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Au Gouvernement
 

Ministre une première fois pendant deux mois seulement, - 21 novembre 1945 - 26 janvier 1946 - après la Libération, André Malraux l'a été de nouveau de la fin de la IVe République au départ de Charles de Gaulle en avril 1969, pendant plus de dix années sans interruption du 1er juin 1958 au 20 juin 1969.

Il a été officiellement ministre d'État chargé des Affaires culturelles à partir du 22 juillet 1959. Mais, plusieurs décrets l'attestent, il a exercé en fait ces fonctions dès le mois de janvier 1959.

Les collaborateurs d'André Malraux ont récusé le cliché du « brouillon de culture » dont on a usé à son égard. Pour André Holleaux, qui dirigea son cabinet de 1962 à 1965, il était assidu, ponctuel et même avait des aspects de « bureaucrate tatillon et méticuleux ». Il avait « cure des règles comptables ». Pierre Moinot relève son souci de rigueur, son « acharnement d'artisan ».

Il faut sans doute distinguer selon les périodes de ce long ministère dont le titulaire eut ses malheurs et ses absences. Reste qu 'à la difficile : « Qu'est-ce qu'un bon ministre ? » l'exemple d'André Malraux suggère de répondre qu'on peut l'être sans être un praticien du droit administratif, ni un familier du droit budgétaire, ni un amoureux de la gestion. Et avec des crédits inférieurs à 1 % du budget. La trace qu'il a laissée est profonde et durable.


«... Légende d'André Malraux "brouillon de culture", incapable de se mouvoir dans le vocabulaire et les règles de l'administration. En réalité chacune des régions de ce domaine qu'il n'a pas encore abordée lui inspire un respect qui le fait parfois hésiter. Mais, lorsqu'il y est entré, la région est très vite explorée, reconnue au long de sentiers qui lui sont propres, et les ressources en sont utilisées avec une astuce qu'on peut souhaiter à bien des ministres. Au reste, il a su la plupart du temps trouver ses tacticiens, mais c'est lui le stratège, travaillant avec un acharnement d'artisan les dossiers dont ses administrateurs lui ont expliqué les éléments... »

(Pierre Moinot « Tous comptes faits » Quai Voltaire 1993, p. 133.)
 


Le Gouvernement provisoire formé le 21 novembre 1945

Vidéo

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Le Général de Gaulle, président du gouvernement provisoire, Edmond Michelet, Charles Tillon, Vincent Auriol, Francisque Gay, Maurice Thorez, Georges Bidault, Jules Moch, Jacques Soustelle, René Pleven, François Billoux, etc.

Au 3e rang, 6e à partir de la gauche, André Malraux, ministre de l'Information.


Photographie - AFP
 

Malraux se rendant au Conseil des ministres


Photographie - AFP

André Malraux, en décembre 1945, se rend au Conseil des ministres, qui siège à l'Hôtel de Brienne, rue Saint-Dominique. Cette photographie sent l'hiver, la guerre encore très proche, le provisoire, le transitoire.

Parmi les journalistes : Pierre Cornelier (Figaro, Le Progrès) - Robert Boulay (Agence Reuter) - Maurice Tillier (Paris-Presse) - Henri Barbe (Agefi-Information) - André Chassagnac (Presse-Française Associée) - Jean Conedera (l'Aurore).


Éditions Gallimard
 

Gaston Defferre et André Malraux

Le général de Gaulle quitte le pouvoir le 20 janvier 1946 : il est remplacé à la tête du Gouvernement provisoire de la République par Félix Gouin.
Gaston Defferre nommé secrétaire d'État à la Présidence, succède dans ses attributions à André Malraux, ministre de l'Information.
 

De Gaulle seul au banc du Gouvernement - comme « président du Conseil désigné » le 1er juin 1958

Charles de Gaulle a été le dernier président du Conseil de la IVe République, avant d'être le premier président de la Ve République.
Quatre mois plus tard, la nouvelle constitution était approuvée par un référendum.


Photographie AFP

Présentation du 2e ministère Georges Pompidou au général de Gaulle,
dans la salle des fêtes de l'Élysée (7 décembre 1962)

Après la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 octobre et les élections législatives des 18 et 25 novembre, le premier gouvernement Pompidou démissionne le 28 novembre 1962 et le Président de la République témoigne sa confiance envers Georges Pompidou en le nommant à nouveau à la tête du gouvernement le 29 novembre.


Photographie - AFP

De gauche à droite : M. Jacquet (Travaux publics), P. Dumas (Relations avec le Parlement), M. Habib-Deloncle (secrétaire d'État aux Affaires étrangères), R. Triboulet (Coopération), A. Peyrefitte (Information) [Tables d'archives], P. Messmer (Armées) [Tables d'archives], J. Sainteny (Anciens combattants) [Tables d'archives], M. Couve de Murville (Affaires étrangères) [Tables d'archives], F. Missoffe (Rapatriés), G. Palewski (Recherche scientifique), J. Marette (P. et T.), L. Jacquinot (Départements et territoires d'outre-mer), R. Marcellin (Santé publique), G. Pompidou (Premier ministre) [Tables d'archives], E. Pisani (Agriculture), le Général de Gaulle, G. Grandval (Travail) (à moitié caché), A. Malraux (Affaires culturelles), L. Joxe (Réforme administrative) [Tables d'archives], J. Maziol (Construction), J. Foyer (Justice) [Tables d'archives], J. de Broglie (secrétaire d'État aux Affaires algériennes), R. Frey (Intérieur) [Tables d'archives], R. Boulin (secrétaire d'État au Budget) [Tables d'archives], V. Giscard d'Estaing (Finances) [Tables d'archives], Ch. Fouchet (Éducation nationale) [Tables d'archives], M. Maurice-Bokanowski (Industrie et commerce).

« ... Et si les États créent tour à tour des ministères des Affaires culturelles, c'est que toute civilisation est menacée par la prolifération de son imaginaire, si cet imaginaire n'est pas orienté par des valeurs... »

New-York, 15 mai 1962

 


Collection Pierre Moinot

Notes de service envoyées par André Malraux
à ses collaborateurs au Ministère des Affaires culturelles

André Malraux fut un ministre solitaire. S'il voyait peu ses collaborateurs, il leur écrivait beaucoup, leur adressant par centaines des fiches vertes, mauves, rosés ou blanches, selon les destinataires. « Ses petites fiches multicolores s'en allaient cheminer partout. De son écriture fine, il faisait des rappels à l'ordre, esquissait les stratégies, suggérait les tactiques, les voies bis, ter..., terminant maintes phrases par de grands points d'interrogation. » André Holleaux, numéro de la Revue des Deux Mondes consacré à André Malraux, « Le Ministre des Affaires culturelles »

 (Novembre 1978, p. 356)

 

 

André Malraux à Machu-Picchu (Pérou) 1959
en compagnie d'Albert Beuret, chef de cabinet,
et de Pierre Moinot

 


Photographie - Collection Pierre Moinot.


Photographie - Collection Pierre Moinot.

André Malraux au Grand Palais vers 1967

Discours au Panthéon lors du transfert des cendres de Jean Moulin, 19 décembre 1964.

... « Pauvre roi supplicié des ombres, regarde ton peuple d'ombres se lever dans la nuit de juin constellée de tortures.

« Voici le fracas des chars allemands qui remontent vers la Normandie à travers les longues plaintes des bestiaux réveillés : grâce à toi, les chars n'arriveront pas à temps. Et quand la trouée des Alliés commence, regarde, préfet, surgir dans toutes les villes de France les commissaires de la République - sauf lorsqu'on les a tués. »

 

Pour un réexamen des morts du Panthéon.
« II me disait qu'au Panthéon il y avait des Grands : Voltaire, Jaurès, Jean Moulin, mais qu'il y avait également toute une série de protégés de Napoléon Ier, des gens qui ont des petits tom beaux dans un coin, leur nom est tout à fait inconnu aujourd'hui, tel général de brigade, tel ministre ou sous-ministre. Il pensait que Napoléon avait alloué des tombeaux comme on distribue des Légions d'honneur; il m'a dit à plusieurs reprises : il faut refondre tout cela; amener au Panthéon d'autres grands morts et évacuer tous les inconnus, mais les évacuer où ? problème ! Je lui disais : « Monsieur le ministre, ne vous lancez pas dans cette opération, car si vous voulez faire venir des grands morts de province, vous allez avoir contre vous tous les maires, or vous m'avez dit à notre première rencontre : les maires, pour moi, c'est très important ; ils vont se dresser, il y a, c'est vrai, des tombes illustres dans des petits villages mais il n'est pas possible d'en priver les communes bénéficiaires ». II nous a fait faire des recherches très complètes sur les gens qui sont au Panthéon. » 

 André Holleaux,« André Malraux ministre »  
 (Colloque de Cérizy-la-Salle, 16 juillet 1988.)

 

Photographie - AFP

 

Vidéo

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André Malraux prononçant un discours lors d'une réunion de l'association
« Pour la Cinquième République » en 1962 (campagne pour les élections législatives).


Photographie - AFP.


François Mauriac, André Malraux, Jean-Marcel Jeanneney

Meeting du 15 décembre 1965 pour la réélection du Général de Gaulle à la présidence de la République.

« ... Depuis la grande voix de Michelet jusqu'à la grande voix de Jaurès, ce fut une sorte d'évidence, tout au long du siècle dernier, qu'on deviendrait d'autant plus homme, qu'on serait moins lié à sa patrie. C'était alors la forme de l'espoir ; Victor Hugo croyait que les États-Unis d'Europe se feraient d'eux-mêmes, et qu'ils seraient le prélude aux États-Unis du Monde. Le vrai prophète n'a été ni Michelet, ni Jaurès, ni Marx, si perspicaces dans d'autres domaines ; mais bien leur ennemi Nietzsche, qui écrivait que le XXe siècle serait celui des guerres nationales. A l'heure de sa mort le Géorgien Staline, élevé dans l'internationalisme, condamné pour internationalisme, regardant par les fenêtres du Kremlin tomber la neige qui ensevelit les Chevaliers Teutoniques et la Grande Armée, a eu le droit de dire : "J'ai refait la Russie"... ».

Palais des Sports, 15 décembre 1965

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