Une structure similaire à celle du pacte de stabilité

La comparaison formelle du présent article et de l’article 32 de la loi de finances pour 1996 permet de remarquer très rapidement que le contrat de croissance et de solidarité conserve le principe du périmètre normé, la prise en compte du « recalage » de la dotation globale de fonctionnement (DGF), et le choix de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP) comme variable d’ajustement.

1.- La reconduction du périmètre normé

Le I du présent article maintient la structure du périmètre (ou enveloppe) normé, ainsi que les règles de progression de chacune des dotations qui le constituent.

Les concours de l’Etat dits « actifs », dans la mesure où ils étaient déjà indexés en vertu de dispositions antérieures à la loi de finances pour 1996, continueront donc d’être regroupés dans une enveloppe normée en 1999, 2000 et 2001. Il s’agit des dotations de fonctionnement et d’équipement, des financements des transferts de compétences et de la DCTP.

·   Chacun de ces concours, à l’exception de la DCTP, est, dans un premier temps, indexé conformément à ses règles propres :

– la DGF progresse selon un indice égal à la somme du taux prévisionnel d’évolution des prix à la consommation hors tabac de l’année de versement et de la moitié de la croissance du PIB en volume de l’année en cours. Une telle indexation devrait aboutir à une progression de 2,75% en 1999. Cependant, comme nous le verrons ci-après, l’indexation porte, en application de l’article L.1613-1 du code général des collectivités territoriales, sur le montant « recalé » de la DGF de l’année en cours (1998), pour tenir compte des derniers indices connus et, de plus, en vertu de l’article L.1613-2 dudit code, il doit être procédé à la régularisation du montant de la dotation afférente à l’exercice précédent (1997). Cela se traduit par une croissance de la DGF de 2,78% en 1999, soit le double de la progression de l’an passé. Cette évolution est particulièrement appréciable pour les communes qui ne perçoivent que la dotation forfaitaire, dont le taux de progression, fixé par le Comité des finances locales, est compris entre 50% et 55% du taux de croissance des ressources totales de la DGF : la dotation forfaitaire pourrait ainsi connaître une hausse variant entre 1,39% et 1,53%, après 0,73% en 1998 et 0,65% en 1997 ;

– les autres dotations de fonctionnement progressent selon les règles habituelles, soit comme l’indice de progression de la DGF - c’est le cas de la dotation élu local (2) de la dotation spéciale instituteurs - soit comme les recettes fiscales nettes de l’Etat - et c’est le cas des dotations de l’Etat au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) et au Fonds national de péréquation qui progressent de 5,88% ;

– les dotations d’équipement incluses dans le périmètre évoluent comme la formation brute de capital fixe (FBCF) des administrations publiques, soit 3,8% : il s’agit de la dotation globale d’équipement (DGE) et des deux dotations d’équipement scolaire ;

– les dotations de financement des transferts de compétences, la dotation générale de décentralisation (DGD), la DGD Corse et la DGD formation professionnelle progressent au même taux que la DGF, soit 2,78%.

Le tableau suivant récapitule l’évolution des dotations sous enveloppe en 1999, en distinguant l’évolution réelle (prenant en compte les ajustements) et l’évolution à structure constante.

ÉVOLUTION DES DOTATIONS SOUS ENVELOPPE EN 1999

(en millions de francs)

 


LFI 1998
Évaluation
révisée


PLF 1999


Évolution
1999/1998
(en %)

Évolution
1999/1998
à structure
constante
(en %)

Dotation globale de fonctionnement 106.613 109.289 2,51 2,75
Majoration exceptionnelle de la dotation de solidarité urbaine - 500 - -
Dotation spéciale instituteurs 2.723 2.602 - 4,44 2,78
Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle 2.892 3.381 16,91 5,88
Fonds national de péréquation 639 677 5,88 5,88
Dotation élu local 266 273 2,78 2,78
Dotation globale d’équipement des départements (AP) 2.641 2.741 3,80 3,80
Dotation globale d’équipement des communes (AP) 2.464 2.558 3,80 3,80
Dotation régionale d’équipement scolaire (AP) 3.310 3.443 4,01 3,80
Dotation départementale d’équipement des collèges (AP) 1.637 1.710 4,41 3,80
Dotation générale de décentralisation 14.593 15.422 5,68 2,78
Dotation générale de décentralisation Corse 1.303 1.340 2,84 2,78
Dotation de décentralisation formation professionnelle 5.088 7.899 55,25 2,78
Dotation de compensation de la taxe professionnelle (hors R.E.I.)
13.543

12.038

- 11,12

- 11,12
TOTAL 157.713 163.872 3,91 1,66

Source : Direction générale des collectivités territoriales.

Les ajustements pour 1999 portent essentiellement sur :

– la DGF, en raison d’une majoration exceptionnelle de la dotation de solidarité urbaine (DSU), prévue par l’article 41 du présent projet de loi de finances ;

– le FNPTP, grâce à un abondement de 1.733 millions de francs provenant du reversement de l’excédent de fiscalité locale de La Poste et France Télécom (3) ;

– la dotation spéciale instituteurs (DSI), compte tenu de l’intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles et donc de la réduction du nombre d’ayants droit ;

– la dotation générale de décentralisation, qui bénéficie d’un apport de 380 millions de francs au titre de la compensation de la perte de produit provoquée par le remplacement de la vignette par la taxe à l’essieu (4) ;

– et la dotation de décentralisation formation professionnelle, abondée de 2.669 millions de francs, au titre du solde du transfert aux régions de la compétence relative à la qualification des jeunes de moins de 26 ans.

·   Dans un second temps, on regroupe l’ensemble des concours actifs au sein d’une enveloppe dont l’évolution globale, « à structure constante, de loi de finances initiale à loi de finances initiale », est indexée sur la somme du taux prévisionnel d’évolution des prix à la consommation des ménages (hors tabac) de l’année de versement et d’une fraction du taux d’évolution du PIB en volume de l’année précédente associés au projet de loi de finances de l’année de versement.

Une telle indexation permet une progression de 1,66% de l’enveloppe normée en 1999, soit la somme de l’évolution des prix en 1999 (+1,2%) et de 15% de l’évolution du PIB en 1998 (3,1%).

Outre la prise en compte d’une partie de la croissance, le présent article modifie, de façon marginale et sans incidence financière, la définition de l’indexation retenue par rapport à la définition figurant à l’article 32 de la loi de finances pour 1996, afin d’aligner la rédaction du présent dispositif sur celui du premier alinéa de l’article L. 1613-1 du code général des collectivités territoriales, relatif à l’indexation de la DGF, qui cumule également l’inflation et une fraction de la croissance.

2.- La prise en compte de la DGF « recalée »

Le II du présent article prévoit que, comme cela était déjà le cas dans le cadre du pacte de stabilité, le calcul de la DGF, d’une année sur l’autre, est effectué à partir du montant de l’année en cours « recalé » pour prendre en compte les derniers taux d’évolution connus.

Ainsi, pour 1999, la DGF est calculée à partir d’une DGF pour 1998 « recalée » , résultant de l’application, au montant définitif de la DGF pour 1997, d’un indice d’actualisation révisé, puisque l’évolution des prix en 1998 devrait être de +0,8% au lieu de +1,3% prévu dans la loi de finances pour 1998. Ce « recalage » conduit à une diminution de 470,4 millions de francs de la DGF pour 1998 servant de base au calcul de la DGF pour 1999.

Il convient de noter que, lors du dépôt du projet de loi de finances pour 1996, ce mécanisme était prévu pour 1996, mais pas pour les deux autres années d’application du pacte de stabilité. L’Assemblée nationale, sur amendement de sa Commission des finances, a cependant décidé de systématiser l’inscription de la DGF recalée de l’année n dans la base de calcul de l’enveloppe normée de l’année n + 1. Il est vrai que la prise en compte du montant recalé de la DGF était favorable aux collectivités locales pour 1996, mais comme l’observait le rapport général du Sénat : « si le recalage de la DGF se fait à la hausse, les collectivités locales seront gagnantes ; s’il se fait à la baisse, elles seront perdantes ... ». Or en 1997 et en 1998, le recalage a été effectué à la baisse...

Le Gouvernement a décidé de reconduire ce mécanisme dans le cadre du contrat de croissance et de solidarité, mais il convient de noter que sa suppression se traduirait par une plus forte baisse de la DCTP, cette dotation ayant de nouveau été choisie comme variable d’ajustement de l’enveloppe normée.

3.- Le choix de la DCTP comme variable d’ajustement

Les indices propres à chaque dotation de l’enveloppe (FBCF, recettes fiscales nettes de l’Etat, somme de l’évolution des prix et de la moitié du PIB) connaissent, en général, une évolution plus favorable que l’indexation retenue pour l’ensemble de l’enveloppe normée (5). Il a donc été nécessaire de trouver, en 1996, une variable permettant d’ajuster, au franc près, au taux prévisionnel d’évolution des prix, hors tabac, la progression des concours financiers de l’Etat inscrits dans le périmètre normé du pacte de stabilité (6).

La variable d’ajustement retenue fut la DCTP, hors remboursement au titre de la réduction pour embauche et investissement (REI) (7). La DCTP, instituée par l’article 6 de la loi de finances pour 1987 et destinée à compenser les pertes de recettes de taxe professionnelle résultant des mesures législatives d’allégement de taxe professionnelle, se compose, en effet, de quatre fractions :

– la compensation de l’abattement de 16% des bases de taxe professionnelle ;

– la compensation du plafonnement des taux de taxe professionnelle ;

– la compensation liée à la réduction de la fraction des salaires ;

– la compensation liée à la REI.

Avant la mise en oeuvre du pacte de stabilité, cette dotation était censée progresser selon l’évolution prévisionnelle des recettes fiscales nettes de l’Etat, mais elle n’a pas souvent bénéficié du produit de son indexation, qui a servi, en 1992, à financer la dotation de développement rural, puis pour partie, en 1995, à financer le nouveau Fonds national de péréquation.

La DCTP devrait encore servir de variable d’ajustement dans le cadre du contrat de croissance et de solidarité et, en conséquence, subir une baisse de 11,12% résultant de la soustraction suivante :

[ ensemble des autres dotations sous enveloppe, indexées selon leurs règles propres ] – [ enveloppe de 1998 x (inflation prévisionnelle en 1999 + 15% du PIB de 1998) ].

L’adoption d’une structure similaire à celle du pacte de stabilité pour le contrat de croissance et de solidarité conduit à reprendre certaines critiques formulées par les élus locaux à l’encontre de ce dernier.

B.- La persistance de certaines insuffisances

On ne peut manquer d’observer que le contrat de croissance et de solidarité ne couvre pas toutes les dotations de l’Etat et que le Gouvernement pourrait être tenté, comme l’a été son prédécesseur, d’en profiter pour réduire le montant des dotations hors enveloppe.

De même, la garantie de stabilité financière n’est pas accompagnée d’une garantie de stabilité juridique. Or, la modification des règles de répartition d’une dotation sous enveloppe pourrait avoir des répercussions importantes au niveau de chaque collectivité locale.

Néanmoins, les deux principales critiques exprimées par les élus locaux à l’encontre du pacte de stabilité et, désormais, à l’encontre du contrat de croissance et de solidarité, tel qu’il est proposé par le présent article, portent, d’une part, sur le manque à gagner pour les collectivités locales et, d’autre part, sur l’absence de prise en compte de l’évolution des charges supportées par ces dernières.

1.- Le manque à gagner pour les collectivités locales

Ce manque à gagner correspond à l’écart entre le total des dotations incluses dans l’enveloppe normée et ce même total si les indexations en vigueur avant 1996 avaient été maintenues. Il est donc essentiellement imputable à la décision d’utiliser la DCTP comme variable d’ajustement (8).

On a pu remarquer, avec raison, que, pour les collectivités locales, ce mécanisme était apparenté à la souscription d’une police d’assurance (la garantie du pouvoir d’achat des dotations sous enveloppe) moyennant versement d’une prime (le manque à gagner).

Or, lors de son audition par votre Commission, le 17 juin dernier, M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’intérieur, a chiffré ce manque à gagner entre 4 et 10 milliards de francs pendant la durée du pacte de stabilité.

       

EVOLUTION, DE 1996 À 1998, DE L’ENVELOPPE NORMÉE DU « PACTE DE STABILITÉ »
(hors ajustements)

(en milliers de francs)

 

LFI 1996 révisée

LFI 1997 révisée

LFI 1998 révisée

Dotation globale de fonctionnement

Dotation spéciale instituteurs

Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle

Fonds national de péréquation

Dotation élu local

102.875.892

2.946.972

1.499.481

615.654

258.875

104.574.028

2.862.183

1.490.068

611.789

262.396

106.613.324

2.722.877

1.556.378

639.014

266.027

Dotation globale d’équipement des départements

Dotation globale d’équipement des communes

Dotation régionale d’équipement scolaire

Dotation départementale d’équipement des collèges

2.518.505

3.170.800

3.156.732

1.561.619

2.576.431

2.403.845

3.229.337

1.597.536

2.640.842

2.463.941

3.310.070

1.637.474

Dotation générale de décentralisation

Dotation générale de décentralisation Corse

Dotation de décentralisation formation professionnelle

14.158.092

1.267.039

4.950.309

14.369.777

1.284.890

5.018.735

14.593.099

1.302.671

5.088.187

Dotation de compensation de la taxe professionnelle (hors réduction pour embauche et investissement)
14.132.840

14.410.295

13.543.461
TOTAL 153.112.840 154.691.310 156.377.365

Source : Direction générale des collectivités territoriales.

Cet écart important dans l’estimation du manque à gagner dépend des modalités de calcul retenues (9).

En tout état de cause, ces évaluations sont extrêmement hasardeuses, dans la mesure où elles supposent notamment qu’aucune modification des indexations ne serait intervenue pendant trois ans.

Il est évident, cependant, que le pacte de stabilité a constitué un élément de maîtrise des dépenses publiques et que le contrat de croissance et de solidarité poursuit également cet objectif, puisque la DCTP pour 1999 est fixée à 12.038 millions de francs, alors que l’indexation de la DCTP de 1998 sur l’évolution des recettes fiscales nettes de l’Etat (5,88%) aurait conduit à accorder une DCTP de 14.339 millions de francs, soit 2.301 millions de francs supplémentaires.

On peut observer, à ce stade, que lors de l’adoption du pacte de stabilité, le Gouvernement avait accepté de majorer la DCTP de 300 millions de francs pour chacune des années 1996, 1997 et 1998, afin de réduire quelque peu le manque à gagner sur la variable d’ajustement. Il aurait pu paraître opportun de demander la poursuite de cette majoration pour la durée du contrat de croissance et de solidarité, mais on peut également noter que l’article 41 du présent projet de loi de finances propose une majoration exceptionnelle de la DSU, pour un montant de 500 millions de francs, et – surtout – qu’à la différence du pacte de stabilité, le présent dispositif prévoit de partager les fruits de la croissance avec les collectivités locales.

Le manque à gagner est néanmoins d’autant plus vivement ressenti que, parallèlement, les charges des collectivités locales progressent.

2.- L’absence de prise en compte de l’évolution des charges

des collectivités locales

Le contrat entre l’Etat et les collectivités locales ne concerne que l’évolution des recettes de ces dernières et ne propose pas de stabiliser parallèlement l’évolution de leurs charges, qui, pourtant sont en hausse continuelle, en raison de certaines décisions prises par l’Etat ou par les instances communautaires.

A titre d’exemples, le rapport du sénateur Joël Bourdin, « Les finances des collectivités locales en 1998 ; état des lieux », évalue à un peu moins de 9,5 milliards de francs le coût total pour les collectivités territoriales des mesures prévues pour 1998, 1999 et 2000 par le protocole salarial du 10 février 1998, relatif à la fonction publique territoriale. Son rapport de l’année précédente estimait que la mise aux normes des services publics d’eau et d’assainissement, pour répondre aux exigences de la directive communautaire n° 91-271 CEE du 21 mai 1991 et de la loi sur l’eau du 3 janvier 1992, nécessiterait 130 milliards de francs d’investissements d’ici 2005. Par ailleurs, le coût des travaux à réaliser pour se conformer à la loi du 13 juillet 1992 relative à l’élimination des déchets, se situerait dans une fourchette oscillant entre 71 et 100 milliards de francs sur la période 1992-2002. Le désamiantage des établissements scolaires exigerait, pour sa part, des dépenses de près de 2 milliards de francs.

A ces exemples, on pourrait ajouter également le coût des mises aux normes des aires de jeux et des équipements sportifs ou encore le financement des emplois-jeunes.

Ces charges pèseront d’autant plus dans les prochaines années qu’il est peu probable que les collectivités locales pourront encore diminuer leurs charges d’intérêt par des renégociations de leur dette (les intérêts de la dette sont passés de 55,7 milliards de francs en 1996 à 42,9 milliards de francs en 1998).

Il convient, toutefois, de souligner que le Gouvernement a pris conscience de ce problème, ce qui l’a conduit à proposer :

– d’une part, la création d’un groupe de travail, composé de représentants de l’Etat et des élus locaux, chargé de « trouver une méthodologie qui permette de mesurer et de limiter les conséquences, sur les budgets locaux, des normes techniques, qu’elles soient d’origine européenne ou nationale » ;

– d’autre part, la constitution d’un groupe de travail au sein du Comité des finances locales, afin d’aboutir à une solution de long terme en ce qui concerne la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), une augmentation de la cotisation des collectivités employeurs étant écartée pour 1999.

Le contrat de croissance et de solidarité apporte également des améliorations sensibles au dispositif retenu précédemment dans le cadre du pacte de stabilité.

II.- Des améliorations sensibles par rapport au pacte de stabilité

Ces progrès se sont tout d’abord traduits par la mise en oeuvre d’une véritable concertation pour élaborer le nouveau mécanisme de stabilisation des recettes des collectivités locales. Quatre réunions se sont ainsi tenues entre le Gouvernement et les élus locaux le 22 juin, les 9 et 21 juillet et le 26 août 1998.

On peut certes s’interroger sur la nature juridique de ce « contrat », dans la mesure où, d’une part, les collectivités locales ne constituent pas une entité juridique à proprement parler pouvant engager leur signature et où, d’autre part, le principe de l’annualité budgétaire réduit la portée de la disposition proposée à un engagement politique du Gouvernement. Toutefois, le partage des fruits de la croissance avec les collectivités locales et la décision de moduler la baisse de la DCTP en faveur des collectivités défavorisées prouvent que si « la concertation n’est pas spontanément la pratique du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, elle le devient largement depuis un an ; Bercy écoute et Bercy entend » (10).

A.- La participation des collectivités locales aux fruits

de la croissance

Répondant à une revendication fortement exprimée par les élus locaux depuis trois ans, le contrat de croissance et de solidarité prévoit que l’enveloppe normée évoluera en fonction d’un indice associant, non seulement l’évolution des prix à la consommation hors tabac, mais également une fraction de la croissance du PIB, cette fraction étant égale à 15% en 1999, 25% en 2000 et 33% en 2001.

Une telle indexation (15% en 1996, 25% en 1997 et 33% en 1998) aurait permis aux collectivités locales de bénéficier de 7,5 milliards de francs supplémentaires durant les trois années du pacte de stabilité.

Au titre de 1999, l’indexation retenue accorde un gain de 728 millions de francs aux collectivités locales, par rapport à une enveloppe indexée sur la seule évolution des prix. Compte tenu des règles d’évolution de l’enveloppe normée, cette majoration correspond à une moindre diminution de la DCTP (11).

Il s’agit donc d’un progrès incontestable.

Toutefois, pour tenir compte de la progression des charges évoquées précédemment, ainsi que du rôle joué par les collectivités locales dans l’économie nationale – leurs dépenses d’équipement direct représentent environ 13% de l’investissement national et près des trois quarts de l’investissement public – il serait souhaitable d’augmenter la fraction du PIB composant l’indice d’évolution de l’enveloppe normée. Cette fraction pourrait ainsi être égale à 25% en 1999, 33% en 2000 et 50% en 2001.

Le taux d’évolution de l’enveloppe normée serait alors de 1,975% en 1999 (au lieu de 1,665%), ce qui permettrait de la fixer à 159.465 millions de francs (contre 158.981 millions de francs dans le dispositif proposé par le Gouvernement), soit une progression de 484 millions de francs.

Au titre de 2000, dans l’hypothèse d’une inflation inchangée (1,2%) et d’une croissance du PIB de 2,7% en 1999, l’indexation de l’enveloppe normée serait de +2,091%, alors que le mécanisme proposé par le Gouvernement n’autoriserait qu’une hausse de 1,875%. Le gain, pour les collectivités locales, pourrait ainsi s’élever à 837 millions de francs (12).

Le Gouvernement considère que le dispositif proposé par le présent article prend en compte la situation financière respective de l’Etat et des collectivités locales et, en particulier, le fait que les administrations publiques locales ont enregistré une capacité supplémentaire de financement de 17,6 milliards de francs en 1997, soit 0,2 point de PIB et que cette situation devrait perdurer en 1998 et 1999. Toutefois, comme il l’observait lui-même dans son « Rapport sur l’évolution de l’économie nationale et des finances publiques » déposé pour le débat d’orientation budgétaire du mois de mai dernier, cette amélioration résulte, en partie, d’une politique active de désendettement, qui a peu de chance d’être poursuivie, comme cela a été indiqué précédemment. En outre, le rapport précité de M. Joël Bourdin précise que la bonne santé financière des collectivités locales (d’un point de vue global) est aussi imputable à une chute de leurs dépenses d’équipement brut depuis 1993, mais qu’elles vont devoir renouer avec une croissance de leur effort d’équipement, rendue nécessaire par l’importance des mises aux normes envisagées.

L’accroissement de la fraction de PIB prise en compte dans l’indexation de l’enveloppe normée serait aussi un moyen de renforcer la solidarité à l’égard des collectivités défavorisées.

B.- La modulation de la baisse de la DCTP

La DCTP, constituant la variable d’ajustement du périmètre normé, baisse tant que l’enveloppe totale des dotations progresse moins vite que les principales d’entre elles, indexées sur la formation brute de capital fixe, l’évolution des recettes fiscales nettes de l’Etat ou encore la somme de l’évolution des prix et de la moitié du PIB. En période de forte croissance, la DCTP a donc de fortes probabilités de subir une baisse importante. Tel est le cas cette année où, à structure constante, elle régresse de 11,12%.

La diminution est encore plus forte si l’on prend en considération les deux ajustements dont avait bénéficié la DCTP de 1998, c’est-à-dire un abondement de 450 millions de francs destiné à neutraliser la régularisation négative de la DGF pour 1996 et la majoration de 300 millions de francs accordée depuis 1996 par le Gouvernement.

De telles évolutions sont particulièrement ressenties par les collectivités les plus démunies.

Le Gouvernement propose donc un nouveau mécanisme péréquateur, tendant à moduler la réduction de DCTP en faveur des communes éligibles à la dotation de solidarité urbaine (DSU), des départements attributaires de la dotation de fonctionnement minimale (DFM) et des régions bénéficiant du Fonds de correction des déséquilibres régionaux. Les collectivités, qui remplissent cette condition au titre de l’année précédant le versement de la DCTP, supporteront une diminution de cette dotation réduite aux deux tiers de sa diminution moyenne. En 1999, la baisse de DCTP des collectivités bénéficiant, en 1998, des mécanismes de solidarité précités sera donc de 7,41%, à structure constante (mais elle sera, en réalité, de 9,31% si l’on se réfère au montant effectif de la DCTP attribuée en 1998).

Seront concernés en 1999 :

– 679 communes de plus de 10.000 habitants et 101 communes de 5.000 à 9.999 habitants éligibles à la DSU (13) ;

– 28 départements bénéficiaires de la DFM, ce qui suppose, soit que leur potentiel fiscal par habitant est inférieur d’au moins 40% au potentiel fiscal moyen de l’ensemble des départements, soit que leur potentiel fiscal par kilomètre carré est inférieur d’au moins 60% au potentiel fiscal moyen par kilomètre carré de l’ensemble des départements ;

       

DÉPARTEMENTS ET COLLECTIVITÉS BÉNÉFICIAIRES
DE LA DOTATION DE FONCTIONNEMENT MINIMALE EN 1998

Alpes-de-Haute-Provence

Hautes-Alpes

Ariège

Aude

Aveyron

Cantal

Cher

Corrèze

Corse-du-Sud

Haute-Corse

Creuse

Dordogne

Gers

Indre

Landes

Haute-Loire

Lot

Lozère

Haute-Marne

Meuse

Nièvre

Orne

Haute-Saône

Yonne

Guadeloupe

Martinique

Guyane

La Réunion

Il convient de préciser que les collectivités de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon sont également concernées par le mécanisme de modulation de la DCTP, alors que les départements bénéficiaires, l’année précédente, du dispositif de garantie d’attribution dégressive ne verront pas leur DCTP modulée (les Côtes d’Armor, en particulier) ;

– 14 régions attributaires du Fonds de correction des déséquilibres régionaux, c’est-à-dire les régions dont le potentiel fiscal par habitant est inférieur d’au moins 15% au potentiel fiscal moyen par habitant de l’ensemble des régions.

RÉGIONS BÉNÉFICIAIRES DU FONDS DE CORRECTION
DES DÉSÉQUILIBRES RÉGIONAUX EN 1998

Aquitaine

Auvergne

Bretagne

Corse

Languedoc-Roussillon

Limousin

Midi-Pyrénées

Nord-Pas-de-Calais

Pays-de-la-Loire

Poitou-Charentes

Guadeloupe

Guyane

Martinique

La Réunion

Cet effort de solidarité est particulièrement louable, mais peut s’avérer insuffisant pour les collectivités défavorisées, qui devraient enregistrer, malgré tout, en 1999, une baisse de 7,41% de leur DCTP. Il semble donc opportun de limiter la diminution de leur DCTP à la moitié (au lieu des deux tiers) de la diminution moyenne de cette dotation et d’étendre cette modulation aux communes éligibles à la fraction « bourg-centre » de la dotation de solidarité rurale, situées en zone de revitalisation rurale.

Il apparaît également souhaitable d’effectuer un effort spécifique pour les communes urbaines particulièrement démunies. Il pourrait ainsi être proposé d’éviter toute baisse, à structure constante, de la DCTP des communes de plus de 10.000 habitants figurant dans la première catégorie du classement effectué grâce à l’indice synthétique de charges et de ressources et qui, par ailleurs, ressentiraient particulièrement cette diminution en raison de l’importance de cette dotation dans leurs ressources. Ces modifications conduiraient à accroître quelque peu la baisse de DCTP supportée par les collectivités non concernées par le dispositif de modulation institué par le présent article (qui devaient déjà subir une réduction moyenne de 19,3% par rapport à la DCTP effectivement perçue en 1998), mais c’est le propre de tout mécanisme péréquateur que de faire peser sur les plus riches le poids de la solidarité envers les plus pauvres.

Le contrat de croissance et de solidarité constitue, en tout état de cause, un progrès évident par rapport au pacte de stabilité. Il ne faut pas oublier, par ailleurs, qu’il s’insère dans le cadre d’une approche globale des relations financières entre l’Etat et les collectivités locales, associant à la réforme des dotations de l’Etat, la réforme de la fiscalité locale (modification de la base de la taxe professionnelle, révision des valeurs locatives) et la maîtrise de l’évolution des charges supportées par les collectivités locales.

*

* *

La Commission a examiné, en discussion commune, trois amendements similaires de M. Gilles Carrez, M. Christian Cuvilliez et M. Pierre Méhaignerie, tendant à indexer l’enveloppe normée des concours de l’Etat aux collectivités locales sur la somme de l’évolution des prix et de la moitié de la croissance du PIB à compter de l’année 1999, ainsi qu’un amendement de votre Rapporteur général tendant à porter la fraction de la croissance du PIB prise en compte de 15 à 25% pour l’année 1999, de 25 à 33% pour l’année 2000 et de 33 à 50% pour l’année 2001, et trois amendements similaires de MM. Michel Bouvard, Jean-Louis Idiart et Philippe Auberger.

M. Gilles Carrez a indiqué que son amendement répondait à une demande unanime du comité directeur de l’Association des maires de France, comme du Comité des finances locales. Il a précisé que le taux d’indexation de l’enveloppe normée serait ainsi le même que celui de la DGF et s’établirait au niveau nécessaire pour éviter une réduction de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP).

Après les observations de M. Christian Cuvilliez, M. Charles de Courson a indiqué que seule l’adoption de ces amendements permettrait de ne pas diminuer les dotations destinées aux groupements de communes. Il a rappelé que l’on constatait actuellement certains cas d’augmentation de la fiscalité intercommunale en réponse aux fortes réductions de la DGF versée aux structures de coopération correspondantes. Il a conclu qu’il était nécessaire de ne pas attendre 2001 et de procéder, dès 1999, à une indexation sur la moitié de la croissance.

Votre Rapporteur général s’est prononcé contre les amendements de MM. Gilles Carrez, Christian Cuvilliez et Pierre Méhaignerie, estimant trop coûteux le dispositif proposé. Il a fait valoir que l’adoption de son amendement offrait une solution satisfaisante. Il a rappelé que le contrat de croissance et de solidarité constituait une avancée incontestable par rapport à l’ancien dispositif du pacte de stabilité institué par la loi de finances pour 1996.

Le Président Augustin Bonrepaux a relevé que l’an dernier la baisse de la DCTP avait été atténuée, grâce à la décision du Gouvernement de neutraliser la régularisation négative de la DGF pour 1996, en abondant de 450 millions de francs la DCTP. Il a jugé que la solution proposée par l’amendement de votre Rapporteur général semblait suffisante, avant de rappeler que l’enveloppe normée évoluait sous le précédent Gouvernement dans un sens défavorable aux collectivités locales.

La Commission a rejeté les trois amendements de MM. Gilles Carrez, Christian Cuvilliez et M. Pierre Méhaignerie et a adopté l’amendement de votre Rapporteur général portant les fractions du taux d’évolution du PIB prises en compte pour l’indexation de l’enveloppe normée des dotations de l’Etat à 25% en 1999, 33% en 2000 et 50% en 2001 (amendement n° I-52). Les trois amendements de MM. Michel Bouvard, Jean-Louis Idiart et Philippe Auberger ont été considérés comme satisfaits.

La Commission a ensuite examiné un amendement de M. Gilles Carrez, tendant à supprimer le dispositif de calcul de l’enveloppe normée sur la base du montant « recalé » de la DGF.

M. Gilles Carrez a insisté sur le caractère technique de sa proposition et a rappelé que la prise en compte d’une DGF « recalée » avait conduit à limiter la progression de la DGF durant trois années. Il a jugé nécessaire de mettre fin à cet inconvénient.

Votre Rapporteur général a rappelé que le raisonnement sur lequel se fondait cet amendement n’était pas totalement cohérent, car il revenait à ne pas prendre en compte les évolutions réelles des indices retenus pour l’indexation de la DGF, et il s’est prononcé contre l’amendement.

Après les observations de M. Charles de Courson, la Commission a rejeté cet amendement.

La Commission a ensuite adopté un amendement rédactionnel de votre Rapporteur général (amendement n° I-53).

Puis, elle a examiné un amendement du Président Augustin Bonrepaux, tendant à réduire la baisse de la DCTP pour les collectivités les moins favorisées.

Le Président Augustin Bonrepaux a jugé nécessaire d'améliorer la situation des collectivités locales relevant du champ de cet amendement et a insisté sur le fait que les autres communes éligibles ne seraient pas pénalisées, puisqu’un effort supplémentaire serait demandé, par un autre amendement, à celles qui disposent des bases de taxe professionnelle les plus importantes.

M. Gilles Carrez a observé que cet amendement accroîtrait les effets prévus sur les communes ne bénéficiant pas de la modulation de la baisse de la DCTP. Il a jugé que l’importance des sommes en cause méritait d’être prise en compte.

La Commission a adopté cet amendement (amendement n° I-54).

Elle a ensuite examiné un amendement présenté par votre Rapporteur général, tendant à éviter toute diminution de la DCTP, à structure constante, pour les communes figurant dans la première catégorie des communes de plus de 10.000 habitants éligibles à la dotation de solidarité urbaine (DSU), qui ressentiraient particulièrement une baisse de leur DCTP en raison de l’importance de cette dernière dans leurs ressources.

M. Charles de Courson a demandé les raisons d’une mesure qui visait seulement une partie des bénéficiaires de la DSU.

Le Président Augustin Bonrepaux a rappelé que les communes éligibles à la DSU pourraient être néanmoins pénalisées par les mesures proposées par le Gouvernement et qu’il convenait de limiter la baisse de leur DCTP, d’autant que les dotations qu’elles recevront de l’Etat diminueront, puisque l’indexation de la dotation générale de décentralisation sur l’évolution de la DGF, importante cette année, favoriserait surtout les départements et les régions.

M. Gilles Carrez s’est interrogé, dans un souci d’équité, sur les mesures prévues en faveur des communes rurales. Il a également insisté sur le cas des communes non éligibles à la DSU et dont la base de taxe professionnelle était très inférieure à la moyenne de leur strate démographique. Il a jugé que la recherche d’une péréquation la plus équilibrée possible exigerait un grand nombre d’amendements.

Le Président Augustin Bonrepaux a rappelé que l’esprit des amendements déposés était d’éviter la pénalisation des communes en difficulté et qu’une de ces mesures concernerait les bourgs-centres situés dans les zones de revitalisation rurale. Il a également indiqué qu’afin de ne pas pénaliser les autres communes, un effort serait demandé aux communes ayant de fortes bases de taxe professionnelle.

Cet amendement a été adopté (amendement n° I-55).

La Commission a ensuite examiné un amendement de M. Michel Bouvard, tendant à appliquer également la modulation de la baisse de la DCTP au bénéfice des communes éligibles à la fraction bourg-centre de la dotation de solidarité rurale.

M. Michel Bouvard a considéré qu’il convenait de maintenir le parallèle entre les communes éligibles à la DSU et celles éligibles à la DSR.

Votre Rapporteur général s’est prononcé défavorablement, jugeant nécessaire de cibler davantage la mesure.

Cet amendement a été rejeté.

La Commission a ensuite adopté un amendement présenté par le Président Augustin Bonrepaux, visant à accentuer la baisse de la DCTP dans les communes les mieux dotées en bases de taxe professionnelle et prévoyant un élargissement du dispositif de modulation de la baisse de la DCTP aux bourgs-centres situés en zone de revitalisation rurale (amendement n° I-56).

Puis elle a adopté l’article 40 ainsi modifié.

*

* *

Article 41

Majoration exceptionnelle de la dotation de solidarité urbaine (DSU).

Texte du projet de loi :

Au titre de chacune des années 1999, 2000 et 2001, le montant de la dotation de solidarité urbaine tel qu’il résulte de l’article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales, est majoré de 500 millions de francs. Cette majoration exceptionnelle n’est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l’application du I et du II de l’article 40 de la loi de finances pour 1999 (n°98-.... du .. décembre 1998).

Exposé des motifs du projet de loi :

Afin d’aider les communes urbaines les moins favorisées, il a été décidé d’abonder exceptionnellement de 500 millions F la dotation de solidarité urbaine, prévue aux articles L. 2334-13 et L.  2334-15 du code général des collectivités territoriales au titre des années 1999, 2000 et 2001. Cet abondement n’est pas pris en compte pour le calcul de la dotation globale de fonctionnement et de son taux d’évolution ni pour celui de l’enveloppe normée des concours de l’État aux collectivités locales.

Observations et décision de la Commission :

Lors de sa réunion du 9 juillet dernier avec les représentants des collectivités locales, le Premier ministre a proposé de trouver une solution équilibrée entre les attentes légitimes des élus locaux et les contraintes de l’Etat en poursuivant trois objectifs : le renforcement de l’intercommunalité, le soutien des initiatives locales et la péréquation. Sur ce dernier point, il s’est notamment engagé à augmenter la dotation de solidarité urbaine. Cet engagement est concrétisé par le présent article.

I.- La dotation de solidarité urbaine : des règles d’attribution globalement satisfaisantes, mais des crédits insuffisants

La dotation globale de fonctionnement (DGF) des communes comprend, depuis 1994, deux composantes principales : une dotation forfaitaire et une dotation d’aménagement. Alors que la dotation forfaitaire est allouée à toutes les communes, la dotation d’aménagement répond à un objectif de solidarité nationale en faveur de l’intercommunalité et des communes, urbaines comme rurales, défavorisées ou devant faire face à des charges très importantes. La dotation d’aménagement regroupe donc trois composantes principales : la DGF des groupements, la dotation de solidarité urbaine (DSU) et la dotation de solidarité rurale (DSR).

STRUCTURE SIMPLIFIÉE DE LA DGF DES COMMUNES

Première composante : la dotation forfaitaire

Cette dotation, attribuée à l’ensemble des communes, progresse d’un taux, fixé par le Comité des finances locales, compris entre 50% et 55% du taux de croissance des ressources totales de la DGF.

Seconde composante : la dotation d’aménagement

Cette dotation, attribuée aux groupements de communes et aux communes défavorisées, est égale à la différence entre l’ensemble des ressources affectées à la DGF des communes et le montant de la dotation forfaitaire. Elle regroupe trois dotations principales :

 

la DGF des groupements :

Son montant, réparti entre quatre catégories de groupements de communes, est déterminé par le Comité des finances locales en tenant compte de la nécessité d’assurer la stabilité des budgets des structures intercommunales et de la progression souhaitable des dotations de solidarité en faveur des communes.

 

la dotation de solidarité urbaine (DSU)

 

la dotation de solidarité rurale (DSR) :

Elle est réservée aux communes de moins de 10.000 habitants et elle comporte deux fractions :

- la fraction « bourgs-centres » ;

- la fraction « péréquation » attribuée aux communes ayant un faible potentiel fiscal.

A.- Les règles d’attribution de la DSU : des critères peu sélectifs corrigés par l’utilisation de l’indice synthétique de charges

et de ressources

La DSU a été créée par la loi n° 91-429 du 13 mai 1991 après que le Président de la République, François Mitterrand, eut incité le Gouvernement, à la suite de la multiplication des incidents dans les « banlieues », à mettre en oeuvre une réforme « qui retire quelque chose à ceux qui ont beaucoup pour donner davantage à ceux qui n’ont rien » (14).

En conséquence, le dispositif initial de la DSU prévoyait de financer cette dotation par une contribution spécifique des communes les plus riches. Toutefois, ce mécanisme de financement n’a pas permis de dégager des ressources suffisantes pour atteindre les montants fixés par le législateur pour 1992 et 1993. Par ailleurs, les règles d’éligibilité prévues par la loi du 13 mai 1991 se sont avérées critiquables, en raison notamment des effets de seuil.

Une première réforme de la DSU fut donc réalisée par la loi n° 93-1346 du 31 décembre 1993, qui a introduit, en particulier, le mécanisme de l’indice synthétique de charges et de ressources pour le calcul de l’attribution revenant à chaque commune.

Ce mécanisme permet de calculer, pour chaque commune susceptible de bénéficier de la DSU (essentiellement les communes de plus de 10.000 habitants) (15), un coefficient dont la valeur exprime :

– le rapport entre le potentiel fiscal moyen par habitant des communes de 10.000 habitants et plus et le potentiel fiscal par habitant de la commune ;

– le rapport entre la part des logements sociaux de la commune dans le total des logements de la commune et la part correspondante dans les communes de 10.000 habitants et plus ;

– le rapport entre la proportion de bénéficiaires de prestations logements (y compris leur conjoint et les personnes à charge vivant habituellement au foyer) dans la commune et cette même proportion dans les communes de plus de 10.000 habitants ;

– le rapport entre le revenu imposable moyen par habitant des communes de 10.000 habitants et plus et le revenu par habitant de la commune.

Une nouvelle réforme s’avéra nécessaire peu de temps après (loi n° 96-241 du 26 mars 1996), afin de modifier, entre autres, la structure et la pondération de l’indice synthétique.

Actuellement, l’éligibilité à la DSU est déterminée en classant les 905 communes de 10.000 habitants et plus selon la valeur décroissante de l’indice synthétique : les trois premiers quarts de ce classement bénéficient de la dotation, soit 679 communes en 1998 (auxquelles s’ajoutent 101 communes de 5.000 à 9.999 habitants).

On peut donc constater que les critères retenus pour accorder la DSU sont peu sélectifs. Cette constatation est renforcée par la comparaison de la valeur moyenne de chacune des composantes de l’indice synthétique et des valeurs individuelles de la dernière commune éligible (pour chaque critère).

Données 1998

Potentiel fiscal par habitant

Part de logements sociaux

Part de bénéfi-ciaires d’allocation logement

Revenu par habitant

Moyenne des communes de 10.000 habitants et plus
4.032,52 F

23,43 %

62,82 %

48.910,99 F
Dernière commune éligible 3.201,47 F 3,70 % 51,53 % 49.208,52 F

L’attribution peu sélective de la DSU est néanmoins partiellement compensée par l’utilisation d’un coefficient linéaire aux valeurs de 2 à 0,5, majorant la valeur de l’indice synthétique et permettant de moduler fortement cette dotation en faveur des communes les plus défavorisées. Ainsi, en 1998, la dotation la plus élevée atteignait 385,62 francs par habitant, alors que la plus faible n’était que de 17,21 francs par habitant.

B.- Des crédits en progression, mais encore insuffisants

Le tableau suivant montre que les crédits alloués à la DSU ont évolué favorablement depuis sa création.

           

CRÉDITS DE LA DSU

(en milliards de francs)

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1,11

1,26

1,42

2,12

2,16

2,27

Cette progression est imputable à plusieurs facteurs :

– l’inclusion progressive dans la DSU des sommes prélevées sur les départements contributeurs au mécanisme de solidarité financière entre les départements au titre de l’ancienne dotation particulière de solidarité urbaine (DPSU) (16), ainsi que d’une partie des ressources dégagées par la suppression par étape de la DGF de la région Ile-de-France ;

– la volonté du Comité des finances locales, dans l’exercice des pouvoirs qu’il détient en ce qui concerne la répartition de la dotation d’aménagement de la DGF, entre la DSU et la dotation de solidarité rurale, de privilégier la DSU ;

– la décision de renforcer le soutien aux communes urbaines défavorisées par un abondement important des crédits de la DSU en 1996 (l’article 3 de la loi du 26 mars 1996 avait fixé le montant de la DSU à 57% du solde de la dotation d’aménagement, après prélèvement de la DGF des groupements).

Cette progression des crédits n’est cependant pas suffisante pour permettre aux communes bénéficiaires de faire face aux charges particulières qu’elles supportent : en 1998, la dotation moyenne par habitant était de 95,22 francs.

Dans ces conditions, une nouvelle majoration des crédits de la DSU s’avère effectivement indispensable.

II.- Une majoration de la DSU plus importante qu’il n’y paraît

Le présent article prévoit de majorer exceptionnellement la DSU d’un montant de 500 millions de francs au titre de chacune des trois années du contrat de solidarité et de croissance entre l’Etat et les collectivités locales, dont les règles sont proposées dans le cadre de l’article 40 du présent projet de loi de finances. Cependant, conformément à ce que le Premier ministre a annoncé en juillet dernier, le montant total de la DSU répartie en 1999 devrait être supérieur de près d’un milliard de francs à celui de la DSU 1998, soit une hausse de l’ordre de 40 à 45%, compte tenu de la forte progression de la DGF en 1999 et des modalités de répartition que le Comité des finances locales retiendra probablement, s’il se tient à ses orientations antérieures.

A.- Une majoration attendue en raison de la forte croissance

de la DGF en 1999

Comme votre Rapporteur général l’a indiqué dans le cadre de l’examen de l’article 40 du présent projet de loi de finances, la DGF pour 1999 progresse de 2,75%, à structure constante, par rapport à 1998, puisque son montant est arrêté en fonction d’un indice égal à la somme du taux prévisionnel d’évolution de la moyenne annuelle des prix de la consommation des ménages hors tabac de l’année de versement de la DGF et de la moitié du taux d’évolution du produit intérieur brut en volume de l’année précédente.

Une telle hausse (l’indice de progression est le double de celui de l’an dernier) pourrait d’autant plus être favorable à la DSU que le Comité des finances locales, dans le cadre de ses compétences en matière de répartition de la DGF, a la possibilité de favoriser cette composante de la dotation d’aménagement, dont les règles de répartition sont fixées par l’article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales. Il a ainsi successivement le pouvoir :

– de privilégier la dotation d’aménagement dont le montant est égal à la différence entre l’ensemble des ressources affectées à la DGF des communes et le montant de la dotation forfaitaire, en se prononçant en faveur d’une croissance de la dotation forfaitaire plus proche de 50% que de 55% du taux de croissance des ressources totales de la DGF ;

– d’accentuer la solidarité nationale en faveur des communes défavorisées en décidant de restreindre, au sein de la dotation d’aménagement, la progression de la dotation par habitant de chaque catégorie de groupements de communes ;

– de donner la priorité à la DSU sur la dotation de solidarité rurale, en attribuant à la première 55% du solde de la dotation d’aménagement après prélèvement de la DGF des groupements (la loi du 26 mars 1996 a prévu que le Comité des finances locales doit répartir ce solde de manière à ce que chacune de ces deux dotations en reçoive 45% au moins et 55% au plus).

Les choix opérés par le Comité des finances locales ces dernières années peuvent raisonnablement laisser penser que la DSU profitera largement de la progression de la DGF en 1999 et verra donc ses crédits majorés d’un montant compris entre 400 et 500 millions de francs, à l’issue de la réunion du comité consacrée à la répartition de la DGF, qui se tiendra au premier trimestre 1999.

B.- Une majoration exceptionnelle au titre des trois années du contrat de solidarité et de croissance

Souhaitant accompagner et renforcer l’évolution favorable de la DSU en 1999, le Gouvernement propose d’augmenter les crédits de cette dotation de 500 millions de francs au titre de chacune des années 1999, 2000 et 2001. Il s’agit là d’un effort conséquent, dans la mesure où, en 1999, la majoration exceptionnelle équivaut à 22% des crédits mis en répartition au titre de la DSU de 1998.

La dernière phrase du présent article précise, par ailleurs, que la majoration exceptionnelle n’est pas prise en compte dans le montant de la DGF pour l’application des règles du contrat de solidarité et de croissance. Cela signifie :

– d’une part, que la majoration annuelle de 500 millions de francs ne sera pas retenue lors de la détermination du montant de la DGF de l’année suivante ; cette somme viendra donc simplement abonder la DSU sans être susceptible d’une indexation sur l’évolution des prix et du PIB, comme cela est déjà le cas de l’abondement annuel de 40 millions de francs provenant des ressources dégagées par la diminution de la DGF de la région d’Ile-de-France ;

– d’autre part, que cette majoration ne se traduira pas, par une réduction corrélative et d’un montant équivalent de la variable d’ajustement de l’enveloppe normée des dotations de l’Etat aux collectivités locales, c’est-à-dire la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP). Dans ces conditions, l’Etat ne peut pas être accusé de reprendre d’une main ce qu’il donne de l’autre. On peut rappeler, à ce stade, que l’article 40 du présent projet de loi de finances prévoit un dispositif destiné à atténuer les réduction de DCTP supportées par les communes éligibles à la DSU (17).

En conclusion, on observera que la majoration de près d’un milliard de francs de la DSU en 1999 profitera essentiellement aux communes bénéficiaires figurant parmi les plus démunies, grâce à l’utilisation du coefficient linéaire évoqué précédemment et qui permet d’assurer une dégressivité dans le montant des dotations, en fonction du rang de classement des communes par le biais de l’indice synthétique de ressources et de charges.

Ce classement ne devrait d’ailleurs pas être bouleversé par les conséquences de la réforme de la base de la taxe professionnelle sur le potentiel fiscal des communes. En effet, on a vu précédemment (18) que la suppression de la part salaires de la taxe professionnelle devrait se traduire par une stabilité des situations au sein de la DSU, tant pour l’éligibilité à la dotation que pour les montants de chaque commune, du fait de l’homogénéité des évolutions moyennes et de l’influence limitée à moins de 10% de la part salaires de la taxe professionnelle dans les paramètres pris en compte pour l’éligibilité et la répartition de la DSU.

En tout état de cause, l’effet péréquateur de la DGF devrait de nouveau être accentué prochainement, puisqu’à la demande du Gouvernement, le Comité des finances locales va créer un groupe de travail pour étudier les moyens de renforcer la péréquation au sein de cette dotation, qui représente, en 1998, 67,5% de l’enveloppe normée du pacte de stabilité entre l’Etat et les collectivités locales, et dont le récent rapport d’information de notre collègue M. Edmond Hervé sur la fiscalité locale (19) rappelle qu’elle réduit de 40% les inégalités de potentiel fiscal par habitant entre communes de métropole.

*

* *

La Commission a adopté l’article 41 sans modification.

*

* *

Article 42

Évaluation du prélèvement opéré sur les recettes de l'État au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes.

Texte du projet de loi :

Le montant du prélèvement effectué sur les recettes de l’État au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes est évalué pour l’exercice 1999 à 95 milliards F.

Exposé des motifs du projet de loi :

La contribution au budget des Communautés européennes est évaluée à 95 milliards F.

Cette évaluation tient compte du projet de budget communautaire pour 1999 établi par le Conseil ainsi que de l’évolution du taux de change et des perspectives de report du solde de l’exercice 1998.

Observations et décision de la Commission :

Comme il est désormais de tradition, le présent article permet à votre Commission d’examiner non seulement l’évolution du prélèvement sur recettes versé au budget des Communautés européennes, mais aussi, et l’on peut être tenté de dire surtout, d’étudier quelles sont les modifications apportées à l’avant-projet de budget examiné en juillet dernier. Ce dernier avait donné lieu à une résolution de l’Assemblée nationale, devenue définitive le 12 juillet dernier (20).

C’est au regard de ce texte que doit être apprécié le projet de budget adopté par le Conseil des ministres du budget le 17 juillet dernier, étant précisé que son examen par l’Assemblée nationale intervient avant la première lecture par le Parlement européen, prévue du 19 au 23 octobre prochain. La deuxième lecture au Conseil devrait, quant à elle, intervenir le 24 novembre.

Par rapport aux deux précédents exercices, les variations de crédit entre l’avant-projet et le projet de budget sont, somme toute, très limitées. Le Conseil a, en effet, maintenu les crédits prévus en matière agricole et, surtout, en ce qui concerne les actions structurelles (rubrique 2). Dès lors, les économies ne pouvaient porter que sur les autres rubriques du budget et ne pouvaient être que marginales, en raison du caractère relativement raisonnable des propositions initiales de la Commission européenne sur lesdites rubriques.

Le choix qui a été fait de ne pas s’attaquer traiter le problème posé par l’achèvement de la programmation financière décidée à Edimbourg en 1992 s’agissant des Fonds structurels explique ainsi que la croissance du budget communautaire reste soutenue.

Comme l’indique le tableau ci-après, la croissance des dépenses communautaires a été ramenée, par rapport aux prévisions de l’avant-projet de budget, de 6,5% à 6% en ce qui concerne les crédits pour engagements et de 3,5% à 2,8% pour les paiements. Il y a donc bien une rupture avec les budgets 1997 et 1998, qui avaient été caractérisés par une rigueur certaine. Ainsi, on rappellera que les crédits pour paiements avaient crû de seulement 0,6% en 1997 et de 1,4% en 1998. S’agissant des crédits pour engagements, ils progressaient de 3% en 1997 et de 2,1% en 1998. On ne peut donc que constater que le projet de budget pour 1999 effectue un « saut » quantitatif notable, même s’il convient de bien cerner l’origine de ce phénomène.

                           

PROGRESSION DES DÉPENSES PRÉVUE PAR LE PROJET DE BUDGET POUR 1999

(en millions d’euros)

Rubriques

Crédits budget 1998

Crédits APB
1999

Évolution des Crédits (en %) (a)

Conseil
1ère lecture

Variation (b)

Évolution des crédits (en %) (c)

 

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

1.- Politique agricole commune

dont :

- dépenses de marchés

- mesures d’accompagnement

40.437

38.157

2.280

40.437

38.157

2.280

40.440

37.843

2.597

40.440

37.843

2.597

+ 0,01

- 0,8

+ 13,9

+ 0,01

- 0,8

+ 13,9

40.440

37.843

2.597

40.440

37.843

2.597

0

0

0

0

0

0

+ 0,01

- 0,8

+ 13,9

+ 0,01

- 0,8

+ 13,9

2.- Actions structurelles

dont :

- fonds structurels

- fonds de cohésion

33.461

30.482

2.871

28.400

25.643,2

2.648,8

39.025

35.902

3.118

30.950

28.068

2.877

+ 16,6

+ 17,8

+ 8,6

+ 9

+ 9,5

+ 8,6

39.025

35.902

3.118

30.950

28.068

2.877

0

0

0

0

0

0

+ 16,6

+ 17,8

+ 8,6

+ 9

+ 9,5

+ 8,6

3.- Politiques internes

dont :

- recherche et développement technologique

5.755,1

3.491

4.873,2

2.999,3

5.926,5

3.570

5.065,8

3.056

+ 3

+ 2,3

+ 4

+ 1,9

5.449

3.400

4.809

2.975

- 477,5

- 17,0

- 256,4

- 80,9

- 5,3

- 2,6

- 1,3

- 0,8

4.- Actions extérieures

dont :

- coopération avec les pays de l’Europe centrale et orientale, les nouveaux Etats indépendants et la Mongolie

5.730,8

1.626,7

4.190,5

1.344,3

5.883,8

1.892,6

4.267,5

1.400,7

+ 2,7

+ 6,3

+ 1,8

+ 4,2

5.991

2.042,6

4.058,8

1.298,3

+ 108,2

+ 150

- 208,7

- 102

+ 4,6

+ 25,5

- 3,1

- 7,3

5.- Dépenses administratives des institutions

dont :

- Commission

- autres institutions

4.353,4

2.843,1

1.510,3

4.353,4

2.843,1

1.510,3

4.519,6

2.905,2

1.614,4

4.519,6

2.905,2

1.614,4

+ 3,8

+ 2,2

+ 6,9

+ 3,8

+ 2,2

+ 6,9

4.422,6

2.889,3

1.533,3

4.422,6

2.889,3

1.533,3

- 97

- 15,9

- 81,1

- 97

- 15,9

- 81,1

+ 1,6

+ 1,6

+ 1,5

+ 1,6

+ 1,6

+ 1,5

6.- Réserves

dont :

- réserve monétaire

- réserve

- garanties

1.176

500

338

338

1.176

500

338

338

1.192

500

346

346

1.192

500

346

346

+ 1,4

0

+ 2,4

+ 2,4

+ 1,4

0

+ 2,4

+ 2,4

1.192

500

346

346

1.192

500

346

346

0

0

0

0

0

0

0

0

+ 1,4

0

+ 2,4

+ 2,4

+ 1,4

0

+ 2,4

+ 2,4

7.- Compensation budgétaires pour les nouveaux Etats membres 99 99 0 0 - 100
- 100

0
0 0 0 - 100 - 100
TOTAL 91.013 83.529,2 96.986,9 86.434,9 + 6,5 + 3,5 96.520,6 85.872,8 - 466,2 - 562 + 6 + 2,8
(a) APB 1999 / budget 1998.
(b) Conseil en 1ère lecture – APB 1999.
(c) Conseil en 1ère lecture / budget 1998.

Source : Conseil de l’Union européenne.

Dans son rapport sur la proposition de résolution de M. Gérard Fuchs sur l’avant-projet de budget général des Communautés européennes pour 1999 (21), votre Rapporteur général avait déjà noté que « abstraction faite des actions structurelles, les taux d’augmentation sont limités à 0,56% s’agissant des crédits pour engagements et à 0,49% en crédits pour paiements. Il s’agit de progressions particulièrement modérées ». Cette tendance s’est très largement confirmée, puisque les économies proposées par le Conseil, soit 466 millions d’euros en crédits pour engagements et 562 millions d’euros en crédits pour paiements, portent exclusivement sur les rubriques 3, 4 et 5 du budget communautaire. Ainsi, hors actions structurelles, les crédits pour engagements baisseraient de 0,1% et ceux pour paiements de 0,4%.

Dans sa résolution précitée, l’Assemblée nationale avait appelé de ses voeux un effort d’économie équilibré entre les différentes rubriques du budget communautaire et avait estimé souhaitable un étalement des engagements et des paiements relatifs aux actions structurelles sur les exercices ultérieurs. La décision du Conseil de ne pas modifier les propositions de la Commission européenne s’agissant de la rubrique 2 a donc accentué le déséquilibre du projet de budget pour 1999, sans pour autant que puisse être maîtrisée l’ensemble des dépenses.

L’évaluation proposée du prélèvement sur recettes au profit des Communautés européennes constitue donc une traduction directe de cette décision du Conseil. Avec 95 milliards de francs prévus en 1999, il progresserait de 3,8%, par rapport à 1998.

I.- Un projet de budget qui ne modifie pas les propositions de la Commission européenne s’agissant des dépenses agricoles et des actions structurelles

Les dépenses agricoles et les actions structurelles représentent plus de 80% des crédits du budget communautaire. En n’y apportant aucune modification, pour des raisons, il est vrai, très différentes selon la rubrique concernée, le Conseil « budget » s’est de fait interdit d’agir en vue de contenir réellement la dépense communautaire.

· S’agissant des dépenses agricoles, il est normal qu’aucune modification ne soit intervenue. En effet, le calcul des crédits de la rubrique 1 a été effectué de façon très rigoureuse par la Commission européenne, puisque le niveau retenu de 40,44 milliards d’euros est presque égal à celui inscrit dans le budget pour 1998. Ainsi, la marge sous la ligne directrice agricole passe de 2,83 milliards d’écus en 19998 à 4,75 milliards d’euros dans le projet de budget pour 1999.

Le Conseil a donc décidé de reprendre les prévisions de la Commission européenne dans l’attente de la présentation par celle-ci d’une lettre rectificative à l’automne, afin de tenir compte des prévisions actualisées des besoins et de l’impact budgétaire des décisions prises lors du Conseil agriculture des 22-26 juin dernier.

       

POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE

(crédits pour engagements en millions d’euros)

 

Budget 1998

APB 1999
= Conseil en
1ère lecture

Évolution des crédits en % (1)

Dépenses de marché 38.157 37.843 - 0,8
dont :      

- produits végétaux

26.404 26.460 + 0,2

- produits animaux

10.632,5 10.320 - 2,9

- dépenses annexes

1.120,5 1.063 - 5,1
Mesures d’accompagnement 2.280 2.597 + 13,9
TOTAL 40.437 40.440 + 0,01
(1) APB 1999 et Conseil en 1ère lecture/Budget 1998.

Source : Conseil de l’Union européenne.

· En revanche, pour les actions structurelles, le statu quo décidé par le Conseil ne répond pas aux préoccupations exprimées par notre Assemblée, ni aux orientations qu’elle a définies.

La croissance des crédits consacrés à la rubrique 2 s’élève en effet à 16,6% en crédits pour engagements et à 9% en crédits pour paiements. Les causes de ce fort ressaut sont complexes et il n’est sans doute pas inutile d’y revenir.

ACTIONS STRUCTURELLES

(crédits pour engagements en millions d’euros)

 

Budget 1998

APB 1999
= Conseil en 1ère lecture

Variationen % (1)

Fonds structurels

dont :

- FEOGA-orientation
- IFO-pêche
- FEDER
- FSE
- initiatives communautaires
- lutte anti-fraude et actions innovatrices

30.482

4.183,1
464,2
14.000
8.628
2.856,1
350,1

35.902

5.164
808
15.646
9.611
4.256
417

+ 17,8

+ 23,4
+ 74,1
+ 11,7
+ 11,4
+ 49
+ 19,1

Fonds de cohésion 2.871 3.118 + 8,6
Mécanisme financier EEE 108 5 - 95,4
Total 33.461 39.025 + 16,6
(1) APB 1999 et Conseil en 1ère lecture/Budget 1998.

Source : Conseil de l’Union européenne.

Les perspectives financières adoptées pour la période 1993-1999 à Edimbourg, connues sous le nom de « Paquet Delors II », sont caractérisées par un volontarisme certain en matière d’actions structurelles. En effet, la perspective de l’UEM imposait d’aller plus loin dans la voie de la réduction des écarts de développement entre les Etats membres.

Le premier témoignage de ce volontarisme réside dans le volume des financements consacrés à ces actions. Par rapport au « Paquet Delors I » (1988-1992), les dotations budgétaires qui leur sont consacrées ont triplé, avec un montant total, sur la période, de près de 205 milliards d’écus. Par ailleurs, au fur et à mesure de l’avancement des perspectives, les crédits progressent fortement d’un exercice sur l’autre, passant de 22,2 milliards d’écus en 1993 à 39 milliards d’écus en 1999.

Cette forte croissance des dotations a entraîné un accroissement du poids relatif de la rubrique 2 dans le budget communautaire, poids qui est passé de 15,6% des dépenses constatées en 1993 à 36% du total des crédits pour paiements inscrits dans le projet de budget pour 1999.

PERSPECTIVES FINANCIÈRES 1993-1999

(en millions d’écus ou d’euros aux prix courants)

Rubrique

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Crédits pour engagements

1. Politique agricole commune

36.657 36.465 37.944 40.828 41.805 43.263 45.188
2. Actions structurelles

Fonds structurels

Fonds de cohésion

Mécanisme financier « Espace économique européen »

22.192

20.627

1.565

-

23.176

21.323

1.853

-

26.329

24.069

2.152

108

29.131

26.579

2.444

108

31.477

28.620

2.749

108

33.461

30.482

2.871

108

39.025

35.902

3.118

5

3. Politiques internes 4.109 4.370 5.060 5.337 5.603 6.003 6.386
4. Actions extérieures 4.120 4.311 4.895 5.264 5.622 6.201 6.870
5. Dépenses administratives 3.421 3.634 4.022 4.191 4.352 4.541 4.723
6. Réserves

Réserve monétaire

Réserve pour garanties

Réserve pour aides d’urgence

1.522

1.000

313

209

1.530

1.000

318

212

1.146

500

323

323

1.152

500

326

326

1.158

500

329

329

1.176

500

338

338

1.192

500

3.466

346

7. Compensations - - 1.547 701 212 99 0
Total des crédits pour engagements 72.021 73.486 80.943 86.604 90.229 94.744 103.384
Total des crédits pour paiements 68.611 70.352 77.229 82.223 85.807 90.581 96.663

Source : Commission des Communautés européennes.

Mais, ce volontarisme s’est aussi traduit par l’adoption de mécanismes spécifiques concernant la fixation des crédits relatifs aux actions structurelles.

L’accord interinstitutionnel du 29 octobre 1993 prévoit qu’en la matière, le Parlement européen et le Conseil s’engagent à respecter les dotations en crédits pour engagements prévues dans les perspectives financières en inscrivant dans le budget le montant des plafonds prévus. Le particularisme de cette règle est évident si l’on rappelle que le paragraphe 19 du même accord précise que, pour les autres rubriques et dans un souci de bonne gestion financière, il convient de ménager des marges sous les plafonds.

De surcroît, le paragraphe 10 de l’accord interinstitutionnel stipule que « les deux branches de l’autorité budgétaire s’engagent à autoriser le transfert, sur des années ultérieures, en augmentation des plafonds correspondants de dépenses, des dotations non utilisées au cours de l’exercice précédent s’agissant de la rubrique 2 ». C’est donc une rebudgétisation automatique des crédits pour engagements non utilisés qui est prévue.

Aux conséquences de ces particularités s’agissant des règles mêmes de fixation des plafonds de dépenses, se sont ajoutés les effets d’une sous-consommation chronique des crédits.

Ce problème a été particulièrement aigu en début de période, en raison des difficultés de mise en oeuvre des nouveaux règlements concernant les actions structurelles. La nouvelle programmation a ainsi pris des retards du fait de la complexité des circuits de décision, résultant de la multiplicité des intervenants. L’opacité des règles d’éligibilité a de surcroît pu rendre difficile la mise en oeuvre des projets. Enfin, et peut-être surtout, la règle de l’additionnalité, imposant que les interventions communautaires soient complétées par un montant égal de crédits nationaux, a conduit, dans bien des cas, les Etats membres « riches » à limiter les projets retenus, afin de maîtriser leurs dépenses publiques. L’économie a d’ailleurs pu être double, puisque les crédits pour paiements du budget communautaire relatifs à la rubrique 2 ont connu de ce fait une progression moins rapide, limitant ainsi les contributions des Etats membres.

Les évolutions sont cependant assez erratiques d’un exercice à l’autre. Après une forte sous-consommation en 1994 et 1995, l’année 1996 a été marquée par une certaine amélioration. En 1997, une « rechute » a été constatée, avec un taux de consommation des crédits de 95,6%, soit une sous-consommation d’environ 1,4 milliard d’écus. Sur l’ensemble de la période 1994-1997, le taux moyen de consommation des crédits s’est établi à 94,8%.

Cette sous-consommation a des conséquences directes sur la définition des plafonds de la rubrique 2, en raison de la particularité déjà mentionnée des règles posées en la matière par l’accord interinstitutionnel du 29 octobre 1993.

Ainsi, la procédure d’adaptation des perspectives financières aux conditions d’exécution a pour objet de rebudgétiser sur les années ultérieures les dotations non utilisées concernant les actions structurelles, ce transfert s’ajoutant aux plafonds de dépenses prévus pour ces années. L’augmentation des plafonds pour 1999 représente ainsi 1,433 milliard d’écus pour les actions structurelles et 101 millions d’écus pour le fonds de cohésion.

Le cumul d’un particularisme procédural et de la sous-exécution des crédits explique donc la très forte croissance des crédits en matière d’actions structurelles, laquelle réduit à l’extrême la marge de manoeuvre sur les autres rubriques du budget tout en induisant une augmentation non négligeable des dépenses communautaires.

Si la position du Gouvernement était très proche de celle exprimée par l’Assemblée nationale, force est malheureusement de constater que la France est restée isolée sur ce dossier lors du Conseil budget de juillet dernier. Il est pourtant légitime de s’interroger sur la pertinence d’une programmation financière marquée par un volontarisme outrancier qui, certes, respecte certains engagements politiques, mais qui risque de poser de graves problèmes dans la gestion des crédits et la sélection des projets retenus.

II.- Des ajustements mineurs sur les autres rubriques

La décision du Conseil de ne pas remettre en question les propositions de la Commission européenne en matière d’actions structurelles a conduit à rechercher des économies sur les trois rubriques restantes, à savoir les politiques internes, les actions extérieures et les dépenses administratives. L’effort d’ensemble reste cependant marginal, dans la mesure où ces rubriques étaient déjà très contraintes dans l’avant-projet de budget. Par ailleurs, parallèlement à la procédure budgétaire proprement dite, la question des bases légales a très largement occupé les instances communautaires depuis juillet dernier et des progrès substantiels sont intervenus.

A.- Un réaménagement limité des crédits consacrés aux actions extérieures

Les crédits prévus pour la rubrique 4 ont été modifiés de façon assez inhabituelle, puisque si les crédits pour paiement ont été réduits de 208,7 millions d’euros par rapport à l’avant-projet de budget, les crédits pour engagements ont, quant à eux, progressé de 108,2 millions d’euros. Au total, les premiers diminueraient donc de 3,1% par rapport au budget 1998, tandis que les seconds augmenteraient de 4,6%.

                 

ACTIONS EXTÉRIEURES

(crédits pour engagements en millions d’euros)

 

Budget 1998

APB 1999

Variation en % (a)

Conseil en 1ère lecture

Variation (b)

Evolution des crédits en % (c)

Total actions extérieures

dont :

PESC

5.730,8

30

5.883,8

30

+ 2,7

0

5.992

30

+ 108,2

0

+ 4,6

0

Aide alimentaire 530 505 - 4,7 305 0 - 4,7
Aide humanitaire 325,1 330,1 + 1,5 330,1 0 + 1,5
Coopération avec l’Asie 440,8 434,1 - 1,5 434,1 0 - 1,5
Coopération avec l’Amérique latine 299,2 295,7 - 1,1 295,7 0 - 1,1
Coopération avec l’Afrique australe 127,5 125 - 2 125 0 - 2
Coopération bassin méditerranéen 1.149,7 1.143 - 0,6 1.143 0 - 0,6
Coopération Europe centrale et orientale (Phare) 1.124,8 1.450,1 + 28,9 1.600,1 + 150 + 42,3
Coopération avec l’ex-URSS (Tacis) 501,9 442,5 - 11,8 442,5 0 - 11,8
Autres actions de coopération 383,8 283,2 - 26,2 277,9 - 5,3 - 27,6
Droits de l’homme et démocratie 97,4 90,4 - 7,2 90,4 0 - 7,2
Accords internationaux de pêche 295,7 295,7 0 288,7 - 7 - 2,4

Volets externes de certaines politiques communautaires


87,1

126,7

+ 45,4

97,2

- 29,5

+ 11,6
(a) APB 1999/budget 1998.
(b) Conseil en 1ère lecture - APB 1999.
(c) Conseil en 1ère lecture/budget 1998.

Source : Conseil de l’Union européenne.

S’agissant des crédits pour engagements, l’essentiel du mouvement s’explique par la décision du Conseil de renforcer le programme Phare, à destination des pays d’Europe centrale et orientale des 150 millions d’euros qui avaient été prélevés en 1997 au profit du programme MEDA (coopération avec les pays tiers méditerranéens). Le Conseil a ainsi décidé de rétablir l’enveloppe prévue sur la période 1995-1999 pour Phare lors du Conseil européen de Cannes des 26 et 27 juin 1995.

A l’inverse, les crédits pour paiements ont fait l’objet d’une réduction de 208,7 millions d’euros (soit - 3,1%) par rapport aux propositions de la Commission européenne inscrites dans l’avant-projet. Si l’effort d’économie a touché la plupart des lignes, on notera cependant que le Conseil a su maintenir les dotations visant des actions particulièrement sensibles, telles que l’aide alimentaire ou humanitaire, ainsi que la coopération avec les républiques issues de l’ancienne Yougoslavie. La principale réduction touche le programme Phare (– 72 millions d’écus). Elle correspond à la volonté exprimée par le Conseil de procéder « à des inscriptions budgétaires réalistes et correspondant aux possibilités d’exécution sans pour autant entraver des politiques importantes de la Communauté ».

Votre Rapporteur général ne peut que s’en féliciter et rappeler que la résolution de l’Assemblée nationale sur l’avant-projet de budget mentionnait l’ampleur des difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre du programme Phare.

B.- Un effort d’économie portant largement sur les politiques internes et les dépenses administratives

Les rubriques 3 et 5 du budget communautaire assurent près de 63% des économies s’agissant des crédits pour paiements et supportent la totalité des compressions budgétaires en crédits pour engagements.

·   En matière de dépenses administratives, le Conseil a suivi les orientations du Conseil Ecofin du 19 mai 1998, ce qui l’a conduit à s’inspirer de la rigueur budgétaire imposée également au plan national aux Etats membres. Pour l’essentiel, les économies réalisées découlent d’un refus des créations d’emplois proposées par la Commission, sauf en ce qui concerne certains besoins liés à l’élargissement ou à la mise en oeuvre du traité d’Amsterdam.

Au total, la progression des dépenses administratives est ainsi ramenée de 3% dans l’avant-projet de budget à 1,6% dans le projet de budget.

                     

DÉPENSES ADMINISTRATIVES

(Crédits pour paiements, en millions d’euros)

 

Budget 1998

APB 1999

Évolution des crédits en % (a)

Conseil en 1ère lecture

Variation(b)

Évolution des crédits en % (c)

· Commission

(dont : pensions toutes institutions)

2.843,1

(466,8)

2.905,2

(498)

+ 2,21

(+ 6,7)

2.889,3

(497,5)

- 15,9

(- 0,5)

+ 1,6

(+ 6,6)

· Autres institutions

– Parlement

– Conseil

– Cour de justice

– Cour des comptes

– Comité économique et social et Comité des régions

1.510,3

910,9

320,3

120,1

59,1


27,5

1.614,4

919,6

346,5

126,7

66,2


27,5

+ 6,9

+ 0,9

+ 8,2

+ 5,5

+ 12,1


0

1.533,3

919,6

336,7

121,7

60,5


27,5

- 81,1

0

- 9,7

- 5

- 5,7


0

+ 1,5

+ 0,9

+ 5,1

+ 1,3

+ 2,4


0

Total des dépenses administratives 4.353,4 4.519,6 + 3 4.422,6 - 96,9 + 1,6
(a) APB 1999 / Budget 1998.
(b) Conseil en 1ère lecture - APB 1999.
(c) Conseil en 1ère lecture/budget 1998.

Source : Conseil de l’Union européenne.

S’agissant du Parlement européen, le Conseil a repris intégralement l’état prévisionnel, en hausse de 0,9%, conformément aux traditions de courtoisie entre les deux institutions.

La Commission s’est vu accorder 110 emplois nouveaux en 1999, uniquement afin de couvrir les besoins découlant de l’élargissement. La progression des dépenses a ainsi été ramenée à 1,6%, soit un montant limité si l’on tient compte de la forte croissance des dépenses de pensions (+ 6,6%). S’agissant de celles-ci, une étude a été commandée à la firme KPMG afin d’évaluer l’évolution future de la charge des retraites sur le budget communautaire.

L’institution connaissant la principale progression des dépenses est le Conseil (+ 5,1%). Dans l’exposé des motifs du projet de budget, celui-ci note que « sans tenir compte des dépenses “Amsterdam”, les dépenses relatives au fonctionnement normal augmentent de 3.091.000 euros, soit 0,97% ».

·   Comme c’est souvent le cas, ce sont les politiques internes (rubrique 3) qui ont fait l’objet des principales coupes de la part du Conseil. Les crédits pour engagements ont été réduits de 477 millions d’euros et les crédits pour paiement de 256 millions d’euros, conduisant à une baisse des dépenses par rapport au budget 1998 de respectivement 5,3 et 1,3%. Il est probable que le Parlement européen entendra rétablir les dotations en cause, au moins pour partie.

                 

POLITIQUES INTERNES

(crédits pour engagements en millions d’euros)

 

Budget 1998

APB 1999

Variation en % (a)

Conseil en 1ère lecture

Variation (b)

Évolution des crédits
en %
(c)

Total politiques internes 5.755,7 5.926,5 + 3 5.449 - 477,5 - 5,3
dont :            

- Recherche

3.491 3.570 + 2,3 3.400 - 170 - 2,6

- Autres actions agricoles

145,9 144,4 - 0,3 141,9 - 3,5 - 2,7

- Transports

19 18 - 5,5 11 - 7 - 42,2

- Éducation, formation professionnelle, jeunesse

411 426 + 3,6 305,2 - 120,7 - 25,7

- Audiovisuel et culture

99 86,9 - 12,4 76,8 - 10,1 - 22,5

- Information et communication

102,5 111,5 + 8,7 72 - 39,5 - 29,8

- Autres actions sociales

165,4 152,9 - 7,6 108,7 - 44,1 - 34,3

- Énergie

33 38 + 15,1 29,8 - 8,2 - 9,7

- Environnement

140,5 141,3 + 0,6 137 - 4,3 - 2,5

- Marché intérieur

157,3 161 + 2,3 143,5 - 17,5 - 8,7

- Industrie

84,1 92 + 9,4 92 0 + 9,4

- Marché de l’emploi et innovation technologique

191 211 + 10,5 197 - 14 + 3,1

- Réseaux transeuropéens

559,9 617 + 10,2 579 - 38 + 3,4
(a) APB 1999/budget 1998.
(b) Conseil en 1ère lecture - APB 1999.
(c) Conseil en 1ère lecture/budget 1998.

Source : Conseil de l’Union européenne.

Parmi les principales économies, on notera que les crédits consacrés à la recherche et au développement technologique diminuent de 170 millions d’euros en crédits pour engagements, et de 80,9 millions d’euros en crédits pour paiements.

Le Conseil a arrêté le 23 mars 1998 une position commune en vue de l’adoption d’une décision du Parlement européen et du Conseil relative au cinquième programme-cadre non nucléaire, qui prévoit un montant global maximum de participation de la Communauté européenne de 12.740 millions d’euros pour la période 1994-1999, dont 3.100 millions d’euros pour 1999. Le même jour, le Conseil est parvenu à un accord politique sur le cinquième programme-cadre nucléaire, qui comporte un montant de référence financière pour l’ensemble du programme de 1.260 millions d’euros, dont 300 millions d’euros pour l’année 1999.

En conséquence, le Conseil a décidé d’allouer pour la sous-section B6 du budget pour 1999 une dotation globale en crédits d’engagements de 3.400 millions d’euros. La répartition de cette enveloppe entre les différents titres a été faite conformément à la ventilation observée dans l’avant-projet de budget présenté par la Commission.

S’agissant des réseaux transeuropéens, la résolution précitée de l’Assemblée nationale avait insisté sur le caractère essentiel de ces actions, au regard de leur effet positif sur l’emploi et la croissance, tout en jugeant dérisoire le montant qui y est affecté. Votre Rapporteur général ne peut donc que regretter que les dotations aient été réduites par le Conseil. Les crédits pour engagements ont, en effet, été diminués de 38 millions d’euros, ramenant de 10,2% à 3,4% la progression par rapport à 1998, tandis que les crédits pour paiements ont fait l’objet d’un abattement de 22 millions d’euros, avec pour effet de conduire à une progression de seulement 15,5% par rapport à 1998, contre 21,1% dans l’avant projet.

C.- Vers un règlement à l’amiable de la question des bases légales

On rappellera qu’un arrêt rendu le 12 mai dernier (22) par la Cour de justice des Communautés européennes posait avec acuité la question des bases légales. L’origine de la décision remonte à 1996, le Conseil ayant saisi la Cour d’une décision de la Commission européenne concernant l’octroi de 6 millions d’écus de subventions à des projets de lutte contre l’exclusion sociale, alors que ce programme, dit « Pauvreté 4 », n’avait pas été adopté par le Conseil et était donc dépourvu de base légale. La Commission faisait valoir que, compte tenu des montants engagés, ces actions faisaient partie des « actions non significatives » ne nécessitant pas une décision normative du Conseil. La Cour de justice n’a pas retenu cette argumentation. Bien au contraire, elle a estimé que rien ne permettait d’exclure qu’une action communautaire significative n’engendre que des dépenses limitées, ni que ses effets soient limités dans le temps. Elle a indiqué qu’« admettre le contraire reviendrait par ailleurs à permettre à la Commission de tenir en échec l’application du principe de l’adoption préalable d’un acte de base ». Cette décision, si elle ne tranche pas définitivement la question, car la Cour n’a pas défini avec précision les critères des actions significatives, constitue une avancée importante, freinant les tentations permanentes de la Commission européenne, qui a une fâcheuse tendance à engager des dépenses sans base légale, tout particulièrement en matière de politiques internes.

Dès le 10 juin dernier, réagissant à cet arrêt, la Commission avait annoncé un réexamen des lignes budgétaires dépourvues de base juridique, assorti d’un gel des crédits . Le 24 juin, le Commissaire en charge du budget, M. Erkki Liikanen avait dressé un premier bilan de cet examen. Il apparaissait alors que la base juridique était susceptible de faire défaut pour pas moins de 80 projets représentant 850 millions d’écus (près de 1% du budget communautaire).

Le nombre de lignes a, par la suite, été réévalué à cent, pour un montant de 920 millions d’écus, lors du « trilogue » Parlement-Conseil-Commission réuni le 17 juillet en prélude au Conseil budget. A cette occasion, la Commission a fait le constat suivant :

– 56 lignes peuvent être débloquées après vérification, pour un montant de près de 394 millions d’écus ;

– 19 autres lignes sont partiellement débloquées, pour un montant global de 166,9 millions d’écus. Les dépenses ne peuvent toutefois concerner que les actions explicitement prévues à l’origine, ces actions souffrant souvent de défauts de conception, soit en relevant de plusieurs actes de base, soit que l’acte de base ne couvre que partiellement les dépenses engagées ;

– 13 lignes reposent sur une base légale dont l’adoption est toujours pendante au Conseil (pour un montant de 261,5 millions d’écus). Ces lignes restent formellement suspendues, mais l’exécution des contrats en cours avant le 10 juin serait autorisée ;

– 8 lignes (21,9 millions d’écus) n’ont aucune base légale et leur suppression est inéluctable ;

– 3 lignes posent un problème particulier, puisque la base légale proposée n’est pas approuvée par le Conseil, mais est, de plus, contestée devant la Cour de justice.

A l’occasion de ce trilogue, les autorités budgétaires ont approuvé les propositions de la Commission. Elles ont co-signé une déclaration commune qui constitue la base d’un futur accord interinstitutionnel. Ce projet a été communiqué à l’Assemblée nationale par le Gouvernement.

Il y est tout d’abord rappelé que l’exécution des crédits inscrits au budget pour toute action communautaire requiert l’adoption préalable d’un acte de base.

La définition d’un acte de base est la suivante : « un acte législatif de droit dérivé qui donne un fondement juridique à l’action communautaire et à l’exécution de la dépense correspondante inscrite au budget. Cet acte doit revêtir la forme d’un règlement, d’une directive ou d’une décision. Les recommandations et les avis, ainsi que les résolutions et déclarations ne constituent pas des actes de base. »

On remarquera cependant que le projet d’accord autorise que soient exécutées sans acte de base certaines actions énumérées limitativement.

Il s’agit tout d’abord des projets pilotes, de nature expérimentale, visant à tester la faisabilité d’une action et son utilité. Les crédits d’engagement y afférents ne peuvent être inscrits au budget que pour deux exercices budgétaires. Leur montant total ne peut cependant dépasser 32 millions d’euros.

Par ailleurs, les crédits relatifs à des actions préparatoires, destinées à préparer des propositions en vue de l’adoption de futures actions communautaires, peuvent être financés sans base légale. Ces actions préparatoires peuvent revêtir des formes variées. Les crédits d’engagements les concernant ne peuvent être inscrits au budget que pour trois exercices budgétaires au maximum, la procédure législative devant être menée à son terme avant l’expiration du troisième exercice. Les moyens mis en oeuvre ne sauraient correspondre, quant à leur volume, à ceux envisagés pour le financement de l’action définitive elle-même. Ainsi, le montant total des lignes nouvelles concernées ne peut dépasser un montant de 30 millions d’euros par exercice budgétaire et le montant des crédits effectivement engagés au titre des actions préparatoires ne peut excéder 75 millions d’euros.

S’agissant des crédits relatifs aux « actions de nature ponctuelle, voire permanente », menées par la Commission en vertu de tâches qui découlent de ses prérogatives sur le plan institutionnel autres que son droit d’initiative législative, ainsi que de compétences spécifiques qui lui sont attribuées directement par le traité, le projet d’accord indique que sont autorisées les actions figurant sur une annexe actuellement provisoire. Cette dernière pourra éventuellement être complétée dans la présentation de l’avant-projet de budget avec l’indication des articles en cause et des montants concernés.

Enfin, le projet d’accord vise les crédits destinés au fonctionnement de chaque institution, au titre de son autonomie administrative.

III.- La contribution française au budget communautaire

A.- Un ajustement très modeste des prévisions de recettes

du budget communautaire

La légère réduction des dépenses trouve son exacte contrepartie du côté des recettes, puisque le budget communautaire est, par définition, voté en équilibre.

Comme l’indique le tableau ci-après, c’est la ressource PNB qui a, comme d’habitude, joué le rôle de variable d’ajustement, avec une réduction de 468,5 millions d’euros.

(En millions d’euros)

Recettes

Budget 1998

APB 1999

Projet de budget 1999

 

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Droits agricoles et sucre 1.671 2 1.921 2,2 1.921,1 2,2
Droits de douane 11.144,3 13,3 11.893,9 13,8 11.893,9 13,8
Taxe sur la valeur ajoutée 34.134,5 40,9 30.374,2 35,2 30.374,2 35,4
Ressource PNB 35.911,3 43 41.521,3 48,1 41.052,8 47,8
Divers 668,1 0,8 640 0,7 630,8 0,7
Total 83.529,2 100 86.350,4 100 85.872,8 100

Source : Conseil de l’Union européenne.

Le tableau ci-après fait, quant à lui, apparaître, par grande catégorie de ressources propres, les montants imputés à chaque Etat.

La France reste le deuxième contributeur, loin derrière l’Allemagne il est vrai, cette dernière assurant plus du quart des recettes du budget communautaire.

               

RÉPARTITION DES RESSOURCES PROPRES EN 1998

(en millions d’euros)

Etats membres

Prélèvements agricoles nets

Cotisations dans le secteur du sucre et de l’isoglucose

Droits de douane nets

Ressources propres « TVA » au taux uniforme

Ressources propres « PNB »(a)

Ressources propres « PNB »,
réserves

Total du financement
(b)

Belgique 95,49 58,41 974,70 782,54 1.193,62 35,69 3.303,35
Danemark 3,24 32,67 251,46 529,86 792,22 23,69 1.741,26
Allemagne 172,17 271,53 2.772,54 8.079,02 10.081,54 301,47 22.478,35
Grèce 7,20 15,57 138,60 467,63 567,81 16,98 1.291,29
Espagne 29,88 38,34 641,25 2.082,32 2.653,01 79,33 5.886,21
France 69,75 265,50 1.211,58 5.192,69 6.777,37 202,67 14.644,51
Irlande 6,93 9,72 198,27 265,83 322,79 9,65 857,25
Italie 127,71 99,45 978,48 3.390,04 5.565,16 166,42 11.086,78
Luxembourg 0,27 19,62 69,95 84,93 2,53 188,91
Pays-Bas 151,65 64,35 1.373,31 1.439,79 1.807,25 54,04 5.137,05
Autriche 23,40 26,82 222,93 825,25 1.004,64 30,04 2.270,19
Portugal 36,00 2,16 129,51 413,50 502,09 15,01 1.166,81
Finlande 6,30 7,29 115,20 389,37 575,08 17,19 1.188,92
Suède 28,17 18,90 334,44 816,22 1.096,82 32,79 2.477,04
Royaume-Uni 190,89 61,29 2.531,97 5.630,18 6.836,41 204,43 11.523,96
TOTAL 949,05 972,00 11.893,86 30.374,25 39.860,82 1.192,00 85.241,98
(a) Réserves exclues

(b) Compte tenu de la correction en faveur du Royaume-Uni sur les ressources propres « TVA » et « PNB ».

Source : Conseil de l’Union européenne.

B.- Le prélèvement sur recettes proposé par le présent article

·   Pour la première fois, l’évaluation révisée du prélèvement sur recettes au profit des Communautés européennes ne fait l’objet d’aucun changement par rapport aux prévisions initiales.

Aucune modification majeure des conditions d’exécution ne semble nécessiter une révision de l’évaluation inscrite en loi de finances.

D’une part, le budget initial adopté par le Parlement européen s’établissait à un niveau supérieur en crédits de paiement (environ 600 millions d’écus de plus) au projet de budget pour 1998, qui avait servi de base à l’évaluation de la loi de finances. D’autre part, du fait de moins-values sur les ressources douanières, l’excédent disponible de l’exercice 1997 s’est établi à un niveau légèrement inférieur aux prévisions.

Toutefois, le surcoût résultant de ces facteurs devrait être compensé par la perspective de non-utilisation des trois réserves inscrites au budget communautaire (réserves monétaires du FEOGA, d’aide d’urgence et pour garantie de prêts), ainsi que par les conséquences du budget rectificatif et supplémentaire (BRS) n° 1/1998 qui, outre l’intégration du solde disponible de l’exercice 1997, prévoit une actualisation des ressources propres tendant à diminuer la contribution française.

L’impact exact de ce BRS, dont la procédure d’adoption n’est pas achevée, ainsi que le niveau de la sous-utilisation des réserves ne pourront toutefois être connus avec précision avant la fin de l’exercice.

La contribution pour 1998 reste donc évaluée à 91,5 milliards de francs. Comme l’indique le tableau ci-après, elle conduit à une progression de 4,2% par rapport aux résultats d’exécution de 1997, soit un rythme sensiblement inférieur à celui observé lors de ce dernier exercice.

         

ÉVOLUTION DES PRÉLÈVEMENTS SUR RECETTES

AU PROFIT DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES

(En millions de francs)

 

Estimations en loi de finances initiale

Estimations révisées

Versements

effectués

Pourcentage d’évolution

annuelle

1981

23.300 22.993 21.403 + 26,8

1982

25.790 27.646 27.074 + 26,5

1983

27.310 28.840 29.895 + 10,5

1984

31.034 31.460 32.509 (a) + 8,7

1985

33.775 35.545 38.017 (b) + 16,9

1986

42.660 46.340 45.767 + 20,4

1987

46.336 49.481 50.015 + 9,2

1988

54.770 64.618 64.481 + 29

1989

64.492 61.438 61.212 - 5,1

1990

63.500 60.200 56.132 - 8,3

1991

70.750 75.685 74.723 + 33,2

1992

84.250 77.000 72.613 - 2,8

1993

83.480 78.000 76.992 + 6

1994

90.800 90.800 82.536 + 7,2

1995

88.000 83.000 78.222 - 5,2

1996

89.000 81.200 80.428 + 2,8

1997

87.000 88.000 87.839 + 9,2

1998

91.500 91.500 - + 4,2 (c)

PLF 1999

95.000 - - + 3,8 (d)
(a) Dont une avance intergouvernementale remboursable de 1.569 millions de francs.

(b) Dont une avance intergouvernementale non remboursable de 2.959 millions de francs.

(c) Estimation révisée 1998 / Versements effectifs 1997.

(d) Évaluation proposée 1999 / Estimation révisée 1998.

·   Pour 1999, le montant du prélèvement communautaire s’élèverait à 95 milliards de francs, soit 3,8% de croissance par rapport à l’évaluation révisée pour 1998.

Cette estimation est fondée sur le projet de budget établi par le Conseil en première lecture le 17 juillet dernier, ainsi que sur des hypothèses de taux de change et de report de l’excédent disponible à l’issue de l’exercice 1998.

Le chiffrage peut être décomposé de la manière suivante :

– au titre des ressources propres traditionnelles (RPT) (23), pour lesquelles les Etats-membres ne versent en cours d’année que ce qu’ils perçoivent effectivement aux frontières extérieures de l’Union, indépendamment de l’évaluation figurant dans le budget communautaire, le montant retenu correspond exactement à la prévision inscrite en recettes du projet de loi de finances, soit 10,9 milliards de francs.

– au titre des ressources propres PNB et TVA (y compris la correction accordée au Royaume-Uni), pour lesquelles le montant inscrit au budget communautaire sera automatiquement versé par douzièmes au cours de l’exercice 1999, est retenu le montant figurant dans le projet de budget du Conseil, converti sur la base d’un taux de change de 6,60 F/écu (la parité définitive ne sera connue qu’à la fin de l’exercice 1998), soit 86,4 milliards de francs ;

– sur la base du projet de budget du Conseil, le prélèvement sur recettes s’élèverait donc à 97,3 milliards de francs. Il convient toutefois de prendre également en compte l’excédent disponible à la fin de l’exercice 1998 (résultant de la sous-consommation des crédits de paiement et des plus/moins values sur les recettes), qui permettra d’alléger les ressources propres PNB appelées au cours de l’exercice 1999. Sur la base d’un excédent 1998 estimé à 2 milliards d’écus, se traduisant des versements de ressources propres diminués de 2,3 milliards de francs, l’évaluation du prélèvement sur recettes est ainsi ramenée à 95 milliards de francs.

*

* *

La Commission a adopté l'article 42 sans modification.

*

* *

TITRE II

DISPOSITIONS RELATIVES À L'ÉQUILIBRE DES RESSOURCES

ET DES CHARGES

Article 43

Équilibre général du budget.

Texte du projet de loi :

I. Pour 1999, les ressources affectées au budget évaluées dans l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre général qui en résulte, sont fixés aux montants suivants :

(en millions de francs)

Ressources

 

Dépenses ordinaires civiles

Dépenses civiles en capital

Dépenses militaires

Dépenses totales ou plafonds des charges

 

Soldes

A.Opérations à caractère définitif

                 
Budget général                
Montants bruts

1.752.213

 

1.670.325

         
A déduire : Remboursements et dégrèvements d'impôts

306.670

 

306.670

         
Montants nets du budget général

1.445.543

 

1.363.655

78.030

243.524

1.685.209

   
Comptes d'affectation spéciale

50.006

 

19.590

26.973

 

46.563

   
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale

1.495.549

 

1.383.245

105.003

243.524

1.731.772

   
                 
Budgets annexes                
Aviation civile

8.714

 

6.584

2.130

 

8.714

   
Journaux officiels

1.080

 

898

182

 

1.080

   
Légion d'honneur

113

 

106

7

 

113

   
Ordre de la Libération

5

 

4

1

 

5

   
Monnaies et médailles

1.382

 

1.337

45

 

1.382

   
Prestations sociales agricoles

93.947

 

93.947

''

 

93.947

   
Totaux des budgets annexes

105.241

 

102.876

2.365

 

105.241

   
                 
Solde des opérations définitives (A)          

-236.223

                 

B.Opérations à caractère temporaire

                 
Comptes spéciaux du Trésor                
Comptes d'affectation spéciale

73

       

46

   
Comptes de prêts

5.495

       

5.408

   
Comptes d'avances

374.461

       

374.500

   
Comptes de commerce (solde)          

-56

   
Comptes d'opérations monétaires (solde)          

420

   
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde)          

40

   
                 
Solde des opérations temporaires (B)          

-329

Solde général (A+B)          

-236.552

II. Le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie est autorisé à procéder, en 1999, dans des conditions fixées par décret :

1. à des emprunts à long, moyen et court terme libellés en euros pour couvrir l’ensemble des charges de trésorerie ou pour renforcer les réserves de change ;

2. à des conversions facultatives, à des opérations de pension sur titres d’État, des rachats, des échanges d’emprunts, à des échanges de devises ou de taux d’intérêt, à l’achat ou à la vente d’options ou de contrats à terme sur titres d’État.

III. Le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie est autorisé à procéder à la conversion en euros des obligations du Trésor et des bons du Trésor en francs et en ECU, selon les modalités prévues à l’article 18 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d’ordre économique et financier.

IV. Le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie est autorisé à donner, en 1999, la garantie de refinancement en devises pour les emprunts communautaires.

V. Le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie est, jusqu’au 31 décembre 1999, habilité à conclure avec des établissements de crédit spécialisés dans le financement à moyen et long terme des investissements, des conventions établissant pour chaque opération les modalités selon lesquelles peuvent être stabilisées les charges du service d’emprunts qu’ils contractent en devises étrangères.

Exposé des motifs du projet de loi :

Le détail des évaluations de recettes brutes du budget général figure dans l’annexe relative aux voies et moyens. Les recettes des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor font l’objet d’un développement dans l’annexe propre à chaque budget ou aux comptes spéciaux du Trésor. Pour l’évaluation des dépenses brutes, les renseignements traditionnels figurent à l’« Exposé général des motifs », dans les « Analyses et tableaux annexes » ainsi que dans les fascicules propres à chaque budget.

Le montant des remboursements et dégrèvements d’impôts est déduit, dans la présentation de l’équilibre donné ci-dessus, des recettes brutes comme des dépenses brutes du budget général.

Par ailleurs, le projet d’article autorise le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie à convertir en euros, à compter de 1999, le stock de dette de l’État précédemment libellé en francs et en ECU. Il l’autorise en outre, comme chaque année, à émettre des emprunts afin d’assurer la trésorerie de l’État. Les nouvelles émissions seront libellées en euros à compter du 1er janvier 1999.

Le projet de texte l’autorise également à effectuer des opérations de rachats, des échanges de taux d’intérêt et de devises, d’achat ou de vente d’options, de contrats à terme sur titres d’État, ainsi qu’à donner la garantie de refinancement en devises pour les emprunts communautaires, et à effectuer des opérations de gestion active de la dette. Il est également proposé d’autoriser le ministre de l’économie et des finances à procéder à des opérations de pension sur titres d’État.

Enfin, depuis 1974, l’octroi par l’État d’une garantie de change aux établissements de prêts à long terme est prévu chaque année dans la loi de finances. Cette garantie, dont l’étendue actuelle a été définie par la loi de finances rectificative pour 1981, permet aux établissements d’émettre des emprunts en devises sans que leur équilibre financier soit mis en cause par des variations de taux de change.

Observations et décision de la Commission :

L’article d’équilibre comprend les principales dispositions dont la présence en première partie du projet de loi de finances est requise par l’article 31 de l’ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances.

Son premier volet est le tableau d’équilibre, figurant au paragraphe I, qui « fixe les plafonds des grandes catégories de dépenses et arrête les données générales de l’équilibre financier ».

Un deuxième volet, constituant les paragraphes II à V, est relatif aux diverses autorisations qu’il est demandé d’accorder, pour l’année 1999, au ministre chargé de l’économie, des finances et de l’industrie. La principale d’entre elles est l’autorisation générale d’emprunt figurant au paragraphe II.

Enfin, l’état A annexé au présent article et adopté en même temps que celui-ci, dresse un tableau des « voies et moyens qui assurent l’équilibre financier ». Il présente l’évaluation, pour 1999, de chaque ligne de recettes du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor. L’annexe budgétaire des « voies et moyens » ne donne de justification détaillée de ces évaluations que pour les recettes du budget général.

I.- Le tableau d’équilibre

La structure du tableau d’équilibre est quasiment inchangée depuis 1974. Elle n’a pas été affectée par la réforme des documents budgétaires intervenue en 1996. On doit se réjouir d’y voir à nouveau portée une ligne retraçant les totaux relatifs aux budgets annexes. L’intégration au tableau d’équilibre d’une ligne similaire, retraçant les totaux relatifs aux opérations temporaires des comptes spéciaux du Trésor, serait également utile, sans alourdir outre mesure la présentation de l’ensemble du tableau.

Instrument synthétique permettant d’appréhender les conditions de l’équilibre financier, le tableau d’équilibre témoigne des choix politiques opérés par le Gouvernement : mettre en œuvre une stratégie de croissance durable, favorable à l’épanouissement d’une société du travail ; réformer et simplifier la fiscalité pour soutenir l’emploi, faire progresser la justice sociale, développer la dimension écologique de l’économie et favoriser l’innovation ; maîtriser la dépense publique au profit de priorités clairement identifiées.

A.- Une croissance des ressources qui accompagne
la reprise économique

En 1999, les ressources nettes du budget général atteindraient 1.445,6 milliards de francs, sauf modification intervenant au cours du débat parlementaire, comme dans les lois de finances pour 1998 (+ 1,6 milliard de francs), 1997 (+ 1 milliard de francs) ou 1996 (+ 2 milliards de francs).

Les ressources nettes du budget général sont obtenues après déduction :

– des prélèvements sur recettes, qui ne figurent pas dans le tableau d’équilibre mais sont retracés dans l’état A annexé. En progression de 15 milliards de francs, soit + 5,9%, par rapport à l’évaluation initiale pour 1998 et de 16,4 milliards de francs, soit + 6,4%, par rapport à l’évaluation révisée pour 1998, ils s’élèveraient en 1999 à 271 milliards de francs. Ce montant se partage entre les prélèvements sur recettes au profit des collectivités locales, à hauteur de 176 milliards de francs, et le prélèvement sur recettes au profit des communautés européennes, à hauteur de 95 milliards de francs ;

– des remboursements et dégrèvements, pour un montant de 306,7 milliards de francs. Leur croissance serait sensible par rapport à l’évaluation initiale pour 1998 (+ 9,8%) mais quasi nulle par rapport à l’évaluation révisée pour 1998 (+ 0,1%). La réalisation de cette prévision supposera une franche rupture de tendance avec les évolutions constatées les années précédentes.

Les recettes avant prélèvements se décomposent en :

– 1.533,3 milliards de francs de recettes fiscales nettes, en hausse de 73,5 milliards de francs par rapport à l’évaluation révisée pour 1998. Cette progression est due pour l’essentiel à l’« effet de l’évolution spontanée » au sens de la méthode classique d’évaluation des recettes. La contribution la plus importante provient de la TVA nette, qui progresserait de 22,9 milliards de francs, les évolutions de l’impôt sur le revenu (+ 16,2 milliards de francs) et de l’impôt sur les sociétés net de remboursements et dégrèvements (+ 12,4 milliards de francs) étant équivalentes. On doit noter le rendement satisfaisant de l’impôt sur les sociétés, malgré la diminution de 15% à 10% du taux de la majoration temporaire instituée par la loi n° 97-1026 du 10 novembre 1997 portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier ;

– 183,2 milliards de francs de ressources non fiscales, dont 16 milliards de francs de « recettes d’ordre » venant en atténuation des charges de la dette. Les ressources non fiscales enregistrent un fort impact des mesures de « rebudgétisations » décidées par le Gouvernement afin de clarifier la présentation du projet de loi de finances et d’améliorer la sincérité des comptes publics : la budgétisation du fonds de concours recueillant la contribution de La Poste aux retraites de ses agents fonctionnaires augmente les recettes du titre 5 de 14,8 milliards de francs environ ; la suppression du prélèvement au profit des fonds de concours ouverts au titre des crédits d’article 6 de la loi du 31 juillet 1949 augmente de 6,7 milliards de francs le montant des ressources inscrites au titre 3.

La structure de l’état A serait modifiée pour tenir compte de ces mouvements de rebudgétisation : une ligne 0067 serait créée dans la partie de l’état A relative aux recettes fiscales, où serait imputé le produit de la taxe générale sur les activités polluantes proposée par l’article 30 du projet de loi de finances ; de même, une ligne 0508 aurait vocation à recueillir la contribution de La Poste aux charges de pension de ses agents, dans la partie de l’état A relative aux ressources non fiscales.

Les recettes à caractère définitif des comptes d’affectation spéciale s’élèveraient, en 1999, à 50 milliards de francs, soit une diminution de 11 milliards de francs par rapport à l’évaluation initiale pour 1998. La quasi totalité de cette diminution est imputable à la politique retenue par le Gouvernement en matière d’ouverture du capital des entreprises publiques. Les recettes du fonds pour le financement de l’accession à la propriété sont, pour leur part, en diminution de 800 millions de francs. Enfin, les recettes du Fonds pour l’aménagement de l’Ile-de-France progressent de 580 millions de francs.

Les ressources des budgets annexes, sans incidence sur la construction de l’équilibre budgétaire, augmenteraient de 1,5%, suivant ainsi une tendance établie de longue date.

En définitive, il est proposé de fixer à 1.495,6 milliards de francs le montant total des ressources nettes du budget de l’État, hors budgets annexes. La progression de ces ressources ressortirait ainsi à 6,2% par rapport à la loi de finances pour 1998, pourcentage en lui-même peu significatif, du fait des opérations de rebudgétisation qui entraînent des « effets de structure » importants.

B.- Une progression modérée des dépenses de l’État

Le projet de loi de finances pour 1999 propose de fixer à 1.685,2 milliards de francs le plafond des dépenses nettes du budget général. Leur progression par rapport à la loi de finances pour 1998 représente 84,7 milliards de francs, soit une augmentation de 5,3%. Là encore, les rebudgétisations opérées dans le présent projet rendent la comparaison directe des deux agrégats annuels peu pertinente. Si l’on défalque du montant inscrit au tableau d’équilibre le montant de 45,6 milliards de francs correspondant aux dépenses réintégrées au budget général, la progression des dépenses de ce budget, entre 1998 et 1999, s’élève à 39,1 milliards de francs en valeur absolue, soit + 2,3% en valeur relative. La progression en volume des dépenses du budget général, à périmètre constant, ressort ainsi à 1%.

Au sein des dépenses ordinaires civiles, la charge nette de la dette connaîtrait une évolution particulièrement modeste, marquée par une augmentation limitée à 2,4 milliards de francs soit 1%. En revanche, les crédits de personnels (rémunérations, pensions, charges sociales) s’accroîtraient de 41,4 milliards de francs (+ 6,8%) ; cette sensible revalorisation s’explique essentiellement, d’une part, par les conséquences en 1999 de l’accord salarial dans la fonction publique signé en février 1998, d’autre part par l’impact de la rebudgétisation des crédits de pension de La Poste, qui pèse sur ce poste pour 14,8 milliards de francs. Enfin, l’augmentation des dépenses d’intervention traduit la montée en puissance de dispositifs législatifs adoptés en 1997 et 1998, qui marquent clairement la volonté du Gouvernement actuel de renforcer la justice et la solidarité : emplois-jeunes, réduction du temps de travail, lutte contre l’exclusion et prise en charge de l’allocation de parent isolé (qui constitue un changement de périmètre) participent de cet effort budgétaire nécessaire à la cohésion de la Nation.

Les dépenses civiles en capital progresseraient de 8,1% pour atteindre le niveau de 78 milliards de francs. La rupture avec le déclin tendanciel constaté ces dernières années, opérée dans la loi de finances pour 1998, se trouve ici confirmée, même si les dépenses en capital du budget général ne recouvrent pas l’ensemble de l’effort civil d’investissement de l’État.

Les dépenses militaires augmentent de 5,3 milliards de francs, montant qui est dû entièrement au retour des crédits pour dépenses en capital au niveau fixé par la loi de programmation militaire 1997-2000. Pour leur part, les crédits de dépenses ordinaires sont quasiment stables, ce qui dénote une bonne maîtrise de l’impact financier de la professionnalisation des armées.

Le plafond des charges définitives nettes serait égal à 1.731,8 milliards de francs, en augmentation de 70,3 milliards de francs (soit 4,2%) par rapport à la loi de finances pour 1998. En effet, les charges définitives des comptes d’affectation spéciale s’inscrivent en nette diminution (– 14,5 milliards de francs) du fait d’un produit estimé des cessions de titres publics inférieur en 1999 à ce qu’il était en 1998. Par ailleurs, le retour du financement du prêt à taux zéro sur les crédits du budget général – seuls les crédits « services votés » restant inscrits sur le CAS n° 902-30 – induit un effet de structure de 3,1 milliards de francs, qui diminue à due concurrence le montant des charges définitives des comptes d’affectation spéciale et majore d’autant les crédits du budget général. Pour un montant moindre, d’autres crédits sont également transférés des comptes d’affectation spéciale vers le budget général.

Le plafond des charges des opérations temporaires serait fixé à 380,4 milliards de francs en 1999, au lieu de 376,3 milliards de francs en 1998. Pour près de 300 millions de francs, une partie de cette évolution est due aux frais de fabrication des pièces en euro (compte n° 906-04 « Émission des monnaies métalliques »). L’essentiel de l’évolution tient, cependant, à l’augmentation de 4,2 milliards de francs des dépenses prévues sur le compte d’avances sur le produit des impositions locales, plus modérée que d’habitude. En effet, le dynamisme des émissions et recouvrements d’impôts locaux (+ 4,6% estimés) est partiellement compensé par l’effet de la réforme de la taxe professionnelle proposée par l’article 29 du présent projet de loi, qui devrait jouer dès 1999 à hauteur de 2,8 milliards de francs du fait des modalités de versement de la taxe (acompte de fin d’année).

C.- Une diminution significative du déficit budgétaire

Le déficit des opérations à caractère définitif s’élèverait à 236,2 milliards de francs. Compte tenu du déficit des opérations temporaires, égal à 329 millions de francs, le déficit général du budget de l’État s’établirait, en 1999, à 236,6 milliards de francs.

Le déficit de l’État s’inscrirait ainsi en recul de 21,3 milliards de francs par rapport à la loi de finances pour 1998. Il ne représenterait plus que 2,68% du PIB, amenant le déficit de l’ensemble des administrations publiques à 2,3% du PIB environ, soit un niveau sensiblement inférieur à la limite imposée par le traité de Maastricht et par le pacte de stabilité et de croissance.

Le mouvement de baisse tendancielle du déficit, qui avait manqué d’être interrompu en 1998 du fait de la non reconduction d’un expédient artificiel, le versement de la soulte France Télécom, est à nouveau fermement engagé.

II.- Les autorisations d’opérations de trésorerie

A.- Paragraphes II et III :
les autorisations relatives à la dette de l’État

Un usage constant sous la Ve République veut que, grâce à une interprétation « souple » de l’article 31 de l’ordonnance organique de 1959, ni le tableau d’équilibre ni les documents budgétaires annexés au projet de loi de finances ne comportent d’évaluation du « montant des ressources d’emprunt et de trésorerie ».

Assurément, il n’apparaît ni opportun ni réaliste de prétendre effectuer une prévision de l’ensemble des besoins de trésorerie, c’est-à-dire des mouvements de fonds à très court terme. L’incertitude sur les montants nécessaires à l’équilibre quotidien de la trésorerie, l’interdiction du découvert non financé et les délais d’adoption des lois de finances ne permettraient, en aucun cas, la détermination a priori d’un plafond pour ces ressources.

En matière de ressources d’emprunt, l’article 15 de l’ordonnance organique tempère le caractère absolu des dispositions de l’article 31. Le deuxième alinéa de cet article 15 dispose que « les émissions d’emprunt sont faites conformément aux autorisations générales données chaque année par les lois de finances ». Le paragraphe II, alinéa 1, du présent article a pour objet d’accorder au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, pour l’année 1999, une telle autorisation générale. Celle-ci porte sur le court, le moyen et le long terme, et les emprunts peuvent avoir deux objets : la couverture de l’ensemble des charges de trésorerie, le renforcement des réserves de change.

L’autorisation générale d’emprunt proposée par le présent article est, assurément, très classique. Elle est aussi, dans le présent projet, tout à fait exceptionnelle. En effet, pour la première fois, l’autorisation n’est pas demandée pour des emprunts libellés en francs, mais pour des emprunts libellés en euros. Ainsi, l’article d’équilibre du projet de loi de finances pour 1999 tire les conséquences concrètes des conclusions du Conseil européen de Madrid, les 15 et 16 décembre 1995, où les chefs d’Etat et de gouvernement des États membres avaient décidé qu’à compter du début de la troisième phase de l’union économique et monétaire, l’instrument monétaire dans lequel serait libellée la dette nouvelle des États membres serait l’euro et non plus les monnaies nationales.

Le programme d’émission de l’État – qui n’a en lui-même aucune portée juridique – constitue le cadre général conçu par le ministre chargé du budget pour assurer la couverture du besoin de financement ; il est publié au tout début du mois de janvier. Ce programme d’émission a longtemps été écarté des informations fournies au Parlement dans le cadre du débat budgétaire. Votre Rapporteur général se réjouit de constater que, comme l’année précédente, et suite à sa demande expresse, une évaluation des ressources d’emprunt a été portée à sa connaissance, sous la forme d’un tableau de financement de l’État.

Pour autant, le tableau de financement présenté ci-dessous ne saurait constituer un engagement du Gouvernement quant au montant ou à la nature des ressources d’emprunt qui y sont portées, pour l’année 1999.

TABLEAU DE FINANCEMENT DE L’ÉTAT (a)

(en milliards de francs)

 

Exécution 1997

LFI 1998

PLF 1999

Pour mémoire : déficit en exercice 267,7 257,8 236,6
Déficit en gestion 263,9 258,5 236,6
Amortissement des titres longs (OAT) (b) 188,0 73,7 84,3
Amortissement des autres engagements de l’État 17,5 (e) 15,4 (e) 8,7 (e)
Besoin de financement à long terme 469,4 347,6 329,6
Amortissement des titres à moyen terme (BTAN) (c) 176,9 273,2 198,0
Divers – 12,6 1,7 0,0
Besoin de financement à moyen et long terme 633,7 622,5 527,6
Recettes en trésorerie des émissions obligataires (OAT) 336,1 320,1 290,0
Recettes en trésorerie des émissions de BTAN 294,4 270,4 240,0
Financement à moyen et long terme 630,5 590,5 530,0
Émissions nettes de titres à court terme (BTF) (d) – 0,2 29,9 27,6
Divers 1,7 2,1 – 30,0

dont variation de l’encours des CCP déposés au Trésor

19,0 0,0 – 30,0
Ressources totales nettes de financement 632,0 622,5 527,6

(a) Hypothèses conventionnelles pour 1999.

(b) OAT : Obligations assimilables du Trésor.

(c) BTAN : Bons du trésor à taux fixe et intérêt annuel.

(d) BTF : Bons du Trésor à taux fixe et intérêt précompté

(e) dont 2,4 milliards de francs, chaque année, au titre du remboursement progressif par le Trésor des concours de la Banque de France.

Depuis la loi de finances pour 1991, l’autorisation générale d’emprunt est complétée par un ensemble d’autorisations relatives à des opérations dites « de gestion active » de la dette de l’État. Ces opérations, réalisées sur le marché secondaire de la dette, sont énumérées au paragraphe II, alinéa 2, du présent article. En effet, la politique de modernisation de la dette de l’État, engagée à partir du milieu des années quatre-vingt, a rendu nécessaire des interventions du Trésor sur les marchés. La concentration des émissions sur un faible nombre de lignes, très liquides mais « pesant » parfois plus de 100 milliards de francs, a pour corollaire des charges d’amortissement variant considérablement d’année en année, et de mois en mois. La gestion active de la dette permet de lisser l’échéancier des titres à amortir et d’optimiser le profil de trésorerie de l’État.

Le paragraphe III du présent article a pour objet, conformément aux dispositions de l’article 18 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d’ordre économique et financier, d’autoriser le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie à procéder à la conversion en euros des obligations du Trésor et des bons du Trésor en francs et en ECU composant le stock de dette de l’Etat.

Au mois de juillet 1997, le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a fait part de l’intention du Gouvernement de convertir en euros la dette de l’Etat dès le début de janvier 1999. Cette conversion ouvrira aux autres émetteurs français la possibilité de procéder également à la conversion en euros de leur dette. Plusieurs grands émetteurs, comme la Caisse d’amortissement de la dette sociale, ont déjà indiqué qu’ils procéderaient aussitôt que possible à cette conversion.

B.- Paragraphes IV et V : les autorisations traditionnelles
de prise de garantie

Les derniers paragraphes du présent article reprennent des dispositions traditionnelles, qui ont pour objet d’autoriser le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie :

– à accorder la garantie de l’Etat pour le refinancement en devises d’emprunts communautaires ;

– à prévoir la stabilisation des charges d’emprunts en devises des établissements spécialisés dans le financement à moyen et long terme des investissements. Cette garantie est la contrepartie des encouragements donnés, depuis le milieu des années soixante-dix, à ces établissements pour couvrir une partie de leurs besoins en capitaux sur les marchés internationaux afin de faciliter le financement de la balance des paiements.

*

* *

La Commission a examiné un amendement de M. Pierre Méhaignerie, ayant pour objet de réduire de 18,3 milliards de francs les dépenses du budget général et de diminuer d’un montant identique le déficit.

M. Charles de Courson a indiqué qu'il s'agissait de limiter l’augmentation des dépenses du budget général à 1,3%, soit à la seule hausse des prix, ce gel en francs constants des dépenses devant permettre de réaliser une économie substantielle. Il a indiqué qu’en cas d’adoption de cet amendement, les économies correspondantes devraient être trouvées fascicule par fascicule dans le cadre de l’examen de la deuxième partie du projet de loi de finances.

Votre Rapporteur général a jugé que cet amendement allait à l’encontre des orientations politiques de la majorité. Il a rappelé que le présent projet de loi de finances organisait une maîtrise raisonnée des dépenses publiques, alors que les gouvernements précédents affichaient souvent, en loi de finances initiale, une rigueur qui n’était pas suivie d’effets lors de l’exécution. Evoquant les amendements de réduction de crédits adoptés par la précédente majorité lors du débat sur le projet de loi de finances pour 1996, il a rappelé que seuls 2 milliards de francs avaient pu, péniblement, être trouvés.

Le Président Augustin Bonrepaux a fait part de son scepticisme quant à l’effet, sur l’économie et le niveau du déficit, des amendements de réduction de crédits votés il y a trois ans.

La Commission a rejeté cet amendement et a adopté l’article 43 sans modification, compte tenu de ses décisions sur les articles de la première partie (24).

*

* *

La Commission des finances, de l’économie générale et du Plan a adopté l’ensemble de la première partie du projet de loi de finances pour 1999 ainsi modifiée.

Cliquer ici pour retourner au sommaire général du tome II volume 1 du rapport

() La part des concours de l’Etat aux collectivités territoriales, qui représentait, au début des années quatre-vingt, le dixième des dépenses de l’Etat, atteint, en 1999, 17% de ces dépenses, avec un montant total de 279,46 milliards de francs.

() On rappellera que la dotation élu local, créée par l’article 42 de la loi n° 92-106 du 3 février 1992 relative aux conditions d’exercice des mandats locaux, n’avait pas sa place logiquement parmi les concours « actifs », dans la mesure où elle ne fait l’objet d’aucune règle d’indexation. Son insertion dans l’enveloppe normée a été justifiée, en 1996, par son caractère prévisible, puisque son montant était laissé à la discrétion du Gouvernement.

() L’article 21 de la loi n° 90-563 du 2 juillet 1990 relative à l’organisation du service public de la poste et des télécommunications dispose, en effet, que le produit des impôts locaux de ces deux établissements est versé à l’Etat, mais que si son évolution est supérieure à l’indice du prix de la consommation des ménages, le différentiel est versé au FNPTP.

() L’article 87 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d’ordre économique et financier a étendu la taxe à l’essieu aux véhicules de 12 à 16 tonnes et de plus de 38 tonnes, privant ainsi les départements d’une partie de leurs ressources fiscales, puisque ces véhicules étaient jusqu’alors assujettis au paiement de la vignette. Une compensation a donc été prévue : pour 1999, elle est égale au montant de la vignette perçue sur les véhicules de 12 tonnes au moins au titre de la période d’imposition du 1er décembre 1998 au 30 novembre 1999 ; elle évoluera par la suite comme la dotation générale de décentralisation.

() On peut noter, cependant que l’évolution prévisionnelle des recettes fiscales nettes de l’Etat était de -0,63% en 1997.

() Un ajustement à la hausse est théoriquement envisageable.

() L’ajustement fut également réalisé par la suppression de la première part de la DGE.

() Il résulte également, en ce qui concerne le pacte de stabilité, de la décision de ne pas indexer l’enveloppe normée sur une fraction de l’évolution du PIB.

() On peut calculer le manque à gagner pendant la durée du pacte de stabilité :

– soit en comparant le montant de la DCTP accordé chaque année dans le cadre du pacte de stabilité au montant qui aurait été attribué annuellement si la DCTP de l’année n–1 avait été indexé sur l’évolution des recettes fiscales nettes de l’Etat. Dans cette hypothèse, le manque à gagner total serait d’environ 3,5 milliards de francs ;

– soit en comparant le montant de la DCTP accordé dans le cadre du pacte de stabilité au montant qui aurait été attribué si cette dotation avait conservé son indexation spécifique depuis 1996. Le manque à gagner total serait alors de près de 8 milliards de francs.

A ces totaux, il conviendrait également d’ajouter le manque à gagner résultant de la suppression de la première part de la DGE.

() Dossier du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie « Les grandes orientations des finances publiques pour 1999 », page 7.

() Cette somme est déjà bien plus importante que la majoration annuelle de la DCTP de 300 millions de francs consentie dans le pacte de stabilité.

() Il ne s’agit là que d’une estimation sommaire, susceptible d’être remise en cause par l’évolution des deux indicateurs utilisés (évolution des prix et PIB). Pour cette raison, il serait hasardeux de chiffrer le gain envisagé en 2001.

() Les règles d’éligibilité et de répartition de cette dotation sont précisées dans le commentaire de l’article 41 du présent projet de loi de finances, qui propose une majoration exceptionnelle de 500 millions de francs en faveur de la DSU, au titre de chacune des années d’application du contrat de croissance et de solidarité.

() Discours prononcé à Bron le 4 décembre 1990.

() Les communes de 5.000 à 10.000 habitants peuvent également être éligibles à la DSU. Elles sont aussi classées en fonction de l’indice synthétique de ressources et de charges, mais, afin de ne pas réduire les attributions individuelles des communes de 10.000 habitants et plus, seul le premier dixième bénéficie de la dotation.

() Cette dotation avait été instituée pour gommer les effets de seuil intervenant dans le dispositif antérieur à la loi du 31 décembre 1993.

() La baisse de la DCTP de chacune des communes éligibles à la DSU ne pourra pas, durant les trois années d’application du contrat de solidarité et de croissance, être supérieure aux deux tiers de la diminution moyenne de la DCTP.

() Voir le commentaire de l’article 29 du présent projet de loi.

() Rapport d’information n° 1066, « Pour une modernisation de la fiscalité locale », page 34.

() T.A. n° 185.

() Rapport Assemblée nationale, n° 1036.

() Arrêt C 106/96.

() Droits de douane, prélèvements agricoles et cotisation à la production du sucre, à l’exclusion de la cotisation au stockage du sucre, qui ne transite pas par le budget de l’Etat mais est versée par le FIRS (Fonds interprofessionnel de régulation du marché du sucre).

() Après ce vote, la Commission a procédé à une seconde délibération portant sur un article additionnel après l’article 22. Cette seconde délibération est relatée supra dans le cadre de l’examen des amendements après l’article 22.

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