TOME III (volume 1) Profil du groupe Chiffres clés
(1) Y compris participation. Source : calculs d'après rapports annuels
Jusqu'à la fin de l'exercice 1997, le groupe était organisé par métier. Chacun d'eux était chapeauté par une société de tête, détenant elle-même des participations dans des sous-filiales. Depuis plusieurs années, l'activité est ainsi répartie entre deux filiales et une division industrielle : · Sollac (100 %) pour les aciers plats au carbone, · Aster (holding 100 %) pour les aciers spéciaux, · Ugine pour les aciers inoxydables et les alliages (le groupe exerce directement une partie de l'activité industrielle, suite à la fusion-absorption de la société Ugine en 1995). Organigramme simplifié au 31 décembre 1997 Depuis la clôture de l'exercice 1997, de nombreuses opérations ayant un impact sur l'organigramme du groupe, ont été réalisées : · la cession de Valdunes et RTM (roues et essieux ferroviaires), · la cession d'Ugine Grains Orientés (UGO), · la cession des trois filiales spécialisées Unimétal, Tréfileurope, SMR et de leurs filiales (aciers longs), · la prise de participation de 40 % dans le capital d'Arvedi (Italie), · la prise de participation de 39 % des droits de vote d'Acesita (Brésil), · l'augmentation de la participation détenue dans Thaïnox (Thaïlande) de 28 à 61 %, · l'augmentation de la participation détenue dans J&L (Etats-Unis) de 53,6 à 97,8 %, · l'intégration du groupe Fafer (Belgique), · la prise de contrôle de Lutrix (Italie), détenant à son tour La Magona d'Italia, · le rachat de Cockerill-Sambre, détenant lui-même de nombreuses participations, parfois dans les mêmes sociétés que Usinor. Le groupe est également en train de se désengager de sa filiale Ascométal (aciers spéciaux), de céder Sogerail et envisgae de réduire sa participation dans IMS (négoce). L'objectif de ces mouvements de périmètre est le recentrage sur les aciers inoxydables et les aciers plats, destinés à l'industrie automobile, le bâtiment, l'emballage et l'électroménager. Pour tenir compte de ces différentes modifications, le groupe a annoncé une profonde réorganisation devant être mise en place en 1999. Celle-ci passe notamment par l'éclatement de Sollac et d'Ugine en 22 unités opérationnelles autonomes. Quant aux fonctions communes à toutes les activités, elles seront centralisées et directement rattachées au holding (8 centres de services partagés). Ces évolutions, devant apporter plus de réactivité et des économies de fonctionnement, s'accompagneront de changements au sein de l'équipe de direction (5 directeurs généraux déjà nommés en janvier) et d'une réduction du nombre de niveaux hiérarchiques afin d'obtenir une structure plus plate.
Usinor est spécialisé dans l'acier. Ses produits se classent en trois catégories : · les aciers plats au carbone, · les aciers inoxydables et alliages, · les aciers spéciaux. A partir de l'exercice 1999, le groupe devrait être recentré sur les deux premiers pôles, la cession des principales filiales d'acier spéciaux étant programmée. Il ne resterait plus, dans cette catégorie, que IMS (sauf cession : distribution technique d'aciers), Fafer (tôles en aciers spéciaux et inoxydables) et Creusot-Loire Industrie (pièces forgées ou moulées pour l'industrie). Les principaux produits du groupe Usinor par domaine d'activité
Source : rapports annuels Sur l'exercice 1998, les changements de périmètre opérés par le groupe se sont traduits par la disparition du poste « autres activités » (cessions de Vallourec et Forcast), et le renforcement momentané du pôle aciers spéciaux (intégration de Fafer). Répartition du chiffre d'affaires 1998 par pôle d'activités*
* Avant éliminations internes. Source : Communiqués financiers d'Usinor
Suite aux nombreux regroupements de sidérurgistes intervenus en 1997, Usinor a perdu deux places aux classements mondial et européen au profit du luxembourgeois Arbed et du nouvel ensemble allemand Thyssen-Krupp. Il occupait donc le sixième rang mondial et le quatrième rang européen des producteurs d'acier brut en 1997. Usinor demeure, en revanche, le troisième sidérurgiste mondial et le deuxième européen, au classement par le chiffre d'affaires consolidé. Classement des dix premiers producteurs mondiaux d'acier brut en 1997
(1) Inclut la production de Aristrain, rachetée par Arbed en octobre 1997. (2) Inclut 50 % de HKM. (3) Inclut ILVA LP. Source : IISI De façon plus fine, Usinor se positionne comme : · le principal producteur d'Europe occidentale d'aciers pour emballage, le second pour les tôles revêtues, le troisième pour les tôles laminées à froid non revêtues et le quatrième de produits à chaud (Sollac) ; · le premier opérateur mondial de produits longs inoxydables et le deuxième pour les produits plats inoxydables derrière Thyssen-Krupp (Ugine) ; · le principal opérateur européen des aciers spéciaux (Ascométal). L'acquisition du belge Cockerill-Sambre en 1998 va de nouveau modifier la hiérarchie. Usinor deviendrait le troisième sidérurgiste mondial et le premier européen avec une production de près de 21 millions de tonnes d'acier brut et des ventes totales de 97 milliards de francs.
Nationalisé en 1981, le capital du groupe était détenu à 80 % par l'Etat français et à 20 % par le Crédit Lyonnais Industrie (Clindus) jusqu'à sa réintroduction en bourse le 10 juillet 1995. Structure du capital d'Usinor *
* M. Francis MER, P.D.G d'Usinor, a tenu à faire remarquer qu'au 27.02.98 l'Etat ne disposait plus d'aucune part du capital au sein de la société Source : rapports annuels Groupe d'actionnaires stables
Source : rapports annuels Depuis cette privatisation, la principale évolution de la structure du capital du groupe concerne la poursuite du désengagement de l'Etat français. Après la dernière cession d'actions intervenue en octobre 1997, celui-ci ne détenait plus que 1 % du capital. Le groupe d'actionnaires stables constitué lors de l'introduction en bourse, est pratiquement demeuré inchangé. Seuls le Crédit National Natexis et SBC Warburg sont sortis du capital en 1997 (0,5 % du capital chacun). Leur poids ne suffit cependant pas à assurer la stabilité du capital.
Le secteur de la sidérurgie se caractérise de façon structurelle par un fort caractère cyclique (en amont comme en aval), un développement rapide des capacités de production, notamment dans les nouveaux pays producteurs (exemple : Chine), accentuant les surcapacités chroniques du secteur, ainsi que par une évolution des procédés de fabrication, susceptible de remettre en cause des positions acquises (exemple : montée en puissance de la filière électrique). Une industrie capitalistique et stratégique Industrie de base, la sidérurgie se caractérise par une forte intensité capitalistique. Les coûts fixes se situent à un niveau très important. En conséquence, le coût unitaire des produits varie en fonction du taux d'utilisation des capacités. Afin de maintenir celles-ci à un niveau élevé, les Etats ont le plus souvent mis en place des mesures protectionnistes. En Europe, la sidérurgie relève toujours du Traité de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) établi en 1952. Ce traité impose des contraintes légales aux firmes installées : protection d'un marché « parfait », autorisations d'aides uniquement pour la recherche, l'environnement, le financement des plans sociaux. Le marché américain est, quant à lui, protégé par des lois anti-dumping et anti-subventions, interdisant, de fait, l'implantation de certains producteurs étrangers. Des prix volatils Les prix des produits sidérurgiques couvrent un large spectre, en fonction de leur degré de technicité (de quelque 2 000 francs la tonne pour du fil machine-treillis soudés à près de 100 000 francs la tonne pour des produits spécifiques). Cependant l'ensemble des prix des produits sont soumis à d'importantes fluctuations, en fonction : · de la confrontation de l'offre et de la demande d'acier, · du niveau des stocks dans les secteurs avals, · des effets monétaires, les prix de l'acier étant généralement exprimés en dollars. La conjonction des fluctuations de l'activité liée aux évolutions de la demande avec une faible flexibilité des capacités de production, caractéristique des industries fortement capitalistiques, viennent renforcer ces effets. Une activité cyclique Outre les cycles du prix de la matière première, cotée au LME, l'industrie sidérurgique souffre d'un décalage entre les décisions d'investissement, réalisée en période de hausse de la demande et le démarrage effectif de ces nouvelles unités, provoquant une augmentation de l'offre alors que la demande n'est déjà plus au plus haut niveau. Cette situation renforce la baisse des prix et crée un mouvement baissier mécanique, qui n'est jugulé que par la fermeture ou l'arrêt de certaines capacités créant un mouvement inverse. Dans le même temps, l'industrie sidérurgique est confrontée aux cycles des autres secteurs industriels dans la mesure où elle est située en amont de la plupart d'entre eux. Les industries produisant des biens d'investissement représentent 75 % de la demande finale d'acier (équipement et construction), les biens durables de consommation 15 % (automobiles et équipement ménager) et les biens non durables 10 % (emballage). Ces clients ont, par ailleurs, tendance depuis plusieurs années à délocaliser leur production. Au total ce sont donc près de 65 % des débouchés des sidérurgistes européens qui sont conditionnés par la conjoncture en dehors de l'Union européenne. Enfin, l'intensité de la consommation d'acier connaît une croissance plus importante dans les pays dont le PIB est faible mais croissant. Or, ces pays ont une croissance tirée par le rythme de l'investissement, ce qui vient renforcer la cyclicité de l'activité.
Le marché en 1997/1998 (1) La production mondiale d'acier brut provient en premier lieu des producteurs asiatiques (39 % de la production mondiale avec le Japon), des européens (36 % dont 20 % pour la CE) et des nord-américains (16 %). En 1997, la production mondiale s'est établie à 799 millions de tonnes, en progression de 6,5 % par rapport à 1996. Cette augmentation est le fait de l'ensemble des zones géographiques, les régions asiatiques et européennes enregistrant les plus fortes hausses. La consommation apparente mondiale a elle aussi augmenté (+ 6,5 %), mais cette progression cache de profondes disparités régionales. La reprise économique enregistrée en Europe et en Amérique du Nord, conjuguée à la reconstitution des stocks et à la reprise de l'investissement ont conduit à une augmentation de la consommation dans ces deux régions (respectivement + 12 % pour l'UE et + 7 %). La progression a été encore plus forte en Amérique centrale et du Sud (+ 14,8 %). En revanche, l'Asie, malgré la bonne tenue de la consommation chinoise (+ 6,4 %), n'a connu qu'une progression de 3,2 %, en raison des premiers effets de la crise monétaire et de l'arrivée en bas de cycle dans la région. L'ex-Union soviétique continue de voir diminuer sa consommation (- 3,2 %), engendrant d'importantes surcapacités sur la zone. Malgré la reprise du marché mondial, les prix des produits sidérurgiques sont restés orientés à la baisse, notamment en ce qui concerne le segment des inoxydables. En 1998, les résultats provisoires font état d'un recul de la production mondiale d'acier brut de 3 %. Parmi les principaux producteurs, les pays les plus touchés ont été la Russie Les perspectives 1999 conditionnées par les effets de la crise asiatique La crise asiatique, amorcée au deuxième semestre 1997, laisse planer beaucoup d'incertitudes quant à l'avenir du secteur sidérurgique mondial. Si les surcapacités structurelles risquent de perdurer, les échanges internationaux seront bel et bien modifiés par la contraction des débouchés et la concurrence des produits asiatiques, rendus compétitifs par les dévaluations. Pour les industriels, la crise a d'ores et déjà des répercussions en termes de résultats par le biais des chutes de prix, favorisant l'adoption de stratégies défensives. La concurrence avivée et le cycle haussier menacé poussent également les sidérurgistes à accélérer le mouvement de concentration déjà en marche. Les prévisions d'évolution de la consommation mondiale d'acier en 1999 ne sont guère brillantes. La croissance serait inférieure à 1 %, résultant d'une chute de la consommation aux Etats-Unis comme en Europe et d'une progression insuffisante en Asie pour effacer le repli de 1998. Le retournement de cycle qui se profile pourrait, en outre, être accentué par les risques qui subsistent encore en Asie, en Russie et, plus récemment, en Amérique latine. Dans le sillage de la crise du Sud-Est asiatique, l'effondrement du rouble (mi-août 1998) a fragilisé les économies latino-américaines. Les prévisions pour 1999 tablent sur un ralentissement de la croissance du PIB de tous les pays latino-américains (autour de 2,5 %), voire d'un recul pour l'économie brésilienne (- 2,2 %) et vénézuélienne (- 2,3 %) ; une nouvelle menace sérieuse pour la sidérurgie en 1999. Les groupes sidérurgiques devront donc une nouvelle fois faire le gros dos. Les rapprochements industriels ou commerciaux, l'amélioration des performances d'exploitation et la consolidation des structures financières permettront aux plus solides de résister à ce nouveau cycle baissier, anormalement rapproché du précédent. Prévisions d'évolution de la consommation d'acier par pays
Source : prévisions IISI, décembre 1998
Portefeuille d'activités : « tout acier mais pas tous aciers » Usinor a opté depuis plusieurs années pour la stratégie du tout acier, contrairement à certains de ses concurrents tels que Thyssen-Krupp, également présent sur les biens d'équipements et le négoce. Le français a, dans un deuxième temps, cherché à se différencier en se spécialisant progressivement dans les aciers à fort contenu technologique, bénéficiant d'une croissance plus soutenue et moins cycliques. Aujourd'hui, Usinor concentre encore son portefeuille en se développant en priorité sur les aciers plats au carbone et les aciers inoxydables tandis qu'il se désengage des aciers spéciaux et de ses activités annexes. L'objectif est de renforcer sa compétitivité sur ces gammes et son pouvoir de négociation avec les grands clients du secteur. Pour cela, le groupe cible également un nombre plus restreint de débouchés en privilégiant l'automobile, la construction, l'électroménager et l'emballage. Ces quatre domaines d'activités représentent à eux seuls l'essentiel des débouchés des produits sidérurgiques. Répartition de la consommation européenne de produits sidérurgiques Source : Usinor Cette stratégie de recentrage s'accompagne de mesures de réductions des coûts pour améliorer les marges, d'opérations de croissance externe et d'investissements pour renforcer les activités conservées, de cessions des actifs n'entrant pas dans cette nouvelle définition du périmètre, et d'une restructuration du groupe pour tenir compte de ces évolutions, augmenter sa réactivité (une sidérurgie de service) et faciliter son développement à l'étranger. Internationalisation : mouvement essentiellement européen En 1998, Usinor a réalisé 78 % de son chiffre d'affaires en Europe. Le deuxième pôle géographique d'activité du groupe se situe aux Etats-Unis (12 %), notamment à travers sa filiale dans les aciers inoxydables, J&L. Le reste du monde représente seulement 10 % du chiffre d'affaires d'Usinor, dont 3 % en Asie du Sud-Est. Cette répartition des activités, stable depuis quelques années, peut être considérée comme une contrainte à moyen terme pour le groupe. En effet, la zone européenne souffre de surcapacités (15 Mt en 1997), qui pèsent sur les prix et imposent aux producteurs de trouver des débouchés à l'exportation. En revanche, dans l'immédiat, la faiblesse de l'implantation d'Usinor dans la zone asiatique lui a permis d'éviter de subir directement l'impact négatif de la crise financière. Cependant, la région possède encore d'importantes perspectives de croissance (besoin de 64 Mt en 1997), notamment en Chine et en Inde, marchés sur lesquels le groupe n'est pratiquement pas implanté. Structure des ventes d'Usinor par destination géographique en 1998 Source : Usinor La constitution d'un réseau de distribution ne suffit plus aujourd'hui pour accompagner le mouvement de mondialisation des principaux clients de la sidérurgie. Ceux-ci attendent en effet les mêmes conditions de partenariat et de réactivité que sur leur marché domestique. De plus, l'exportation est discriminante sur les produits sidérurgiques, par rapport à des producteurs locaux, en raison des coûts de transport. Cependant, les sidérurgistes sont confrontés à des mesures protectionnistes sur certains marchés, à des difficultés administratives ou encore à des dévaluations compétitives sur d'autres. Les timides efforts menés par le groupe ont été contrariés en 1996 avec l'échec de la reprise de l'espagnol CSI, offrant une tête de pont vers les marchés sud-américains, l'abandon de l'accord préliminaire conclu avec l'indien Jindal Strips et le non aboutissement des négociations avec le chinois Tisco. En revanche, les exercices 1997 et 1998 ont été plus fructueux : joint-venture avec le canadien Dofasco, augmentation de la participation détenue dans Thaïnox, prise de participation dans le brésilien Acesita, augmentation de la participation majoritaire dans la filiale américaine J&L. Cependant, d'autres opérations ayant été réalisées dans le même temps en Europe, le degré d'internationalisation du groupe n'a pas augmenté. La reprise du belge Cockerill-Sambre renforce le poids de l'Europe parmi les débouchés géographiques d'Usinor. Cockerill est essentiellement tourné vers l'Europe du Nord et l'ex-Allemagne de l'Est (filiale Eko Stahl). L'enjeu pour Usinor demeure donc de s'implanter davantage dans les zones où la consommation d'acier est en croissance soutenue. Stratégie produit : développements en direction de l'aval La stratégie de recentrage opérée par Usinor s'accompagne d'un accroissement du contenu technologique de ses produits. Le groupe tente de se différencier de ses concurrents en intégrant des évolutions techniques et technologiques dans tous ses métiers : élaboration et transformation de l'acier (revêtement, modifications dimensionnelles), opérations de finissage (découpe, emballage). Ces évolutions se répercutent sur les procédés de fabrication, l'organisation du travail et les coûts de revient des produits. En partenariat avec le sidérurgiste allemand Thyssen, Usinor a mis au point le procédé Myosotis de coulée continue de bandes minces. Au-delà de cette politique tournée vers la production de produits à forte valeur ajoutée, Usinor s'est progressivement intéressé aux activités aval telles que la transformation et la distribution. Ce développement de filiales de transformation et de réseaux de centres de services et de distribution permet de mieux contrôler les débouchés et de limiter ainsi les variations de volumes et de prix. Politique commerciale : priorité au partenariat Parallèlement à l'évolution du contenu des produits, Usinor a reconsidéré son approche commerciale en l'orientant, non plus vers le produit, mais vers le client. Les différentes lignes de produits sont désormais élaborées de façon spécifique pour chaque débouché en collaboration avec l'utilisateur final. Ces partenariats peuvent être de nature technique (conseil, aide à la mise en _uvre) ou logistique (délais, fourniture d'information) et déboucher sur le développement de produits de marque (exemple : Soldur, Creusabro, Ugima). La démarche a d'abord été appliquée au secteur de la construction, en faisant intervenir toutes les filiales du groupe sur le projet. Elle a ensuite été étendue à l'industrie automobile, et, depuis 1996, à l'électroménager et l'emballage. Cette stratégie assure une meilleure adéquation de l'offre du groupe avec les besoins et attentes du marché ainsi qu'une plus forte fidélisation de la clientèle des marchés directeurs (signature de contrats trimestriels, voire annuels).
Evolution du nombre de sociétés consolidées
Source : rapports annuels et CGR De 1991 à 1996, le périmètre d'activité d'Usinor s'est constamment réduit. Sur cette période, le groupe a enregistré 44 sorties nettes. Le mouvement concernait aussi bien des sociétés françaises qu'étrangères jusqu'en 1994. Depuis, le nombre de sociétés étrangères est resté stable à 39 unités. En revanche, le nombre de sociétés françaises a encore diminué en 1995 (Ugine, SAM, Edgcomb, Sintertech, Fortech-Interforge-Techphy), s'est stabilisé en 1996 et a recommencé à croître en 1997 (Seridev, Ugine Service, filialisation d'Ascométal). Le groupe a peu recours au partenariat sous forme de joint-venture. Les deux principaux accords de ce type ont été réalisés en 1994 : Ciram avec Aubert et Duval, et Thaïnox (Thaïlande). En revanche, Usinor modifie son niveau de participation dans ses filiales. Ceci permet au groupe de trouver ponctuellement des liquidités pour financer d'autres opérations, sans trop alourdir son endettement. En 1998, le groupe a renoué avec la croissance externe (trois participations minoritaires et quatre prises de contrôle), tout en poursuivant le mouvement de cessions, notamment dans les aciers spéciaux. Ces opérations de désengagement se prolongent d'ailleurs au cours de l'exercice 1999. Principales modifications du périmètre d'Usinor de 1993 à 1999
Source : rapports annuels
La stratégie d'Usinor s'inscrit dans la logique actuelle de la sidérurgie européenne, reposant sur un mouvement de concentration des acteurs, le recentrage sur les produits plats et techniques au détriment des aciers longs, et l'internationalisation des sites de production pour suivre les clients dans leur propre délocalisation de production. Dans ce contexte, les principaux enjeux à venir pour le groupe consistent à : · réussir l'intégration de Cockerill Sambre afin de bénéficier d'économies d'échelle significatives et de positions concurrentielles renforcées vis-à-vis des clients et fournisseurs, · consolider son mouvement à l'étranger par de nouvelles implantations de sites ou acquisitions, tout en maîtrisant son endettement. L'internationalisation de l'activité doit permettre une relative compensation des cycles d'activité (par le jeu des décalages conjoncturels) et un développement du chiffre d'affaires consolidé, · poursuivre ses recherches et développements en matière de modernisation des procédés de fabrication (exemple : Myosotis) pour renforcer ses avantages concurrentiels, · assurer le redressement du cours de l'action, particulièrement malmené depuis l'été 1997 pour éviter tout risque d'OPA.
Evolution du chiffre d'affaires Source : rapports annuels Depuis 1992, le chiffre d'affaires d'Usinor est sur un trend baissier. Entre 1991 et 1998, il s'est contracté de 26 %. Cette évolution est à rapprocher de la politique de recentrage du groupe sur certains aciers, ayant entraîné de nombreuses cessions. Usinor a également subi les difficultés conjoncturelles du secteur (cycle bas en 1992), sans pouvoir profiter à première vue de la reprise en 1997 du fait de la diminution de son périmètre d'activité (sortie de Vallourec). A périmètre constant, l'activité du groupe a en fait enregistré une hausse de 6,7 % en 1997. En 1998, l'activité consolidée du groupe a stagné malgré la lente remontée des prix des aciers plats et spéciaux. Le groupe a pâti d'un nouvel effet prix négatif sur les inoxydables (23 % du chiffre d'affaires total) et d'un léger repli de ses volumes sur les aciers plats. Le ralentissement économique en Asie et la crise boursière occidentale ont provoqué des comportements attentistes de la part des clients. Le chiffre d'affaires du groupe semble avoir atteint un seuil de résistance entre Décomposition de la variation du chiffre d'affaires
Source : calculs à partir du CGR Au cours des exercices 1996 et 1997, le chiffre d'affaires du groupe a souffert d'effets prix négatifs, notamment dans les aciers inoxydables (- 9,7 % et - 2,1 %) et les aciers spéciaux (- 2 % et - 5 %). Le secteur se caractérise en effet par des contrats de longue durée avec les clients, empêchant la remontée immédiate des prix en cas de reprise de la demande (phénomène de déstockage préalable puis nouvelles commandes). En 1998, les prix se sont redressés, sauf pour la branche aciers inoxydables et alliages, qui affiche un nouveau retrait de 5,4 %. Décomposition de la variation du chiffre d'affaires des divisions en 1998
Source : Communiqués financiers d'Usinor En termes d'activités, seuls les aciers inoxydables et alliages ont enregistré une progression de leur chiffre d'affaires entre 1990 et 1997 (+ 19,4 %). En revanche, sur la même période, le chiffre d'affaires des aciers spéciaux reculait de 42 %. Cette évolution contrastée traduit la volonté de recentrage du groupe sur un nombre limité de gammes d'aciers et de repositionnement sur les produits à plus fort contenu technologique. Les ventes d'aciers longs étaient, en effet, comprises dans la branche aciers spéciaux jusqu'au désengagement complet du groupe de cette catégorie de produits plus basiques et moins générateurs de valeur ajoutée. Evolution du chiffre d'affaires par activité
Source : rapports annuels La part des branches dans le chiffre d'affaires total du groupe s'est, par conséquent, sensiblement modifiée depuis 1990. Les aciers inoxydables et alliages ont gagné près de 9 points et les aciers plats au carbone 13 points (baisse de 1 % du chiffre d'affaires contre - 25 % pour l'ensemble du groupe), le tout au détriment des aciers spéciaux et des autres activités. Celles-ci sont d'ailleurs désormais totalement sorties du périmètre d'Usinor. Structure du chiffre d'affaires par activité (%) Source : calcul à partir des rapports annuels
Evolution de la valeur ajoutée et du taux de valeur ajoutée
Source : calculs d'après rapports annuels La politique du « tout acier » adoptée par Usinor se traduit par une forte sensibilité de ses résultats aux cycles conjoncturels du secteur sidérurgique. L'évolution saccadée de la valeur ajoutée sur les dix dernières années en est un exemple significatif. Celle-ci enregistre une chute de 33 % entre 1990 et 1993, se redresse en 1994 et 1995 avant de s'effondrer de nouveau en 1996. En 1997, elle se ressaisit de nouveau tandis que l'activité stagne. Sur la période 1988/1997, le taux de valeur ajoutée oscille donc entre 29 % et 37 %. En dehors de ces variations cycliques, la tendance baissière de la valeur ajoutée s'explique par la stratégie de recentrage du groupe réduisant mécaniquement l'activité. En 1997, la remontée correspond aux premiers effets concrets de la politique de réduction des coûts engagée par le groupe (1,6 milliard de francs d'économies en 1997) et de son positionnement sur les produits à plus forte valeur ajoutée (sortie de périmètre des autres), dans un contexte conjoncturel nettement plus favorable. Le taux de valeur ajoutée refranchit le seuil des 30 %. Evolution des marges
(1) EBE/CA. (2) EBE/VA. (3) Résultat d'exploitation/CA. Source : calculs d'après rapports annuels Après avoir enregistré une érosion constante de ses marges entre 1988 et 1993, Usinor a réussi à les redresser significativement sur les deux exercices suivants. Pourtant, le prix des matières premières exprimés en francs est nettement orienté à la hausse sur la période 1992/1997 : + 44 % pour les ferrailles, + 73 % pour le ferromolybdène, + 10 % pour les briquettes de nickel, etc. Seul le ferromanganèse a enregistré une diminution (- 21 %). La cession des entités les moins génératrices de valeur et la compression des frais de personnel expliquent cette amélioration. Celle-ci ne s'est cependant pas poursuivie en 1996, la forte baisse d'activité n'ayant pas été compensée par des réductions de coûts de même En 1997, la situation s'est de nouveau améliorée grâce à la bonne maîtrise des consommations intermédiaires et à la cinquième baisse consécutive des frais de personnel, tandis que les activités conservées se développaient. Les taux de marge demeurent néanmoins inférieurs aux niveaux atteints lors des précédents hauts de cycles. En 1998, l'activité contribuant le plus fortement au résultat d'exploitation du groupe demeure les aciers plats au carbone. La profitabilité opérationnelle de ce pôle atteint pratiquement 7 %, tandis que les aciers inoxydables enregistrent des pertes d'exploitation en raison de la baisse prolongée des prix. Evolution de la profitabilité opérationnelle par activité
Source : calculs d'après rapports annuels
Evolution du financement interne des investissements d'exploitation
Source : calculs d'après rapports annuels De 1988 à 1996, Usinor a toujours largement autofinancé ses investissements d'exploitation qui se sont élevés en moyenne à 3,9 milliards de francs par an, laissant un disponible après financement interne de la croissance annuel moyen de 5,6 milliards de francs. Pour compléter son développement, le groupe a recours depuis le début des années 90 à une politique de croissance externe, représentant quelque 17 milliards de francs cumulés, entièrement financée par les cessions d'actifs réalisées en vue du recentrage du groupe sur certaines catégories d'aciers. Sur l'exercice 1997, le groupe affiche son plus bas DAFIC des dix dernières années sous l'effet conjugué : · d'une nouvelle progression des investissements d'exploitation, dépassant le renouvellement strict des immobilisations, caractéristique des périodes de crise (+ 5 %), · d'un dérapage du besoin en fonds de roulement (BFR), notamment au niveau de la variation des stocks (1,3 milliard de francs pour une progression de l'activité consolidée de seulement 919 millions de francs).
Evolution de la répartition de la valeur ajoutée
(1) Distribution versée l'année n (y compris aux minoritaires). Source : calculs d'après rapports annuels Depuis sa privatisation en juillet 1995, la répartition de la valeur ajoutée d'Usinor a sensiblement évolué. La part revenant au groupe s'est très nettement réduite (- 9,2 points par rapport à 1997). Usinor doit en effet rétribuer ses actionnaires, ce qui représente 5 points de valeur ajoutée en 1997. De plus, le positionnement sur les produits les plus techniques et le développement des services se sont traduits par une plus grande qualification des employés et donc une forte progression de la part des frais de personnel. Ceux-ci absorbent maintenant près de 67 % de la valeur ajoutée, contre 54 % dix ans auparavant. En revanche, le poids des frais financiers a diminué de 8 points entre 1988 et 1997, résultat de la politique de désendettement menée par le groupe depuis son introduction en bourse.
Poids de la distribution dans la valeur ajoutée et taux de distribution des bénéfices
(1) Distribution/résultat du groupe. En comparaison de la distribution effective de l'année n+1 (y compris distribution des minoritaires). Source : calculs d'après rapports annuels La politique de distribution d'Usinor a connu deux phases bien distinctes : · quasi inexistante jusqu'en 1994, alors que le principal actionnaire était l'Etat français ; · relancée à partir de 1995 avec sa privatisation. En 1996, le groupe a très nettement privilégié le versement de dividendes aux actionnaires, afin de rendre le titre plus attractif. Le taux de distribution atteint 65 % de ses bénéfices, malgré la baisse sensible des résultats, grevés par la baisse des prix des produits sidérurgiques sur le marché européen. Usinor est ainsi en phase avec les pratiques des autres sidérurgistes européens. En 1997, la distribution a progressé de plus de 72 %, soit près de 90 % du résultat du groupe. En donnant la priorité aux dividendes, Usinor tente de compenser la mauvaise tenue de son titre en bourse, alors même qu'il opère des changements d'envergure dans sa structure.
Evolution des coûts de restructuration
Source : rapports annuels et CGR Au cours des huit dernières années, les provisions pour restructuration d'Usinor ont nettement diminué (- 76 %). L'essentiel des restructurations lourdes ont en effet été réalisées au début de la décennie. Les postes risques technologiques (modernisation de l'outil industriel de la branche acier plats) et fermetures de sites sont désormais très faibles. Les dotations de ces dernières années dans ce domaine concernent essentiellement la fermeture programmée du train à fils de Longwy. La tendance est également à la baisse pour le plan emplois depuis 1993 (plans triennaux et pyramide des âges). En 1997, la provision de 1,4 milliard de francs porte principalement sur le coût estimé des plans sociaux. Ceux-ci se composent désormais majoritairement de départs anticipés (sites lorrains en 1997) et non plus de reclassements comme par le passé. Son financement est généralement étalé sur quatre ans. La réorganisation des structures du groupe annoncée pour 1999, suite au rachat de Cockerill-Sambre et à la cession de la branche aciers spéciaux, devrait s'accompagner d'une remontée des provisions pour restructuration sur les prochains exercices. Répartition des provisions pour restructuration au bilan
Source : rapports annuels et CGR
Evolution des subventions d'investissements et d'exploitation
Source : Usinor Au cours des neuf dernières années, Usinor a bénéficié en moyenne de 91,66 millions de francs par an de subventions, soit 0,11 % du chiffre d'affaires. Les subventions d'exploitation représentent 77 % du total perçu sur la période et sont destinées majoritairement à la recherche. Les principales sociétés du groupe, concernées par cette catégorie de subventions, sont l'IRSID (R&D commune) avec 48 % du total 1998, Sollac (aciers plats au carbone) avec 25 %, suivis d'Ugine SA et de Creusot Loire Industrie (respectivement 8 % et 7 %). D'un point de vue géographique, ces sommes proviennent pour moitié de l'Union européenne en 1997. Les subventions d'investissement, qui représentent 20,7 millions de francs par an en moyenne, portent pour plus de 60 % sur l'environnement en 1997, contre 38 % en 1991. Cette évolution s'est faite au détriment des postes recherche et social. En 1997, elles provenaient pour 37 % de l'Union européenne, via la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier) et pour 63 % de la France.
Evolution de la charge d'impôt
(1) Avant amortissement des écarts d'acquisitions et quote-part dans les SME. Source : rapports annuels Sur les dix dernières années, le taux d'imposition apparent d'Usinor est bien inférieur au taux légal. Cette situation est liée aux crédits d'impôts générés en début de période alors que le groupe affichait des pertes importantes. Les filiales françaises ont été les plus concernées par ce phénomène. En revanche, depuis deux ans, ce sont les activités américaines qui voient leurs résultats, et donc leur impôt courant, diminuer. Le groupe bénéficie de l'intégration fiscale (deux périmètres d'intégration fiscale). Usinor disposait en 1997, pour les sociétés admises au régime de l'intégration fiscale, de Répartition de la charge d'impôt courante
Source : rapports annuels
Evolution des rentabilités économiques et financières
(1) EBE/(immobilisations brutes + BFR). (2) Résultat net/fonds propres. Source : calculs d'après rapports annuels L'évolution des rentabilités d'Usinor est aussi cyclique que celle de son activité, ce qui fait que ces ratios sont généralement appréciés sur des périodes, les moyennes intégrant haut de cycle et bas de cycle étant les plus significatives. La rentabilité économique peut ainsi passer du simple au quadruple en l'espace de quelques exercices et se dégrader à la même vitesse sur la période suivante. En 1997, la reprise de l'activité des métiers conservés, dans un contexte sectoriel bien orienté, ajoutée aux économies réalisées dans le cadre du programme de rationalisation, a permis une progression de l'excédent brut d'exploitation de 43 %. La rentabilité économique s'en trouve mécaniquement améliorée à 11,4 %. En moyenne, elle est de 12,3 % de 1988 à 1992 et de 10,3 % de 1993 à 1997. Bien qu'inférieur aux précédents cycles hauts, ce niveau est meilleur que celui de ses concurrents européens. En revanche, la rentabilité financière du groupe figure parmi les plus basses des principaux sidérurgistes mondiaux, en moyenne sur les dernières années. Elle n'est encore que de 7,7 % en 1997, ce qui explique en partie la frilosité des investisseurs vis-à-vis du titre. Le rachat de Cockerill-Sambre devrait permettre à Usinor d'améliorer ces performances en bénéficiant d'un effet de taille plus en adéquation avec le marché sidérurgique mondial actuel.
Source : World Equities Depuis sa privatisation en juillet 1995 au cours de 86 francs, l'action Usinor a connu une évolution mouvementée. Elle oscille sur la période entre 60 francs et 126 francs (moyennes mensuelles). Si la progression du premier semestre 1997 s'explique par la reprise générale du secteur, le pic enregistré lors de l'été est nettement plus spéculatif. Il précède la revente par l'Etat français de 7,7 % du capital du groupe. Cette opération a aussitôt provoqué une baisse mécanique du cours, accentuée par les anticipations négatives liées à la crise asiatique et aux surcapacités mondiales dans les aciers inoxydables. Après s'être ressaisi au début de l'année 1998 du fait du redressement des résultats, puis de l'éventualité d'un rapprochement avec Cockerill-Sambre, le titre s'est effondré lors de la crise financière de l'été, à l'instar des autres valeurs sidérurgiques. Dans ce contexte, les investisseurs délaissent aussitôt les secteurs cycliques au profit de valeurs dites refuges. L'annonce de la reprise du sidérurgiste belge à un prix inférieur aux prévisions n'y a rien fait. L'action est passée de plus de 100 francs à 55,5 francs en l'espace de trois mois. Une timide remontée s'est amorcée depuis le début de l'année 1999 avec l'annonce de la réorganisation complète du groupe pour intégrer Cockerill-Sambre et la poursuite du programme de cession (aciers spéciaux). Le titre n'a pas vraiment souffert de sa sortie du CAC 40 (effective au 2 mars) et reste au sein de l'indice SBF 120. Il est même reparti à la hausse en avril, après avoir buté contre un seuil de résistance autour de 75 francs. L'annonce très récente de nouvelles suppressions d'emplois et de la signature d'un accord avec Lucchini pour la revente de Ascometal et Safe a soutenu le titre au-delà de 95 francs.
Evolution du taux d'endettement net
Source : calculs d'après rapports annuels En l'espace de dix exercices, Usinor a opéré un assainissement spectaculaire de sa structure financière. Alors que de 1988 à 1993, son taux d'endettement net moyen était de 119 %, celui-ci est retombé à 20,6 % en 1997. Cet effort, réalisé, dans un premier temps, pour s'assurer la stabilité de son actionnariat après sa privatisation devait également donner au groupe une plus grande marge de man_uvre pour saisir les opportunités de développement qui se présenteraient et mieux résister aux bas de cycle. Le désendettement, réalisé conjointement à une politique de croissance externe, a reposé sur la capacité du groupe à dégager des ressources en interne ainsi que sur des cessions d'actifs régulières et des augmentations de capital. Les acquisitions, dont le rythme et l'ampleur se sont accélérés à partir de fin 1997, ont provoqué une remontée du taux d'endettement à 45 % à fin 1998. Le rachat de Cockerill-Sambre devrait à son tour peser momentanément sur la structure financière d'Usinor, sans toutefois remettre en cause l'assainissement réalisé auparavant (taux d'endettement de 50 % prévu en juin 1999, après intégration). Une grande partie de cette opération sera, là encore, financée par les cessions programmées au sein de la division aciers spéciaux.
Evolution de la production d'acier par division (en volume)
Source : rapports annuels L'évolution à la baisse de la production d'acier d'Usinor sur les six dernières années traduit à la fois les cycles du secteur et l'important programme de cessions d'activités mené par le groupe. En 1997, cette production a atteint 16,1 millions de tonnes, soit 24 % de moins qu'en 1992. Sa répartition par division souligne également la nette domination des aciers plats au carbone dans l'activité d'Usinor (74 % de la production d'acier du groupe). Entre 1996 et 1997, le nombre d'installations industrielles du groupe produisant de l'acier est resté inchangé. La progression de 7,3 % de la production totale relève donc d'un taux d'utilisation supérieur de l'outil industriel existant. Dans une industrie de coûts fixes comme la sidérurgie, cette amélioration se répercute sur les marges avec un effet de dépassement de point mort amplificateur. Installations industrielles en 1997
Source : rapport annuel
Evolution des investissements industriels Source : rapports annuels Usinor présente une évolution de ses investissements industriels aussi cyclique que le secteur de l'acier, sur lequel il est de plus en plus spécialisé. Cette caractéristique se retrouve chez l'ensemble des sidérurgistes. Elle est d'ailleurs l'une des composantes de ces cycles. En effet, dès que le marché repart à la hausse, les industriels se lancent dans des programmes d'extension de leurs capacités ou d'ouverture de nouveaux sites. Mais compte tenu des délais de démarrage, ces capacités arrivent sur le marché lorsque celui-ci n'est plus aussi ferme, ce qui accentue la tendance baissière par un phénomène de surcapacités. Seul l'arrêt, voire la fermeture, de certaines unités peut alors assainir le marché. Ces phénomènes sont amplifiés par le fait que ce secteur intervient en amont de l'industrie et dépend donc de la conjoncture des secteurs industriels directeurs (ses débouchés). Le déplacement de la gamme réalisé vers les produits à plus forte valeur ajoutée n'a pas suffi à atténuer le profil cyclique du groupe.
Evolution du taux d'investissement (%) (1) Amortissements/immobilisations corporelles brutes. Source : calculs d'après rapports annuels Depuis dix ans, l'effort d'investissement du groupe se révèle particulièrement cyclique avec une ampleur atteignant presque un rapport de 1 à 2. Le dernier cycle bas (1994) est plus marqué que le précédent (1988) et la remontée plus lente. En 1997, période de haut de cycle, soit trois exercices plus tard, le taux d'investissement est de 5,7 % contre 6,6 % en 1991. Parallèlement, la durée de renouvellement de l'appareil productif s'est allongée (treize ans en 1997 contre moins de 11 en 1991). En revanche, les dépenses de recherche et développement sont assez stables à un peu plus d'un milliard de francs par an, soit environ 1,4 % du chiffre d'affaires. Le phénomène d'allongement du temps de renouvellement de l'outil industriel s'explique par la nécessité de financer la politique de croissance externe pratiquée par le groupe depuis le début des années 90, avec un pic en 1995 lié à la fusion-absorption d'Ugine SA. Ces investissements financiers ont atteint 15,75 milliards de francs en cumul sur la période 1991-1997, hors rachats d'intérêts minoritaires. Ils ont représenté en moyenne 2,8 % du chiffre d'affaires par an sur cette même période. L'évolution du taux d'amortissement indique que, sur une base comptable, l'obsolescence de l'outil de production a augmenté de façon continue sur la période 1990-1996. Les investissements demeurent une variable d'ajustement essentielle pour le groupe face à son environnement cyclique. Evolution des investissements financiers
Source : calculs d'après rapports annuels L'arbitrage entre les différents types d'investissements a été soumis à une forte contrainte financière. Le désendettement a été mené par le groupe dans un contexte de croissance externe pesant comme une contrainte financière supplémentaire. Entre 1991 et 1997, alors que ses acquisitions (hors investissements financiers) représentaient 15,75 milliards de francs, le groupe a réduit sa dette nette de 33,22 milliards. Ce désendettement était un préalable indispensable à la privatisation du groupe dans les meilleures conditions, d'autant plus que le secteur sidérurgique est, d'une manière générale, assez mal noté par les investisseurs en raison de son caractère cyclique. Evolution de la dette financière nette et du taux d'endettement Source : rapports annuels
Evolution des investissements industriels par zone géographique
Source : rapports annuels Globalement, l'investissement industriel a suivi le même cycle d'évolution quelle que soit la zone géographique considérée : contraction de 1993 à 1995 puis reprise. En revanche, l'ampleur a été différente pour chacune de ces phases. Les investissements en France et aux Etats-Unis ont retrouvé un niveau supérieur à celui de 1993 tandis que ceux réalisés dans le reste de l'Europe sont restés très largement inférieurs (2,6 fois). La progression dans cette zone n'a en effet repris qu'en 1997. Cette situation s'explique par les différentes cessions ou fermetures menées par le groupe sur ces marchés (exemple : Saarstahl). Dans le cas des Etats-Unis, la baisse enregistrée en 1997, alors que l'investissement total augmentait de près de 5 %, s'explique par un retour à la normale, après deux années de fort développement (modernisation des installations de laminage à froid de J&L). Répartition des investissements par zone géographique (%) Source : rapports annuels Malgré les efforts de déploiement du groupe à l'international en termes de chiffre d'affaires, la France demeure sa base de production. Cette localisation des investissements est en net décalage avec la part du chiffre d'affaires réalisée en France. La part des investissements industriels réalisés en France est de 82 % en moyenne sur les six dernières années, sans que cette proportion ait baissé récemment. Le groupe a privilégié les exportations à l'implantation directe, en s'appuyant sur le développement des aciers à plus forte valeur ajoutée dans sa gamme de produits (exemple : inoxydables). Ceux-ci peuvent en effet supporter des coûts de transport, leur prix final étant supérieur à la moyenne des produits sidérurgiques, à la différence des produits longs, par exemple. La part des Etats-Unis s'est très nettement développée depuis 1995 via la filiale J&L (plus de 10 %). Cette progression s'est faite au détriment des pays européens (hors France), dont la part dans les investissements industriels est tombée de 23 % en 1992 à 3,5 % en 1997. Part du chiffre d'affaires réalisée en France (en %) Source : rapports annuels
La reprise des investissements d'exploitation constatée depuis 1995 traduit la stratégie de spécialisation menée par le groupe. La reprise a, en effet, essentiellement concerné les deux pôles sur lesquels le groupe entend aujourd'hui se concentrer, à savoir les aciers plats au carbone et les aciers inoxydables. Ces derniers, dont le développement est plus récent, ont d'ailleurs connu la plus forte progression (x 3,5 depuis 1994). Evolution des investissements industriels par métier
Source : CGR Ces deux divisions absorbent désormais à elles seules plus des trois quarts de l'investissement industriel du groupe, et ce pratiquement à parité. En revanche, les investissements industriels de la division aciers spéciaux relèvent du simple renouvellement de l'appareil productif depuis plusieurs années.
Evolution des effectifs moyens du groupe Source : rapports annuels Depuis 1991, les effectifs moyens d'Usinor sont en baisse continue. Ils ont chuté de 45 % entre 1990 et 1997, soit 40 750 salariés de moins. Sur cette même période, le chiffre d'affaires du groupe a diminué de 25 %. La modernisation des installations, la rationalisation de la production et les cessions expliquent ces évolutions. Les exercices 1994 et 1995 ont été marqués par des taux de décroissance supérieurs à la moyenne en raison des sorties de périmètre de Saarstahl puis d'Edgcomb, DHS et SAM. En 1997, la sortie de Vallourec en cours d'exercice explique l'essentiel de la diminution. Ce changement de périmètre a représenté une diminution de 4 500 personnes en effectifs moyens. Décomposition de la variation des effectifs moyens (unités)
Source : calculs à partir des rapports annuels
Evolution des effectifs moyens par activité
Source : rapports annuels Entre 1993 et 1997, seul le pôle aciers inoxydables et alliages n'a pas subi de diminution de ses effectifs, du fait des développements menés par le groupe sur ce segment. Cependant, les difficultés récentes enregistrées dans ce secteur (baisse des prix et surcapacités) se sont accompagnées d'un mouvement d'effritement des effectifs de la division de 1,2 % en 1997. Sur la même période 93-97, la politique de recentrage du groupe et les évolutions technologiques se sont traduites par une nette contraction des effectifs de tous les autres domaines d'activité. Elle a été de - 31 %. Evolution des effectifs par division de 1993 à 1997 (en %) Source : rapports annuels
Evolution des effectifs moyens par zone géographique
NB : avant 1992, le nombre d'employés aux Etats-Unis était inclus dans le poste « autres ». De même, le poste « reste de l'Europe » se limitait aux pays de la CEE. Source : rapports annuels Evolution des effectifs par zone géographique sur la période 1990/1997 Source : calculs d'après les rapports annuels La baisse de 45 % des effectifs moyens, enregistrée par Usinor depuis 1990, a essentiellement concerné en termes de variation les salariés du groupe à l'étranger. Sur la période, les effectifs français ont ainsi reculé de 29 % alors que dans le reste de l'Europe, ils étaient divisés par douze. De 1993 à 1997, les effets de périmètre expliquent 70 % des réductions d'effectifs moyens du groupe. Leur impact n'a été positif qu'en 1993 et 1994 et seulement en France (Vallourec et centres de services acier). Le solde des baisses d'effectifs relève des efforts de productivité menés par Usinor dans un contexte européen de plus en plus concurrentiel. Décomposition de la variation des effectifs par zone géographique (unités)
Source : calculs à partir des rapports annuels
Evolution des effectifs inscrits en France par type de contrat (au 31/12)
(1) CDD, CADD, CQ, CIE, contrats d'apprentissage. Source : Usinor Entre 1990 et 1997, la diminution de 32 % des effectifs actifs inscrits en France a concerné tous les types de contrats dans les mêmes proportions. Les CDI représentent donc toujours plus de 97 % des effectifs actifs. Les contrats à durée déterminée jouent leur rôle d'ajustement aux besoins ponctuels (cycles d'activité), leur évolution étant plus contrastée que celle des CDI. En 1997, le groupe a réalisé 841 embauches en CDI en France, soit 8,8 % de plus que l'année précédente. Il s'agit de la quatrième progression consécutive. Pour la première fois depuis 1991, le solde net entrées/sorties redevient positif (+ 164 CDI). La branche aciers plats au carbone a réalisé à elle seule 46 % de ces embauches. A l'inverse, la division aciers inoxydables et alliages a réduit son programme d'embauche en durée indéterminée par rapport à l'année précédente (- 35 %). La conjoncture européenne dans ce domaine est nettement moins favorable que pour les autres segments sidérurgiques. L'objectif 1998 était de 750 embauches en CDI en France mais risque de ne pas avoir été atteint en raison de l'évolution des marchés. Evolution des CDI en France
Source : calculs à partir de données Usinor
Evolution et répartition géographique des frais de personnel
(1) Hors participation. Source : CGR La diminution des effectifs moyens, entamée à partir de 1991, s'est accompagnée d'une baisse des frais de personnel de 32 %. Leur poids dans le chiffre d'affaires est passé de 24 % en 1992 à moins de 21 % en 1997. La part des rémunérations versées aux salariés français s'est très nettement renforcée sur la période. Cette évolution s'explique par la faible internationalisation du groupe ces dernières années ainsi que par le développement des activités à plus fort contenu technologique sur les sites français modernisés ou rachetés.
Evolution de l'effort de formation en France
Source : Usinor L'effort de formation du groupe s'est réduit sur le plan budgétaire de 42,5 % entre 1990 et 1997. Le début de période correspond aux restructurations lourdes de la branche acier plats (modernisation des installations et des procédés de fabrication). Tous les types de formation ont connu la même évolution. La structure des coûts est donc demeurée stable entre formation interne (9,5 %) et formation externe (29 %). La part de la formation dans la masse salariale DADS s'est stabilisée à 4,6 % depuis 1996. On observe sur la période une progression de 49 % des coûts horaires de formation. Structure des coûts de formation
Source : CGR
Evolution de la productivité apparente du travail (en milliers de francs) Source : rapports annuels Relativement stagnante entre 1988 et 1993, la productivité apparente du travail progresse nettement à partir de 1993 : + 38 % pour le chiffre d'affaires par employé et + 42 % pour la valeur ajoutée par salarié. Ce décollage s'explique par le recentrage du groupe sur les gammes d'aciers à plus forte valeur ajoutée (cessions et acquisitions) ainsi que sur les programmes de réduction des coûts. Ceux-ci passent par des diminutions d'effectifs et la recherche d'une plus grande flexibilité de l'outil de production (exemple : passage à la filière électrique, réorganisation des méthodes de travail). Entre 1993 et 1997, l'effectif moyen du groupe a baissé de 31 % tandis que le chiffre d'affaires reculait de 4 % et la valeur ajoutée de 2 %. Parallèlement, l'intensité capitalistique du groupe (immobilisations corporelles brutes/ L'intégration de Cockerill-Sambre ne devrait pas remettre en question ces gains de productivité. Le groupe belge avait en effet procédé à d'importantes restructurations et modernisations avant sa mise en vente. Elles devraient se poursuivre voire s'amplifier. Cliquer
ici pour revenir au sommaire du tome III () Source : statistiques de l'IISI, mars 1999. |