Les grands combats :
l'Indochine, le Front Populaire, l'Espagne, la Résistance
Images et mots d'André Malraux, entre les deux guerres, puis dans la guerre. Premiers engagements politiques, en Asie et en Europe. Découverte de l'efficacité d'un talent oratoire qui exalte des publics très divers : congrès d'intellectuels, meetings électoraux, réunions de militants. Passage du lyrisme révolutionnaire du compagnon de route, à la défense et illustration d'une certaine idée de la Nation. On est encore loin des hémicycles parlementaires, mais un ton de voix s'essaie et se pose, un certain art de la rhétorique et de la grandiloquence, au sens technique du terme, qui fera longtemps effet sur les députés, au long de rencontres assez fréquentes pendant les premières années de la Ve République. |
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André Malraux au temps de l'Indochine (vers 1925).
André Malraux (Le miroir des Limbes.) |
Photographie - Collection Pierre Moinot. |
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« L'Indochine enchaînée », journal créé et dirigé par André Malraux et Paul Monin. Après avoir obtenu en appel que la peine que lui avait value au Cambodge sa tentative d'emporter des statues khmères soit réduite et assortie du sursis, André Malraux reste moins de deux mois en France : il retourne en Indochine au début de 1925 et se lance immédiatement, avec Paul Monin, dans la rédaction d'un quotidien, l'Indochine, financé par le Kuomintang mais destiné en principe à favoriser un rapprochement entre colonisateurs et colonisés. Il y dénonçait les abus, la censure, la torture, les scandales immobiliers, le trucage des élections, les détournements de fonds : « Les Français ne sont pas venus pour civiliser, mais pour gagner de l'argent ». Deux mois plus tard, l'administration procéda à la saisie des caractères d'imprimerie pour mettre fin à cette publication. Un nouveau journal, à fréquence et pagination réduites (2 numéros par semaine), put redémarrer dans la clandestinité : l'Indochine enchaînée. Mais les menaces se précisent et l'entreprise périclite : Malraux rentre en France avant la fin de l'année 1925.
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Publication par A. Malraux d'un « S.O.S pour l'Annam » dans la revue « Marianne » du 11 octobre 1933. © Bibliothèque de l'Assemblée nationale. |
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André Malraux prononçant un discours lors d'une réunion à la Fête de la Fédération sportive du Travail à Garches en juillet 1936, pendant le gouvernement de Front populaire. Sur la banderole : « Sport et solidarité pour la paix entre les peuples ». |
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André Malraux, commandant la Brigade Alsace-Lorraine, en 1944. Après avoir été blessé et arrêté par les Allemands en juillet 1944 alors que, sous le nom de « colonel Berger », il coordonnait l'action des maquis du Lot, de la Corrèze et de la Dordogne, Malraux fut libéré par l'avance alliée et fut choisi par les Alsaciens et Lorrains repliés dans le Massif central comme chef des quatre compagnies qu'ils avaient formées pour participer à la libération de l'Alsace : il les rebaptisa « Brigade Alsace-Lorraine ». Cette brigade accomplit sa mission au cours de l'automne et de l'hiver 1944-1945 et fut engagée dans les combats pour la libération de Dannemarie. Photographie - Collection Pierre Moinot. |
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André Malraux (colonel Berger) en compagnie de Jacques Baumel et d'Albert Camus dans les locaux du quotidien « Combat ». [Tables nominatives des interventions de Jacques Baumel devant l'Assemblée nationale] |
Cette photographie a été prise en novembre 1944, date plus vraisemblable que celle de septembre 1944 donnée par certains biographes. André Malraux et Albert Camus s'étaient rencontrés au printemps de 1944 à Paris pendant la Résistance. Jacques Baumel est à l'époque membre du comité directeur du M.L.N. (Mouvement de Libération nationale) et membre de l'Assemblée consultative provisoire. |
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Discours d'André Malraux à la Mutualité le 25 janvier 1945 lors du 1er congrès national du Mouvement de libération nationale, émanation des Mouvements unis de résistance. « ... Est-ce que dans cette salle où nous sommes en train de nous prendre pour un second gouvernement - que nous ne sommes pas - vous retrouvez l'âme qui a été la vôtre au coin des rues, au moment où la Gestapo était derrière vous... « II s'agit sérieusement de savoir, alors que nous sommes tous réunis pour la première fois, si nous allons retrouver ensemble ce qui a été notre raison d'être, notre dignité et tout le poids dont nous avons pu peser, à un moment, sur la France même, ou bien si nous allons devenir une sorte de parti agonisant à côté de cadavres que nous avons méprisés quand nous nous battions... » Opposé à une fusion, au seul profit des communistes, des mouvements de Résistance déjà partiellement regroupés dans le MLN à tendance travailliste et du Front national dirigé par les communistes, André Malraux invite le MLN à écarter une union paralysante et à choisir pour l'immédiat de contribuer efficacement à la rénovation de la France engagée sous l'autorité du gouvernement dirigé par le général de Gaulle, par des actions limitées et concrètes en faveur des prisonniers et de la reconstruction.
Le général de Gaulle écoutant un discours d'André Malraux à Marseille,
« On nous a parlé souvent de quelque chose qui s'appelait la chevalerie : ce ne sont pas des casques, ce ne sont pas des cuirasses, c'est l'ensemble des hommes qui savent ce qu 'ils veulent et qui sacrifient leur vie à leur volonté. ................................................................................................... « Notre propagande, c'est cette affiche jadis dessinée par Rodin, cette "République" qui hurle son espoir dans le destin de la France sur tous les murs de votre ville. Affiche bien inutilement lacérée ! Il n 'y a pas de meilleures affiches que les affiches lacérées ; il n'y a pas de plus beaux visages que les visages qui portent des blessures. »
André Malraux écoutant un discours du général de Gaulle
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